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Message par Alain Huger Mar 16 Juil 2024 - 10:34



Cours n° 30 Théologie et contemplation


C’est une question de direction spirituelle, particulièrement pour les âmes qui commencent à avoir des grâces de contemplation, étant donné les grâces dont ils jouissent. Il n’est pas facile de trouver des personnes compétentes à ce niveau-là pour guider.
 
Il ne s’agit pas de personnes qui voient des choses, qui entendent des choses, et pour qui c’est clair. Ce que nous regardons maintenant ce sont les personnes qui sont émerveillées de voir Dieu sans voir autre chose que voir Dieu ; il n’y a pas de détails, elles voient d’une façon générale et confuse : il n’y a pas d’image. Ils ne voient rien mais ils savent qu’ils sont en présence de Dieu.
 
Pourquoi théologie ?
 
Ste Thérèse a eu deux sortes de directions faites par des théologiens et celles faites par des spirituels. Les théologiens ce sont des savants qui apportent une science, c’est très rationnel ; les spirituels ce sont des saints qui font beaucoup de contemplation, qui ont une grande expérience spirituelle.
 
Quelles sont les fausses positions ?
1- Les penseurs modernes
Ils ne comprennent pas la contemplation : les agnostiques, ceux qui n’aiment pas la science (théologie), feront de la contemplation une haute intellectualité. En général ils proposent une ascèse rude.
 
2- Les psychologues et les artistes
Ils font de la contemplation surnaturelle une émotion profonde et sont dans l’erreur parce qu’ils négligent le contenu des croyances de nos mystiques. Ils veulent être mystiques sans croire ce que croient les mystiques.
 
Certains pratiquants très sensibles à l’affectivité minimisent l’utilité du dogme, ils ne veulent rien qui vienne du dogme, ils ne veulent pas de théologie, ils aiment le Bon-Dieu et ça leur suffit ; on risque ainsi de passer à côté de la foi par une trop grande affectivité et ils privilégieront des lectures d’apparitions par exemple à la recherche de la vérité.
 
Certains réfuteront les livres de révélation ; sans doute ces livres sont-ils bons, mais c’est le lecteur qui n’est pas bon lorsqu’il ne cherche que ça ! Car on risque d’abuser son esprit dans la lecture de toutes ces choses-là sans s’appuyer sur la science théologique. Autre risque : ne pas privilégier sa relation profonde et personnelle avec le Seigneur.
 
3- Troisième classe de personnes : certains théologiens intellectualistes. 
Ils cherchent toujours la dimension intellectuelle, leur compréhension des dogmes est juste, ils enseignent la vérité, mais la contemplation, ils ne savent pas ce que c’est. Ils pensent que sans connaissance poussée de la théologie, il n’y a pas de vie spirituelle possible ce qui est évidemment faux. 
 
Quelles sont les vraies positions ?
Les deux disciplines ont un objet commun, la vérité divine, le théologien comme le spirituel se mettent en face de la vérité divine. La théologie c’est l’étude de la vérité divine, la contemplation c’est le regard de la vérité divine.
 
Leur méthode sont très différentes l’une de l’autre.
 
La théologie utilise la raison éclairée par la foi, elle étudie la vérité dogmatique, l’expression parfaite en langage humain de la vérité divine, mais expression analogique. C’est le jeu de l’intelligence humaine qui essaie de comprendre ce qui est difficile à comprendre.
 
Le contemplatif regarde et se porte au-delà de l’enveloppe de la formule dogmatique et pénètre jusqu’à la réalité divine, il voit à travers les mots, pas clairement, mais réellement.
 
Contempler et étudier ne fonctionnent pas de la même façon, mais il doit y avoir un rapport entre eux :
 
- Premier rapport : la contemplation est tributaire de la théologie. Du point de vue de la vérité le plus important des deux, c’est la théologie. Si on contemple quelque chose qui n’est pas en accord avec la vraie théologie, c’est que vous êtes à côté de la vérité. Il faut parfois passer par l’adhésion à la vérité dogmatique et la prendre pour base de la contemplation. Par exemple, dans la contemplation eucharistique, si vous ne croyez pas que Jésus est présent, arrêtez de contempler !
 
La connaissance théologique n’a pas forcément besoin d’être très étendue, mais il y a nécessité qu’il y ait au moins quelque chose d’authentique. La formule dogmatique n’est pas seulement une expression analogique, une description de la vérité, elle porte la vérité divine elle-même : chacune des formules du credo porte la réalité du mystère de Dieu.
 
St Jean de la Croix, à la strophe 11 du Cantique spirituel, compare la formule dogmatique à l’argent et la vérité, sa substance, à l’or. Le théologien sait davantage de choses que le contemplatif qui sait plus les choses. Le domaine du contemplatif c’est l’obscurité du mystère de la vérité divine, l’expérience vécue est une science d’amour. Les théologiens sont savants de science, les contemplatifs d’amour mais ça ne passe pas par l’entendement.
 
Dieu a mis toute la vérité à révéler dans le Christ pour qu’il nous le donne. L’Église ensuite explicite le message de Jésus, chacun y mettant son talent propre : le théologien par la raison et la foi, le contemplatif par la pénétration de l’amour en scrutant les profondeurs vivantes de la vérité. Le contemplatif peut ainsi oser dire des choses que les théologiens n’ont pas osé encore explorer.
 
La question de la direction
 
Il est nécessaire que la théologie suive le spirituel pour contrôler les affirmations de la contemplation.  
La théologie représente le mystère de l’Église et elle est la gardienne de la vérité. Ceux qui peuvent enseigner sont le Pape, les évêques et ceux qui sont mandatés ; les théologiens de leur côté peuvent éclairer le jugement de l’Église. En cas de différend, c’est le spirituel qui doit s’incliner devant la théologie dûment certifiée.
 
Ste Thérèse attend l’avis du théologien avant d’affirmer la présence de Dieu en elle. St Jean de la Croix soumettra ses écrits à la théologie avant leurs éditions. Tout contemplatif peut se tromper, en particulier en 4e demeures où les gens ne sont pas encore totalement contemplatifs. Tant qu’on n’a pas passé les purifications des 6e demeures, il peut s’y glisser toute sorte d’illusion. 
 
Si le contemplatif doit se soumettre à la théologie, le souffle d’inspiration des spirituels ne doit pas être étouffé. L’expression du contemplatif est moins claire que les mots du théologien, car ça vient du cœur profond.
 
Que fera le directeur théologien ?
 
La théologie doit régulariser et soutenir la contemplation dans sa marche parfois dangereuse (illusions), souvent douloureuse (nuit de l’esprit). Le directeur devra d’abord écarter le danger, l’illuminisme (manie de voir des visions partout, des choses sensationnelles partout…) qui fait qu’on privilégie de plus en plus ce que l’on goutte et on écarte la dimension intellectuelle. Le remède consiste alors à soumettre à la raison les choses extraordinaires et à inviter la personne à étudier des vérités révélées.
 
Deuxième danger, les réactions douloureuses à la suite de l’enivrement des sens produit par des débordements divers (angoisse du vide à la suite d’extase). Le directeur se doit alors d’être compréhensif. C’est ce que vivait Ste Thérèse et elle s’entourait de théologiens réputés : le Père Baronne (Dominicain), Thomas de Médina (Carme), Bañes (dominicain), Garcia de Tolède (Carme), Jérôme Gratien son directeur, St Jean de la Croix ; elle les consultait et se soumettait à leur avis. 
 
Dernier devoir du directeur, il doit respecter la contemplation, même s’il a le devoir de contrôler, car la grâce de contemplation est un chemin de sainteté. Le risque c’est que le directeur très théologique conduise mal en confondant la contemplation théologique qui développe l’activité intellectuelle, que nous avons vue, avec la contemplation obscure qui se nourrit d’abandons paisibles et d’humilité, qu’il ne connait pas ; la démarche d’accompagnement n’est pas la même. St Jean de la Croix se battra vigoureusement contre ces directeurs-là, qui imposent une approche intellectuelle à des âmes pour qui s’est contreproductif.
 
Conclusion pour les spirituels
 
Modestie et sage discrétion dans l’étude de la théologie. St Jean de la Croix blâme la curiosité vers les questions futiles, là où il y a l’humilité, il y a la sagesse. St Thomas d’Aquin, peu de temps avant sa mort, à la suite d’un ravissement après sa messe dit : « ma somme théologique, c’est de la paille », son regard profond était plus pénétrant et plus riche et mille fois mieux que tout ce qu’il avait pu écrire. La petite Thérèse fut mortifiée sur son désir de tout connaître sur Dieu et elle nous donnera une théologie : la voie d’enfance qui nous éclairera quand nous étudierons la nuit de l’esprit.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Lun 22 Juil 2024 - 13:24


Cours n° 31 - Foi et contemplation surnaturelle - 1


Foi et contemplation surnaturelle, le titre en dit déjà long : la foi dans notre vie au moment où Dieu s’apprête à nous donner des grâces de contemplation sur les bords des 4e demeures. Les 4e demeures sont dominées par des grâces de contemplation surnaturelles ou mystiques qui est une affaire de foi et non pas d’agrément ou de consolation.
 
Nous sommes dans le domaine compliqué de la contemplation dans la vie contemplative à travers l’enchevêtrement de l’humain et du divin. St Jean de la Croix nous préserve de la confusion en faisant une synthèse lumineuse par un exposé du rôle de la foi. Qu’est-ce que vient faire la foi dans la contemplation ? 
 
Il y a quatre grandes idées réparties sur deux cours :
 
1- La nécessité de la foi pour avancer dans la vie spirituelle
2- La notion de foi
3- Les modes de l’exercice de la vertu de foi : façon ordinaire et plus spirituelle avec les dons du Saint-Esprit
4- Les caractères de la connaissance de foi.
 
I) Nécessité de la foi
 
Il ne s’agit pas de perception sensible, de choses qu’on a vues… quand il y a la foi, c’est qu’on ne perçoit rien et qu’on comprend tout. Dans la Montée du Carmel (livre II, chap. 8e) St Jean de la Croix dit :
« La foi est le seul moyen prochain et proportionné pour l’union de l’âme avec Dieu ». Si on veut l’union avec Dieu, c’est une affaire de foi.
 
Expliquons le sens des mots :
 
Quand on dit le seul moyen ça signifie qu’il y en a d’autres de s’approcher de Dieu, mais qu’il n’y en a qu’un seul pour aller jusqu’à l’union avec Dieu. La foi dont on parle, c’est la foi vivante et agissante c’est-à-dire celle d’une personne en état de grâce car on peut être en état de péché mortel et avoir toujours la foi.
 
Pour que nos vertus soient vivantes et surnaturelles il faut qu’elles soient animées par la charité, l’amour de Dieu. Sans la charité toutes nos vertus meurent, on en garde l’exercice matériel mais cela ne remonte plus au ciel, il n’y plus de mérites qui y soient attachés. La grâce sanctifiante comporte une part d’amour de Dieu qui rend vivantes toutes vos vertus. La foi doit donc être vivante.
 
Il faut aussi que la foi soit agissante, c’est-à-dire une foi en acte que vous ne gardez pas qu’au fond de vous-même. On n’a rien sans ça et on a tout avec ça.
 
Quand on parle de l’union, qu’est-ce que c’est que cette union ? C’est l’union surnaturelle, fruit de la grâce sanctifiante. Certains, trouvant Dieu sympathique, auront une union naturelle parce qu’il l’aime bien. Mais ce n’est pas de cela dont on parle, mais de l’union de l’enfant avec son Père, fruit de la grâce sanctifiante qui nous fait enfant de Dieu et qui nous introduit dans la vie divine. 
 
Cette union existe chez tous les baptisés en état de grâce, ce qui manque, ce sont les degrés de cette union liés aux degrés de grâce sanctifiante.
 
Le sens de la phrase :
Ça veut dire que le non baptisé ne peut parvenir à cette union que par la foi. Le Concile de Trent (8e session, n° 801) dit : « La foi est le commencement du salut de l’homme, le fondement et la racine de toute justification ». Le baptisé ne peut actualiser ou développer son union avec Dieu que par la foi : on peut communier, mais sans la foi on n’a pas la grâce, on peut se confesser, mais sans la foi on n’est pas pardonné. Tout ce que l’on fait de surnaturel doit passer par la foi.
 
La preuve
 
La preuve de ce principe va reposer sur : a) une preuve scripturaire et b) un argument théologique.
 
a) Le texte aux Hébreux nous dit : « Celui qui veut s’approcher de Dieu doit croire qu’il y a un Dieu et que Dieu se donne à ceux qui le cherchent » c’est-à-dire savoir qu’il y a un Dieu et croire qu’il a bonne volonté pour nous ; ces deux points sont des points de nécessité de moyen —  d’autres points sont de nécessité de précepte : infaillibilité du Pape, Immaculée conception, l’Assomption….­— ils sont dits de moyen car sans ces deux préceptes, il n’y a pas moyen d’aller au ciel.
 
b) La Preuve de raison 
 
Le rôle de nos sens
Nos sens nous mettent en contact avec le monde sensible, avec ce qu’on appelle les accidents des choses matérielles : la couleur d’une table, sa forme… mais on ne voit pas son être qui est perçu par mon intelligence et ma raison, mais ce n’est pas ma vue qui me le dit.
Ces mêmes sens peuvent nous jouer des tours : comme dans l’eucharistie, on voit du pain, mais ce n’est pas du pain. Nos sens ne voient rien d’autre que ça. Nos sens ne voient pas l’ange gardien, ni le bon Dieu… ni aucune substance spirituelle, même si on peut remonter à Dieu, penser à Dieu à partir ce que les sens nous disent : on remonte au créateur de ces choses, on fait une action de grâce, mais c’est l’intelligence et les puissances spirituelles qui ont fait le travail.
Pour trouver Dieu, il faut dépasser le sensible. Il y a des traces de Dieu dans la création, mais les sens ne sont pas un moyen prochain et proportionné pour rejoindre Dieu.
 
Est-ce que l’intelligence va faire le travail ?
L’intelligence prouve l’existence d’un être subsistant (qui n’est pas une idée, mais un être vrai) et nécessaire. Elle peut découvrir quelques perfections de Dieu, sa puissance, sa bonté, sa justice… par exemple, mais elle ne permet pas de découvrir le Dieu-Père, car il faudra la foi. On peut philosopher sur Dieu, mais elle ne peut établir de relation avec Dieu, elle n’atteint pas la déité cachée dans son ensemble. 
 
Tous les hommes fonctionnent de même : intellectuellement on ne comprend que ce que l’on se dit soi-même dans un verbe intérieur mental. Pourrait-on constituer dans notre tête, créer un verbe intérieur mental qui contiendrait l’infinie ? En d’autres termes : qui aura la tête assez grosse pour mettre le bon Dieu dedans ? On ne comprend que ce qu’on se dit soi-même : « ce qui se conçoit bien s’exprime clairement » (Boileau).
 
Conclusion : nous ne concevrons Dieu dans sa déité que si lui-même se révèle et s’il nous donne une puissance surnaturelle capable de saisir sa lumière, sa révélation. Dieu s’est révélé dans toute la bible et le nouveau testament et nous a donné la vertu de foi qui est une aptitude à le saisir : sans la foi, on n’atteint pas Dieu.
 
Qu’est-ce que la foi ?
 
C’est une vertu surnaturelle théologale par laquelle nous adhérons à Dieu et aux vérités qu’il nous propose sur l’autorité de Dieu qui nous les révèle.
 
Dès que l’on parle de vertu cela signifie une puissance pour l’action, qui rend capable de poser un acte. Les 4 vertus naturelles, tempérance, prudence, force et justice tout le monde les a et elles appartiennent au monde de l’éducation : en d’autres termes, ça s’apprend. Les croyants ont en plus de cela des vertus surnaturelles, données par Dieu qui se surajoutent aux vertus naturelles.
 
Nous avons obtenu à notre baptême tout un organisme permettant de vivre la vie divine, et la foi en fait partie. La foi est une vertu théologale en ce sens que son objet matériel c’est Dieu (on croit, on espère, on aime Dieu). 
 
On distingue objet matériel et objet formel. On entend matériel dans le sens de complément direct : « qu’est-ce que je crois ? », ce sont les objets matériels, les articles du credo par exemple. « Qui est-ce que je crois ? » ce sont les objets formels : je crois Dieu. Les choses de la foi vous les croyez parce que Dieu vous a dit que c’est vrai. 
 
 
Genèse d’un acte de foi
 
Je suppose une vérité proposée par l’Église : un Dieu en trois personnes. D’où cela vient-il ? Mes sens ont saisi cette vérité prêchée. Ce fut alors porté à notre intelligence. L’entendement alors fait une enquête et se pose le problème de croire ce qui n’est pas évident pour l’intelligence. Il faut alors que je vois qui dit ça, pour voir si je peux croire ce quelqu’un. On passe ainsi de l’objet matériel à l’objet formel.
 
Dans les séminaires, il y a 40 ans, on faisait de l’apologétique qui permettait de croire en l’Église et son enseignement : l’Église, instituée par Jésus-Christ, est divine dans son origine et dans sa mission qui est de répandre la vérité, jusqu’à l’infaillibilité du Pape dans certaines circonstances. A travers elle, Dieu peut nous imposer des vérités à croire, n’est-il pas plus grand que nous ? Et donc qu’il est normal que nous ne comprenions pas tout car ça dépasse mon intelligence.
 
Après avoir fait toute cette « enquête » sur qui qui dit ça, je ne comprends pas plus l’objet matériel, la vérité n’est pas plus évidente ; il faudra que l’objet formel m’apporte des garanties morales. Pour ce faire, l’âme possède déjà l’humilité d’esprit, la confiance affective à l’égard du témoin. Il me reste à dire : je ne comprends pas, mais je crois ! Ce sera mon acte de foi, et ce n’est pas la volonté que l’on fait plier, c’est l’intelligence qui va plier, dire oui quand on ne comprend pas, on se fie à Dieu, c’est ça la foi.
 
L’acte de foi est un acte de l’intelligence, adhérant à la vérité divine sous l’ordre de la volonté laquelle volonté est mue par Dieu au moyen de la grâce, et c’est la vertu de foi qui agit comme cause principale. La grâce nous fait être comme Dieu (c’est de l’être), la foi, qui est une participation à la vie divine comme connaissance nous fait connaître comme Dieu se connait (c’est de l’agir).
 
De même que la grâce est une qualité entitative greffée sur l’essence de l’âme, la foi est une qualité opérative greffée sur notre faculté de connaître. Une qualité entitative (vient d’entité) c’est du plus « à être », une qualité opérative, c’est du « mieux agir » : par exemple, une femme qui est belle, c’est de l’être, mais si elle chante bien, c’est de l’agir.
 
La grâce est donc du « plus être », c’est du plus par rapport à celui qui en est dépourvu, c’est un surplus de vie. La foi, c’est du « plus agir » nous rendant capable de faire plus que si nous ne l’avions pas.
 
Dans la vie du croyant l’intervention de la vertu de foi n’est habituellement pas saisie psychologiquement parce qu’elle est insaisissable par elle-même, parfois l’acte de foi sera facile, d’autres fois cela demandera un effort important. 
 
Celui qui dit oui à Jésus-Christ est entré en Jésus-Christ selon St Paul, celui qui dit « oui » à la parole de Dieu est entré dans la parole interne de Dieu laquelle est Dieu lui-même, car Dieu est totalement présent dans sa parole. Chaque acte de foi nous donne l’union avec Dieu, un degré nouveau à chaque fois. 
 
« Par l’acte de foi, l’âme est portée comme dans un commerce direct, une union avec la parole interne de Dieu, et comme cette parole subsiste en tant que parole éternelle de Dieu, dans un éternel présent, elle élève notre esprit à la participation de sa vérité et de sa vie surnaturelle » (MJ Scheeben 1835 - 1888). 
 
La foi vous donne la substance de ce que vous espérez : si vous espérez Dieu, il suffit que vous fassiez un acte de foi et vous êtes en Dieu. « La foi, c’est la possession de Dieu dans l’obscurité… Vous aurez une rencontre avec la vérité divine… Elle nous donne Dieu lui-même… Vu au ciel ou cru dans la foi, Dieu se révèle tel qu’il est ». (St Jean de la Croix).

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Lun 29 Juil 2024 - 10:53


Cours n° 32 - Foi et contemplation surnaturelle - 2


(Ce cours est le prolongement du cours 31)
 
Petit rappel
 
Dans l’obéissance on fait plier la volonté. Dans la foi on fait plier l’intelligence. Le verbe s’est fait chair, la parole, le verbe, c’est la parole du Père et dès que vous acceptez la foi, que vous acceptez la parole de Dieu, vous touchez Dieu lui-même, parce que cette parole-là, c’est Dieu lui-même. Sans la foi on n’a pas Dieu, avec elle on a l’union avec Dieu. La foi c’est le point de rencontre entre nous et Dieu. Dieu inspire, la volonté dit « oui », l’intelligence dit « oui » : « je ne comprends pas, mais je crois ». C’est ça la foi.
 
I) Les deux modes de l’exercice de la vertu de foi : le mode rationnel et le mode spirituel.
 
Le mode rationnel
 
La manière imparfaite c’est de la réfléchir, de la méditer, c’est de l’enseigner en la raisonnant et en appliquant son intelligence aux vérités qui nous sont proposées. C’est la manière imparfaite, mais tant qu’on n’est pas rendu en 4e demeures, il n’y a pas moyen de faire autrement.
 
Elle emprunte sa lumière à la raison : à lire des livres, prendre des cours, assister à des conférences… nous rendons la foi cérébrale. Ce mode d’exercer la foi se fait par la raison : « explique-moi ça ». Dans ce mode-là, si on cesse de réfléchir, on perd la foi. Ainsi, si des populations sont privées d’enseignement, d’homélie pendant dix ans, elles perdent la foi en bloc. Cette situation nous la connaissons tous de personnes qui avaient la foi, qui étaient même prises comme des modèles, et qui un jour elles ont décroché. Pourquoi ? Parce que leur foi n’était pas assez enracinée dans le surnaturel. 
 
Le mode spirituel
 
Celui-là est purement surnaturel car perfectionné par Dieu lui-même à travers les dons, c’est le mode parfait. Il y en a qui pense que plus on fait d’effort et plus on a de mérite ; ce n’est pas ça du tout tant qu’on n’est pas dans le mode parfait. Quand on a perfectionné sa vie, on fait beaucoup moins d’efforts et on a beaucoup plus de mérite. Ceux qui ont le plus de mérite sont ceux qui sont portés à croire sans aucune difficulté car ils se soumettent au Saint-Esprit ; c’est moins d’effort humain. Le travail humain n’est pas forcément perdu, mais ça ne vaut pas le travail du Saint-Esprit.
 
Ainsi, dans la vie de foi y aura-t-il deux phases : une première phase qui correspond aux trois premières demeures, selon le mode imparfait, puis à partir des 4e demeures, on commence à exercer la foi sous l’influence du Saint-Esprit et là on atteint le mode parfait de la vertu de foi. 
 
L’acte de foi, préparé par les facultés (homélie, étude biblique, des leçons…) atteint la réalité divine, mais l’activité de la vertu de foi est trop liée à celle de l’intelligence pour qu’en un seul acte elle puisse être fixée en son objet divin, il en faut beaucoup pour être planté dans le Seigneur.
 
Dans la contemplation eucharistique, l’intelligence qui n’aime pas l’obscurité, revient alors vers la lumière, d’où les distractions : un seul acte imparfait ne nous permet pas d’être directement en contemplation. Tant que notre foi est dépendante de nous, elle a besoin d’être revivifiée par des formules que l’on répètera inlassablement. On creuse notre foi à partir du langage humain, c’est nécessaire, mais ça a une limite.
 
Le secours de l’entendement et de l’intelligence est, pour la foi, inférieur à sa nature et à ses exigences : les formules contiennent bien Dieu, mais on ne le voit pas ; on voit le paquet, mais on ne voit pas à l’intérieur du paquet. L’intelligence ne peut pas voir le bon Dieu car elle utilise des idées, elle travaille des concepts, des façons de concevoir ; c’est la foi conceptuelle. Ça, c’est la foi de tout le monde.
 
Par les dons du Saint-Esprit, surtout celui de l’intelligence et celui de la sagesse, Dieu maintient la foi à la hauteur de son objet divin. En cas d’adoration du Saint sacrement, votre attention est captivée, vous être là fixé pendant une demi-heure et il n’y a pratiquement pas de distraction. La foi est parfaite dans le sens qu’elle tient bon sans avoir besoin d’être constamment soutenue par de nouvelles formules. Le regard d’une statue est global et est plus parfait que le regard d’un livre qu’il faut parcourir ligne à ligne, page après page.
 
Dans la grâce de contemplation, dans le mode de foi parfaite, par les dons, Dieu fait descendre dans l’âme des effluves savoureuses que l’on aime et qui sont apaisantes ; ce sont des effusions qui constituent la grâce de contemplation qui paralysent l’intelligence et qui l’empêche de retourner à l’exercice de la raison. L’âme reste tendue toute prête à recevoir tout ce que veut le Seigneur. Souvent vous savez qu’il y a une présence qui reste voilée et reste toujours attirante, la foi est devenue la lumière de l’âme. 
 
II) Les caractères de la connaissance de la foi
 
Il s’agit de ce que vous croyez, mais comment est cette connaissance ?
 
La connaissance de foi est essentiellement obscure et certaine (obscurité et certitude). L’obscurité est un fait dont on fait l’expérience. Ce que nous révèle la foi éblouit notre intelligence et c’est cela qui fait l’obscurité : la vérité éclaire, mais notre connaissance de foi est obscure.
 
A) L’obscurité : pourquoi est-ce obscure ?
Parce que dans la foi, il nous est proposé de croire des choses immensément supérieures à notre intelligence. Il y a cependant des variantes dans le degré d’obscurité du presque clair au tout noir : plus on se rapproche de Dieu et plus c’est sombre.
 
L’objet de la foi, qu’est-ce qu’on fixe ?
 
1- L’objet matériel : les choses que Dieu nous donne à croire. Principalement, ce que je crois c’est Dieu, c’est l’objet primaire, puis viennent les objets secondaires comme les mystères révélés (incarnation, résurrection…) et autres objets à la frange (toutes les données entourant les mystères citées par les évangiles…). Ces franges sont des vérités que la raison peut saisir et qui tombent sous la foi parce qu’elles sont subordonnées aux autres vérités.
 
2- L’objet formel : la formule dogmatique peut être analysée par la raison « le Verbe s’est fait chair » et ce n’est pas strictement obscure, cette formule peut s’expliquer et se comprendre, du moins en partie. Plus tard seront exposées les connaissances de connaturalité, sorte de connaissance instinctive qui plus on est proche de Dieu et plus il nous arrive de pressentir ; cette connaissance apparaît avec quelques clartés.
 
Ombre et clarté se succèdent dans la vie spirituelle : tout d’abord la nuit du sens à l’entrée des 4e demeures (le soleil de la raison va disparaître), puis la nuit de l’esprit (nuit noire) et plus tard, vers la fin des 6e demeures, l’aurore (soleil sur le point de se lever) qui sont les fiançailles spirituelles. 
 
B) La certitude 
Ce qui n’est pas certain, ce n’est pas de la foi. Deux formes de certitude : la certitude objective et la certitude subjective.
 
La certitude objective signifie que ce que l’on croit c’est certain, elle ne repose pas sur nos perceptions, mais elle a des degrés. Dans les 3 premières demeures, on s’appuie sur l’autorité de Dieu mais on a besoin en plus de témoignages et d’explication qui, s’ils ne sont pas là, peuvent nous faire perdre la foi. On s’appuie davantage sur le témoignage humain (le curé, les parents…).
 
Progressivement l’acte de foi se dégage des motifs naturels et enfin on va s’appuyer uniquement sur le témoignage de Dieu, il va se faire une purification de la foi en 4e demeures, puis une purification de l’espérance en 6e demeures et épanouissement de la charité.
 
La tentation contre la foi n’est pas incompatible avec une foi affermie, avec une expérience mystique même élevée. La perfection de la foi n’est pas à la mesure de la paix qui l’accompagne. La certitude est faite uniquement de la fermeté de l’adhésion à la vérité, vérité certaine mais obscure. 
 
La certitude subjective c’est « moi » qui suis certain. 
 
Conclusions :
 
- Puisque la foi atteint Dieu, et que Dieu est toujours en activité pour se donner, il s’en suit que quelques actes de foi vive mettent l’âme en contact avec Dieu et assurent une augmentation de la grâce. Plus on est aidé et plus on entre en Dieu.
- La foi étant le seul moyen proportionné donné pour atteindre Dieu, il s’en suit que toute recherche d’union à Dieu devra recourir à la foi : on ne profite pas d’une communion si on ne la fait pas dans la foi. L’oraison c’est la foi aimante qui cherche Dieu ; c’est la foi qui fait l’oraison, ce n’est pas la consolation. 
- L’oraison n’atteignant Dieu que par la foi emprunte à la foi sa perfection selon son degré d’avancement : en méditation les actes de foi sont discontinus, en contemplation, sous l’influence du Saint-Esprit, on peut rester connecté pendant une demi-heure.
- Les trois signes que donne St Jean de la Croix indiquent à l’âme la conduite à suivre : oraison active les réflexions sont possibles ; les oraisons passives (3 signes : pas de réflexion possible, préoccupé de savoir si on est avec le bon Dieu et goût de Dieu pendant la prière) alors l’âme doit chercher à calmer ses facultés.
- L’oraison trouvant son efficacité dans la qualité de la foi et dans la fréquence des contacts, il s’en suit que les oraisons contemplatives sont incomparablement plus efficaces que les autres.
- Le désir d’un progrès plus rapide n’autorise pas le chrétien à faire des efforts pour s’élever à la contemplation. Dieu seul agit ; on peut demander ses grâces mais en attendant l’heure. En attendant la contemplation, nous méditons comme tout le monde.
- L’obscurité étant le signe révélateur de la réalité divine, il s’en suit que le contemplatif devra délibérément préférer cette obscurité à toutes les lumières distinctes trouvant ainsi un abri contre l’illusion.

- Quant aux connaissances distinctes qui viendraient de Dieu (visions, paroles, songes surnaturels…), elles ont une vraie valeur, éclairent la route, apaisent les facultés et sont un moyen pour aller à Dieu en restant humble mais il ne faut pas s’y attacher ça deviendrait dangereux ; elles ne sont pas nécessaires à la contemplation parfaite. 

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mar 6 Aoû 2024 - 12:52



Cours n° 33 - L'itinéraire, 1ère phase (1ère, 2e et 3e demeures)

Revoyons ce qui se passe dans les premières demeures dans un regard synthétique et non plus de manière décomposée, pour permettre de saisir un point qui aurait pu nous échapper dans les cours précédents et plus particulièrement comprendre que la vie spirituelle évolue avec une certaine continuité.
 
Le cheminement se fait en deux phases : 
 
La première phase se fait avec le secours général de Dieu c’est-à-dire qui ne passe pas par les dons du Saint-Esprit : la grâce est discrète, elle ne bouscule pas et on ne s’aperçoit pas de son aide, même si on sait que Dieu nous aime. C’est la manière humaine de vivre sa vie spirituelle, manière la plus répandue parmi les chrétiens fervents. La grâce glisse à travers notre bonne volonté sans qu’on la voit. Cette manière de vivre convient à certaines personnes qui y resteront toute leur vie.
 
C’est cette phase que l’on a développée jusqu’à ce jour à travers tous les cours précédents où il s’agit d’activités de vertu. 
 
La deuxième phase, qui démarre avec la fin du cours n°33, se fait avec le secours particulier du Saint Esprit, c’est l’activité des dons du Saint-Esprit avec disponibilité de l’âme ou passivité. 
 
Dans le livre du Château de Ste Thérèse, sur 250 pages, elle ne passe que 50 pages sur les trois premières demeures. Pourquoi cela ? Tout d’abord, ce qui s’y dit se trouve dans beaucoup d’autres livres (méditation, prière mentale…), ensuite son livre étant écrit pour sa communauté, il lui fallait expliquer uniquement les débordements de leur règle qui contenait déjà pas mal d’éléments de base, incontournables pour la vie religieuse.
 
Les règles des communautés décrivaient ce que tout le monde devait faire, comme un minimum, mais n’obligeaient pas d’atteindre la perfection qui ne pouvait être atteinte que par quelques âmes (perfection d’obéissance, pratique des vertus de manière héroïque…). Enfin Thérèse se sent plus à l’aise pour décrire la contemplation sur 200 pages, qui est plus de son goût que le premier âge. Cela ne l’empêchera pas d’indiquer qu’il faut débuter avec un grand désir d’atteindre les plus hautes perfections. 
 
Dans la première phase qui est la voix active, cela conduit à l’union active c’est-à-dire aux troisièmes demeures qui sont un premier degré d’union active (voir le cours n°20). Cette phase comporte un départ, une couse et un point d’arrivée. Le principal, c’est la course (cours n°Cool car c’est là que se fait le travail, de même que pour le 2e et le 3e âge, le principal, c’est les 4e et 6e demeures, dont la durée est bien plus longue que pour les demeures (1, 3 et 5) qui sont des points de départ ou bien d’arrivée. Quand on est dans un train, le temps passé dans les gares est bien plus court que celui passé pour le trajet entre les gares.
 
Rappels
En premières demeures (cours n°9) : la masse des chrétiens est là. Ils ont la grâce sanctifiante. Peu de prière, peu de sacrement, on est pris par les honneurs, les prétentions. Des gens peu éclairés sur la religion. Ils sont en danger de péchés graves.
 
En deuxièmes demeures (cours n°10) : les âmes sont en marche vers Dieu. Elles font l’oraison active, mais pas toujours avec perfection. Ces âmes font quelques sacrifices pour le Seigneur et n’aiment pas le péché. Elles sont dans le détachement comme conséquence de la prière. Courage et énergie, discrétion et liberté d’esprit et se défier de trop d’attention sont les principales dispositions de ce parcours. Prières vocales, liturgiques, qui doivent être habitées spirituellement, lectures méditées, oraisons de recueillement (cours n°19). On doit soutenir une certaine ascèse (cours n°5) pour soutenir l’épreuve de la tentation.
 
En troisièmes demeures : beaucoup d’âmes, même dans le monde en arrivent là. La sainteté que l’on s’est faite y est encore fragile. Ce sont des personnes de piété, dont la vie est réglée, elles sont aimées des curés et des supérieurs. Il y a bien encore des choses moins parfaites mais en général il n’y a pratiquement plus de péché volontaire. On a simplifié sa prière, on ne cherche pas la quantité mais on privilégie la qualité. L’oraison de la 3e demeure, c’est le regard dans le silence, on ne discourt pas. Ces âmes n’ont presque plus de péché, mais il reste encore des défauts qui sont intérieurs et donc cachés. 
 
On se tourne maintenant vers l’avenir
 
Ste Thérèse qui jusqu’à maintenant disait « je veux voir Dieu », dira de plus en plus : « je suis fille de l’Église ». Elle n’a pas renoncé à son idéal mais elle n’atteindra son but qu’après avoir découvert l’Église et lui avoir tout sacrifié : l’idéal de voir Dieu et le travail dans l’Église vont aller ensemble de plus en plus au cours de sa vie qui sera conforme à sa doctrine.
 
Elle fonde le monastère de St Joseph justement pour voir Dieu, plus qu’avant, ce qui la conduira à découvrir qu’elle est fille de l’Église. C’est facile de dire que l’on veut aller vers la sainteté, mais c’est une autre chose que de dire il faut que je fasse quelque chose dans l’Église. Pour ce faire, elle abandonnera tout pour l’Église, même sa tranquillité, même son œuvre de contemplation.
 
Malgré elle, elle devra retourner dans le monastère de l’Incarnation qu’elle avait fui où finalement elle verra bien Dieu en la vision dans la Trinité en 7e demeures, dans le mariage spirituel. Pour voir Dieu, il faut travailler pour l’Église, c’est ce que lui fera comprendre le Seigneur. 
 
Au cœur de ce mariage spirituel, Jésus lui dit : « Désormais, comme une épouse tu vas t’occuper du soin de ma maison, mon Église ». Elle commence sa vie en voulant voir Dieu, elle la termine en disant : « je suis contente, je suis une fille de l’Église » ; elle n’aime pas le Seigneur pour elle-même mais pour son Église. Ste Thérèse ne poussera pas ses sœurs vers l’apostolat, mais elle fera de ses contemplatifs de parfaits instruments du Saint-Esprit.
 
De la même façon nous allons orienter nos cours de plus en plus vers l’Église, tourner les oeuvres de piété vers l’Église, la nécessité d’avoir des saints dans l’Église pour la guider et la soulever vers le Seigneur. Nous allons maintenant nous intéresser à l’union de volonté.
 
En 4e demeures, l’âme est livrée à l’action de la sagesse d’amour (cours n°22) pour atteindre le règne parfait de Dieu dans l’âme, le but final : union transformante et apostolat parfait sont le but des 7e demeures. Le but intermédiaire sera la conquête de la volonté par Dieu en 5e demeures pour des œuvres importantes dans l’Église, seule possibilité pour Dieu pour nous faire agir selon sa volonté.
 
La vie spirituelle va donc comporter deux phases : 1- l’activité de l’âme avec le secours général de Dieu que l’on a déjà vue, puis ensuite, 2- sous l’action de la sagesse d’amour. La première phase va aller jusqu’à l’union de volonté en 4e et 5e demeures et la deuxième étape jusqu’à l’union transformante en 6e et 7e demeures. 
 
En abordant les 4e demeures, Ste Thérèse demandait à Dieu dans ses prières lumières et sciences mais ce que nous abordons maintenant échappe à la philosophie, il est très difficile de repérer l’action de Dieu ; le Seigneur dépasse notre logique : l’ordre chronologique est celui qui nous est familier, mais l’ordre logique est celui plus ordinairement suivi par Dieu qu’il a institué lui-même.
 
Le Seigneur peut donner à une âme débutante des grâces très élevées qui ne doivent pas être prises pour des grâces contemplatives mais des grâces transitoires. Elles se produiront souvent au moment de la conversion sans se reproduire. Elles apportent des lumières sur l’avenir, sur la vocation, libèrent du péché…
 
L’ordre logique est plus adapté à notre psychologie que Dieu semble suivre comme un plan. Nous allons décrire dans ce cours pour la première fois une vraie grâce mystique.
 
Recueillement surnaturel
(ou passif surnaturel, ou recueillement infus donné à chaque fois)
 
Il est différent du recueillement actif, recueillement décidé et volontaire, qui discipline les facultés, facilite l’oraison, prépare à la contemplation et qui est en notre pouvoir. L’autre recueillement est une pure faveur de Dieu, non définitive, donnée à chaque fois et nos propres efforts n’y sont pour rien et ce qui ramène l’âme vers le château. C’est un signe de la présence de Dieu : on est en Dieu, ça peut durer plusieurs jours quelque soit notre activité (sommeil, travail…). L’âme se sent apaisée, enveloppée comme dans une cloche de verre ; elle entend tout ce qui se passe autour et y est totalement indifférente. 
 
C’est tellement agréable qu’on espèrerait y rester s’il ne fallait pas faire son devoir ailleurs. Ça peut vous prendre n’importe quand, même en marchant et si ce n’est pas le moment de prier, et bien vous restez avec votre recueillement. C’est ce qu’on appelle parfois l’effusion de l’Esprit. 
 
Chez les âmes neuves, les effets sensibles sont assez notables. Chez les âmes habituées au divin, l’impression est ténue, suave, à peine perceptible. Souvent d’une durée d’une demi-heure, ¾ d’heure, voir plus rarement un jour ou plus. Cela peut donc se présenter comme un recueillement ou bien comme le prélude à une faveur plus haute : une parole divine, une grâce de
quiétude… 


(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mer 14 Aoû 2024 - 19:02



N° 34 - Quiétude - 4e demeures

La quiétude, c’est le repos. C’est le contraire d’inquiétude. C’est une prière de repos, c’est de la contemplation où on n’est plus capable de prononcer une parole. La vie de prière n’est plus une activité des facultés intellectuelles, mais c’est plutôt un repos de votre âme. Aux 4e demeures, Ste Thérèse nous dit : « Dieu commence à nous donner son royaume ». 
 
Si on est dans le recueillement, c’est parfait pour la prière, mais on reste actif et ce n’est pas comme dans la contemplation où c’est le Seigneur qui agit. Autre nom donné, la sècheresse contemplative, où on garde le goût de Dieu, le goût de rester tranquille en ayant juste le désir de rester avec lui.
 
Encore un autre nom qu’on étudiera à partir du cours n°36, la nuit du sens, parce que quand viendra cette contemplation de quiétude, le sens (entendement, imagination, mémoire et raison) ne comprendra plus rien et sera comme dans la nuit où on n’est capable de rien faire, parfois on parle du sommeil des puissances, sorte d’enivrement en Dieu. Après les appellations voyons le point de la doctrine.
 
Commençons par ce qu’en dit Ste Thérèse d’Avila
Ste Thérèse dit que la première chose qui la frappe dans l’oraison de quiétude c’est que dans la volonté, c’est la paix, c’est un goût de volonté (cf. Chemin de perfection § 33). Dieu commence à donner son Royaume ici-bas pour le louer dignement plus que nous ne le faisions avant. Elle précise que c’est au-dessus de tous nos efforts, personne n’est capable de se donner ça, car c’est le Seigneur qui met l’âme dans la paix. L’âme comprend qu’elle est très proche de Dieu et qu’un peu plus proche c’est l’union, on rentre dans le Bon Dieu. Thérèse comprend qu’elle est alors dans le Royaume, pleine de respect, elle n’ose rien demander. Le corps éprouve une délectation profonde et l’âme un bonheur élevé. Les autres puissances ne sont pas enchainées, mais charmées et ne veulent pas remuer comme quand on s’endort, on lâche tout. 
 
Seule la volonté est enchainée par la grâce, elle est occupée sans savoir comment (cf. La Vie § 14). On n’est pas en extase, on voit clair, on sait ce qui se passe. Ce n’est pas une joie qui prend son origine dans le cœur sensible mais dans une partie plus intime et plus profonde, le centre de l’âme. L’intérieur de l’âme s’ouvre alors plus largement, on ne comprend pas ce qui nous arrive, « c’est comme si on jetait du parfum sur un brasier » dit Ste Thérèse, comme un encens embaume toute la nef d’une église. 
 
Les autres puissances (entendement, mémoire, raisonnement…), quand elles ont connaissance de ce qui se passe de bon en dedans de nous, vont vouloir aider, mais il faut se taire et contempler, si non la grâce disparaît. 
 
L’entendement peut être troublé quand les autres puissances n’en ont pas connaissance.  Il y aura quiétude dans la volonté et agitation dans l’entendement : c’est la sècheresse contemplative (cf cours n°16), ça dérange un peu autour, mais ça n’arrête pas la quiétude.
 
Dernier cas, les puissances ont connaissance du festin et sont comme enivrées, comme une petite folie transitoire, un paradis passager : c’est le sommeil des puissances comme dans un enivrement. 
 
Ste Thérèse dira « C’est donc une petite étincelle de son véritable amour que Dieu commence à allumer dans l’âme », puis, dans le livre de sa vie : « C’est qu’il l’a choisie désormais pour de grandes œuvres si elle se prépare à les recevoir ».
 
Après Ste Thérèse, voyons comment St Jean de La Croix parle de cette chose-là : il l’appellera, en tant que docteur, d’un nom technique sècheresse contemplative. Même s’il utilise le mot quiétude comme dans « l’âme se trouve souvent dans un état de douce quiétude », comme mot technique, il prend le nom de sècheresse contemplative. La contemplation, mue par le Saint-Esprit, forme authentique de l’Église, reconnue depuis toujours par les grands mystiques, est ici une autre forme mais de la même sorte de contemplation, exprimée par deux saints qui n’ont pas le même tempérament ni le même parcours spirituel.
 
Il ajoute : « l’âme, devant les trois signes, doit passer de la méditation à la contemplation », et ces trois signes de contemplation sont présents au moment même où vous voulez prier, à l’instant où vous vous trouvez, signe que votre prière sera une contemplation. 
 
Le premier signe, c’est qu’on n’est pas capable de méditer, on peut se demander ce qui arrive car on n’est plus capable de prier. C’est plutôt un bon signe, surtout si avant on était capable de méditer. Mais il faut aller un peu plus loin.
 
Le deuxième signe c’est que lorsqu’en faisant cette expérience de votre incapacité à méditer, aujourd’hui, en cet instant, vous vous apercevez que ce n’est pas la première fois que ça se produit et que ça a tendance à se répéter. On a peur d’avoir fait du mauvais chemin, d’avoir reculé, et on en souffre ; quand on en souffre, c’est de l’ordre de l’amour. On a ainsi deux signes qui se présentent ensemble.
 
Le troisième signe et qui demande à ce que l’on soit accompagné pour être identifié, c’est un goût de Dieu qui se caractérise par le fait que, devant cet insuccès, si vous vous écoutiez, vous resteriez quand même ainsi. Ceci est le troisième signe, c’est le signe du Seigneur, c’est la paix.
 
Si les trois signes sont présents ensembles, c’est le signe que vous faites la prière de goût plutôt que la prière d’action. Cela ne signifie pas que vous ne ferez plus de prière de méditation, mais en l’instant où vous vivez de ces trois signes, pour ce moment-là, vous êtes en contemplation pour un temps variable et non définitif.
 
La contemplation c’est une connaissance amoureuse, vous recevez une lumière du soleil qui est Dieu. L’effet de cette lumière sur nos facultés (qui sont inadaptées, on n’a pas l’habitude), l’effet normal, c’est l’obscurité, c’est la nuit : plus le Seigneur vous éclaire, plus ça vous aveugle.
Dans cette nuit il y a désolation, impuissance, aridité, dégoût, c’est la nuit du sens marquée par deux signes négatifs : cette nuit du sens et en même temps une certaine paix, mais c’est une paix peu consciente. En entrant dans cet état, qui peut durer un an, voire deux ans, il faut se faire accompagner pour valider l’état dans lequel on se trouve car, si on résiste trop longtemps, on peut perdre la grâce de la contemplation. Ste Thérèse ne détaille pas tous ces éléments, il semble qu’elle les ait vécus dans un ensemble. 
 
St Jean de la Croix précise que plus tard, dans les 4e demeures, quand on sera habitué aux grâces du Seigneur, il y aura moins de résistance de notre part, ça sera moins noir et on goutera plus. Plus loin, sur les bords des 5e demeures, il y aura pour l’âme un état de grand oubli dans lequel on oublie tout et où on peut passer trois quarts d’heure en prière, sans s’en rendre compte, croyant même qu’on n’a rien fait. 
 
Pourquoi n’avons-nous plus connaissance ? La cause c’est la pureté et la simplicité de la connaissance de Dieu qui était tellement pure que vous ne l’avez pas vue, de la même manière qu’on ne voit les rayons du soleil que parce que ces rayons éclairent des poussières ou quand ils s’arrêtent sur le sol. 
 
En résumé, pour St Jean de la Croix, l’entrée dans les 4e demeures c’est la contemplation peu consciente, la nuit du sens et tous nos cours, à partir du cours n°36 jusqu’à 41, seront sur ce sujet. On constate chez cet auteur la quiétude suave, comme chez Ste Thérèse, avec en plus la mention d’un grand oubli où le Seigneur nous éclaire sans que nous en soyons conscients. 
 
A ce niveau, Dieu ne se livre pas par contact immédiat, il faudra attendre les 5e et 6e demeures. Là, la contemplation est imparfaite, incomplète et intermittente, imparfaite car toutes les puissances ne sont pas prises. Cette contemplation est une préparation à la contemplation parfaite, porte ouverte vers la sainteté des quiétude et sècheresse des 5e à 7e demeures.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Sam 24 Aoû 2024 - 14:24



N° 35 - Lumière et Amour


On va voir comment le Seigneur fait pour nous donner des grâces de contemplation et de quiétude. 
 
Le Seigneur fait toujours la même chose : il fait des infusions de lumière et d’amour et ça vient dans l’âme, captées par les facultés de l’âme. Ainsi nous aurons deux familles de saints, ceux qui sont faits pour recevoir davantage la lumière et ceux qui sont faits pour recevoir davantage l’amour, même si les deux infusions sont toujours données en même temps, mais dans des proportions différentes. C’est cela qui va déterminer les différents tempéraments spirituels.
 
« Tout ce qui est reçu est reçu d’après le récipient », c’est le récipient qui donne la forme à ce qui est reçu. Ainsi, à la suite d’une lumière, l’effet ne sera pas le même chez un enfant que chez un adulte, ou entre des personnes intellectuellement très différentes. Ainsi, même si le Seigneur donne la même chose à tout le monde, ce n’est pas reçu de la même manière chez tout le monde.
 
En 4e demeures, diverses oraisons
 
Ste Thérèse parle de quiétude ordinaire, oraison silencieuse et calme, et de sècheresse contemplative (quiétude contemplative avec beaucoup moins de goûts) et enfin de celle du sommeil des puissances.
 
St Jean de la Croix dit la même chose en des termes différents, oraison de contemplation, oraison peu consciente, qui se situent en entrant dans les 4e demeures, ce qui fait que certains mettront un à deux ans avant de s’apercevoir que c’est de la contemplation, ce qu’il appelle la nuit du sens. Il utilise aussi la formule de contemplation suave à l’identique de ce qu’en dit Ste Thérèse. Il évoque aussi la contemplation contemplative de grand oubli, où l’on ne perçoit pas qu’on était en contemplation, qui se situerait plutôt en fin des 4e demeures.
 
Les signes, comme quoi on à cette grâce de contemplation, se résument, chez Ste Thérèse, à un seul signe : celui de vivre une paix intérieure qu’on est incapable par soi-même de se la procurer. Jean de la Croix est plus clair par les trois signes déjà donnés en cours n°34 : 1- incapacité de prier ou de méditer sur l’instant (incapable de faire ce que l’on sait faire), 2- un détachement de toute sorte d’angoisse sur pourquoi ça ne marche plus et 3- le goût du Seigneur (malgré les deux signes précédents, on vit une certaine douceur).
 
Le climat chez Ste Thérèse, c’est un climat de saveurs, ordinairement on est très heureux car on goûte beaucoup, tandis que chez St Jean de la Croix, c’est un climat de sècheresse, on a beau faire on n’y arrive pas, un climat d’apparente inquiétude.
 
Face à son expérience, source de ses connaissance, Ste Thérèse nous invite à en faire de même. Pour St Jean, souvent on n’en sait rien et on y est. Les deux parlent des premières manifestations surnaturelles de Dieu dans l’oraison. Les expressions sont parfois les mêmes, parfois très différentes. Confrontons-les pour avoir plus de lumière.
 
Lumière et amour dans l’expérience mystique
 
On est sous l’influence directe du Saint-Esprit en qui les dons du Saint-Esprit sont en activité. C’est un regard simple de l’intelligence, de la foi ­— simple c’est-à-dire non discursif — perfectionné par les dons de sagesse et d’intelligence (cours n°28). A travers sa foi aimante, l’âme croît et pénètre dans la vérité. Dans une vision on voit, dans une contemplation on regarde, on ne voit pas. Par les dons, Dieu simplifie la foi, c’est le don d’intelligence, et la paix de la foi c’est le don de sagesse qui rend la foi contemplative ; c’est par les dons que la foi devient une contemplation. Si on fait des actes de foi, ce n’est pas de la contemplation, mais si c’est l’Esprit-Saint qui fait jouer les dons d’intelligence et de sagesse, notre regard sera contemplatif. On sera fixé et content de l’être. 
 
On reçoit deux fruits, la foi aimante, puis en Dieu-amour elle cherche des richesses de grâce, c’est-à-dire qu’on regarde en Dieu et qu’on y trouve des grâces, un peu comme une ponction. Ces deux fruits sont inséparables : puiser la grâce et être dans une expérience de Dieu. Chaque fois qu’on fait un acte de foi, ça vous donne toujours la grâce même si ce n’est pas contemplatif, ce qui peut arriver sans qu’on en soit conscient, mais l’expérience et le goût, c’est ça qui va caractériser la contemplation.
 
Cette expérience suit des lois progressives que l’on peut déterminer dit Ste Thérèse : 1- que l’action de Dieu vient du centre de l’âme ; 2- cette action de Dieu attire graduellement l’âme à aller plus profondément en dedans ; l’action de Dieu est dans la volonté et l’entendement.
 
Dieu est lumière pour l’intelligence humaine et pour la foi, amour pour la volonté la charité ou l’amour. La lumière est livrée à l’âme par le don d’intelligence, l’amour est expérimenté par le don de sagesse.
 
La contemplation est un acte de la vertu de foi, perfectionné par les dons d’intelligence et de sagesse, ce n’est pas une vision ; elle tend vers Dieu-lumière puisque c’est un regard. La charité, par les dons, rend la foi contemplative qui repose donc sur Dieu-lumière et par l’amour, car on est pris par l’amour dit Ste Thérèse, puis on goûte le Seigneur. St Jean de la Croix nous parle de lumière qui aveugle, la nuit du sens, c’est clair pour l’esprit et c’est la nuit pour le sens. Quand l’esprit nous entraine dans les profondeurs de l’âme, ce n’est plus le domaine des sens, ils tombent dans le noir, ils ne peuvent plus exercer leur fonction.
 
Certains se lamentent trop quand il fait noir et de ce fait ne peuvent aller plus loin, mais si le Seigneur n’éteignait pas les lumières on resterait figé. C’est comme cela que le Seigneur procède, en éteignant les lumières il nous oblige à passer dans la pièce d’à côté pour avancer. 
 
Les manifestations de Dieu-lumière ne peuvent être expérimentées comme telles, car notre entendement humain n’est pas disposé à recevoir cette lumière divine. Les effets de la lumière dans le don d’intelligence sont uniquement privatifs : incapacité pour toute activité ordonnée, impuissance à méditer, impuissance à retrouver ses anciennes oraisons discursives, paralysie complète des facultés, malaise causé par la rencontre de deux contraires (la lumière de Dieu vient à l’encontre de l’impureté de l’âme).
 
Plus tard, en plein milieu des 4e demeures, s’ajouteront une impression d’obscurité et une connaissance générale amoureuse, la vraie quiétude. On ne voit rien de spécial, mais on s’aperçoit bien que Dieu est bon. On peut rester ainsi un an ou deux, incapable de ne rien faire, il faut se faire aider car à ce moment-là, c’est difficile, ces effets sont douloureux mais quand même imprégnés d’une certaine saveur. 
 
Expérience du don d’amour
 
Elle se fait à travers le don de sagesse plus particulièrement. On a vu que les premières manifestations étaient privatives, on n’est pas enchanté d’être arrivé là on a l’impression d’avoir régressé. Par contre les manifestations du Dieu-amour par la sagesse sont positives et pleines de délices, c’est très agréable quand le don de sagesse travaille. Notre entendement ne peut saisir que quelque chose de plus petit que lui, on ne comprend quelque chose qu’en l’enveloppant : notre tête est trop petite pour contenir le Bon Dieu. On peut comprendre un enseignement car on le conçoit en notre intérieur, c’est comme ça que travaille notre intelligence.
 
Du côté de la volonté ce n’est pas pareil car pour aimer il suffit d’un petit point de contact. C’est plus facile de saisir des choses d’amour que des choses de connaissance. Pour expérimenter l’amour, on se rencontre, c’est agréable quand on s’aime, rien de très élaboré, c’est simple l’amour. Dans l’amour il n’y a pas de notion de degré, un roi peut aimer une petite personne, comme un petit ruisseau peut entrer dans la mer. Il en est de même avec Dieu, on peut l’aimer sans « l’embarquer en nous ».
 
La charité ne changera pas de nature, au ciel ce sera en face à face, ici-bas c’est dans la foi. La charité nous unit réellement et intimement à Dieu. Elle peut même nous corriger de l’obscurité à laquelle la foi nous condamne. La foi bute sur l’obscurité, la charité nous fait percevoir la proximité de Dieu. Plus on est enfant de Dieu, plus on comprend Dieu, c’est de l’ordre de la connaturalité.
 
Le don de sagesse permet de créer la sympathie avec Dieu, non pas l’expérience directe de Dieu, mais le mouvement d’amour de Dieu dans l’âme. On n’est pas rendu à Dieu, mais on s’approche de la fontaine nous dit Ste Thérèse. On ne touchera le Bon Dieu qu’en 5e et 6e demeures, Dieu touchera l’intérieur de l’âme dans les états de perfection avancés. On expérimente l’emprise du Bon Dieu sur la volonté et son débordement sur les autres facultés. 
 
L’unité de contemplation et les deux dons
 
Contemplation lumineuse avec St Jean de la Croix, contemplation amoureuse avec Ste Thérèse ne s’opposent pas, mais sont l’expression des deux facettes de la contemplation car Dieu donne les deux ensembles. Ces contemplations sont concomitantes, elles s’accompagnent l’une et l’autre, c’est un regard de foi dans l’amour.
 
Ce sont des obombrassions différentes de l’âme selon que l’on reçoit plus de lumière ou plus d’amour. A travers un vitrail, la lumière ne se reflète pas de la même manière selon la couleur. La même grâce descend dans St Jean de la Croix et Ste Thérèse mais leur personnalité propre la recevra différemment : St Jean, par son ingéniosité, son intelligence, c’est la lumière, Ste Thérèse par sa sensibilité, sa féminité, c’est l’amour. C’est donc une question de tempérament qu’il ne faut pas trop systématiser.
 

De son côté, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus expérimentera la sècheresse de la contemplation en contemplation lumineuse.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Jeu 29 Aoû 2024 - 10:05



Cours n°36 - Les nuits en général


Il s’agit de la nuit dont St Jean de La Croix parle souvent et qui de l’extérieur peut, en effet, paraître très obscure. On s’attachera dans ce qui suit à définir ce qu’il y a derrière cette représentation qui correspond à des choses très réelles. 
 
Signification du mot nuit
 
Pour St Jean de la Croix, la nuit est quelque chose de formidable pour laquelle il a fait tout un poème qu’il répètera deux fois, dans deux volumes différents : La montée du Carmel et La nuit obscure de l’âme. C’est pour lui une des plus belles choses que la nuit, une des plus belles grâces que l’on puisse recevoir (5e strophe du poème) : « Ô nuit qui m’avait guidé, Ô nuit, plus aimable que l’aurore, Ô nuit qui avez uni l’aimé avec sa bien-aimée et qui a été transformée en lui… ».
 
C’est dans la nuit que toutes les âmes mystiques sont guidées vers le Père et puisque c’est la nuit qui nous guide, elle est plus aimable que l’aurore. Le fruit de cette nuit c’est d’unir l’aimé avec sa bien-aimée : le bien-aimé c’est le Seigneur, la bien-aimée c’est l’âme du chrétien avancé. La nuit nous promet l’union mais aussi la transformation dans le Seigneur.
 
Nous sommes en plein cœur de la doctrine de St Jean de la Croix, lui le docteur de la nuit ou des nuits. Remarquons bien que c’est la nuit que les unions se font et que se produisent les fruits de l’union. St Jean considère qu’on est au soir de notre pauvre jour humain, la 3e demeure, et là va commencer une nuit de repos, la 4e demeure. 
 
Au cours de cette nuit, le Seigneur sera très actif et l’âme sera soumise de plus en plus à l’activité du Saint-Esprit qui fera son œuvre d’amour et de transformation. Cette nuit sera le commencement des 4e demeures et se terminera en 6e demeures annoncées par le phénomène des fiançailles et de l’union transformante, comme une sorte d’aurore, mais tout le cheminement se fera dans la nuit, c’est-à-dire dans la foi.
 
Quelle est la nature de cette nuit ? Puis la nécessité d’y passer.
 
Différents noms sont employés par St Jean : la privation ou la nudité (de ce que l’on peut percevoir par les sens) sorte de séparation de tout ce qui nous a occupé pendant la journée et qui permet le repos. Dans la vie spirituelle, avant cette nuit, on a bien des choses qui nous occupent : des images, des sentiments, des réflexions… et tout d’un coup, tout nous est enlevé : résultat, c’est la nuit, une nuit de nature spirituelle, une nuit pour notre âme.
 
Autre mot, le détachement, qui ne consiste pas à se défaire des choses que l’on possède, mais un appel à la pauvreté en esprit, un détachement du cœur. Il y a des riches qui sont détachés de leur richesse et des pauvres qui sont attachés à ce qu’ils n’ont pas, c’est-à-dire qu’ils ne veulent pas lâcher pour rien au monde ; le danger, c’est de mettre son cœur dans ces choses-là. Attaché aux choses de la terre, on n’est pas disponible pour le Seigneur.
 
Encore un autre mot, la mortification, celle du goût sous tous ses rapports. Elle prive l’âme de toutes ses tendances à vouloir des choses afin de rester libre pour aller au Seigneur. Il ne s’agit pas de la mortification de nos puissances ou de nos capacités, mais de l’appétit. Tous les abus qui se sont produits dans l’église, tournaient autour de cette question-là.
 
Tout ce qui constitue notre être humain sensible n’est pas à s’en libérer, ce sont des dons de Dieu, même le goût du plaisir, celui de voir de belles choses ce sont des tendances normales, mais il faut les mortifier car ça peut nous jouer des tours : il ne s’agit pas de se démolir, mais de maîtriser ses appétences, le goût exagéré des choses. Voir les beautés de Dieu ce n’est pas pécher. Dieu a mis des beautés dans le monde pour que nos yeux les voient, des harmonies pour que nos oreilles les entendent, des parfums pour les sentir…  Il ne s’agit pas de mortifier nos puissances, mais leurs tendances, leurs exagérations.
 
Le début de la nuit pour St Jean de la Croix, c’est se priver dès les 3 premières demeures. Cette nuit comporte trois phases : 1- la disparition du soleil à la nuit tombante, le sensible nous échappe ; 2- le cœur de la nuit, la voie de la foi obscure, la contemplation c’est la foi ; 3- l’aube suivie de la clarté de l’aurore.
 
Cette traversée de la nuit va se faire en deux bonds : 1- du sens à l’esprit (on jouit de consolations sensibles sans l’imagination, sans l’intelligence, uniquement le regard contemplatif) ; 2- de l’esprit jusqu’à Dieu (on est comme projeté à l’intérieur de soi-même pour l’union parfaite avec le Seigneur). 
Il y a eu une période active (les 1, 2e et 3e demeures), puis une première période sous l’action du Saint-Esprit, période passive (4e et 5e demeures) et la dernière période des 5e, 6e et 7e demeures.
 
Les tendances ou les défauts
 
En matière grave
 
1- Les tendances graves en matière de péché mortel : ce sont les choses qui objectivement sont contraires à la volonté de Dieu (voir St Paul : les adultères, les voleurs, les blasphémateurs…). Quand on fait cela en pleine volonté, ça ne va pas au ciel si ça ne se corrige pas. Ça nous sépare du Seigneur, c’est privatif. Ça prive du Seigneur.
 
2- En matière grave avec plus ou moins de volontaire. Il n’y a pas pleine volonté, ce sera un dommage positif, ce n’est plus privatif.
 
Du côté des péchés véniels, les fautes qu’on se permet
 
Parler trop, manger trop, être trop curieux, se perdre dans des vanités, trop tourné vers sa conscience passée, scrupules… sont des défauts qui peuvent tourmenter. Ça peut nous aveugler : jalousie, colère ; ça peut souiller : mauvaise pensée ; ça peut affaiblir la volonté : paresse, on ne fait plus ses devoirs de religion…
 
St Jean de La Croix, dans la Montée du carmel (n° 51,52) dit que les âmes occupées à toutes sortes de petites niaiseries sont fatiguées. Pour éviter les dommages il faut se mortifier, c’est ça qu’on appelle la nuit. 
 
En cas de fautes non volontaires il n’y a aucun dommage spirituel, même en cas de matière grave, du moment que ce n’est absolument pas voulu. 
 
 
Quelques applications
 
St Jean de La Croix parle des dommages particuliers à chacun des péchés capitaux : ce sont les péchés qui sont à la tête des autres péchés. Quand on ne les corrige pas, ça entraine d’autres péchés : l’orgueil peut entrainer le mépris du prochain, comme l’ambition disproportionnée, le vol…
 
L’orgueil : orgueil spirituel, vanité spirituelle, condamnation des autres, se croire supérieur aux autres, s’impatienté de ne pas être saint… 
 
Avarice : faire une comptabilité d’indulgence, gémir quand on perd ses consolations, demander des conseils à n’en plus finir, collectionner une grande quantité de livres spirituels, des croix, des chapelets… on accumule des trésors pour se convaincre qu’on ne manque de rien.
 
Luxure : il peut arriver un accident, Dieu peut le permettre même chez les plus avancés, mais on n’aura pas le ciel des péchés qu’on n’aura pas commis, on aura le ciel de l’amour qu’on aura eu pour le Seigneur. Excès de sensualité ou de tentation, en particulier quand on se met en prière ou quand on reçoit les sacrements… Si ce n’est pas volontaire, ce n’est pas pécher. La réponse, c’est la mortification. Ces excès sont causés par le plaisir sensible qu’on prend au spirituel quand ça prend la dimension d’une gourmandise spirituelle, cas où le spirituel passe dans le sensible. Chez les âmes tendres et délicates, le démon peut faire des ravages.
 
Colère : en toute occasion. Zèle hors de propos des autres, impatience, manque d’humilité…
 
Gourmandise spirituelle : c’est très fréquent, comme trop de pénitences non placées sous l’autorité d’un directeur, car ça ne vient pas du bon esprit. 
 
L’envie : des progrès spirituels d’une autre personne.
 
Paresse : ce n’est pas celle du travail qu’on n’a pas envie de faire, mais celle où on se refuse de faire des exercices spirituels contraignants, c’est l’acédie, et c’est un péché capital. C’est la paresse dans les choses qui contraignent à obéir.
 
En conclusion
Pour avancer dans la vie spirituelle, il faut des renoncements, il faut des détachements. C’est tout cela que St Jean de La Croix et tous les mystiques appellent les nuits : nuit active, quand c’est nous qui nous détachons sur de petites choses, nuits passives quand c’est le Seigneur qui nous prive, qui nous met dans l’obscurité.
 
Les nuits sont comme des purifications des parties sensitives. Dans les trois premières demeures on s’efforce de corriger ses défauts, on est actif, le Saint-Esprit n’est pas encore à l’œuvre. Puis dans le second âge du cheminement, la nuit devient passive. 
 
On s’attache facilement à des consolations et à des méditations qu’on aime bien et le Seigneur va nous aider à nous en détacher. C’est lui qui va nous mortifier, nous n’aurons qu’à accepter, ce sera la nuit du sens. 

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mar 3 Sep 2024 - 11:03



Cours 37 et 38 - Nuit des sens - aspect passif 1 et 2

Nous avons vu dans le cours n° 34 la contemplation qui, en 4e demeures, porte le nom de quiétude. 
C’est une oraison des goûts ou d’une certaine douceur spirituelle regardant vers le Seigneur sans parole précise. 
 
Dans le cours n° 35 nous avons vu que cette quiétude s’expliquait par des effusions de lumière et d’amour. La lumière est captée par le don d’intelligence et l’amour par le don de sagesse. C’est l’avènement de ces deux-là qui transforme notre prière en prière contemplative de quiétude. 
 
Quand cela advient cela provoque une réaction assez pénible parce qu’on ne s’y attendait pas car c’est tellement différent de ce que l’on vivait avant, qu’on est complètement dépaysé et on a besoin de s’ajuster. Cette adaptation, nous l’avons appelée dans le cours n° 36, la nuit du sens.
 
Nous allons commencer par étudier la nuit du sens dans cette nuit qui est quand nous arrivons en 4e demeures, en étudiant l’aspect passif. Il nous restera à étudier ensuite l’aspect actif. 
 
Passif, c’est regarder le problème du côté de ce qui nous arrive, des phénomènes qui arrivent en nous et qui nous font souffrir passivement par la grâce du Seigneur. L’aspect actif consistera à s’interroger sur ce qu’il convient de faire dans la prière pendant ce temps-là. Le Saint-Esprit vous prive de ce qui donnait le sens et vous donne des connaissances plus vagues mais plus profondes. 
 
Le raisonnement, l’imagination, la pensée, la psychologie de tous les jours, tombent dans la nuit du sens, sens extérieurs et sens intérieurs, imagination, nos sentiments, nos pensées, nos émotions, nos passions, tout ce que l’on constate dans notre intérieur, rêves, souvenirs, ambitions, difficultés de comprendre, raisonnement, lecture, conversation… C’est tout cela que l’on regroupe dans un mot, le sens. 
 
Que fait Dieu dans la vie des chrétiens fervents ?
 
Dans la phase préparatoire, au début des 1e, 2e et 3e demeures, vous pouviez prier comme vous le vouliez : chapelet, méditation, lecture spirituelle... On est maître de notre façon de prier, en 4e demeures Dieu intervient dans la nuit passive, on est alors obligé de le subir.
 
Les deux nuits, active et passive, doivent être synchronisées car il faut savoir répondre à la grâce quand elle se présente. En d’autres mots, si une grâce de contemplation vient à passer, il faut la saisir et ne pas passer à autre chose, l’activité de l’âme doit s’adapter. C’est la purification de Dieu qui va dicter la coopération de l’âme. 
 
Au livre 1er, chap. 8e, du livre La nuit obscure (p. 943), St Jean de La Croix dit que cette nuit passive est assez commune, beaucoup de personnes la vivent. La nature et la cause, comment nous arrive cette nuit-là ? Cela arrive sous forme de trois expériences principales :
 
1- Comme une privation soudaine de toutes les consolations, ce n’est pas comme un cadeau (on peut même croire que le Seigneur nous a ôté quelque chose).  St Jean dit que : Dieu nous libère de cette manière grossière d’aimer le Seigneur, qu’est la méditation, qui s’appuie sur les sens et les discours. Ces méditations ne sont pas suffisantes pour l’amour de Dieu. Le jour où ils trouvent dans leur prière le plus de saveur, Dieu les prive de toute cette splendeur. En d’autres mots, le signe de la contemplation, c’est que vous n’êtes pas capables de méditer. Même le sens intérieur est aux prises avec un telle aridité, on se lamente, on a honte. C’est la nuit. 
 
2- Cette expérience peut durer toute une journée, une semaine, voire plusieurs mois, et s’accompagne d’une inquiétude, une espèce d’angoisse, sentiment que Dieu nous a abandonné et comme on n’a pas le cœur à condamner Dieu, on se dit qu’on a dû faire quelque chose de pas correcte. On se réveille avec ce sentiment-là : « moi qui allais si bien…, j’ai manqué quelque chose ». Le mal que ça nous fait, c’est la preuve que ce n’est pas de la tiédeur et que le Seigneur travaille dans notre âme.
Le signe c’est aussi que ce sentiment ne touche que l’activité de prière, par ailleurs tout fonctionne bien : relation, devoir d’état, on n’est donc pas dans une logique dépressive, ça prouve que le Seigneur travaille dans notre âme.
 
3- Autre signe : une attention amoureuse. Au cours de la prière d’oraison personnelle, c’est décrit dans la Montée du carmel (L 2, chap. 13 et 14, p. 679), on a une attention amoureuse à se trouver seul avec Dieu sans parler, en même temps qu’on n’est plus capable de prier comme avant c’est-à-dire avec des phrases et des réflexions. Ça ressemble à de la paresse, mais c’est de la contemplation pendant un ¼ d’heure, une ½ heure. « Quand tu veux prier, enferme-toi dans ta chambre, seul avec le Père… Le Père voit dans ton cœur ce que tu veux avoir et il t’exauce » (Mt 6.6). 
 
On apporte son cœur et ses désirs et on a la délicatesse de ne pas demander à Dieu qui sait mieux que nous, ce dont nous avons besoin. 
 
Il peut y avoir une 4e expérience, notre volonté est prise par le Seigneur et notre entendement est paralysé. Dieu tire l’âme à lui pour qu’elle jouisse de la sècheresse amoureuse et laisse le sens dans l’impossibilité de méditer. En 4e demeures, plus on avance et plus la méditation est habituellement impossible.
 
Don de sagesse, don d’intelligence et parfois don de science, sont activés par l’Esprit-Saint. C’est la contemplation infuse. La vraie contemplation, ce n’est pas quand on a de belles idées, mais quand on n’en a pas (cf. cours n°28).
 
Les anges ne parlent pas, ils n’ont pas de corps, mais ils ont un langage très spirituel qui le leur permet, mais ce langage-là, on ne le comprend pas. Dieu nous parle par son esprit pur et les puissances spirituelles de l’âme sont libérées des sens. 
 
Cette nuit du sens ne peut pas arriver sans mortification.  Après avoir couvert les expériences que l’on fait, nous allons voir les expériences et leurs effets.
 
 
Cours n°38 - Nuits des sens - aspects passif – 2
 
Nous sommes toujours dans la dimension passive, c’est-à-dire sur ce que le Seigneur fait dans les âmes, que l’on constate par expérience par des signes que l’on vient de voir, notamment celui qui est positif, le goût du Seigneur ; c’est ça la contemplation et c’est ça les 4e demeures. Pour valider cet état de la 4e demeure, il faut que cela se reproduise régulièrement, si cela se produit tous les deux mois, c’est sans doute une annonce prochaine de s’y trouver, mais ce n’est pas encore les 4e demeures.
 
Cette grâce du Seigneur va avoir deux sortes d’effets inséparables l’un de l’autre : 1- des effets douloureux et pénibles, puis 2- des effets bienfaisants.
 
Les effets pénibles correspondent à une résistance que l’on pourrait offrir : plus on va résister, plus ce sera pénible, car il faut que nous soyons d’abord adaptés au Seigneur, puis purifiés. Le but du Seigneur ce n’est pas de nous faire souffrir, c’est l’effet bienfaisant. On n’est pas adapté au Seigneur car on ne comprend pas ce qu’il fait en nous, et on n’est pas assez purifié à cause des attaches et les points faibles que nous conservons. 
 
I) Les effets douloureux :
 
Ils ne sont pas aussi forts que ceux de la nuit de l’esprit. Si la nuit de l’esprit c’est assez pénible, la nuit du sens ça se passe encore assez bien. On distingue des effets normaux et des effets spéciaux.
 
Effets normaux :
 
a)  Impuissance et dégoûts pour le sens, on n’aime pas ça au début tant qu’on n’a pas compris qu’elle est la nouvelle manière de prier. On aura souvent fait pas mal de sacrifices pour en arriver là : abandon de certaines amitiés, de certaines pratiques du monde, on n’a plus les consolations du monde et on n’a pas encore les consolations de la piété, cet état est pénible. 
 
En échange de cette perte du sens, le Seigneur nous donne des bienfaits du côté de l’esprit, mais au début, c’est difficile de le percevoir : l’esprit est fortifié par la lumière contemplative et ça peut durer un à deux ans, on ne s’aperçoit pas que Dieu nous donne des grâces.
 
b) Deuxième souffrance normale : c’est l’angoisse car on a perdu ses marques, on pense que le Seigneur n’est plus présent et qu’il nous abandonne. On l’attend dans les sens, mais il n’y est plus. On pense que c’est à cause de nos péchés ou de la sévérité de Dieu que ce changement a lieu.
 
c) 3e effet, l’activité : on se débat et on voudrait que ça fasse comme avant. On n’est plus capable de lire, de réfléchir, et on veut à tout prix que ce soit comme avant. Si dans cette activité on retrouve des goûts on va perdre sa tranquillité et passer à côté du profit.
 
Les effets spéciaux :
 
Ça veut dire que ça ne se produit pas toujours : peine mélancolique, fatigue nerveuse parce que ça ne marche pas. Des tentations spirituelles sensuelles peuvent naître.
 
Autre désordre très différent, des cas frontières entre le spirituel et le psychisme ; la nuit de l’esprit qui viendra plus tard aura raison de ces tendances-là. Des tentations d’impureté se présentent souvent dans ces cas-là et ça peut-être très douloureux. 
 
Il y a aussi des effets très spéciaux qui peuvent se produire dans la nuit du sens et qui prépare à la nuit de l’esprit : ça peut se faire en un seul mouvement, c’est très dur et ça prépare à la sainteté.
 
II) Les effets bienfaisants : 
 
L’effet principal, c’est la paix, on prie en esprit et en vérité, c’est une libération. Le sens s’accoutume à la joie de l’esprit, le commerce avec Dieu est paisible, on vit intérieurement dans l’esprit les choses de Dieu. Ça, c’est l’effet normal, essentiel et principal.
 
Autres effets secondaires et très intéressants : on acquière une connaissance spirituelle de nous-même (cf. cours n°2), on se reconnait des misères et des bassesses insoupçonnées, le respect dû à Dieu, on se fait mettre à sa place. Les défauts vont diminuer : orgueil, envie, gourmandise… avec une certaine crainte de reculer, « Seigneur, il ne faudrait pas que je perde ça ! ». 
 
Autre effet : Œuvres positives et créatrice de l’amour, on goûte parfois des suavités spirituelles, progressivement on devient ardent d’amour, principal acteur de ces grâces-là. 
 
La contemplation est un acte de vertu théologale intense et très dense, en plein contact théologal avec Dieu. C’est la volonté qui va être conquise la première par le Seigneur et il faut y coopérer et c’est ce que nous verrons plus tard dans la nuit active, la réponse au Saint-Esprit dans notre conduite.
 
(fin des notes)

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Message par Alain Huger Dim 15 Sep 2024 - 17:52




Cours n°39 Nuit des sens - forme active pendant l'oraison


Ce cours est celui qui représente le plus le message de l’enseignement sur la vie intérieure, la doctrine de vie intérieure, dans ce qui suit. Tout ce qui précède a été élaboré pour que puisse se dire ce qui vient maintenant, produit d’une expérience de plus de 28 ans (depuis 1954).
 
Nous sommes dans la nuit du sens. On a vu l’aspect passif, ces choses qui nous arrivent quand on passe de la vie passive à la vie active, ce que l’on a vu assez longuement depuis les cours n° 35-36, quand on n’est plus capable de prier comme avant : on voudrait dire tant de belles choses au Seigneur, mais on n’est plus capable.  Cependant ce sont des signes de la grâce de contemplation qui nous arrivent passivement et maintenant ce que nous allons voir c’est ce qu’il faut faire quand ces choses-là nous arrivent dans notre prière intime et personnelle.
 
C’est la forme active de la nuit du sens. 
 
Nous avons vu la part de Dieu dans ce phénomène, nous allons voir maintenant notre part, notre rôle, notre devoir. La nuit du sens prépare l’âme à la nuit de l’esprit (6e demeures) et plus tard à la haute sainteté. Ste Thérèse dit qu’il y a beaucoup d’âmes qui y parviennent, mais qu’il y en a peu que le dépasse et c’est ce que dit aussi St Jean de La Croix. Alors qu’est-ce qui fait que si peu de gens arrivent en 6e demeures ? 
 
Ces deux docteurs ne se prononcent pas trop sur la raison mais laisse apparaître le manque de deux choses : 1- manque de générosité, d’esprit de sacrifice de la part des fidèles 2- manque de lumière et de direction spirituelle de la part des prêtres et des directeurs, ainsi :
 
- L’action de Dieu attend une réponse adaptée. Si la grâce ne rencontre pas une réponse dans l’âme, elle ne continue pas son œuvre. 
- Manque de lumière, l’âme ne comprend pas qu’il s’agit d’une grâce et elle n’a pas de directeur pour l’éclairer sur ce qui se passe.
 
En 4e demeures, traiter la cause est difficile compte tenu de la diversité des âmes : diversité des grâces, des réactions devant un choc surnaturel, Dieu donne à certains une prédominance de grâce d’amour, à d’autres des grâces de lumière. Il n’y a donc pas de recettes miracles pour tous.
 
Quand la contemplation commence, ça n’est pas fort, c’est intermittent, c’est encore une imperfection. Autre imperfection, ça ne touche qu’une ou deux puissances de l’âme ce qui provoque des distractions pour les puissances non touchées. Il n’y a plus la clarté des sentiments et dans l’obscurité l’âme est troublée : on courrait après les consolations et l’âme ne perçoit rien qui lui arrive car c’est discret et ça n’éclaire pas fort.
 
Le but de toute cette série de cours c’est d’aider les gens qui sont en ces 4e demeures, ceux qui en sont arrivés là, et qui vont comprendre qu’ils s’adressent prioritairement à eux ; il n’est cependant pas possible de donner tout un ensemble d’instructions précises, mais peut-être quelques directives générales : la science d’amour avec ses expériences, science d’humilité, et aussi quelques erreurs dont on peut tirer des enseignements, l’intervention de Dieu qui agit par les dons du Saint-Esprit.
 
En 4e demeures, au début de cette sagesse d’amour, la flamme d’amour n’est pas claire et on peut se tromper, mais en persistant, peu à peu, l’âme s’éclaire de lumières diffuses. Ordinairement, la lumière que nous connaissons est une lumière très claire. La lumière diffuse, c’est celle qui se cache sous les meubles par exemple, c’est une lumière qui n’éclaire pas. Si la lumière étincelante disparaît, alors la lumière diffuse, après un temps d’accoutumance, éclairera à son tour. Ça peut durer 1 à 2 ans. La lumière diffuse c’est celle du Saint-Esprit à laquelle on n’était pas accoutumé.
 
La nuit active, pendant l’oraison, qu’est-ce qu’il y a à faire ? Contemplation imparfaite et intermittente, il faut adapter son action à chacune des situations : avec ou sans grâce de contemplation, l’agir sera différent.
 
En cette situation, il y a un double devoir et des corolaires pratiques, plus tard on verra les trois formes de prières des 4e demeures. La vraie pratique repose sur un double devoir, St Jean de La Croix insiste sur le premier devoir et Ste Thérèse sur le deuxième. 
 
1ère loi.
St Jean de La Croix favorise la contemplation et invitant à donner toutes les chances à celle-ci de s’installer en vous. Quand on constate qu’on n’est pas capable de méditer et qu’on se sent bien quand même, il faut s’abandonner à cette douceur, à ce bienêtre, quant à l’incapacité de méditer, n’essayez pas, il faut rester tranquille, silencieux, s’abandonner.
 
Il y a des gens qui travaillent dans la prière, ça c’est pour le jour, et il y en a d’autres qui se reposent dans la prière, ça c’est dans la nuit du sens. La nuit du sens c’est un repos ; pourquoi ça fait mal ? parce qu’on ne veut pas se reposer. La contemplation est une oraison de repos, de calme. Ce qui est sanctifiant, c’est la contemplation, ce ne sont pas les visions.
 
Si Dieu travaille en nous, laissons-le faire, ne serait-ce que par respect, en particulier dans le silence et la paix qui sont signes de sa présence. En 5e et 6e demeures, une simple attention à un petit rien qui s’interpose dans les onctions du Saint-Esprit suffirait à gaspiller votre oraison. Le Saint-Esprit essaie de faire en vous une belle peinture du Christ, ne perturbez pas son travail vous allez tout gaspiller. L’Esprit-Saint prie en nous, laissons-le faire et il le fait mieux que nous. Le refus de l’abandon augmente l’inquiétude et la souffrance car plus rien ne réussit. 
 
2e loi.
Ste Thérèse invite à reprendre l’activité personnelle naturelle, quand la contemplation fait défaut on revient à la méditation. C’est ce qu’on appelle la contemplation intermittente.
 
Tous les actes que l’on fait : acte de contrition, acte de foi, acte d’espérance… ce sont des activités. 
 
Thérèse met en garde à ne pas se mettre soi-même dans la passivité en croyant ainsi provoquer la 
présence divine. Même dans les états de recueillement passif où on constate la présence de Dieu, il ne faut pas confondre cela avec la contemplation, ce n’est pas pareil. La présence de Dieu, c’est une ambiance au sein de laquelle on peut faire toute sorte d’activités.
 
Quels sont les corollaires et conseils pratiques issus de tout ce qui vient d’être dit ?
 
1- Se préparer à l’oraison
On peut faire d’avance des lectures qui vont vous faciliter la prière : lecture d’un texte en rapport avec votre degré d’avancement spirituel de méditation ou de contemplation. Si après avoir choisi un texte de méditation, cela ne marche pas, il faut abandonner la méditation de ce texte. 
En 2e degré d’oraison mentale pour l’oraison d’affection, fin des 2e demeures, on peut choisir des textes de St Augustin, une page de l’Évangile dans laquelle il y a de beaux sentiments ou une page de St Alphonse de Liguori, c’est ce genre d’oraison qu’il enseigne en communauté. 
 
Que cette préparation soit simple, frappante, lumineuse. On choisit une pensée qui pourrait aider. 
 
2- Persévérer dans l’oraison active (méditation, lecture méditée, oraison d’affection ou oraison de simplicité) jusqu’à ce que l’âme soit élevée jusqu’à la contemplation par cette grâce qui vient du Seigneur. On fait comme tout le monde, il ne faut pas se donner des diplômes. Même arrivé en 6e demeures, on peut avoir encore besoin de méditer et c’est ce que dit St jean de La Croix quand il s’adresse aux commençants qui, pour lui, sont ceux qui sont en 4e demeures.
 
3- Au cours de la demi-heure d’oraison que vous faites, on revient à la méditation si la contemplation a cessé ; peut-être reprendra-t-elle. Cette intermittence est difficile à comprendre et l’aide d’un directeur s’avère nécessaire pour être bien guidé.
 
4- Dans les oraisons contemplatives imparfaites, donc avec beaucoup de distractions, le repos dans le Seigneur est troublé, on peut occuper les puissances libres et respecter le repos des autres : à l’imagination un objet, une belle image pour la fixer, on donne facilité à la volonté qui veut jouir du Seigneur.
 
Dans le prochain enseignement, le cours 40, on traitera du même sujet mais avec des applications selon trois façons de prier dans les 4e demeures : si on a un recueillement, qu’est-ce qu’on fait ?
 
(Fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mer 25 Sep 2024 - 16:01



Cours n°40 - Nuit des sens ; forme active pendant l'oraison - 2

Nous sommes dans la nuit du sens des 4e demeures et l’entrée en 4e demeures c’est la nuit du sens qui n’est pas une nuit noire car c’est une première adaptation à la grâce de la contemplation. A partir de cet instant beaucoup d’âmes n’auront plus besoin de cours car elle se laisseront porter par les effets de leur contemplation. 
 
C’est pourquoi l’introduction dans cette vie est importante. Nous allons reprendre tout ce que nous avons dit précédemment avec beaucoup plus de détails. Pour ce faire on va traiter de trois cas d’oraison, voir les aspects pratiques et bien profiter de la grâce qui nous est donnée. 
 
Nuit du sens ça veut dire lumière pour l’intelligence profonde et obscurité pour l’imagination, l’entendement, la raison humaine : notre tête ne comprend pas, mais notre cœur comprend. Ça fait lumière dans l’esprit (par le Saint-Esprit) et ça fait la nuit dans le sens (dans notre tête). Quand on est accoutumé à cette nuit, on aime ça. 
 
La forme passive, c’est la description de ce qui nous arrive et la nuit active, c’est notre devoir pendant ce temps-là. Ce que nous travaillons c’est ce qui se passe pendant notre prière d’oraison. Viendra plus tard ce qu’il convient de faire en dehors de la prière dans la même situation.
 
L’oraison sera suave, de quiétude ou bien aride. Alors notre devoir sera de nous mettre, nous-même, forme active, dans la nuit, pour contribuer ainsi à la nuit que le Seigneur met en nous. Appliquons les principes vus dans le cours précédent aux oraisons des 4e demeures à trois cas :
 
1- Le recueillement infus :
Le cours n°33 décrivait le recueillement passif qui peut se produire n’importe quand pendant une heure, un jour, plus rarement trois jours. On a alors l’impression d’être baigné dans le Bon Dieu. Deux cas se présentent : soit c’est le prélude à une oraison plus qualifiée, alors notre devoir est de nous laisser emportés par le Seigneur, on s’abandonne passivement à la prière qui jaillit ; soit c’est une simple emprise de Dieu à un moment où ce n’est pas le temps de prier (quand on est à table par exemple) : on peut alors réfléchir calmement, faire une oraison de simplicité… 
 
2- La quiétude suave :
Dans le cas d’une véritable oraison de quiétude, oraison de repos où on trouve son bonheur à se laisser reposer. Notre devoir est qu’il faut se protéger contre les distractions (souvenir, imagination…) et se tranquilliser devant le Seigneur : notre volonté se laisse charmer, la grâce la calme, c’est le temps de tout lâcher et de s’endormir dans le Seigneur. S’il y a des distractions on les laisse faire, on n’y prête pas attention. 
 
En cas de quiétude moins forte, il faut solliciter l’activité de la volonté, mais pas l’entendement car le raisonnement (la réflexion) est quelque part le grand ennemi de la contemplation. La volonté ce n’est pas fait pour réfléchir, mais pour aimer et faire des actes d’amour. 
 
Quand j’utilise la formulation « parce que » c’est une expression de la réflexion et de l’entendement. Quand je supprime les « parce que », c’est le cœur qui parle, expression de la volonté. 
 
3- La sècheresse contemplative :
C’est le cas le plus fréquent. Ça touche l’entendement avec lumière et aveuglement, car la lumière du Seigneur, quand elle est forte, nous éblouit, c’est la nuit : on pense qu’il fait noire mais en fait, c’est parce qu’il fait trop clair. Alors que le Seigneur nous donne quelque chose, on a l’impression qu’il nous prive. C’est celle que vivra Ste Thérèse de l’Enfant Jésus et cette forme est très répandue de nos jours.
 
Ordinairement, après la contemplation de quiétude, du début des 4e demeures, c’est la contemplation de sècheresse des 5e demeures qui est le fruit de l’action de Dieu. Elle exige deux devoirs : un premier c’est de respecter l’action de Dieu et un deuxième devoir, au besoin, de compléter l’action de Dieu. 
 
1er devoir : respecter ce que Dieu donne, c’est la passivité. On risque d’oublier que c’est de la contemplation tellement c’est subtil. C’est Dieu qui prie Dieu, ce n’est pas nous, Dieu ne parle pas avec des raisonnements.
 
2e devoir : apporter un peu d’activité. 1°) dans les temps de sècheresse contemplative, tendre par la foi et essayer de s’y maintenir. On passe du sensible au spirituel, ce qui constitue la nuit du sens, c’est le chemin des 4e demeures, il faut donc lâcher le sensible pour venir au spirituel : c’est ce passage qu’il faut favoriser par des actes de foi. La contemplation, acte de foi prolongé, est un regard vers le Seigneur et on commence par une suite de petits actes de foi pour espérer ensuite en faire de plus grands.
 
Dans la quiétude thérésienne il y a une douceur montant d’une source profonde mais, dans la quiétude sèche, il y a peu de chose pour nous le dire, sauf celui du goût pour la contemplation qui se vit dans la paix. Si vous ne comprenez rien, vous êtes en contemplation, si vous comprenez tout, vous être en méditation.
 
On peut faire le test de la paix par l’acte de foi, acte anagogique (cf. cours n°6), d’une vertu théologale, un acte d’amour plutôt sec : « Je t’aime », « amen », c’est pointu, et ça pénètre d’autant mieux. Dans un acte de foi, on entre dans le Seigneur et on en retire forcément quelque chose comme quand on fait une ponction. On peut ainsi s’assurer que Dieu est bien là, dès le début de son oraison. 
 
Actes anagogiques d’amour : c’est une aspiration d’amour, élancement amoureux et enflammé du cœur et de l’esprit par lequel l’âme se surpasse elle-même et va s’unir étroitement à Dieu. 
 
Actes anagogiques de foi : on reste tranquille dans la paix, un regard fixé sur Dieu, on se dispose devant Dieu en l’invitant à faire ce qu’il voudra, on élève son attention à Dieu sans acte. 
 
Toutefois on peut apaiser le sensible : se porter en dedans de nous-même malgré les distractions en faisant un acte de foi « c’est avec toi, Seigneur, que je veux être », on passe à l’esprit. On ne force pas pour chasser ses distractions, on ne force pas pour entrer dans le Seigneur.
 
On peut aussi faire appel à une prière vocale (le Notre Père) pour apaiser les distractions. Dans le cas de distraction très prenante, ne pas éviter le sujet, le prendre en considération et partir en oraison à partir de cette préoccupation. 
 
Dans le cours suivant on regardera comment se comporter dans la contemplation au cours de la journée.
 
 (fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mer 2 Oct 2024 - 11:17



Cours n°41 - Nuit des sens ; forme active en dehors de l'oraison


On est toujours en 4e demeures et dans la nuit du sens, nuit pour l’entendement et lumière pour l’esprit, éclairage nouveau auquel il faudra s’adapter. Il faut s’accoutumer au fait que c’est le Seigneur qui agit, que l’on est passif et qu’il faut le laissez-faire.
 
Comment s’adapter au Seigneur dans la vie de tous les jours ? en faisant son devoir d’état par exemple. Au chemin de la perfection (chap. 18), Ste Thérèse dit que si vous ne voulez pas suivre ses conseils et bien « restez en oraison mentale toute votre vie ! ». 
 
En dehors de l’oraison il y aura l’ascèse, la prudence, l’obéissance et se discipliner pour faire des choses qu’on n’était pas capable de faire. C’est cette partie-là que l’on va voir maintenant.
 
L’ascèse ou mortification ou parfois le sacrifice, c’est se discipliner pour faire quelque chose qu’on n’était pas accoutumé de faire. Il faut prendre garde à des ouvrages remontant aux années 1920 qui séparaient trop l’ascèse de la mystique, comme si dans le premier âge c’était le temps des sacrifices et dans le 2e âge celui des douceurs. Ceci n’est pas exacte car les sacrifices c’est tout le temps, l’ascèse c’est tout le temps et même s’il faudra l’adapter.
 
Dans le premier âge on peut donc pratiquer la méditation sans préalable à la vertu. Mais dans la contemplation en 4e demeures, le Seigneur ne se livre qu’à ceux qui se donnent à lui par le détachement. 
 
Au début, soit au niveau des 2e demeures, pour les commençants, Ste Thérèse dit que la priorité c’est la fidélité à la prière ou à l’oraison. La vie spirituelle c’est comme cela que ça commence puis en 4e demeures elle nous parle davantage d’ascèse. A ses sœurs qui l’interrogent sur comment progresser dans la contemplation elle leur dit sur vingt chapitres « mortifiez-vous ». Sans détachement en une forme absolue (revoir le cours n°5), Dieu ne donne pas la grâce de la contemplation.
 
Si une âme pratique les vertus sans se mortifier réellement, Dieu la visitera de temps en temps, mais sans la considérer comme sienne. Quand on lit St Jean de La Croix on constate que sur ce point il est très exigeant et ainsi, au bout d’un an, tous ses novices étaient contemplatifs.
 
En 6e demeures, on parlera de passivités douloureuses, où vous n’êtes pas capables de faire autre chose que d’endurer les moments difficiles à vivre. Ici, c’est une ascèse active : pour goûter le Seigneur il faut passer par un chemin où on ne goute rien, et pour savoir quelque chose sur le Seigneur il faut passer par un chemin où on ne sait rien ; c’est souverainement efficace.
 
Cette exigence exprime l’opposition radicale entre Dieu et le péché, on ne peut servir deux maîtres : il nous faut faire un choix radical entre l’esprit et la chaire (St Paul). L’âme doit travailler à réaliser cet absolu. On ne fait pas ascèse ou contemplation, on fait ascèse et contemplation. 
 
L’ascèse en dehors de la contemplation sera guidée par la sagesse d’amour qui nous dira quoi faire. Mais comment trouver dans les inspirations du Saint-Esprit la marche à suivre ? En 4e demeures nous sommes dans la nuit où le Seigneur nous met, alors ne nous mettons pas dans le jour. 
 
Il n’y a pas de méthode, mais des indications permettant à l’âme de faire entrer la mortification dans le rythme de l’action de Dieu. Pratiquement on peut distinguer deux choses : Dieu guide, 1- par des lumières intérieures ou bien, 2- par des événements.
 
 
1- Le cas des lumières
 
Ce sont des inspirations : pourquoi tu ne ferais-tu pas une retraite ? un livre à lire ? une prière à faire ? une action à faire ? Jésus dit : « Je suis la lumière » qui est là, même dans la sècheresse. Ce ne sont pas toujours des lumières très claires : soit plus charitable, regarde ta misère… Alors peuvent apparaître les défauts extérieurs auxquels on n’avait pas pensé.
 
Parfois des lumières précises : Vas t’excusez auprès d’untel ! Si on ne se décide pas, ça va nous poursuivre pendant plusieurs jours. Ces lumières déconcertent l’âme qui se demande jusqu’où et si elle doit les suivre. Ce sont des marques de la sollicitude du Seigneur à notre égard et qui nous parle.
Ne pas répondre à ces sollicitudes aura pour conséquence le silence de Dieu, le retour à la médiocrité et la perte de la vue de ses attaches. 
 
Directives précises
« Je t’appelle à fonder une communauté ! ». C’est très précis mais ça semble ne pas être raisonnable. Alors on en parle à son directeur et on obéit : ce sera le cas d’Alphonse de Liguori. Si on se sent appelé à faire quelque chose dans l’Église, pour le bien des âmes, que ça a du sens, il faut le soumettre à l’Église et aller au besoin jusqu’à l’évêque et obéir. 
 
Directives obscures
Si c’est vague, ça fait comprendre au moins l’intention de Dieu. Il faudra approfondir par des lectures d’ascèse comme la Montée du Carmel, ou des livres de Ste Thérèse d’Avila qui nous disent quoi faire pour le Seigneur ; alors le texte peut à un moment donné éclairer sur ce que l’on doit faire. 
 
 
2- Les événements
 
Tant qu’on est dans les trois premières demeures, on se débrouille avec des livres, avec les vertus à faire grandir, c’est actif. On peut avec prudence avancer et progresser selon notre manière de voir et nos efforts personnels à la lumière de l’évangile.
 
Par contre, si on est passif, c’est l’Esprit qui commande par des événements providentiels et c’est alors plus clair que les inspirations. Malgré les affirmations de certains scientifiques, la Providence ça existe !  C’est l’expression de l’intelligence de Dieu et de sa puissance, créateur du plan de la grâce. 
 
Si j’ai été créé par Dieu, Dieu continue de me créer au présent, car Dieu est toujours dans le présent. Il est Créateur : Dieu pense, il connait, Dieu choisit et Dieu agit. Dieu est un seul acte, il est l’acte pur qui ne se divise pas. La Providence est donc la poursuite de sa création en particulier quand il s’agit d’une âme appelée et qui a besoin d’être sanctifiée. 
 
Les causes libres, c’est quand quelqu’un intervient (une personne, un prochain, un ange, voire les démons…) ; les causes nécessaires ce sont les lois naturelles (la gravitation nous fait tomber…), ce sont des instruments dans la main du Père, y compris nos faiblesses, nos maladies… Selon St Paul tout peut contribuer à notre salut et st Augustin dira même jusqu’au péché.
 
Le premier de nos dogmes, c’est de croire que Dieu existe, qu’il nous aime et qu’il veut notre bien : c’est une nécessité de moyen, si on ne croit pas ça, il n’y a pas de salut. Il faut donc se soumettre aux événements. On peut essayer de s’en déprendre mais si on voit que non, il faut accepter de bon cœur ce qui se présente à nous. 
 
En 4e demeures, la foi doit être éveillée aux situations qui bien souvent s’imposent : situation familiale, éducation reçue, les qualités qu’on a ou pas, nos déficiences… Tout est entre les mains du Seigneur.
 
Ces situations peuvent pousser les âmes jusqu’à l’héroïsme, avec beaucoup de sacrifices. Dieu se sert du milieu où nous vivons pour parfois en faire des Saints ; ce n’est pas le milieu qui fait les Saints. Il faut s’abandonner, c’est le Saint abandon (cf. Dom Vital Lehodey). 
 
Dans quelle mesure se soumettre ? C’est difficile à dire. Dans la nuit, il faire noire et on ne sait pas. Dieu conduit tout, alors on ne fait pas de plan. En cas de conflit entre l’événement et l’attrait, on reste fidèle aux deux : à l’attrait pour avancer, à l’événement pour freiner, il faut aussi savoir freiner. 
 
Par exemple, la nécessité de prier doit faire son affaire des contraintes liées au devoir d’état. On essaie de faire les deux dans la mesure du possible.
 
En cas de blocage complet, on s’en remet à l’autorité et on s’y soumet ; on ne se sanctifie pas en dehors de l’obéissance à Dieu. 
 
Les conseils : dans les choix que l’on fait, il faut éviter les occasions qui éloignent de l’oraison : une mission plus grande mais qui donnerait moins de temps pour prier est à éviter car tout en pensant faire du bien d’un côté on s’affaiblit d’un autre côté. 
 
Attention aux cas pathologiques : en 4e demeures, on reçoit des grâces qui peuvent nous faire croire qu’on est arrivé en 6e demeures. Pour valider le véritable état dans lequel cette personne est, il faut lui faire faire un peu d’action pour la sortir des illusions et voir comment elle accepte ce qui lui est proposé. Il faut de la prudence en cette matière.

 
(Fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Dim 13 Oct 2024 - 13:43


Cours n°42 - L'obéissance

Ce qui suit s’applique aux 4e demeures. L’obéissance ce n’est pas toujours claire, on va essayer d’éclairer cette affaire-là. 
 
La nuit du sens c’est l’annonce de l’entrée de la grâce contemplative des 4e demeures. Une fois qu’une personne est entrée sous l’influence de la grâce contemplative elle n’a pas besoin des cours car ça fonctionne.
 
Dans le 2e âge, on est sous l’influence du Saint-Esprit et c’est une vie nouvelle qui se vit dans la prière : la méditation (intelligence discursive) devient contemplation (intelligence intuitive). 
 
Tout comme l’office du samedi soir qui prépare le dimanche, la nuit prépare la venue de la lumière de la contemplation. Vivre de manière active la nuit du sens, en dehors de l’oraison, c’est une question d’obéissance.
 
Pour St Jean de La Croix les 4e demeures se situent au début de la vie mystique et ce sont les commençants en spiritualité profonde. Au début, la contemplation est intermittente puis elle s’installera régulièrement on pourra alors parler alors de vie contemplative. 
 
L’ascèse est une nécessité, il faut du renoncement et c’est là qu’intervient l’obéissance.
 
Qu’est-ce que l’obéissance ?
 
C’est une forme de la vertu de justice. La tempérance modère les appels vers le plaisir, la vertu de force nous donne le courage et la persévérance dans le bon chemin et régularise les effets de l’appétit irascible. La vertu de justice ne regarde pas les appétits concupiscibles ni irascibles, elle considère le prochain, elle nous met en bon rapport avec l’autre ; l’autre c’est Dieu d’abord et puis c’est le prochain.
 
Quand la vertu de justice se tourne vers Dieu, c’est la vertu de religion et l’obéissance à Dieu s’insère dans la vertu de religion. Cette vertu comporte quatre devoirs principaux : 1- l’adoration, la louange ; 2- l’action de grâce, le remerciement ; 3- l’impétration, c’est à Dieu qu’on demande ; 4- l’acte de propitiation, la demande de pardon. Ces quatre fins sont également celles de la prière : on prie pour adorer, pour remercier, pour implorer, soit pour expier et il en est de même pour la messe. Ne pas faire de religion est une grande injustice envers Dieu, nous avons des devoirs graves de religion. 
 
Dieu nous a créés et nous lui appartenons, il a donc le droit de nous commander et nous le devoir de lui obéir. Par sa sagesse, il nous gouverne tellement bien qu’il est intelligent de se laisser gouverner par lui. C’est une sagesse de l’homme que de se laisser conduire par la sagesse de Dieu. 
 
L’obéissance est donc une vertu morale qui gère notre vie et nos mœurs, à la différence des vertus théologales qui ciblent directement Dieu. Mais comme l’obéissance unit l’homme à Dieu, elle est proche des vertus théologales puisqu’elle le soumet à la volonté divine. 
 
En 4e demeures Dieu peut agir sous forme de motions pour accomplir ces inspirations. Les inspirations parlent à notre intelligence et les motions parlent à notre volonté et à notre action : le Seigneur donne en même temps l’idée, c’est l’inspiration et la poussée, c’est la motion. C’est ce que produit régulièrement l’action de l’Esprit-Saint en nous. 
 
La volonté de Dieu peut aussi nous être adressée par la loi naturelle qu’elle soit physique pour les choses ou morale pour l’homme. On n’a pas le droit de se mettre en danger, si ce sont les circonstances ce n’est pas la même chose : la loi de la gravitation ne nous permet pas de sauter du 20e étage d’un immeuble. Il y a la loi évangélique, les enseignements de Notre Seigneur ; il n’est pas venu abolir les commandements, il faut donc lui obéir. 
 
Dieu nous parle aussi par des représentants : la société, l’Église, par les autorités légitimes. L’obéissance au Pape n’est pas optionnelle, c’est le plus haut représentant de l’autorité de Dieu sur la terre. 
L’excellence de cette vertu
 
1- C’est un facteur d’ordre : tant intérieur dans l’âme qu’en extérieur dans la société ; discipline dans la cité et dans notre cité intérieure.
 
2- C’est un facteur de cohésion dans les efforts : on agit collectivement selon un ordre qui est donné. 
C’est un facteur d’harmonie dans les puissances célestes car les anges obéissent. 
 
Le sacrifice a toujours été au cœur de la religion et cela dans toutes les religions car c’est un acte qui regroupe en lui les 4 fins dont il est question plus haut : l’hommage, l’action de grâce, l’impétration et l’expiation. Il n’y a pas de sacrifice plus parfait que celui de l’obéissance ; Jésus en est l’illustration parfaite : il a obéi jusqu’à la mort. Ce n’est pas principalement la souffrance qu’il faut considérer, même si cette souffrance fut très importante, mais c’est l’obéissance à son Père. Toute la rédemption du monde est attachée à cet acte d’obéissance.
 
Samuel devait faire un sacrifice à la fin d’une bataille car ils avaient remporté la victoire, mais c’est Saül qui, dans la précipitation, le fit. Samuel dit alors : « Dieu te rejette parce que tu as marché contrairement à l’obéissance » qui est le plus grand des sacrifices.
 
L’essence du sacrifice n’est pas dans la souffrance, c’est dans l’offrande. Si ce n’est pas donné dans la volonté qui est celle du Seigneur, ça ne vaut pas grand-chose : le sacrifice d’Abraham en est un exemple.
 
L’obéissance est une preuve d’amour et Jésus le dira : « si vous m’aimez garder mes commandements » et c’est le plus grand des vœux de religion que l’on détaille sous trois formes : pauvreté, chasteté, obéissance. La pauvreté nous détache des biens, la chasteté nous attache à Dieu et l’obéissance frappe la volonté.
 
Voyons maintenant les aspects plus spirituels
 
On peut communier à Dieu de trois façons : 1- la communion, 2- l’adoration contemplative et 3- par l’obéissance.
 
1- Par l’eucharistie, Dieu vous diffuse sa vie par la présence sacramentelle de son corps, de son sang et de sa divinité (hostie veut dire victime), Jésus présent et agissant en état d’immolation.
 
2- Par la contemplation, Dieu vous diffuse sa lumière, vous communiez à la vérité, par contact dans la foi.
 
3- Par l’obéissance, et là c’est Dieu qui vous diffuse sa sagesse, par sa vie, sa lumière ou sa sagesse, c’est toujours Dieu qui se donne. Moins grande que la communion eucharistique, moins haute que la contemplation, la communion par la voix de l’obéissance, c’est la communion la plus fréquente avec Dieu par ce qu’elle est de tous les instants : faire aux autres ce que l’on voudrait qu’on nous fasse, agir par charité… autant de situations où on obéit à Dieu.
 
La communion constante avec la sagesse de Dieu ça vous met en union avec le Seigneur. C’est ce que dit Ste Thérèse dans le Livre des Fondations (chap. 5e), tant et si bien que si vous puisez vous-même aux sources de sagesse, votre obéissance est pour nous une source de sagesse. 
 
Quand on obéit, on participe à la sagesse de ceux qui nous commandent, elle apporte un effet de fécondité sur les oeuvres qui sont faites dans l’obéissance. La preuve de cette fécondité c’est que la sagesse de Dieu réussit toujours. La sagesse de Dieu qui voit tout, qui est toute puissante, gouverne le monde ; ainsi par notre obéissance nous accomplissons des actes qui porteront des fruits longtemps.
 
Pour les canonisations, on regarde si cent ans après les oeuvres sont encore debout et si c’est le cas, c’est que la sagesse divine a continué l’œuvre : la fécondité c’est la marque de Dieu ; Dieu a exalté le Christ dans l’obéissance (cf. épitre aux Philippiens). 
 
Les qualités de l’obéissance
 
- Ordonnée : on n’obéit pas à n’importe qui : on ne va pas au supérieur qui nous plait mais à celui qui représente vraiment Dieu pour nous. En cas de conflit entre deux autorités, la prudence est requise pour ne pas alimenter un conflit en faisant ce que l’on doit faire, mais le faire sans provocation.
 
En cas de conflit entre un appel intérieur insistant et vérifié et un refus de l’Église, on se soumet à l’Église, Dieu pourvoira à la situation car, si c’est le désir de Dieu, ça finira par se faire. 
 
- Surnaturelle : car c’est à Dieu qu’on obéit. Tout ce qui touche à l’obéissance doit se faire dans la foi, parfois il faut le faire dans un effort qui peut être très difficile et ce sera alors un acte héroïque.  On aura bien sûr fortement recours à la prière.
 
L’obéissance de jugement qui peut être demandée ce n’est pas nécessairement l’obéissance de jugement théorique. On peut très bien ne pas avoir les mêmes idées que ses supérieurs et ne pas pouvoir suivre ce que notre jugement théorique nous dicte. Il faut alors s’appuyer sur le jugement pratique et se soumettre, tout en attendant un autre moment favorable à notre jugement car même si notre jugement est juste, peut-être que ce n’est pas le bon moment pour le suivre. C’est toujours la volonté de Dieu qui s’exprime par l’autorité dont on dépend.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Sam 26 Oct 2024 - 12:17



Cours n°43 - L'âme prête à passer aux 5e demeures

Avant de voir ce qui concerne les 5e demeures, demandons-nous où nous en sommes dans l’explication du cheminement de la vie spirituelle :
 
- une première phase de la vie spirituelle active a été franchie et est déjà loin (le premier âge). En 2e demeures, on commence sérieusement sa vie spirituelle : « Je veux voir Dieu ». On s’y entreprend avec de grands désirs, de grands efforts (ascèse) et avec discrétion, cherchant Dieu dans la prière (oraison mentale de méditation et oraison mentale de recueillement). Thérèse s’appuyait sur des lectures spirituelles, des amitiés qui la soutenaient et la direction spirituelle qui la guidait.
 
En 3e demeures, un premier beau résultat a été atteint : plus de péché véniel volontaire, habitude du recueillement avec des oraisons simplifiées (simple regard ou repos tranquille devant le Seigneur). 
En 3e demeures, c’est un premier degré actif d’union ; le second degré d’union se verra avec les 5e demeures et le 3e et dernier degré se faisant en 7e demeures. 
 
- Au 2e âge, phase passive, qui commence avec les 4e demeures : c’est l’Esprit-Saint qui prend l’initiative, il a pris possession de l’âme. La transformation se fera en deux temps, 4e et 5e demeures, puis 6e et 7e demeures. En 5e demeures on sera soudé au corps mystique de Christ-Jésus, passivement. Cette entrée en 4e demeures se fait soit par la douceur du recueillement infus, soit par la nuit du sens, alors la grâce de contemplation conduit à la quiétude : on ne peut plus méditer, l’intelligence est endormie, ce qui peut se faire sentir comme étant douloureux. Une fois qu’on est habitué à ce nouveau mode de prière, on y retrouve du plaisir : c’est la contemplation sans consolation. Le devoir est alors de se laisser faire, de pratiquer l’ascèse et obéir sous la direction du Saint-Esprit.
 
Nous arrivons à la fin du 2e âge de la vie spirituelle.
De même que le 1er âge se terminait par l’union des 3e demeures, le 2e âge se termine par l’union des 5e demeures, union passive dont s’empare l’Esprit-Saint pour s’unir à Dieu.
 
Après cette nuit du sens (commencement des 4e demeures), après cette période de quiétude suave dans le silence (on y goute le Seigneur), après un long temps de quiétude aride (ou de sècheresse contemplative, sans consolation), on arrive enfin dans une première étape dans la recherche de Dieu.
Combien de temps pour en arriver là ? Pour les uns, 5 à 6 ans, pour d’autres… 25 ans. Tout dépend du cheminement des 4e demeures, lequel dépend du cheminement des 2e demeures. 
 
L’action de Dieu a attiré l’âme vers son propre centre où Dieu habite. Pour le moment on considère le grand centre spirituel des 4e,5e, 6e et 7e demeures, le petit centre c’est pour plus tard. Tout est prêt pour la rencontre et l’union à Dieu, une première entrevue peut-être et alors l’âme sera conquise immédiatement et lui appartiendra.
 
Selon Ste Thérèse, si tout le monde n’a pas cette première entrevue, en 5e demeures, tous auront un état général d’emprise habituelle de Dieu sur leur âme. St Jean de la Croix, qui ne s’attarde pas sur le sujet, dit : « après avoir franchi les temps des commençants (les âmes de 4e demeures), l’âme va se trouver dans une grande facilité dans une douce et amoureuse contemplation en attendant l’autre nuit (celle des 6e demeures) et les fiançailles ».
 
Les 5e demeures sont donc un relais, une étape, un point de transition, et là, Ste Thérèse distingue deux choses différentes : 1- une grâce mystique spéciale d’union (transitoire) qui ne se produit pas chez tout le monde et pas plus de deux / trois fois, 2- un état général d’union de volonté au cours de la journée.
 
1- La grâce mystique : « c’est une véritable suspension des puissances (toutes) avec évanouissement et perte de conscience dans une contemplation tout à fait obscure au centre de l’âme avec ensuite un réveil suivi d’angoisses et la certitude d’avoir été en Dieu et Dieu dans l’âme ». 
 
Suspension signifie que les puissances sont inactives, évanouissement signifie la perte de connaissance de 15 à 30 mn, obscure car on ne sait pas ce qui se passe. La demi-heure peut passer aussi vite qu’un clin d’œil. La certitude vient après coup à la réflexion de ce qui a été vécu. Cette expérience est tellement improbable qu’en général les personnes qui la vivent n’en parle pas. Nos facultés ne peuvent absolument pas provoquer tout cela, c’est l’œuvre du Saint-Esprit, c’est mystique. 
 
2- Quand on vit cette grâce-là, chemin de raccourci, c’est une porte ouverte en 5e demeures. Si on ne la vit pas, on ira en 5e demeures par un chemin plus long, passivement, par les grâces de la quiétude aride. L’emprise de Dieu sur la volonté se fera petit à petit ; l’Esprit saisit l’âme, contemplation après contemplation ça se fait, mais c’est moins vite. On ne s’en rendra pas forcément compte facilement sans l’aide d’un bon guide.
 
Passivement, il y aura continuation des grâces de quiétude aride et activement par une ascèse vigoureuse de détachement complet. Plus on se détachera volontairement et de tout ce qui n’est pas Dieu, plus ça mènera graduellement vers l’union de volonté. 
 
Ceux qui n’ont pas cette grâce découvriront qu’ils sont en 5e demeures par des effets particuliers dans l’union de volonté, union passive par le Saint-Esprit : a) une infusion de charité, elle est marquée par l’emprise de Dieu ; b) une métamorphose de l’âme qui ne se reconnait plus, c’est l’abandon au vouloir divin ; c) détachée de tout, elle ne s’arrête ni aux goûts spirituels, ni aux joies de la terre ; d) elle s’embrase d’amour ; e) elle se voit toute à Dieu, membre de Jésus-Christ, et veut compléter le corps mystique ; f) elle souffre de la souffrance de Jésus-Christ et de la perte des âmes d’autres part. Cela fait penser à St Paul qui sait qu’il est attaché au Seigneur malgré toutes les vicissitudes de la vie et que rien ne pourra l’arracher au Christ.
 
La découverte de l’Église est typique des 5e demeures. 
 
C’est un signe déterminant, ceux qui se croient en 6e demeures et qui critiquent le pape et l’Église, c’est de la blague ! En 5e demeures, on se trouve à sa vraie place dans l’Église. Un fois rendu ici, il y aura deux grands effets : 
 
- Par rapport au passé : on est uni au Christ d’une façon très solide. 
- Par rapport à l’avenir : une étape à franchir pour pénétrer jusqu’à l’union transformante. 
 
Ainsi les 5e demeures se situent entre les efforts que l’on a fait pour s’unir au Seigneur et ce qui reste à faire pour se transformer en sainteté dans le Seigneur. L’âme devenue apôtre, se transforme en apôtre, épouse les idées de l’apôtre, l’âme prend conscience de l’Église et se dévoue pour elle. 
 
Il y a une demie clarté des 5e demeures qui permet de voir le monde sous un jour nouveau et on ne voit plus l’Église comme on la voyait avant : l’Église c’est nous, elle n’est pas face à nous. L’âme commence à voir les besoins du monde, y-a-t-il quelque chose à faire pour aider le monde ?
 
En 4e demeures on avait besoin de repos dans le Seigneur, en 5e demeures, un besoin d’activité vient se faire sentir, la recherche d’orientations nouvelles, on défend l’Église et on travaille pour elle.  
C’est à ce moment-là que des projets de fondations de bonnes œuvres peuvent naître. 
 
Ste Thérèse nous dit : « comme le ver à soie, comme le ver a construit sa demeure, le cocon, où il doit mourir, puis étant mort à sa vie de ver et en se transformant en papillon, il ne sait pas trop où se poser ». Ainsi, l’âme des 5e demeures a été introduite dans le Christ et s’est formée en lui et elle cherche les œuvres de zèle ou de charité à faire : le prochain c’est l’Église et l’Église, c’est le Christ total.
 
Le cocon du croyant, c’est le Christ dans lequel il entre pour participer à la croix, aux souffrances et à la mort du Christ. Comme il est mort et totalement détaché, il est mur pour sortir et prendre son envol. C’est à ce moment-là que va naître la seconde vocation ; après la première vocation du mariage, de la vie célibataire, religieuse ou autre, vient une seconde vocation inspirée par le Saint-Esprit.
 
Si nous avions des centaines de milliers d’âmes qui consentaient à se laisser transformer dans le Christ, à être animés par un zèle apostolique, on changerait le monde.
 
L’union de volonté est une emprise de la sagesse d’amour sur la volonté ; ce n’est pas encore la transformation complète, mais celle de la volonté et la volonté c’est le gouvernail de l’âme. La sagesse, c’est la pensée de Dieu, c’est la vue générale de Dieu sur tout : elle réalisera en l’âme la pensée de Dieu qui a pour finalité de sauver tous les hommes. L’objectif ce n’est pas de faire des élus, mais de sauver le monde, le tout des enfants de Dieu.
 
Notre finalité est plus grande que de sauver notre vie, c’est de sauver toute l’humanité en collaborant à la puissance du Saint-Esprit.
 
Le Seigneur, dit St Augustin, a permis à beaucoup d’anges de pécher et a créé l’homme qui remplacera les mauvais anges et permettra ensuite le péché de l’homme pour déployer le mystère des miséricordes divines. Un ange, ça ne se convertit pas à cause de la simplicité, c’est cristallisé dans un tout. 
 
Le mystère de l’Incarnation, c’est ce que fait le Fils de Dieu pour venir sauver tous les hommes. C’est ce qui sera révélé le Jeudi-Saint lors de la Cène, cette pensée se réalisera dans la mort et la résurrection de Jésus.
 
Jésus emporte le péché dans la mort, par amour ; si le péché trouve son effet dans la mort, l’amour a pour effet la vie. L’histoire a été traversée par un fait majeur, le Fils de Dieu est descendu sur terre. 
 
Ainsi, en 5e demeures, notre participation à l’amour n’est pas seulement réceptive, mais active. Notre participation à l’amour de Dieu n’est pas seulement contemplative, mais on veut faire comme lui des oeuvres d’amour. Cette découverte pratique est l’événement important des 5e demeures. 
 
Ainsi Dieu nous prend-il pour nous utiliser pour la croissance de son Église et le salut du monde. Mais peut-on se donner à l’Église sans danger ? Oui, avec quelques réserves :
- Avant les 5e demeures on peut se donner, mais pas tout le temps, avec beaucoup de prudence qui est selon l’évangile l’étape du « Veillez et priez ».
- Au 5e demeures, oui, le don de soi peut fortifier l’union. Avant cela, si on fait trop d’apostolat, on se vide.
- A partir des 5e demeures, on peut se donner sans risque de se vider. 
- Aux 6e et 7e demeures, se dévouer est devenu une nécessité irrésistible.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Père Nathan Sam 26 Oct 2024 - 13:46

Alain Huger a écrit:

Cours n°43 - L'âme prête à passer aux 5e demeures

Avant de voir ce qui concerne les 5e demeures, demandons-nous où nous en sommes dans l’explication du cheminement de la vie spirituelle :
 
- une première phase de la vie spirituelle active a été franchie et est déjà loin (le premier âge). En 2e demeures, on commence sérieusement sa vie spirituelle : « Je veux voir Dieu ». On s’y entreprend avec de grands désirs, de grands efforts (ascèse) et avec discrétion, cherchant Dieu dans la prière (oraison mentale de méditation et oraison mentale de recueillement). Thérèse s’appuyait sur des lectures spirituelles, des amitiés qui la soutenaient et la direction spirituelle qui la guidait.
 
En 3e demeures, un premier beau résultat a été atteint : plus de péché véniel volontaire, habitude du recueillement avec des oraisons simplifiées (simple regard ou repos tranquille devant le Seigneur). 
En 3e demeures, c’est un premier degré actif d’union ; le second degré d’union se verra avec les 5e demeures et le 3e et dernier degré se faisant en 7e demeures. 
 
- Au 2e âge, phase passive, qui commence avec les 4e demeures : c’est l’Esprit-Saint qui prend l’initiative, il a pris possession de l’âme. La transformation se fera en deux temps, 4e et 5e demeures, puis 6e et 7e demeures. En 5e demeures on sera soudé au corps mystique de Christ-Jésus, passivement. Cette entrée en 4e demeures se fait soit par la douceur du recueillement infus, soit par la nuit du sens, alors la grâce de contemplation conduit à la quiétude : on ne peut plus méditer, l’intelligence est endormie, ce qui peut se faire sentir comme étant douloureux. Une fois qu’on est habitué à ce nouveau mode de prière, on y retrouve du plaisir : c’est la contemplation sans consolation. Le devoir est alors de se laisser faire, de pratiquer l’ascèse et obéir sous la direction du Saint-Esprit.
 
Nous arrivons à la fin du 2e âge de la vie spirituelle.
De même que le 1er âge se terminait par l’union des 3e demeures, le 2e âge se termine par l’union des 5e demeures, union passive dont s’empare l’Esprit-Saint pour s’unir à Dieu.
 
Après cette nuit du sens (commencement des 4e demeures), après cette période de quiétude suave dans le silence (on y goute le Seigneur), après un long temps de quiétude aride (ou de sècheresse contemplative, sans consolation), on arrive enfin dans une première étape dans la recherche de Dieu.
Combien de temps pour en arriver là ? Pour les uns, 5 à 6 ans, pour d’autres… 25 ans. Tout dépend du cheminement des 4e demeures, lequel dépend du cheminement des 2e demeures. 
 
L’action de Dieu a attiré l’âme vers son propre centre où Dieu habite. Pour le moment on considère le grand centre spirituel des 4e,5e, 6e et 7e demeures, le petit centre c’est pour plus tard. Tout est prêt pour la rencontre et l’union à Dieu, une première entrevue peut-être et alors l’âme sera conquise immédiatement et lui appartiendra.
 
Selon Ste Thérèse, si tout le monde n’a pas cette première entrevue, en 5e demeures, tous auront un état général d’emprise habituelle de Dieu sur leur âme. St Jean de la Croix, qui ne s’attarde pas sur le sujet, dit : « après avoir franchi les temps des commençants (les âmes de 4e demeures), l’âme va se trouver dans une grande facilité dans une douce et amoureuse contemplation en attendant l’autre nuit (celle des 6e demeures) et les fiançailles ».
 
Les 5e demeures sont donc un relais, une étape, un point de transition, et là, Ste Thérèse distingue deux choses différentes : 1- une grâce mystique spéciale d’union (transitoire) qui ne se produit pas chez tout le monde et pas plus de deux / trois fois, 2- un état général d’union de volonté au cours de la journée.
 
1- La grâce mystique : « c’est une véritable suspension des puissances (toutes) avec évanouissement et perte de conscience dans une contemplation tout à fait obscure au centre de l’âme avec ensuite un réveil suivi d’angoisses et la certitude d’avoir été en Dieu et Dieu dans l’âme ». 
 
Suspension signifie que les puissances sont inactives, évanouissement signifie la perte de connaissance de 15 à 30 mn, obscure car on ne sait pas ce qui se passe. La demi-heure peut passer aussi vite qu’un clin d’œil. La certitude vient après coup à la réflexion de ce qui a été vécu. Cette expérience est tellement improbable qu’en général les personnes qui la vivent n’en parle pas. Nos facultés ne peuvent absolument pas provoquer tout cela, c’est l’œuvre du Saint-Esprit, c’est mystique. 
 
2- Quand on vit cette grâce-là, chemin de raccourci, c’est une porte ouverte en 5e demeures. Si on ne la vit pas, on ira en 5e demeures par un chemin plus long, passivement, par les grâces de la quiétude aride. L’emprise de Dieu sur la volonté se fera petit à petit ; l’Esprit saisit l’âme, contemplation après contemplation ça se fait, mais c’est moins vite. On ne s’en rendra pas forcément compte facilement sans l’aide d’un bon guide.
 
Passivement, il y aura continuation des grâces de quiétude aride et activement par une ascèse vigoureuse de détachement complet. Plus on se détachera volontairement et de tout ce qui n’est pas Dieu, plus ça mènera graduellement vers l’union de volonté. 
 
Ceux qui n’ont pas cette grâce découvriront qu’ils sont en 5e demeures par des effets particuliers dans l’union de volonté, union passive par le Saint-Esprit : a) une infusion de charité, elle est marquée par l’emprise de Dieu ; b) une métamorphose de l’âme qui ne se reconnait plus, c’est l’abandon au vouloir divin ; c) détachée de tout, elle ne s’arrête ni aux goûts spirituels, ni aux joies de la terre ; d) elle s’embrase d’amour ; e) elle se voit toute à Dieu, membre de Jésus-Christ, et veut compléter le corps mystique ; f) elle souffre de la souffrance de Jésus-Christ et de la perte des âmes d’autres part. Cela fait penser à St Paul qui sait qu’il est attaché au Seigneur malgré toutes les vicissitudes de la vie et que rien ne pourra l’arracher au Christ.
 
La découverte de l’Église est typique des 5e demeures. 
 
C’est un signe déterminant, ceux qui se croient en 6e demeures et qui critiquent le pape et l’Église, c’est de la blague ! En 5e demeures, on se trouve à sa vraie place dans l’Église. Un fois rendu ici, il y aura deux grands effets : 
 
- Par rapport au passé : on est uni au Christ d’une façon très solide. 
- Par rapport à l’avenir : une étape à franchir pour pénétrer jusqu’à l’union transformante. 
 
Ainsi les 5e demeures se situent entre les efforts que l’on a fait pour s’unir au Seigneur et ce qui reste à faire pour se transformer en sainteté dans le Seigneur. L’âme devenue apôtre, se transforme en apôtre, épouse les idées de l’apôtre, l’âme prend conscience de l’Église et se dévoue pour elle. 
 
Il y a une demie clarté des 5e demeures qui permet de voir le monde sous un jour nouveau et on ne voit plus l’Église comme on la voyait avant : l’Église c’est nous, elle n’est pas face à nous. L’âme commence à voir les besoins du monde, y-a-t-il quelque chose à faire pour aider le monde ?
 
En 4e demeures on avait besoin de repos dans le Seigneur, en 5e demeures, un besoin d’activité vient se faire sentir, la recherche d’orientations nouvelles, on défend l’Église et on travaille pour elle.  
C’est à ce moment-là que des projets de fondations de bonnes œuvres peuvent naître. 
 
Ste Thérèse nous dit : « comme le ver à soie, comme le ver a construit sa demeure, le cocon, où il doit mourir, puis étant mort à sa vie de ver et en se transformant en papillon, il ne sait pas trop où se poser ». Ainsi, l’âme des 5e demeures a été introduite dans le Christ et s’est formée en lui et elle cherche les œuvres de zèle ou de charité à faire : le prochain c’est l’Église et l’Église, c’est le Christ total.
 
Le cocon du croyant, c’est le Christ dans lequel il entre pour participer à la croix, aux souffrances et à la mort du Christ. Comme il est mort et totalement détaché, il est mur pour sortir et prendre son envol. C’est à ce moment-là que va naître la seconde vocation ; après la première vocation du mariage, de la vie célibataire, religieuse ou autre, vient une seconde vocation inspirée par le Saint-Esprit.
 
Si nous avions des centaines de milliers d’âmes qui consentaient à se laisser transformer dans le Christ, à être animés par un zèle apostolique, on changerait le monde.
 
L’union de volonté est une emprise de la sagesse d’amour sur la volonté ; ce n’est pas encore la transformation complète, mais celle de la volonté et la volonté c’est le gouvernail de l’âme. La sagesse, c’est la pensée de Dieu, c’est la vue générale de Dieu sur tout : elle réalisera en l’âme la pensée de Dieu qui a pour finalité de sauver tous les hommes. L’objectif ce n’est pas de faire des élus, mais de sauver le monde, le tout des enfants de Dieu.
 
Notre finalité est plus grande que de sauver notre vie, c’est de sauver toute l’humanité en collaborant à la puissance du Saint-Esprit.
 
Le Seigneur, dit St Augustin, a permis à beaucoup d’anges de pécher et a créé l’homme qui remplacera les mauvais anges et permettra ensuite le péché de l’homme pour déployer le mystère des miséricordes divines. Un ange, ça ne se convertit pas à cause de la simplicité, c’est cristallisé dans un tout. 
 
Le mystère de l’Incarnation, c’est ce que fait le Fils de Dieu pour venir sauver tous les hommes. C’est ce qui sera révélé le Jeudi-Saint lors de la Cène, cette pensée se réalisera dans la mort et la résurrection de Jésus.
 
Jésus emporte le péché dans la mort, par amour ; si le péché trouve son effet dans la mort, l’amour a pour effet la vie. L’histoire a été traversée par un fait majeur, le Fils de Dieu est descendu sur terre. 
 
Ainsi, en 5e demeures, notre participation à l’amour n’est pas seulement réceptive, mais active. Notre participation à l’amour de Dieu n’est pas seulement contemplative, mais on veut faire comme lui des oeuvres d’amour. Cette découverte pratique est l’événement important des 5e demeures. 
 
Ainsi Dieu nous prend-il pour nous utiliser pour la croissance de son Église et le salut du monde. Mais peut-on se donner à l’Église sans danger ? Oui, avec quelques réserves :
- Avant les 5e demeures on peut se donner, mais pas tout le temps, avec beaucoup de prudence qui est selon l’évangile l’étape du « Veillez et priez ».
- Au 5e demeures, oui, le don de soi peut fortifier l’union. Avant cela, si on fait trop d’apostolat, on se vide.
- A partir des 5e demeures, on peut se donner sans risque de se vider. 
- Aux 6e et 7e demeures, se dévouer est devenu une nécessité irrésistible.

(fin des notes)
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Message par Alain Huger Dim 3 Nov 2024 - 17:29


 
Vidéo n°44 - Le prix du trésor – L’action de Dieu – 1 et 2
 

 
L’action de Dieu -1
 
Nous arrivons au 3e âge. Plus que jamais, il s’agit d’une activité du Saint-Esprit. Son activité est tellement importante qu’il faut regarder comment travaille le Saint-Esprit qui veut faire au 3e âge de vraies saintes et de vrais saints, c’est l’école de la sainteté. 
 
L’âme devient un instrument de l’amour du Saint-Esprit, c’est lui le grand maître du travail de sanctification et il suffira d’obéir à son action. L’âme se prépare au mariage spirituel pour arriver à l’union transformante. 
 
L’action de Dieu
 
1- Le fait de cette action
 
En 5e demeures, l’âme était arrivée sur un plateau, au pied des pentes abruptes ; maintenant il faut faire l’ascension. L’action de Dieu ne sera plus intermittente et incomplète comme en 4e demeures qui ne touchait que certaines facultés, maintenant il va falloir laisser faire le Saint-Esprit qui veut tout faire, c’est de la passivité, on se laisse travailler, c’est mystique, car c’est sous la conduite du Saint-Esprit.
 
La contemplation naturelle se fait avec nos facultés, la contemplation mystique se fait avec le Saint-Esprit qui dirige notre regard. En 6e et 7e demeures, nous sommes sous la conduite prédominante de l’Esprit.
 
Cette action est confirmée par Ste Thérèse qui la compare dans le livre de La Vie à la pluie qui descend sur le jardin sans qu’on ait besoin d’arroser. Dans le chemin de perfection elle l’appelle théologie mystique, c’est-à-dire une connaissance de Dieu, une haute contemplation venant du Saint-Esprit et non pas un cours de théologie mystique. 
 
Pour St Jean de la Croix, il utilise d’autres expressions :
a) « Dieu est là, dans les préparations de sécheresse et les contemplations », plus tard,
b) « Dieu se précipite dans l’âme », allusion aux fiançailles, envahissement divin, jeu de la sagesse conduisant à l’union parfaite, et enfin,
c) « Dieu a des jeux divins dans l’âme » se continuant en la substance de l’homme comme la fête de l’amour ou comme quand le Verbe est comme endormi dans l’âme.
 
Les grâces de Dieu sont hiérarchisées c’est-à-dire qu’elles passent par la hiérarchie des anges ; selon St Thomas d’Aquin Dieu aime passer par des intermédiaires. Il y a deux influences des anges en nos âmes : parfois c’est imperceptible ou parfois c’est sensible.
 
Un exemple. La bilocation arrivée à St Alphonse de Liguori[1] faisait qu’il était en même temps dans un petit couvent près de Naples et à Rome. Alors qu’il est à Naples, après trois jours de mort apparente, il se réveille en disant : « le pape vient de mourir ». Pendant qu’il était à Rome il confessait le pape qui, sous la contrainte des Francs-Maçons de France, d’Italie et d’Espagne, avait dissous l’ordre des jésuites par un décret[2]. Catherine II de Russie, qui n’aimait pas le pape, avait refusé de promulguer son décret ce qui fit que la Russie devint un refuge pour tous les jésuites du monde. Donc sur le point de mourir, Clément XIV[3], se confessa à Alphonse de Liguori, le meilleur confesseur de l’Église, qui lui fut envoyé par le Seigneur en bilocation. Alphonse était donc à deux endroits à la fois : à Naples et à Rome. Dans un cas, c’est un ange qui occupe la place d’Alphonse, dans l’autre c’est St Alphonse lui-même. L’ange ne pouvant ni confesser ni pardonner, il est donc logique de penser que l’ange était donc à Naples et qu’il avait pris le physique de St Alphonse. Là, l’action divine s’était passée de façon sensible à travers un ange.
 
Il y a des grâces du Saint-Esprit qui s’arrêtent en nous (comme dans la bilocation de St Alphonse), tandis que les grâces les plus élevées (grâces d’union) ça passe bien à travers les anges, mais ça ne s’y arrête pas, donnant l’impression que ça vient directement de Dieu. 
 
2- Les caractères de cette action
 
Quelles sortes d’actions le Saint-Esprit fait-il dans les âmes au 3e âge ? Le Saint-Esprit intervient toujours de deux manières : il infuse un éclairage et une poussée, une lumière et un amour. En 6e demeures, l’intensité principale du Saint-Esprit ce sera surtout de l’amour, jusqu’à la fin de la vie c’est son activité principale même s’il y aura aussi parfois de la connaissance. Un amour qualifié, purifiant et unifiant, un amour source de lumière, qui forme l’apôtre parfait pour un apostolat parfait. 
 
Selon Ste Thérèse : « Le Seigneur nous donne des impulsions délicates et subtiles », elle parle aussi de ravissement, une grande action de Dieu, des peines, des visions, des faveurs extraordinaires, des angoisses quasi intolérables. 
 
Chez St Jean de la Croix, existe l’une des plus belles pages de la littérature spirituelle où il compare l’action du Saint-Esprit au feu qui attaque une buche dans un foyer. Tout d’abord le feu attaque la buche puis ensuite il l’enveloppe, l’assèche, il entre dans le bois, il la transforme en du feu avec toutes les propriétés du feu. Le bois est devenu du feu.
 
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus dira la même chose avec moins de mots : « l’amour me pénètre et m’environne » et comme Moïse, que « Dieu est un feu consumant ». Cet amour est un amour qualifié par la profondeur où il agit dans le plus central centre de l’âme où se trouve Dieu lui-même. Plus on s’approche de Dieu et plus ça nous attire. 
 
Dans La Vie, Ste Thérèse parle de 3 oraisons de l’âme : une oraison d’union en 5e demeures, puis de l’union de fiançailles en 6e demeures, puis de l’union transformante en 7e demeures et c’est selon le degré que l’on pénètre en Dieu ou selon combien Dieu nous envahit.
 
St Jean de la Croix, dans La nuit obscure, parle d’un langage de Dieu à l’âme, un langage de pur esprit à esprit pur. Dieu et les anges sont de purs esprits, notre âme est esprit et quand on est mort il n’y a plus de corps ; on est sans corps avec tout notre dispositif spirituel, sans les sens et le sensible. La grâce va si profondément qu’à un moment donné on dirait que si on n’est pas de purs esprits on est des esprits purs, la partie inférieure de notre être ne dérange pas.
 
St Jean de la Croix dans Vive Flamme, dit que nous aurons des grâces de plus en plus profondes : des blessures (ou des angoisses), la grâce d’union, puis des touches du Verbe qui suivent l’union et qui sont plus profondes. 
 
Par la grâce mystique (5e D) dit Ste Thérèse, l’âme se sent arrachée au monde extérieur (environ une demi-heure), introduite dans l’obscurité des profondeurs d’elle-même ; en 6e D c’est le vol de l’Esprit, l’âme est entrainée vers Dieu ; en 7e D (mariage spirituel), elle est mise en présence de ce Dieu qui l’habite.
 
St Jean de la Croix parle des faubourgs bruyants (ceux de l’imagination et du raisonnement), l’amour est le poids (une attraction) qui jette l’âme en Dieu, lorsque l’amour a reçu tout son développement il conquiert toute l’âme, l’amour est rendu au centre de l’âme où l’amour continue de creuser des profondeurs successives : c’est un dépassement vers l’intérieur.
 
Cet amour est aussi un amour purifiant ce que l’on verra plus tard dans la Nuit de l’Esprit (n° 46, 47et 48). 
 
 
L’action de Dieu - 2
 
(La vidéo précise que le début du cours est incomplet, il semble qu’il manque une bonne dizaine de minutes. Il est fait aussi mention d’une présentation sous forme de tableau que nous n’avons pas dont j’ai essayé de rendre compte à travers l’exposé).
 
(…) quand on dit réaliser la présence divine c’est se rendre compte, faire l’expérience. Entre la personne et le Verbe il y aura tout un dialogue. Ce sont des relations directes et vivantes. La réalisation se fait par étapes.
 
 
Tableau des présences divines
 
A gauche du tableau les demeures 4, 5, 6 et 7. 
 
Aux 4e D : présence intérieure d’une source vivante et profonde (Ste Thérèse disait : ils iront à la source et ils boiront) ce qui se fait par des emprises ou des flots débordants sur les facultés ; c’est ce que fait la grâce de quiétude par une emprise divine sur la volonté et par un flot débordant de suavité sur l’âme. 
 
            A droite du tableau les noms : grâce infuse du recueillement ou grâce de quiétude, de contemplation des 4e D, ou sommeil mystique.
 
Aux 5e D : Dieu est présent dans l’âme, c’est la première entrevue mystique dans le noir.
 
            A droite les noms : grâce d’union, grâce mystique d’union ou union passive. 
 
Aux 6e D : grande action de Dieu avec des appels, des visites, des absences qui augmentent la blessure du 1er contact qu’on avait eu en 5e D et sur la fin des 6e D, il y aura entrevue avec promesse.
 
            A droite les noms : la nuit (cette suite d’appels, d’absences, de visites), les fiançailles (l’entrevue avec promesse cours n°53).
 
Aux 7e D : La présence que l’on constate c’est la vision du bienaimé ; il y a possession mutuelle.
 
            A droite les noms : mariage spirituel, possession mutuelle de Dieu et l’âme.
 
Depuis un bon moment nous ne parlons que d’infusion d’amour dans les âmes sous l’action directe du Saint-Esprit dans lequel un aspect doit être souligné, car cet amour va former l’apôtre parfait : la spiritualité doit nous faire nous tourner vers l’Église. En général l’amour s’installe dans la volonté avant d’éclairer l’intelligence et il livre l’âme à Dieu parce qu’il possède la volonté en même temps qu’il fait de l’apôtre un contemplatif. 
 
Le Bienaimé descend et s’incarne, va rejoindre la misère et rencontrer les pécheurs et donc, si on est très uni à lui, on va le suivre, d’où la question de l’apostolat. Aux 6e D il y a eu un grand chemin de fait et les mêmes envahissements qui ont uni l’âme à Dieu font réaliser sa présence et forment l’apôtre, parfait instrument de Dieu. Cette formation peut comporter des charismes : stigmates, transverbération… mais c’est rare. 
 
Cette formation fait connaître le Christ total, chef de l’Église, et on voudra y travailler. Pour servir il y aura des dons d’ardeur de volonté, une purification des facultés, car le risque c’est que malgré tout cela l’apôtre peut se laisser attirer par du sensible, du sentimental. La purification nous met à l’abri de toutes les séductions en tout genre. La formation du Seigneur se fera aussi par des travaux extérieurs où nous seront assistés dans notre tâche. 
 
Voyons les aspects concrets, les modes d’action de Dieu qui sont ceux des trois personnes divines comme un seul principe d’action car c’est la nature divine qui est active. Comme il n’y a qu’une seule nature divine c’est la nature divine présente dans les trois personnes qui fait la sanctification des âmes, mais il est correct d’attribuer le travail des trois à la personne du Saint-Esprit selon le langage de la Sainte Écriture.
 
Comment Dieu s’y prend-il quand il veut sanctifier les âmes ? Il infuse la lumière, il infuse l’amour qui contribue à former des apôtres. Dans ces choses-là Dieu a de grandes libertés dans ses modes d’agir ; tenant compte de la particularité des personnes, il ne faut pas systématiser ses actions, la sainteté ce n’est pas du pareil pour tout le monde.
 
C’est la même sainteté que l’épanouissement de la grâce sanctifiante issue du baptême, mais la manière de s’épanouir n’est pas la même chez tout le monde. La diversité des modes d’action nous montre les ressources de la sagesse divine qui ne manque pas de moyens. On peut y découvrir quelques lois de cette action et la souplesse que doit apporter l’âme dans sa réponse. Prenons les saints du Carmel.
 
Ste Thérèse d’Avila
La tactique divine pour cette sainte consiste à lui organiser un itinéraire jalonné de faveurs extraordinaires (le cours n°45 le détaillera) à travers des actions et beaucoup de contemplations. Les faveurs qu’elle reçoit sont frappantes ce qu’elle nomme comme : un éclair, un coup de tonnerre, un coup de sifflet, une étincelle du brasier de Dieu tombée du ciel, des parfums divins, des paroles reçues qui obligent l’entendement, des ravissements, des visions imaginatives, des blessures profondes.
 
Il faut distinguer plusieurs sortes de paroles : 
 
1- Des paroles successives dont on peut en écrire des livres et des livres dans lesquelles il faut distinguer l’inspiration divine des paroles qui sont faites par le cerveau humain ; donc moitié inspiration divine, moitié travail du cerveau.
 
2- Des paroles formelles, courtes, formulées par un moyen surnaturel tel que ce que Bernadette a entendu pour l’Immaculée Conception, qui obligent à comprendre. Elles sont faites d’autorité, de calme, de force, de courage et de paix. 
 
Ste Thérèse réalisera de nombreuses actions dans la création de 18 convents, avec toujours de la contemplation pour faire croître les désirs de son âme et augmenter son amour ; c’est cela la tactique divine : faveurs et actions traversées par un fonds de contemplation.
 
St Jean de la Croix
Il reçoit aussi beaucoup de faveurs spirituelles, mais il les tait. A travers sa vie on finira par en connaître quelques-unes : sauvé d’une noyade par un ange, sorti d’une prison par la Sainte Vierge, paroles du Christ venant d’un crucifix… Son grand chemin c’est la contemplation obscure : quiétude de nuit paisible, langage de Dieu à l’âme, langage de pur esprit à esprit pur, profondeur de silence. Il fait allusion à des états contemplatifs forts et par ce moyen de la contemplation obscure, l’âme se détache de toute créature et reçoit des onctions très délicates du Saint-Esprit.
 
Deux aspects de son cheminement : l’œuvre de Dieu, puis la réponse de l’âme qui sont décrits dans la Montée du carmel ; ce qui le caractérise c’est la contemplation obscure et l’appel au détachement.
 
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus
A l’oraison, Dieu la conduit par la contemplation sèche, il l’instruit et travaille en elle. Hors de l’oraison, il passe par des épreuves, ce travail est continuel : des souffrances, ses plus belles grâces la grâce de la transverbération sous la forme d’un trait de feu, en le vivant, elle pensa en même temps mourir de douleur et d’amour, un grand acte de charité à Noël lors de sa conversion. Mais ce qui la caractérise c’est la sècheresse contemplative.
 
Trois membres d’une même famille, mais trois membres très différents. 

(fin des notes)



[1] Alphonse de Liguori 1696 – 1787 
[2] En 1773
[3] Clément XIV 1705 - 1774

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mer 13 Nov 2024 - 10:41



Vidéo n°45 - Faveurs extraordinaires 

L’objectif n’est pas de favoriser la course aux faveurs, mais comme cela existe on ne peut pas ne pas en parler tout en indiquant la conduite à tenir en ces choses-là. On utilise parfois le terme de grâces charismatiques, ou grâces gratuites dans les livres anciens, nous on utilisera le nom de faveurs extraordinaires ce qui signifie gratuité auxquelles on n’a pas droit quel que soit notre avancement ; on peut même en avoir en état de péché mortel. Ces faveurs peuvent aider, mais ce ne sont pas des marques liées à son avancement spirituel.
 
1ère partie : Les notions
 
1- Qu’est-ce que ces faveurs extraordinaires ?
 
Ce sont des actions directes de Dieu sur l’âme. Souvent ce sont des grâces d’approfondissement et de contemplation, mais il y a des formes particulières : c’est une action directe de Dieu qui produit une connaissance distincte. Dans la contemplation la connaissance de Dieu est confuse, dans les faveurs la connaissance peut être décrite par une impression sur les sens, les yeux, les oreilles ou le sens intérieur (imagination, lumière dans l’intelligence). 
 
Dans le cours précédent nous avons vu que ce sont les anges qui font l’extraordinaire dans les âmes. Pour Marie on ne voit pas l’intervention de l’ange même si Marie reçu sa mission de l’ange Gabriel. Quand on parle d’intervention directe de Dieu ça veut dire que nous ne faisons rien pour obtenir cette faveur, mais qu’elle vient quand même. 
Le caractère extraordinaire signifie non pas exceptionnel mais le mode par lequel Dieu s’abaisse à nous parler en un langage adapté à nos sens. Quand Dieu parle à son fils il n’utilise pas le langage des hommes, son langage on ne le connait pas ; dans son langage habituel avec nous il ne dit rien mais il se fait comprendre, sans mots, sans phrases. L’extraordinaire c’est quand parfois il utilise notre langage. 
 
2- La classification de ces choses
 
St Jean de la Croix le fait par rapport aux puissances de l’âme : puissances sensibles ou puissances spirituelles (celles qui sont détachées du corporel, intelligence et volonté) :
 
- Les sens, puissances sensibles extérieures :  des visions extérieures, des paroles, des parfums, des goûts, du toucher.
- Les sens internes : le regard intérieur dans l’imagination, l’audition intérieure, vous entendez mais pas votre voisin, tous les sens pouvant être sollicités ainsi.
 
- Les puissances spirituelles : intelligence et volonté. Sans réfléchir des connaissances arrivent toutes faites, des visons intellectuelles (on ne voit rien, mais on sait) : c’est l’intelligence qui voit et ce n’est pas en couleur, elle voit des notions de vérité, ce sont des révélations. 
 
Sur les paroles intérieures on distingue : les paroles successives, les paroles formelles ordinaires et les paroles formelles substantielles.
 
- Paroles successives : c’est tout ce que le Seigneur et la Sainte Vierge ont pu dire à untel ou à tel autre, il y en a des centaines et des centaines… (Marie d’Agreda, Sainte Katherine Emmerich, Sainte Catherine de Sienne…) et ce n’est pas Dieu qui a dit tout cela. Dieu donne une facilité miraculeuse et sous cette facilité on compose un texte. Le cerveau humain conçoit tous ces textes à la suite d’une inspiration divine ; il peut donc y avoir des erreurs dedans. C’est pourquoi le style sera propre à la personne qui écrit. 
 
- Paroles formelles ordinaires : c’est exactement ce que Dieu dit comme pour Sainte Bernadette, la formule est brève.
 
- Paroles formelles substantielles : c’est quand ce qu’elles annoncent se fait, ça fait ce que ça dit. Ste Thérèse qui aimait le parloir et les conversations avec un monsieur reçu ce message du Seigneur : « Je ne veux plus que tu converses avec les hommes mais avec les anges ». Instantanément elle en fut guérie. Il y a aussi les sentiments spirituels, une bouffée d’amour, un flot d’amour tel que jamais connu qui peut nous arriver.
 
En 1540, Thérèse avait 25 ans, elle a une vision du Christ et 17 ans plus tard elle a toute une chaine de faveurs de toute sorte : vision de substance spirituelle (elle voit le clou dans la main de Jésus qui lui demande de le retirer), vision de choses à distance ou dans l’avenir, vision de la vérité, vision de l’âme. Le 29 mai 1571 elle entre en 7e demeure avec une vision intellectuelle de la Très Sainte Trinité, mais sans image. Le 18 novembre 1572 c’est le mariage spirituel, elle a une grande vision de l’humanité du Christ et du Seigneur habitant l’âme. 
 
3- La qualité de ces choses-là
 
Quelles valeurs peuvent avoir toutes ces faveurs ?
 
- Paroles successives : en fait ça n’entre pas dans la catégorie des faveurs extraordinaires car elles ne sont pas issues directement de Dieu, même si ces écrits sont vénérables et justes.
 
- Paroles formelles ordinaires : oui, c’est extraordinaire, car ça vient directement de Dieu et c’est clair. St Jean de la Croix dira de ne pas trop rechercher cela.
 
- Paroles formelles substantielles : St Jean de la Croix, habituellement si sévère, dit que c’est la plus belle chose qui puisse vous arriver après la contemplation proprement dite et chaque fois que vous y repenserez cela réactivera la faveur reçue. 
 
Les visions sur Dieu, les révélations, c’est extraordinaire.
 
 
2ième partie : Les effets
 
1- Les effets
Ils sont au nombre de trois :
 
a) Un effet de sanctification qui n’est pas le moyen propre de la sanctification qui est celui des vertus de foi, d’espérance et de charité. Comme la contemplation c’est la foi dans l’amour, le moyen de St Jean de la Croix, ces faveurs-là ont un effet de sanctification. Ce moyen n’est pas à rechercher, mais si l’on a des faveurs sachons les employer à cette fin.
 
Quand Ste Thérèse se détache de son habitude au parloir, ce détachement est bien une sanctification. Les visons et les révélations instruisent Ste Thérèse qui y voyait une véritable école en ce qu’elles la pénétraient d’humilité ; si ça ne pénètre pas d’humilité, c’est parce que c’est faux : ça réveille l’amour, ça réchauffe l’amour. 
 
b) Un effet de lumière qualifiée, pour éclairer de manière transcendante et pénétrer dans tous les facultés du connaître (entendement et connaissance). Cette faveur avive le désir des réalités surnaturelles, entretient la présence de Dieu, favorise le recueillement. Dans le cas de visions imaginatives, cela donne des visions qui ne s’effacent pas. Elle peut aussi marquer une entrée comme ce fut le cas pour St Pierre au Thabor et pour Paul à Damas.
 
c) Un effet charismatique, car bien souvent, au-delà de la personne, ça vise le bien commun du prochain : la dévotion au Sacré Cœur, les dévotions révélées par Ste Bernadette… Les effets sont fréquents pour les vocations publiques. 
 
2- La fréquence
 
Dans l’AT il fallait consulter Dieu et Dieu répondait dans la nuée par Moïse. Depuis que la révélation est close, ce que St Jean dit à la fin de l’Apocalypse, Dieu nous a tout dit ; donc les révélations n’apportent rien de plus sauf à nous faire mieux comprendre ce qui a déjà été révélé.
 
St Jean de la Croix dit en parlant des 6e demeures, que ce n’est pas un phénomène anormal et pas très rare dans Montée du Carmel. Cela apparaît souvent une première fois au début d’une conversion comme pour St Paul sur le chemin de Damas, ou plus tard, pour accréditer une mission. 
 
3- Les modes d’action de Dieu
 
Attachons-nous à ce qui est uniquement extraordinaire : l’action directe, c’est clair.
 
Dans l’action directe il y a causalité divine dans les visions imaginatives, les visions intellectuelles, et passivité des facultés humaines, Dieu agit et l’âme reçoit. Il y a aussi l’infusion directe de lumière par Dieu, le langage d’esprit à esprit qui nous permet de comprendre sans effort de l’intelligence, les visions intellectuelles de substances corporelles ou de révélations, l’impression d’une image par Dieu dans les sens.
 
Dans le cas de visions il faut bien admettre la présence de la personne vue comme à Lourdes et Fatima, la Sainte Vierge était là. Il ne faut pas croire pour autant que les sens perçoivent la réalité corporelle : en cas de vision imaginative, ce serait un miracle nouveau de penser que pendant que le Seigneur met une image dans l’imagination les yeux verraient, ça n’a pas de sens : si c’est dans l’imagination, ce n’est pas devant les yeux. Pour les visions extérieures, pour les personnes qui n’ont pas de corps, Dieu crée une image.
 
Quant aux apparitions de Jésus et de Marie, il n’y a pas de problème à admettre qu’ils les ont bien vu puisqu’ils ont un corps, sauf que Ste Thérèse et St Jean de la Croix pensent que ce ne sont pas des vues réelles : comment se fait-il que dans les apparitions de la Ste Vierge elle n’apparait pas avec le même physique, même couleur des yeux et des cheveux… L’apparition est réelle, mais la vision est une affaire d’ange. Pour les paroles entendus, Dieu crée une perception. 
 
Dieu s’adapte à la psychologie des personnes auprès desquelles il se manifeste : pour la foi simple ce sera beaucoup d’images, comme au temps de l’AT, pour la foi qui raisonne un langage intellectuel, pour le XVIe siècle des visions en masse, des révélations, et pour nous, les modernes, une pure et sèche contemplation : souvent c’est une grâce pour la conversion et ensuite c’est pas mal sec et ça dure parfois longtemps, pour les Hébreux c’est pleins de petits détails et toutes sortes d’affaires et pour Bernadette, du patois.
 
L’ange serait l’instrument normal des grâces charismatiques, pour les faveurs substantielles c’est Dieu sans intermédiaire. Pour la Transverbération, Thérèse dit que c’est un séraphin. 
 
 
4- Le discernement de l’origine
 
Est-ce que ça vient de Dieu ? du démon ? ou de la maladie ? Ste Thérèse nous dit qu’au moins la moitié, ça ne vient pas de Dieu. Si quelqu’un dit qu’il a des visions, il ne faut pas dire ce n’est pas vrai, mais il faut essayer de discerner d’où ça vient.
 
Le démon peut représenter dans la mémoire ou dans l’imagination des idées vraies ou fausses, faire entendre des paroles de la même façon que Dieu le fait par les anges, faire naître des sentiments spirituels par les sens corporels, simuler des révélations sauf que, comme il ne sait pas ce qui va arriver dans l’avenir, il bluffe, il s’ingére dans les communications qui viennent du bon ange, ça commence par le Seigneur et puis le démon entre dedans.
 
Les contrefaçons sont très nombreuses, aussi nombreuses que les faveurs, et les désordres sont accentués par le psychopathologique : des facultés baissent, d’autres sont hypertrophiées, la mémoire tombe. La vue peut être hypertrophiée au point que ça paraisse être un don préternaturel.
 
La prudence est requise et Ste Thérèse nous dit d’écouter ces personnes-là comme si elles étaient malades, mais sans leur dire bien sûr, c’est-à-dire sans les encourager, sans les contrarier. Si on les encourage ça va s’amplifier, si on les nie ça va lutter pour nous le prouver : donc on ne dit rien.
 
Le signe : il faut voir s’il y a quelque chose de contraire à la raison ou à la foi, des choses étranges (Jésus enfant qui ne veut pas mettre sa première petite culotte…), des détails sans importances. Des signes positifs sont souvent d’origine divine, empreints d’autorité, de majesté et de puissance et qui engendrent l’humilité. Ils ne troublent pas, ne dégoûtent pas ni n’inquiètent, mais ils nous font goûter la suavité de l’amour et nous portent à la louange.
 
Pour les visions, que la lumière soit claire, distincte et inoubliable, si ça ne veut rien dire, on ne s’en occupe pas. A la longue, si ça vient de Dieu, c’est un enrichissement, ça transforme, ça valorise. Quand ça ne vient pas de Dieu, ça diminue la valeur de la personne. Pour juger de ces situations-là, il faut se situer au niveau de la quiétude des 4e demeures, avant il vaut mieux ne pas s’y exercer. 
 
5- La conduite et l’attitude de l’âme
 
- Il ne faut pas s’y complaire, Dieu ne demande pas aux directeurs d’en faire le discernement et surtout qu’il n’impose pas son discernement au dirigé. Le plus grand danger c’est d’amoindrir la foi : plus on s’attache à des choses secondaires et plus la foi y perd. On doit repousser les faveurs qui ne viennent pas de Dieu, sans les mépriser, mêmes les bonnes dit St Jean de la Croix il ne faut pas s’y attacher. 
 
- Ne pas les désirer, car les désirer c’est déjà un manque d’humilité, il y a danger d’illusion. Ste Thérèse dit qu’à force de désir ça fait voir et entendre, c’est une prétention que de choisir une voie, ce n’est pas à nous de nous guider. Ces faveurs sont un secours si elles sont vraies, mais elles ne sont pas nécessaires à la perfection. On ne cherche pas à en avoir, mais si on en a il faut demander à en profiter comme il faut. 
 
- S’en ouvrir à qui de droit, quelle que soit la grandeur de la faveur, sans trop tarder ouvrez-vous à votre directeur qui est supposé être très instruit et expérimenté, sinon s’abstenir car ça va lui compliquer la vie. On décrit ce qu’on a vécu précisemment et on se tait, mais on ne se confie pas à quelqu’un de curieux, qui pose trop de questions. On le dit à son directeur et on le tait pour les autres personnes ; s’il y a une pudeur pour le corps, il y en a une aussi pour son âme. Ensuite on obéit.
 
Ces faveurs, c’est comme une étoile filante dans un ciel obscure, une fois que c’est passé, c’est passé. Chaque enrichissement doit nous inviter à un nouvel appauvrissement dit Ste Thérèse de Jésus, plus le Seigneur vous enrichit et plus vous devez pratiquer la pauvreté spirituelle : « bienheureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux ». 

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Mer 20 Nov 2024 - 15:43



Vidéo n° 46 et 47A - 6e & 7e demeures - Les causes et le drame - 1


Cours 46
 
Nous commençons par les détails de ce cheminement sous l’action particulièrement forte du Seigneur, l’entrée dans le 3e âge, en même temps que les 6e demeures.
 
L’entrée en 6e demeures se fait de manière similaire à l’entrée en 4e demeures (nuit du sens), mais beaucoup plus forte et douloureuse (nuit de l’esprit). Chaque fois qu’on passe d’un âge vers un autre âge, il y a un problème d’adaptation et c’est ce problème qui se pose : un drame douloureux qui nous conduit au mariage spirituel. 
 
A partir de maintenant et jusqu’à la fin des fiançailles nous sommes dans la nuit de l’esprit et les fiançailles, au cœur des 6e demeures, qui appartiennent à la nuit. Nous vivons un drame douloureux et héroïque qui va nous conduire de la nuit au mariage spirituel. Les fiançailles en constitueront le nœud de ce drame (cours n°53) et elles appartiennent à la nuit qu’elles terminent.
 
Il y a une double préparation au mariage : l’une négative qui consiste à ôter des obstacles, l’autre positive qui apporte les préparations voulues pour un grand mariage, mariage entre l’âme et le Christ.
 
Deux obstacles sont à ôter : l’inaptitude et l’impureté. En même temps que se vit la nuit se préparent les visites du Seigneur aux âmes avancées et pour Ste Thérèse cela a duré 12 ans.
 
(Les cours 46 et 47 vont se succéder)
 
On peut considérer la nuit d’une part passive, ensemble des phénomènes qu’on aura à subir, et la nuit d’autre part active, réponse que nous devrons apporter au Seigneur, notre coopération, ce que nous verrons avec Ste Thérèse de Jésus (cours n°49). 
 
Les causes de la nuit passive, que nous arrive-t-il ?
 
On peut parler de « la cause » car elle est liée aux envahissements du Seigneur qui vient avec une très grande force nouvelle pour nous tirer vers l’intérieur, cause à laquelle on n’est pas préparé, un travail de Dieu en l’âme tout à fait similaire à ce qui a été vécu au début des 4e demeures pour la nuit du sens. La cause de la nuit, c’est la « contemplation infuse », le « langage de Dieu de pur esprit (Dieu est pur esprit, sans corps) à esprit pur (notre esprit se purifie graduellement) » ; c’est « une irruption de Dieu dans l’âme, un volcan », mais c’est aussi « la sagesse de Dieu, pleine d’amour » (St Jean de la Croix).
 
- 1ere cause, l’inadaptation : les causes de l’obscurité et de la souffrance qui viennent en nous ne sont pas de Dieu, mais dans l’âme qui reçoit. Dieu qui n’est que bonté, suavité et amour, ça ne devrait pas être source de difficultés, mais c’est comme un œil malade qui recevant la lumière souffre énormément et a du mal à la supporter. En 4e demeures, le sens a été adapté à l’espèce d’obscurité, le sens s’est accoutumé, les effluves divins arrivaient aux facultés de l’intelligence et de la volonté, et non plus dans les sens qui se tiennent tranquilles. Maintenant il faut adapter l’esprit à Dieu, non pas l’entendement et la raison, mais l’intuition contemplative, l’intelligence profonde.
 
Désormais les communications divines vont se faire dans l’intériorité profonde de l’âme, en son centre, là il n’y a pas d’intelligence, pas de volonté, donc on ne comprendra rien, il y a une substance spirituelle. La grâce étant rendue plus profondément dans l’âme, l’intelligence et la volonté n’ont plus de quoi être alimentées, elles ne peuvent plus fonctionner et devront accepter la motion venue du centre de l’âme.
 
- 2e cause, l’impureté : Dieu a purifié les sens mais n’a pas encore purifié l’esprit, il reste des défauts, des tendances, des attaches, des habitudes, une mauvaise utilisation des biens spirituels : on est pris par des visions, orgueil subtile, présomption… Un grand ménage jusqu’au fond de l’âme doit se faire.
 
Le démon sera aussi sur cette route pour nous tracasser autant qu’il peut le faire et ça pourra être aussi douloureux que pour Gethsémani. Description de ce drame des profondeurs selon Jean de la Croix (St Dismas, le bon larron).
 
 
Début du cours 47
 
Plus c’est profond, plus on est proche des racines et plus c’est dur. L’action purificatrice de la grâce apporte des souffrances :
 
- souffrances intérieures : 
 
L’âme n’étant pas pure la grâce paralyse les facultés, elle va éblouir ; on se sent opposé à Dieu (cf. Job, c’est le livre de la nuit), on se sent écrasé. Il y a même un sentiment de ricanement. C’est un combat de l’esprit contre Dieu, on ne sait plus quoi faire, on se croit damné.
 
On n’a plus de pensée pour Dieu : il n’y a plus rien, on ne sait pas ce qu’on est devenu. On prie encore, mais on n’y comprend plus rien, on a peur de mourir, peur de se damner. On a la nostalgie du passé glorieux : de la prospérité passée, comme Job, du temps où on priait bien et ça nous revient et ça fait du mal.
 
Déchainement des démons de plusieurs façons : pour ceux qui aiment les visions ils vont en avoir mais qui viennent du démon, des manifestations de la présence du démon ; manque de compréhension de la part des autres, de son directeur, de ses proches…
 
Éclaircies passagères : puis recrudescence des peines, plus dures et plus longues. 
 
- souffrances extérieurs :
 
Il est normal que la peine de l’esprit touche le corps jusque dans les facultés sensibles où il reste encore quelques purifications à faire qui vont se faire en même temps : trouble du sommeil, malaise intérieur, crise cardiaque…  Il peut s’en suivre des ébranlements :
 
Des ébranlements ordinaires pour commencer :
 
1°) Des phénomènes psychologiques (dans le plan des facultés), parfois transitoires, avec un choc de grâce, une touche du Seigneur, qui peut entrainer une perte de connaissance et c’est ce qu’on appelle l’extase, un choc de grâce qui emporte l’esprit en Dieu. Ça peut durer quelques minutes, quelques heures, quelques jours, ou comme pour Marthe Robin qui ne sortait de ses extases que sur ordre de son directeur.
 
Extase simple on part en Dieu ; extase plus forte qu’on appelle le vol de l’esprit ; le rapt ou ravissement c’est la même chose que l’extase forte mais avec violence et là le corps s’affaisse, sans animation. Après le rapt, le retour est douloureux, avec crainte d’avoir été trompé par le démon.
 
Autres manifestations : agitation frénétique d’agacement, absence avec perte de contact avec le réel, peur de déchéance psychologique, incapacité de contrôler l’imagination, hébétude en conversation.
 
2°) Des phénomènes psychosomatiques (dans le plan du corps lui-même), des craquements douloureux du corps, des réactions physiques qui ne sont pas des maladies ; des rejaillissements des communications spirituelles sur la partie sensible, qui, chez les âmes pas assez sensiblement purifiées vont prêter attention à ce qui est extraordinaire au lieu de rester dans le centre de l’âme. Avec l’expérience on devrait pouvoir finir par dominer ces effets, ce sont toujours les premiers chocs qui sont les pires. En se sanctifiant, les extases diminueront en intensité et en fréquence car on restera centré sur le cœur de l’âme. 
 
Toute la spiritualité du Carmel est là, tous ces effets doivent rester à l’intérieur. Si ça doit se manifester à l’extérieur, ce n’est pas notre affaire, c’est celle du Seigneur. 
 
Localisation physique : la réaction physique sera locale (le cœur, ou l’estomac…) ou sur tout le corps, nous savons bien qu’une pensée forte peut nous saisir physiquement. Les réactions sont diffuses et étendues ou locales selon les tendances pathologiques du sujet : cardiaque, système nerveux… La mission du directeur sera alors d’empêcher l’âme de se replier. Il faudra attendre patiemment que la motion divine produise la pureté, la souplesse qui manquaient et qui neutraliseront les effets sensibles.
 
Effets des agents extérieurs
 
A ce moment-là, il y a persécution et incompréhension de tout le monde, ça peut être très sérieux, on les pense devenus débiles. Que ce soit une cause profane ou spirituelle, il arrive assez souvent qu’on est tellement pris par son problème intérieur qu’on ne contrôle plus son caractère et on devient insupportable.
 
Il peut y avoir aussi le réveil des puissances du mal jusqu’à la manifestation du démon pour lequel il faudra, si nécessaire, avoir recours à l’exorciste. Tout finira par se tourner au bien de Dieu, c’est pour notre bien qu’on passe par ces épreuves. 

(fin des notes)

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Message par Alain Huger Ven 29 Nov 2024 - 13:17



Vidéo 47 B - Nuit de l'esprit - phénomènes extérieurs


C’est la fin de l’enseignement sur la nuit de l’esprit. 
 
- Ébranlements et souffrances extérieurs extraordinaires
 
Habituellement à chaque fin de vie de Saint on nous parle d’une série de croix qui arrive, c’est à la fois intérieur et extérieur, c’est très pénible et c’est ce qui achève de purifier les âmes. Ce qui va suivre ce sont les choses extraordinaires dont il faut bien prendre conscience, qui n’arrivent pas habituellement, des exceptions qui se présentent de temps en temps.
 
Il y en a de deux sortes : des phénomènes physiques, des phénomènes mentaux ou psychiques. 
 
1°) Phénomènes physiques
 
Épreuves, ébranlements, phénomènes, troubles… différents mots pour une même réalité. On en distinguera trois formes :
 
- La lévitation : on perd le poids et si c’est accompagné d’extase, ce n’est pas la même chose. L’esprit est attiré vers le Seigneur. Les constitutions les plus faibles ont plus de phénomènes de lévitation que les autres et les constitutions impures ont plus d’extase que les autres. Plus la purification se fera et moins nombreuses seront les extases. 
 
- L’extase : phénomène spirituel, plutôt intérieur, notre esprit est pris en dehors de nous. 
 
- La stigmatisation : depuis St François d’Assise jusqu’à 1950, on a identifié 320 cas connus. 
 
Quelques exemples
 
Thérèse Neumann (née en 1898), les stigmates étaient accessibles au public, pour Marthe Robin (née en 1902) elle restera à l’abri des regards du public. Sur Thérèse Neumann on a beaucoup de détails : à la béatification de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus (avril 1923), Thérèse Neumann aveugle a retrouvé la vue. Puis, le 17 mai 1925, à la canonisation de Ste Thérèse, une apparition lumineuse lui dit qu’elle retrouvera l’usage de ses membres (elle était paralysée), sans disparition de la douleur. En 1926, elle a 28 ans, pendant le carême, elle a une vision de Jésus à Gethsémani et elle reçoit les stigmates :  les mains, les pieds, le cœur et les yeux ; en 1927, s’ajoute la couronne d’épines encore pendant le carême.
 
Du jeudi minuit au vendredi 15h00, excepté les temps de Noël, de Pâques et des fêtes de précepte, elle avait des extases prolongées avec une quarantaine de visions de la Passion suivie de recueillement et de lumière lui permettant d’identifier les personnes et les choses consacrées. Il y avait ensuite un repos extatique réparateur des forces. Depuis Noël 1926, elle cesse toute nourriture et de boisson, à 28 ans, tout comme Marthe.
 
Pour Marthe Robin, qui recevra les stigmates aussi à 28 ans, les plaies des stigmates disparaitront à sa mort sauf celles de la couronne.
 
Comment se forment les stigmates ? Est-ce une action directe ou indirecte de Dieu ? Dieu directement ou l’ange qui fait la cause secondaire ? Serait-ce une cause psychophysiologique agissant par les facultés ? Comment se déroule le processus ?
 
Il se fait en trois temps : Dieu en envoyant une vision imaginative horrible de la Passion créerait par une blessure d’amour des sentiments d’amour qui finiraient par s’extérioriser par des plaies rappelant sensiblement les plaies attribuées à Jésus crucifié (vision, commotion intérieure, extériorisation). 
 
Le démon peut imiter, soit l’action directe de Dieu en faisant des stigmates tout d’un coup à qui il veut, si le Seigneur le permet, soit imiter le processus.
 
Les malades, sans le démon, peuvent l’imiter. Certains malades, doués d’une hypersensibilité, ou victimes de visions hallucinatoires, pourraient recevoir les stigmates par processus physio psychologique. Deux problèmes alors se posent, l’un spéculatif, l’autre particulier.
 
Particulier, ça veut dire que ça ne nous regarde pas, ce n’est pas à nous ni aux théologiens de déterminer si les stigmates sont authentiques ou pas, ça, ça regarde le jugement de l’Église seule. 
 
Pour le spéculatif se pose alors la question du comment le spirituel peut avoir des effets sensibles avec des manifestations à la surface du corps. Très souvent les stigmatisés sont des personnes qui sont malades et faibles.
 
La plupart des spécialistes pensent qu’il est difficile d’admettre que ces stigmates, sous la forme de celles de Jésus, pourraient subvenir par un processus psychophysiologique, sans l’intervention de Dieu.
 
Les stigmates de St François d’Assise en sont une illustration puisqu’il les reçut à la suite de la vision d’un ange crucifié à partir duquel il reçut ses propres stigmates, tel que cela nous est raconté par St Bonaventure qui le connaissait personnellement et dont il a écrit la vie.
 
Pour St François de Sales, c’est Dieu qui agit directement, sans processus psychophysiologique.  
 
(Le Père Gignac donne ici tout un ensemble d’hypothèses que je n’ai pas retranscrit compte tenu de la spécificité de ce sujet ; cf. à partir de la 40e mn).
 
Il y a une tradition ancienne pour dire qu’il y aurait bien une sorte de processus, comme le dit St Jean de la Croix, où la stigmatisation extérieure est le résultat de la stigmatisation intérieure : toute manifestation au niveau du sensible se fait au détriment de l’avancement spirituel ; plus on est sur l’extérieur et plus on perd en intériorité et en profondeur et c’est un enseignement qui vaut pour beaucoup de situations : plus on diffuse ce qui concerne notre âme et plus nous perdons en profondeur. 
 
Conclusion sur lévitation, extase et stigmate
 
Ne pas admettre trop vite l’action directe de Dieu sauf à ce que cela apparaisse très clair. On peut cependant accueillir avec intérêt les expériences et les hypothèses sur cette question, sachant que depuis une centaine d’années, l’Église s’est pas mal réconciliée avec la science et ne la contredit pas trop vite. 
 
Le témoignage des stigmatisés non authentifiés par l’Église est à accueillir sans porter de jugement, laissons faire l’Église, sans perdre son temps à courir après ces choses-là. A une personne qui lui disait qu’elle ne croyait pas en ses stigmates Marthe Robin a répondu : « mais c’est en Dieu qu’il faut croire ».   
 
Phénomènes d’épreuves, psychiques et troubles mentaux
 
Il faut admettre qu’il y a des ressemblances entre les effets de la nuit et les troubles mentaux car un même sujet n’a pas deux manières de réagir sensiblement sous un choc ; peu importe la source du choc, que ce soit un choc accidentel, une insulte, ou un autre choc, la réaction sera la même selon la violence du choc et la nature de la personne. 
 
La réaction ne remet pas en cause la qualité de l’origine du choc et nous avons tous, à l’état déclaré ou à l’état bénin, des prédispositions pour certaines tendances. Chacun a, à sa manière, sa petite folie qui en général n’apparait pas trop : des manies, de mauvaises habitudes… qui peuvent se manifester brutalement en cas de choc, notamment par celui de la nuit de l’esprit. 
 
Par rapport à « nos folies » il y aura deux temps : un temps de dissociation où le petit défaut qui était compris dans l’ensemble se dissocie et se manifeste extérieurement car le sujet, pris par son trouble, ne rééquilibre pas son caractère, le défaut pouvant embêter tout le monde. Le deuxième temps ce sera la purification qui fera disparaitre ce travers-là et tout sera rééquilibré.
 
Comment distinguer cette nuit de l’esprit des névroses ?
 
Dans les cas clairs il suffit de faire le test des trois signes de contemplation. Quand c’est embrouillé avec de la maladie, il faut distinguer la cause principale qui est mystique de la cause instrumentale et pathologique car tout se produit en même temps : il y a en même temps un vrai défaut psychologique et la nuit de l’esprit. Il faut alors étudier le comportement de l’âme, non pas selon la violence ou la fréquence des crises, mais selon un critère d’ensemble sur une large période.
 
A long terme, si c’est de la psychose, ça va appauvrir le tempérament, l’équilibre va baisser. Prenez l’exemple de Marthe Robin, plus elle était malade et plus son jugement était clair et sûr. On ne doit pas juger de ces situations-là sur le court terme, l’opinion devra se faire sur des années. Sans doute qu’une collaboration médicale et spirituelle sera à conduire en parallèle. 
 
Au final, les aléas spirituels de la route apparaitront bien modestes au vu du résultat obtenu ; le seul regret sera celui de s’être tant attardé sur ces défauts.
 
(La suite de l’exposé concerne les différentes maladies mentales que je n’ai pas jugé utile de noter)
 
 
Peut-on avoir une vie spirituelle avec de tels troubles ?
 
Distinguons dans la psychologie de la vie religieuse (celle des croyants) trois plans : 
- le plan empirique : celui des phénomènes physiques, notre vie corporelle,
- le plan ontologique : celui de l’esprit et de la pensée psychologique, notre vie d’affectivité,
- le plan surnaturel : celui de la grâce, la vie d’enfant de Dieu par-dessus tout ça.
 
Nous avons ainsi trois étages de vie superposés qui sont interdépendants, le plan physique peut venir gêner le plan intellectuel et gêner aussi le plan spirituel. Cette interdépendance n’est pas une inter-compénétration qui peut parfois provoquer des troubles importants sans tout bloquer de façon définitive.
 
Les troubles intermittents. Ils n’empêchent pas la vie surnaturelle et s’ils sont acceptés cela peut aller jusqu’à l’héroïsme tel que pour le père Surin (Jésuite).
 
Les troubles continuels. Si on n’a pas toute sa tête on ne peut pas faire un acte responsable, mais on a pu, avant la crise, se donner entièrement à Dieu par avance, alors on conserve son mérite, comme pour Mr Martin, le père de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, qui termina sa vie dans la démence et à l’asile. 
 
Qui peut connaître les ressources de la grâce infuse ? Dieu abandonnera-t-il quelqu’un qui n’a pu avoir la connaissance de la vraie religion ? Au final nous ne savons pas qu’elles sont les ressources de la grâce infuse que Dieu peut donner : on ne peut pas prendre la place du Seigneur et inventer la manière dont il agit. 
 
On ne peut s’appuyer que sur le jugement de l’Église et sur la manière dont elle interprète continuellement : il faut avoir pleine connaissance pour que ce soit un péché, il faut avoir pleine volonté pour que ce soit un péché mortel, pleine connaissance pour profiter d’un sacrement. 
 
La sainteté humaine n’est pas réservée à l’équilibre humain même si pour les canonisations on a plutôt des personnes équilibrées. Mais il y a bien des personnes qui ont atteint leur finalité spirituelle selon la volonté de Dieu sans être pour autant parfaitement équilibrées


(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Ven 6 Déc 2024 - 17:44



Vidéo 48 et 49 – Nuit de l’esprit – modalités diverses & Nuit active - conduite de l'âme

Vidéo 48 - Nuit de l’esprit – modalités diverses

Après avoir étudié la nuit de l’esprit à la suite de St Jean de la Croix, avec toutes les difficultés qui peuvent s’y rencontrer, on constate que si tous les grands saints ont vécu des choses très pénibles il ne faudrait pas croire que c’est toujours comme ça, car on peut très bien ne pas souffrir toutes ces choses-là. 
 
Il y a des modalités différentes à chaque fois :
 
- Par exemple, ce n’est pas toujours continu comme on l’a dit, on peut revivre sa contemplation comme on le faisait avant. On peut ainsi s’apercevoir du travail fait par le Seigneur dans l’âme au cours d’une période qui a pu durer 6 ou 7 ans ou plus et ça rassure, tout en attendant la prochaine phase de la nuit. 
 
- Les formes individuelles peuvent également varier selon les imperfections à déraciner, tout le monde n’a pas les mêmes défauts ni avec la même profondeur. Prenons l’exemple des deux Stes Thérèse, la Petite c’était presqu’un ange toute sa vie, la Grande a bien connu le monde. 
 
Le degré d’amour où Dieu veut positionner une âme pour la sanctifier ne nous est pas accessible. De même quant à la dureté de l’épreuve, elle apparaît plus légère pour les âmes les plus fragiles. 
 
- La purification peut aussi se faire dans la vie ordinaire à travers l’éducation des enfants, la vie ordinaire… c’est là que la nuit de l’esprit peut se faire, tout comme à travers une longue maladie, un séjour en hôpital… 
 
Dans la vie contemplative (couvent ou en retraite) la prise de conscience de la purification est plus facile que dans la vie active : on voit bien si, en faisant oraison, ça marche ou pas. Dans la vie active, on se débat avec toutes sortes d’épreuves qui permettent la purification de nos mauvais penchants, avec de temps en temps des lumières. Si on voulait se dépasser on trouverait dans la vie active énormément de secours pour la purification.
 
- En fin des 6e demeures, à la fin de la nuit de l’esprit, il y a les fiançailles qui se passent encore dans la nuit, temps des lumières et des grâces extraordinaires, des extases, avec quelques visions, quelques paroles… En tout cas, alors que ces phénomènes extraordinaires ne sont pas obligatoires une clarté diffuse se présente.
 
Cette clarté n’a pas de vertu de consolation et souvent un gros doute se manifeste sur la qualité de la vie spirituelle qu’on vit : tentation de désespérer face à tous les sacrifices faits qui semblent n’aboutir sur rien. 
 
En conclusion, la nuit de l’esprit est bien une période très douloureuse, mais ce n’est pas un enfer mais qui correspond plutôt à un purgatoire. C’est ce que dit St Jean de la Croix qui affirme que si on fait bien cette nuit de l’esprit il ne restera pas grand-chose à faire au purgatoire. 

Vidéo 49 - Nuit active - conduite de l'âme

La nuit active, c’est la collaboration de l’âme avec le Saint-Esprit. Ici, il s’agit de la nuit active de la nuit de l’esprit c’est-à-dire la conduite de l’âme pendant que le Saint-Esprit nous donne la nuit dans sa plus grande profondeur. 
 
L’âme subissant l’humiliation à la suite de toutes les épreuves que nous avons vues devra attendre dans la patience et l’espérance, la grande espérance théologale, en souffrant Dieu, réellement, volontairement et amoureusement.
 
C’est donc une ascèse mystique de laisser faire, ce qui n’est pas plus facile que de faire, et qui consiste à se soumettre à la conduite habituelle du Saint-Esprit. L’âme trouvera son dynamisme et sa force dans l’espérance, sa pureté dans la pauvreté spirituelle et elle pourra « purifier notre espérance en l’appauvrissant » selon ce que dit la Petite Thérèse, docteur de l’espérance purifiée par la pauvreté.
 
En 4e demeures, la foi est devenue contemplative, en 6e demeures, c’est le développement de l’espérance qui va grandir et se purifier par la pauvreté spirituelle. Plus tard, en 7e demeures, vous aurez l’épanouissement de la charité divine. C’est le développement d’une vie théologale, de plus en plus en contact directe avec Dieu.
 
1°) L’espérance
 
Vertu théologale qui a Dieu pour objet immédiat, par opposition à la chasteté qui n’a pas Dieu pour objet immédiat, son objet étant la sécurité : on aime Dieu, on espère Dieu, on croit Dieu.
 
Nous appuyant sur la toute-puissance de Dieu, sa bonté et sa fidélité, et sur les promesses de Jésus, nous espérons Dieu-béatitude, c’est le Ciel (1er objet) et les moyens d’y parvenir (second objet). Nous avons la réalité de Dieu dans la grâce sanctifiante, mais c’est la vie en Dieu (la béatitude) que nous espérons.
 
L’espérance c’est un mouvement créé par le désir, une attente, qui est greffée sur une passion de l’appétit irascible. Avant d’être une vertu, l’espérance est une passion, nous en avons douze ; les anges n’ont pas de passions, ils n’en ont pas besoin, mais pour nous il nous faut des mouvements sensibles pour vivre au monde.
 
Ce que le raisonnement, l’imagination font pour la connaissance, les passions le font pour la volonté. La volonté est aidée par des mouvements sensibles : la passion de l’amour va nous aider à aimer volontairement Dieu. Il en est de même pour l’espérance.
 
Nos passions se divisent en deux groupes : les passions concupiscibles (l’amour, le désir, la joie…) et les passions irascibles, c’est-à-dire que ça se fâche contre les obstacles. L’espérance est donc comme une agressivité avant d’être une vertu (espérer une place sociale, un succès…). L’espérance surnaturelle est greffée comme tout ce qui est surnaturel sur le naturel, c’est en nous dans notre nature. La grâce sanctifiante, Dieu l’a greffée sur l’essence de l’âme, la charité sur la volonté, la foi sur l’intelligence, l’espérance c’est sur un appétit irascible qui est la passion de l’espérance.
L’espérance nous fait tendre vers l’acquisition d’un bien futur, sans doute difficile, mais possible ; tant que c’est possible, on espère : c’est une tension de l’appétit vers son objet. Ainsi l’espérance théologale nous fait-elle tendre vers le bien suprême qu’on n’a pas encore, mais qui doit être atteint : « je veux voir Dieu ». 
 
Tandis que la foi découvre Dieu, que la charité possède Dieu et l’embrasse, l’espérance est tendue par son objet qu’elle connait par la foi et qu’elle ne possède pas encore dans toute la mesure du degré de charité qu’elle voudrait avoir.
 
Toute notre vie spirituelle, c’est un mouvement d’espérance en marche, c’est le moteur de l’action. Dès qu’on n’espère plus, on n’avance plus et il y a deux cas : ceux qui sont au ciel car les personnes sont rendues, et ceux qui ont renoncé à posséder Dieu, il n’y a plus de dynamisme, on n’avance plus. 
 
En 6e demeures, ce dynamisme s’exerce d’une double façon : au début l’âme marche les bras tendus pour saisir Dieu dans un mouvement affectif. La deuxième forme c’est dans la nuit de l’esprit où l’âme est paralysée par une certaine force qui émane de l’objet, on dirait que c’est Dieu qui la bloque, c’est la grâce de contemplation où on ne peut plus rien faire, alors l’espérance ne peut plus que gémir et soupirer et espérer le secours de Dieu. 
 
2°) Pratique de l’espérance dans la nuit de l’esprit
 
Après avoir vu l’espérance en tout temps, voyons l’espérance dans la nuit de l’esprit, ce qu’il y a à faire dans la pratique.
 
L’âme pratiquera la pauvreté spirituelle ou espérance purifiée. La pauvreté spirituelle néglige les objets secondaires (consolations, prises de conscience, bonne santé…) et se limite au motif principal qui est Dieu.
 
Certains saints se sont sanctifiés sans aller à la messe, sans aucun luxe, sans communauté… toute leur attention était tournée uniquement vers Dieu. Tous ces moyens sont d’une beauté relative, alors que Dieu c’est d’une beauté absolue, objectif qu’il faut arriver un jour à chercher seul. 
 
Cette pauvreté est un détachement, un dépouillement de tout ce qui pourrait faire obstacle à votre dynamisme : on se débarrasse de tout ce qui avait pu jusqu’ici nous aider, le seul motif étant Dieu.
 
St Jean de la Croix dit qu’on s’attache sur le plan spirituel non pas à des bibelots, mais à ce qu’on a gagné comme des avares qui compte leur argent : il y en a qui compte leur mérite (nombre de jours d’indulgence…).
 
Du côté de la mémoire il faut aussi faire un sacrifice, il faut aussi la mortifier. Par la foi vous faites le sacrifice de votre intelligence, par l’espérance vous faites le sacrifice de vos trésors (mérites, avantages spirituels...) : il ne s’agit pas de les nier, mais on n’en fait pas de cas.
 
Dans l’extase, on ne fait pas ce que l’on veut, on est parti, c’est un appauvrissement.  
 
3°) Applications pratiques de l’espérance
 
Dans l’enfance spirituelle et prêchée par Ste Thérèse de Lisieux, elle a découvert dans son oraison le Dieu amour comme le bien diffusif de soi, un bien qui se diffuse, qui se donne et ne se garde pas pour lui-même car un amour qui ne se donne pas, ce n’est pas de l’amour. Dieu dans son amour veut nous avoir, nous prendre en lui, nous transformer en lui. C’est ainsi qu’elle a découvert en elle une mission charismatique, une mission d’église : provoquer des âmes réceptives de l’amour de Dieu par la petitesse, de pauvreté et de confiance par l’enfance spirituelle ; la confiance, c’est l’espérance quand elle est baignée d’amour.
 
La confiance devenue une habitude de l’âme c’est dans l’abandon et l’enfance spirituelle est une concrétisation de l’abandon, c’est la voix d’enfance telle qu’enseignée par la Petite Thérèse. Ce n’est pas que cette approche soit nouvelle, dès St Paul on la trouve, mais peut-être avait-elle été peu empruntée à cause des mentalités car cette voie ne convient pas forcément à tout le monde.
 
Ce qui est nouveau c’est la formule de Thérèse, cette voie qu’elle vivait elle-même et qu’elle enseigna aux novices avec l’autorisation de sa supérieure dont le caractère essentiel est de reconnaître sa petitesse, sa pauvreté et prendre les attitudes de l’enfant : l’abandon, l’humilité et la confiance.
 
Pratique selon Ste Thérèse dans l’union à Dieu et la prière
 
Elle reçoit tout du Père en tant que maîtresse des novices et le redistribue sans détourner la tête : elle demande des grâces non pour elle mais pour les autres religieuses. A l’oraison elle est le petit oiseau aux yeux et au cœur d’aigle, elle ne cherche pas à monter, elle laisse le Seigneur la porter sur ses ailes.
 
L’ascèse de la voie d’enfance
 
Avoir la conviction qu’on ne peut rien faire par soi-même, mais faire ses efforts en comptant sur Dieu, Dieu n’a pas besoin de mes efforts, mais il veut que je les fasse quand même. De même on y rejette l’extraordinaire, elle n’en veut pas : pas de mortification extraordinaire (pas de fouet, de discipline…), pas de charisme, on a sa mission et ça suffit, le charisme de Thérèse c’est qu’elle n’en avait pas ! Elle n’a pas besoin des visons, des paroles… on a l’Évangile et ça suffit.  
 
Elle n’avait pas de méthode d’oraison et ne faisait pas d’actions éclatantes. Si on calcul trop ça nous occupe trop la tête et ça freine le progrès, par contre il faut accomplir son devoir d’état avec charité jusqu’à la croix. 
 
Il faut garder le sourire par-dessus tout devant l’épreuve et ne pas imposer à tous les autres ce que l’on doit souffrir soi-même.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Dim 15 Déc 2024 - 18:54



Vidéo 50 - Secours et modèles

Quels secours et modèle pour l’âme qui passe le plus dur dans sa nuit afin d’être soutenue. On va voir deux modèles.
 
1°) Premier modèle : Jésus, prêtre et victime
 
Dans quelle mesure Jésus peut-être un modèle pour notre vie spirituelle et plus particulièrement dans les temps difficiles ?
 
Dans n’importe quelle religion le prêtre c’est celui qui offre à Dieu une victime, debout, devant un autel. Le sacerdoce du Christ a deux formes, celui partagé par tous les chrétiens, le sacerdoce lié au baptême, qui permet d’offrir Jésus en union avec lui-même, en particulier au saint Sacrifice de la messe, et puis celui du Prêtre qui est d’offrir Jésus par la sainte messe.
 
Jésus est prêtre, donc il offre, mais la victime qu’il offre à son Père, c’est lui-même. On peut donc s’associer à Jésus victime et s’offrir en acceptant les souffrances que Dieu veut pour nous. 
 
Jésus est médiateur, et puisqu’il s’est offert à son Père, il a mérité de rester entre le Père et nous, entre la justice divine et notre état de pécheur, médiateur pour nous sauver puisqu’il est prêtre. Une âme avancée, ce n’est pas seulement la récitation de prières, c’est une âme qui va s’associer à toute cette partie de la vie du Christ. 
 
Cette médiation est universelle, elle concerne le monde entier, tous les hommes, c’est un article central de la catéchèse apostolique, car l’Église a ses bases sur l’enseignement de Jésus transmis par les Apôtres. Pour la France, c’est l’Apôtre Jean qui est à l’origine de la suite directe d’évêques venus évangéliser la France (St Irénée, St Pothin…). 
 
Jésus a mérité sa médiation par son sacrifice et son offrande, d’où l’importance du sacrifice de la messe, lieu du rendez-vous de ce geste de Jésus qui s’offre à son père pour l’univers entier. 
 
Cette médiation du Christ nous en avons particulièrement besoin lorsque nous passons par la nuit de l’esprit, deux cas se présentent :
- Si Dieu dans les moments de prière contemplative suspend nos puissances (volonté, intelligence…) on est forcé à une sorte de silence et donc à rester comme ça en présence du Seigneur. 
- Si Dieu n’a pas suspendu les puissances on ne doit pas faire effort pour écarter la pensée de Jésus ; on prie alors avec Jésus.
 
Jésus est un modèle parfait
 
Jésus a tant souffert parce que les forces du bien combattaient les forces du mal. Les forces de Dieu destructrices du péché qui ravageaient l’humanité de Jésus, combattaient le péché que Jésus portait sur lui en son humanité. L’attitude de Jésus est un modèle pour nous dans la nuit de l’esprit : gémissement sous la douleur et prière d’abandon, comme à Gethsémani, « non pas ma volonté, mais la vôtre, Père ».
 
La souffrance de Jésus est rédemptrice — il n’avait pas besoin de purification — non pas parce qu’il souffrait, mais parce qu’il offrait sa souffrance ; ce qui donne du mérite, ce n’est pas notre souffrance, c’est de l’offrir. On n’est pas prêtre pour souffrir, on est prêtre pour offrir.
 
Pour nous la souffrance sera aussi purificatrice pour nous rendre meilleur et en même temps c’est déjà rédempteur, car en offrant on peut participer à la rédemption du monde et compléter ce qui pourrait manquer aux souffrances de Jésus (voir St Paul). Ainsi dans cet état de la nuit de l’esprit, il ne nous reste qu’à contempler Jésus souffrant. 
 
St Paul ne veut savoir que Jésus crucifié, St Jean de la Croix nous dit que « la nuit doit introduire l’âme dans les hautes cavernes » (les mystères du Christ) et y contempler les mystères de l’incarnation, de la rédemption, et la petite Thérèse, c’est dans cette nuit qu’elle développe sa dévotion à la sainte face, appellation qu’elle ajoutera à son nom et qui fait une allusion directe aux souffrances de Notre Seigneur. 
 
De façon pratique
 
- Concédons un premier cas qu’on sait où on est dans l’impossibilité de discourir, le premier signe dans l’acte même de la contemplation ; en dehors de ce moment il reste encore beaucoup de moments dans la journée pour toute autre forme de piété (adoration, lecture de la bible, messe…) et revenir à notre Seigneur par une démarche plus discursive. 
 
- Concédons maintenant que cette nuit nous habite tout au long de la journée nous rendant incapable de nous appuyer sur nos facultés, alors Ste Thérèse conseille à considérer la passion de notre Seigneur d’une façon plus parfaite par une simple pensée qui va nous rester pendant plusieurs jours ou plus. Faisons alors ce que l’on peut car le reste, c’est le Saint-Esprit qui s’en charge.
 
- Enfin cas encore plus difficile, où il n’a plus moyen de penser à quoi que ce soit, il demeure une lumière mystique procédant d’une expérience intérieure éclairant le mystère du Christ souffrant, on se retrouve dans la figure du Christ crucifié. Dans la profondeur de la souffrance du Christ on comprend la nôtre. C’est ce que fut le cheminement de la petite Thérèse : « j’avais demandé au Seigneur de me montrer le chemin de l’amour, il m’a conduit dans une sorte de tunnel, et là, dans le noir complet, je n’avais pas autre chose que le reflet des yeux baissés de la face de mon Bienaimé ».
 
 
2°) Deuxième modèle : la Vierge Marie, toute mère
 
Depuis le concile on ne considère pas le mystère de Marie comme un mystère à part de Jésus, mais on doit considérer le mystère de Jésus et de Marie mère de Dieu comme un seul mystère tant et si bien que la christologie comprend désormais ce qu’autrefois on appelait la mariologie.
 
Par exemple, le Fils de Dieu se fait homme, mais ça ne se fait pas sans la Vierge Marie ; Noël, il faut bien que la Vierge soit là pour la mise au monde de Jésus ; la Pentecôte, Marie est là ; à la croix, Marie est là. 
 
- Jésus et Marie dans le plan divin
 
Il y a une triple primauté car ils sont tous les deux premiers sous trois angles différents : primauté de dignité, primauté d’efficience, primauté de finalité. 
 
a) Primauté de dignité : le Christ est premier de par son union hypostatique, à la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme, deux natures en une seule personne.  Tout ce que fait Jésus en tant qu’homme est attribuable à sa personne divine. La Vierge Marie, aux confins de la divinité, entre dans le plan hypostatique et c’est grâce à elle que cela s’est fait. En cas de demande de mariage c’est la femme qui a le dernier mot, si la femme refuse, il n’y a pas de mariage et pour Dieu c’est la même chose.
 
Marie est non seulement mère de l’humanité de Jésus, mais aussi mère de Jésus-Dieu. Elle ne lui a pas donné la vie divine, il l’avait, mais elle a donné la vie humaine à un Dieu.
 
b) Primauté d’efficience de rendement : Jésus tout d’abord a été soumis à un rude labeur, il est prêtre, sauveur et victime, le premier qui nous a donné sans lequel nous n’aurions pas la rédemption de nos âmes. Marie est une parfaite collaboratrice et elle est médiatrice de toutes les grâces. Jésus est cause première de la grâce et Marie cause seconde, elle est un instrument de la grâce.
 
A remarquer que la plupart des visons qu’ont les saints sont des visions de la sainte Vierge et que les saintes, ce sont des visions de Notre Seigneur. 
 
c) Primauté de finalité :  car c’est vers ces deux êtres que nous devons diriger notre marche. Jésus est notre roi à qui nous devons soumission et adoration (culte de latrie), Marie elle est notre reine à qui nous devons le culte de dulie (celui réservé aux saints).
 
- Intervention de Marie dans la nuit de l’esprit et son rôle providentiel
 
Marie, mère de miséricorde aux jours sombres, la Vierge, apparaît dans toutes les pages sombres de l’histoire. Quand Dieu semble se retirer c’est le ministère de Marie qui survient.
 
Adam et Ève sont chassés du paradis terrestre à la suite de leur terrible faute, Dieu annonça de façon lointaine la Vierge Marie en disant au serpent : « je mettrai entre toi et la femme une inimitié… ». Dans l’histoire du peuple juif Isaïe veut donner un signe au roi Achaz qui n’en veut pas et qui est : « une vierge enfantera ».
 
Dans l’histoire de Jésus quand il est condamné à mort et que le chef disparaît ignominieusement, la Vierge Marie est là. Dans l’histoire de l’Église infectée par des hérésies ou des invasions, Marie apparaît régulièrement pour la soutenir comme à St Dominique et elle lui donne le rosaire. Parmi les saints du ciel, il n’y a personne qui soit plus saint et plus grand que la Vierge-Marie et on va vers elle car c’est à elle que Dieu a confié la miséricorde, elle est mère de la miséricorde.
 
Comment vénérer la Vierge Marie en particulier quand on passe par la nuit spirituelle ?
 
Parfois elle intervient visiblement, St Jean de la Croix est sauvé d’une noyade par la Vierge Marie et c’est elle qui l’aidera à sortir de la prison où ses frères l’avaient enfermé. Cependant elle laisse le Seigneur nous purifier, elle n’intervient pas en nous ôtant nos épreuves, mais en nous aidant à les surmonter. 
 
Comment l’âme qui est dans la nuit va-t-elle recourir à la Vierge Marie ?
 
Au début de la vie de l’Église il n’y avait pas de dévotion organisée pour la Saint Vierge. Au creux de l’épreuve l’âme, dans le clair-obscur de sa nuit à un moment où elle comprend mieux, va chercher un contact avec cet appui maternel comme si on appelait « maman ».
 
Diverses formes d’intimité avec Marie
 
Celle de St Jean : il est toujours présent auprès d’elle dans une relation privilégiée. Les nombreuses fêtes mariales de notre calendrier liturgique dans lesquelles chacun peut entrer selon son tempérament sont là pour cela.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Dim 22 Déc 2024 - 14:12



Vidéo 51 - Effets de la nuit de l'Esprit


Jusqu’à maintenant on a décrit les souffrances de la nuit de l’esprit dans les cours n° 46, 47 et 48. Ensuite on a vu la conduite à tenir pendant la nuit de l’esprit et, avec la petite Thérèse, que c’est l’espérance purifiée par la voie d’enfance ou par le saint abandon qu’il faut vivre. On regarda ensuite les modèles de Jésus et Marie auxquels on peut avoir recours et qui nous soutiennent par leur exemple. Nous en sommes maintenant à la sortie de la nuit de l’esprit. Il nous reste les cours n° 51, 52 et 53, en 6e demeures.
 
Que nous apporte le fait de vivre de telles épreuves ?
 
Tout d’abord beaucoup de grâces et surtout le dégagement d’une âme pour pouvoir ensuite s’unir au Seigneur par l’embrasement de toute l’âme, par le feu d’amour qu’on appellera fiançailles puis mariage spirituel. Cet effet unique peut se détailler sous trois formes :
- la purification morale, la personne est purifiée dans sa conscience,
- le retournement psychologique,
- le triomphe de la sagesse d’amour.
Le règne du Saint-Esprit dans l’âme sera traité dans la vidéo suivante n° 52.
 
I) La purification morale
 
Il faut bien savoir qu’on ne rentre pas au ciel sans être purifié et si ce n’est maintenant ce sera au purgatoire. Dans St Luc (14, 33) : « celui qui ne renonce pas à tout n’est pas capable d’entrer dans le royaume des cieux ». 
 
Seule la nuit de l’esprit, en ce monde, peut réaliser cette purification. Une première purification a eu lieu en 4e demeures, premier essai induisant le calme et la force qui seront nécessaires avant d’entrer dans la nuit de l’esprit. C’est la partie sensible qui a été touchée, alors que la nuit de l’esprit va supprimer les désordres de l’esprit.
 
Si le sacrement du pardon justifie l’âme coupable, c’est-à-dire qu’il nous remet en état de grâce, les justes sont en état de grâce, la purification de l’esprit en 6e demeures n’agit que sur l’âme justifiée et se porte aux sources du péché, à la racine, pour que le péché ne se produise plus. Il s’agit des trois concupiscences : celle des yeux (richesse, ce que l’on désir posséder), celle de la chair (plaisirs sensuels…), celle de l’orgueil de la vie (la reconnaissance, l’ambition…).
 
Nos tendances à pécher proviennent des péchés capitaux qui sont à la racine des autres péchés :  l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, l’acédie (la paresse spirituelle). Ces tendances sont donc soit habituelles, soit actuelles, soit naturelles, soit volontaires.
 
Les tendances habituelles
 
C’est ce que vous commencez à faire avant même que vous ayez eu le temps de réfléchir, les tendances naturelles ne disparaitront pas complètement dans la nuit de l’esprit. Si ces tendances sont volontaires, c’est-à-dire que vous consentez après réflexion, elles seront toutes détruites par la nuit de l’esprit ; c’est l’acceptation habituelle et continuelle de la volonté de Dieu.
 
Que les défauts soient petits ou grands, tout doit être purifié pour le ciel. Se pose le problème de ce qui est très attaché à notre personnalité, par exemple la pesanteur d’esprit et la rudesse naturelle :
- la pesanteur d’esprit : personnalité très lente.
- la rudesse naturelle : le manque de culture.
Ces tendances foncières sont très difficiles à corriger.
 
Les tendances actuelles
 
Ce sont des tendances que l’on a pu corriger pour l’extérieur, mais à l’intérieur il en reste un peu. Par exemple, la gourmandise de la nourriture peut une fois corrigée se transformer intérieurement en gourmandise spirituelle se manifestant par le goût de chercher des consolations et ce qui peut flatter le sensible dans la vie spirituelle.
 
La nuit de l’esprit s’attaque principalement aux tendances habituelles et volontaires. Pour réaliser l’union parfaite avec Dieu, il faut n’avoir avec Dieu qu’une volonté en tout.
 
Comment va se faire la purification morale ?
 
En général, après le retournement psychologique qui sera vu plus loin, la purification se fait par l’action de Dieu qui agit toujours de la même manière en infusant de la lumière et de l’amour. La lumière qui vient de la contemplation, une lumière de connaturalité, donnera une connaissance de connaturalité créée par l’amour. Ainsi on comprendra mieux les choses de Dieu dans le sens où « le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas ». Cela rejoint la tendance humaine qui fait qu’on apprend mieux quand on aime. C’est à force d’aimer qu’on comprend mieux.
 
Le décalage entre la perception que nous avons des grâces reçues et la conscience de la pauvreté de notre condition entraine une contrainte qui devient accusatrice et qui nous pousse, peut-être parce que nous en avons honte, à nous corriger. Comme au purgatoire c’est la lumière de Dieu qui nous montre combien nous sommes encore pécheur et plein d’indélicatesses ce qui nous fait souffrir, c’est ça le feu et c’est un feu spirituel.
 
Dieu pourrait très bien nous purifier d’un coup sec mais habituellement ce n’est pas comme ça. En établissant sa domination parfaite sur la volonté, l’amour affaiblit les tendances. De la même façon qu’un garçon amoureux se corrigera de ses mauvais penchants pour garder celle qu’il désire et qui le lui demande, ce qu’il fera par amour, c’est l’amour qui agira sur la volonté ; l’amour travaille sur la volonté.
 
II) Le retournement psychologique
 
Ce que j’ai dit sur le purgatoire pourrait vous inciter à consulter deux excellents volumes : 1°) Le traité du purgatoire par Ste Catherine de Gênes (aux éditions du Carmel) et commenté par un rédemptoriste belge ; 2°) Le creuset de l’amour, écrit par une religieuse allemande, Mary Starke-Greig, traduit en français par Marie Bazin, religieuse auxiliatrice du purgatoire, fille de l’écrivain René Bazin. Cette dernière montre en face de chacun des attributs de Dieu, comment l’âme a à souffrir au purgatoire en même temps qu’elle se purifie, notamment à regarder Dieu si saint et à se savoir si peu saint. L’accent est mis sur cet aspect car ce qui se passe au cœur de la nuit de l’esprit est semblable à ce qui se passe au purgatoire.
Le retournement psychologique
 
Il s’agit d’un véritable retournement spirituel où notre psychologie va être changée de côté et qui se fera en trois temps qui correspondent aux trois âges de la vie spirituelle : c’est un processus spirituel progressif qui a commencé dès le premier âge de façon à ce qu’au 3e âge, le mouvement psychologique sera complètement tourné de côté.
 
1er temps : on n’en a pas parlé à ce moment-là car ce n’était pas utile dans les 2e demeures et notre psychologie est alors sous le mode humain, ordinaire, c’est-à-dire que le mouvement est « extra ad intra », donc quelque chose qui vous vient du dehors vers le dedans. Les facultés de l’âme reçoivent leurs aliments de l’extérieur, par les sens, ainsi nous nourrissons notre vie spirituelle par tout ce qui nous vient du dehors (lectures, conférences, homélies, églises…), et c’est vrai aussi pour les choses profanes.
 
Puis un jour on arrive au 2e âge, on a passé les 3e demeures, il va y avoir un changement sérieux car la contemplation va introduire un mouvement contraire qui fait que désormais ce qui va nous nourrir va venir du dedans : c’est la nuit du sens ; alors on se tourne vers ce qui vient du dedans. L’entendement, la mémoire et l’imagination sont surpris durant un an, deux ans, ces facultés sont appelées à faire un choix et à se tourner vers l’intérieur pour rencontrer cette quiétude qui vient du dedans.
 
Plus on s’approche du Seigneur, plus l’attirance est forte, plus la contemplation est forte (lumière, amour) et plus le don d’intelligence va nous aveugler. Alors plus rien ne viendra de nulle part et le Saint-Esprit agissant seul, plus il agit seul et plus c’est bon pour nous. L’Esprit qui fait tout le travail provoque un retournement complet, dans le 3e âge, tout vient du dedans.
 
Quels sont les fruits de ce retournement ?
 
On n’a plus besoin de livres pour aimer le Bon Dieu, notre vie est extrêmement simplifiée, on est même libéré des psychoses, tous nos défauts sont comme corrigés par le Seigneur, ce qui donne à l’âme la santé parfaite : on vit Dieu. L’âme est libérée des facultés naturelles, elle est uniquement tournée vers Dieu.
 
Alors les vertus théologales reçoivent tout de Dieu lui-même, tout ce qui est nécessaire à leur activité propre, c’est une renaissance spirituelle parfaite. St Jean de la Croix fait alors une comparaison : Dieu ce sera l’époux, l’âme ce sera l’épouse qui sera revêtue de la tunique blanche pour la foi, pourpoint vert pour l’espérance et la toge rouge de la charité envers Dieu.
 
Les facultés règnent dans les vertus : la foi dans l’entendement, l’espérance dans notre mémoire car si vous ne vous souvenez pas de ce que Dieu vous a promis vous ne pouvez plus l’espérer, la charité dans la volonté. L’ascèse qu’il faudrait pratiquer pour ces vertus-là, pour la foi c’est l’obéissance à la parole de Dieu, pour l’espérance la pauvreté spirituelle, pour la charité c’est la virginité en donnant complètement son cœur au Seigneur.
 
Les ennemis à vaincre : pour la foi ce sont les ruses du démon, pour l’espérance ce sont les richesses du monde et pour la charité, c’est les mouvements de la chair et de l’amour. Puis viendra en nous le triomphe de la sagesse d’amour qui sera étudié dans le cours suivant.
 
(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Ven 27 Déc 2024 - 12:23



Vidéo n°52 - Triomphe de la sagesse d'amour


Ce cours est une introduction à l’ensemble des derniers cours qui restent à parcourir jusqu’au n° 56.
 
La sagesse d’amour, c’est Dieu actif dans nos âmes, trois personnes travaillant dans notre âme. Habituellement on parle de l’activité du Saint-Esprit, mais c’est l’activité des trois personnes travaillant ensemble dans un seul principe d’action et sanctifiant nos âmes.
 
Le triomphe c’est qu’on arrive au bout de la vie spirituelle où le Seigneur, après nous avoir comblé de grâces d’une façon très discrète, sans forcer notre volonté, notre liberté, va arriver à un succès, le succès de Dieu dans les âmes avancées.
 
Nous sommes arrivés en 6e demeures et dans la nuit de l’esprit, adaptation à l’action du Saint-Esprit et aux dernières profondeurs de l’âme qui est difficile. Nous en sommes à dire quels sont les effets que ces épreuves de la nuit de l’esprit ont produits.
 
Il y a trois effets dont deux ont déjà été traités la dernière fois : la purification morale de la conscience et le retournement psychologique qui nous fait nous retourner complètement vers notre intérieur. Lorsqu’on arrive à la dernière étape dans le 3e âge, on ne voit plus rien qui puisse nous nourrir qui ne viendrait ni du dehors ni du dedans.
 
Le 3e effet c’est celui du triomphe de la sagesse d’amour. L’âme est lancée dans sa dernière course dans sa vision face à face dans la 3e profondeur pour rejoindre le Seigneur et faire une vie de perfection complète. On distinguera plusieurs parties.
 
- Lumière et amour
 
En 4e demeures c’était l’oraison contemplative de quiétude, les facultés enveloppaient les dons divins pour le savourer. Tout ce qui arrivait du Seigneur en dedans on l’enveloppait d’amour, on en jouissait en embrassant les grâces du Seigneur. Le tempérament avait une large part dans la diversité des manifestations divines. En 6e demeures les facultés d’intelligence et de volonté sont dominées et enivrées par les effets de la touche divine et s’il reste encore un peu du tempérament, il influence assez peu.
 
La touche divine frappe l’essence même de l’âme et non plus certaines facultés, ça dépasse toutes nos activités de prise de conscience, nos facultés du connaître, ça pénètre plus en profondeur dans l’âme. Si ça touche les tréfonds de l’âme, on peut même en perdre connaissance.
 
Plus que jamais c’est Dieu qui conduit et l’âme est passive en recevant les communications venant de Dieu. C’est comme si Dieu venait nous embrasser, chaque âme réagira un peu diversement, de la même manière qu’en embrassant quelqu’un on mesure bien si cette initiative est plus ou moins bien accueillie, tout le monde ne reçoit pas Dieu de la même façon.
 
Vers la fin de la nuit viennent les flammes d’amour, fruit d’une touche de la divinité et du don de sagesse et quand ça se produit dans une âme déjà habitée par le feu de l’amour, ça fait flamber et c’est ce que St Jean de la Croix appelle la vive flamme d’amour, un peu comme ce qui se passe quand on attise un feu de braises, une flamme se lève.
 
On sait qu’on aime le Seigneur, mais devant une touche ça fait monter notre amour pour le Seigneur, comme un prélude que la sagesse célèbrera bientôt dans les facultés pour affirmer ses triomphes profonds dans la substance de l’âme.
 
Dieu veut célébrer des fêtes dans l’âme, dans les facultés, pour montrer qu’il est le maître du dernier fonds de l’âme, comme dans les noces où l’on fête le triomphe de l’union d’un couple qui se prépare à la vie d’amour. Dieu peut ainsi annoncer son triomphe, cette âme, désormais, elle lui appartient. C’est ce qu’on appelle les fiançailles spirituelles.
 
- Triomphe de l’amour
 
La sagesse divine fait triompher la charité ou l’amour, vrai don infusé par Dieu dans nos cœurs, et les autres dons qui dérivent de la charité viennent après. Qu’on parle d’effusion ou d’infusion, c’est la même chose : effusion ça sort de Dieu, infusion ça entre en nous mais c’est le même mouvement de grâce et la diffusion c’est une infusion en beaucoup d’endroits.
 
La perfection de la charité ne vient pas de son intensité mais de sa qualité qui s’exprime d’abord par la profondeur de sa pénétration du château où elle réside. De même, plus on devient capable de recevoir des choses élevées plus c’est un signe de profondeur.
 
Le Seigneur viendra ainsi avec des touches comme on fait des visites pendant la période des fiançailles, période pendant laquelle on se fait des promesses afin de préparer le temps marqué pour le mariage spirituel.
 
La charité propre de la charité ou de l’amour c’est d’unir et de transformer comme dans l’amour humain, deux personnes. Elle contribue à une compénétration entre l’âme et Dieu et elle conduit à une ressemblance et une participation à la vie divine nous faisant enfants de Dieu.
 
L’union de notre âme et de notre corps c’est essentiel car sans cette union notre corps ne peut exister de même que l’âme a besoin du corps. Vis-à-vis de Dieu ce n’est pas la même chose, on n’est pas Dieu à deux : l’union est substantielle, elle est dans la substance de l’âme ; ce que c’est qu’une âme s’est unie à ce que c’est que Dieu.
 
Notre Seigneur nous a annoncé une renaissance, notamment à l’occasion de son entretien avec Nicodème, c’est une deuxième naissance dans le monde surnaturel, dans le monde divin. Cet état c’est l’état de l’union transformante.
 
- Dynamisme de l’amour
L’âme est tellement en Dieu qu’elle accompagne Jésus dans sa montée vers le Père pour se renouveler comme fils sous l’action de la paternité, tout comme sur le plan humain où les enfants se renouvellent dans leur relation filiale en visitant leurs parents ce qui renouvelle aussi leur paternité : plus on va vers le Père et plus on est Fils.
 
- Épanouissement de la lumière
On gagne plus de connaissance par l’amour (le cœur) que par l’étude et par la tête, c’est une lumière de connaturalité qui se fait à force de vivre proche de Dieu et qui nous suit partout du soir au matin.
Comme les anges se parlent les gens au ciel en font de même, c’est le mode des esprits.
 
Rendu là, on est capable de recevoir de nouvelles connaissances de Dieu.
 
Les étapes
 
St Jean de la Croix, après St Bernard, nous parle d’un escalier secret, symbolisme qui exprime un double mouvement de l’âme. Quant aux dispositions de l’âme il nous parle d’un mouvement de montée et de descente, quant à la charité le mouvement est continuel, il n’y a pas de cause diminuante. Si votre ferveur venait à diminuer votre degré de vision de sanctification ne baissera jamais. Le mérite ne baisse pas, c’est important de le savoir pour bien vivre nos temps d’épreuves.
 
St Jean de la Croix donnera à la charité dix degrés difficiles à identifier, aussi nous prendrons plutôt une échelle comportant 3 degrés :
1er degré : dans l’épanouissement de l’amour, les fiançailles (cours n°53),
2e degré : la transformation réalisée par l’amour, l’union transformante (cours n°55),
3e degré : l’efficience extérieure, l’apostolat.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Lun 6 Jan 2025 - 11:19



Vidéo 53 - Les fiançailles spirituelles

On aborde les sommets de la vie spirituelle, l’intimité avec notre Seigneur Jésus-Christ. Nous en sommes aux fiançailles spirituelles qui se trouvent dans les 6e demeures et nous sommes encore attachés à la nuit de l’esprit des 6e demeures.
 
Le 3e effet de la nuit de l’esprit c’est le triomphe de la sagesse d’amour. Désormais, c’est l’Esprit-Saint qui est le maître de toute la vie spirituelle, c’est lui qui dirige tout, c’est l’œuvre dans l’âme des trois personnes de la Sainte Trinité attribuée à l’Esprit-Saint. Cette œuvre va encore produire des fruits qui sont au nombre de trois.
 
1er fruit : c’est un fruit de lumière sur tout, ce sont les fiançailles.
2e fruit : c’est surtout une affaire d’amour, le mariage spirituel.
3e fruit : c’est le débouché sur l’apostolat parfait.
 
I) Le 1er joyau
 
Les fiançailles spirituelles terminent la nuit de l’esprit commencée en cours n°46 et annoncent le dénouement des épreuves, les promesses de mariage entre Jésus-Christ, Fils unique de Dieu et telle personne, enfant des hommes dans le monde chrétien.
 
Ces deux demeures, fiançailles et mariage, ne sont pas séparées et sont les plus hautes et les plus simples affirmations de l’Évangile : « celui qui m’aime, je me manifesterai à lui » dit St Jean. Dans les fiançailles l’âme vit dans la connaissance de Jésus qui veut se faire connaître : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons en lui et en lui nous ferons notre demeure » (Jn 14, 21-23).
 
Les fiançailles sont employées en terme symbolique, c’est osé que de prendre des choses de la terre pour signifier des choses du ciel, cependant sur le plan humain le mariage c’est bien l’union la plus parfaite dont on puisse rêver. Déjà chez le prophète Osée Dieu disait au peuple de Dieu : « Je t’épouserai dans la foi » (Os 11, 20). De même dans le livre du Cantique des cantiques qui décrit de grandes réalités spirituelles, ce n’est pas la description d’un roman d’amour, mais l’aboutissement de la vie chrétienne. Jésus lui-même se comparera souvent à un époux.
 
En quoi consistent les fiançailles ?
 
Le point de vue de Ste Thérèse : les fiançailles ça se traduit par des ravissements, c’est-à-dire des extases, une des trois sortes d’extase : extases simples, le vol de l’esprit et le ravissement qui implique une idée de violence, c’est un rapt.
 
C’est une action de Dieu qui soulève l’âme pour l’emporter vers les choses très surnaturelles. L’esprit est soulevé, emporté avec une grande force, il a comme quitté le corps, l’esprit n’est plus là et n’agit plus qu’en Dieu. La perception de cet enlèvement peut être très forte. Pour Ste Thérèse, les fiançailles c’est une suite de ravissements pendant plusieurs années, 12 ans pour Ste Thérèse.
 
La grâce d’union des 5e demeures est obscure, celle des fiançailles se fait en pleine lumière, l’âme a conscience d’être soulevée et d’être emportée tout en jouissant d’une lumière transcendante. L’âme est alors ornée de joyaux précieux. Il y en a trois.
 
Le plus important c’est la découverte de Dieu dans l’union. Le Verbe-époux se manifeste en des visites de plus en plus fréquentes sous la forme de touches, dans le centre de l’âme. La touche c’est Dieu qui touche l’âme, et ça crée un choc et c’est ce choc qui met en extase. Aux fiançailles, la personne est revêtue de la connaissance de Dieu, c’est l’éclairage même de Jésus-Christ.
 
Cette connaissance intime de l’époux et du futur époux est son trésor le plus précieux, le 1er joyau, la source de tous les biens et cette connaissance n’a rien à voir avec des visions, c’est une contemplation obscure. L’âme est ainsi embellie de cette connaissance-là.
 
On a vu que le 1er joyau c’était la connaissance de l’époux qui veut faire un mariage mystique avec l’âme et les gens pourront vous reconnaître à la connaissance que vous avez du Verbe de Dieu.
 
II) Le 2e joyau
 
Dès la première visite c’est l’amour par des infusions qu’il nous donne pour l’aimer. Ce sont comme des promesses, non explicitées par des mots, mais on sait que le Seigneur promet parce qu’il ne peut pas nous donner autant d’amour pour lui sans projet durable et donc aller jusqu’au mariage ; l’âme comprend que Dieu l’a choisie. 
 
Cet amour qu’il donne c’est le plus grand qu’il puisse donner après la grâce sanctifiante. Ensuite les visites se multiplient de temps en temps ou beaucoup, ou peut-être 3 ou 4 extases en une année, voire de temps en temps pendant 7 à 8 ans… Chaque fois que Dieu revient c’est comme pour rappeler sa promesse d’union et raffermir son attachement à cette âme.
 
Désormais Dieu défendra son épouse et elle deviendra invulnérable. Cette âme pourra travailler aux œuvres du Seigneur sans craindre d’être abattue, sans danger pour elle. Grâce aux dons reçus du Seigneur elle connait le Seigneur et de plus elle se connait elle-même, elle connait sa faiblesse et l’humilité qui en résultent, assure sa préservation, elle connait le monde et ne risque plus d’être trompée par ses vanités, car elle a reçu le don de force pour lui résister.
 
L’âme reçoit beaucoup de son Seigneur, alors elle voudra donner beaucoup. Elle a tout donné à son Seigneur et elle veut ce que Dieu veut.
 
III) Le 3e joyau
 
Il arrive vers la fin que le Seigneur donne lui-même des angoisses et des désirs. La période de visites se vit dans la paix, toutes les angoisses paraissent être finies et on croit que c’est définitif, en fait cette paix est provisoire. Les angoisses vécues dans la nuit du sens et la nuit de l’esprit provenaient de nos propres défauts, du fait qu’on n’était pas préparés ; maintenant les angoisses qui viennent à la fin des fiançailles viennent de Dieu lui-même.
 
La finalité de ces angoisses c’est de réanimer la flamme des désirs ardents. L’alternance des visites et des absences creuse le désir des visites ce qui peut provoquer des larmes, des soupirs… : « je me meurs de ne pas mourir » dit Ste Thérèse d’Avila.
 
Moment et durée des fiançailles
 
C’est très variable mais ça vient de toute façon après les souffrances de la nuit de l’esprit, mais avant les angoisses par des visites. Ce sont les fiançailles qui viennent clore la nuit de l’esprit et c’est comme un joint entre cette nuit et le mariage spirituel qui s’en vient.
 
Quant à la durée, chez Ste Thérèse la première visite eu lieu en 1560 et le mariage en 1572, soit douze ans après. C’est donc une période de vie plus ou moins longue.


(fin des notes)

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Message par Alain Huger Lun 6 Jan 2025 - 11:45




Vidéo 54 A - Mariage spirituel - 1

C’est l’entrée en 7e demeures l’objectif et la finalité de toute la vie spirituelle, devenir saint. Cela était en germe dans notre baptême, mais encore fallait-il que cela se développe. 
 
Deux amours se sont rencontrés : Dieu amour par nature et le chrétien devenu amour par grâce, la grâce sanctifiante qui nous a fait amour et qui est de la même sorte que Dieu lui-même : l’un est amour paternel, l’autre amour filiale. Un nouvel état est créé, c’est la communication des personnes.
 
L’âme est parvenue par la grâce au centre d’elle-même, 7e demeure, pour habiter dans son propre centre et y rencontrer Dieu qui est là, Dieu-Trinité. Cette grâce contenait un grand nombre de dons en germe et la contemplation parfaite s’unit à la sainteté de vie.
 
On distinguera trois causes : d’où ça vient (le mariage spirituel) ? qu’est-ce qui arrive (l’union transformante, cours n°55) ? le pourquoi ? (l’apostolat parfait n°56).
 
Le mariage spirituel
 
Pour Ste Thérèse, ce mariage comporte 4 aspects :
- 1) Une vision imaginative inaugurale montrant une main du Christ traversée par un clou que Ste Thérèse se devait de retirer, un clou de souffrance gage du mariage ; « désormais, lui dit Jésus, comme une épouse, tu t’occuperas du soin de ma maison », ces paroles renforçant alors la vision. En fait cette vision n’est ni essentielle ni nécessaire au mariage spirituel même si elle a une très grande valeur pour Thérèse, signe de son entrée dans un état nouveau, mais elle a aussi pour nous valeur de symbole.
 
- 2) Une union nouvelle, complète, définitive et transformante issue de la piétié de l’âme qui l’a tant désirée. Thérèse avait déjà eu une extase tout au début (cf cours n°2) qui lui faisait croire qu’elle était partie pour le ciel, mais elle était toujours vivante, et donc elle pensait qu’au final c’était son esprit qui était monté au ciel et pas son âme.
 
Il y a donc pour Ste Thérèse une substance spirituelle qui est celle de l’âme et de l’esprit, qui n’est pas quelque chose, mais une activité de quelque chose. L’esprit est l’activité spirituelle de l’âme elle-même ; l’âme pour travailler s’appuie sur des facultés : une pour connaître (l’intelligence) et une pour saisir le bien (la volonté). Ainsi dans son extase, c’est l’activité de l’esprit qui est montée au ciel tandis que son âme est restée dans son corps. L’esprit est ravi, tiré en haut.
 
On est en 7e demeures et l’âme est désormais prête pour l’union complète, définitive et transformante. Deux natures s’unissent dans un même amour de Dieu.
 
- 3) Vision intellectuelle de la Trinité. Elle est permanente, fruit de l’union, à force d’être proche du Seigneur elle n’est pas le fruit d’une manifestation occasionnelle comme celle du cours n°45. Ce ne sont pas des images car c’est notre intelligence qui voit sous forme de certitudes des choses qui ne sont pas vraiment vues, mais plutôt sues. On sait qu’on n’est en contact avec le Père ou le Fils… et les trois personnes se communiquent à l’âme, elles lui parlent à travers des notions de connaissance de Dieu.
 
La connaturalité c’est la connaissance par le cœur telle que « le cœur a ses raisons que la raison ignore ». Cette lumière de connaturalité n’est pas étrangère à l’âme, elle s’est déjà manifestée de manière brève en 5e demeures dans l’obscurité (cours n°43). Aux fiançailles, 6e demeures, il y avait un enivrement de temps en temps. En 7e demeures, c’est une plongée définitive dans le Seigneur : la connaissance de connaturalité est parfaite et continue.
 
La lumière des 7e demeures c’est la lumière trinitaire, on voit Dieu et la Trinité. Cependant la clarté de cette connaissance-là peut varier, mais l’expérience reste et on est marqué et, quel que soit l’activité, cette lumière revient toujours et on verra que la Trinité c’est bien trois personnes distinctes.
 
Les connaissances que nous acquérons habituellement sont dans nos pensées et notre entendement (1er cercle), tandis que la connaissance en 7e demeures, c’est dans l’intelligence profonde (2e cercle). C’est tellement vrai que les grands mystiques se doivent de trouver des formules permettant d’enseigner ce qu’ils ont compris car c’est venu par leur intelligence profonde.
 
La foi présente à l’âme deux choses en même temps : la vérité divine et des formules dogmatiques. Lorsque nous récitons le credo nous passons par des formules qui restent à comprendre ; les 7e demeures voient le contenu des formules, la réalité cachée. 
 
Au cours de leurs formations, les théologiens et les catéchistes se sont formés dans les livres, les conférences, la bible… à travers des formules. Ces deux lumières, celle des formules et celles du don d’intelligence, s’entrechoquent et c’est ce choc qui a fait le drame de la nuit de l’esprit. Les fiançailles (6e demeures) viennent apporter des clartés conciliatrices, mais en 7e demeures, l’expérience d’amour découvre à l’âme l’harmonie parfaite des deux lumières, il n’y a plus de contradiction.
 
Désormais, les mystères se voient et on les voit dans les mots.
 
- 4) La paix est le fruit caractéristique de l’union qui est faite de la certitude de la possession stable de Dieu notre fin, la tranquillité de l’ordre établi. L’ordre n’est pas la paix, car la paix c’est l’assurance que l’ordre est établi de manière stable.
 
En 7e demeures, le diable ne peut pas atteindre ce centre, les tensions ne troubleront pas l’âme, les sens viennent s’abreuver à la source divine, il n’y a plus d’extase (car l’extase c’est quand arrive une grâce qu’on n’est pas capable de supporter), il n’y a plus de sécheresse, on n’est plus troublé par les actions de Dieu, on est dans la paix.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par veryoui Lun 6 Jan 2025 - 21:35

Merci infiniment pour votre travail.
Auriez-vous un récapitulatif par écrit de vos posts de résumés pour pouvoir les imprimer et les lire à tête reposée ? Un grand merci. Soyez béni pour cet immense travail. Notre ami Bruno aimait beaucoup ce fil. Un grand merci.

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Message par Alain Huger Mar 7 Jan 2025 - 10:10

Les enseignements de ce prêtre sont remarquables. C'est Bruno qui avait pris l'initiative de les faire connaître et pour mieux les assimiler j'avais décidé de saisir par écrit l'essentiel de ces contenus.

Bruno m'avait suggéré de ne pas diffuser tout d'un coup, mais de faire paraître une vidéo par semaine. Il reste 5 vidéos pour la totalité de l'exposé. Cette répartition dans le temps devait avoir pour effet de permettre à ceux qui suivraient de poser leurs questions au fur et à mesure. Au final il y a eu très peu de réaction en dehors de plusieurs encouragements venant du Père Nathan et du vôtre, qui furent les bienvenus et qui m'encouragèrent à poursuivre cette tâche malgré le silence apparent. Soyez-en remercié.

Cela déboucha sur un texte de 105 pages que je peux effectivement vous faire parvenir. Envoyez-moi votre adresse mail en MP et je vous le transmettrai.

Alain Huger
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Message par François Bernon Mer 8 Jan 2025 - 16:54

À la suite de Veryoui, je vous remercie pour tous ces résumés que vous avez partagés sur le forum . Peut-être aurais-je du me
manifester plus tôt , je m’en excuse.
Comme Veryoui, j’avais en tête qu’une « compilation » de toutes vos notes pourrait être proposée.

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Message par Alain Huger Mer 8 Jan 2025 - 17:05

Je vous fait la même proposition qu'à Veryoui. Envoyez-moi en MP votre adresse mail et je vous ferai parvenir ce document.

Alain Huger
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Message par Alain Huger Dim 12 Jan 2025 - 14:09



Vidéo 54 B et 55 A - Mariage spirituel- 2 et union transformante- 1


Nous sommes en pleine 7e demeures, le mariage spirituel, dont nous en avons fait la description le précédent cours. Ste Thérèse nous présentait le mariage spirituel selon quatre grandes phases particulières, quatre phénomènes : 1- une vision imaginative inaugurale non indispensable ; 2- une union nouvelle définitive, complète et transformante ; 3 - une vision de la Très Sainte Trinité, où les âmes avancées vivent dans la pensée trinitaire recevant une lumière de compréhention ; 4- la paix, fruit de l’union spirituelle.
 
Maintenant nous voyons un autre point de vue, le développement de cette grâce. Il faut bien se dire qu’en cette demeure comme dans les autres demeures, il y a bien des cas différents, tout le monde n’est pas pareil. Arrivée en cette étape Ste Thérèse a vécu encore 10 ans, 10 ans de progrès magnifiques dont on va essayer de dire en quoi ils consistent.
 
Développement de la grâce du mariage spirituel
 
C’est un état stable qui est étudié par St Jean de la Croix dans Cantique spirituel dans lequel l’amour transforme l’âme dans un mouvement incessant. La force de l’amour divin est au service de la sagesse (cours n°22), elle obéit aux lois de la sagesse, elle est guidée par la sagesse et en deux temps, l’amour monte vers Dieu puis redescend pour réaliser les desseins de Dieu.
 
L’amour chez les saints monte à la rencontre de Dieu, c’est la sanctification qui se poursuit et dans le mariage spirituel on a le temps de vivre Dieu, de comprendre des choses en lui, de cette connaissance qu’il a de lui-même et ainsi on va faire quatre grandes découvertes.
 
- La première, c’est le « brasier d’où découle l’amour », expression qui vient de Vive flamme de St Jean de la Croix, c’est-à-dire que si on aime tant Dieu c’est qu’il a allumé une flamme dans notre cœur et cette flamme c’est le Saint-Esprit. Cette flamme a consumé tous les obstacles et c’est elle qui brisera le dernier voile qui nous cache le Seigneur.
 
- La deuxième découverte ce sera les trois personnes de la Très Sainte Trinité, la touche qui a fait la brûlure et la main du Père qui a fait la touche. La vie spirituelle dans la réalité on va la vivre à l’envers, les grâces descendent du Père vers nous puis ensuite on va tout remonter. Le Père engendre le Fils qui, ensemble, nous envoie le Saint-Esprit, lequel met en nous l’amour qui brûle notre cœur. Quand on est touché, c’est par le verbe, quand on est brûlé c’est par le Saint-Esprit et pendant des mois on va en vivre de telle sorte qu’on y pense tout le temps.
 
- La troisième c’est la découverte que la sanctification vient des trois personnes ensemble ne formant qu’un seul principe d’action selon la nature unique divine. Même s’il y a trois personnes ça fait une seule opération unique. Cela est enseigné par la théologie mais ceux qui en sont là vont l’expérimenter.
 
Ainsi, par exemple, la justice et la miséricorde, c’est le même Dieu et même selon la petite Thérèse, c’est la même chose et c’est pourquoi elle n’avait pas peur de Dieu. L’action performante de la grâce nous dit St Jean de la Croix, opère dans les âmes malgré trois grands obstacles : 1- le directeur spirituel qui ne connait pas ces états, 2- le démon, et en 3- l’âme elle-même quand elle se débat empêchant l’esprit de la travailler.
 
- La quatrième découverte c’est la manifestation du Verbe époux, il habite l’âme. On le savait, ça nous avait été dit, mais là on l’expérimente, on se sait habité par Dieu. Le Verbe s’éveille dans l’âme et c’est une aspiration mutuelle entre le Verbe de Dieu et l’âme épouse.
 
Le Saint-Esprit informe l’âme en faisant à notre âme ce que notre âme fait pour notre corps. Notre âme c’est le principe formel de notre être, l’un des deux principes que nous avons nous les humains, le second étant un principe matériel, notre corps. Informer signifie que c’est notre âme qui nous donne le fait d’être humain et elle est la forme de notre corps. C’est Léon XIII qui dira que le Saint-Esprit c’est la forme de notre âme pour qu’elle produise en Dieu la même aspiration d’amour que le Père produit dans le Fils et le Fils dans le Père. L’âme est ainsi capable d’être aspirée par Dieu comme le Père et le Fils s’aspirent l’un l’autre.
 
Union transformante– 1
 
Seconde phase de la même chose. Nous avons vu que le triomphe de la sagesse d’amour comporte trois choses : 1- un effet de lumière et c’est les fiançailles (cours n°53) ; -2 un effet d’amour et de transformation ; - enfin un 3e effet, l’apostolat parfait de la vie profonde.
 
Préliminaires nécessaires
 
Il convient de ne pas confondre mariage spirituel et union transformante qui sont deux aspects d’une même réalité intérieure, sommet de la vie spirituelle, la sainteté. Tout comme sur terre, les époux une fois unis doivent se transformer suffisamment pour vivre sans trop de choc : le mariage spirituel c’est le cadre et l’union transformante c’est le remplissage du cadre.
 
On regarde ce qui nous arrive dans le mariage spirituel, c’est le côté phénoménal : que nous arrive-t-il lorsque l’on entre dans l’état de perfection : les manifestations de faveur et de lumière contemplative. L’union transformante que l’on aborde maintenant, c’est l’état lui-même.
 
Il y a un risque à juger de la grandeur des saints à la partie extraordinaire des événements surnaturels constatés. On est beaucoup plus enclin à être attiré par la grande Thérèse qu’à la façon de la petite Thérèse. Le problème c’est de viser la bonne sainteté.
 
C’est pourquoi il faut écarter d’emblée les grâces charismatiques qu’il ne faut pas confondre avec les charismes qui sont des habitus (des principes d’action) que l’on exerce soi-même (enseignement, prophéties, guérison…) tandis que les grâces éponymes, c’est ce qu’on a appelé dans le cours n°45 les faveurs extraordinaires (visons, extases…), des choses qui nous arrivent et qui sont passagères.
 
Ces grâces charismatiques ne sont ni nécessaires ni utiles à notre sanctification. Si on en a, il ne faut pas qu’elles deviennent un obstacle à notre accomplissement, si on n’en a pas, ça ne nuira pas à notre sanctification.
 
St Alphonse de Liguori dans son ouvrage La pratique d’amour envers Jésus-Christ dit que la sainteté ne consiste pas à faire des miracles, à avoir des apparitions, des expériences et faire des actions extraordinaires, mais à faire la volonté de Dieu. Il parlait ainsi aussi simplement que parlera la petite Thérèse.
 
Les grâces charismatiques, si le Seigneur estime vous en donner, préparent à une mission pour faire quelque chose dans l’Église, mais ne sont pas le fruit spécifique de l’union, elles ne prouvent pas que vous êtes rendu à l’union et ne sont pas non plus une preuve de sainteté.
 
Les fruits de l’union transformante ce sont des lumières contemplatives et ce n’est pas une vision. Quand on contemple, on comprend, mais on ne voit rien ; on peut aussi avoir une vision et ne rien contempler. Ces lumières procèdent de la connaturalité d’amour (cours n°44) : à force de nous unir au Seigneur l’amour nous éclaire. C’est parce que l’on a été touché par Dieu qu’on le connait.
 
St Jean de la Croix dira facilement : « j’ai eu une touche, j’ai eu une grâce d’union ». Cependant, ces lumières sont une connaissance qui reste obscure : on n’a rien vu, mais on a su qu’on était avec le Seigneur.
 
Ces lumières contemplatives prennent des formes variées selon les personnes, ça s’adapte au tempérament. St Jean de la Croix, qui connait les choses par le cœur, les explicite en poète et en théologien, la petite Thérèse ne cherchait pas à savoir alors que son ouvrage histoire d’une âme montre qu’elle avait une très grande connaissance de Dieu. De même le saint curé d’Ars montrait à travers sa pratique, notamment celle de la confession qu’il pratiquait 17h00 par jour, qu’il vivait dans la lumière de Dieu.
 
Ces lumières sont souverainement utiles étant un moyen ordonné au développement, un jaillissement de contact avec les réalités surnaturelles, le surnaturel nous a touchés. On finit par participer à la connaissance comme Dieu à la connaissance de lui-même. Cette connaissance se déploie en deux sciences : la science du matin en Dieu, c’est lorsque qu’il se regarde lui-même en son Fils comme son miroir, et Dieu peut nous donner de vivre dans le Verbe qui est notre grâce de contemplation ; la science du soir c’est quand Dieu se regarde dans la créature qu’il a faite « et il vit que cela était très beau » (Gn 1, 31). Dieu peut prêter cette connaissance aux saints, ce qui leur permet de voir la main du Seigneur dans bien des choses.
 
Ces lumières ont une valeur de synthèse et d’apostolat : parler dans l’amour (en même temps qu’on jouit de l’amour) c’est parler de l’amour et parler de l’amour c’est parler pour l’amour. Ces lumières dont nous parlons créent en nous le désir d’entrer plus avant dans les profondeurs de la sagesse. Toute lumière ici-bas doit se tourner à aimer et concoure à embraser le foyer de l’amour. 
 
Cependant ces lumières n’aboutissent pas à la vision face à face, on n’est pas encore au ciel et elles ne disparaitront pas pour y faire place. La lumière de gloire, la vision de Dieu, ne vient pas de l’éclairage mystique gagné sur la terre, mais elle jaillit de l’amour et sa puissance est celle du degré d’amour qui l’engendre et que nous aurons quand nous paraitrons devant Dieu, c’est l’amour gagné sur la terre, sans nuire au voisin.

La chose transcendante entre toute n'est donc pas cette lumière contemplative si grande soit-elle, mais c'est l'amour, la charité, comme le dit St Paul.

(fin des notes)

Alain Huger
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Message par Alain Huger Sam 18 Jan 2025 - 16:55



Vidéo 55 B - Union transformante-2


Union transformante, 7e demeures, c’est l’union parfaite avec le Seigneur.
 
Le mariage spirituel c’est le côté phénoménal, l’union transformante c’est le côté de l’état nouveau dans lequel on entre, les deux faces d’une même réalité.
 
La vie spirituelle ce n’est pas un ensemble de choses extraordinaires car plus on s’approche du Seigneur et plus c’est simple.
 
L’union transformante est une union surnaturelle réalisée par la grâce sanctifiante qui consiste essentiellement dans l’union parfaite de deux volontés, celle de Dieu et celle de l’âme ; c’est ça la sainteté. Dans la pratique de l’amour envers Jésus-Christ, saint Alphonse de Liguori dit que : « toute la sainteté consiste à aimer Jésus-Christ » et la perfection de cette sainteté consiste à faire en tout et partout la volonté de Dieu comme Jésus-Christ l’a faite. Quand la volonté est conforme à celle de Dieu, l’âme est totalement unie et transformée en Dieu et c’est l’union transformante.
 
La conformité parfaite se juge par les faits, elle est l’effet essentiel de l’union transformante et le signe pratique de test. L’effet de l’union c’est la conformité qui produit l’union parfaite qui sera donnée par la pureté, le dégagement de tout ce qui n’est pas Dieu. Ainsi la pureté donne l’union parfaite, l’union parfaite va donner un signe qui est la conformité à la volonté de Dieu.
 
C’est pourquoi tout le traité de St Jean de la Croix, la Montée du Carmel, c’est un traité de purification, de dégagement que l’on vit progressivement à travers le parcours dans les sept demeures. On se transforme pour autant qu’on enlève ce qui n’est pas d’accord avec Dieu, ascèse décrite par St Jean de la Croix.
 
Le sentiment comme quoi on est totalement en paix et qui nous laisserait croire que nous sommes dans l’union transformante est concevable théoriquement mais non en pratique car de nouvelles exigences de Dieu peuvent surgir, ou pourraient surgir mettant à mal notre paix.
 
Il faut donc chercher d’autres critères positifs qui sont au nombre de trois et qui font que si on les trouve ensemble, en plus du critère de la conformité énoncé ci-dessus, on pourra dire qu’on a là le portrait d’un vrai saint : -1) plénitude transformante de la grâce ; -2) présence de l’Esprit-Saint ; -3) identification au Christ-Jésus.
 
On retrouvera dans ce qui suit pas mal de choses qui ont déjà été dites dans le cours n°1.
 
1°) Plénitude transformante de la grâce
 
Au cours du temps il y a eu une régénération complète de l’âme qui s’est faite à l’image de l’enseignement du Christ à Nicodème qui devait « renaître d’en haut pour avoir part au Royaume de Dieu ».  
Dieu a rendu l’âme toute divine par participation : on n’est pas devenu le Bon-Dieu, on n’est pas devenu un morceau du Bon-Dieu, on est devenu tout le Bon-Dieu par participation, c’est le triomphe de la grâce sanctifiante.
 
La grâce de notre baptême est une participation réelle à la vie divine qui établit son règne dans la substance de l’âme, au centre de l’âme, comme une qualité entitative, qualité de l’être, un plus d’être à comparer à une qualité opérative qui est une qualité qui concerne ce que l’on fait, son agir. Tout part ainsi du centre pour saisir l’intelligence et la volonté puis pour se propager dans les sens et s’emparer de tout l’être, alors tout sera sanctifié ; c’est cela la grâce sanctifiante.
 
Le caractère de cette grâce qui vient du centre c’est de tout attirer au centre ; graduellement l’âme et les facultés se laissent envahir cédant à cette puissance divine qui impose ses propriétés sans être détruites, les facultés n’étant pas détruites et restant libres mais devenant Dieu par participation. C’est ainsi que la grâce nous divinise.
 
La transformation se fait par l’union des deux natures car si la grâce transforme c’est pour unir. Elle transforme ce qui n’est pas Dieu en ce qui est Dieu. Ainsi les saints sont-ils transformés de telle sorte qu’ils finissent par agir comme le Christ.
 
Cette grâce est une grâce d’amour et la propriété de l’amour c’est d’unir et d’établir une communication étroite entre les êtres aimés et réaliser une compénétration laquelle rencontre ici-bas la limite imposée par nos corps, mais chez les êtres spirituels, il n’y a pas de limite. Cette compénétration est à l’image de la compénétration de l’air et de la lumière dans une pièce, on ne voit pas de limite entre les deux cependant, tant qu’on n’est pas totalement en phase avec le Seigneur, il ne peut pas en être ainsi : s’il reste des coins de notre être que nous n’avons pas cédés au Seigneur, il ne pourra pas l’habiter. 
 
Dieu est en nous, la grâce est en notre âme, mais la grâce, qui est une création, ce n’est pas Dieu, c’est le chef d’œuvre de Dieu. Elle est supérieure même à la Vierge Marie car Marie est pleine de grâce, c’est donc la grâce qui a fait ce qu’elle est : la beauté de Marie est dans la grâce sanctifiante qui réside en elle et c’est la même grâce sanctifiante, certes à des degrés inférieurs, qui est en nous.
 
Ainsi Dieu peut-il sans se morceler lui-même nous faire participer à sa vie divine et nous faire vivre ce qu’il vit lui-même et notre degré de participation est propre à chacun. Cette participation par l’union transformante est devenue alors complète.
 
Aux 7e demeures cette participation est devenue stable. Dans le Cantique spirituel n°27, St Jean de la Croix dit que cette stabilité est assurée par la « confirmation en grâce », d’autres disent que c’est assuré par le don mutuel que se font Dieu et l’âme ; comme on s’est donné totalement à Dieu et que Dieu s’est donné à nous, c’est comme une confirmation en grâce. Cette stabilité est symbolisée par le mariage qui est une union indissoluble dans le don mutuel des personnes, d’où l’expression de mariage mystique. Telle la goutte d’eau tombée dans l’océan et qui participe ainsi à toute la vie de l’océan, l’âme unie à Dieu, qui n’est presque rien, participe aussi à toute la vie en Dieu comme les saints.
 
Cette union présente des états différents : 1) un état habituel, un fonds de grâce car dans l’union transformante on vit dedans du matin au soir et du soir au matin ; 2) une actualisation, provoquée par des points forts, des scintillements plus grands de la grâce dans l’âme. Quelques exemples : la vision intellectuelle de la Sainte Trinité, qui en générale est confuse, s’actualisera et deviendra plus brillante ; les réveils du Verbe au sein de l’âme…
 
Mais stabilité ne veut pas dire uniformité, l’Esprit-Saint met en mouvement les vibrations glorieuses de sa flamme, de même que les progrès d’une âme dans l’union transformante continuent de grandir. Certains sont restés 40 ans en 7e demeures, l’âme se dilate sans cesse et l’amour s’y développe en qualité jusque dans la vie éternelle.
 
 
2°) Présence de l’Esprit-Saint
 
C’est le deuxième critère. La vie de grâce c’est une question de charité et d’union. Dieu veut nous avoir, il a donc mis en nous l’amour et on est enfant de Dieu ; pourquoi l’amour, pour unir à Dieu et la charité s’amène à l’union qui transforme et déifie. Marie, « pleine de grâce, le Seigneur est avec toi », prends-en conscience, c’est la prise de conscience de notre participation.
 
La présence du Saint-Esprit dans l’âme est encore un signe de sainteté : présence active et présence objective (cours n°1). Dieu est présent partout, il est illimité, il est partout : Dieu est présent à la création du monde, une présence de Dieu c’est une activité de Dieu. Toute l’activité de Dieu appartient à la nature divine, pas à sa personne.
 
Tout ce que l’on fait d’humain, c’est parce que nous avons la nature humaine, toute l’activité d’une personne ça dépend de sa nature. En Dieu il n’y a qu’une nature, il n’y en a pas trois, donc un seul principe d’action et donc, toute action sera faite par la nature commune des trois.
 
Les actions de Dieu, la sanctification, la création, l’ordonnance de tous les éléments créés… on les attribut à une personne divine. En effet tout par le Christ a été créé, le Père est le Créateur et l’Esprit-Saint dans le « veni creator » est aussi Créateur, mais c’est Dieu, un, qui fait tout cela.
 
Le Père est à la source de la Trinité, mais quand Dieu dit « que la lumière soit », la parole c’est le Fils, donc le Fils aussi crée. Quand on dit que le Père est le Créateur on le fait par attribution parce que ça lui va bien, mais ce sont les trois personnes qui créent. La spiration active c’est le Père et le Fils qui s’embrassent et la spiration passive c’est le fruit, l’Esprit qui en résulte. De la même manière nous attribuons au Saint-Esprit l’œuvre de sanctification.
 
Les Apôtres donnent le Saint-Esprit en imposant les mains, ils le consultent… Aujourd’hui la foi s’étant attiédit la présence de l’Esprit-Saint est plus difficile à percevoir, mais quelques mouvements récents sont apparus fortement inspirés par le Saint-Esprit. Quant à l’union transformante vous retrouvez la présence active du Saint-Esprit dans vos âmes.
 
Présence active signifie qu’il travaille ; présence objective aussi, ce qui signifie que cette présence peut être saisie, c’est-à-dire qu’on peut prendre conscience de son travail dans nos âmes, de sa présence, ce qui se fait tout au long de la vie spirituelle par le développement de la charité.
 
Dans les 3 premières demeures, la présence de l’Esprit-Saint est peu reconnue, en 4e demeures, c’est plus fort, la présence divine se révèle à l’âme par les flots savoureux qui enchainent les facultés, particulièrement la volonté, c’est la quiétude (cours n°34). En 5e demeures, la présence divine c’est la grâce d’union en union de volonté (la petite extase). En 6e demeures, la présence divine lors des fiançailles (cours n°53) se laisse maintenant entrevoir dans une lumière extasiante qui fait que l’âme décide de tout quitter pour Dieu, Dieu est devenu son tout. Viennent ensuite les 7e demeures où l’Esprit-Saint introduit l’âme dans l’union transformante, c’est l’Esprit-Saint qui informe l’âme pour qu’elle produise en Dieu la même blessure d’amour que le Père dans le Fils et le Fils dans le Père.
 
La Saint-Esprit devient « l’âme de notre âme », c’est-à-dire que l’Esprit-Saint informe notre âme, comme notre âme informe notre corps, selon l’expression du Pape Léon XIII. C’est aussi le Saint-Esprit qui déchirera le voile pour la vision du face à face. Ainsi sous la flamme de l’Esprit-Saint il vous fait faire des actions divines comme le Père en fait dans le Fils et le Fils dans le Père.
 
Amour réciproque de l’âme et de l’Esprit Saint : ils s’aiment, se saisissent, se donnent mutuellement ce qu’ils ont reçu l’un de l’autre : l’âme aime Dieu autant qu’elle en est aimée. Dans quelle mesure Dieu règne-t-il sur l’extérieure de la vie des Saints ? En théorie Dieu règne sur toute l’âme, non seulement sur sa substance mais aussi sur ses facultés. Petite Thérèse dit que l’âme est magnétisée, « Tu m’as séduite et je me suis laissée séduire » dit le Cantique des cantiques.
 
Cependant, même chez les grands saints, on constate que même si Dieu conduit la volonté on constate des imperfections surprenantes qui peuvent avoir plusieurs raisons : la fatigue, la maladie, quelques petites misères liées au tempérament…
 
3°) Identification au Christ Jésus
 
Il existe un petit livre sur ce sujet du Père De Jaegher, un jésuite, sans doute difficile à trouver. Dernier chef d’œuvre de l’union transformante, l’identification au Christ c’est de nous transformer dans le Christ-Jésus. Aux 4e, 5e et 6e demeures l’humanité du Christ disparaît dans l’épanouissement des contacts substantiels avec la divinité, ce Jésus qui est non seulement le chemin mais aussi le terme.
 
Quand on est pris dans la nuit du sens ou dans toutes sortes de tentation puis ensuite qu’on tombe dans la nuit de l’esprit, on pense à son chemin, aux obstacles à surmonter, en espérant arriver au terme sans se rendre compte qu’on est rendu. Aux 7e demeures la flamme d’amour fait prendre conscience du Christ-Jésus.
 
L’âme ne cherche plus à se diviniser elle laisse le Christ s’incarner en elle : « que je sois pour mon Christ une humanité de surcroit qu’il vienne revivre en moi son mystère de rédemption, qu’il recommence en moi tout ce qu’il a vécu » disait Saint Élisabeth de la Trinité. C’est l’œuvre de l’Esprit de réaliser l’incarnation de la vie divine, « le Verbe s’est fait chair… ».
 
Le Saint-Esprit fait de nous des sujets à la grâce filiale nous faisant à même Jésus-Christ, fils adoptifs du Père, comme lui est Fils naturel de Dieu. La contemplation infuse nous donne la ressemblance du Verbe et dans l’Eucharistie il donne en plus la chair et le sang de son humanité, réalisant ainsi l’union de l’homme avec le Christ et l’unité de l’Église.
 
En somme, en nous c’est la vie du Christ, elle procède de lui, elle nous unit à lui, pour constituer une réalité nouvelle qui s’appelle le Christ total ; nous sommes tous ensemble le Christ total et cette réalité se manifeste dans l’union transformante. Tel Saint-Paul, « ma vie dit-il c’est le Christ, je ne veux rien savoir hors Jésus et Jésus crucifié… et tout le reste n’est rien pour moi ».
 
Ste Thérèse disait : « le Christ est devenu ma vie », et St Jean de la Croix nous parle de la connaissance expérimentale du mystère du Christ par connaturalité, prendre conscience qu’on est dans son mystère.

Nous sommes en face d’un double réalisme, divinisation de la nature humaine et incarnation de la nature divine. Dieu vient s’incarner en nous pour que nous soyons le Christ incarné au milieu de nos frères. Ainsi, comme Ste Thérèse, on peut être fier d’appartenir à la vie divine vécue en perfection.@font-face {font-family:"Cambria Math"; panose-1:2 4 5 3 5 4 6 3 2 4; mso-font-charset:0; mso-generic-font-family:roman; mso-font-pitch:variable; mso-font-signature:3 0 0 0 1 0;}@font-face {font-family:Calibri; panose-1:2 15 5 2 2 2 4 3 2 4; mso-font-charset:0; mso-generic-font-family:swiss; mso-font-pitch:variable; mso-font-signature:-536859905 -1073697537 9 0 511 0;}@font-face {font-family:Verdana; panose-1:2 11 6 4 3 5 4 4 2 4; mso-font-charset:0; mso-generic-font-family:swiss; mso-font-pitch:variable; mso-font-signature:-1593833729 1073750107 16 0 415 0;}p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal {mso-style-unhide:no; mso-style-qformat:yes; mso-style-parent:""; mso-margin-top-alt:auto; margin-right:0cm; mso-margin-bottom-alt:auto; margin-left:0cm; text-align:justify; mso-pagination:widow-orphan; font-size:9.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt; font-family:"Verdana",sans-serif; mso-fareast-font-family:Calibri; mso-fareast-theme-font:minor-latin; mso-bidi-font-family:"Courier New"; color:#333333; mso-fareast-language:EN-US;}.MsoChpDefault {mso-style-type:export-only; mso-default-props:yes; font-size:9.0pt; mso-ansi-font-size:9.0pt; mso-bidi-font-size:10.0pt; font-family:"Verdana",sans-serif; mso-ascii-font-family:Verdana; mso-fareast-font-family:Calibri; mso-fareast-theme-font:minor-latin; mso-hansi-font-family:Verdana; mso-bidi-font-family:"Courier New"; color:#333333; mso-fareast-language:EN-US;}.MsoPapDefault {mso-style-type:export-only; mso-margin-top-alt:auto; mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify;}div.WordSection1 {page:WordSection1;}

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Alain Huger
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