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Message par Invité Mar 6 Avr 2021 - 10:48

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Psaume 1 - "Les deux voies"





Psaume 1 - "Les deux voies" : Heureux l'homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des pêcheurs ne s'arrête, ni au siège des railleurs ne s'assied, mais se plaît dans la voie de Yahvé, mais murmure sa loi jour et nuit !

Les psaumes 1 et 2 sont comme la préface du Psautier dont ils résument la doctrine morale et les idées messianiques. Le psaume 1 est centré sur la relation à Dieu, il célèbre la Loi donnée aux hommes pour leur bonheur par l’écoute et la mise en pratique de sa Parole. Il est construit sur l'opposition du juste et du méchant : les deux voies sont décrites, et un symbole végétal, l'arbre pour le juste, la paille pour le méchant, est associé à chacun.


Le Psaume 1 - " Heureux est l'homme qui n'entre pas au conseil des méchants " (traduction de la Bible de Jérusalem de 1998) en français :

Ps 1, 01 : Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des pécheurs ne s’arrête, ni au siège des railleurs ne s’assied,
Ps 1, 02 : mais se plaît dans la loi de Yahvé, mais murmure sa loi jour et nuit !
Ps 1, 03 :  Il est comme un arbre planté près des ruisseaux ; qui donne son fruit en la saison et jamais son feuillage ne sèche ; tout ce qu’il fait réussit :
Ps 1, 04 : pour les impies rien de tel ! Mais ils sont comme la bale qu’emporte le vent.
Ps 1, 05 : Ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement, ni les pécheurs, à l’assemblée des justes.
Ps 1, 06 : Car Yahvé connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Le Psaume 1 en latin : "Beatus vir"

Ps 1, 1 : Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum et in via peccatorum non stetit in cathedra derisorum non sedit
Ps 1, 2 : sed in lege Domini voluntas eius et in lege eius meditabitur die ac nocte
Ps 1, 3 : et erit tamquam lignum transplantatum iuxta rivulos aquarum quod fructum suum dabit in tempore suo et folium eius non defluet et omne quod fecerit prosperabitur
Ps 1, 4 : non sic impii sed tamquam pulvis quem proicit ventus
Ps 1, 5 : propterea non resurgent impii in iudicio neque peccatores in congregatione iustorum
Ps 1, 6 : quoniam novit Dominus viam iustorum et iter impiorum peribit

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Ambroise de Milan (340-397)

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Commentaire de Saint Ambroise sur le Psaume 1 : « Puissance poétique et prophétique des psaumes »

Bien que toute la sainte Écriture exhale la grâce, c'est surtout vrai du savoureux livre des psaumes. En effet, Moïse lui-même, qui nous a raconté en prose l'histoire des anciens, lorsqu'il a fait passer la mer Rouge à leur peuple par une merveille mémorable, voyant le roi Pharaon s'engloutir avec ses troupes, dépassa encore son génie (parce qu'il avait réalisé ce qui dépassait les forces humaines) et chanta au Seigneur un cantique triomphal. Sa sœur Marie, prenant à son tour le tambourin, excitait ses compagnes en disant : Chantons le Seigneur, il s'est couvert de gloire ; le cheval et le guerrier, il les a jetés à la mer.

L'histoire éduque, la loi enseigne, la prophétie annonce, la réprimande châtie, la morale persuade : dans le livre des psaumes, on trouve l'avancement de tous et comme un remède pour la santé du genre humain. Il suffit de les lire pour avoir de quoi guérir les blessures de sa souffrance par un remède approprié. Il suffit de vouloir les considérer pour découvrir, comme dans un gymnase ouvert à toutes les âmes et comme dans un stade consacré à l'exercice des vertus, les différents genres de combats qui nous attendent ; et l'on peut y choisir celui auquel on se juge le plus apte et par lequel on remportera plus facilement la couronne.

Si quelqu'un cherche à récapituler l'histoire des anciens et veut en suivre les exemples, il possède, résumé dans un seul psaume, tout l'enchaînement de cette histoire, afin de garder ce trésor dans sa mémoire grâce au résumé fourni par cette lecture. Si quelqu'un veut découvrir la force de la loi, qui réside tout entière dans ce lien qu'est la charité (car celui qui aime son prochain a parfaitement accompli la loi), qu'il lise dans les psaumes avec quel amour du prochain, pour repousser l'injure faite à tout le peuple, un seul homme s'expose à de grands dangers ; il y découvrira que la gloire de l'amour n'est pas inférieure au triomphe de la bravoure.

Quant à la vigueur de la prophétie, que puis-je en dire ? Ce que d'autres ont annoncé de façon énigmatique, ne semble avoir été promis de façon publique et évidente qu'au seul David, à savoir que le Seigneur Jésus naîtrait de sa descendance, car le Seigneur lui a dit : C'est le fruit de tes entrailles que je mettrai sur ton trône. Aussi dans les psaumes ne voyons-nous pas seulement Jésus qui naît pour nous ; en outre, il y endure dans son corps cette passion qui nous sauve, il s'y endort dans la mort, il ressuscite, il monte au ciel, il s'assied à la droite du Père. Ce que personne parmi les hommes n'avait eu l'audace de dire, ce prophète est le seul à l'avoir annoncé ici ; et plus tard, c'est le Seigneur lui-même qui l'a proclamé dans l'Évangile.


Le psaume, louange de l'univers :

Qu'y a-t-il de meilleur qu'un psaume ? C'est pourquoi David dit très bien : « Louez le Seigneur, car le psaume est une bonne chose à notre Dieu, louange douce et belle ! » Et c'est vrai. Car le psaume est bénédiction prononcée par le peuple, louange de Dieu par l'assemblée, applaudissement par tous, parole dite par l'univers, voix de l'Église, mélodieuse profession de foi, complète célébration par la hiérarchie, allégresse de la liberté, exclamation de joie, tressaillement d'enthousiasme. Il calme la colère, éloigne les soucis, soulage la tristesse. Il nous protège pour la nuit, il nous instruit pour le jour. Il est bouclier des craintifs, fête des hommes religieux, rayon de tranquillité, gage de paix et de concorde. Comme une cithare, il réunit en un seul chant des voix diverses et inégales. Le lever du jour répercute le psaume, et son déclin en résonne encore.

Dans le psaume, enseignement et agrément rivalisent ; on le chante pour se réjouir et en même temps on l'apprend pour s'instruire. Lorsque tu lis les psaumes, que de richesses tu rencontres ! Lorsque je lis dans les psaumes : « Cantique pour le bien-aimé » , je suis embrasé par un désir d'amour divin. Chez eux, je trouve rassemblés la grâce des révélations, les prophéties de la résurrection, le trésor des promesses. Chez eux, j'apprends à éviter le péché, je désapprends la honte de faire pénitence pour mes fautes.

Qu'est-ce donc que le psaume ? C'est un instrument de musique dont joue le saint Prophète avec l'archet du Saint-Esprit et dont il fait résonner sur la terre la douceur céleste. Avec les lyres et leurs cordes, c'est-à-dire avec des restes morts, il rythme les voix différentes et inégales et dirige le cantique de louange divine vers les hauteurs du ciel. En même temps, il nous enseigne qu'il faut commencer par mourir au péché, qu'ensuite seulement il faudra exercer les œuvres des différentes vertus qui feront parvenir jusqu'au Seigneur l'agrément de notre piété.

David nous a enseigné à chanter intérieurement, à psalmodier intérieurement ; c'est ainsi que Paul lui-même chantait, puisqu'il dit : « Je prierai avec mon esprit, mais je prierai aussi avec mon intelligence, je psalmodierai avec mon esprit, mais aussi avec mon intelligence ». David nous enseigne encore à orienter notre vie et nos actions vers la perspective des biens d'en haut, de crainte que le plaisir qu'on éprouve à chanter n'excite les passions du corps, car celles-ci, bien loin de racheter notre âme, l'appesantissent. C'est ainsi que le saint Prophète David se rappelle que son âme doit psalmodier pour son rachat, lorsqu'il dit : « Je jouerai le psaume pour toi, Dieu, sur la cithare, Saint d'Israël ! Mes lèvres jubileront lorsque je chanterai pour toi, et mon âme que tu as rachetée ».



Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 1 :

L’homme céleste et l’homme terrestre. — Le premier est Jésus Christ, le second est Adam pécheur. — Jésus-Christ ayant évité les pièges dans lesquels Adam trouva la mort, aura dans l’Eglise une postérité que formeront les saints. — Adam pécheur sera le père des impies.



1. « Bienheureux l’homme qui ne s’est point laissé aller au conseil des impies (Ps. I, 1) » Cette bénédiction doit s’appliquer à Jésus-Christ Notre Seigneur, qui est l’homme divin (Rétract. XIX). « Bienheureux l’homme qui ne s’est point laissé aller au conseil des impies », comme l’Adam terrestre, qui écouta sa femme séduite par le serpent, et méprisa le précepte du Seigneur (Gen. III, 6). « Et qui ne s’est pas arrêté dans la voie des pécheurs ». A la vérité, Jésus-Christ est venu dans la voie du péché, puisqu’il est né comme les pécheurs, mais il ne s’y est pas arrêté, car il ne s’est pas épris des attraits du monde. « Et ne s’est point assis dans la chaire de pestilence ». Car il ne voulut point avoir sur la terre un trône fastueux, et voilà ce qui est justement appelé trône pestilentiel; de même en effet que l’amour de la domination, que l’appétit de la vaine gloire se glisse dans presque toute âme humaine; de même la peste est cette maladie qui se répand au loin, attaquant tous les hommes ou à peu près. Une chaire de pestilence se dirait mieux néanmoins d’une doctrine perverse, dont l’enseignement est envahissant comme la gangrène (II Tim. II, 17). Voyons ensuite la gradation de ces termes: « S’en aller, s’arrêter, s’asseoir ». L’homme s’en est allé, quand il s’est retiré de Dieu; il s’est arrêté, quand il a pris plaisir au péché; il s’est assis, quand affermi dans son orgueil, il n’a pu retourner sans avoir pour libérateur celui qui ne s’est point laissé aller au conseil de l’impie, ne s’est point arrêté dans la voie des pécheurs, ni assis dans la chaire de pestilence.

2. « Mais qui s’est complu dans la loi du Seigneur, et qui méditera cette loi jour et nuit (Ps I, 2)». La loi n’est pas établie pour le juste (I Tim. I, 9), a dit l’Apôtre. Mais être dans la loi n’est pas être sous la loi. Etre dans la loi, c’est l’accomplir; être sous la loi, c’est en recevoir l’impulsion. Dans le premier cas, c’est la liberté, dans le second, c’est l’esclavage. Autre encore est la loi écrite qui s’impose à l’esclave, et autre la loi que lit, dans son cœur, celui qui n’a pas besoin de loi écrite. « Méditer la loi jour et nuit», signifie la méditer continuellement, ou bien « le jour » s’entendra de la joie, et « la nuit», de la tribulation; car il est dit: « Abraham vit mon jour et il en tressaillit de joie (Jean, VIII, 56) »; et à propos de la tribulation, le Psalmiste a dit: « Bien avant dans la nuit, mon cœur a été dans l’angoisse (Ps. XV, 7).

3. « Il sera comme l’arbre planté près du courant des eaux », c’est-à-dire près de la Sagesse elle-même, qui a daigné s’unir à l’homme pour notre salut, afin que l’homme fût un arbre planté près du courant des eaux; car c’est ainsi qu’on peut entendre cette autre parole du Psalmiste: « Le fleuve de Dieu est rempli d’eau (Ps. LXIV, 10) ». On peut encore entendre par les eaux, l’Esprit-Saint, dont il est dit: « C’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit-Saint (Matt. III, 11) »; et cette autre: « Qu’il vienne, celui qui a soif, et qu’il boive (Jean, VII, 37) »; et encore « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te demande à boire, tu lui en aurais u demandé toi-même, et il t’aurait donné cette eau vive qui étanche pour jamais la soif de celui qui en a bu; et qui devient en lui une source d’eau jaillissante jusqu’à la vie éternelle(Id. IV, 10-14) ». Ou bien, « près du courant des eaux »signifiera près des péchés des peuples; dans l’Apocalypse, en effet, les eaux désignent les peuples (Apoc. XVII, 15), et le courant se dirait de la chute qui est le propre du péché. Cet arbre donc, c’est Notre Seigneur, qui prend les eaux courantes, ou les peuples pécheurs, et se les assimile par les racines de son enseignement; » il « donnera du fruit », c’est-à-dire établira des églises, « en son temps », quand il aura été glorifié en ressuscitant et en montant au ciel. Ayant alors envoyé l’Esprit-Saint aux Apôtres, qu’il confirma dans la confiance en lui-même, et dispersa parmi les peuples, il recueillit pour fruits les églises. « Et son feuillage ne tombera point », car sa parole ne sera point inutile: « Toute chair, en effet; n’est qu’une herbe, toute beauté de l’homme est comme la fleur des champs; l’herbe s’est fanée, la fleur est tombée, mais la parole de Dieu demeure éternellement (Isa. XI, 6-8.) ». « Et tout ce qu’il établira, sera dans la prospérité », c’est-à-dire tout ce que portera cet arbre; car cette généralité embrasse les fruits et les feuilles, ou les actes et les paroles.

4. « Il n’en est pas ainsi de l’impie, vaine poussière que le vent soulève de la surface de la terre (Ps. I, 4) ». Terre se dit ici de la permanence qui est le propre de Dieu, et dont il est écrit: « Le Seigneur est la part de mon héritage, et cet héritage m’est glorieux (Id. XV, 7) ». Et ailleurs: « Attends le Seigneur, garde ses voies, et il t’élèvera jusqu’à te mettre en possession de la terre (Id. XXXVI, 34)»; et encore: « Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre (Matt. V, 4) ». Voici, en effet, le point de comparaison: c’est que la terre invisible sera pour l’homme intérieur ce qu’est pour l’homme extérieur cette terre visible qui lui donne l’aliment et l’espace. C’est de la surface de cette terre invisible que le vent ou l’orgueil qui enfle (I Cor. VIII, 1), chassera l’impie. Mais celui qui s’enivre de l’abondance qui règne en la maison de Dieu, qui s’abreuve au torrent de ses voluptés, se prémunit contre l’orgueil et dit: « Loin de moi le pied de l’orgueilleux (Ps. XXXV, 9, 12». De cette terre encore l’orgueil a banni celui qui disait: « Je placerai mon trône vers l’Aquilon, je serai semblable au Très-Haut (Isa. XIV, 13, 14) ». Enfin, de cette terre l’orgueil a expulsé celui qui osa goûter du fruit défendu, afin de devenir semblable à Dieu, et voulut se dérober à la présence du Seigneur (Gen. III, 6-8.). Voici des paroles de l’Ecriture qui nous font bien comprendre que cette terre est l’apanage de l’homme intérieur, et que l’orgueil en a expulsé l’homme du péché: « De quoi t’enorgueillir, cendre et poussière ? Pendant ta vie, tu as rejeté loin de toi ton intérieur (Eccli. X, 9, 10)»; d’où l’on peut dire avec raison que s’il est rejeté, c’est par lui-même.

5. « Aussi, l’impie ne doit-il point ressusciter pour le jugement (Ps. I, 5)», puisqu’il est balayé de la terre comme une vaine poussière. C’est avec justice que le Psalmiste dit ici que l’orgueilleux sera frustré de ce qu’il ambitionne, ou du pouvoir de juger: aussi nous fait-il mieux comprendre cette parole dans la phrase suivante: « Ni le pécheur dans l’assemblée des justes ». Il est d’ordinaire, dans l’Ecriture, que la seconde partie du verset explique la première, en sorte que « par l’impie » on doit entendre le pécheur, et par « le jugement », l’assemblée des justes. Ou du moins, s’il y a entre l’impie et le pécheur cette différence que tout impie soit pécheur, quoique tout pécheur ne soit pas toujours impie, « l’impie ne ressuscitera point pour le jugement », c’est-à-dire qu’il ressuscitera, sans aucun doute, mais non pour être jugé, car il est déjà condamné à des peines indubitables. « Mais le pécheur ne se relèvera point dans l’assemblée des justes », ou pour juger, mais bien pour être jugé, comme il est dit de lui: « Le feu doit éprouver l’œuvre de chacun: celui dont l’ouvrage pourra résister, en recevra la récompense; celui dont l’ouvrage sera consumé en subira la peine; lui cependant sera « sauvé, mais comme par le feu (I Cor. III, 13-15) ».

6. « Le Seigneur, en effet, connaît la voie des justes (Ps. I, 6) ». Comme on dit: « La médecine connaît la guérison, mais non la maladie », et toutefois la maladie elle-même est connue par l’art médical; on peut dire dans le même sens que Dieu connaît la race des justes, et non la race des impies; non pas que Dieu ignore quelque chose, bien qu’il dise aux pécheurs: «Je ne vous connais-point (Matt. VII, 23) ». « Mais la voie de l’impie doit périr», se dit dans le même sens que si on lisait: Le Seigneur ne connaît point la voie de l’impie. Mais nous voyons clairement par là que celui qui est ignoré de Dieu doit mourir, comme celui qui en est connu doit subsister. En Dieu, être connu, c’est être; être ignoré, c’est n’être pas. Il a dit en effet: «Je suis celui qui suis», et « Celui qui est, m’a envoyé (Exod. III, 14) ».



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Message par Invité Mer 7 Avr 2021 - 10:46

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Psaume 2 - "Le drame messianique"





Psaume 2 - "Le drame messianique" : Pourquoi ces nations qui remuent, ces peuples qui murmurent en vain ?

Le psaume 2 est une révélation concernant la nature de la royauté en Israël avec un message clair : cette royauté est défendue par le Dieu vivant :

- Les verset 1-3 décrivent la rébellion des rois locaux contre le nouveau roi.
- Les verset 4-9 décrivent l’action de Dieu qui défend son autorité royale.
- Les verset 10-12 évoquent la punition des méchants et la récompense des bons : le psalmiste veut dire aux autres rois qu’ils doivent reconnaître la souveraineté de Dieu.



Le Psaume 2 « Le drame messianique » en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 2, 1 : Pourquoi ces nations qui remuent, ces peuples qui murmurent en vain ?
Ps 2, 2 : Des rois de la terre s'insurgent, des princes conspirent contre Yahvé et contre son Messie :
Ps 2, 3 : "Faisons sauter leurs entraves, débarrassons-nous de leurs liens ! "
Ps 2, 4 : Celui qui siège dans les cieux s'en amuse, Yahvé les tourne en dérision.
Ps 2, 5 : Puis dans sa colère il leur parle, dans sa fureur il les épouvante :
Ps 2, 6 : "C'est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte."
Ps 2, 7 : J'énoncerai le décret de Yahvé : Il m'a dit : "Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.
Ps 2, 8 : Demande, et je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre ;
Ps 2, 9 : tu les briseras avec un sceptre de fer, comme vases de potier tu les casseras."
Ps 2, 10 : Et maintenant, rois, comprenez, corrigez-vous, juges de la terre !
Ps 2, 11 : Servez Yahvé avec crainte,
Ps 2, 12 : baisez ses pieds avec tremblement ; qu'il se fâche, vous vous perdez en chemin : d'un coup flambe sa colère. Heureux qui s'abrite en lui !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Le Psaume 2 en latin « Quare fremuerunt »

Ps 2, 1 : psalmus David quare fremuerunt gentes et populi meditati sunt inania
Ps 2, 2 : adstiterunt reges terrae et principes convenerunt in unum adversus Dominum et adversus christum eius diapsalma
Ps 2, 3 : disrumpamus vincula eorum et proiciamus a nobis iugum ipsorum
Ps 2, 4 : qui habitat in caelis inridebit eos et Dominus subsannabit eos
Ps 2, 5 : tunc loquetur ad eos in ira sua et in furore suo conturbabit eos
Ps 2, 6 : ego autem constitutus sum rex ab eo super Sion montem sanctum eius praedicans praeceptum eius
Ps 2, 7 : Dominus dixit ad me filius meus es tu ego hodie genui te
Ps 2, 8 : postula a me et dabo tibi gentes hereditatem tuam et possessionem tuam terminos terrae
Ps 2, 9 : reges eos in virga ferrea tamquam vas figuli confringes eos
Ps 2, 10 : et nunc reges intellegite erudimini qui iudicatis terram
Ps 2, 11 : servite Domino in timore et exultate ei in tremore
Ps 2, 12 : adprehendite disciplinam nequando irascatur Dominus et pereatis de via iusta
Ps 2, 13 : cum exarserit in brevi ira eius beati omnes qui confidunt in eo.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 2 : « l’Église et Ses persécuteurs »  :

Les méchants veulent secouer le joug de Dieu et de son Christ; mais il a établi, ce Christ chef de sou royaume ou de l’Eglise qui s’étendra partout. Comprenez cette puissance, et faites-vous de la foi un abri contre ses vengeances.



1. « A quoi bon ce frémissement des nations, et ces vaines machinations des peuples ? Les rois de la terre se sont levés, les princes ont formé des ligues contre le Seigneur et contre son Christ (Ps. II, 1-2) ». Le psalmiste dit : « A quoi bon », comme il dirait : C’est en vain ; car ces ligueurs n’ont pas atteint le but qu’ils se proposaient, l’extinction du Christ : c’est la prédiction des persécuteurs de Jésus dont il est fait mention dans les Actes des Apôtres (Act. IV, 26).

2. « Brisons leurs liens, et rejetons leur joug loin de nous (Ps. II, 3) ». Bien que ces paroles soient susceptibles d’un autre sens, il est mieux de les appliquer à ceux dont le Prophète a dit qu’ils machinaient en vain ; en sorte que « brisons leurs chaînes, et rejetons leur joug loin de nous », signifie : appliquons-nous à éluder les devoirs et à rejeter le fardeau de la religion chrétienne.

3. « Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux, le Seigneur les persiflera (Ib. 4.) ». La même pensée est deux fois exprimée : car au lieu de : « Celui qui habite dans les cieux », le Psalmiste a dit : « Le Seigneur »; et « se rira », est remplacé par « persiflera ». Gardons-nous toutefois d’entendre ces expressions d’une manière humaine, comme si Dieu plissait des lèvres pour rire, et des narines pour se moquer. Il faut entendre par là, le pouvoir qu’il donne à ses élus de lire dans l’avenir, d’y voir le nom du Christ se transmettant jusqu’aux derniers humains, s’emparant de tous les peuples, et de comprendre ainsi combien sont vaines les trames des méchants. Ce pouvoir qui leur découvre cet avenir, c’est la moquerie et le persiflage de Dieu. « Celui qui habite les cieux se rira d’eux ». Si, par les cieux, nous comprenons les âmes saintes, c’est en elles que le Seigneur connaissant ce qui doit arriver, se rit des vains complots et tourne en dérision.

4. « Alors il leur parlera dans sa colère, et les confondra dans sa fureur (Ps. II, 5) ». Pour nous mieux préciser l’effet de cette parole, David a dit : « Il les confondra » ; en sorte que « la colère » de Dieu est identique « à sa fureur ». Mais cette colère et cette fureur du Seigneur Dieu, ne doit pas s’entendre d’une perturbation de l’âme ; c’est le cri puissant de la justice dans toute créature, soumise à Dieu pour le servir. Car il faut bien nous rappeler et croire ce qu’a écrit Salomon : « Pour toi, ô Dieu de force, tu es calme dans tes jugements, et tu nous gouvernes avec une sorte (124) de respect (Sag. XII, 18) ». En Dieu donc, la colère est ce mouvement qui se produit dans une âme connaissant la loi de Dieu, quand elle voit cette même loi violée par le pécheur; elle est cette indignation des âmes justes qui flétrit par avance bien des crimes. Cette colère de Dieu pourrait fort bien se dire encore des ténèbres de l’esprit qui envahissent tout infracteur de la loi de Dieu.

5. « Moi, je suis établi par lui, pour régner en Sion, sur la montagne sainte, pour prêcher sa loi (Ps. II, 6) ». Ces paroles s’appliquent évidemment à Notre Seigneur Jésus-Christ. Si, pour nous, comme pour beaucoup d’autres, Sion veut dire contemplation, nous ne pouvons mieux l’entendre que de l’Eglise, dont l’âme s’élève chaque jour pour contempler en Dieu ses splendeurs, selon ce mot de l’Apôtre: « Nous verrons à découvert la gloire du Seigneur (II Cor. III, 18) »; voici donc le sens : « Moi, je suis établi par lui pour régner sur la sainte Eglise », appelée ici montagne à cause de sa hauteur et de sa solidité. « C’est moi qu’il a établi roi » : moi, dont les impies cherchaient à briser les chaînes et à secouer le joug. « Pour prêcher sa loi »: qui ne comprendrait cette expression, en voyant la pratique de chaque jour ?

6. « Le Seigneur m’a dit : Tu es-mon Fils ; je t’ai engendré aujourd’hui (Ps. II, 7) ». Dans ce jour, on pourrait voir la prophétie du jour où Jésus-Christ naquit en sa chair. Néanmoins comme « aujourd’hui » indique l’instant actuel, et que dans l’éternité, il n’y a ni un passé qui ait cessé d’être, ni un futur qui ne soit pas encore, mais seulement un présent ; car tout ce qui est éternel est toujours cette expression : « Aujourd’hui, je t’ai engendré », s’entendra dans le sens divin, selon lequel la foi éclairée et catholique professe la génération ininterrompue de la puissance et de la sagesse de Dieu, qui est son Fils unique.

7. « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage (Ib. 8.) ». Ceci n’est plus éternel, et s’adresse au Verbe fait homme, qui s’est offert en sacrifice, à la place de tous les sacrifices, « qui intercède encore pour nous (Rom. VIII, 34) » ; en sorte que c’est à Jésus-Christ, dans l’économie temporelle de l’Incarnation opérée pour le genre humain, qu’est- adressée cette parole : « Demande-moi »: oui, demande que tous les peuples soient unis sous le nom chrétien, afin qu’ils soient rachetés de la mort, et deviennent la possession de Dieu. « Je te donnerai les nations en héritage », afin que tu les possèdes pour leur salut, et qu’elles te produisent des fruits spirituels. « Et ta possession s’étendra jusqu’aux confins de la terre ». C’est la même pensée répétée. « Les confins de la terre » sont mis ici pour les nations, mais dans un sens plus clair, afin que nous comprenions toutes les nations : le Psalmiste a dit « possession » au lieu de « héritage ».

8. « Tu les gouverneras avec un sceptre de fer », dans l’inflexible justice. « Tu les briseras comme un vase d’argile (Ps. II, 9) », c’est-à-dire tu briseras en eux les passions terrestres, les immondes soucis du vieil homme, et tout ce qu’il a puisé, pour se l’inculquer, dans la fange du péché. « Et maintenant, ô rois, comprenez » (Ib. 10) ». « Maintenant », c’est-à-dire, quand vous aurez une vie nouvelle, ayant brisé cette enveloppe de boue, ces vases charnels de l’erreur, qui sont l’apanage de la vie passée, oui, « alors comprenez, vous qui êtes rois », puisque vous pouvez d’une part diriger tout ce qu’il y a chez vous de servil et d’animal, et d’autre part combattre, non comme frappant l’air, mais châtiant vos corps et les réduisant en servitude (I Cor., IX, 26, 27). « Instruisez-vous, vous tous qui jugez la terre ». C’est une répétition. « Instruisez-vous » est mis pour « comprenez »; et, « vous qui jugez la terre », pour « vous qui êtes rois ». Le Prophète veut dire que l’homme spirituel doit juger la terre ; car ce que nous jugerons nous est inférieur ; et tout ce qui est inférieur à l’homme spirituel, peut bien s’appeler terre, puisqu’il est meurtri par la chute terrestre.

9. « Servez le Seigneur avec crainte (Ps., II, 11) »; parole qui prévient l’orgueil que nous donnerait cette autre : « ô rois qui jugez la terre ». « Et tressaillez en lui avec tremblement ». « Tressaillez », est fort bien ici pour corriger ce qu’aurait de pénible: « Servez le Seigneur avec crainte ». Mais afin que cette jubilation n’aille point jusqu’à la témérité, le Prophète ajoute : « avec tremblement »: ce qui nous invite à garder avec soin et vigilance le principe de la sanctification. « Et maintenant comprenez, ô rois », peut encore s’entendre ainsi : Et maintenant que je suis constitué roi, ne vous en affligez point, ô rois de la terre, comme d’un empiétement sur vos privilèges ; mais plutôt instruisez-vous et comprenez qu’il vous est avantageux de vivre sous la tutelle de celui qui vous donne l’intelligence et l’instruction. L’avantage qui vous en reviendra, sera de ne point régner à l’aventure, mais de servir avec tremblement le Seigneur de tous, de vous réjouir dans l’attente d’une félicité sans mélange, vous tenant en garde et dans la circonspection contre l’orgueil qui vous en ferait déchoir.

10. « Emparez-vous de la doctrine, de peur qu’un jour le Seigneur n’entre en colère, et que vous ne perdiez la voie de la justice (Ps. II, 2) ». C’est ce qu’a déjà dit le Prophète : « Instruisez- vous et comprenez »; car s’instruire et comprendre, c’est s’emparer d’une doctrine. Cependant l’expression: « apprehendite, emparez-vous», désigne assez clairement un certain abri, un rempart contre tout ce qui pourrait arriver, si l’on apportait moins de soin à s’emparer. « De peur qu’un jour le Seigneur ne s’irrite », renferme un certain doute, non point dans la vision du prophète, qui en a la certitude, mais dans l’esprit de ceux qu’il avertit ; car ceux qui n’ont point une révélation claire de la colère n’y pensent d’ordinaire qu’avec doute. Ceux-là donc doivent se dire : « Emparons-nous de la doctrine, de peur que le Seigneur ne s’irrite, et que nous ne perdions la voie de la justice ». Déjà nous avons exposé plus haut comment « s’irrite le Seigneur (Sup. n. 4)». « Et que vous perdiez la voie de la justice ». C’est là un grand châtiment, que redoutent ceux qui ont déjà goûté les douceurs de la justice. Celui qui perd la voie de la justice, doit errer misérablement dans les voies de l’iniquité.

11. « Quand bientôt s’enflammera sa colère, bienheureux ceux qui auront mis en lui leur confiance (Ps. II, 13) ». C’est-à-dire, quand éclatera cette vengeance qui est préparée aux pécheurs et aux impies, non seulement elle épargnera ceux qui auront mis leur confiance dans le Seigneur, mais elle servira à leur établir, à leur élever un trône bien haut. Le Prophète ne dit pas : « Quand bientôt s’enflammera sa colère, ceux qui se confient en lui seront en sûreté »; comme s’ils devaient seulement échapper à la vengeance : mais il les appelle « bienheureux », ce qui exprime la somme, le comble de tous les biens. Quant à l’expression: « In brevi, bientôt », elle signifie, je crois, quelque chose de soudain, pour les pécheurs, qui ne l’attendront que dans un lointain avenir.




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Message par Invité Jeu 8 Avr 2021 - 11:40

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Psaume 3 - "Appel matinal du juste persécuté"





Psaume 3 - "Appel matinal du juste persécuté" : Ps 3:1-3 : Psaume. De David. Quand il fuyait devant son fils Absalom. Yahvé, qu'ils sont nombreux mes oppresseurs, nombreux ceux qui se lèvent contre moi, nombreux ceux qui disent de mon âme "Point de salut pour elle en son Dieu !

Le psaume 3 est attribué au roi David, qui implore Dieu à cause de son fils Absalom qui s’est révolté contre lui et le pourchasse.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 3 est chanté ou récité à l’office des lectures le dimanche de la première semaine, après les deux premiers psaumes (Psaume 1 et Psaume 2).



Le Psaume 3 « Appel matinal du juste persécuté » en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 3, 1 : Psaume. De David. Quand il fuyait devant son fils Absalom.
Ps 3, 2 : Yahvé, qu'ils sont nombreux mes oppresseurs, nombreux ceux qui se lèvent contre moi,
Ps 3, 3 : nombreux ceux qui disent de mon âme "Point de salut pour elle en son Dieu !"
Ps 3, 4 : Mais toi, Yahvé, bouclier qui m'entoures, ma gloire! tu me redresses la tête.
Ps 3, 5 : A pleine voix je crie vers Yahvé, il me répond de sa montagne sainte.
Ps 3, 6 : Et moi, je me couche et m'endors, je m'éveille : Yahvé est mon soutien.
Ps 3, 7 : Je ne crains pas ces gens par milliers qui forment un cercle contre moi.
Ps 3, 8 : Lève-toi, Yahvé! Sauve-moi, mon Dieu! Tu frappes à la joue tous mes adversaires, les dents des impies, tu les brises.
Ps 3, 9 : De Yahvé, le salut! Sur ton peuple, ta bénédiction !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Le Psaume 3 en latin :

Ps 3, 1 : psalmus David cum fugeret a facie Abessalon filii sui
Ps 3, 2 : Domine quid multiplicati sunt qui tribulant me multi insurgunt adversum me
Ps 3, 3 : multi dicunt animae meae non est salus ipsi in Deo eius; diapsalma
Ps 3, 4 : tu autem Domine susceptor meus es gloria mea et exaltans caput meum
Ps 3, 5 : voce mea ad Dominum clamavi et exaudivit me de monte sancto suo diapsalma
Ps 3, 6 : ego dormivi et soporatus sum exsurrexi quia Dominus suscipiet me
Ps 3, 7 : non timebo milia populi circumdantis me exsurge Domine salvum me fac Deus meus
Ps 3, 8 : quoniam tu percussisti omnes adversantes mihi sine causa dentes peccatorum contrivisti
Ps 3, 9 : Domini est salus et super populum tuum benedictio tua.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



La Catéchèse de Benoît XVI sur le Psaume 3 :

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Benoit-XVI

Chers frères et sœurs,

Nous reprenons aujourd’hui les audiences place Saint-Pierre et, à l’« école de la prière » que nous vivons ensemble en ces catéchèses du mercredi, je voudrais commencer à méditer sur certains psaumes qui, comme je le disais au mois de juin dernier, forment le « livre de prière » par excellence. Le premier Psaume sur lequel je m’arrête est un Psaume de lamentation et de supplication empreint d’une profonde confiance, dans lequel la certitude de la présence de Dieu fonde la prière qui jaillit d’une situation de difficulté extrême dans laquelle se trouve l’orant. Il s’agit du psaume 3, rapporté par la tradition juive à David au moment où il fuit son fils Absalom (cf. v. 1) : il s’agit de l’un des épisodes les plus dramatiques et douloureux de la vie du roi, lorsque son fils usurpe son trône royal et le contraint à quitter Jérusalem pour sauver sa vie (cf. 2 S 15sq). La situation de danger et d’angoisse ressentie par David est donc l’arrière-plan de cette prière et aide à la comprendre, en se présentant comme la situation typique dans laquelle un tel Psaume peut être récité. Dans le cri du Psalmiste, chaque homme peut reconnaître ces sentiments de douleur, d’amertume et dans le même temps de confiance en Dieu qui, selon le récit biblique, avaient accompagné la fuite de David de sa ville.

Le Psaume commence par une invocation au Seigneur : « Seigneur, qu’ils sont nombreux mes oppresseurs, nombreux ceux qui se lèvent contre moi, nombreux ceux qui disent de mon âme : “Point de salut pour elle en son Dieu !” » (vv. 2-3). La description que fait l’orant de sa situation est donc marquée par des tons fortement dramatiques. Par trois fois, on répète l’idée de multitude — « nombreux » — qui, dans le texte original, est exprimée à travers la même racine hébraïque, de façon à souligner encore plus l’immensité du danger, de façon répétitive, presque entêtante. Cette insistance sur le nombre et la multitude des ennemis sert à exprimer la perception, de la part du Psalmiste, de la disproportion absolue qui existe entre lui et ses persécuteurs, une disproportion qui justifie et fonde l’urgence de sa demande d’aide : les oppresseurs sont nombreux, ils prennent le dessus, tandis que l’orant est seul et sans défense, à la merci de ses agresseurs. Et pourtant, le premier mot que le Psalmiste prononce est : « Seigneur » ; son cri commence par l’invocation à Dieu. Une multitude s’approche et s’insurge contre lui, engendrant une peur qu’amplifie la menace, la faisant apparaître encore plus grande et terrifiante ; mais l’orant ne se laisse pas vaincre par cette vision de mort, il maintient fermement sa relation avec le Dieu de la vie et s’adresse tout d’abord à Lui pour rechercher de l’aide. Mais les ennemis tentent également de briser ce lien avec Dieu et de briser la foi de leur victime. Ils insinuent que le Seigneur ne peut intervenir, et affirment que pas même Dieu ne peut le sauver. L’agression n’est donc pas seulement physique, mais touche la dimension spirituelle : « Le Seigneur ne peut le sauver » — disent-ils, — le noyau central de l’âme du Psalmiste doit être frappé. C’est l’extrême tentation à laquelle le croyant est soumis, c’est la tentation de perdre la foi, la confiance dans la proximité de Dieu. Le juste surmonte la dernière épreuve, reste ferme dans la foi et dans la certitude de la vérité et dans la pleine confiance en Dieu, et précisément ainsi, trouve la vie et la vérité. Il me semble qu’ici, le Psaume nous touche très personnellement : dans de nombreux problèmes, nous sommes tentés de penser que sans doute, même Dieu ne me sauve pas, ne me connaît pas, n’en a peut-être pas la possibilité ; la tentation contre la foi est l’ultime agression de l’ennemi, et c’est à cela que nous devons résister, et nous trouverons Dieu et nous trouverons la vie.

L’orant de notre Psaume est donc appelé à répondre par la foi aux attaques des impies : les ennemis — comme je l’ai dit — nient que Dieu puisse l’aider, et lui, en revanche, l’invoque, l’appelle par son nom, « Seigneur », et ensuite s’adresse à Lui en un tutoiement emphatique, qui exprime un rapport stable, solide, et qui contient en soi la certitude de la réponse divine : « Mais toi, Seigneur, mon bouclier, ma gloire tu tiens haute ma tête. A pleine voix je crie vers le Seigneur ; il me répond de sa montagne sainte » (vv. 4-5). La vision des ennemis disparaît à présent, ils n’ont pas vaincu car celui qui croit en Dieu est sûr que Dieu est son ami : il reste seulement le « Tu » de Dieu ; aux « nombreux » s’oppose à présent une seule personne, mais beaucoup plus grande et puissante que beaucoup d’adversaires. Le Seigneur est aide, défense, salut ; comme un bouclier, il protège celui qui se confie à Lui, et il lui fait relever la tête, dans le geste de triomphe et de victoire. L’homme n’est plus seul, ses ennemis ne sont pas imbattables comme ils semblaient, car le Seigneur écoute le cri de l’opprimé et répond du lieu de sa présence, de sa montagne sainte. L’homme crie, dans l’angoisse, dans le danger, dans la douleur ; l’homme demande de l’aide, et Dieu répond. Ce mélange du cri humain et de la réponse divine est la dialectique de la prière et la clef de lecture de toute l’histoire du salut. Le cri exprime le besoin d’aide et fait appel à la fidélité de l’autre ; crier signifie poser un geste de foi dans la proximité et dans la disponibilité à l’écoute de Dieu. La prière exprime la certitude d’une présence divine déjà éprouvée età laquelle on croit, qui dans la réponse salvifique de Dieu se manifeste en plénitude. Cela est important : que dans notre prière soit importante, présente, la certitude de la présence de Dieu. Ainsi, le Psalmiste, qui se sent assiégé par la mort, confesse sa foi dans le Dieu de la vie qui, comme un bouclier, l’enveloppe d’une protection invulnérable ; celui qui pensait être désormais perdu peut relever la tête, car le Seigneur le sauve ; l’orant, menacé et raillé, est dans la gloire, car Dieu est sa gloire.

La réponse divine qui accueille la prière donne au Psalmiste une sécurité totale ; la peur aussi est finie, et le cri s’apaise dans la paix, dans une profonde tranquillité intérieure : « Et moi, je me couche et je dors ; je m’éveille : le Seigneur est mon soutien. Je ne crains pas ce peuple nombreux qui me cerne et s’avance contre moi » (vv. 6-7). L’orant, bien qu’au milieu du danger et de la bataille, peut s’endormir tranquille, dans une attitude sans équivoque d’abandon confiant. Autour de lui ses adversaires montent leurs campements, l’assiègent, ils sont nombreux, ils se dressent contre lui, se moquent de lui et tentent de le faire tomber, mais lui en revanche se couche et dort tranquille et serein, certain de la présence de Dieu. Et à son réveil, il trouve encore Dieu à côté de lui, comme un gardien qui ne dort pas (cf. Ps 121, 3-4), qui le soutient, le tient par la main, ne l’abandonne jamais. La peur de la mort est vaincue par la présence de Celui qui ne meurt pas. Et précisément la nuit, peuplée de craintes ataviques, la nuit douloureuse de la solitude et de l’attente angoissée, se transforme à présent : ce qui évoque la mort devient présence de l’Eternel.

A l’aspect visible de l’assaut ennemi, massif, imposant, s’oppose l’invisible présence de Dieu, avec toute son invincible puissance. Et c’est à Lui que de nouveau le Psalmiste, après ses expressions de confiance, adresse sa prière : « Lève-toi, Seigneur ! Sauve-moi, mon Dieu ! » (v. 8a). Les agresseurs « se levaient » (cf. v. 2) contre leur victime. En revanche celui qui « se lèvera », c’est le Seigneur, et il les abattra. Dieu le sauvera, en répondant à son cri. C’est pourquoi le Psaume se conclut avec la vision de la libération du danger qui tue et de la tentation qui peut faire périr. Après la demande adressée au Seigneur de se lever pour le sauver, l’orant décrit la victoire divine : les ennemis qui, avec leur injuste et cruelle oppression, sont le symbole de tout ce qui s’oppose à Dieu et à son plan de salut, sont vaincus. Frappés à la bouche, ils ne pourront plus agresser avec leur violence destructrice et ils ne pourront plus insinuer le mal du doute dans la présence et dans l’action de Dieu : leur parole insensée et blasphème sera définitivement démentie et réduite au silence par l’intervention salvifique du Seigneur (cf. v. 8bc). Ainsi, le Psalmiste peut conclure sa prière avec une phrase aux connotations liturgiques qui célèbre, dans la gratitude et dans la louange, le Dieu de la vie : « Du Seigneur, le salut ! Sur ton peuple, ta bénédiction ! » (v. 9).

Chers frères et sœurs, le Psaume 3 nous a présenté une supplique pleine de confiance et de réconfort. En priant ce Psaume, nous pouvons faire nôtres les sentiments du Psalmiste, figure du juste persécuté qui trouve en Jésus son accomplissement. Dans la douleur, dans le danger, dans l’amertume de l’incompréhension et de l’offense, les paroles du Psaume ouvrent notre cœur à la certitude réconfortante de la foi. Dieu est toujours proche — même dans les difficultés, dans les problèmes, dans les ténèbres de la vie — il écoute, il répond et il sauve à sa façon. Mais il faut savoir reconnaître sa présence et accepter ses voies, comme David dans sa fugue humiliante de son fils Absalom, comme le juste persécuté dans le Livre de la Sagesse et, en dernier et jusqu’au bout, comme le Seigneur Jésus sur le Golgotha. Et lorsque, aux yeux des impies, Dieu semble ne pas intervenir et que le Fils meurt, c’est précisément alors que se manifeste, pour tous les croyants, la vraie gloire et la réalisation définitive du salut. Que le Seigneur nous donne foi, qu’il vienne en aide à notre faiblesse et qu’il nous rende capable de croire et de prier à chaque angoisse, dans les nuits douloureuses du doute et dans les longs jours de douleur, en nous abandonnant avec confiance à Lui, qui est notre « bouclier » et notre « gloire ». Merci.

Benoît XVI - 7 septembre 2011




Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 3 de David quand il fuyait devant la face de son fils Absalon : « David en face d’Absalon ou Jésus en face de Judas »  :

L’Eg1ise triomphe de ses persécuteurs, et l’âme chrétienne de ses passions.


1. Ces paroles du psaume 3 : « Je me suis endormi, j’ai pris mon sommeil ; puis je me suis éveillé, parce que le Seigneur est mon protecteur (Ps. III, 6) », nous font croire qu’il faut l’appliquer à la personne du Christ ; car elles conviennent beaucoup mieux à la Passion et à la Résurrection du Seigneur, qu’à ce fait que nous raconte l’histoire, que David s’enfuit devant la face de son fils révolté contre lui (II Rois, XV, 17). Et comme il est écrit des disciples du Christ : « Tant que l’époux est avec eux, les fils de l’époux ne jeûnent point (Matt. IX, 15) » ; il n’est pas étonnant qu’un fils impie soit la figure de ce disciple impie qui trahit son maître. Au point de vue historique, on pourrait dire, il est vrai, que le Christ a fui devant lui, alors qu’Il se retira sur la montagne avec les autres, quand le disciple se séparait de Lui ; mais au sens spirituel, quand le Fils de Dieu, la force et la sagesse de Dieu, se retira de l’âme de Judas, le démon l’envahit aussitôt, ainsi qu’il est écrit : « Le diable entra dans son cœur (Jean, XIII, 2) » ; on peut dire alors que le Christ s’enfuit de Judas; non pas que le Christ ait cédé devant le diable, mais bien qu’après la sortie du Christ, le diable prit possession. Cet abandon de la part de Jésus, est appelé une fuite par le Prophète, selon moi, parce qu’il se fit promptement. C’est encore ce que nous indique cette Parole du Seigneur : « Fais promptement ce que tu fais (Ibid. 27) ». Il nous arrive aussi de dire en langage ordinaire : Cela me fuit ou m’échappe, quand quelque chose ne revient point à notre pensée, et l’on dit d’un homme très-savant que rien ne lui échappe. Ainsi la vérité échappait à l’âme de Judas quand elle cessa de l’éclairer. Absalon, d’après plusieurs interprètes, signifie, en langue latine, « Paix de son père ». Il paraît sans doute étonnant que, soit Absalon qui, selon l’histoire des rois, fit la guerre à son père, soit Judas, que l’histoire du Nouveau Testament nous désigne comme le traître qui livra le Seigneur, puisse être appelé Paix de son père. Mais un lecteur attentif voit que dans cette guerre, il y avait paix dans le cœur de David, pour ce fils dont il pleura si amèrement le trépas, en s’écriant : « Absalon, mon fils, qui me donnera de mourir pour toi (II Rois, XVIII, 33) ? » Et quand le récit du Nouveau Testament nous montre cette grande, cette admirable patience du Seigneur, qui tolère Judas comme s’il était bon ; qui n’ignore point ses pensées, et néanmoins l’admet à ce festin où Il recommande et donne à ses disciples son Corps et son Sang sous des figures ; qui, dans l’acte même de la trahison, l’accueille par un baiser, on voit aisément que le Christ ne montrait que la paix au traître, alors que le cœur de celui-ci était en proie à de si criminelles pensées. Absalon est donc appelé Paix de son père, parce que son père avait pour lui des sentiments de paix, dont ce criminel était loin.

2. « Seigneur, combien sont nombreux ceux qui me persécutent (Ps. III, 2) ! » Si nombreux, que même parmi mes disciples, il s’en trouve pour grossir la foule de mes ennemis : « Combien se soulèvent contre moi ; combien de voix crient à mon âme: Point de salut pour toi en ton Dieu ! (Ibid. 3) » Il est évident que s’ils croyaient à sa résurrection ils ne le mettraient point à mort. De là viennent ces provocations : « S’il est Fils de Dieu, qu’il descende de la croix » ; et : « Il a sauvé les autres, et ne peut se sauver (Matt. XXVII, 42) ». Judas lui-même ne l’aurait donc point livré s’il n’eût été du nombre de ceux qui disaient au Christ avec mépris : « Point de salut pour lui, en son Dieu ».

3. « Mais toi, ô Dieu, tu es mon protecteur (Ps., III, 4). » C’est dans son humanité que Jésus parle ainsi à son Père; car pour protéger l’homme, le Verbe s’est fait chair. « Vous êtes ma gloire ». Il appelle Dieu sa gloire, cet homme auquel s’est uni le Verbe de Dieu, de manière à le faire Dieu avec lui. Belle leçon aux superbes, qui ferment, l’oreille quand on leur dit : « Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu ? Et si vous avez reçu, pourquoi vous glorifier, comme si vous n’aviez point reçu (I Cor., IV, 7) ? » « C’est vous, Seigneur, qui relevez ma tête ». La tête, selon moi, se dit ici de l’esprit humain, qui est bien la tête de notre âme ; et cette âme s’est tellement unie, et en quelque sorte mélangée par l’Incarnation, à la sublime grandeur du Verbe, que les opprobres de la passion ne l’ont point fait déchoir.

4. « De ma voix j’ai crié vers le Seigneur (Ps. III, 5) » : non pas de cette voix corporelle, qui devient sonore par la répercussion de l’air ; mais de cette voix du cœur, que l’homme n’entend point, mais qui s’élève à Dieu comme un cri ; de cette voix de Susanne (Dan. XIII, 44) qui fut exaucée, et avec laquelle Dieu nous a recommandé de prier, dans nos chambres closes, ou plutôt sans bruit, et dans le secret des cœurs (Matt. VI, 6). Et que l’on ne dise point qu’il y a moins de supplication dans cette voix, quand notre bouche ne laisse entendre aucune parole sensible : puisque dans la prière silencieuse de notre cœur, une pensée étrangère au sentiment de nos supplications nous empêche de dire : « Ma voix s’est élevée jusqu’au Seigneur ». Cette parole n’est vraie en nous que quand l’âme, s’éloignant, dans l’oraison, et de la chair, et de toute vue terrestre, parle seule à seul au Seigneur qui l’entend. Elle prend le nom de cri, à cause de la rapidité de son élan. « Et il m’a exaucé du haut de sa montagne sainte ». Un autre prophète appelle « montagne » le Seigneur lui-même, quand il écrit qu’une pierre détachée sans la main d’un homme, s’éleva comme une grande montagne (Dan., II, 35). Mais cela ne peut s’entendre de sa personne même, à moins de faire dire au Christ : Le Seigneur m’a exaucé, « de moi-même » comme de sa montagne sainte, car il habite en moi comme en sa hauteur. Mais il est mieux et plus court d’entendre que le Seigneur l’a exaucé du haut de sa justice. Car il devait à sa justice de ressusciter l’innocent mis à mort, à qui l’on a rendu le mal pour le bien, et de châtier ses persécuteurs. Nous lisons en effet que « la justice de Dieu est élevée comme les montagnes (Ps. XXXV, 7) ».

5. « Pour moi, je me suis endormi, j’ai pris mon sommeil (Ps. III, 6) ». Il n’est pas inutile de remarquer cette expression, « pour moi », qui montre que c’est par sa volonté qu’il a subi la mort, selon cette parole : « C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin que je la reprenne de nouveau. Nul ne me l’ôte : j’ai le pouvoir de la donner, comme j’ai le pouvoir de la reprendre (Jean, X, 17, 18) ». Ce n’est donc pas vous, dit-il, qui m’avez saisi malgré moi, et qui m’avez tué : mais « moi, j’ai dormi, j’ai pris mon sommeil, et je me suis éveillé, parce que le Seigneur me protège ». Mille fois dans l’Ecriture le sommeil se dit pour la mort ; ainsi l’Apôtre a dit : « Je ne veux rien vous laisser ignorer, mes frères, au sujet de ceux qui dorment (I Thess. IV, 12) ». Ne demandons point pourquoi le Prophète ajoute : « J’ai pris mon sommeil », après avoir dit : « J’ai dormi ». Ces répétitions sont d’usage dans les Ecritures, comme nous en avons montré beaucoup dans le psaume second. Dans d’autres exemplaires, on lit : « J’ai dormi, j’ai goûté un profond sommeil », et autrement encore en d’autres comme ils ont pu comprendre ces mots du grec, « ego de ekoimeten kai uposa ». Peut-être l’assoupissement désignerait-il le mourant, et le sommeil celui qui est mort, puisque l’on passe de l’assoupissement au sommeil, comme de la somnolence à la veille complète. Gardons-nous de ne voir dans ces répétitions des livres saints que de futiles ornements du discours. « Je me suis assoupi, j’ai dormi profondément », se dit très-bien pour : Je me suis abandonné aux douleurs que la mort a couronnées. « Je me suis éveillé, parce que le Seigneur me soutiendra (Ps. III, 6) ». Remarquons ici que dans le même verset, le verbe est au passé, puis au futur. Car « j’ai dormi » est du passé; et « soutiendra » est au futur; comme si le Christ ne pouvait en effet ressusciter que par le secours du Seigneur. Mais dans les prophéties, le futur se met pour le passé, avec la même signification. Ce qui est annoncé pour l’avenir est au futur selon le temps, mais dans la science du Prophète, c’est un fait accompli. On trouve aussi des expressions au présent, et qui seront expliquées à mesure qu’elles se présenteront.

6. « Je ne craindrai pas cette innombrable « populace qui m’environne (Ps. III, 7) ». L’Evangile a parlé de cette foule qui environnait Jésus souffrant sur la croix (Matt. XXVII, 39). « Lève-toi, Seigneur, sauve-moi, ô mon Dieu (Ps. III, 7) ». Cette expression, « lève-toi », ne s’adresse pas à un Dieu qui sommeille, ou qui se repose; mais il est d’ordinaire, dans les saintes Ecritures, d’attribuer à la personne de Dieu ce qu’il fait en nous : non point toujours, sans doute, mais quand cela se peut dire convenablement, comme on dit que c’est Dieu qui parle, quand un prophète ou un apôtre, ou quelque messager de la vérité, a reçu de lui le don de parler. Delà ce mot de saint Paul : « Voulez-vous éprouver la puissance du Christ qui parle par ma bouche ? » Il ne dit pas : De celui qui m’éclaire, ou qui m’ordonne de parler ; mais il attribue sa parole même à celui qui l’a chargé de l’annoncer.

7. « Parce que c’est toi qui as frappé tous ceux qui s’élevaient contre moi sans motif (II Cor. XIII, 3) ». N’arrangeons point les paroles, de manière à ne former qu’un même verset : « Lève-toi, Seigneur, sauve-moi, ô mon Dieu, voilà que tu as frappé tous ceux qui s’élevaient contre moi sans motif ». Si le Seigneur l’a sauvé, ce n’est point parce qu’il a frappé ses ennemis, il ne les a frappés au contraire qu’après l’avoir sauvé. Ces paroles appartiennent donc à ce qui suit, de manière à former ce sens : « Voilà que tu as frappé ceux qui s’élevaient contre moi sans motif, tu as brisé les dents des pécheurs (Ps. III, 9) » : c’est-à-dire, c’est en brisant les dents des pécheurs, que tu as frappé mes adversaires. C’est en effet le châtiment des adversaires qui a brisé leurs dents, ou plutôt anéanti et comme réduit en poussière les paroles des pécheurs qui déchiraient le Fils de Dieu par leurs malédictions : ces dents seraient alors des malédictions, dans le même sens que l’Apôtre a dit : « Si vous vous mordez les uns les autres, prenez garde que vous ne vous détruisiez les uns les autres (Gal. V, 15) ». Ces dents des pécheurs peuvent se dire encore des princes des pécheurs, qui usent de leur autorité pour retrancher quelque membre de la société des bons et l’incorporer avec les méchants. A ces dents sont opposées les dents de 1’Eglise, qui s’efforce d’arracher à l’erreur des païens et des dogmes hérétiques, les vrais croyants, et de se les unir, à elle qui est le corps du Christ. C’est encore avec ces dents qu’il fut recommandé à Pierre de manger des animaux mis à mort (Act. X, 13), c’est- à-dire de faire mourir chez les Gentils ce qu’ils étaient, pour les transformer en ce qu’il était lui-même. Enfin, ces mêmes dents ont fait dire à l’Eglise : « Tes dents sont comme un troupeau de brebis qui montent du lavoir ; nulle qui ne porte un double fruit, ou qui demeure stérile (Cant. IV, 2; VI, 5) ». Belle image de ceux qui instruisent, et qui vivent selon les préceptes qu’ils donnent ; qui accomplissent cette recommandation : « Que vos œuvres brillent aux yeux des hommes, afin qu’ils bénissent votre Père qui est dans les cieux (Matt. V, 16) ». Cédant à l’autorité de ces prédicateurs, les hommes croient au Dieu qui parle et qui agit en eux, se séparent du siècle selon lequel ils vivaient, pour devenir membres de l’Eglise. Des prédicateurs qui obtiennent de semblables résultats, se nomment avec raison des dents semblables aux brebis que l’on vient de tondre, parce qu’ils ont déposé le fardeau des terrestres soucis, qu’ils montent du lavoir, ou du bain du Sacrement de Baptême, qui les a purifiés de toute souillure, et qu’ils engendrent un double fruit. Ils accomplissent en effet les deux préceptes dont il est dit : « Ces deux préceptes renferment la loi et les Prophètes (Ibid. XII, 40) » ; car ils aiment Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit, et le prochain comme eux-mêmes. Nul chez eux n’est stérile puisqu’ils fructifient ainsi pour Dieu. En ce sens donc nous devons entendre : « Tu as brisé les dents des pécheurs », puisque tu as anéanti les princes des pécheurs en frappant ceux qui gratuitement s’élevaient contre moi. Le récit de l’Evangile nous montre en effet que les princes persécutaient Jésus, et que la multitude le traitait avec honneur.

8. « Le salut vient du Seigneur ; et que tes bénédictions, ô Dieu, se répandent sur ton peuple (Ps. III, 9) ». Dans le même verset, le Prophète enseigne aux hommes ce qu’ils doivent croire, et il prie pour ceux qui croient. Car cette partie : « Le salut vient du Seigneur », s’adresse aux hommes; mais l’autre partie n’est pas : « Et que sa bénédiction se repose sur son peuple », ce qui serait entièrement pour les hommes. Le Prophète s’adresse à Dieu en faveur du peuple à qui il a dit : « Le salut vient du Seigneur ». Qu’est-ce à dire ? Sinon : Que nul ne se confie en soi-même, parce que c’est à Dieu seul de nous délivrer de la mort du péché. « Malheureux homme que je suis », dit en effet l’Apôtre, « qui me délivrera de ce corps de mort ? La grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre Seigneur (Rom. VII, 24, 25) ». Mais toi, Seigneur, bénis ton peuple qui attend de toi son salut.

9. On pourrait, dans un autre sens, appliquer ce psaume à la personne du Christ, qui parlerait dans sa totalité. Je dis totalité, à cause du, corps dont il est le chef, selon cette parole de l’Apôtre : « Vous êtes le corps et les membres du Christ (I Cor. XII, 27) ». Il est donc le chef de cette corporation. Aussi est-il dit ailleurs : « Faisant la vérité dans ta charité, croissons de toute manière en Jésus notre chef, par qui tout le corps est joint et uni (Ephés. IV, 15, 16) ». C’est donc l’Eglise avec son chef, qui, jetée dans les tourmentes des persécutions, sur toute la terre, comme nous l’avons déjà vu, s’écrie par la bouche du Prophète ; « Combien sont nombreux, Seigneur, ceux qui me persécutent, combien s’élèvent contre moi (Ps. III, 2) », pour exterminer le nom chrétien ! « Beaucoup disent à mon âme : Point de salut pour toi dans ton Dieu (Ibid. 3) ». Car ils ne concevraient point l’espoir de perdre l’Eglise qui s’accroît partout, s’ils ne croyaient que Dieu n’en prend aucun souci. « Mais toi, Seigneur, tu me soutiendras (Ibid. 4) » par Jésus-Christ. C’est en son humanité que l’Eglise a trouvé l’appui du Verbe, « qui s’est fait chair pour habiter parmi nous (Jean, I, 14) », et qui nous a fait asseoir dans les cieux avec lui (Ephés. II, 6). Car où va le chef, les membres doivent aller aussi. « Qui nous séparera de l’amour du Christ (Rom. VIII, 35) ? » L’Eglise a donc raison de dire à Dieu : « Tu es mon appui, ma gloire ». Loin de s’attribuer son excellence, elle comprend qu’elle la doit à la grâce et à la miséricorde de Dieu. « Toi qui élèves ma tête », ou celui qui s’est levé le premier d’entre les morts pour monter aux cieux. « Ma voix s’est élevée jusqu’au Seigneur, et il m’a exaucé du haut de sa montagne sainte (Ps. III, 5) ». Telle est la prière des saints, parfum suave qui s’élève en présence du Seigneur. L’Eglise est exaucée du haut de cette montagne sainte qui est son chef, ou des hauteurs de cette justice qui délivre les élus et châtie les persécuteurs. Le peuple de Dieu peut dire aussi : « Moi, j’ai sommeillé, je me suis endormi, et je me suis levé, parce que le Seigneur me protégera (Ibid. 6) », afin de l’unir intimement à son chef. C’est à ce peuple qu’il est dit encore : « Lève-toi de ton sommeil : sors d’entre les morts, et tu seras éclairé par le Christ (Ephés. V, 14) ». Ce peuple est tiré du milieu des pécheurs enveloppés dans cette sentence : « Ceux qui dorment, dorment dans les ténèbres (I Thess. V, 7) ». Qu’il dise encore : « Je ne redoute point cette populace innombrable qui m’environne (Ps. III, 7) », ces nations infidèles qui me serrent de près, pour étouffer, si elles pouvaient, le nom chrétien. Pourquoi les craindre, quand le sang des martyrs est comme une huile qui attise le feu de l’amour du Christ ? « Lève-toi, Seigneur, sauve-moi, ô mon Dieu (Ibid.) ». Telle est la prière du corps à son chef. Le corps fut sauvé, quand ce chef se leva pour monter aux cieux, emmenant captive la captivité, et distribuant ses dons aux hommes (Ps. LXVIII, 19). Le Prophète voyait par avance toutes les terres, où la moisson mûre, dont il est question, dans l’Evangile (Matt. IX, 37), a fait descendre le Seigneur; et cette moisson trouve son salut dans la Résurrection de Celui qui a daigné mourir pour nous. « Tu as frappé ceux qui se déclaraient mes ennemis sans sujet, tu as brisé les dents des pécheurs (Ps. III, 8.) ». Le triomphe de l’Eglise a couvert de confusion les ennemis du nom chrétien, et anéanti leurs malédictions comme leur puissance. Croyez donc bien, enfants des hommes, que « le salut vient du Seigneur », et « toi, ô mon Dieu, que ta bénédiction se répande sur ton peuple (Ps. III, 9) ».

10. Quand les vices et les passions sans nombre nous assujettissent au péché malgré nos efforts, chacun de nous peut dire : « Seigneur, combien sont nombreux ceux qui me persécutent, combien s’élèvent contre moi (Ps. III, 2) ! »Et comme bien souvent l’accumulation des maladies fait désespérer de la guérison, notre âme se trouvant en butte à l’arrogance du vice, aux suggestions du diable et de ses anges, et arrivant au désespoir, peut dire en toute vérité : « Combien me disent : Point de salut pour toi en ton Dieu. Mais toi, Seigneur, tu es mon soutien (Ibid. 3, 4) ». Car notre espérance est dans le Christ qui a daigné prendre la nature humaine. « Tu es ma gloire », d’après cette règle qui nous défend de nous rien attribuer. « C’est toi qui élèves ma tête », ou celui qui est notre chef à tous, ou même notre esprit, qui est la tête pour l’âme et pour le corps. Car « l’homme est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’homme (I Cor. XI, 3) ». Mais l’esprit s’élève, quand nous pouvons dire : « Je suis soumis par l’esprit à la loi de Dieu (Rom. VII, 5) », en sorte que tout dans l’homme soit soumis et apaisé, quand la résurrection de la chair absorbera la mort dans son triomphe (I Cor. XV, 54). « Ma voix s’est élevée jusqu’au Seigneur » : cette voix intime et puissante. « Et il m’a exaucé du haut de la montagne sainte », ou par celui qu’il envoie à notre aide, et dont la médiation lui fait exaucer nos prières. « Moi, j’ai sommeillé, je me suis endormi; et je me suis levé, parce que le Seigneur sera mon appui (I Cor. XV, 54) ». Quelle âme fidèle ne peut tenir ce langage, en voyant que ses péchés ont disparu, par sa régénération gratuite ? « Je ne craindrai point ce peuple nombreux qui m’environne (Ps. III, 5) ». En dehors, des épreuves que l’Eglise a dû subir et subit encore, chacun a ses tentations; et quand il se sent entravé, qu’il s’écrie : « Lève-toi, Seigneur, sauve-moi, ô mon Dieu »; c’est-à-dire, fais-moi triompher. « Tu as frappé tous ceux qui s’élevaient contre moi sans sujet (Ibid. 7) ».Cette prophétie s’applique à Satan et à ses anges, qui luttent, non seulement contre tout le corps mystique de Jésus-Christ, mais contre chacun des membres. « Tu as brisé les dents des pécheurs ». Chacun de nous a ses ennemis qui le maudissent ; il a en outre les fauteurs du mal qui cherchent à nous retrancher du corps de Jésus-Christ. Mais le salut appartient au Seigneur ». Evitons l’orgueil et disons : « Mon âme s’est attachée à ta suite (Ps. LXII, 3) », et « que ta bénédiction soit sur ton peuple (Ps. III, 9) », ou sur chacun de nous.




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Message par Invité Ven 9 Avr 2021 - 14:57

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Psaume 4 - "Prière du soir"





Psaume 4 - "Prière du soir", le Psaume de fin de journée et de préparation au repos : Ps 4:1: Du maître de chant. Avec instruments à cordes. Psaume. De David. Quand je crie, réponds-moi, Dieu de ma justice, dans l'angoisse tu m'as mis au large pitié pour moi, écoute ma prière !

Dans la liturgie des Heures, le psaume 4, attribué à David, est récité aux complies le samedi soir et la veille des solennités.

Le Psaume 4 est la prière du soir d'un juste en butte à de nombreuses oppositions, mais qui met son bonheur dans l'amitié de Dieu. Nous pouvons en faire notre prière du soir : au terme d'une journée laborieuse, nous nous endormons dans la paix de Dieu. Mais nous ne pouvons pas nous limiter à cette interprétation purement humaine et moralisante. Notre psaume figure aux Matines du Samedi Saint sous cette antienne :

« En paix, tout aussitôt, je me couche et je m'endors »
Il est alors le psaume du Christ qui, remettant son esprit aux mains du Père, s'endort du sommeil de la mort avec la certitude de la Résurrection.



Le Psaume 4 – « Prière du soir » en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Accepter de faire taire les bruits du monde et s'ouvrir à la confiance sont deux voies sûres pour goûter la paix de Dieu.

Ps 4, 1 : Du maître de chant. Avec instruments à cordes. Psaume. De David.
Ps 4, 2 : Quand je crie, réponds-moi, Dieu de ma justice, dans l'angoisse tu m'as mis au large pitié pour moi, écoute ma prière !
Ps 4, 3 : Fils d'homme, jusqu'où s'alourdiront vos cœurs, pourquoi ce goût du rien, cette course à l'illusion?
Ps 4, 4 : Sachez-le, pour son ami Yahvé fait merveille, Yahvé écoute quand je crie vers lui.
Ps 4, 5 : Frémissez et ne péchez plus, parlez en votre cœur, sur votre couche faites silence.
Ps 4, 6 : Offrez des sacrifices de justice et soyez sûrs de Yahvé.
Ps 4, 7 : Beaucoup disent : "Qui nous fera voir le bonheur?" Fais lever sur nous la lumière de ta face. Yahvé,
Ps 4, 8 : tu as mis en mon cœur plus de joie qu'aux jours ou leur froment, leur vin nouveau débordent.
Ps 4, 9 : En paix, tout aussitôt, je me couche et je dors c'est toi, Yahvé, qui m'établis à part, en sûreté.

Dieu fidèle, tu as écouté la prière du Christ, tu l'as libéré de la détresse. Ne permets pas que nos coeurs se troublent; rends-les confiants, mets en eux ta joie; et nous attendrons dans le silence et la paix, le bonheur de voir ton visage.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Vous écoutez le « Psaume 4 » psalmodié en latin par les Moines Bénédictins de l’Abbaye de Solesmes.

Le Psaume 4 en latin :

Ps 4, 01 : In finem in carminibus psalmus David
Ps 4, 02 : Cum invocarem exaudivit me Deus iustitiae meae in tribulatione dilatasti mihi miserere mei et exaudi orationem meam
Ps 4, 03 : filii hominum usquequo gravi corde ut quid diligitis vanitatem et quaeritis mendacium diapsalma
Ps 4, 04 : et scitote quoniam mirificavit Dominus sanctum suum Dominus exaudiet me cum clamavero ad eum
Ps 4, 05 : irascimini et nolite peccare quae dicitis in cordibus vestris in cubilibus vestris conpungimini diapsalma
Ps 4, 06 : sacrificate sacrificium iustitiae et sperate in Domino multi dicunt quis ostendet nobis bona
Ps 4, 07 : signatum est super nos lumen vultus tui Domine dedisti laetitiam in corde meo
Ps 4, 08 : a fructu frumenti et vini et olei sui multiplicati sunt
Ps 4, 09 : in pace in id ipsum dormiam et requiescam
Ps 4, 10 : quoniam tu Domine singulariter in spe constituisti me

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 4 de David sur : « LE VRAI BONHEUR »

Le Prophète nous montre dans ce cantique l’âme qui s’élève au-dessus des biens terrestres et périssables pour trouver en Dieu le repos et le bonheur.


1. « Le Christ est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croiront en lui (Rom. X, 4) »; mais cette fin a le sens de perfectionnement et non de destruction. On peut se demander si tout cantique est un psaume, ou plutôt si tout psaume ne serait pas un cantique ; s’il y a des cantiques auxquels ne conviendrait pas le nom de psaume, et des psaumes que l’on ne pourrait appeler cantiques. Mais il est bon de voir dans les Écritures, si le titre de cantique n’indiquerait pas la joie ; et le nom de psaumes indiquerait des chants exécutés sur le psaltérion, dont se servit David, au rapport de l’histoire (I Par. XIII, 8.), pour figurer un grand mystère, que nous n’approfondirons pas ici ; cela exige de longues recherches, et une longue discussion. Écoutons aujourd’hui la parole de l’Homme-Dieu, après sa Résurrection, ou du disciple de l’Eglise qui croit et qui espère en Lui.

2. « Quand je priais, le Dieu de ma justice m’a exaucé (Ps. IV, 2) ». Ma prière, dit-il, a été exaucée par Dieu, auteur de ma justice. « Dans les tribulations, vous avez dilaté mon cœur (Ibid.), vous m’avez fait passer des étreintes de la douleur aux dilatations de la joie ; car la tribulation et l’étreinte sont le partage de l’âme, chez tout homme qui fait le mal (Rom. II, 9) ». Mais celui qui dit : « Nous nous réjouissons dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience »; jusqu’à ces paroles : « Parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné (Rom. V, 3-5) » : celui-là n’endure point les étreintes du cœur, quoi que fassent pour les lui causer ses persécuteurs du dehors. Le verbe est à la troisième personne, quand le Prophète s’écrie : « Dieu m’a exaucé », et à la seconde, quand il dit : « Vous avez dilaté mon cœur » ; si ce changement n’a point pour but la variété ou l’agrément du discours, on peut s’étonner qu’il ait voulu d’abord proclamer devant les hommes qu’il a été exaucé, puis interpeller son bienfaiteur. Sans doute qu’après avoir dit qu’il a été exaucé dans la dilatation de son cœur, il a préféré s’entretenir avec Dieu, afin de nous montrer par là que dans cette dilatation du cœur, Dieu lui-même se répand dans notre âme qui s’entretient avec lui intérieurement. Ceci s’applique très-bien au fidèle qui croit en Jésus-Christ, et en reçoit la lumière ; mais je ne vois point comment nous pourrions l’entendre de Notre Seigneur, puisque la divine sagesse unie à son humanité, ne l’a point abandonné un instant. Toutefois, de même que dans la prière il faisait ressortir notre faiblesse plutôt que la sienne ; de même aussi, dans cette dilatation du cœur, Notre Seigneur peut parler au nom des fidèles, dont il s’attribue le rôle quand il dit : « J’ai eu faim, et vous ne m’avez pas nourri ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez point donné à boire (Matt. XXV, 35), et le reste. De même encore Notre Seigneur peut dire : « Vous avez dilaté mon cœur », en parlant au nom de quelque humble fidèle, qui s’entretient avec Dieu dont il ressent en son âme l’amour répandu par l’Esprit-Saint qui a été donné. « Ayez pitié de moi, écoutez mes supplications (Ps. IV, 2) ». Pourquoi cette nouvelle prière, lorsque déjà il s’est dit exaucé et dilaté ? Serait-ce à cause de nous dont il est dit : « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l’attendons par la patience (Rom. VIII, 25) ? » ou bien demanderait-il à Dieu de perfectionner ce qui est commencé chez celui qui a cru ?

3. « Enfants des hommes, jusques à quand vos cœurs seront-ils appesantis (Ps. IV, 3) ? » Du moins, si vos égarements ont duré jusqu’à l’avènement du Fils de Dieu, pourquoi prolonger au-delà cette torpeur de vos âmes ? Quand cesserez-vous de vous tromper, sinon en présence de la vérité ? « A quoi bon vous éprendre des vanités, et rechercher le mensonge (Ibid.) ? » Pourquoi demander à des choses sans prix, un bonheur que peut seule vous donner la vérité, qui donne à tout le reste la consistance ? « Car vanité des vanités, tout est vanité. Qu’a de plus l’homme de tout le labeur dans lequel il se consume sous le soleil (Eccl. I, 2,4) ? » Pourquoi vous laisser absorber par l’amour des biens périssables ? Pourquoi rechercher comme excellents des biens sans valeur ? C’est là une vanité, un mensonge ; car vous prétendez donner la durée auprès de vous à ce qui doit passer comme une ombre.

4. « Et sachez que le Seigneur a glorifié son saint (Ps. IV, 4) ». Quel saint, sinon celui qu’il a ressuscité d’entre les morts, et qu’il a fait asseoir à sa droite dans les cieux ? Le Prophète excite ici les hommes à se détacher du monde pour s’attacher à Dieu. Si cette liaison « et sachez »paraît étrange, il est facile de remarquer dans les Ecritures, que cette manière de parler est familière à la langue des Prophètes. Vous les voyez souvent commencer ainsi : « Et le Seigneur lui dit, et la parole du Seigneur se fit entendre à lui (Ezéch., I, 3) ». Cette liaison que ne précède aucune pensée, et qui ne peut y rattacher la pensée suivante, nous montrerait la transition merveilleuse entre l’émission de la vérité par la bouche du Prophète, et la vision qui a lieu dans son âme. Ici néanmoins, on pourrait dire que la première pensée : « Pourquoi aimer la vanité et rechercher le mensonge ? » signifie : gardez-vous d’aimer la vanité, et de courir après le mensonge ; après viendrait fort bien cette parole : « Et sachez que le Seigneur a glorifié son Saint ». Mais un Diapsalma, qui sépare ces deux versets, nous empêche de les rattacher l’un à l’autre. On peut, avec les uns, prendre ce Diapsalma, pour un mot hébreu qui signifie : Ainsi soit-il ! ou avec d’autres, pour un mot grec désignant un intervalle dans la psalmodie ; en sorte qu’on appellerait Psalma le chant qui s’exécute, Diapsalma un silence dans le chant, et que Sympsalma, indiquant l’union des voix, pour exécuter une symphonie, Diapsalma en marquerait la désunion, un repos, une discontinuation. Quel que soit le sens que l’on adopte, il en résulte du moins cette probabilité, qu’après un Diapsalma le sens est interrompu et ne se rattache point à ce qui précède.

5. « Le Seigneur m’exaucera quand je crierai vers lui (Ps. IV, 4) ». Cette parole me paraît une exhortation à demander le secours de Dieu, dans toute la force de notre cœur, ou plutôt avec un gémissement intérieur et sans bruit. Comme c’est un devoir de remercier Dieu du don de la lumière en cette vie, c’en est un aussi, de lui demander le repos après la mort. Que nous mettions ces paroles dans la bouche du prédicateur fidèle, ou de notre Seigneur, elles signifient : « Le Seigneur vous exaucera quand vous l’invoquerez ».

6. « Mettez-vous en colère, mais ne péchez point (Ps. IV, 5) ». On pouvait se demander: Qui est digne d’être exaucé, ou comment ne serait-il pas inutile pour le pécheur de s’adresser à Dieu ? Le Prophète répond donc : « Entrez en colère, mais ne péchez point ». Réponse qui peut s’entendre en deux manières ; ou bien : « Même dans votre colère, ne péchez point », c’est-à-dire, quand s’élèverait en vous ce mouvement de l’âme que, par un châtiment du péché, nous ne pouvons dominer, que du moins il soit désavoué par cette raison, par cette âme que Dieu a régénérée intérieurement, afin que du moins nous fussions soumis à la loi de Dieu par l’esprit, si par la chair nous obéissons encore à la loi du péché (Rom. VII, 25). Ou bien : Faites pénitence, entrez en colère contre vous-mêmes, à cause de vos désordres passés, et ne péchez plus à l’avenir. « Ce que vous dites, dans vos cœurs », suppléez : « dites-le », de manière que la pensée complète soit celle-ci: Dites bien de cœur ce que vous dites, et ne soyez pas un peuple dont il est écrit : « Ce peuple m’honore des lèvres, et les cœurs sont loin de moi (Isa. XXIX, 13). Soyez contrits dans le secret de vos demeures (Ps. IV, 5) ». Le Prophète avait dit dans le même sens : « Dans vos cœurs », c’est-à-dire dans ces endroits secrets où le Seigneur nous avertit de prier après en avoir fermé les portes (Matt. VI, 6). Ce conseil : « Soyez contrits », ou bien recommande cette douleur de la pénitence qui porte l’âme à s’affliger, à se châtier elle-même, pour échapper à cette sentence de Dieu qui la condamnerait aux tourments, ou bien c’est un stimulant qui nous tient dans l’éveil, afin que nous jouissions de la lumière du Christ. Au lieu de : « Repentez-vous », d’autres préfèrent: « Ouvrez-vous », à cause de cette expression du psautier grec : katanugete, qui a rapport à cette dilatation du cœur nécessaire à la diffusion de la charité par l’Esprit-Saint.

7. « Offrez un sacrifice de justice, et espérez au Seigneur (Ps. IV, 6) ». Le Psalmiste a dit ailleurs : « Le sacrifice agréable à Dieu est un cœur contrit (Id. L, 19) ». Alors un sacrifice de justice peut bien s’entendre de celui qu’offre une âme pénitente. Quoi de plus juste que de s’irriter plutôt contre ses propres fautes que contre celles des autres, et de s’immoler à Dieu en se châtiant ? Ou bien, par sacrifice de justice faudrait-il entendre les bonnes œuvres faites après la pénitence ? Car le « Diapsalma » placé ici pourrait fort bien nous indiquer la transition de la vie passée à une vie nouvelle ; en sorte que le vieil homme étant détruit ou du moins affaibli par la pénitence, l’homme devenu nouveau par la régénération, offre à Dieu un sacrifice de justice, quand l’âme purifiée s’offre et s’immole sur l’autel de la foi, pour être consumée par le feu divin ou par le Saint-Esprit. En sorte que : « Offrez un sacrifice de justice et espérez dans le Seigneur », reviendrait à dire : Vivez saintement, attendez le don de l’Esprit-Saint, afin que vous soyez éclairés par cette vérité à laquelle vous avez cru.

8. Néanmoins « espérez dans le Seigneur » est encore obscur. Qu’espérons-nous, sinon des biens ? Mais chacun veut obtenir de Dieu le bien qu’il préfère, et l’on trouve rarement un homme pour aimer les biens invisibles, ces biens de l’homme intérieur, seuls dignes de notre attachement, puisqu’on ne doit user des autres que par nécessité, et non pour y mettre sa joie. Aussi le Prophète, après avoir dit : « Espérez dans le Seigneur », ajoute avec beaucoup de raison : « Beaucoup disent : Qui nous montre des biens (Ps. IV, 6) ? » discours et question que nous trouvons journellement dans la bouche des insensés et des méchants qui veulent jouir ici-bas d’une paix, d’une tranquillité que la malignité des hommes les empêche d’y trouver. Dans leur aveuglement, ils osent accuser l’ordre providentiel, et se roulant dans leurs propres forfaits, ils pensent que les temps actuels sont pires que ceux d’autrefois. Ou bien aux promesses que Dieu nous fait de la vie future, ils opposent le doute et le désespoir, et nous répètent sans cesse : Qui sait si tout cela est vrai, ou qui est revenu d’entre les morts pour nous en parler ? Le Prophète expose donc admirablement et en peu de mots, mais seulement aux yeux de la foi, les biens que nous devons chercher. Quant à ceux qui demandent : « Qui nous montrera la félicité ? », il répond : « La lumière de votre face est empreinte sur nous, ô Dieu (Ibid. 7) ». Cette lumière qui brille à l’esprit et non aux yeux, est tout le bien réel de l’homme. Selon le Prophète, « nous en portons l’empreinte », comme le denier porte l’image du prince. Car l’homme à sa création reflétait l’image et la ressemblance de Dieu (Gen. I, 26), image que défigura le péché: le bien véritable et solide pour lui est donc d’être marqué de nouveau par la régénération. Tel est, je crois, le sens que de sages interprètes ont donné à ce que dit le Sauveur, en voyant la monnaie de César : « Rendez à César ce qui est de César, et à Dieu ce qui est de Dieu (Matt. XXII, 21) », comme s’il eût dit : Il en est de Dieu comme de César, qui exige que son image soit empreinte sur la monnaie ; si vous rendez cette monnaie au prince, rendez à Dieu votre âme marquée à la lumière de sa face. « Vous avez mis la joie dans mon cœur ». Ce n’est donc point à l’extérieur que doivent chercher la joie, ces hommes lents de cœur, aimant la joie et recherchant le mensonge, mais à l’intérieur, où Dieu a gravé le signe de sa lumière. Car l’Apôtre l’a dit : « Le Christ habite chez l’homme intérieur (Ephés. III, 17)», auquel il appartient de voir cette vérité dont le Sauveur a dit : « La vérité, c’est moi (Jean, XIV, 6) ». Il parlait par la bouche de saint Paul, qui disait : « Voulez-vous éprouver le pouvoir de Jésus-Christ qui parle en moi (II Cor. XIII, 3) ? » et son langage n’était point extérieur, mais dans l’intimité du cœur, dans ce lieu secret où nous devons prier (Matt. VI, 6).

9. Mais les hommes, en grand nombre, épris des biens temporels, incapables de voir dans leurs cœurs les biens réels et solides, n’ont su que demander : « Qui nous montrera les biens ? » C’est donc avec justesse qu’on peut leur appliquer le verset suivant « Ils se sont multipliés à la récolte de leur froment, de leur vin et de leur huile (Ps. IV, 8.) ». Et s’il est dit « leur froment », ce n’est pas sans raison ; car il y a aussi un froment de Dieu, « qui est le pain vivant descendu du ciel (Jean, VI, 51) ». Il y a un vin de Dieu, puisqu’ils « seront enivrés dans l’abondance de sa maison (Ps. XXXV, 9) ». Il y a aussi une huile de Dieu, dont il est dit « Votre huile a parfumé ma tête (Ibid. XXII, 5) ». Ces hommes nombreux, qui disent : « Qui nous montrera les biens ? » et ne voient pas le royaume de Dieu qui est en eux-mêmes (Luc, XVII, 22), « [/i] ». Se multiplier, en effet, ne se dit pas toujours de l’abondance, mais quelquefois de la pénurie, alors qu’une âme enflammée pour les voluptés temporelles d’un désir insatiable, devient la proie de pensées inquiètes qui la partagent, et l’empêchent de comprendre le vrai bien qui est simple. C’est d’une âme en cet état qu’il est dit : « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et cette habitation terrestre accable l’esprit d’une foule de pensées (Sag. IX, 15) ». Partagée par cette foule innombrable de fantômes que lui causent les biens terrestres, s’approchant d’elle sans relâche pour s’en éloigner, ou la récolte de son froment, de son vin et de son huile, elle est loin d’accomplir ce précepte : « Aimez Dieu dans sa bonté, et recherchez-le dans la simplicité de l’âme (Id. I, 1) ». Cette simplicité est incompatible avec ses occupations multiples. Mais, à l’encontre de ces hommes nombreux qui se jettent sur l’appât des biens temporels, et qui disent : « Qui nous montrera les biens » que l’on ne voit point des yeux, mais qu’il faut chercher dans la simplicité du cœur ? L’homme fidèle dit avec transport : « C’est en paix que je m’endormirai dans le Seigneur et que je prendrai mon repos (Ps. IV, 9) ». Il a droit d’espérer en effet que son cœur deviendra étranger aux choses périssables, qu’il oubliera les misères de ce monde, ce que le Prophète appelle justement un sommeil et un repos, et ce qui est la figure de cette paix que nul trouble n’interrompt. Mais un tel bien n’est point de cette vie, nous devons l’attendre seulement après la mort, comme nous l’enseignent encore les paroles du Prophète qui sont au futur, car il n’est pas dit : J’ai pris mon sommeil, mon repos ; non plus que : Je m’endors, je me repose ; mais bien : « Je dormirai, je prendrai mon repos. Alors ce corps corruptible sera revêtu d’incorruptibilité, ce corps mortel sera revêtu d’immortalité, et la mort elle-même sera absorbée dans la victoire (I Cor. XV, 54) ». De là ce mot de l’Apôtre : « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l’attendons par la patience (Rom. VIII, 25).

10. Aussi le Prophète a-t-il eu raison d’ajouter : « Parce que c’est vous, Seigneur, qui m’avez singulièrement affermi, d’une manière unique, dans l’espérance (Ps. IX, 10) ». Il ne dit point ici : qui m’affermirez, mais bien : « Qui m’avez affermi ». Celui-là donc qui a conçu une telle espérance jouira certainement de ce qu’il espère. L’adverbe « singulièrement », est plein de sens, car on peut l’opposer à cette foule qui se multiplie, par la récolte de son froment, de son vin et de son huile, et qui s’écrie : « Qui nous montrera les biens ? » Cette multitude périra, mais l’unité subsistera dans les saints, dont il est dit dans les Actes des Apôtres : « La multitude de ceux qui « croyaient n’avait qu’un cœur et qu’une âme (Act. IX, 32) ». Il nous faut donc embrasser la singularité, la simplicité, c’est-à-dire nous soustraire à cette foule sans nombre de choses terrestres qui naissent pour mourir bientôt, et nous attacher à ce qui est un et éternel, si nous voulons adhérer au seul Dieu, notre Seigneur.





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Message par Invité Sam 10 Avr 2021 - 12:31

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Psaume 5 - "Prière du matin"






Psaume 5 - "Prière du matin" : Ps 5:1-4: Du maître de chant. Sur les flûtes. Psaume. De David. Ma parole, entends-la, Yahvé, discerne ma plainte, attentif à la voix de mon appel, ô mon Roi et mon Dieu ! C'est toi que je prie, Yahvé ! Au matin tu écoutes ma voix; au matin je fais pour toi les apprêts et je reste aux aguets.

Le psaume 5 est attribué à David. Il exprime la plainte du juste contre les impies. Il s'agit d'une prière faite à un Dieu qui écoute ! Dans la liturgie des Heures, le psaume 5 est récité ou chanté aux laudes, le lundi de la première semaine.


Le Psaume 5 - " Prière du matin " en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 5:1- Du maître de chant. Sur les flûtes. Psaume. De David.
Ps 5:2- Ma parole, entends-la, Yahvé, discerne ma plainte,
Ps 5:3- attentif à la voix de mon appel, ô mon Roi et mon Dieu ! C'est toi que je prie,
Ps 5:4- Yahvé ! Au matin tu écoutes ma voix; au matin je fais pour toi les apprêts et je reste aux aguets.
Ps 5:5- Tu n'es pas un Dieu agréant l'impiété, le méchant n'est pas ton hôte;
Ps 5:6- non, les arrogants ne tiennent pas devant ton regard. Tu hais tous les malfaisants,
Ps 5:7- tu fais périr les imposteurs; l'homme de sang et de fraude, Yahvé le hait.
Ps 5:8- Et moi, par la grandeur de ton amour, j'accède à ta maison; vers ton Temple sacré je me prosterne, pénétré de ta crainte.
Ps 5:9- Yahvé, guide-moi dans ta justice à cause de ceux qui me guettent, redresse devant moi ton chemin.
Ps 5:10- Non, rien n'est sûr dans leur bouche, et leur fond n'est que ruine, leur gosier est un sépulcre béant, mielleuse se fait leur langue.
Ps 5:11- Traite-les en coupables, ô Dieu, qu'ils échouent dans leurs intrigues; pour leurs crimes sans nombre, repousse-les, pour leur révolte contre toi.
Ps 5:12- Joie pour tous ceux que tu abrites, réjouissance à jamais; tu les protèges, en toi exultent les amants de ton nom.
Ps 5:13- Toi, tu bénis le juste, Yahvé, comme un bouclier, ta faveur le couronne.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Le « Psaume 5 et son Antienne » psalmodié par les Moines Bénédictins de l’Abbaye de Keur Moussa au Sénégal.

Le Psaume 5 en latin :

Ps 5, 01 : In finem pro ea quae hereditatem consequitur psalmus David
Ps 5, 02 : Verba mea auribus percipe Domine intellege clamorem meum
Ps 5, 03 : intende voci orationis meae rex meus et Deus meus
Ps 5, 04 : quoniam ad te orabo Domine mane exaudies vocem meam
Ps 5, 05 : mane adstabo tibi et videbo quoniam non deus volens iniquitatem tu es
Ps 5, 06 : neque habitabit iuxta te malignus neque permanebunt iniusti ante oculos tuos
Ps 5, 07 : odisti omnes qui operantur iniquitatem perdes omnes; qui loquuntur mendacium virum sanguinum et dolosum abominabitur Dominus
Ps 5, 08 : ego autem in multitudine misericordiae tuae introibo in domum tuam adorabo ad templum sanctum tuum in timore tuo
Ps 5, 09 : Domine deduc me in iustitia tua propter inimicos meos dirige in conspectu meo viam tuam
Ps 5, 10 : quoniam non est in ore eorum veritas cor eorum vanum est
Ps 5, 11 : sepulchrum patens est guttur eorum linguis suis dolose agebant iudica illos Deus decidant a cogitationibus suis secundum multitudinem impietatum eorum expelle eos quoniam inritaverunt te Domine
Ps 5, 12 : et laetentur omnes qui sperant in te in aeternum exultabunt et habitabis in eis et gloriabuntur in te omnes qui diligunt nomen tuum
Ps 5, 13 : quoniam tu benedices iusto Domine ut scuto bonae voluntatis coronasti nos.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179) – « Scivias », les trois livres des visions
et révélations de Sainte Hildegarde, Tome II, Vision cinquième, chez R. Chamonal, 1909


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La Prière du matin de Sainte Hildegarde d'Eibingen « Ô Créateur de toutes choses, j’aspire vers Toi ! » :

Voici une Prière en référence au Psaume 5 pour commencer saintement sa journée « Ô Créateur de toutes choses, j’aspire vers Toi ! » de Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), Abbesse du Couvent des Bénédictines de Disibodenberg sur le Rhin dans le diocèse de Mayence et Fondatrice de l'Abbaye Sainte-Hildegarde d'Eibingen près de Rüdesheim, dans le diocèse de Limbourg en Allemagne, reconnue Docteur de l'Eglise par Benoît XVI.

« Que signifient ces Paroles ? Par l'intention d'un acte juste et bon, j'entrerai, ô mon Dieu, dans la constitution de ta Grâce très Sainte, en abandonnant, dans un désir ardent, le lit de ma volupté ; de telle sorte qu'il n'y aura rien de plus doux pour moi que d'aspirer vers Toi, le Créateur de toutes choses. Et, pour cela, je T'offrirai les vœux que profèreront mes lèvres avec mon âme ; car je veux accomplir ce que je T'ai promis dans un ardent désir et un esprit de justice, c'est-à-dire, diriger vers Toi mes actes, car j'ai transgressé follement ta Loi. Mais, maintenant, par ton Secours, je veux éviter le mal et faire le bien ; car la raison et l'intelligence qui luisent en moi, aspirent davantage vers Toi, ô Dieu vivant, par une vie de pénitence, qu'à l'imitation du démon, par la folie de la contradiction à tes Lois. »

Ainsi soit-il.




Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 5 de David sur : « L’ÉGLISE DANS SON EXIL ou L’ÂME FIDÈLE »  :

L’âme fidèle demande à Dieu d’être exaucée et de Le voir. Elle comprend que les frivolités du monde la jettent dans la nuit. Mais après cette vie viendra la lueur du matin, qui sera le partage du juste, quand l’impie se plongera dans les ténèbres.


1. Ce psaume 5 est intitulé : « Pour celle qui a reçu l’héritage (Psaume 5, 1) ». Ainsi est désignée l’Eglise à qui Notre Seigneur Jésus-Christ a donné en héritage la vie éternelle, afin qu’elle possédât Dieu et le bonheur en s’attachant à Lui, selon cette Parole : « Bienheureux les doux, parce qu’ils auront la terre en héritage (Matt. V, 4) ». Quelle autre terre que celle dont il est dit : « Vous êtes mon espérance, et mon partage sur la terre des vivants (Ps. CXLI, 6) ? » et plus clairement « Le Seigneur est la part de mon héritage et de mon calice (Id. XV, 5) ? » A son tour l’Eglise est appelée l’héritage du Seigneur, d’après cette parole : « Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage (Id. II, 8.) ». Ainsi, Dieu est appelé notre héritage, parce qu’il nous donne la nourriture et l’espace; et nous sommes l’héritage de Dieu qui nous cultive et nous gouverne. Ce psaume 5 est donc le chant de l’Eglise appelée à l’héritage, afin de devenir lui-même l’héritage de Dieu.

2. « Seigneur, écoutez mes paroles (Id. V, 2) ». Appelée par Dieu, l’Eglise invoque son secours afin de traverser l’iniquité du siècle, et d’arriver à lui : « Comprenez mes cris (Ibid.) ». Cette expression nous montre quel est ce cri, qui de l’intérieur le plus secret de notre cœur, s’élève jusqu’à Dieu ; puisque l’on entend une voix corporelle, tandis que l’on comprend celle du cœur. Il est vrai que Dieu ne nous entend point d’une oreille charnelle, mais par la présence de sa majesté.

3. « Soyez attentif à la voix de mes supplications (Id 3.) »; cette voix qu’il demandait au Seigneur de comprendre et dont il nous exposait la nature, en disant : « Comprenez mes cris. Ecoutez donc la voix de mes supplications, ô mon roi, et mon Dieu (Ibid.) ». A la vérité le Fils est Dieu, le Père est Dieu, et le Père et le Fils sont un seul Dieu ; et si l’on nous demande ce qu’est le Saint-Esprit, nous n’avons d’autre réponse, sinon qu’il est Dieu, et quand on dit le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, nous ne devons comprendre qu’un seul Dieu ; néanmoins dans les saintes Ecritures, le titre de roi désigne ordinairement le Fils. Aussi d’après cette parole : « C’est par moi que l’on va au Père (Jean, XIV, 6) », le Prophète a-t-il raison de dire « mon Roi » d’abord, et ensuite « mon Dieu ». Toutefois il ne dit pas « soyez attentifs » au pluriel, mais « soyez attentif », intende. Car la foi catholique ne prêche ni deux ni trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes. Non point que cette Trinité se puisse dire tantôt du Père, tantôt du Fils, tantôt du Saint-Esprit, comme l’a cru Sabellius ; mais le Père n’est que le Père, le Fils n’est que le Fils, le Saint-Esprit n’est que le Saint-Esprit; et cette Trinité de personnes n’est qu’un seul Dieu. Et dans ces paroles de l’Apôtre : « Tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui (Rom. XI, 36) », on voit une allusion à la Trinité : or, il n’a point ajouté : Gloire à eux, mais bien : « Gloire à lui ».

4. « Je vous invoquerai, Seigneur, et le matin vous entendrez mes cris (Psaume 5, 4) ». Pourquoi le Prophète a-t-il dit tout à l’heure « Ecoutez » ; comme s’il désirait être exaucé sur-le-champ, et dit-il maintenant : « Au matin vous entendrez mes cris », puis : « Je vous invoquerai »; non plus : « Je vous invoque » ; et enfin : « Au matin je me tiendrai debout et je vous verrai » ; non plus : « Je me tiens debout et je vois ? » Ne serait-ce point l’objet de ses supplications qui serait indiqué dans la première invocation ? Mais dans la nuit ténébreuse et tempétueuse du monde, le Prophète comprend qu’il ne voit point ce qu’il désire, bien qu’il ne cesse pas d’espérer : car « l’espérance qui verrait ne serait pas une espérance (Rom. VIII, 24) ». Il sait bien que s’il ne voit pas, c’est parce que cette nuit ténébreuse qui est le châtiment du péché, n’est point encore achevée. Il dit donc : « Parce que c’est vous que j’invoquerai, Seigneur ». C’est-à-dire, telle est votre grandeur, ô vous que j’invoquerai, « qu’au matin seulement, vous exaucerez ma prière ». Vous n’êtes point un Dieu que puissent voir les hommes dont les yeux sont obscurcis par la nuit du péché ; mais lorsque cette nuit de mes erreurs s’achèvera, et que les ténèbres dont m’enveloppaient mes fautes seront dissipées, vous écouterez ma voix. Pourquoi donc n’a-t-il pas dit plus haut : Vous écouterez ; mais: « Ecoutez ? » Serait-ce que n’ayant pas été exaucé après avoir dit : « Exaucez-moi », il a compris ce qui devait s’écouler afin qu’il pût être exaucé ? Ou bien aurait-il été d’abord exaucé, mais sans comprendre qu’il l’était, parce qu’il ne voit point celui qui l’exauce ; et alors cette expression : « Au matin vous m’exaucerez », signifierait : Au matin, je comprendrai que vous m’exaucez ? Comme il est dit ailleurs : « Levez-vous, Seigneur (Ps. III, 7) », pour : Accordez-moi de me relever. Il est vrai que cette Parole s’applique à la Résurrection de Jésus-Christ ; mais voici un autre passage qui ne peut s’entendre que dans notre sens : « Le Seigneur votre Dieu vous tente, afin que vous sachiez si vous l’aimez (Deut. XIII, 3) », c’est-à-dire, afin que, par lui, vous compreniez et qu’il vous soit bien démontré quel progrès vous avez fait dans son amour.

5. « Au matin, je serai debout, et je verrai (Psaume 5, 5) ». Qu’est-ce à dire : « Je serai debout », sinon, je ne serai point étendu sur la terre ? Mais être couché sur la terre c’est y reposer, c’est chercher son bonheur dans les terrestres voluptés. « Je serai debout, et je verrai », dit le Prophète. Abjurons donc les choses d’ici-bas, si nous voulons voir Dieu qui se montre aux cœurs purs. « Vous n’êtes pas un Dieu qui aimez l’iniquité ; aussi le méchant n’habitera point près de vous, et les impies ne soutiendront pas l’éclat de vos regards. Vous haïssez ceux qui commettent l’iniquité, vous perdrez ceux qui profèrent le mensonge. Vous avez en horreur l’homme fourbe et l’homme de sang (Psaume 5, 6, 7) ». L’iniquité, la malice, le mensonge, l’homicide, la fraude, et autres crimes semblables, telle est la nuit qui doit passer, et alors viendra ce matin qui nous découvrira le Seigneur. Le Prophète nous dit pourquoi il sera debout au matin, et verra le Seigneur. « C’est que vous, ô Dieu, vous n’aimez pas l’iniquité ». Si Dieu, en effet, aimait l’iniquité, il pourrait être vu par l’impie, et il ne faudrait pas attendre le matin, quand sera écoulée la nuit des iniquités.

6. « Près de vous n’habitera point le méchant », il ne vous verra point de manière à s’attacher à vous ; de là le verset suivant « Et l’injuste ne soutiendra point vos regards », car son œil, ou plutôt son esprit, accoutumé aux ténèbres du péché, sera frappé soudainement de la lumière de la vérité, et ne soutiendra point l’éclat d’une intelligence droite. Si donc il voit par intervalle, et tout en demeurant dans l’injustice, s’il comprend la vérité, il ne s’affermit point en elle, puisqu’il aime ce qui l’en éloigne. Il porte en lui-même sa nuit, qui est l’habitude et même l’amour du péché. Que cette nuit vienne à s’écouler, qu’il brise avec le péché, qu’il en perde l’amour et l’habitude, alors viendra le matin, et il comprendra la vérité jusqu’à s’y attacher avec amour.

7. « Vous haïssez les artisans d’iniquité ». Cette haine de Dieu a le même sens que l’aversion de tout pécheur pour la vérité; et l’on dirait que celle-ci à son tour déteste ceux qu’elle ne laisse point demeurer en elle ; tandis que s’ils n’y demeurent point, c’est qu’ils ne la peuvent supporter. « Vous perdrez ceux qui profèrent le mensonge », car il est contraire à la vérité. Mais qu’on ne s’imagine point qu’il y ait quelque substance ou quelque nature contraire à la vérité ; comprenons plutôt que le mensonge tient à ce qui n’est pas, et non à ce qui est. Dire ce qui est, c’est dire la vérité, et dire ce qui n’est pas, c’est le mensonge. Aussi est-il dit : « Vous perdrez tous ceux qui profèrent le mensonge », puisqu’en se détournant de ce qui subsiste, ils s’en vont à ce qui n’est pas. Souvent le mensonge paraît avoir pour but le salut ou l’avantage d’un autre, et provenir non de la malice, mais de la bienveillance ; tel fut, dans l’Exode (Exod. I, 19), celui de ces sages-femmes, qui mentirent à Pharaon pour sauver la vie aux enfants des Hébreux. Mais ce qui est louable ici, c’est moins l’acte que l’intention ; et ceux qui ne mentent plus que de la sorte, mériteront un jour d’être délivrés de tout mensonge. C’est à eux qu’il est dit : « Que votre discours soit : Oui, oui non, non; car ce qui est de plus, vient du mal (Matt. V, 37) ». Ce n’est pas sans raison qu’il est écrit ailleurs : « La bouche qui ment, tue l’âme (Sag. I, 11) », afin que nul homme vraiment spirituel ne se croie autorisé à mentir, pour conserver soit à lui-même, soit à d’autres cette vie temporelle, dont la perte ne tue pas notre âme. Toutefois, il y a une différence entre mentir, et cacher la vérité, puisque l’un consiste à dire le faux, l’autre à taire le vrai ; si nous ne voulons pas découvrir un homme à qui l’on veut donner cette mort visible du corps, nous devons avoir l’intention de taire le vrai, mais non de dire le faux, afin de ne rien découvrir, et ne point tuer notre âme par le mensonge, en voulant conserver à un autre la vie du corps. Si nous ne sommes point encore dans ces dispositions, efforçons-nous au moins de ne pas mentir au-delà de ces occasions pressantes, afin que Dieu nous délivre même de ces mensonges légers, et nous donne la force du Saint-Esprit qui nous fera mépriser tout ce que nous aurions à souffrir pour la vérité. Il n’y a que deux sortes de mensonges qui ne soient point de fautes graves, mais qui ne sont point exemptes de tout péché, c’est le mensonge par plaisanterie, et le mensonge pour rendre service. Le mensonge joyeux, n’étant point de nature à tromper, n’est point dangereux. Celui à qui nous parlons comprend bien que c’est un badinage. Le second est encore plus léger, puisqu’il renferme une certaine bonté. Mais ce qui se dit sans duplicité de cœur, ne mérite pas le nom de mensonge. Qu’un homme, par exemple, ait reçu en gage une épée de son ami, avec promesse de la lui rendre quand il la redemandera; il est évident qu’il ne doit point la rendre à cet ami qui la redemande avec démence, et qui peut s’en servir contre lui-même ou contre les autres ; il faut attendre le calme de la raison. Il n’y a point ici duplicité de cœur, puisqu’en recevant cette épée en gage et en promettant de la rendre, cet ami était loin de croire qu’on la réclamerait dans la démence. Le Seigneur lui-même a jugé bon de taire la vérité, quand il disait aux disciples peu aptes à la recevoir : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les porter encore (Jean, XVI, 12) »; saint Paul a dit aussi : « Je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels (I Cor. III, 1) ». D’où il suit qu’il ne faut pas accuser celui qui se tait sur la vérité. Mais on ne voit point qu’il soit permis aux parfaits de dire ce qui est faux.

8. « Le Seigneur a en horreur l’homme sanguinaire et l’homme fourbe (Psaume 5, 7) ». On peut très-bien voir une répétition de ce qui est dit plus haut : « Vous haïssez ceux qui font le mal, et vous perdrez ceux qui profèrent le mensonge ». Car « l’homme sanguinaire » peut très-bien être l’homme de l’iniquité, et « le fourbe » désigner le menteur. Il y a fourberie quand on agit dans un sens, et que l’on affecte un autre sens. Le Prophète dit que le Seigneur « les aura en abomination » ; expression qui s’applique à ceux que l’on déshérite ; tandis que ce psaume 5 est le chant « de celle qui a reçu l’héritage », et qui témoigne des tressaillements de son espérance en s’écriant : « Quant à moi, avec vos infinies miséricordes, j’entrerai dans votre maison (Id. 8.) ». Ces miséricordes sans nombre peuvent désigner cette foule d’hommes parfaits et heureux, dont se formera cette cité que l’Eglise porte dans ses entrailles et qu’elle enfante peu à peu. Comment nier que cette multitude d’hommes régénérés se puisse appeler le nombre infini des miséricordes du Seigneur, puisqu’il est dit avec beaucoup de vérité : « Qu’est-ce que l’homme pour que vous vous souveniez de lui, ou le fils de l’homme pour que vous le visitiez (Id. VIII, 5) ? » Pour moi, « j’entrerai dans votre maison », comme une pierre entre dans un édifice. Qu’est-ce en effet que la maison de Dieu, sinon son temple, dont il est dit : « Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple (I Cor. III, 17) ? » Et la pierre angulaire de cet édifice (Ephés. II, 10) est cet homme dont s’est revêtue la force et la sagesse de Dieu, coéternelle au Père.

9. « Je me prosternerai avec crainte auprès de votre saint temple Psaume 5, 8 ». Le Prophète a dit : « Auprès de votre temple », et non pas : c’est dans votre saint temple que je veux vous adorer, mais bien : « C’est auprès de votre saint temple que je me prosternerai ». Cet état n’est point celui des parfaits, mais de ceux qui tendent vers la perfection. Les parfaits diraient alors : « J’entrerai dans votre maison ». Avant d’y arriver il faut dire tout d’abord : « Je vous adorerai auprès de votre saint temple ». C’est pour cela peut-être qu’il ajoute, comme une sauvegarde à ceux qui désirent le salut : « Avec une sainte frayeur ». Quand chacun y sera parvenu, s’accomplira ce mot de l’Evangéliste : « La charité parfaite bannit toute crainte (I Jean, IV, 18) ». Il n’y a plus de crainte pour nous en face de l’ami qui nous a dit : « Je ne vous appellerai plus désormais des serviteurs, mais des amis (Jean, XV, 15) », et qui nous met en possession des promesses.

10. « Seigneur, conduisez-moi dans votre justice, à cause de mes ennemis (Psaume 5, 9) ». Il dit assez qu’il se met en route, qu’il se dirige vers la perfection, mais qu’il n’y est point encore arrivé, puisqu’il demande à Dieu de l’y conduire. « Dirigez-moi dans votre justice », non dans ce qui paraît l’être aux yeux des hommes ; car ils s’imaginent qu’il y a justice à rendre le mal pour le mal ; mais telle n’est point la justice de celui dont il est dit : « Qu’il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants (Matt. V, 45) », puisque Dieu, en punissant les méchants, loin de leur infliger ses châtiments, les abandonne seulement à leur malice. « Voilà », dit-il, « qu’il a fait éclore l’injustice, il a été en travail de l’affliction pour enfanter l’iniquité ; il a ouvert un précipice, il l’a creusé, et il est tombé dans le gouffre qu’il avait préparé : son injustice descendra sur lui, et son iniquité retombera sur sa tête (Ps. VII, 15-17) ». Dieu donc punit les hommes, comme le juge punit les violateurs de la loi, non en leur infligeant lui-même le châtiment, mais en les poussant dans celui qu’ils ont eux-mêmes choisi, et qui sera pour eux le comble du malheur. Mais l’homme qui rend le mal pour le mal, le fait avec un mauvais dessein, et devient méchant lui-même, en voulant châtier les méchants.

11. « Tracez-moi une voie droite en votre présence (Id. V, 9) ». Il est clair qu’il recommande à Dieu le temps que dure son voyage, et que ce voyage s’accomplit non par un chemin terrestre, mais par les sentiments du cœur. « Tracez-moi une voie droite en votre présence », c’est-à-dire dans ce secret où ne pénètre point le regard des hommes, dont il faut mépriser la louange ou le blâme. Ils ne peuvent juger de la conscience des autres, qui est le chemin droit sous l’œil de Dieu. Aussi le Prophète ajoute : « Parce que la vérité n’est pas dans leur bouche (Ps. VII, 10) », et qu’on ne peut croire à leurs jugements, il faut nous réfugier dans l’intérieur de notre conscience et en la présence de Dieu. « Leur cœur est plein de vanité ». Comment la vérité serait-elle dans leur bouche, quand le cœur est trompé par le péché et par la peine du péché ? De là ce cri du Prophète pour les en détourner : « Pourquoi aimez-vous la vanité et recherchez-vous le mensonge (Id. IV, 3) ? »

12. « Leur bouche est un sépulcre ouvert (Id. V, 11) ». On peut appliquer cette parole à l’intempérance, qui est pour beaucoup le motif de flatteries mensongères. Le Prophète a dit justement qu’ils sont un « sépulcre ouvert », parce que leur avidité est insatiable, et ne se ferme point comme le sépulcre qui a reçu un cadavre. On peut dire aussi qu’au moyen de paroles mensongères et d’artificieuses caresses, ils attirent à eux ceux qu’ils font tomber dans le péché ; et c’est comme les dévorer que les faire entrer dans cette voie. Mais l’homme qui en arrive là, meurt par le péché; et celui qui l’a séduit, s’appelle justement un sépulcre ouvert ; il est mort en quelque sorte, puisqu’il n’a plus la vie de la vérité, et il reçoit en lui-même ces morts qu’il a tués en les amenant à lui par le mensonge et la frivolité du cœur. «Leurs langues sont pleines d’artifices  » ; les langues des méchants, car c’est là ce que paraît dire le Prophète, en précisant «leurs langues  ». Elle est mauvaise en effet cette langue du méchant qui dit le mal, qui dit la fraude. C’est à eux que le Seigneur a dit : « Comment diriez-vous le bien puisque vous êtes mauvais (Psaume 5, 11) ? »

13. « Jugez-les, Seigneur, que leurs desseins s’évanouissent (Psaume 5, 11) ». C’est là une prophétie plutôt qu’une malédiction ; et le Prophète ne désire point que cette vengeance arrive, mais il sait ce qui arrivera : et ils tomberont sous cette vengeance, non parce que le Prophète semble la désirer, mais bien parce qu’ils auront mérité d’y tomber. De même quand il dit : « Que ceux qui espèrent en vous soient dans la joie (Id. 12) », il fait, une prophétie et voit cette joie dans l’avenir. Il dit encore : « Excitez votre puissance et venez (Ps. LXXIX, 3) », parce qu’il prévoit que le Seigneur viendra. Dans ces paroles néanmoins : « Que leurs desseins soient renversés », on pourrait voir une prière du Prophète ; et il demanderait que les desseins des méchants s’évanouissent, ou qu’ils fassent trêve à leurs desseins mauvais. Mais l’expression suivante : « Rejetez-les », nous empêche de l’entendre ainsi ; puisque cette expulsion de la part du Seigneur ne peut nullement se prendre en bonne part. Ce n’est donc point une malédiction, mais une prophétie qui annonce dans quelle catastrophe tomberont infailliblement ceux qui voudront persévérer dans les péchés dont il est question. « Qu’ils soient donc déçus dans leurs pensées », qu’ils tombent à cause de leurs desseins qui s’accusent mutuellement, et devant le témoignage de leur conscience, comme l’a dit l’Apôtre : « Leurs pensées les accuseront ou les défendront, quand se lèvera le jour du juste jugement de Dieu (Rom. II, 15, 16) ».

14. « Chassez-les selon le nombre infini de leurs iniquités (Psaume 5, 11) », c’est-à-dire, chassez-les au loin, « le nombre infini de leurs iniquités » demande un long éloignement. C’est ainsi que l’impie est banni de cet héritage, dont la vue et la connaissance de Dieu nous met en possession ; comme l’œil malade est repoussé par l’éclat de la lumière, et trouve une peine dans ce qui fait la joie de l’œil sain. Ceux-là donc au matin ne se tiendront pas debout et ne verront pas. Et cette répulsion est une peine dont la grandeur se mesure à la grandeur de cette joie, dont il est dit : « Pour moi, mon bonheur est de m’attacher à Dieu (Ps. LXXI, 28) ». A ce châtiment est opposé ce mot de l’Evangile : « Entrez dans la joie de votre Dieu » et ce châtiment équivaut à cet autre : « Jetez-le dans les ténèbres extérieures Matt. XXV, 21,30) ».

15. « Mais vous, Seigneur, ils vous trouvent amer (Psaume 5, 11) ». « Je suis le pain de vie descendu du ciel (Jean, VI, 51) », a dit le Seigneur ; puis : « Travaillez pour une nourriture qui ne se corrompt point (Id. 27) » ; puis encore : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux (Ps. XXIII, 9) ». Les pécheurs trouvent amer le pain de la vérité, de là leur haine pour la bouche d’où elle émane. Ils ont donc trouvé le Seigneur amer, parce que le péché les a rendus malades au point que le pain de la vérité, délicieux pour les âmes saines, a pour eux une amertume insupportable.

16. « Qu’ils soient dans la joie, ceux qui espèrent en vous », qui savent goûter, et qui trouvent que le Seigneur est doux. « Leur allégresse sera éternelle et vous habiterez en eux (Ps V, 12) ». Cette allégresse éternelle commencera donc quand les justes deviendront le temple de Dieu : il sera leur joie, il habitera en eux. « Et tous ceux qui aiment votre nom se glorifieront en vous (Id. 9) », parce qu’ils pourront jouir de l’objet de leur amour. Et c’est bien en vous qu’ils posséderont cet héritage qui fait le titre du Psaume 5, et à leur tour ils seront votre héritage, puisque « vous habiterez en eux ». De ce bonheur seront exclus ceux que Dieu doit rejeter à cause de leurs iniquités.

17. « C’est-vous qui bénirez le juste (Id. 13) ». Cette bénédiction sera de se glorifier dans le Seigneur qui habitera en nous. Telle est la gloire que Dieu décerne aux justes ; et pour devenir justes, ils ont dû être appelés, non point à cause de leurs mérites, mais par la grâce de Dieu. « Tous en effet sont pécheurs et ont besoin de la grâce de Dieu » (Rom. VIII, 31-33). « Ceux qu’il a appelés, il les a justifiés, et ceux qu’il a justifiés, il les a glorifiés (Id. VIII, 30) ».Comme cette vocation ne vient point de nos mérites, mais de la miséricordieuse bonté de Dieu, le Prophète a dit : « Seigneur, votre volonté bienveillante nous couvre comme d’un bouclier (Psaume 5, 13) ». Car la bienveillance du Seigneur précède notre volonté. Telles sont les armes pour vaincre notre ennemi. C’est contre lui que l’Apôtre a dit : « Qui accusera les élus de Dieu ? » et encore : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a point épargné son Fils unique, mais il l’a livré à la mort pour nous tous (Rom. VIII, 31-33) ». « Si le Christ a voulu mourir pour nous quand nous étions ses ennemis maintenant que nous sommes réconciliés, nous serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère de Dieu (d. V, 9, 10) ». Tel est l’inexpugnable bouclier qui repousse l’ennemi quand, par l’affliction et la tentation, il nous pousse à désespérer du salut.

18. Le texte du Psaume 5 est donc tout d’abord une prière, depuis ces paroles : « Seigneur, entendez ma voix », jusqu’à ces autres : « Mon roi et mon Dieu ». Mais l’Eglise comprend ce qui l’empêche de voir Dieu, ou de connaître qu’elle est exaucée, depuis : « Je vous invoquerai, Seigneur, et au matin vous entendrez ma voix », jusqu’à : « Vous avez en horreur l’homme de sang et l’homme fourbe ». En troisième lieu, depuis ce verset : « Pour moi, avec la multitude de vos miséricordes », jusqu’à : « Je me prosternerai avec crainte auprès de votre saint temple », l’Eglise espère devenir un jour la maison de Dieu, et en cette vie s’approcher de lui dans la crainte, jusqu’à ce que la charité consommée ait banni toute crainte. Quatrièmement, elle sent qu’elle s’avance et qu’elle marche entre des obstacles ; elle demande ce secours de l’intérieur, imperceptible à l’œil humain, de peur que la langue des méchants ne la détourne du bon chemin, depuis : Seigneur, « conduisez-moi, dans votre justice », jusqu’à : « Leurs langues sont pleines d’artifices ». Elle prédit, en cinquième lieu, le châtiment des impies, quand le juste à peine sera sauvé ; et la récompense de ce juste qui aura répondu à l’appel de Dieu, et qui aura courageusement tout supporté, jusqu’à ce qu’il arrive au Seigneur. Cette partie commence à : « Jugez-les, Seigneur », pour finir avec le psaume 5.




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Message par Invité Dim 11 Avr 2021 - 13:37

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...*


Psaume 6 - "Imploration dans l'épreuve"





Psaume 6 - "Imploration dans l'épreuve" : Ps 6:1-2 Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Sur l'octacorde. Psaume. De David. Yahvé, ne me châtie point dans ta colère, ne me reprends point dans ta fureur.

Le psaume 6 est attribué au roi David d'après l'indication du premier verset et fait partie des sept psaumes pénitentiels (Ps6; Ps32; Ps38; Ps51; Ps102; Ps130; Ps143). Ce psaume 6 "Domine ne in furore" en latin exprime les sentiments d'Israël souffrant de l'oppression d'un autre peuple et est destiné à quelqu'un qui a été frappé par la maladie.
Dans la liturgie des Heures, le psaume 6 est récité ou chanté à l’office des lectures du lundi de la première semaine.



Le Psaume 6 - " Imploration dans l'épreuve " en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 6:1- Du maître de chant. Sur les instruments à cordes. Sur l'octacorde. Psaume. De David.
Ps 6:2- Yahvé, ne me châtie point dans ta colère, ne me reprends point dans ta fureur.
Ps 6:3- Pitié pour moi, Yahvé, je suis à bout de force, guéris-moi, Yahvé, mes os sont bouleversés,
Ps 6:4- mon âme est toute bouleversée. Mais toi, Yahvé, jusques à quand ?
Ps 6:5- Reviens, Yahvé, délivre mon âme, sauve-moi, en raison de ton amour.
Ps 6:6- Car, dans la mort, nul souvenir de toi dans le shéol, qui te louerait?
Ps 6:7- Je me suis épuisé en gémissements, chaque nuit, je baigne ma couche; de mes larmes j'arrose mon lit,
Ps 6:8- mon œil est rongé de pleurs. Insolence chez tous mes oppresseurs;
Ps 6:9- loin de moi, tous les malfaisants! Car Yahvé entend la voix de mes sanglots;
Ps 6:10- Yahvé entend ma supplication, Yahvé accueillera ma prière.
Ps 6:11- Tous mes ennemis, confondus, bouleversés, qu'ils reculent, soudain confondus !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Domine ne in furore (Psalm 6) · Erik Westberg · Serikon ·
Andrea Gabrieli · Daniel Stighäll . Acqua Alta
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Le Psaume 6 en latin : "Domine ne in furore"

Ps 6, 01 : In finem in carminibus pro octava psalmus David
Ps 6, 02 : Domine ne in furore tuo arguas me neque in ira tua corripias me
Ps 6, 03 : miserere mei Domine quoniam infirmus sum sana me Domine quoniam conturbata sunt ossa mea
Ps 6, 04 : et anima mea turbata est valde et tu Domine usquequo
Ps 6, 05 : convertere Domine eripe animam meam salvum me fac propter misericordiam tuam
Ps 6, 06 : quoniam non est in morte qui memor sit tui in inferno autem quis confitebitur tibi
Ps 6, 07 : laboravi in gemitu meo lavabo per singulas noctes lectum meum in lacrimis meis stratum meum rigabo
Ps 6, 08 : turbatus est a furore oculus meus inveteravi inter omnes inimicos meos
Ps 6, 09 : discedite a me omnes qui operamini iniquitatem quoniam exaudivit Dominus vocem fletus mei
Ps 6, 10 : exaudivit Dominus deprecationem meam Dominus orationem meam suscepit
Ps 6, 11 : erubescant et conturbentur vehementer omnes inimici mei convertantur et erubescant valde velociter

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 6 de David sur : « LE JUGEMENT DE DIEU »  :

L’âme fidèle supplie le Seigneur de lui accorder le salut, de la maintenir dans la justice, comme s’il devait être plus glorieux pour Dieu de faire éclater sa bonté que sa justice. Elle veut s’éloigner des pécheurs impénitents, s’ils ne se convertissent au Seigneur.


1. Pour la Fin, Psaume de David, pour les chants du huitième jour (Psaume 6, 1). Cette expression, « huitième jour », est obscure ; mais le reste du titre est clair. Quelques-uns ont cru qu’elle signifiait le jour du jugement, ou ce temps de l’avènement de Jésus-Christ qui descendra pour juger les vivants et les morts. Cet avènement, selon cette croyance, aura lieu après sept milliers d’années, à compter depuis Adam ; ces sept milliers d’années s’écouleraient comme sept jours, et le huitième serait celui de l’avènement. Mais le Seigneur a dit : « Ce n’est point à vous de connaître les temps que mon Père a disposés dans sa puissance (Act. I, 7) » ; et encore : « Quant à ce jour et à cette heure, nul ne les sait, ni les Anges, ni les Vertus, ni le Fils lui-même ; le Père seul les connaît (Matt. XXIV, 36) » ; et enfin saint Paul a écrit, que ce jour du Seigneur nous surprendra comme le voleur (I Thess. V, 2) : tout cela nous montre clairement qu’on ne doit point chercher à connaître ce jour par la supputation des années. Or, s’il devait arriver après sept milliers d’années, tout homme pourrait le connaître au moyen d’un calcul. Comment donc se fait-il que le Fils ne le connaît point ? Parole qui signifie qu’il ne l’apprendra point aux hommes, et non qu’il ne le sait point en lui-même. C’est ainsi qu’il est dit : « Le Seigneur vous tente afin de savoir (Deut. III, 3) », c’est-à-dire, « afin de vous faire connaître », comme : « Levez-vous, Seigneur (Ps. III, 7) », signifie, aidez-nous à nous relever. Si donc le Fils ne connaît point le jour, non qu’il l’ignore, mais parce qu’il ne l’enseigne point à ceux qui n’ont aucun avantage à le connaître ; n’y a-t-il pas une certaine présomption à compter les dates pour affirmer que le jour du Seigneur doit arriver après sept milliers d’années ?

2. Pour nous, ignorons de bon cœur ce qu’il n’a pas plu à Dieu de nous révéler, et cherchons ce que veut dire cette expression du titre : « Pour le huitième jour ». Sans recourir à des calculs téméraires on peut entendre par huitième jour celui du jugement, car la fin de ce monde nous ouvrira la vie éternelle ; et alors les âmes des justes ne seront plus assujetties aux temporelles vicissitudes ; et comme tous les temps roulent périodiquement de sept jours en sept jours, on appellerait huitième jour celui qui serait en dehors de cette révolution. Dans un autre sens qui n’est pas sans justesse, on appellerait huitième jour, celui du jugement, parce qu’il doit arriver après deux genres de vie, dont l’un tient à la chair, et l’autre à l’esprit. Depuis Mam jusqu’à Moïse, la vie humaine est une vie corporelle, une vie selon la chair, ce que saint Paul appelle vie de l’homme extérieur, du vieil homme (Ephés. IV, 22). A cette génération fut donné l’Ancien Testament, dont le culte était grossier, quoique religieux, et figurait le culte spirituel de l’avenir. Pendant cette période où l’on vivait selon la chair, « la mort a régné », dit l’Apôtre, « même sur ceux qui n’avaient point péché ». Et comme il l’a dit encore, « elle a régné parce qu’on imitait la prévarication d’Adam (Rom. V, 14) ». Mais « jusqu’à Moïse », signifie tant qu’ont duré les œuvres de la loi, ces rites sacrés, observés d’une manière charnelle, et qui néanmoins tinrent enchaînés ceux-là mêmes qui croyaient à un seul Dieu, pour leur donner la foi au mystère de l’avenir. Mais depuis l’avènement de Jésus-Christ, qui nous a fait passer de la circoncision de la chair, à la circoncision du cœur, nous sommes appelés à vivre selon l’esprit, c’est-à-dire selon l’homme intérieur, appelé homme nouveau (Coloss. III, 10) à cause de sa régénération baptismale, et de ses mœurs devenues plus spirituelles.

Car il est évident que le nombre quatre appartient au corps à cause des éléments dont il est formé, et de ces quatre qualités, du chaud, du froid, du sec, de l’humide. De là vient que Dieu le fait passer par les quatre saisons du printemps, de l’été, de l’automne, de l’hiver. Tout cela est connu; et il est démontré ailleurs, par des raisons plus subtiles, que le nombre quatre appartient au corps ; mais évitons ces raisons assez obscures, dans un discours que nous voulons mettre à la portée des moins instruits. Le nombre trois appartient à l’âme, comme nous l’apprend le précepte d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, et de tout notre esprit (Deut. VI, 5 ; Matt. XXII, 37). De plus longs détails viendraient dans l’explication de l’Evangile et non d’un psaume ; mais cela suffit, je crois, pour montrer que le nombre ternaire appartient à l’âme. Donc, lorsque les nombres du corps, qui tiennent au vieil homme et à l’Ancien Testament, et les nombres de l’esprit ou de l’homme régénéré et de la loi nouvelle, seront écoulés comme un nombre de sept jours ; puisque toute action en cette vie se rapporte au corps ou au nombre quatre, ou à l’âme dont le nombre est ternaire ; après cela viendra le huitième jour qui, rendant à chacun ce qu’il a mérité, appellera les justes, non plus à des œuvres passagères, mais à la vie sans fin, et condamnera les impies aux supplices éternels.

3. Telle est la damnation que redoute l’Eglise, qui s’écrie dans ce psaume 6 : « Seigneur, ne m’accusez pas dans votre colère (Psaume 6, 2) ». Saint Paul parle aussi de colère à propos du jugement : « Tu amasses pour toi, dit-il, un trésor de colère, pour le jour de la colère et du juste jugement de Dieu (Rom. II, 5) ». C’est dans ce jour que ne veut pas être accusé celui qui cherche à se guérir en cette vie. « Et ne me reprenez point dans votre fureur ». Reprendre est plus doux, car il tend à l’amendement; au lieu que, quand on est accusé, ou mis en jugement, on doit craindre pour issue une condamnation. Mais la fureur paraît être plus grande que la colère, et l’on peut s’étonner que reprendre, qui est plus doux, soit placé avec fureur, qui est l’expression la plus sévère. Pour moi, je crois que ces deux expressions n’ont qu’un même sens ; car le mot grec « tumos » du premier verset a la même signification que « orphe », qui est dans le second. Mais comme la version latine a voulu employer aussi deux expressions, elle en a cherché une qui se rapprochât le plus de colère, et a mis fureur. De là des variantes dans les versions ; car, dans l’une, c’est la colère qui est avant la fureur, dans l’autre, c’est la fureur avant la colère ; d’autres, au lieu de fureur ont indignation, et même bile. Quoi qu’il en soit, ces deux termes expriment un mouvement de l’âme qui veut punir, mouvement que nous ne pourrons attribuer à Dieu dans le même sens qu’à notre âme, puisqu’il est dit « Pour vous, Dieu des vertus, vous nous jugez dans le calme (Sag. XII, 18) ». Mais ce qui est dans le calme, est opposé au trouble. Dieu donc dans ses jugements est inaccessible au trouble ; mais on a appelé sa colère, cette émotion occasionnée par ses lois chez ses ministres. Or, l’âme qui supplie dans ce psaume 6, redoute d’être accusée dans cette colère, elle ne veut pas même cette réprimande qui la corrigerait ou l’instruirait. Car il y a dans le grec « paideustes », c’est-à-dire « enseignez ». Au jour du jugement seront convaincus tous ceux qui ne sont pas fondés sur Jésus-Christ; mais ceux qui sur cette base auront bâti avec le bois, le foin et la paille, ils seront amendés ou purifiés, ils souffriront un dommage et néanmoins seront sauvés, mais comme par le feu (I Cor. III, 11). Que peut-on demander à Dieu, quand on ne veut être ni accusé ni repris dans sa colère ? Que demander, sinon d’être guéri, puisque la guérison ne nous laisse à craindre ni la mort, ni la main du médecin qui emploie le feu ou le fer ?

4. Le Psalmiste poursuit donc : « Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis infirme, guérissez-moi, parce que mes os sont ébranlés (Psaume 6, 3) », et par ces os il entend la force de l’âme ou le courage. L’âme donc, en parlant de ses os, se plaint de son courage qui est ébranlé ; mais gardons-nous de croire qu’elle ait des os comme ceux du corps. Expliquant donc ce qui précède, le Prophète ajoute « Et mon âme est dans un trouble « profond », afin que l’on n’applique point au corps, ce qu’il appelait des os. « Et vous, Seigneur, jusques à quand (Id. 4 ) ? » Qui ne verrait ici une âme qui lutte avec ses infirmités, et que le médecin ne se presse pas de guérir, afin de lui faire sentir dans quel abîme de maux le péché l’a précipitée ? On ne cherche guère à éviter ce qui se guérit facilement; mais une guérison difficile nous rend plus attentifs à conserver la santé quand nous l’avons recouvrée. Loin de nous cette pensée qu’il y ait de la cruauté dans ce Dieu à qui l’on dit : « Jusques à quand tarderez-vous à me guérir ? » mais il veut dans sa bonté montrer à l’âme quelle blessure elle s’est faite. Car cette âme ne prie pas encore avec une telle ferveur que Dieu puisse lui dire : « Ta prière ne sera pas achevée que je répondrai : Me voici (Isa. LXV, 21) ». Dieu veut encore nous montrer quel sera le châtiment des impies qui refusent de retourner à lui, si la conversion nous est si difficile ; dans ce sens il est dit ailleurs : « Si le juste à peine est sauvé, que deviendront le pécheur et l’impie (I Pierre, IV, 18 ) ? »

5. « Revenez à moi, Seigneur, et délivrez « mon âme (Psaume 6, 5) ». En revenant à Dieu, le pécheur le supplie de se tourner vers lui, comme il est écrit : « Revenez à moi, dit le Seigneur, et je reviendrai à vous (Zach. I, 3) » Mais cette expression : « Revenez, Seigneur », voudrait-elle dire : Aidez-moi dans mon retour, à cause des difficultés et du labeur que rencontre un retour à Dieu ? Car notre conversion parfaite au Seigneur, le trouvera toujours prêt, ainsi que l’a dit le Prophète : « Nous le trouvons prêt comme la lumière du matin (Osée, VI, 3, suiv. les LXX) ». Nous l’avons perdu, en effet, non qu’il se soit retiré de nous, puisqu’il est présent partout, mais bien parce que nous lui avons tourné le dos. « Il était en ce monde », est-il dit, « et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a pas connu (Jean, I, 10) ». Si donc il était en ce monde sans que le monde le connût, c’est que nos souillures ne supportent point sa présence. Mais pour nous convertir, ou pour effacer notre vie passée en taillant de nouveau notre âme à l’image de Dieu, nous ressentons le douloureux labeur d’échanger les terrestres voluptés contre le calme serein de la divine lumière. Et dans cette pénible tâche nous disons : « Revenez à moi, Seigneur », c’est-à-dire, aidez-moi, afin que se perfectionne en moi ce retour qui vous trouvera toujours prêt, et vous donnera en jouissance à ceux qui vous aiment. Aussi, après avoir dit : « Revenez à moi, Seigneur », le Prophète a-t-il ajouté : « Et délivrez mon âme », que retiennent encore les soucis du monde, et qui, dans son retour à vous, se sent déchirer par l’aiguillon des désirs. « Sauvez-moi », dit-il, « à cause de votre miséricorde (Psaume 6, 3) ». Il sent qu’il n’est point guéri par ses propres mérites, puisqu’un pécheur, un violateur de la loi ne devait s’attendre en justice qu’à la damnation. Sauvez-moi donc, dit-il, non point que je l’aie mérité, mais à cause de votre miséricorde.

6. « Car nul après la mort ne se souvient de vous (Id. 6 ) ». Il comprend que c’est en cette vie qu’il faut nous convertir, car après la mort il ne reste plus à chacun qu’à recevoir selon ses œuvres. « Qui vous confessera dans les enfers (Psaume 6, 6) ? » Le riche dont parle Jésus-Christ, confessa Dieu dans les enfers, quand il se plaignit de ses tortures, en voyant Lazare au sein du repos ; il confessa Dieu au point de vouloir avertir les siens de s’abstenir du péché, en vue de ces tourments de l’enfer, auxquels on ne croit point (Luc, XVI, 23-31). Ce fut en vain, il est vrai, mais enfin il confessa qu’il souffrait justement, puisqu’il désirait avertir ses frères de ne point encourir ces châtiments. Qu’est-ce à dire alors : « Qui confessera votre nom dans les enfers ? » Entendrait-il par là ce profond abîme, où sera précipité l’impie après le jugement, et dont les épaisses ténèbres ne laisseront échapper aucune lueur de Dieu pour le confesser ? Toutefois ce riche, en élevant les yeux, put apercevoir Lazare au sein du repos, nonobstant les ténébreuses profondeurs qui l’environnaient lui-même ; et la comparaison qu’il dut faire lui arracha l’aveu de ses fautes. Le Prophète pourrait donner aussi le nom de mort au péché que l’on commet au mépris de la loi divine ; et nous faire appeler mort ce qui n’en est que l’aiguillon, parce qu’il aboutit à la mort; car l’aiguillon de la mort c’est le péché (I Cor. XV, 56). Dans cette mort l’oubli de Dieu serait le mépris de ses lois et de ses préceptes ; ainsi le Prophète appellerait enfer cet aveuglement de l’esprit, qui saisit et enveloppe le pécheur, ou l’âme qui meurt par le péché. « Comme ils n’ont pas fait usage », dit saint Paul, « de la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés au sens réprouvé (Rom. I, 28) ». C’est de cette mort et de cet enfer que l’âme demande à Dieu de la préserver, quand elle cherche à revenir à lui, et sent les difficultés du retour.

7. Aussi le Prophète continue en disant : « Je me suis fatigué dans mon gémissement », et comme si c’était peu, il ajoute : « Chaque nuit je laverai ma couche de mes larmes (Psaume 6, 7) ». Il appelle ici couche tout ce qu’une âme faible et malade cherche pour son repos, comme la volupté charnelle et les plaisirs du monde. C’est laver de ses larmes ces mêmes plaisirs, que chercher à s’en arracher. On voit que ses appétits charnels sont condamnables, et toutefois on est assez faible pour s’y attacher par goût, pour s’y reposer à l’aise ; et notre âme ne peut s’en relever qu’après sa guérison. Mais en disant : « Chaque nuit », le Prophète a voulu peindre sans doute l’homme dont l’esprit est prompt et reçoit quelque lueur de vérité, mais dont la chair est assez faible pour mettre parfois son bonheur dans les plaisirs du siècle, en sorte qu’il subit dans ses affections une alternative de lumière et de ténèbres : c’est le jour pour lui quand il dit : « Par l’esprit, j’obéis à la loi de Dieu », mais il décline vers la nuit à ces mots : « Et par la chair à la loi du péché (Rom. VII, 25) », jusqu’à ce qu’enfin toute nuit se dissipe, et que vienne ce jour unique dont il est dit : «Au matin je serai debout, et je verrai (Psaume 6, 7) ». C’est alors qu’il se tiendra debout; mais aujourd’hui, il est étendu sur cette couche que chaque nuit il doit mouiller de ses larmes, et de larmes si abondantes, qu’il obtienne de la bonté de Dieu le remède infaillible. « J’arroserai mon lit de mes pleurs », est une répétition ; car « mes pleurs » montrent comment il a dit plus haut : « Je laverai ». « Son lit » a le même sens que « sa couche », et toutefois, « j’arroserai » dit plus que « je laverai » : laver peut se borner à mouiller à la surface, tandis que l’arrosage pénètre dans l’intérieur, ce qui marquerait des larmes jusqu’aux profondeurs de l’âme. Le Prophète change les temps du verbe ; il a dit au passé : « Je me suis fatigué dans mes gémissements » ; puis au futur: « Chaque nuit je laverai ma couche », puis encore : « J’arroserai mon lit de mes larmes », afin de nous montrer ce qui nous reste à faire quand nous nous sommes fatigués en vain à gémir ; comme s’il disait : Ce que j’ai fait ne m’a servi de rien, voici désormais ce que je vais faire.

8.  « Mon œil s’est troublé dans la colère (Psaume 6, 8 ) » : est-ce dans sa propre colère, ou cette colère de Dieu par laquelle il a demandé de n’être ni accusé ni repris ? Mais si la colère de Dieu signifie le jugement, comment l’entendre dès cette vie ? Ou cette colère commencerait dès cette vie, dans les douleurs et les maux des hommes, et surtout dans leur impuissance à comprendre la vérité, selon le mot de saint Paul cité plus haut : « Dieu les a livrés au sens réprouvé (Rom. I, 28) ». Tel est en effet l’aveuglement de l’esprit, que tout homme dans cet état se trouve privé de toute lumière intérieure de Dieu, mais pas absolument, tant que dure cette vie. Car il y a des ténèbres extérieures « qui sont réservées plus spécialement au jour du jugement, et qui éloigneront complètement de Dieu quiconque aura négligé de se corriger ici-bas. Mais être complètement en dehors de Dieu, qu’est-ce autre chose que l’aveuglement complet ? Car Dieu habite une lumière inaccessible (I Tim. VI, 16), et dans laquelle entreront ceux qu’il invitera, en disant : « Entrez dans la joie de votre Seigneur (Matt. XXV, 21, 22) ». Cette colère commence donc dès cette vie à peser sur tout pécheur. La crainte du dernier jugement arrache au Prophète des gémissements et des larmes ; il craint d’arriver à cette colère dont le commencement lui est déjà si douloureux ; aussi ne dit-il pas que « son œil s’est éteint », mais « qu’il a été troublé par cette colère ». Rien ne nous étonnerait encore s’il disait que son œil a été troublé par sa propre colère ; c’est peut-être en ce sens qu’il est dit : « Que le soleil ne se couche point sur votre colère (Ephés. IV, 26) » parce que l’âme, dans ce trouble, ne pouvant voir Dieu, s’imagine que cette sagesse divine, ce soleil intérieur est en quelque sorte couché pour elle.

9. « J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis (Psaume 6, 8.) ». Il avait parlé de colère, si c’est toutefois de sa propre colère ; mais en considérant tous les autres vices, il trouve qu’il en est environné. Comme ces vices nous viennent de notre première vie et du vieil homme dont il faut nous dépouiller pour revêtir l’homme nouveau, le psalmiste dit fort bien : « J’ai vieilli ». « Au milieu de tous mes ennemis » peut s’entendre ou des vices, ou des hommes qui ne veulent point retourner à Dieu ; car ces hommes, quoiqu’à leur insu, malgré leurs ménagements, bien qu’ils vivent en paix avec nous, dans les mêmes villes, sous le même toit, à la même table, qu’ils s’entretiennent souvent et paisiblement avec nous ; ces hommes, par leurs intentions contraires aux nôtres, sont ennemis de quiconque veut retourner à Dieu. Car si les uns aiment le monde et s’y attachent, et que les autres désirent en être délivrés, qui ne voit que les premiers sont ennemis des seconds, qu’ils entraînent, quand ils peuvent, dans les mêmes châtiments ? Et c’est une grande faveur de Dieu d’entendre journellement leur conversation, et de ne point s’écarter de la voie des commandements de Dieu. Souvent une âme qui s’efforce d’aller à Dieu, se laisse ébranler et s’effraie dans sa route, et la plupart du temps elle abandonne ses résolutions, parce qu’elle craint d’offenser ceux qui vivent avec elle, et qui recherchent avidement les biens passagers et périssables. Tout cœur parfaitement sain s’en sépare non de lieu, mais d’affection; car l’amour est à l’âme ce qu’est pour les corps le lieu qui les contient.

10. Donc, après le labeur, le gémissement, et ces fréquentes effusions de larmes, comme on ne peut adresser en vain de si ferventes supplications à celui qui est la source de toutes les miséricordes, et dont il est dit, avec tant de vérité : « Le Seigneur est tout près des cœurs contrits (Ps. XXXIII, 19) » ; après ces difficultés donc, toute âme pieuse, ou même l’Eglise, si vous le voulez, témoigne qu’elle a été exaucée. Voyez donc ce qu’elle ajoute : « Retirez-vous de moi, vous tous, artisans d’iniquité, parce que le Seigneur a entendu la voix de mes larmes (Psaume 6, 9) ». Ou le prophète annonce qu’au jour du jugement, les impies devront s’éloigner des bons et en seront séparés : ou il leur dit de se séparer à l’instant ; car s’ils font partie avec nous des mêmes grappes, néanmoins, jusque dans l’aire, les grains sont déjà dépouillés et séparés de cette paille qui les recouvre encore. Ils peuvent bien être entassés ensemble, mais le vent ne peut les enlever ensemble.

11. « Parce que le Seigneur a écouté la voix de mes larmes, le Seigneur a entendu mes supplications, le Seigneur a reçu ma prière (Psaume 6, 10 ) ». Cette répétition fréquente de la même pensée indique moins chez le psalmiste la nécessité de ce langage que le transport de sa joie. Quiconque est dans l’allégresse ne se contente point de nous en dire une fois le motif. Tel est le fruit de ce gémissement douloureux qui lui fait mouiller sa couche de ses larmes, et arroser son lit : « Car on ne sème dans les larmes que pour moissonner dans la joie (Id. CXXV, 5) » ; et : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés (Matt. V, 5) ! »

12. « Confusion et trouble pour tous mes ennemis (Psaume 6, 11 ) ». Naguère le Prophète disait : « Eloignez-vous tous de moi », ce qui peut avoir lieu en cette vie, comme nous l’avons vu ; mais quand il parle de « confusion et d’effroi », je ne vois pas que cela se puisse entendre autrement que du jour qui mettra en évidence la récompense des justes et le châtiment des pécheurs. Jusqu’à ce jour, en effet, l’impie est loin de rougir et de cesser de nous insulter. Souvent même ses moqueries en viennent jusqu’à faire rougir de Jésus-Christ les hommes faibles dans la foi. De là cette menace : « Quiconque aura rougi de moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père (Luc, IX, 26) ».  Quiconque dès lors veut suivre les sublimes conseils de l’Evangile, de partager son bien, de le donner aux pauvres, afin de demeurer juste pour l’éternité (Ps. CXI, 9), de vendre ses possessions terrestres pour assister les indigents et suivre le Christ en disant : « Nous n’avons rien apporté en ce monde, nous n’en pouvons rien emporter : contentons-nous d’avoir de quoi vivre et nous vêtir (I Tim. VI, 7) » ; celui-là tombe sous les railleries sacrilèges des impies ; ceux qui repoussent le sens droit le traitent d’insensé. Souvent, pour éviter ce surnom de la part des incurables, il craint de faire, il remet au lendemain ce que prescrit le médecin le plus fidèle comme le plus puissant. Ceux-là donc ne peuvent rougir en cette vie; souhaitons au contraire qu’ils s’aient pas la puissance de nous faire rougir, de nous détourner du chemin que nous avons pris, de ne point nous y causer d’embarras ou de retard. Mais un temps viendra qu’ils rougiront et répéteront ces paroles de 1’Ecriture « Les voilà, ceux qui étaient l’objet de nos mépris et même de nos outrages. Insensés que nous étions, nous estimions leur vie une folie, et leur fin un opprobre : et les voilà comptés parmi les fils de Dieu, et leur partage est avec les saints ! Nous avons donc erré hors de la vérité, et la lumière de la justice n’a pas lui à nos yeux, et le soleil ne s’est pas levé pour nous. Nous nous sommes lassés dans la voie de l’iniquité et de la perdition ; nous avons marché par des chemins « difficiles, et nous avons ignoré la voie du Seigneur. A quoi bon notre orgueil, à quoi bon l’ostentation de nos richesses ? Toutes ces choses ont passé comme l’ombre (Sag. V, 3-9) ».

13. Dans ces paroles : « Qu’ils se convertissent pour leur confusion (Psaume 6, 11) », qui ne voit un juste châtiment qui tourne à leur confusion dans cette conversion qu’ils ont refusé de faire pour leur salut ? « Et cela bien vite », ajoute le Prophète : car ils ne compteront plus sur le jour du jugement, et comme ils diront : « La paix est à nous; une ruine soudaine les surprendra (I Thess. V, 3) ». Quel que soit le moment, ce que l’on n’attendait pas arrive toujours bien vite, et il n’y a que l’espérance de vivre encore qui nous fasse croire que cette vie est longue. Rien ne nous paraît plus rapide que ce qui en est déjà passé. Quand donc viendra le jour du jugement, alors les pécheurs sentiront combien est courte une vie qui passe ; et ils ne pourront croire qu’il ait été long à venir, ce jour qu’ils ne désiraient point, ou plutôt à l’arrivée duquel ils n’avaient point cru. On pourrait dire encore que l’âme dont Dieu a exaucé les gémissements et les pleurs si fréquents et si durables, sentant qu’elle est délivrée du péché, et qu’elle a dompté tous les mouvements pervers des sensuelles affections, en leur disant : « Retirez-vous de moi, artisans d’iniquité, parce que le Seigneur a exaucé la voix de mes larmes (Psaume 6, 9) », se trouve arrivée à cet état de perfection, où elle peut prier pour ses ennemis. C’est dans ce sens peut-être qu’il est dit : « Que tous mes ennemis soient dans la confusion et dans le trouble », afin qu’ils fassent pénitence de leurs fautes, ce qui est impossible sans trouble ni confusion. Rien n’empêche d’entendre les paroles suivantes : « Qu’ils se convertissent pour leur confusion », dans le sens d’un retour à Dieu et d’une confusion de s’être jadis glorifiés dans les ténèbres du péché, comme l’a dit l’Apôtre : « Quelle gloire avez-vous tirée de ce qui est maintenant pour vous un sujet de honte (Rom. VI, 21) ? » Cette autre expression, « et cela au plus vite », peut désigner la ferveur du désir ou se rapporter à la puissance du Christ qui, dans un temps si court, a converti à la foi de l’Evangile, ces nations qui défendaient leurs idoles en persécutant l’Eglise.




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Message par Invité Lun 12 Avr 2021 - 15:10

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...*


Psaume 7 - "Prière du juste persécuté"





Psaume 7 - "Prière du juste persécuté" : Ps 7:1-3 : Lamentation. De David. Qu'il chanta à Yahvé à propos de Kush le Benjaminite. Yahvé mon Dieu, en toi j'ai mon abri, sauve-moi de tous mes poursuivants, délivre-moi; qu'il n'emporte comme un lion mon âme, lui qui déchire, et personne qui délivre !

Le psaume 7 est aussi attribué à David et dans la liturgie des Heures, le psaume 7 est récité à l'office du milieu du jour le lundi de la première semaine.


Le Psaume 7 - " Prière du juste persécuté " en français (La Bible de Jérusalem, 1998) : :

Ps 7:1- Lamentation. De David. Qu'il chanta à Yahvé à propos de Kush le Benjaminite.
Ps 7:2- Yahvé mon Dieu, en toi j'ai mon abri, sauve-moi de tous mes poursuivants, délivre-moi;
Ps 7:3- qu'il n'emporte comme un lion mon âme, lui qui déchire, et personne qui délivre !
Ps 7:4- Yahvé mon Dieu, si j'ai fait cela, laissé la fraude sur mes mains,
Ps 7:5- si j'ai rendu le mal à mon bienfaiteur, épargné un injuste oppresseur,
Ps 7:6- que l'ennemi poursuive mon âme et l'atteigne! Qu'il écrase ma vie contre terre et relègue mes entrailles dans la poussière!
Ps 7:7- Lève-toi, Yahvé, dans ta colère, dresse-toi contre les excès de mes oppresseurs, réveille-toi, mon Dieu. Tu ordonnes le jugement.
Ps 7:8- Que l'assemblée des nations t'environne, reviens au-dessus d'elle.
Ps 7:9- Yahvé est l'arbitre des peuples. Juge-moi, Yahvé, selon ma justice et selon mon intégrité.
Ps 7:10- Mets fin à la malice des impies, confirme le juste, toi qui sondes les cœurs et les reins, ô Dieu le juste!
Ps 7:11- Le bouclier qui me couvre, c'est Dieu, le sauveur des cœurs droits,
Ps 7:12- Dieu le juste juge, lent à la colère, mais Dieu en tout temps menaçant
Ps 7:13- pour qui ne revient. Que l'ennemi affûte son épée, qu'il bande son arc et l'apprête,
Ps 7:14- c'est pour lui qu'il apprête les engins de mort et fait de ses flèches des brandons;
Ps 7:15- le voici en travail de malice, il a conçu la peine, il enfante le mécompte.
Ps 7:16- Il ouvre une fosse et la creuse, il tombera dans le trou qu'il a fait;
Ps 7:17- sa peine reviendra sur sa tête, sa violence lui retombera sur le crâne.
Ps 7:18- Je rends grâce à Yahvé pour sa justice, je joue pour le Nom du Très-Haut.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Domine Deus Meus, In Te Speravi: Ps.7 • Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
.

Le Psaume 7 en latin : : "Domine Deus Meus, In Te Speravi"

Ps 7, 01 : Psalmus David quem cantavit Domino pro verbis Chusi filii Iemini
Ps 7, 02 : Domine Deus meus in te speravi salvum me fac ex omnibus persequentibus me et libera me
Ps 7, 03 : nequando rapiat ut leo animam meam dum non est qui redimat neque qui salvum faciat
Ps 7, 04 : Domine Deus meus si feci istud si est iniquitas in manibus meis
Ps 7, 05 : si reddidi retribuentibus mihi mala decidam merito ab inimicis meis inanis
Ps 7, 06 : persequatur inimicus animam meam et conprehendat et conculcet in terra vitam meam et gloriam meam in pulverem deducat diapsalma
Ps 7, 07 : exsurge Domine in ira tua exaltare in finibus inimicorum meorum et exsurge Domine Deus meus in praecepto quod mandasti
Ps 7, 08 : et synagoga populorum circumdabit te et propter hanc in altum regredere
Ps 7, 09 : Dominus iudicat populos iudica me Domine secundum iustitiam meam et secundum
innocentiam meam super me
Ps 7, 10 : consummetur nequitia peccatorum et diriges iustum et scrutans corda et renes Deus
Ps 7, 11 : iustum adiutorium meum a Deo qui salvos facit rectos corde
Ps 7, 12 : Deus iudex iustus et fortis et patiens numquid irascitur per singulos dies
Ps 7, 13 : nisi conversi fueritis gladium suum vibrabit arcum suum tetendit et paravit illum
Ps 7, 14 : et in eo paravit vasa mortis sagittas suas ardentibus effecit
Ps 7, 15 : ecce parturiit iniustitiam *et; concepit dolorem et peperit iniquitatem
Ps 7, 16 lacum aperuit et effodit eum et incidet in foveam quam fecit
Ps 7, 17 : convertetur dolor eius in caput eius et in verticem ipsius iniquitas eius descendet
Ps 7, 18 : confitebor Domino secundum iustitiam eius et psallam nomini Domini altissimi

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 7 de David, qu’il chanta au Seigneur pour les paroles de Chusi, fils de Gémini, sur : « LE SILENCE DE JÉSUS-CHRIST » :

Ce psaume 7 est le chant de l’âme arrivée à la perfection, et à qui la foi découvre les Mystères de la Passion inconnus aux Juifs et aux pécheurs actuels. Elle comprend la patience silencieuse de Jésus à l’égard de Judas ; et pourquoi, Lui qui était juste, a voulu souffrir.


1. Il est facile de connaître par l’histoire du second livre des Rois, ce qui donna occasion à cette prophétie. Elle nous apprend que Chusi ami du roi David, passa dans les rangs d’Absalon révolté contre son père, afin de reconnaître ses desseins, et de rapporter à David toutes les trames que ce fils ourdissait contre lui avec Achitopel, qui avait trahi l’amitié du père, pour soutenir de tous les conseils qu’il pourrait donner, la révolte du fils. Mais dans ce psaume 7, il faut envisager l’histoire, moins en elle-même, que comme un voile jeté par le Prophète sur un grand mystère; levons donc ce voile (II Cor. III, 16) si nous avons passé au Christ. Cherchons d’abord quel sens peuvent avoir les noms ; car on n’a pas manqué d’interprètes pour les étudier, non plus à la lettre et d’une manière charnelle, mais dans un sens figuré, et pour nous dire que Chusi signifie Silence, Gémini, la Droite, et Achitopel, la Ruine du frère ; dénominations qui ramènent une seconde fois sous nos yeux ce traître Judas, figuré ainsi par Absalon dont le nom signifie « Paix de son père ». David, en effet, eut toujours des sentiments de paix pour ce fils au cœur plein d’artifices et de rébellion, ainsi qu’il a été dit au psaume troisième (Enarrat. in Ps. III, n.1). De même que dans 1’Evangile nous voyons Jésus-Christ donner le nom de fils à ses disciples (Matt. IX, 15), nous le voyons aussi les appeler ses frères. Après sa Résurrection, le Seigneur dit en effet : « Allez, et annoncez à mes frères (Jean, XX, 17)». Saint Paul appelle Jésus-Christ le premier-né de tant de frères (Rom. VIII, 29). On peut donc désigner la ruine du disciple qui le trahit, sous le nom de ruine du frère, selon le sens que nous avons donné au nom d’Achitopel. Chusi, qui signifie « Silence », désigne très-bien ce silence que Notre-Seigneur opposait aux perfidies de ses ennemis, ce profond mystère qui a frappé de cécité une partie d’Israël, alors qu’ils persécutaient le Seigneur, jusqu’à ce que la multitude des nations entrât dans l’Eglise, et qu’ensuite tout Israël fût sauvé. Aussi l’Apôtre, abordant ces secrètes profondeurs, ce redoutable silence, s’écrie, comme frappé d’horreur à la vue de ces mystères : « ô profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ! Combien sont impénétrables ses jugements ; et ses voies incompréhensibles ! Qui connaît les desseins de Dieu, et qui est entré dans ses conseils (Rom. XI, 33, 34) ? » L’Apôtre nous fait donc moins connaître ce profond silence, qu’il ne le recommande à notre admiration. C’est à la faveur de ce silence, que le Seigneur, dérobant le Mystère sacré de sa Passion, a fait entrer dans les vues de sa Providence miséricordieuse, la ruine volontaire du frère, le crime détestable du traître, afin que la mort d’un seul homme, que se proposait le perfide Judas, devînt, par la sagesse ineffable du Sauveur, le Salut de tous les hommes.

Ce psaume 7 est donc le chant d’une âme parfaite et déjà digne de connaître le secret de Dieu. Elle chante : « Pour les paroles de Chusi », paroles de ce silence qu’elle a mérité de connaître. C’est en effet un silence et un secret pour les infidèles et les persécuteurs du Christ; pour ceux au contraire à qui Jésus-Christ a dit : « Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître ; mais je vous appellerai mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père (Jean, XV, 15) », pour ces amis du Christ il n’y a plus de silence, mais les paroles du silence, ou la raison de ce mystère du Christ que Dieu leur a donné de pénétrer et de connaître. Ce silence, ou Chusi, est appelé fils de Gémini ou de la droite. Car il ne fallait pas dérober aux saints ce qu’il a fait pour eux, et pourtant « notre gauche », est-il dit, « ne doit point savoir ce que fait notre droite (Matt. VI, 3) ». L’âme parfaite, qui a compris ce secret, chante alors cette prophétie : « Pour les paroles de Chusi », ou pour la découverte de ce mystère, que Dieu, qui est la droite, lui a fait connaître par une faveur spéciale : de là vient que ce silence est appelé fils de la droite, ou Chusi, fils de Gémini.

2. « Seigneur, mon Dieu, mon espoir est en vous, sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent, et délivrez-moi (Psaume 7, 2) ». Toute guerre, toute hostilité contre les vices est surmontée, et l’âme parfaite n’ayant plus à combattre que la jalousie du démon, s’écrie : « Sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent, et délivrez-moi, de peur que comme un lion, il ne ravisse mon âme (Ibid. 3) ». Car saint Pierre nous dit que « le démon notre ennemi, rôde autour de nous, comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer (I Pierre, V, 8.) ». Aussi le Prophète, après avoir dit au pluriel : « Sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent », reprend ensuite le singulier, en disant : « De peur qu’il ne ravisse mon âme, comme un lion », non pas : « Qu’ils ne ravissent », car il n’ignore pas l’ennemi qui reste à vaincre, le redoutable adversaire de toute âme parfaite. Et que je ne trouve ni rédempteur, ni sauveur » ; c’est-à-dire, de peur qu’il ne ravisse mon âme, tandis que vous ne la rachetez et ne la sauvez point ; puisqu’il nous ravit, si Dieu ne nous rachète et nous sauve.

3. Ce qui nous montre que ce langage est celui de l’âme parfaite, qui n’a plus à redouter que les pièges si artificieux du démon, c’est le verset suivant : « Seigneur mon Dieu, si j’ai fait cela (Ps VII, 4)». Qu’est-ce à dire à cela ? S’il ne nomme aucun péché, les voudrait-il désigner tous ? Si nous rejetons une telle interprétation, rattachons alors cette expression à ce qui suit ; et comme si nous demandions au Prophète ce qu’il entend par « cela, istud », il nous répondra : « Si l’iniquité est dans mes mains ». Mais il nous montre qu’il entend parler de tout péché, puisqu’il dit : « Si j’ai rendu le mal pour le mal (Psaume 7, 5) », parole qui n’est vraie que dans la bouche des parfaits. Le Seigneur nous dit en effet : « Soyez parfaits, comme votre Père du ciel, qui fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants, qui donne la pluie aux justes et aux criminels (Matt. V, 45, 48) ». Celui-là donc est parfait qui ne rend pas le mal pour le mal. L’âme parfaite prie donc « pour les paroles de Chusi, fils de Gérnini », ou pour la connaissance de ce profond secret, de ce silence que garda Jésus-Christ pour nous sauver, dans sa bonté miséricordieuse, en souffrant avec tant de patience les perfidies de celui qui le trahissait. Comme si le Sauveur lui découvrait les raisons de ce silence et lui disait : « Pour toi, qui étais impie et pécheur, et pour laver dans mon sang tes iniquités, j’ai mis le plus grand silence, et une longanimité invincible à souffrir près de moi un traître ; n’apprendras-tu pas, à mon exemple, à ne point rendre le mal pour le mal ? » Cette âme, considérant et comprenant ce que le Sauveur a fait pour elle, et s’animant par son exemple à marcher vers la perfection, dit à Dieu : « Si j’ai rendu le mal pour le mal », si je n’ai point suivi dans mes actes vos saintes leçons, « que je tombe sans gloire sous les efforts de mes ennemis ». Il a raison de ne pas dire : « Si j’ai tiré vengeance du mal qu’ils me faisaient », mais bien, « qu’ils me rendaient », puisqu’on ne peut rendre que quand on a reçu quelque chose. Or, il y a plus de patience à épargner celui qui nous rend le mal pour les bienfaits qu’il a reçus de nous, que s’il voulait nous nuire, sans nous être aucunement redevable. « Si donc j’ai tiré vengeance du mal qu’ils me rendaient »; c’est-à-dire, si je ne vous ai point imité dans ce silence, ou plutôt dans cette patience dont vous avez usé à mon égard, que je tombe sans gloire sous les efforts de mes ennemi ». Il y a une vaine jactance chez l’homme qui, tout homme qu’il est, veut se venger d’un autre. Il cherche à vaincre un adversaire, et lui-même est à l’intérieur vaincu par le démon ; la joie qu’il ressent d’avoir été comme invincible, lui enlève tout mérite. Le Prophète sait donc bien ce qui rend la victoire plus glorieuse, et ce que nous rendra notre Père qui voit dans le secret (Id. VI, 6). Pour ne pas tirer vengeance de ceux qui lui rendent le mal, il cherche à vaincre sa colère, et non son ennemi : instruit qu’il est de ces paroles de l’Ecriture : « il y a plus de gloire à vaincre sa colère, qu’à prendre une ville (Prov. XVI, 32, suiv. les LXX.) ». Si donc « j’ai tiré vengeance de ceux qui me rendaient le mal, que je tombe sans gloire sous la main de mes ennemis (Psaume 7, 5) ». Il paraît en venir à l’imprécation, qui est le plus grave des serments pour tout homme qui s’écrie : « Mort à moi si je suis coupable ». Mais autre est l’imprécation dans la bouche d’un homme qui fait serment, et autre, dans le sens d’un prophète, qui annonce les malheurs dont sera infailliblement frappé l’homme qui tire vengeance du mai qu’on lui rend, mais ne les appelle ni sur lui, ni sur d’autres par ses imprécations.

4. « Que mon ennemi poursuive mon âme, et qu’il l’atteigne (Psaume 7, 6) ». Il parle une seconde fois de son ennemi au singulier, et nous montre de plus en plus celui qu’il représentait but à l’heure sous l’aspect d’un lion ; cet ennemi qui poursuit l’âme et s’en rend maître, s’il parvient à la séduire. Les hommes peuvent sévir jusqu’à tuer le corps, mais cette mort extérieure ne leur assujettit point notre âme, au lieu que le diable possède les âmes qu’il atteint dans ses poursuites. « Qu’il foule ma vie sur la terre », c’est-à-dire qu’il fasse de ma vie une boue qui lui serve de pâture. Car cet ennemi n’est pas seulement appelé lion, mais encore serpent ; et Dieu lui a dit : « Tu mangeras la terre », quand il disait à l’homme pécheur : « Tu es terre et tu retourneras dans la terre (Gen. III, 14, 19) ». « Qu’il traîne ma gloire dans la poussière » ; dans cette poussière que le vent soulève de la surface de la terre (Ps. I, 4) : car la vaine et puérile jactance de l’orgueilleux, n’est qu’une enflure et n’a rien de solide ; c’est un nuage de poussière chassé par le vent. Le Prophète veut avec raison une gloire plus solide qui ne se réduise pas en poussière, nous qui subsiste dans la conscience et devant Dieu, qui ne souffre point la jactance. « Que celui qui se glorifie », est-il dit, « ne le fasse que dans le Seigneur (I Cor. I, 31 )». Cette stabilité se réduit en poussière quand l’homme, dédaignant le secret de la conscience, où Dieu seul nous approuve, cherche les applaudissements des hommes. De là cette autre parole de l’Ecriture : « Dieu brisera les os de ceux qui veulent plaire aux hommes (Ps. LII, 6) ». Mais celui qui connaît pour l’avoir appris ou éprouvé, dans quel ordre il fait surmonter nos vices, sait bien que celui de la vaine gloire est le seul, ou du moins le plus à craindre pour les parfaits. C’est le premier ou l’âme soit tombée, c’est le dernier qu’elle peut vaincre. « Car le commencement de tout péché, c’est l’orgueil », et « le commencement de l’orgueil chez l’homme, c’est de se séparer de Dieu (Eccli. X, 14, 15)

5. « Levez-vous, Seigneur, dans votre colère (Psaume 7, 7) ». Comment cet homme que nous disions parfait, vient-il exciter Dieu à la colère ? et la perfection ne serait-elle pas plutôt en celui qui dit : « Seigneur, ne leur imputez point ce crime (Act. VII, 59 ) ? » Mais est-ce bien sur les hommes que tombe cette imprécation du Prophète, et ne serait-ce point contre le diable et contre ses anges qui ont en leur possession le pécheur et l’impie ? C’est donc par un sentiment de pitié et non de colère, que l’on demande au Dieu qui justifie l’impie (Rom. IV, 5) d’arracher cette proie au démon. Car justifier l’impie c’est le taire passer de l’impiété à la justice, et changer cet héritage du démon en temple de Dieu. Et comme c’est châtier quelqu’un, que lui arracher une proie qu’il veut garder en son pouvoir, le Prophète appelle colère de Dieu, ce châtiment qu’il exerce contre le démon, en lui arrachant ceux qu’il possède. « Levez-vous donc, Seigneur, dans votre colère ». « Levez-vous », montrez-vous, dit-il, expression figurée, mais ordinaire dans le langage humain, comme si Dieu dormait quand il nous dérobe ses desseins. « Signalez votre puissance dans les régions de mes ennemis ». Le Prophète appelle région, ce qui est sous la puissance du démon, et il veut que Dieu y règne, c’est-à-dire qu’il y soit honoré et glorifié plutôt que notre ennemi, par la justification de l’impie, et ses chants de triomphe. « Levez-vous, Seigneur, mon Dieu, selon la « loi que vous avez portée (Psaume 7, 7) », c’est-à-dire, montrez-vous humble, puisque vous recommandez l’humilité ; accomplissez vous-même avant nous votre précepte, afin que votre exemple détruise l’orgueil, et que nous ne soyons pas au pouvoir du démon qui souffla l’orgueil contre vos préceptes, en disant : « Mangez, et vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux (Gen. III, 5) ».

6. « Et l’assemblée des peuples vous environnera (Psaume 7, 8.) ». Cette assemblée des peuples peut s’entendre des peuples qui ont cru, ou des peuples persécuteurs, car l’humilité de notre Sauveur a obtenu ce double effet : les persécuteurs l’ont environné parce qu’ils méprisaient cette humilité, et c’est d’eux qu’il est dit : « A quoi bon ces frémissements des nations, et ces vains complots chez les peuples (Id. II, 1) ? » Ceux qui ont cru en vertu de cette humilité, l’ont environné, et ont fait dire avec, beaucoup de vérité, « qu’une partie des Juifs sont tombés dans l’aveuglement, afin que la multitude des nations entrât dans l’Eglise (Rom. XI, 25) ». Et ailleurs : « Demande-moi, et je te « donnerai les nations en héritage, et jusqu’aux confins de la terre pour ta possession (Ps. II, 8.) ». « Et en sa faveur, remontez en haut », c’est-à-dire, en faveur de cette multitude ; et nous savons que le Seigneur l’a fait par sa Résurrection et son Ascension. Ayant obtenu cette Gloire, Il a donné le Saint-Esprit qui ne pouvait descendre avant que Jésus fût glorifié, selon cette Parole de l’Evangile : « Le Saint-Esprit n’était point encore descendu, parce que Jésus n’était pas encore entré dans sa gloire (Rom. XI, 25) ». Donc après s’être élevé au ciel en faveur de la multitude des peuples, il envoya l’Esprit-Saint, dont les prédicateurs de l’Evangile étaient remplis, quand, à leur tour, ils remplissaient d’églises l’univers entier.

7. Ces paroles : « Levez-vous, Seigneur, dans votre colère, planez au-dessus des régions de mes ennemis (Psaume 7, 7) », peuvent encore s’entendre ainsi : Levez-vous dans votre colère, et que mes ennemis ne vous comprennent point, alors « exaltare, soyez au-dessus », signifierait : Elevez-vous à une telle hauteur que vous soyez incompréhensible ; ce qui a rapport au silence de tout à l’heure. Un autre psaume a dit à propos de cette élévation : « Il est monté au-dessus des Chérubins, et « il a pris son vol et s’est dérobé dans les ténèbres (Id. XVII, 11, 12) ». Cette élévation vous cachait à ceux que leurs crimes empêchaient de vous connaître, et qui vous ont crucifié ; et voilà que l’assemblée des fidèles vous environnera. C’est à son humilité que le Seigneur doit d’être élevé ; c’est-à-dire incompris. Tel serait le sens de : « Elevez-vous selon la loi que vous avez portée (Psaume 7, 7) », c’est-à-dire, dans votre humiliation apparente soyez tellement élevé que mes ennemis ne vous comprennent point. Car les pécheurs sont les ennemis du juste, et les impies de l’homme pieux. « Et les peuples vous environneront en foule (Psaume 7, 8.) » ; car ce qui porte à vous crucifier ceux qui ne vous connaissent pas, fera que les nations croiront en vous, et ainsi les peuples vous adoreront en foule. Mais si tel est vraiment le sens du verset suivant, il faut plutôt nous attrister à cause de l’effet que nous en ressentons dès ici-bas, que nous réjouir de l’avoir compris. Il porte, eu effet : « Et à cause d’elle remontez en haut (Ibid.) » ; c’est-à-dire, à cause de ces hommes dont la foule encombre vos églises, remontez bien haut, ou cessez d’être connu. Qu’est-ce à dire : « A cause de cette foule ? » sinon, parce qu’elle doit, vous offenser, et ainsi justifier cette parole : « Pensez-vous que le Fils de l’homme, revenant sur la terre, y trouvera de la foi (Luc, XVIII, 8.) ? » Il est dit encore, à propos des faux prophètes ou des hérétiques : « A cause de leur iniquité, la charité se refroidira chez un grand nombre (Matt. XXIV, 12) ». Or, quand au sein de l’Eglise, ou dans la société des peuples et des nations que le nom du Christ a si complètement envahis, le crime débordera avec cette fureur que nous lui voyons en grande partie déjà, n’est-ce point alors que se fera sentir la disette de la parole, annoncée par un autre prophète (Amos, VIII, 11) ? N’est-ce point à cause de cette congrégation qui, à force de crimes, éloigné de ses yeux la lumière de la vérité, que Dieu remonte en haut, de manière que la vraie foi, pure de tout alliage d’opinions perverses, ne se trouve plus nulle part, sinon dans le petit nombre dont il est dit : « bienheureux celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé (Matt. X, 22) ? ». C’est donc à bon droit qu’il est dit : « Et à cause de cette assemblée, remontez en haut ». Retirez-vous dans vos secrètes profondeurs, justement à cause de cette assemblée des peuples qui portent votre nom, sans accomplir vos œuvres.

8. Que l’on adopte la première explication, ou cette dernière, ou toute autre de valeur égale, et même supérieure, le Prophète n’a pas moins raison de dire que « le Seigneur juge les peuples (Psaume 7, 9) ». Si on entend par s’élever en haut, qu’il est ressuscité pour monter au ciel, on peut dire fort bien que « le Seigneur juge les peuples », puisqu’il en descendra pour juger les vivants et les morts. S’il remonte dans les hauteurs, parce que le péché fait perdre aux fidèles l’intelligence de la vérité, comme il est dit à propos de son avènement : « Pensez-vous que le Fils de l’homme venant en ce monde y trouvera de la foi (Luc, XVIII, 8.) ? » « Le Seigneur juge encore les peuples ». Mais quel Seigneur, sinon Jésus-Christ ? « Car le Père ne juge personne ; il a donné au Fils le pouvoir de juger (Jean, V, 22) ». Voyez alors comme cette âme si parfaite en sa prière, s’émeut peu du jour du jugement, et avec quelle sécurité de désir elle dit à Dieu dans sa ferveur : « Que votre règne arrive (Matt. VI, 10) », puis : « Jugez-moi, Seigneur, selon votre justice (Psaume 7, 9) ». Dans le psaume précédent, c’était un infirme qui priait, sollicitant le secours de Dieu bien plus qu’il ne faisait valoir ses propres mérites, car le Fils de Dieu est venu pour appeler à la pénitence tous les pécheurs (Luc, V, 32). Aussi disait-il : « Sauvez-moi, Seigneur, à cause de votre miséricorde (Psaume 7, 5) », et non à cause de mes mérites. Maintenant que docile à l’appel de Dieu, il a gardé les préceptes qu’il a reçus, il ose bien dire : « Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice, et selon mon innocence d’en haut (Psaume 7, 9). » La véritable innocence est de ne pas nuire, même à ses ennemis. Il peut donc demander à être jugé selon son innocence, celui qui a pu dire en toute vérité « Si j’ai tiré vengeance de celui qui me rendait le mal (Id. 5) ». Cette expression « d’en haut, super me », doit s’appliquer à sa justice aussi bien qu’à son innocence, et alors il dirait : « Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice et selon mon innocence, justice et innocence d’en haut » ; expression qui nous montre que l’âme n’a point en elle-même la justice et l’innocence, et qu’elle les reçoit de la lumière dont il plaît à Dieu de nous éclairer. Aussi dit-elle dans un autre psaume : « C’est vous, Seigneur, qui faites briller mon flambeau (Ps. XVII, 29) ». Et il est dit de Jean : « Qu’il n’était point la lumière, mais qu’il rendait témoignage à la lumière (II Jean, I, 8.), qu’il était une torche enflammée et brillante (Id. V, 35) ».Cette lumière donc, à laquelle nos âmes s’illuminent comme des flambeaux, ne brille point d’un éclat d’emprunt, mais d’un éclat qui lui est propre et qui est la vérité. « Jugez-moi donc », est-il dit, « selon ma justice et selon mon innocence d’en haut », comme si la torche allumée et brillante disait : Jugez-moi selon cette splendeur d’en haut, c’est-à-dire qui n’est point moi-même, et dont je brille néanmoins, quand vous m’avez allumée.

9. « Que la malice des pécheurs se consomme (Psaume 7, 10) ». Cette consommation est ici le comble, d’après cette parole de l’Apocalypse : « Que celui qui est juste le devienne plus encore, et que l’homme souillé se souille davantage (Apoc. XXII, 11) ». L’iniquité paraît consommée dans ceux qui crucifièrent le Fils de Dieu, mais elle est plus grande chez ceux qui refusent de vivre saintement, qui haïssent les lois de la vérité, pour lesquelles a été crucifié ce même Fils de Dieu. Que la malice donc des pécheurs se consomme, dit le Prophète, qu’elle s’élève jusqu’à son comble et qu’elle appelle ainsi votre juste jugement. Toutefois, non seulement il est dit « Que l’homme souillé se souille encore » ; mais il est dit aussi : « Que le juste devienne plus juste » ; c’est pourquoi le Prophète poursuit en disant : « Et vous dirigerez le juste, ô Dieu qui sondez les cœurs et les reins (Psaume 7, 10) ». Mais comment le juste peut-il être dirigé, sinon d’une manière occulte ? Puisque les mêmes actions que les hommes admiraient dans les premiers temps du christianisme, quand les puissances du siècle mettaient les saints sous le pressoir de la persécution, ces actions, aujourd’hui que le nom chrétien est arrivé à l’apogée de sa gloire, servent à développer l’hypocrisie ou la dissimulation chez des hommes qui sont chrétiens de nom, pour plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu ? Dans cette confusion de pratiques hypocrites, comment le juste peut-il être dirigé, sinon par le Dieu qui sonde les reins et les cœurs, qui voit nos pensées, désignées ici sous l’expression de cœur, et nos plaisirs, que désignent les reins ? Le Prophète a raison d’attribuer à nos reins le plaisir que nous font éprouver les biens temporels ; c’est en effet la partie inférieure de l’homme, et comme le siège de cette voluptueuse et charnelle génération, qui perpétue la race humaine, et nous donne cette vie calamiteuse dont les joies sont mensongères. Donc, ce Dieu qui sonde les cœurs et voit qu’ils sont où est notre trésor (Matt. VI, 21), qui sonde les reins, et voit que loin de nous arrêter au sang et à la chair (Gal. I, 16), nous mettons nos délices dans le Seigneur, ce même Dieu dirige le juste dans cette conscience même, où il est présent, où l’œil de l’homme ne pénètre point, mais seulement l’œil de celui qui connaît l’objet de nos pensées et de nos plaisirs. Car le but de nos soucis est le plaisir, et nul dans ses soins et dans ses pensées ne se propose que d’y parvenir. Dieu qui sonde les cœurs voit nos soucis, et il en voit le but ou le plaisir, lui qui sonde aussi nos reins ; et quand il verra que nos soucis, loin de s’arrêter à la convoitise de la chair, à la convoitise des yeux, ou à l’ambition mondaine, choses qui passent comme l’ombre (I Jean, II, 16, 17), s’élèvent jusqu’aux joies éternelles que ne trouble aucune vicissitude, ce Dieu qui sonde les reins et les cœurs conduit le juste par la voie droite. Telle œuvre que nous faisons, peut être connue des hommes, si elle consiste en paroles ou en actes extérieurs ; mais notre intention en la faisant, et le but qui nous pousse à la faire, ne sont connus que de Dieu qui sonde les reins et les cœurs.

10. « J’attends un juste secours du Seigneur, qui sauve les hommes au cœur droit (Psaume 7, 11) ». La médecine a une double tâche, d’abord de guérir la maladie, ensuite de conserver la santé. C’est dans le premier but qu’un malade disait dans le psaume précédent : « Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis faible (Id. VI, 3) ». En vue du second but, nous trouvons dans le psaume 7 qui nous occupe : « Si l’iniquité souille mes mains, que je tombe justement sous les efforts de mes ennemis (Psaume 7, 4, 5) ». Dans le premier cas, le malade implore sa guérison, et dans le second, l’homme en santé demande à n’être point malade. L’un s’écrie donc : « Sauvez-moi dans votre miséricorde (Id. VII, 5) »; et l’autre : « Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice ». Le premier demande le remède qui le guérira, le second le préservatif contre la maladie. Aussi le premier dit-il : Sauvez-moi, Seigneur, dans votre miséricorde, et le second : J’attends un secours juste du Seigneur, qui sauve l’homme au cœur droit. Dans l’un comme dans l’autre cas, c’est la miséricorde qui nous sauve : dans le premier, en nous faisant passer de la maladie à la santé; dans le second, en nous maintenant en santé. Il y a dans le premier un secours de miséricorde, puisqu’il n’y a nul mérite chez le pécheur qui désire seulement être justifié par la foi en celui qui justifie l’impie (Rom. IV, 5) : dans le second, un secours de justice, car il est accordé à celui qui est déjà justifié. Que ce pécheur alors qui disait : « Je suis infirme », dise maintenant : « Sauvez-moi, Seigneur, dans votre miséricorde » ; et que le juste qui pouvait dire : « Si j’ai tiré vengeance de ceux qui me rendaient le mal », dise maintenant : « J’attends un juste jugement du Seigneur qui sauve l’homme au cœur droit ». Car si Dieu nous donne le remède qui guérit notre maladie, combien plus nous donnera-t-il le moyen de conserver la santé ? Car si Jésus-Christ est mort pour nous quand nous étions pécheurs, maintenant que nous sommes justifiés, nous serons, à plus forte raison, délivrés par lui de la colère du Seigneur (Id. V, 8, 9).

11. « J’attends un juste secours du Seigneur, « qui sauve l’homme au cœur droit. Le Dieu qui sonde les reins et les cœurs, donne aussi la droiture au juste; et par un juste secours il sauve ceux qui ont le cœur droit. Toutefois, il ne donne pas le salut à ceux qui ont la droiture dans le cœur et dans les reins, de la même manière qu’il sonde les reins et les cœurs. Dans le cœur, en effet, siègent les pensées mauvaises, quand il est dépravé ; bonnes, quand il est droit ; mais aux reins appartiennent les plaisirs condamnables qui ont quelque chose de bas et de terrestre, tandis qu’un plaisir pur n’est plus dans les reins, mais dans le cœur. Aussi ne peut-on pas dire : La droiture des reins, comme on dit : La droiture du cœur; car où est la pensée, là aussi est la jouissance : cette droiture ne peut avoir lieu que si nous pensons aux choses divines et éternelles. Aussi le Prophète s’écriait-il : «Vous avez mis la joie dans mon cœur, après avoir dit : « La lumière de votre face est empreinte sur nous (Ps. IV, 7) ». Ce n’est point le cœur, en effet, mais bien les reins qui trouvent une certaine jouissance dans cette joie folle et délirante que nous causent de vaines imaginations, quand les fantômes des choses temporelles, que se forme notre esprit, le bercent d’un espoir vain et passager ; tous ces fantômes nous viennent d’en bas, ou des choses terrestres et charnelles. De là vient que Dieu, sondant les cœurs et les reins, et voyant le cœur occupé de pensées droites, les reins sevrés de toute volupté, donne un juste secours à ce cœur droit qui sait allier à des pensées pures d’irréprochables délices. Aussi, après avoir dit dans un autre psaume : « Jusque dans la nuit mes reins m’ont tourment », le Prophète parlait du secours divin, et s’écriait : « J’avais toujours le Seigneur présent devant moi, parce qu’il est à ma droite, et je ne serai point ébranlé (Ps. XV, 7, 8.) », marquant ainsi que ses reins lui ont seulement suggéré, mais non causé la volupté, qui l’eût ébranlé, s’il l’avait ressentie. Il dit donc : « Le Seigneur est à ma droite, et je ne serai point ébranlé »; puis il ajoute : « Aussi mon cœur a-t-il tressailli de joie (Id. 9) ». Les reins ont bien pu le tourmenter, mais non lui donner la joie. Ce n’est donc point dans les reins qu’il a senti la joie, mais dans ce cœur qui lui a montré que Dieu le soutiendrait contre les suggestions de ses reins.

12. « Dieu est un juge équitable, il est fort et patient (Psaume 7, 12) ». Quel est ce Dieu juge, sinon le Seigneur qui juge les peuples ? Il est juste, car il rendra à chacun selon ses œuvres (Matt. XVI, 27) ; il est fort, puisque nonobstant sa toute-puissance, il a enduré pour notre salut les persécutions des méchants ; il est patient, puisqu’il n’a point livré ses bourreaux au supplice, aussitôt après sa Résurrection, mais Il a différé afin qu’ils pussent détester cette impiété, et se sauver ; il diffère encore aujourd’hui, réservant le supplice éternel pour le dernier jugement, et chaque jour appelant les pécheurs au repentir. « Il n’appelle point chaque jour sa colère ». Cette expression : « Appeler sa colère », est plus significative que se mettre en colère, et nous la trouvons dans la version grecque (Me orge epogon) ; elle nous montre que cette colère, qui le porte au châtiment, n’est point en lui-même, mais dans les sentiments de ses ministres qui obéissent aux lois de la vérité : ce sont eux qui ordonnent aux ministres inférieurs, appelés anges de colère, de châtier le péché. Ceux-ci, à leur tour, éprouvent, en châtiant les hommes, la satisfaction, non de la justice, mais de la méchanceté. « Dieu donc n’appelle point chaque jour sa colère » ; c’est-à-dire, ne convoque point chaque jour les ministres de ses vengeances. Maintenant, sa patience nous invite au repentir; mais au dernier jour, quand les hommes, par leur dureté et l’impénitence de leur cœur, se seront amassé un « trésor de colère pour le jour où se révélera la colère et le juste jugement de Dieu ( Rom. II, 5) », alors il brandira son glaive.

13. « Si vous ne retournez à lui », dit le Prophète, « il brandira son glaive (Psaume 7, 13 ) ». On peut dire de Jésus-Christ, qu’il est le glaive de Dieu, glaive à deux tranchants, framée qu’il n’a point brandie à son premier avènement, mais qu’il a tenue cachée dans le fourreau de son humilité ; mais au second avènement, quand il viendra juger les vivants et les morts, les éclairs de cette framée brilleront de tout l’éclat de sa splendeur, pour illuminer les justes, et jeter les impies dans l’effroi. D’autres versions, au lieu de : « Brandira son glaive », portent : « Fera briller sa framée »: expression qui s’applique fort bien, selon moi, à cette splendeur de Jésus-Christ, au dernier avènement ; car en parlant au nom de Jésus-Christ même, le psalmiste a dit ailleurs : « Seigneur, délivrez mon âme des mains de l’impie, et votre glaive des ennemis de votre puissance (Id. XVI, 13, 14) ». « Il a tendu son arc et l’a préparé ». Il ne faut point négliger ce changement de temps dans les verbes : il est dit au futur que « Dieu brandira son épée »; et au passé, « qu’il a tendu son arc », et le discours continue au passé.

14. « Il a mis en lui l’instrument de la mort : il a fabriqué ses flèches avec des charbons ardents (Psaume 7, 14) ». Dans cet arc, je verrais volontiers les saintes Ecritures, où la force du Nouveau Testament, pareille à un nerf, a fait fléchir et a dompté la raideur de l’Ancien. Cet arc a lancé comme des flèches ; les Apôtres ou les saints prédicateurs. Ces flèches que Dieu a fabriquées avec le charbon ardent, embrasent de l’amour divin ceux, qu’elles ont frappés. De quelle autre flèche serait blessée l’âme qui chante ainsi : « Conduisez-moi dans les lieux où se garde le vin, établissez-moi dans les parfums, environnez-moi de miel, parce que l’amour m’a blessée (Cant. II, 4, suiv. les LXX.) ? » De quelle autre flèche peut être embrasé celui qui veut revenir à Dieu, qui quitte le chemin de l’exil, qui implore du secours, contre les langues menteuses, et s’entend dire : « Que vous donner ? Comment vous secourir contre les langues menteuses ? Les flèches du vainqueur sont aiguës; ce sont des charbons ardents (Ps. CXIX, 3, 4) ? » C’est-à-dire, si vous en étiez atteint, vous brûleriez d’un tel amour du royaume de Dieu, que vous dédaigneriez tous ceux. qui vous résisteraient, et qui tâcheraient de vous détourner de votre dessein : vous vous ririez de leurs persécutions et vous diriez : « Qui me séparera de l’amour de Jésus-Christ ? L’affliction, les angoisses, la faim, la nudité, les périls, la persécution ou le glaive ? « J’ai la certitude », poursuit l’Apôtre, « que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses futures, ni les vertus, ni ce qu’il y a de plus haut, ni ce qu’il y a de plus profond, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ Notre-Seigneur (Rom. VIII, 35-39). » C’est ainsi qu’il a fabriqué ses flèches avec des charbons ardents. Car la version grecque porte : « Ses flèches sont fabriquées au moyen de charbons ardents », quand, presque toujours, nous lisons dans la version latine. « Ses flèches sont ardentes » ; mais que les flèches brûlent, ou qu’elles allument le feu, ce qui leur serait impossible si elles n’étaient brûlantes, le sens est le même.

15. Le Prophète ne parle pas seulement de flèches que le Seigneur a préparées pour son arc, mais encore d’instruments de mort et l’on peut se demander, si des instruments de mort ne désigneraient point les hérétiques, car, eux aussi, s’élancent du même arc du Seigneur, ou des saintes Écritures, non pour enflammer les âmes, de la charité, mais pour les tuer de leurs poisons ce qui n’arrive qu’à celles qui l’ont mérité par leurs crimes : et cette décision est encore l’œuvre de la divine Providence, non qu’elle porte les hommes au péché, mais parce qu’elle dispose des pécheurs dans l’ordre de sa sagesse. Le péché leur fait lire les Écritures avec mauvaise intention, et le sens dépravé qu’ils sont forcés d’y donner, devient le châtiment du péché, et leur mort funeste devient comme un aiguillon, qui stimule les enfants de l’Eglise catholique, les tire de l’assoupissement et leur fait comprendre les saintes Écritures. « Il faut, en effet, qu’il y ait des hérésies », dit l’Apôtre, « afin qu’on reconnaisse ceux d’entre vous , dont la vertu est éprouvée (I Cor. XI, 19) »; c’est-à-dire, afin qu’on les reconnaisse parmi les hommes, car ils sont connus de Dieu. Ces flèches, ces instruments de mort, ne seraient-ils point préparés pour l’extermination des infidèles, et Dieu ne les aurait-il pas faites brûlantes, ou avec des charbons ardents, afin d’embraser les fidèles ? Car elle n’est point mensongère, cette parole de l’Apôtre : « Aux uns nous sommes une odeur de vie pour la vie, et aux autres une odeur de mort pour la mort; et qui est propre à ce ministère (II Cor. II, 16) ? » Il n’est donc pas étonnant que les mêmes Apôtres soient des instruments de mort pour ceux qui les ont persécutés, et des flèches de feu pour embraser les cœurs de ceux qui ont cru.

16. Après en avoir agi de la sorte, Dieu fera voir l’équité de ce jugement, dont le Prophète nous parle de manière à nous faire comprendre que le supplice de chacun sera dans son péché, et le châtiment dans son injustice même ; et à nous prémunir contre cette pensée qu’il y aurait dans ce calme profond de Dieu, dans sa lumière ineffable, un désir de punir les crimes : toutefois il les dispose avec tant de sagesse, que cette joie même que goûtait l’homme dans son péché, devient un instrument de vengeance pour le Seigneur qui châtie. Voilà, dit le Prophète, « qu’il a enfanté l’injustice (Psaume 7, 15) ». Mais qu’avait-il conçu pour enfanter ainsi l’injustice ? « Il avait conçu le travail (Gen. III, 17) », ce travail dont il est écrit : « Tu mangeras ton pain dans le labeur »; et ailleurs : « Venez à moi, vous tous qui travaillez, et qui êtes chargés; mon joug est doux, et mon fardeau léger (Matt. XI, 28, 30) ». Car le labeur pénible ne finira point pour l’homme, tant qu’il n’aimera point ce qu’on ne pourra lui enlever malgré lui. En effet, tant que nous aimons ce qui peut nous échapper malgré notre volonté, nous subirons le travail et la peine: étroitement resserrés dans les difficultés de cette vie où chacun, pour posséder ces biens, s’efforce tantôt d’en prévenir un autre, tantôt de les extorquer au possesseur, nous ne pouvons les acquérir que par d’injustes combinaisons. Il est donc bien, il est parfaitement dans l’ordre que l’homme enfante l’injustice après avoir conçu le travail. Que peut-il enfanter, sinon ce qu’il a porté dans son sein, bien qu’il n’enfante pas ce qu’il a conçu ? Car le sujet à la naissance n’est plus celui de la conception : concevoir se dit d’un germe, mais c’est l’être que ce germe a formé, qui arrive à la naissance. Le travail est donc le germe de l’iniquité ; et concevoir le travail, c’est concevoir le péché, ce premier péché qui nous sépare de Dieu (Eccli. X, 14). Il a donc porté l’injustice, celui qui avait conçu le travail, et « il a mis au monde l’iniquité ». Et comme l’iniquité c’est l’injustice, il a fait éclore ce qu’il avait porté. Que dit-il ensuite ?

17. « Il a ouvert une fosse, il l’a creusée (Psaume 7, 16) ». Ouvrir une fosse dans les affaires terrestres, aussi bien que dans la terre, c’est préparer un piège où puisse tomber celui que veut tromper l’homme injuste. Le pécheur ouvre cette fosse, quand il ouvre son âme aux suggestions des terrestres convoitises ; il la creuse, quand il y donne son adhésion et s’occupe d’ourdir la fraude. Mais comment serait-il possible que l’iniquité blessât l’homme juste qu’elle attaque, avant d’avoir blessé le cœur injuste qui la commet ? Un voleur, par exemple, reçoit de l’avarice une blessure, quand il cherche à endommager le bien d’autrui. Qui serait assez aveugle pour ne pas voir la distance qui sépare ces deux hommes, dont l’un subit la perte de son argent, l’autre de son innocence ? « Ce dernier donc tombera dans la fosse qu’il aura creusée » ; comme le psalmiste l’a dit encore ailleurs : « Le Seigneur se fait connaître dans ses jugements, et le pécheur s’est pris lui-même dans les œuvres de ses mains (Id. IX, 17) ».

18. « Son travail pèsera sur lui, et son iniquité retombera sur sa tête (Jean, XVIII, 34) ». C’est lui qui n’a pas voulu fuir le péché ; mais il s’en est rendu volontairement l’esclave, selon cette parole du Seigneur : « Tout pécheur devient l’esclave du péché ». Son péché donc sera sur lui, puisque lui-même s’est soumis au péché; dès lors qu’il n’a pu dire à Dieu, comme toute âme droite et innocente : « C’est vous qui êtes ma gloire et qui élevez ma tête (Ps. III, 4) », c’est donc lui qui sera abaissé, de manière que l’iniquité le dominera et descendra sur lui : elle sera pour lui un poids très lourd, et l’empêchera de prendre son essor vers le repos des saints. Voilà ce qui arrive chez le pécheur, quand l’âme est esclave, et que les passions dominent.

19. « Je confesserai le Seigneur selon sa justice (Ps. III, 18) ». Cette confession n’est point l’aveu des pécheurs; car celui qui parle ainsi disait plus haut avec beaucoup de vérité : « Si vous trouvez l’iniquité dans mes mains (Psaume 7, 18) ». C’est donc un témoignage rendu à la justice de Dieu ; comme s’il disait : Vraiment, Seigneur, vous êtes juste, et quand vous protégez les bons de manière à les éclairer par vous-même, et quand, par votre sagesse, le pécheur trouve son châtiment dans sa propre malice, et non dans votre volonté. Cette confession élève la gloire du Seigneur bien au-dessus des blasphèmes des impies, qui veulent des excuses pour leurs crimes, et refusent de les attribuer à leur faute, c’est-à-dire qu’ils ne veulent point que la culpabilité soit coupable. Ils accusent de leurs péchés, ou la fortune ou le destin, ou le démon auquel notre Créateur a voulu que nous pussions résister, ou même une nature qui ne viendrait point de Dieu ; ils s’égarent en de misérables fluctuations, plutôt que de mériter de Dieu leur pardon par un aveu sincère. Car il n’y a de pardon possible que pour celui qui dit : « J’ai péché ». Or, celui qui comprend que Dieu, dans sa sagesse, rend à chacune des âmes ce qu’elle a mérité, sans déroger aucunement à la beauté de l’univers, loue Dieu dans toutes ses œuvres ; et ce témoignage ne vient pas des pécheurs, mais des justes. Ce n’est point avouer des fautes que de dire au Seigneur : « Je vous confesse, Seigneur du ciel et de la terre, parce que vous avez dérobé ces mystères aux savants, pour les révéler aux petits (Matt. XI, 25) ». De même, nous lisons dans l’Ecclésiastique : « Confessez le Seigneur dans toutes sas œuvres. Et voici ce que vous direz dans vos confessions : Tous les ouvrages du Seigneur proclament sa sagesse (Eccli. XXIX, 19, 20) ». Donc, cette confession dont parle ici David, consiste à comprendre, avec le secours de Dieu et une piété sincère, comment le Seigneur, qui récompense les justes, et qui châtie les méchants, par ce double effet de sa justice, maintient toute créature qu’il a faite et qu’il gouverne, dans une admirable beauté, que peu d’hommes comprennent. Il s’écrie donc : « Je confesserai le Seigneur selon sa justice », comme le ferait celui qui a compris que le Seigneur n’a point fait les ténèbres, quoiqu’il en dispose avec sagesse. Dieu dit en effet : « Que la lumière soit faite, et la lumière fut (Gen. I, 3) » ; mais il ne dit pas : Que les ténèbres soient, et les ténèbres furent faites ; et toutefois il les a réglées, puisqu’il est dit « qu’il sépara la lumière des ténèbres, qu’il donna le nom de jour à la lumière, et celui de nuit aux ténèbres (Id. 4, 5) ». Il y a donc cette différence qu’il fit l’un et le régla ; et qu’il ne fit pas l’autre, bien qu’il la réglât néanmoins. Que les ténèbres figurent le péché, c’est ce que nous apprend ce mot d’un Prophète : « Et vos ténèbres seront pour vous le soleil (Isa. LVIII, 10) » ; et cette parole de saint Jean : « Celui-là est dans les ténèbres qui a de la haine contre son frère (I Jean, II, 11). » ; et surtout celle-ci de saint Paul : « Dépouillons-nous des œuvres ténébreuses, pour revêtir les armes de la lumière (Rom. XIII, 12) ». Ce n’est pas qu’il y ait une nature ténébreuse ; car toute nature existe nécessairement comme nature. Mais exister, c’est le propre de la lumière, tandis que ne pas exister, est le propre des ténèbres. Donc, abandonner celui qui nous a créés pour nous incliner vers ce néant d’où nous avons été tirés, c’est nous couvrir des ténèbres du péché; ce n’est point périr tout à fait, mais descendre au dernier rang. Aussi, quand le Prophète a dit : « Je confesserai devant le Seigneur » a-t-il soin d’ajouter, pour ne point nous laisser croire à un aveu de ses fautes : « Et je chanterai le nom du Seigneur Très-Haut (Psaume 7, 18) ». Or, chanter est le propre de la joie, tandis que le repentir de nos fautes accuse la douleur.

20. On pourrait appliquer ce psaume 7 à la personne de l’Homme-Dieu, en rapportant à notre nature infirme, qu’il avait daigné revêtir, tout ce qui est dit à notre confusion.



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Message par Amour de Marie Lun 12 Avr 2021 - 22:48

Félicitations pour tout ce travail de perfection.

Tout cela me rappelle le travail perlé de

Joannes Maria qui a rejoint le Père il y a

bientôt un an..Paix à son âme

Prie
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Message par Invité Mar 13 Avr 2021 - 11:15

Merci!  @Amour de Marie

Je n'ai de mérite que la recherche et la plupart des vidéos trouvées.
Mes mains ne me permettent pas de taper sur le clavier. C'est surtout du copie-coller.

Quant à Joannes Maria je l'appréciais comme vous et je rends grâce à Dieu pour tout
son implication dans l'évangélisation par son site, etc... Il est auprès du Père maintenant.

Bonne journée Amour de Marie, bien à vous en Jésus Christ et Notre Maman du Ciel.




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Message par Invité Mar 13 Avr 2021 - 12:52

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Psaume 8 - "Puissance du nom divin"





Psaume 8 - "Puissance du nom divin" : Ps 8:1-3 : Du maître de chant. Sur la... de Gat. Psaume. De David. Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre ! Lui qui redit ta majesté plus haute que les cieux par la bouche des enfants, des tout petits, tu l'établis, lieu fort, à cause de tes adversaires pour réduire l'ennemi et le rebelle.

Le psaume 8 est aussi attribué à David. C'est une hymne de louange de Dieu et des merveilles de la création que nous retrouvons aux versets 5 à 7 dans l'épître de saint Paul aux hébreux.Dans la liturgie des Heures, le psaume 8 est récité aux laudes le samedi de la deuxième (II) et quatrième semaine (IV). Il apparaît souvent dans la liturgie eucharistique : on le trouve à la fête de la Trinité lors de l'année C. En semaine, il est proposé le jeudi de l'octave de pâques, le premier mardi du temps ordinaire, le 5e mardi du temps ordinaire, et le 28e samedi du temps ordinaire.


Le Psaume 8 - " Puissance du nom divin " en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 8:1- Du maître de chant. Sur la... de Gat. Psaume. De David.
Ps 8:2- Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre ! Lui qui redit ta majesté plus haute que les cieux
Ps 8:3- par la bouche des enfants, des tout petits, tu l'établis, lieu fort, à cause de tes adversaires pour réduire l'ennemi et le rebelle.
Ps 8:4- A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas,
Ps 8:5- qu'est donc le mortel, que tu t'en souviennes, le fils d'Adam, que tu le veuilles visiter ?
Ps 8:6- A peine le fis-tu moindre qu'un dieu; tu le couronnes de gloire et de beauté,
Ps 8:7- pour qu'il domine sur l'œuvre de tes mains; tout fut mis par toi sous ses pieds,
Ps 8:8- brebis et bœufs, tous ensemble, et même les bêtes des champs,
Ps 8:9- l'oiseau du ciel et les poissons de la mer, quand il va par les sentiers des mers.
Ps 8:10- Yahvé, notre Seigneur, qu'il est puissant ton nom par toute la terre !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Domine, Dominus noster  - Gregorian Chant from the proper
(Latin proprium) of the mass.
.

Le Psaume 8 en latin : Domine, Dominus noster

Ps 8, 01 : In finem pro torcularibus psalmus David
Ps 8, 02 : Domine Dominus noster quam admirabile est nomen tuum in universa terra quoniam elevata est magnificentia tua super caelos
Ps 8, 03 : ex ore infantium et lactantium perfecisti laudem propter inimicos tuos ut destruas inimicum et ultorem
Ps 8, 04 : quoniam videbo caelos * tuos; opera digitorum tuorum lunam et stellas quae tu fundasti
Ps 8, 05 : quid est homo quod memor es eius aut filius hominis quoniam visitas eum
Ps 8, 06 : minuisti eum paulo minus ab angelis gloria et honore coronasti eum
Ps 8, 07 : et constituisti eum super opera manuum tuarum
Ps 8, 08 : omnia subiecisti sub pedibus eius oves et boves universas insuper et pecora campi
Ps 8, 09 : volucres caeli et pisces maris qui perambulant semitas maris
Ps 8, 10 : Domine Dominus noster quam admirabile est nomen tuum in universa terra

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 8 de David sur les pressoirs : « LE PRESSOIR DE L’ÉGLISE »  :

La grappe de raisin contient le vin et le marc : le marc formé des enveloppes a été nécessaire pour amener le vin à maturité ; le pressoir le sépare de cette enveloppe protectrice. Telle est l’œuvre de l’Eglise qui nourrit les petits du lait de la doctrine jusqu’à ce qu’ils deviennent adultes et prennent la solide nourriture des parfaits.


1. La teneur du psaume 8 ne nous laisse rien voir à propos de ces pressoirs qui lui servent de titre, ce qui nous montrerait que souvent l’Ecriture nous désigne le même objet sous des figures multiples et variées. Nous pouvons donc, sous la dénomination de pressoirs, entendre l’Eglise, par la même raison qui nous l’a fait voir sous la figure d’une aire ; car l’aire ou le pressoir, n’ont d’autre objet que d’ôter au blé ou au raisin ces enveloppes dont ils avaient besoin pour naître, pour croître et pour arriver à la maturité de la moisson ou de la vendange. Ces enveloppes ou ces soutiens sont, pour le blé, la paille dont il est dépouillé dans l’aire, et pour le vin, les grappes dont on l’extrait au pressoir. Il en est de même dans l’Eglise. Les bons y sont mêlés à la foule des hommes terrestres, mélange qui leur est nécessaire, et sans lequel ils ne pourraient naître, ni devenir aptes à la parole de Dieu; et les ministres de l’Eglise travaillent à les séparer de cette foule au moyen d’un amour spirituel. Ainsi en agissent aujourd’hui les bons qui mettent l’intervalle, non des lieux, mais de l’amour, entre eux et les méchants, bien que, selon le corps, ils soient présents avec eux dans les mêmes églises. Un autre temps viendra où le froment sera séparé pour les greniers et le vin pour les celliers du Père céleste, selon le mot de l’Evangile : « Il amassera le froment pour ses greniers, et jettera la paille au feu inextinguible (Luc III, 17) ». La même pensée peut s’exprimer par cette autre comparaison : Il mettra son vin en réserve dans ses celliers et jettera le marc aux animaux ; et le ventre des animaux pourrait être comparé aux gouffres de l’enfer.

2. On peut encore entendre les pressoirs d’une autre manière, mais en les regardant toujours comme figure de l’Eglise. Le Verbe divin aurait pour emblème le raisin ; car on voit dans cette grappe suspendue au bois, que les émissaires d’Israël rapportaient de la terre promise (Nomb. XIII, 24), une figure de Jésus crucifié. Alors, quand le Verbe divin a besoin d’emprunter le son de la voix pour arriver à l’oreille des auditeurs, l’intelligence de ce Verbe est au son de la voix, comme le vin doux est au marc qui le contient ; et cette grappe sacrée arrive à nos oreilles comme sous la violence des pressoirs. C’est là qu’elle se déchire ; et le son de la voix est pour les oreilles, tandis que le sens arrive dans la mémoire des auditeurs comme dans un réservoir, pour se déverser ensuite dans la règle des mœurs et dans les mouvements de notre âme, comme le vin coule de la cuve dans les celliers, où il prendra sa force en vieillissant, si la négligence ne le laisse pas aigrir. Car il s’est aigri chez les Juifs, qui ont abreuvé le Seigneur de ce vinaigre (Jean, XIX, 29). Au contraire, il aura de la douceur et de la force, le produit de cette vigne mystérieuse du Nouveau Testament que le Seigneur doit boire avec ses élus dans le royaume de son Père (Luc, XXII, 18).

3. Souvent encore, le nom de pressoir désigne le martyre ; car après avoir passé sous le pressoir de la persécution, les restes mortels de ceux qui ont donné leur vie pour Jésus-Christ sont jetés sur la terre comme le marc, tandis que les âmes ont pris leur essor pour le repos de l’éternel séjour. Mais ce sens figuratif ne s’éloigne point des fruits que produit l’Eglise. Le nom de pressoir donné à ce psaume nous reporte donc à l’établissement de l’Eglise, alors que le Seigneur ressuscitait pour monter au ciel. Ce fut alors qu’il envoya l’Esprit-Saint ; et les disciples qui en étaient remplis, prêchèrent avec confiance la parole de Dieu, et formèrent des Eglises.

4. C’est pourquoi il est dit avec raison : « Seigneur, notre Dieu, que votre nom est grand par toute la terre (Psaume 8, 2) ! » Mais comment ce nom est-il grand dans l’univers entier ? Et le Prophète répond : « C’est que votre magnificence est élevée au-dessus des cieux (Ibid.) ». Le sens serait alors : Seigneur, qui êtes notre Dieu, dans quelle admiration vous jetez les habitants de la terre ! Puisque, de votre abaissement en ce monde, vous avez fait éclater votre gloire par-dessus les cieux : pour ceux en effet qui vous voyaient monter au ciel, et pour ceux qui y croyaient, cette ascension montrait avec quelle puissance vous en étiez descendu.

5. C’est de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle, que vous avez tiré une louange parfaite, à l’encontre de vos ennemis (Psaume 8, 3) ». Par ces enfants nouveau-nés et à la mamelle, nous ne pouvons entendre que ceux dont l’Apôtre a dit : « Comme à des enfants en Jésus-Christ, je vous ai donné du lait et non des viandes solides (I Cor. III, 2) ». Ils étaient figurés par ces autres enfants qui précédaient Jésus-Christ en chantant ses louanges, et en faveur desquels Jésus cita ce passage dans sa réponse aux Juifs qui le pressaient de leur imposer silence : « N’avez-vous donc point lu cette parole, dit le Sauveur : C’est de la bouche des enfants nouveau nés et à la mamelle, que vous avez tiré une louange parfaite (Matt. XXI, 16) ? » Il a raison de ne point dire seulement : « Vous avez tiré votre louange » ; mais, « une louange parfaite ». Car il y a des fidèles dans l’Eglise, qui ont quitté le lait pour une nourriture plus solide, et c’est d’eux que parle saint Paul quand il dit : « Nous prêchons aux parfaits la sagesse divine (Cor. II, 6) » mais ils ne sont pas seuls pour former l’Eglise, car s’ils étaient seuls, Dieu abandonnerait la faiblesse humaine. Or, c’est par égard pour cette faiblesse, qu’il veut donner pour nourriture, à ceux qui sont incapables de comprendre les choses spirituelles et éternelles, la foi historique de tout ce qui s’est accompli dans le temps, depuis les Patriarches et les Prophètes, par celui qui est l’incomparable puissance et la sagesse de Dieu, et particulièrement dans le mystère de l’Incarnation. Quiconque y adhère par la foi y trouve le salut, lorsque, entraîné par cette autorité, il se soumet aux préceptes qui le purifient, s’enracine solidement la charité, devient capable de courir avec les saints, non plus comme l’enfant qui a besoin de lait, mais comme le jeune homme qui prend une nourriture solide, et peut comprendre la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, connaître même l’amour de Jésus-Christ pour nous, qui surpasse toute connaissance (Eph. III, 18, 19).

6. « C’est de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle, que vous avez tiré une louange parfaite, à cause de vos ennemis ». Par ennemis de ce qu’a fait Jésus, et Jésus crucifié, nous devons entendre en général, tous ceux qui défendent de croire à l’inconnu, et qui nous promettent une connaissance claire. Telle est la conduite des hérétiques et de ceux que leurs superstitions idolâtres ont fait appeler philosophes : non qu’il soit mauvais de promettre la science, mais ils veulent écarter la foi qui est l’échelle salutaire et indispensable pour nous élever à une certitude dont l’objet ne peut être que les choses éternelles. Cette négligence d’un moyen si utile et si nécessaire nous prouve à elle seule, qu’ils n’ont point cette science promise au mépris de la foi. « C’est donc de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle, Seigneur, que vous avez tiré une louange parfaite », en nous disant par votre Prophète : « Si vous ne croyez, vous ne comprendrez point (Isa. VII, 9, suiv. les LXX.) », et en nous disant vous-même : « Bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui l’ont cru (Jean, XX, 29). A cause de vos ennemis », de ces mêmes hommes à l’occasion desquels vous avez dit : « Je vous rends grâces, Dieu du ciel et de la terre, qui avez dérobé ces mystères aux sages, pour les révéler aux petits (Matt. XI, 25) ». Le Seigneur les appelle sages, non qu’ils le soient en effet, mais parce qu’ils croient l’être. « Afin de détruire l’ennemi et le défenseur (Psaume 8, 3) ». Quel ennemi, sinon l’hérétique, à la fois ennemi et défenseur de la foi chrétienne, qu’il attaque, et que néanmoins il paraît défendre ? On pourrait encore appeler ennemis et défenseurs, les philosophes du siècle : car le Fils de Dieu est la force et la sagesse de Dieu, qui éclaire tous ceux que la vérité a rendus sages. Or, ces philosophes, ainsi nommés parce qu’ils font profession d’aimer la sagesse, paraissent la défendre, bien qu’ils en soient les ennemis, puisqu’ils ne cessent de prêcher des superstitions dangereuses, et de porter les hommes au culte des éléments de ce monde.

7. « Pour moi, je considère vos cieux, l’ouvrage de vos doigts (Psaume 8, 4) ». Nous lisons que Dieu écrivit la loi de son doigt, pour la donner à Moïse, son saint et fidèle serviteur (Exod. XXXI, 18), et dans ce doigt de Dieu, beaucoup d’interprètes voient l’Esprit-Saint. Si donc par les doigts de Dieu, nous pouvons entendre aussi les ministres remplis de 1’Esprit-Saint, parce que c’est lui qui agit en eux : comme ce sont eux qui nous ont préparé toutes les divines Ecritures, il nous est permis aussi d’entendre par les cieux les livres de l’un et de l’autre Testament. Il est dit aussi de Moïse, que les mages de Pharaon, voyant qu’il les surpassait, s’écrièrent : « Celui-ci est le doigt de Dieu (Id. VIII, 19) ». Quoique cette expression d’Isaïe : « Le ciel sera replié comme un livre (Isa. XXXIV, 4) », s’applique au ciel éthéré, on peut très bien l’entendre encore dans le sens allégorique des livres de l’Ecriture. « Pour moi donc, je considère les cieux qui sont l’ouvrage de vos mains », c’est-à-dire, je lirai, je comprendrai ces Ecritures, que vous avez écrites par vos ministres, que dirigeaient l’Esprit-Saint.

8. On peut donc aussi voir les livres saints, dans ces cieux dont il disait auparavant : « Votre magnificence est élevée au-dessus des cieux », ce qui signifiait : Parce que votre magnificence est plus élevée que les cieux, et qu’elle surpasse toutes les paroles des Écritures ; voilà que vous avez tiré de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle, la louange la plus parfaite, en contraignant à commencer par croire aux saintes Écritures, ceux qui désirent arriver à la connaissance de votre grandeur; et cette grandeur est bien au-dessus des Écritures, puisqu’elle surpasse tous les efforts et toutes les expressions du langage. Dieu donc a voulu abaisser les Écritures jusqu’au niveau des enfants nouveau-nés et à la mamelle, comme l’a dit un autre psaume : « Il a abaissé les cieux et il est descendu (Ps. XVII, 19) » : et il l’a fait à cause de ses ennemis, qui détestent la croix de Jésus-Christ, et dont les discours orgueilleux ne peuvent même, en disant la vérité, devenir utiles aux enfants nouveau-nés et à la mamelle. C’est ainsi qu’est détruit l’ennemi et le défenseur, qui veut défendre tantôt la sagesse, tantôt le nom du Christ, et qui attaque néanmoins la vérité dont il garantit la prompte intelligence, puisqu’il ruine la foi qui en est la base. On peut le convaincre encore de ne posséder point la vérité, puisqu’en ruinant la foi qui est l’échelle pour y arriver, il prouve qu’il en ignore le chemin. Si donc on veut détruire ce téméraire, cet aveugle prometteur de la vérité, qui en est à la fois l’ennemi et le défenseur, il faut regarder les cieux, l’ouvrage des doigts de Dieu, c’est-à-dire comprendre les saintes Écritures qui s’abaissent jusqu’à cette lenteur des enfants qu’elles nourrissent d’abord par l’humble croyance des faits historiques accomplis pour notre salut, qu’elles fortifient ensuite jusqu’à les élever à la sublime intelligence des vérités éternelles. Ces cieux donc, ou les livres saints, sont l’ouvrage des doigts de Dieu, puisqu’ils sont écrits par le Saint-Esprit qui animait les saints et agissait en eux. Pour ceux qui ont cherché leur gloire plutôt que le salut des hommes, ils ont parlé sans l’Esprit-Saint, en qui sont les entrailles de la divine miséricorde.

9. « Je verrai donc les cieux, l’ouvrage de vos doigts, la lune et les étoiles que vous avez établies (Psaume 8, 4). C’est dans le ciel que sont établies la lune et les étoiles; parce que l’Eglise universelle, souvent désignée par la lune, et les églises particulières, que désignerait, selon moi, la dénomination d’étoiles, sont basées sur les saintes Écritures, que nous avons reconnues dans la dénomination des cieux. Dans un autre psaume, nous verrons plus à propos comment le nom de lune convient à l’Eglise, en expliquant cette parole: « Les pécheurs ont bandé leur arc pour percer, dans l’obscurité de la lune, les hommes au cœur droit (Id. X, 3 ) ».

10. « Qu’est-ce que l’homme pour que vous vous souveniez de lui, ou le fils de l’homme pour que vous le visitiez (Psaume 8, 5) ? » On peut se demander quelle est la différence entre l’homme et le fils de l’homme ; car s’il n’y en avait aucune, le Prophète n’aurait pas dit avec la disjonctive : « L’homme ou le fils de l’homme ». Si le Prophète avait dit : « Qu’est-ce que l’homme pour que vous vous souveniez de lui, et le fils de l’homme pour que vous le visitiez ? il semblerait faire une répétition du mot homme ». Mais en disant : « L’homme, ou le fils de l’homme », il montre qu’il met entre ces deux expressions une différence. Retenons bien d’abord que tout fils de l’homme est un homme, bien que tout homme ne soit point fils de l’homme ; car Adam est un homme sans être fils de l’homme, Il est donc bien de remarquer ici quelle est la différence entre l’homme et le fils de l’homme : et alors ceux qui portent l’image de l’homme terrestre qui n’est point fils de l’homme, sont désignés par le nom d’hommes, tandis que l’on appellerait fils de l’homme, ceux qui portent l’image de l’homme céleste (I Cor. XV, 49). L’homme terrestre, c’est le vieil homme, tandis qu’on appelle homme nouveau (Eph. IV, 22) l’homme céleste. Mais l’homme nouveau provient du vieil homme, puisque la régénération spirituelle ne s’opère que par le changement de notre vie terrestre et mondaine ; et c’est ce qui le fait appeler fils de l’homme. Ici donc l’homme est terrestre, le fils de l’homme est céleste ; le premier est loin de Dieu, tandis que l’autre est devant lui ; alors il se souvient de l’un qui est à une longue distance, et il visite l’autre en l’éclairant à la lumière de sa face. Car « le salut est loin des pécheurs (Ps. CXVIII, 155), et sur nous, ô Dieu, est empreinte la lumière de votre face (Id. IV, 7) ». Ainsi encore, dans un autre psaume, le Prophète associe les hommes aux animaux, dit que Dieu les sauve avec les bêtes de somme, non sans doute en leur communiquant sa lumière intérieure, mais par une extension de sa miséricorde qui descend avec bonté jusqu’aux dernières créatures : car Dieu sauve les hommes charnels comme il sauve les animaux; mais il sépare les fils des hommes, de ces hommes qu’il associait aux animaux ; il les proclame, bienheureux d’une manière plus relevée, et par l’effet de la vérité qui les éclaire, et de la source de vie qui se répand en eux. « Seigneur », dit-il, « vous sauverez les hommes et les animaux, selon que vous multipliez votre bienveillance, ô Dieu. Mais les enfants des hommes espéreront à l’ombre de vos ailes, ils seront enivrés de l’abondance des biens de votre maison, vous les abreuverez au torrent de vos délices. Car c’est en vous qu’est la source de la vie, et dans votre lumière nous verrons la lumière. Étendez votre miséricorde à ceux qui vous connaissent (Id. XXXV, 7-11). Ainsi, le Seigneur dans sa bonté se souvient de l’homme, comme il se souvient des animaux, car cette bonté s’étend jusqu’à ceux qui sont éloignés de lui ; mais il visite le fils de l’homme quand il étend sur lui sa miséricorde pour le couvrir comme de ses ailes, quand il l’éclaire à la splendeur de sa propre lumière, l’abreuve de ses délices, l’enivre de l’abondance de sa maison, et lui fait oublier les misères et les égarements de sa vie passée. C’est ce fils de l’homme, ou cet homme nouveau, qu’enfante avec douleur et gémissement la pénitence du vieil homme. Cet homme, quoique nouveau, s’appelle néanmoins charnel, tant qu’il est nourri de lait : « Je n’ai pu », dit l’Apôtre, « vous parler comme à des hommes spirituels, mais seulement comme à des hommes charnels ». Et pour leur montrer qu’ils sont régénérés en Jésus-Christ, il ajoute : « Je vous ai traités comme de petits enfants en Jésus-Christ, vous donnant du lait, non une nourriture solide (I Cor. III, 1-3) ». Pour cet homme nouveau, retombé dans sa première vie, ce qui arrive souvent, c’est qu’il encourt le reproche d’être homme : « N’êtes-vous pas des hommes », dit saint Paul, « et ne marchez-vous pas tout à fait comme des hommes (Id. 3) ? »

11. Le fils de l’homme a donc été visité tout d’abord dans la personne de cet Homme-Dieu, né de la vierge Marie. L’infirmité de cette chair, que daigna porter la Sagesse divine, et les ignominies de la Passion, ont fait dire au Prophète : « Vous l’avez rendu quelque peu inférieur aux anges (Psaume 8, 6) ». Puis il se hâte de marquer la Gloire de sa Résurrection et de son Ascension : « Vous l’avez couronné de gloire et d’honneur, en l’établissant sur toutes les œuvres de vos mains (Id. 7) ». Comme les anges sont aussi l’œuvre des mains de Dieu, nous croyons que le Fils unique de Dieu est au-dessus des anges, comme nous croyons qu’il n été quelque peu inférieur aux anges, dans les ignominies de sa naissance temporelle et de sa passion.

12. « Vous avez mis tout à ses pieds (Psaume 8, 8.) ». Tout, dit le Prophète, sans exception; et afin qu’on ne pût entendre ces paroles dans un autre sens, l’Apôtre veut que la foi les accepte ainsi, quand il dit : « Excepté celui-là seul qui lui a tout assujetti (I Cor. XV, 27). Il s’appuie, dans l’Epître aux Hébreux, sur le témoignage de ce Psaume, quand il nous ordonne de croire que tout est soumis à Jésus-Christ (Héb. II, 8.), sans aucune exception. Toutefois le Prophète ne paraît pas beaucoup ajouter, quand il énumère « toutes les brebis, les bœufs, et même les bêtes sauvages ; les oiseaux du ciel, les poissons de la mer qui se promènent dans ses sentiers (Psaume 8, 9) ». Il paraît négliger les Vertus, les Puissances, et toutes les armées angéliques, négliger même les hommes, pour soumettre à Jésus-Christ les animaux : à moins que par les bœufs et les brebis, nous n’entendions les âmes saintes, qui produisent les fruits de l’innocence, ou qui travaillent à rendre la terre fertile, c’est-à-dire à obtenir des hommes terrestres une régénération dans les biens spirituels. Par ces âmes saintes, nous devons donc entendre non-seulement les hommes, mais aussi les anges, si nous voulons conclure de ce verset que tout est soumis à Jésus-Christ Notre-Seigneur. Car il n’y aura plus rien qui ne lui soit soumis, si les princes d’entre les esprits, pour ainsi parler, lui sont assujettis. Mais comment prouver que par brebis, on peut entendre les plus élevés en sainteté, non-seulement des hommes, mais encore des créatures angéliques ? Est-ce par ce que le Sauveur nous dit qu’il a laissé quatre-vingt-dix-neuf brebis sur les montagnes, ou dans les hauteurs des cieux, afin de descendre pour une seule (Matt. XVIII, 12 ; Luc, XV, 4) ? Par cette brebis tombée, si nous entendons la nature humaine déchue en Adam, parce que Ève avait été tirée de son côté (Gen. II, 22), ce qu’il n’est pas temps d’examiner ici pour le traiter d’une manière spirituelle, il ne reste plus pour les quatre-vingt-dix-neuf brebis, que des natures angéliques et non des âmes humaines. Quant aux bœufs, il est facile de les entendre des anges car si l’Ecriture désigne les hommes quand elle dit : « Vous ne lierez point la bouche au bœuf qui foule le grain (Deut. XXV, 4) », c’est que les hommes, en portant la parole de Dieu, sont des messagers comme les anges (Saint Augustin joue sur le mot Angelus, messager ; d’où evangelizare, porter la parole.) : combien nous sera-t-il plus facile de désigner sous la figure des bœufs, les anges eux-mêmes, ces messagers de la vérité, puisque les évangélistes qui partagent leur nom, sont désignés par les bœufs (I Cor. IX, 9 ; I Tim. V, 8.) ? Donc, « vous lui avez assujetti toutes les brebis et tous les bœufs », c’est-à-dire toutes les créatures spirituelles ; et par là, nous comprenons aussi tous les hommes qui vivent saintement dans l’Eglise ou sous les pressoirs, et qui sont désignés maintenant sous la figure de la lune et des étoiles.

13. « Et même les animaux des champs ». Et même, n’est point inutile ici. D’abord, parce que ces troupeaux des champs peuvent s’entendre des brebis et des bœufs ; car si les chèvres sont les animaux des rochers et des lieux escarpés, les brebis et les bœufs seront les animaux des campagnes. Donc, après avoir énuméré « les brebis, les bœufs, et les animaux des champs », on peut fort bien se demander quels sont ces animaux des champs, puisque l’on peut désigner ainsi les brebis et les bœufs. Mais l’expression, « et même, insuper », nous force à y trouver je ne sais quelle différence ; et cette expression, « et même », embrasse non seulement les animaux des champs, mais les oiseaux du ciel, les poissons de la mer, qui parcourent les sentiers de l’abîme. Quelle est donc cette différence ? Rappelons-nous les pressoirs, où le vin est mêlé au marc, et l’aire qui contient la paille et le froment (Marc, III, 12), et les filets qui renferment de bons et de mauvais poissons (Matt. XIII, 47), et l’arche de Noé, qui abrite des animaux purs et des animaux impurs (Gen. VII, 8.); et vous verrez que l’Eglise ici-bas, jusqu’au jour du jugement, renferme non-seulement des brebis et des bœufs, c’est-à-dire de saints laïques et de saints ministres, mais « encore des animaux des champs, des oiseaux du ciel, des poissons de la mer, qui parcourent les sentiers de l’abîme ». Ces animaux des champs figurent très bien les hommes qui mettent leur joie dans les voluptés charnelles, où ils n’ont rien d’escarpé, rien de fatigant à gravir. On peut appeler campagne, cette voie large qui conduit à la mort (Gen. IV, 8.); Abel fut tué dans la campagne (Ps. XXXV, 7). Aussi devons-nous craindre qu’en descendant ces montagnes de la justice divine, dont le Prophète a dit : « Votre justice, ô Dieu, est comme les plus hautes montagnes », pour nous mettre à l’aise dans les faciles voluptés de la chair, nous ne soyons égorgés par le démon. Maintenant, dans ces oiseaux du ciel voyons les orgueilleux, dont il est dit « Ils opposent leur bouche au ciel (Id. LXXII, 9).Voyons-les s’élever à des hauteurs comme sur l’aile des vents, ceux qui disent : « Nous glorifierons notre parole, nos lèvres sont indépendantes, qui dominera sur nous (Ps. XI, 5) ? » Voyez encore dans les poissons de la mer, ces curieux qui parcourent sans cesse les sentiers de l’abîme, ou qui cherchent dans le gouffre du siècle les biens temporels : biens futiles, qui doivent périr aussi promptement que les sentiers tracés sur la mer disparaissent, quand l’eau se rejoint après avoir livré passage au vaisseau qui fuyait, ou à tout autre nageur. Le Prophète ne dit pas seulement qu’ils parcourent ces sentiers de l’abîme, mais qu’ils les parcourent sans cesse, perambulants, pour montrer leur infatigable obstination à rechercher des choses futiles et peu durables. Ces trois vices capitaux, la volupté charnelle, l’orgueil, la curiosité, renferment tous les péchés. Saint Jean me paraît les énumérer en disant : « Gardez-vous d’aimer le monde, car tout ce qui est dans le monde, est convoitise de la chair, convoitise des yeux, ambition du siècle (Jean, II 15, 16) ». C’est dans les yeux que règne la curiosité. Il est facile de voir à quoi se rapportent les autres convoitises. Telle fut aussi la triple tentation de l’Homme-Dieu, par la nourriture, ou l’appétit de la chair, quand le démon lui dit : « Faites que ces pierres se changent en pain (Matt. IV, 3) »; par la vaine gloire, alors qu’il le porta sur une haute montagne pour lui montrer et lui promettre tous les royaumes de la terre, s’il veut l’adorer ; par la curiosité, quand il lui suggéra de se précipiter du haut du temple, afin de voir si les anges le soutiendraient. Et comme cet ennemi ne put faire prévaloir aucune de ces suggestions, il est dit dans l’Evangile, « que Satan épuisa toute tentation (Luc, IV, 13) ». Dans le sens des pressoirs, tout est mis sous les pieds de Jésus-Christ, non-seulement le vin, mais le marc ; non-seulement les brebis et les bœufs, c’est-à-dire les âmes saintes des fidèles, soit dans le peuple chrétien, soit chez les ministres, mais encore les animaux de la volupté, les oiseaux de l’orgueil, les poissons de la curiosité. Or, ces sortes de pécheurs, nous en sommes témoins, sont dans l’Eglise confondus avec les bons et les saints. Que Dieu donc agisse dans son Eglise, qu’il sépare du marc le vin pur. Quant à nous, travaillons à devenir un vin excellent, à compter parmi les brebis et les bœufs ; mais ne figurons jamais, ni dans le marc de raisin, ni parmi les animaux des campagnes, ni parmi les oiseaux du ciel, ni parmi ces poissons de la mer toujours parcourant les sentiers de l’abîme. Toutefois ces animaux n’ont pas qu’une seule signification, et pourraient s’expliquer autrement ; cela dépend du lieu où ils se trouvent, et ailleurs ils ont une autre signification. Il est de règle que, dans les symboles, il faut examiner, d’après la pensée du texte, la signification d’une figure. Tel est l’enseignement du Christ et des Apôtres.

Répétons donc le dernier verset, par lequel déjà le Prophète avait commencé, et disons : « Seigneur, notre Dieu, que votre nom est admirable sur toute la terre ! » Car, après avoir exposé le texte du psaume 8, il est bon d’en redire le premier verset qui en contient toute la pensée.



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Message par Invité Mer 14 Avr 2021 - 14:42

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...*


Psaume 9 (9A)- "Dieu abat les impies et sauve les humbles"






Psaume 9 (9A) - "Dieu abat les impies et sauve les humbles" : Ps 9:1-3 : Du maître de chant. Sur hautbois et harpe. Psaume. De David. Je te rends grâce, Yahvé, de tout mon cœur, j'énonce toutes tes merveilles, j'exulte et me réjouis en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut.

Le psaume 9 dans sa première partie (9A) et le psaume 10 (9B) qui est la suite du psaume 9 sont attribués à David.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 9 A est récité ou chanté à l’office des lectures du lundi de la première semaine (I).



Le Psaume 9 (9A) - " Dieu abat les impies et sauve les humbles " en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 9:1- Du maître de chant. Sur hautbois et harpe. Psaume. De David.
Ps 9:2- Je te rends grâce, Yahvé, de tout mon cœur, j'énonce toutes tes merveilles,
Ps 9:3- j'exulte et me réjouis en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut.
Ps 9:4- Mes ennemis retournent en arrière, ils fléchissent, ils périssent devant ta face,
Ps 9:5- quand tu m'as rendu sentence et jugement, siégeant sur le trône en juste juge.
Ps 9:6- Tu as maté les païens, fait périr l'impie, effacé leur nom pour toujours et à jamais;
Ps 9:7- l'ennemi est achevé, ruines sans fin, tu as renversé des villes, et leur souvenir a péri.
Ps 9:8- Voici,Yahvé siège pour toujours, il affermit pour le jugement son trône;
Ps 9:9- lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture.
Ps 9:10- Que Yahvé soit un lieu fort pour l'opprimé, un lieu fort aux temps de détresse !
Ps 9:11- En toi se confient ceux qui connaissent ton nom, tu n'abandonnes point ceux qui te cherchent, Yahvé.
Ps 9:12- Jouez pour Yahvé, l'habitant de Sion, racontez parmi les peuples ses hauts faits !
Ps 9:13- Lui qui s'enquiert du sang se souvient d'eux, il n'oublie pas le cri des malheureux.
Ps 9:14- Pitié pour moi, Yahvé, vois mon malheur, tu me fais remonter des portes de la mort,
Ps 9:15- que j'énonce toute ta louange aux portes de la fille de Sion, joyeux de ton salut.
Ps 9:16- Les païens ont croulé dans la fosse qu'ils ont faite, au filet qu'ils ont tendu, leur pied s'est pris.
Ps 9:17- Yahvé s'est fait connaître, il a rendu le jugement, il a lié l'impie dans l'ouvrage de ses mains.
Ps 9:18- Que les impies retournent au shéol, tous ces païens qui oublient Dieu !
Ps 9:19- Car le pauvre n'est pas oublié jusqu'à la fin, l'espoir des malheureux ne périt pas à jamais.
Ps 9:20- Dresse-toi, Yahvé, que l'homme ne triomphe, qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face !
Ps 9:21- Jette, Yahvé, sur eux l'épouvante, qu'ils connaissent, les païens, qu'ils sont hommes !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Psalm 9 in Latin
In finem, pro occultis filii. Psalmus David. Confitebor tibi, Domine,
in toto corde meo; narrabo omnia)
.

Le Psaume 9 (9A) en latin :"Confitebor tibi, Domine, in toto corde meo"

Ps 9, 01 : In finem pro occultis filii psalmus David
Ps 9, 02 : Confitebor tibi Domine in toto corde meo narrabo omnia mirabilia tua
Ps 9, 03 : laetabor et exultabo in te psallam nomini tuo Altissime
Ps 9, 04 : in convertendo inimicum meum retrorsum infirmabuntur et peribunt a facie tua
Ps 9, 05 : quoniam fecisti iudicium meum et causam meam sedisti super thronum qui iudicas iustitiam
Ps 9, 06 : increpasti gentes et; periit impius nomen eorum delisti in aeternum et in saeculum saeculi;
Ps 9, 07 : inimici defecerunt frameae in finem et civitates destruxisti periit memoria eorum cum sonitu
Ps 9, 08 : et Dominus in aeternum permanet paravit in iudicio thronum suum
Ps 9, 09 : et ipse iudicabit orbem terrae in aequitate iudicabit populos in iustitia
Ps 9, 10 : et factus est Dominus refugium pauperi adiutor in oportunitatibus in tribulatione
Ps 9, 11 : et sperent in te qui noverunt nomen tuum quoniam non dereliquisti quaerentes te Domine
Ps 9, 12 : psallite Domino qui habitat in Sion adnuntiate inter gentes studia eius
Ps 9, 13 : quoniam requirens sanguinem eorum recordatus est non est oblitus clamorem pauperum
Ps 9, 14 : miserere mei Domine vide humilitatem meam de inimicis meis
Ps 9, 15 : qui exaltas me de portis mortis ut adnuntiem omnes laudationes tuas in portis filiae Sion
Ps 9, 16 : exultabo in salutari tuo infixae sunt gentes in interitu quem fecerunt in laqueo isto quem absconderunt conprehensus est pes eorum
Ps 9, 17 : cognoscitur Dominus iudicia faciens in operibus manuum suarum conprehensus est peccator canticum diapsalmatis
Ps 9, 18 : convertantur peccatores in infernum omnes gentes quae obliviscuntur Deum
Ps 9, 19 : quoniam non in finem oblivio erit pauperis patientia pauperum non peribit in finem
Ps 9, 20 : exsurge Domine non confortetur homo iudicentur gentes in conspectu tuo
Ps 9, 21 : constitue Domine legislatorem super eos sciant gentes quoniam homines sunt diapsalma.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

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Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 9 de David, qu’il chanta au Seigneur sur : « LES ACTES MYSTÉRIEUX DE JÉSUS-CHRIST »  :

Ces actes secrets consistent dans son avènement, tellement humble que les Juifs ne l’ont point connu, et dans cette sagesse mystérieuse qui lui fait abandonner aux impies les prospérités temporelles; piège funeste auquel ils seront, pris! tandis qu’il attire à lui les justes en les châtiant dès ici-bas.


1. Ce psaume a pour titre: « Pour la fin, psaume de David, pour les secrets du Fils (Ps. IX, 1)». On peut se demander quels sont ces mystères du Fils: mais comme ce Fils n’est point précisé, nous devons comprendre que c’est le Fils unique de Dieu. En effet, le psaume qui porte en inscription: Pour le fils de David, ajoute: « Quand il fuyait devant son fils Absalon (Id. III, 1) ». Nominer celui-ci, c’était ne laisser aucun doute sur le fils dont il était question; et toutefois il n’est pas dit seulement: « Devant la face du fils Absalon », mais bien: « De son fils ». Or, ici comme il n’est pas dit: « Son fils », et comme d’ailleurs beaucoup de passages regardent les Gentils, le psaume ne peut s’entendre d’Absalon; et d’ailleurs la guerre que ce fils de perdition fit à son père, n’a aucun rapport avec les Gentils, puisque le peuple seul d’Israël se divisa contre lui-même (II Rois, XV.). Ce psaume est donc le chant des mystères du Fils unique de Dieu. Car le Sauveur se veut désigner lui-même, quand il dit simplement: Le Fils, sans rien ajouter; ainsi dans ce passage: « Si le Fils vous délivre, vous aurez la vraie liberté (Jean, VIII, 36) », il ne dit pas: « Le Fils de Dieu », mais simplement: Le Fils, laissant à juger de qui il est fils. Cette expression ne convient qu’à ce Fils par excellence, que l’on peut reconnaître dans notre langage, quand même il ne serait pas désigné plus spécialement. C’est ainsi que nous disons: Il pleut, il lait beau, il tonne, -et autres manières de parler, sans préciser qui fait ces choses, parce que l’auteur par excellence s’offre de lui-même à notre esprit, sans être plus désigné. Quels sont donc les mystères du Fils ? D’abord cette expression nous fait comprendre que le Fils a des actes connus, dont on distingue ceux que l’on appelle secrets ou mystérieux. Or, comme nous croyons à deux avènements du Sauveur, l’un accompli et que les Juifs n’ont pas compris; l’autre à venir, que nous attendons tous; comme le premier, ignoré des Juifs, a été avantageux aux Gentils, on peut fort bien entendre par les mystères ou les secrets du Fils, ce premier avènement, où l’aveuglement a frappé une pat-tic d’Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations entrât dans l’Eglise (Rom. XI, 25). Pour l’homme attentif, l’Ecriture insinue aussi deux jugements, l’un occulte, et l’autre évident. Le jugement occulte se fait actuellement, selon cette parole de saint Pierre: « Voici le temps où Dieu va commencer le jugement par la maison du (161) Seigneur (I Pierre, IV, 17) ». Ce jugement occulte est don la peine qui stimule chaque homme à se purifier, ou l’avertit de retourner à Dieu, ou le frappe d’un aveuglement qui le perdra. s’il méprise la voix et les corrections du Seigneur. On appelle manifeste, ce jugement dans lequel Jésus-Christ viendra juger les vivants et les morts, où tous confesseront que c’est de lui que viendront et aux bons la récompense, et aux méchants le supplice. Mais cette confession faite alors, loin de remédier au malheur, portera la damnation à son comble. Il est probable que le Seigneur parlait de ce double jugement, dont l’un est occulte et l’autre manifeste, quand il disait: « Celui qui croit en moi, a passé de la mort à la vie, et ne tombera point au jugement (Jean, V, 24) »; c’est-à-dire au jugement visible. Car, passer de la mort à la vie, par une de ces afflictions, dont le Seigneur châtie ceux qu’il reçoit parmi ses enfants, c’est là le jugement occulte. « Celui qui ne croit point », disait-il encore, « est déjà jugé (Id. III, 18) », c’est-à-dire, que le jugement occulte de Dieu le prépare au jugement manifeste. Le Sage nous parle aussi de ces deux sortes de jugements, quand il dit: « Votre jugement les a livrés à la dérision comme de jeunes insensés; et ceux que ce jugement n’a pas corrigés ont éprouvé le sévère jugement de Dieu (Sag. XII, 25, 26) ». Ils sont donc réservés aux châtiments justes et sévères du jugement manifeste, ceux que ne redresse point le jugement secret du Seigneur. Ce psaume alors nous entretient des mystères du Fils, c’est-à-dire et de cet avènement dans son humilité, si utile aux nations, quand il tenait les Juifs dans l’aveuglement, et de cette peine dont Dieu se sert dans le secret, non pour damner les pécheurs, mais soit pour exercer la foi de ceux qui se convertissent, soit pour déterminer les autres à se convertir, soit afin de préparer à la damnation par l’aveuglement ceux qui demeurent dans l’impénitence.

2. « Je vous confesserai, Seigneur, dans toute l’étendue de mon cœur (Ps. IX, 2) » Douter quelque peu de sa providence, ce n’est point confesser Dieu de tout son coeur; mais comprendre, dans les mystérieux desseins de la sagesse divine, combien se dérobe à nos regards la récompense de celui qui dit: « Nous goûtons la joie dans les afflictions (Rom. V, 3) »; comment toutes les peines corporelles qui nous affligent doivent aboutir à exercer ceux qui se convertissent à Dieu, ou à porter les pécheurs à se convertir, ou à préparer à la dernière et juste vengeance les pécheurs endurcis; et de la sorte, rapporter au gouvernement de la divine Providence, tous ces événements que les insensés attribuent témérairement au hasard, et nullement à l’action divine; c’est là confesser Dieu. « Je publierai toutes vos merveilles ». C’est publier toutes les merveilles de Dieu, que découvrir la main de Dieu, non seulement dans ce qu’elle opère de visible sur le corps, mais dans son action invisible et bien supérieure sur les âmes. Car les hommes terrestres et qui jugent par les yeux, verront une plus grande merveille dans la résurrection corporelle de Lazare, que dans la résurrection spirituelle de Paul le persécuteur (Jean, XI, 44; Act. IX.). Mais comme un miracle visible est pour l’âme un appel à la lumière, et qu’un miracle invisible éclaire celle qui obéit à cet appel; c’est raconter toutes les merveilles de Dieu, que croire aux miracles visibles, et de là s’élever à l’intelligence des miracles invisibles.

3. « Je me réjouirai en vous, et en vous je tressaillerai d’allégresse (Ps. IX, 3) ». Ni ce monde, ni les voluptés de la chair, ni les saveurs qui flattent le palais et la langue, ni les odeurs suaves, ni l’harmonie des sons passagers, ni les couleurs si variées des corps, ni les vaines louanges des hommes, ni les épousailles et une postérité périssable, ni la surabondance des biens temporels, ni l’étude profane de ce que renferment les espaces, ou de tout ce qu’amène la succession des temps, rien de tout cela, Seigneur, « n’est le sujet de ma joie; mais en vous, je tressaille d’allégresse », ou plutôt dans ces mystères du Fils, qui a « marqué sur notre front l’empreinte de votre lumière, ô mon Dieu (Id. IV, 7) ». Car « vous les cacherez, dit le Prophète, dans le secret de votre face (Id. XXX, 21) ». C’est donc vous qui faites la joie et l’allégresse de ceux qui racontent vos merveilles; et il racontera vos merveilles, celui que nous annonce le Prophète, et qui viendra faire, non sa propre volonté, niais la volonté de son Père qui l’a envoyé (Jean, VI, 38).

4. Nous commençons donc à voir que c’est Jésus-Christ qui parie dans ce psaume. Car le (162) verset suivant porte: « Je chanterai votre nom, ô Très-Haut, car vous avez fait rebrousser mon ennemi en arrière (Ps. IX, 4) ». Or, quand l’ennemi de Jésus-Christ rebroussa-t-il en arrière, sinon quand il lui fut dit: « Retire-toi en arrière, Satan (Matt. IV, 10) ? » Car alors celui qui voulait par la tentation se mettre en avant, dut reculer en arrière, puisqu’il échoua dans ses tentatives de séduction, et n’obtint aucun avantage. L’homme terrestre est en arrière, mais l’homme céleste, quoique venu le dernier, est néanmoins en avant. « Le premier homme est terrestre, et vient de la terre, le second est céleste, et vient du ciel (I Cor. XV, 47) ». C’est de la race du premier que venait celui qui a dit : « Celui qui vient après moi a été fait avant moi (Jean, I, 15) », et l’apôtre saint Paul, oubliant ce qui est derrière lui, se porte à ce qui est en avant (Philip. III, 13). L’ennemi donc rebroussa en arrière quand il échoua auprès de l’homme céleste qu’il tentait, et il se retourna vers les hommes terrestres qu’il pouvait dominer. Nul homme, dès lors, ne peut prendre le devant sur cet ennemi, et le fa-ire rebrousser en arrière, si ce n’est celui qui a échangé l’image de l’homme terrestre contre l’image de l’homme céleste (I Cor. XV, 49). Nous pouvons encore, sans absurdité, par « mon ennemi » entendre, si nous l’aimons mieux, ou le pécheur en générai, ou l’homme idolâtre. Alors ces paroles: « Vous avez fait rebrousser mon ennemi en arrière », n’exprimeront point un châtiment, nais un bienfait, et un bienfait tel qu’on ne peut rien lui comparer. Quoi de plus heureux que d’abjurer son orgueil, et de renoncer à précéder le Christ, comme si nous étions en santé mais sans avoir besoin du médecin; mais de préférer suivre le Christ qui, appelant son disciple à la perfection, lui dit: « Suivez-moi (Matt. XIX, 21) ? » Il vaut mieux néanmoins appliquer au démon cette parole: « Vous avez fait rebrousser mon ennemi en arrière ». Car le démon a été forcé de reculer, même dans la persécution des justes, et il est plus avantageux pour nous de subir ses poursuites, que de le suivre, comme s’il était pour nous un guide et un chef, Chantons donc le nom du Très-Haut qui a fait rebrousser l’ennemi en arrière, puisqu’il est bien mieux pour nous de fuir ses poursuites, que de le suivre quand il veut nous conduire. Car nous avons une retraite et un asile caché dans les mystères du Fils: « Et le Seigneur deviendra notre refuge (Ps. LXXXIX, 1). »

5. « Ils seront abattus et anéantis en votre présence (Ps. IX, 5) ». Qui donc tombera pour être anéanti, sinon le pécheur et l’impie ? « Il tombera », parce qu’il n’aura plus de force; « il sera anéanti », parce qu’il cessera d’être impie; « en votre présence », c’est-à-dire, quand il vous connaîtra, comme fut anéanti celui qui a dit: « Je vis, non pas moi, mais le Christ vit en moi (Gal. II, 20)». Mais pourquoi « l’impie sera-t-il abattu et anéanti en votre présence ? » C’est, répond le Prophète: « Parce que vous m’avez rendu justice, et que vous vous êtes déclaré pour ma cause (Ps. IX, 5) »; c’est-à-dire, vous avez tourné à mon avantage et ce jugement dans lequel je parus être jugé, et cette condamnation que les hommes prononcèrent contre moi, en dépit de ma justice et de mon innocence. Car tout cela servit au Fils de Dieu pour notre délivrance: ainsi le pilote appelle sien, le vent qui lui sert pour une heureuse navigation.

6. « Vous êtes monté sur votre siége, vous qui jugez avec équité (Id. 5) ». Tel peut être le langage du Fils à son Père, dans le même sens qu’il disait: « Vous n’auriez aucun pouvoir sur moi s’il ne vous était donné d’en-haut (Jean, XIX, 11) », regardant comme un effet de l’équité de son Père et de ses propres secrets, que le juge des hommes ait été jugé pour le salut des hommes. Peut-être est-ce l’homme qui dit à Dieu: « Vous êtes monté sur votre trône, vous qui jugez dans l’équité »; désignant son âme sous le nom d’un trône, et alors son corps serait la terre, appelée escabeau des pieds du Seigneur (Isa. LXVI.): car Dieu était en Jésus-Christ, se réconciliant le monde (II Cor. V, 19). Peut-être est-ce l’âme de l’Eglise, déjà parfaite, sans tache et sans ride (Eph. V, 27), digne des secrets du Fils, parce que le roi l’a introduite dans sa demeure secrète (Cant. I, 3), l’âme de l’Eglise qui dit à son Epoux: « Vous êtes monté sur votre trône, vous qui jugez avec justice », parce que vous êtes ressuscité d’entre les morts, pour vous élever au ciel et vous asseoir à la droite du Père. On peut, sans blesser les règles de la foi, donner à ces paroles, l’une ou l’autre de ces trois interprétations.

7. « Vous avez châtié les nations, et le (163) méchant a péri (Ps. IX, 6) ». Il est mieux d’appliquer ces paroles à Jésus-Christ que d’en faire son langage. Quel autre a châtié les nations pour en faire disparaître l’impie, comme il le fit, après son-ascension ? Car alors il envoya l’Esprit-Saint, dont furent remplis les Apôtres qui prêchèrent avec confiance la parole de Dieu et accusèrent avec liberté les péchés des hommes. Leurs réprimandes firent disparaître l’impie, qui fut justifié et devint pieux. « Vous avez effacé son nom pour le siècle, et dans les siècles des siècles (Ibid.) », Le nom de l’impie a disparu, car on ne peut appeler impie celui qui croit au vrai Dieu; son nom est donc effacé pour le siècle, c’est-à-dire, pendant que s’écouleront les jours du siècle. « Et dans les siècles des siècles ». Qu’est-ce que le siècle du siècle, sinon la durée dont le siècle n’est que l’image et comme l’ombre? Car cette révolution des temps qui se succèdent, alors que la lune croît et décroît, que le soleil revient chaque année dans sa gloire, que le printemps, que l’été, que l’automne et que l’hiver ne s’en vont que pour revenir encore, tout cela nous donne une certaine image de l’éternité. Mais la durée qui subsiste dans une immuable continuité, s’appelle siècle de ces siècles qui s’écoulent; elle est pour eux, comme le vers que vous avez dans l’esprit à l’égard de celui que vous prononcez de la voix. Le premier se comprend, le second s’entend, a sa mesure dans le premier, qui est l’oeuvre de l’art et qui demeure, tandis que le second passe dans l’air avec le son de la voix. C’est ainsi que le siècle qui passe trouve son modèle dans le siècle immuable, que l’on appelle siècle des siècles. Celui-ci demeure chez le divin ouvrier, il est en permanence dans la sagesse et dans la puissance de Dieu: tandis que celui-là en mesure l’action dans chaque créature. Peut-être encore n’est-ce qu’une répétition, et qu’après avoir dit: « Dans le siècle», pour qu’on ne l’entendît point du siècle qui s’écoule, le Prophète aura ajouté: « Et dans le siècle du siècle ». Car il y a dans la version grecque: eis ton aiona, kai eis ton aiona tou aionos. Ce que plusieurs versions latines ont exprimé, non point en disant: « Dans le siècle, et dans le siècle du siècle »; mais bien: « Dans l’éternité et dans le siècle des siècles ». Le nom de l’impie est donc détruit pour l’éternité, c’est-à-dire, que jamais à l’avenir il n’y aura plus d’impies; et si leur nom ne peut subsister dans ce siècle, il ne tiendra point dans le siècle des siècles.

8. « Les framées de l’ennemi ont fait défaut jusqu’à la fin (Ps. IX, 7). ». Ici, l’ennemi est au singulier, et non au pluriel. Or, cet ennemi, dont les armes ont fait défaut, quel est-il, sinon le démon, dont les armes sont les mille formes de l’erreur, qu’il emploie comme des glaives pour tuer les âmes ? Mais à l’encontre de ces glaives, et pour les anéantir, il y a le glaive du Seigneur, dont il est dit au psaume septième: « il brandira son glaive, si vous ne retournez à lui ». C’est lui peut-être qui est le terme où doit échouer la force des glaives ennemis, qui doivent prévaloir jusqu’à lui. Aujourd’hui, il travaille en secret, mais au dernier jugement, il resplendira de tout son éclat. C’est lui encore qui détruit les cités; car, après avoir dit que la puissance doit être en défaut, le Prophète ajoute: « Et vous avez détruit leurs cités ». Une âme devient la ville de Satan, quand les conseils artificieux et mensongers lui établissent en quelque sorte une cour, qui se fait obéir par ses membres chacun dans son usage, comme par autant de satellites et de ministres; les yeux servent la curiosité, les oreilles ses instincts licencieux, et elles recueillent tout propos qui porte à la débauche, les mains exercent la rapine et toute violence criminelle, et les autres membres soumis à une semblable tyrannie, travaillent dans ces desseins pervers. La populace de cette ville consisterait dans ces appétits sensuels et ces mouvements tumultueux de l’âme, qui soulèvent journellement dans l’homme des conflits séditieux. Il y a donc une cité partout où vous trouverez un roi, une cour, des ministres et un peuple. Et dans les villes déréglées nous ne verrions point tant de maux,- s’ils n’existaient d’abord dans chacun des citoyens, qui sont pour les cités des germes et des éléments. Ces cités donc, Jésus-Christ les détruit quand il en chasse le prince, ainsi qu’il est dit : « Le prince de ce siècle a été chassé dehors (Jean, XII, 31) » : la parole de la vérité porte le ravage dans ces royaumes, y étouffe les pernicieux desseins, y réprime les affections honteuses, y réduit en servitude l’action des membres et des sens, qui doivent servir à l’oeuvre de la justice et du bien; et ainsi s’accomplit cette parole de l’Apôtre: (164) « Que le péché ne règne plus dans notre corps mortel (Rom. VI, 12) », et le reste du passage. Alors l’âme apaisée se trouve en état d’acquérir le repos et le bonheur éternel. « Leur mémoire a péri avec fracas (Ps. IX, 7)»,c’est-à-dire, la mémoire des impies. « Avec fracas », l’impiété ne se détruit pas sans bruit. Car nul homme n’arrive au calme du silence, à la paix profonde, s’il n’a d’abord fait à ses vices une guerre bruyante. Ou bien, « avec fracas », signifierait que la mémoire de l’impie périt avec ce fracas que fait ordinairement l’impiété.

9. « Tandis que le Seigneur demeure éternellement (Id. IX, 8.). A quoi bon dès lors ces frémissements des nations et ces vaines machinations des peuples contre le Seigneur et contre son Christ (Id. II, 1, 2) », puisque le Seigneur demeure éternellement ? « Il a préparé son «trône pour le jugement, et il jugera l’univers dans l’équité (Id. IX, 9) ». C’est quand il a été jugé qu’il a préparé son trône. La patience qu’il a montrée nous méritait le ciel, et ce Dieu caché dans l’homme, stimulait notre foi. C’est là le jugement occulte du Fils. Mais parce qu’il doit venir d’une manière visible et dans sa gloire pour juger les vivants et les morts, il s’est préparé un trône par un jugement caché. « Et il jugera ouvertement le monde « selon la justice », c’est-à-dire qu’il rendra à chacun selon son mérite, en plaçant les agneaux à sa droite et les boucs à sa gauche (Matt. XXV, 33). « Il jugera les peuples dans la justice », c’est la répétition de ce qui vient d’être dit, « qu’il jugera l’univers dans l’équité ». Dieu donc ne jugera point à la manière des hommes qui ne voient point le coeur, et qui en viennent plus souvent à renvoyer les coupables qu’à les condamner; mais il jugera dans l’équité, selon la justice, selon le témoignage de la conscience, et selon que leurs pensées les accuseront ou les défendront (Rom. II, 15).

10. « Et le Seigneur est devenu le refuge du pauvre (Ps. IX, 10) ». Quelles que soient les poursuites de cet ennemi qui a dû rebrousser eu arrière, comment nuirait-il à ceux qui trouvent un asile dans le Seigneur? Il sera leur refuge, si dans ce monde, dont Satan est le prince, ils choisissent la pauvreté, ne s’attachant à rien de ce qui échappe à notre avidité pendant cette vie, ou que nous abandonnons à la mort. C’est à ces pauvres que le Seigneur sert de refuge. « Il est leur appui dans les jours de bonheur, dans la tribulation (Ps. IX, 10) ». C’est lui qui fait le pauvre, puisqu’il chante celui qu’il reçoit au nombre de ses enfants (Héb. XII, 6). Car le Prophète nous explique « l’appui dans les jours de bonheur », quand il ajoute:

« Dans la tribulation ». L’âme, en effet, ne se tourne vers Dieu, qu’en répudiant le monde, alors que la fatigue et la douleur viennent se mêler à ses plaisirs si frivoles, si dangereux et si funestes.

11. « Qu’ils espèrent en vous ceux qui connaissent votre nom (Ps. IX, 11) », en cessant de mettre leur espoir dans les richesses, et dans les autres charmes de ce monde. L’âme qui se détache du monde, et qui cherche en qui mettre son espérance, se réfugie avec bonheur dans la connaissance du nom même de Dieu. A la vérité, ce nom se trouve aujourd’hui dans toutes les bouches; mais le connaître, c’est connaître aussi Celui dont il est le nom. Car un nom n’est pas tel par lui-même, il n’a de valeur que dans sa signification. Or, il est dit: « Le Seigneur est son nom (Jér. XXXIII, 2) ». Connaître son nom, c’est donc se mettre avec plaisir à son service. « Et qu’ils espèrent en vous, ceux qui connaissent votre nom ». Le Seigneur dit encore à Moïse « Je suis celui qui suis (Exod. III, 14), et tu diras aux enfants d’Israël: Celui qui est, m’a envoyé. Que ceux-là donc, Seigneur, espèrent en vous qui connaissent votre nom », de peur qu’ils ne mettent leur espoir dans les biens qui passent avec la rapidité du temps, qui n’ont rien que le futur et le passé. A peine ce qu’ils ont de futur est-il arrivé, qu’il est déjà passé. On l’atteint avec empressement, on le perd avec douleur. Mais dans la nature divine, il n’y a rien de futur qui ne soit point encore, rien de passé qui ne soit plus; être, c’est là tout ce qu’elle est, c’est l’éternité. Qu’ils cessent donc de mettre leur espoir et leur amour dans les biens du temps, qu’ils élèvent leur espérance jusqu’à l’éternité, ceux qui connaissent le nom de celui qui a dit: « Je suis celui qui suis », et dont il est écrit: « Celui qui est, m’a envoyé. Parce que vous n’abandonnerez pas, Seigneur, ceux qui vous cherchent ». Le chercher, c’est ne plus chercher des biens passagers et périssables, puisque « nul ne peut servir deux maîtres (Matt. VI, 21) ». (165)

12. « Chantez au Seigneur qui habite en Sion (Ps. IX, 12) », est-il dit à ceux qui cherchent le Seigneur, et qu’il n’abandonne pas. Il habite Sion, qui signifie contemplation, et nous offre l’image de l’Eglise actuelle, comme Jérusalem figure l’Eglise à venir ou la cité des saints qui jouissent déjà de la vie des anges, puisque Jérusalem signifie vision de la paix. Or, la contemplation précède la vision, comme l’Eglise d’ici-bas précède la cité immortelle et éternelle qui nous est promise; mais elle ne la précède que dans l’ordre du temps sans la surpasser en dignité, car la fin où nous tendons est plus honorable que l’effort que nous faisons pour y arriver; or, notre effort actuel, c’est la contemplation, par laquelle nous arriverons à la vision. Mais si dès aujourd’hui le Seigneur n’habitait dans l’Eglise. de la terre, la plus attentive contemplation pourrait aboutir à l’erreur. Aussi est-il dit: « Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple (I Cor. III, 17) »; et: « Le Christ habite dans l’homme intérieur et dans vos coeurs par la foi (Eph. III, 16, 17) ». Il nous est donc ordonné de chanter au Seigneur qui habite en Sion, afin que nous chantions de concert les louanges du Dieu qui habite en son Eglise. « Annoncez parmi les peuples ses merveilles (Ps. IX, 12) ». C’est ce qui a été fait, et se fera toujours.

13. « Le Seigneur s’est souvenu d’eux, en recherchant leur sang répandu (Id. 13)». Comme si les Apôtres, envoyés porter l’Evangile aux peuples, répondaient à cette injonction: « Publiez ses merveilles parmi les peuples », et disaient: « Seigneur, qui pourra croire à notre parole (Isa. LIII, 1) ? » et : « Chaque jour, votre amour nous fait égorger ? ». Le Prophète a raison d’ajouter que pour les chrétiens persécutés, le fruit de la mort sera la grande acquisition de l’éternité: « Parce que le Seigneur se souvient d’eux et venge leur sang ». Mais pourquoi le Prophète a-t-il choisi de préférence cette expression: « Leur sang ? » Répondrait-il à cette question que pourrait lui faire un homme ignorant et faible dans la foi: « Comment prêcheront-ils chez ces infidèles qui doivent les égorger (Ps. XLIII, 22)? » et dirait-il : « Le Seigneur se souviendra d’eux, et vengera leur sang », c’est-à-dire, viendra le dernier jugement pour mettre à découvert la gloire des victimes et le châtiment des bourreaux? Car nul n’entendra cette expression: « Dieu s’est souvenu d’eux », comme s’il avait pu les oublier; mais parce que le dernier jugement ne doit arriver qu’après un long espace de temps, le Prophète s’accommode au langage des hommes faibles, qui s’imaginent que Dieu oublie, parce qu’il agit avec plus de lenteur qu’eux-mêmes ne voudraient. C’est pour eux encore qu’il est dit plus bas : « Il n’a point oublié le cri des pauvres (Ps. IX, 13) » c’est-à-dire, il n’a point oublié, comme vous le pensez; et comme si, après avoir entendu ce mot : « Il s’est souvenu », ils disaient: « Il avait donc oublié » : « Non », dit le Prophète, « il n’oublie point le cri du pauvre ».

14. Mais quel est, dirai-je, ce cri du pauvre que le Seigneur n’oublie point? Est-ce le cri exprimé dans les paroles suivantes: « Prenez-moi, Seigneur, en pitié, voyez à quelle humiliation me réduisent mes ennemis (Id. 14) ? » Pourquoi donc ne disait-il pas au pluriel: « Prenez-nous en pitié, Seigneur, et voyez à quelle humiliation nous réduisent nos ennemis? » comme si tant de pauvres criaient ensemble; et dit-il: « Prenez-moi en pitié, Seigneur », comme s’il n’y avait qu’un seul pauvre ? Est-ce que celui-là seul parle au nom des saints qui, étant riche, s’est fait pauvre pour nous (II Cor. VIII, 9) ? Lui aussi dirait alors : « C’est vous qui me relevez des portes de la mort, afin que je publie vos louanges aux portes de la ville de Sion (Ps. IX, 15) ». Car c’est Jésus-Christ qui relève l’homme, non seulement cet homme dont il s’est revêtu, et qui est le chef de l’Eglise; mais chacun de nous, qui sommes les membres de son corps, et il nous élève au-dessus des convoitises dépravées qui sont les portes du trépas, puisque c’est par là que nous allons à la mort. Et la mort est déjà dans ces joies que procurent les jouissances, quand nous acquérons ce qu’il était criminel de désirer: « Car la convoitise est la racine de tous les maux (Tim. VI, 10) ». Aussi peut-on l’appeler porte de la mort, car une veuve qui vit dans les délices est déjà morte (Id. V, 6). Or, c’est par la convoitise que nous entrons dans les délices, comme par les portes de la mort. Mais les portes de Sion sont les saints désirs qui aboutissent à la vision de la paix dans la sainte Eglise. C’est donc dans ces portes qu’il nous faut publier toutes les louanges du Seigneur, afin (166) que l’on ne donne pas aux chiens ce qui est saint, ni les perles aux pourceaux (Matt. VII, 6), Les premiers préfèrent aboyer toujours, plutôt que de rechercher avec soin; les autres ne veulent ni aboyer ni chercher, mais se vautrer dans la fange de leurs voluptés. Mais quand on loue le Seigneur avec de saintes affections, alors il accorde à ceux qui demandent, il se manifeste à ceux qui le cherchent, il ouvre à ceux qui frappent. Ces portes de la mort s’entendraient-elles des sens du corps, des yeux qui s’ouvrirent en Adam, quand il eut goûté du fruit défendu (Gen. III, 7), et au-dessus desquels s’élèvent ceux qui ne recherchent point les biens visibles, mais les invisibles? « Ce qui est visible, en effet, n’est que temporel, tandis que les biens invisibles sont éternels (II Cor. IV, 18) »; et alors les portes de Sion ne seraient-elles pas les sacrements et les principes de la foi que Dieu veut bien ouvrir à ceux qui frappent, afin qu’ils parviennent à connaître les secrets du Fils? « Car ni l’oeil n’a vu, ni l’oreille n’a entendu, ni le cœur de l’homme n’a compris, ce que Dieu a préparé à ceux qui l’aiment (Id. II, 9) » ici finirait alors ce cri des pauvres, qui n’est point en oubli pour le Seigneur.

15. Voyons la suite. « Je serai dans la joie, à la vue du Sauveur qui vient de vous (Ps. IX, 16) »; c’est-à-dire, je trouverai mon bonheur dans le Sauveur que vous m’avez donné, qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, la force et la sagesse de Dieu (I Cor. I, 24). Tel est donc le langage de l’Eglise, affligée ici-bas et sauvée par l’espérance: tant que le jugement du Fils est caché, elle s’écrie avec espoir: « Je tressaillerai dans s le Sauveur que vous m’avez donné »; parce que sur la terre, elle est sous le poids des violences ou des erreurs de l’idolâtrie. « Les nations sont tombées dans la fosse qu’elles avaient creusée (Ps. IX, 16) ». Voyons ici comment le pécheur a toujours trouvé son châtiment dans ses propres œuvres, et comment ceux qui ont voulu faire violence à l’Eglise sont demeurés dans la dégradation qu’ils voulaient lui faire subir. Ils voulaient tuer des corps, et eux-mêmes tuaient leurs âmes. « Leur pied s’est engagé dans le piège qu’eux-mêmes avaient caché (Ibid.) ». Ce piége caché, c’est la pensée fourbe, et par le pied de l’âme, on peut comprendre l’amour, qui s’appelle convoitise et débauche quand il est dépravé, affection et charité quand il est droit. C’est l’amour qui pousse l’âme vers le lieu où elle veut arriver; et ce lieu n’est point un espace occupé par une forme corporelle, mais le plaisir où elle se réjouit que l’amour l’ait fait aboutir. Or, la convoitise aboutit au plaisir dangereux, la charité aux chastes délices. De là vient que la convoitise est appelée une racine (Tim. VI, 10). La charité aussi est appelée racine, quand il s’agit de ces divines semences qui tombent dans les lieux pierreux, où elles doivent se dessécher sous les feux du soleil, parce qu’elles n’ont pas une racine profonde (Matt. XIII, 5); ainsi sont stigmatisés ceux qui reçoivent avec joie la parole de la vérité, mais qui cèdent facilement aux persécutions, parce que la charité seule peut résister. L’Apôtre dit encore: « Afin que nous ayons la charité pour base et pour racine, et que par là nous puissions résister (Eph. III, 17) ». Donc le pied des pécheurs, ou l’amour, s’engage dans le piège qu’ils avaient caché, parce qu’en goûtant le plaisir d’un acte trompeur, livrés qu’ils sont par le Seigneur aux désirs d’un cœur déréglé (Rom. I, 24), ils se laissent enlacer par ce plaisir, de manière à n’oser plus en dégager leur affection pour la porter à des objets sérieux. Au premier effort qu’ils tenteront, ils gémiront dans leur âme, comme le forçat qui veut dégager des fers son pied captif; et, succombant à la douleur, ils ne voudront plus se sevrer de ces plaisirs homicides. Ainsi donc, « dans ce piège qu’ils avaient caché », ou dans leurs desseins artificieux, « leur pied demeure engagé », c’est-à-dire, leur amour est arrivé par la fraude à cette joie futile qui enfante la douleur.

16. « On reconnaît le Seigneur à l’équité de ses jugements (Ps. IX, 17) ». Tels sont en effet les jugements de Dieu, qu’il ne sort point du calme de sa félicité, ni des secrets de sa sagesse qui servent d’asile aux âmes bienheureuses, pour lancer contre les pécheurs le fer, la flamme, ou les bêtes féroces, et les livrer aux tourments. Comment donc sont-ils tourmentés, et comment le Seigneur exerce-t-il ses jugements? « C’est dans l’oeuvre de ses mains », dit le Prophète, « que le pécheur s’est enlacé».

17. 18. Il y a ici: « Cantique de Diapsalma (Graec. LXX, ode diapsalmatos) ». Autant que je puis en juger, c’est l’indice d’une joie secrète, causée par la séparation (167) actuelle, non de lieu, mais d’affection, entre les pécheurs et les justes, commise dans l’aire on sépare déjà le bon grain de la paille. Le Prophète continue: « Que les pécheurs soient précipités dans l’enfer (Ps. IX, 18) ». Qu’ils soient livrés en leurs propres mains alors que Dieu les épargne, et enlacés dans leurs joies mortelles. « Ainsi que toutes les nations qui oublient le Seigneur (Ps. IX, 18) », car elles ont refusé de connaître le Seigneur, et il les a livrées au sens réprouvé (Rom. I, 28).

19. « Car le pauvre ne sera pas éternellement en oubli (Ps. IX, 19) »: lui qui paraît oublié maintenant, quand le bonheur de cette vie semble s’épanouir pour les pécheurs, et que la tristesse est pour le juste; mais, dit le Prophète, « la patience des affligés ne périra pas éternellement ». Cette patience leur est nécessaire maintenant pour supporter les impies, dont ils sont séparés déjà par l’affection, jusqu’à ce qu’ils le soient tout à fait au dernier jugement.

20. 21 « Levez-vous, Seigneur, et que l’homme ne s’affermisse point (Ps. IX, 20) ». Le Prophète appelle de ses soupirs le jugement dernier; mais avant qu’il arrive: « Que les nations, dit-il, soient jugées en votre présence », c’est-à-dire dans le secret et sous l’œil de Dieu, puisqu’il n’y a pour le comprendre que le petit nombre des saints et des justes. « Seigneur, faites peser sur eux le joug d’un législateur (Id. 21) »; qui serait, si je ne me trompe, l’Antéchrist, dont l’Apôtre a dit « que l’homme de péché se révélera (I Thess. II, 3). Que les peuples sachent bien qu’ils ne sont que des hommes », et puisqu’ils refusent d’être délivrés par le Fils de Dieu, d’appartenir au Fils de l’homme, d’être enfants des hommes, ou des hommes nouveaux, qu’ils soient assujettis à l’homme, c’est-à-dire au vieil homme du péché, puisqu’ils sont eux-mêmes des hommes.





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Message par Bryand Jeu 15 Avr 2021 - 11:13

''Les 150 psaumes...''
Quelle bonne idée vous avez eue là, Lumen!
Idée inspirée!
Soyez bénie de tout votre beau travail!
Merci!
AndréBryand


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Message par Invité Jeu 15 Avr 2021 - 12:00

Merci surtout à vous  @Bryand  car je pense avoir trouvé "maître" en ce qui concerne l'amour des Saintes Écritures.

Je ne prends pas assez de temps pour exprimer aux autres ma gratitude par rapport à l'excellence de leur travail.

C'est que poster me prend un temps fou à cause de mon handicap. Et le Forum ne constitue pas notre vie : nous nous devons de prêter attention aussi à tous ceux qui nous entourent même si à cause du COVID les visites sont restreintes...

Que Dieu vous bénisse abondamment frère en Jésus Christ.
Bouquet



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Message par Invité Jeu 15 Avr 2021 - 15:17

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Psaume 10 (9B)- "Dieu abat les impies et sauve les humbles"





Psaume 10 (9B)- "Dieu abat les impies et sauve les humbles" : Ps 10:1: Pourquoi, Yahvé, restes-tu loin, te caches-tu aux temps de détresse ?

Le psaume 9 dans sa première partie (9A) et le psaume 10 (9B selon la numérotation gréco-latine) qui est la suite du psaume 9 sont attribués à David.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 9B (10) est récité ou chanté à l’office des lectures du mardi (lundi pour le psaume 9 (9A)) de la première semaine (I).



Le Psaume 9B (10)  : Dieu abat les impies et sauve les humbles en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 9B, 22- Pourquoi, Yahvé, restes-tu loin, te caches-tu aux temps de détresse ?
Ps 9B, 23- Sous l'orgueil de l'impie le malheureux est pourchassé, il est pris aux ruses que l'autre a combinées.
Ps 9B, 24- L'impie se loue des désirs de son âme, l'homme avide qui bénit méprise Yahvé,
Ps 9B, 25- l'impie, arrogant, ne cherche point "Pas de Dieu !" voilà toute sa pensée.
Ps 9B, 26- A chaque instant ses démarches aboutissent, tes jugements sont trop hauts pour lui, tous ses rivaux, il souffle sur eux.
Ps 9B, 27- Il dit en son cœur : "Je tiendrai bon d'âge en âge." Lui qui n'est pas dans le malheur,
Ps 9B, 28- il maudit. Fraude et violence lui emplissent la bouche, sous sa langue peine et méfait;
Ps 9B, 29- il est assis à l'affût dans les roseaux, sous les couverts il massacre l'innocent. Des yeux il épie le misérable,
Ps 9B, 30- à l'affût, bien couvert, comme un lion dans son fourré, à l'affût pour ravir le malheureux, il ravit le malheureux en le traînant dans son filet.
Ps 9B, 31- Il épie, s'accroupit, se tapit, le misérable tombe en son pouvoir;
Ps 9B, 32- il dit en son cœur : "Dieu oublie, il se couvre la face pour ne pas voir jusqu'à la fin."
Ps 9B, 33- Dresse-toi, Yahvé! O Dieu, lève ta main, n'oublie pas les malheureux !
Ps 9B, 34- Pourquoi l'impie blasphème-t-il Dieu, dit-il en son cœur : "Tu ne chercheras point ?"
Ps 9B, 35- Tu as vu, toi, la peine et les pleurs, tu regardes pour les prendre en ta main à toi le misérable s'abandonne, l'orphelin, toi, tu le secours.
Ps 9B, 36- Brise le bras de l'impie, du méchant, tu chercheras son impiété, tu ne la trouveras plus.
Ps 9B, 37- Yahvé est roi pour toujours et à jamais, les païens ont disparu de sa terre.
Ps 9B, 38- Le désir des humbles, tu l'écoutes, Yahvé, tu affermis leur cœur, tu tends l'oreille,
Ps 9B, 39- pour juger l'orphelin et l'opprimé qu'il cesse de faire peur, l'homme né de la terre !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Psalm 10 in Latin
Ut Quid, Domine, Stas A Longe: Ps.9b · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.

Le Psaume 9 B (10) en latin : "Ut Quid, Domine, Stas A Longe"

Ps 9, 22 : ut quid Domine recessisti longe dispicis in oportunitatibus in tribulatione
Ps 9, 23 : dum superbit impius incenditur pauper conprehenduntur in consiliis quibus cogitant
Ps 9, 24 : quoniam laudatur peccator in desideriis animae suae et iniquus benedicitur
Ps 9, 25 : exacerbavit Dominum peccator secundum multitudinem irae suae non quaeret
Ps 9, 26 : non est Deus in conspectu eius inquinatae sunt viae illius in omni tempore auferuntur iudicia tua a facie eius omnium inimicorum suorum dominabitur
Ps 9, 27 : dixit enim in corde suo non movebor a generatione in generationem sine malo
Ps 9, 28 : cuius maledictione os plenum est et amaritudine et dolo sub lingua eius labor et dolor
Ps 9, 29 : sedet in insidiis cum divitibus in occultis ut interficiat innocentem
Ps 9, 30 : oculi eius in pauperem respiciunt insidiatur in abscondito quasi leo in spelunca sua insidiatur ut rapiat pauperem rapere pauperem dum adtrahit eum
Ps 9, 31 : in laqueo suo humiliabit eum inclinabit se et cadet cum dominatus fuerit pauperum
Ps 9, 32 : dixit enim in corde suo oblitus est Deus avertit faciem suam ne videat in finem
Ps 9, 33 : exsurge Domine Deus exaltetur manus tua ne obliviscaris pauperum
Ps 9, 34 : propter quid inritavit impius Deum dixit enim in corde suo non requiret
Ps 9, 35 : vides quoniam tu laborem et dolorem consideras ut tradas eos in manus tuas tibi derelictus est pauper orfano tu eras adiutor
Ps 9, 36 : contere brachium peccatoris et maligni quaeretur peccatum illius et non invenietur
Ps 9, 37 : Dominus regnabit in aeternum et in saeculum saeculi; peribitis gentes de terra illius
Ps 9, 38 : desiderium pauperum exaudivit Dominus praeparationem cordis eorum audivit auris tua
Ps 9, 39 : iudicare pupillo et humili ut non adponat ultra magnificare se homo super terram

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


CONTINUATION DU PSAUME 9

INSCRITE DANS L’HÉBREU SOUS LE NUMÉRO 10


Comme l’Antéchrist ou l’homme de péché s’élèvera, croit-on, jusqu’à un tel degré de vaine gloire, déploiera un tel pouvoir sur tous les hommes et sur les élus de Dieu, que plusieurs auront la faiblesse de croire que Dieu ne s’intéresse plus aux hommes; le Prophète, après un Diapsalma, exprime en quelque sorte les gémissements et les plaintes que soulève le retard du jugement. « Pourquoi dit-il, pourquoi, Seigneur, tant vous éloigner (Ps. IX, 1) ? » Et aussitôt l’interrogateur, comme s’il avait une illumination soudaine, ou comme s’il n’eût demandé ce qu’il savait bien que pour nous l’apprendre, ajoute: « Vous vous dérobez dans le temps propice, dans la tribulation »; c’est-à-dire, vous vous dérobes à propos, et vous suscitez la tribulation pour attiser dans les cœurs le désir de votre avènement; plus est longue la soif qui les dévore, et plus agréable sera la source de vie. Aussi le Prophète a-t-il pénétré la cause de ces retardements, quand il dit : « L’orgueil du méchant est un stimulant pour le pauvre ». C’est chose incroyable et vraie néanmoins, que la vue des pécheurs embrase les petits d’une vive ardeur, de sainte espérance qui les porte à une vie meilleure. La même raison mystérieuse a fait permettre à Dieu qu’il y eût des hérésies. Tel n’est pas sans doute le dessein des hérétiques, mais la sagesse de Dieu sait tirer avantage de leur perversité, elle qui crée et qui règle la lumière, qui règle seulement les ténèbres (Gen. I, 3, 4), afin qu’en les comparant à la lumière, on trouve celle-ci plus gracieuse, (168) comme en face de l’hérésie on se trouve plus heureux de rencontrer la vérité. Cette comparaison fait découvrir dans le monde les hommes d’une vertu éprouvée, que Dieu seul connaissait.


21. « Ils se prennent dans les pensées qu’ils enfantent »; c’est-à-dire que leurs pensées perverses deviennent des liens qui les enchaînent. Mais pourquoi des liens ? « Parce que le pécheur est loué dans les desseins de son âme (Ps. IX, 3) ». Les paroles de la flatterie garrottent l’âme dans ses péchés; car on se plaît à faire ce qui, non seulement ne laisse à craindre aucun blâme, mais attire les applaudissements. « Et parce que l’on applaudit à celui qui fait le mal; les coupables sont enlacés dans les pensées qu’ils enfantent ».

22. « L’impie a irrité le Seigneur ». Ne félicitons point l’homme qui prospère en cette vie, dont les fautes demeurent sans vengeance, et rencontrent l’applaudissement. C’est là le plus grand effet de la colère divine. Il faut qu’un pécheur ait bien irrité Dieu, pour être ainsi traité, pour ne point ressentir le châtiment qui corrige. « Il a donc irrité le Seigneur, qui, dans sa grande colère, ne le recherchera point (Id. 4) ». La colère de Dieu est à son comble quand il ne recherche plus nos péchés, qu’il paraît les oublier, n’y faire aucune attention, et qu’il permet que l’impie arrive à la richesse et aux honneurs, par la fraude et les forfaits c’est ce que nous verrons surtout dans l’antéchrist, que les hommes croiront heureux jusqu’à le prendre pour un Dieu. Mais la suite du psaume va nous montrer combien cette colère de Dieu est redoutable.

23. « Dieu n’est point en sa présence ses voies sont toujours souillées (Id. 5)». Celui qui a goûté les vrais plaisirs et les joies de l’âme, comprend combien il est malheureux d’être privé de la lumière de la vérité. Si la privation des yeux du corps, qui nous dérobe cette lumière du jour, est regardée comme une grande calamité parmi les hommes, quel ne sera point le malheur d’un homme qui prospère dans ses péchés, jusqu’à n’avoir plus Dieu en sa présence, et ne marche que dans des voies souillées, c’est-à-dire que ses pensées et ses desseins sont criminels ? « Vos jugements ne sont plus rien à ses yeux ». L’âme qui a conscience de sa culpabilité, et qui ne se voit point châtiée, s’imagine que Dieu ne la juge point; et ainsi les jugements du Seigneur ne sont plus devant ses yeux, ce qui est pour elle une terrible damnation. « Il se rendra maître de ses ennemis (Ps. IX, 5) ». Car on croit qu’il vaincra tous les rois, et régnera seul sur la terre; et même saint Paul qui nous l’annonce, va jusqu’à dire : « Il s’assoira dans le temple de Dieu, et s’élèvera au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, et adoré (II Thess. II, 4) ».

24. Et comme il est livré aux convoitises de son cœur, et destiné aux dernières vengeances, voilà que par de criminels artifices il va s’élever au comble de cette gloire vaine et futile, et à la domination. De là vient que le Prophète ajoute: « Il a dit dans son cœur : A moins de faire le mal, je ne passerai point de race en race (Ps. IX, 6) », c’est-à-dire, mon nom et ma gloire ne s’en iront pas d’âge en âge à la postérité, si la ruse du mal ne me fait acquérir une telle domination que les siècles futurs ne puissent en garder le silence. Car l’esprit pervers qui ne connaît pas le bien, qui est étranger aux lumières de la justice, cherche par des actions criminelles à se frayer le chemin d’une renommée si éclatante, qu’elle retentisse dans les siècles. Et ceux qui ne peuvent se signaler par le bien, veulent au moins se rendre fameux par le crime, et répandre au loin leur renommée. Tel est, je crois, le sens de ces paroles : « Ce n’est que par le mal que je passerai de génération en génération ». On peut encore appliquer ces paroles à l’homme dont l’esprit vain et plein d’erreur ne croit pouvoir passer de cette vie mortelle à la vie éternelle que par la voie du crime C’est ce qui est rapporté de Simon (Act. VIII, 9, 23), qui croyait pouvoir s’élever au ciel par les coupables artifices de la magie, et passer de la nature humaine à la nature divine. Faut-il s’étonner maintenant que cet homme de péché, qui doit personnifier en lui-même toute la malice et toute l’impiété, dont tous les faux prophètes n’ont donné que l’ébauche, qui aura le don des miracles au point de séduire les justes, s’il était possible, aille jusqu’à dire en son cœur: « Je ne puis que par le mal être fameux d’âge en âge ? »

25. « Sa bouche est pleine de blasphèmes, d’amertume et de fourberie (Ps. IX, 7) » C’est en effet (169) un horrible blasphème, que d’aspirer au ciel par d’aussi coupables artifices, et de prétendre à la vie éternelle, avec de semblables mérites. Aussi n’est-ce que sa bouche qui est pleine de ce blasphème; car sa prétention ne peut aboutir, et ne demeurera dans sa bouche que pour sa perdition, de lui qui osait bien se promettre le ciel au moyen de cette amertume et de cette fourberie, c’est-à-dire au moyen de cette exaltation, et de ces embûches qui lui gagnaient la foule. « Sous sa langue est le travail et la douleur ». Nul travail n’est plus pénible que l’injustice et l’impiété; et ce travail engendre la douleur, parce qu’il est non seulement sans profit, mais encore nuisible. Travail et douleur qui caractérisent ce langage: « Ce n’est que par le mal que je puis passer d’âge en âge ». Aussi est-il dit que cela est « sous sa langue », et non dans sa langue, parce qu’il renfermera ces pensées dans l’intérieur de son âme, et tiendra aux hommes un tout autre langage, afin qu’on le regarde comme le champion du bien et de la justice, et même comme le Fils de Dieu.

26. « Il se met en embuscade avec les riches (Ps. IX, 8.) ». Quels riches, sinon ceux qu’il comblera des biens de ce monde ? Il se mettra donc, est-il dit, en embuscade avec eux, parce qu’il fera ostentation de leur faux bonheur pour tromper les hommes; et ceux-ci, pris du désir, fatal d’acquérir de semblables richesses, négligent les biens éternels et tombent ainsi dans ses pièges. « Il veut tuer l’innocent dans l’obscurité (Id. 9) ». Par « obscurité » il entend, je crois, l’état de l’âme qui discerne à peine ce qu’il faut désirer, de ce qu’il faut fuir; et tuer l’innocent, c’est amener au péché celui qui était sans tache.

27. « Ses yeux sont en arrêt sur le pauvre ». Car il s’attache principalement à poursuivre les justes, dont il est dit: « Bienheureux ceux qui sont pauvres de gré, car le royaume des cieux leur appartient (Matt. V, 3). Il les « épie en secret, comme le lion en sa bauge ». Il appelle lion dans sa bauge, celui qui emploie la violence et l’artifice. La première persécution de l’Eglise fut violente, car alors on contraignait les chrétiens à sacrifier, par la proscription, les tourments et la mort l’autre persécution soulevée par les hérétiques et les faux frères, et qui dure encore, est caractérisée par l’artifice; la troisième et la plus dangereuse sera celle de l’antéchrist, qui sera caractérisée par l’artifice et par la violence. Il aura la force par l’empire, et l’artifice de la séduction par les prodiges. La violence est précisée par cette expression, « dans sa bauge ». Les paroles suivantes nous expriment le même sens, mais dans l’ordre inverse: « Il tend des embûches pour enlever le pauvre ». Voilà bien la ruse; et « pour le ravir après l’avoir attiré », marque la violence; car « l’attirer » nous montre qu’à force de le tourmenter, il parvient à s’assujettir l’homme pauvre.

28. La suite répète encore ce qui vient d’être dit: « Il l’humiliera dans un piège », c’est la ruse. « Il s’inclinera et tombera, quand il aura les pauvres sous sa domination (Ps. IX, 10) », c’est la violence. Le piège désigne bien les fourberies, et la domination indique évidemment la terreur. « Il humiliera donc le pauvre dans son piége », dit avec raison le Prophète; car plus paraîtront merveilleux les signes qu’il entreprendra d’opérer, et plus les saints d’alors seront méprisés, et tomberont dans l’opprobre; et comme ils doivent lui résister dans leur innocence et leur justice, il passera pour les avoir vaincus par l’éclat de ses prodiges. Mais à son tour « il s’inclinera et tombera, après les avoir dominés », c’est-à-dire, quand il aura tourmenté par toutes sortes de supplices les serviteurs de Dieu qui lui résisteront.

29. Mais pourquoi sera-t-il abaissé jusqu’à tomber ? C’est qu’ « il a dit dans son cœur : Dieu a tout oublié, il a détourné sa face pour ne rien voir à jamais (Id. 11) ». C’est pour l’esprit humain un abaissement et une chute effroyable, de trouver sa félicité dans le crime, et de croire à son pardon, quand il est frappé d’aveuglement, et réservé pour cette dernière et exemplaire vengeance marquée par le Prophète qui s’écrie: « Levez-vous, Seigneur, mon Dieu, étendez votre main (Id. 12) »: c’est-à-dire, manifestez votre puissance. Il avait dit plus haut : « Levez-vous, Seigneur, et que l’homme ne s’affermisse point, que les peuples soient jugés en votre présence (Psal. Prim. IX, 20) », c’est-à-dire, dans ce secret que Dieu seul peut pénétrer. C’est ce qui est arrivé quand l’impie est parvenu à ce que les hommes regardent comme un grand bonheur, et que Dieu les a soumis à un législateur, tel qu’ils le (170) méritaient, et dont il est dit: « Établissez sur eux un législateur, et que ces peuples sachent bien qu’ils sont des hommes (Psal. Secun. IX, 14) ». Et après ce châtiment juste et secret, il est dit: « Levez-vous, Seigneur, ô mon Dieu, étendez votre main », non plus dans le secret, mais dans la splendeur de votre gloire. « N’oubliez point à jamais les opprimés », comme l’imagine l’impie qui dit : « Le Seigneur a tout oublié; il a détourné sa tête pour ne rien voir à jamais (Psal. Secun. IX, 11). » Car c’est bien nier que Dieu voie à jamais, ou jusqu’à la fin, que dire qu’il ne prend aucun soin des actions des hommes sur la terre. La terre est, en effet, la fin des choses, comme le dernier des éléments, où les hommes travaillent dans un ordre admirable, mais ordre qui leur échappe dans leurs travaux, car il appartient aux secrets du Fils. Donc, au milieu du labeur pénible d’ici-bas, l’Eglise, comme un navire au milieu des flots et des tempêtes, semble éveiller le Seigneur qui dort, afin qu’il commande aux vents déchaînés et ramène le calme. « Levez-vous, Seigneur, mon Dieu, lui dit-elle, étendez votre main, et n’oubliez point les pauvres sur la terre ».

30. La connaissance du dernier jugement nous a fait dire avec joie: «Pourquoi l’impie a-t-il irrité le Seigneur (Id. 13) ? » De quoi lui a servi de commettre ces forfaits? « Il disait dans son coeur : Dieu ne les recherchera point. Vous le voyez, Seigneur », poursuit le Prophète, « mais vous considérez le travail et la colère, pour les livrer entre vos mains (Id. 14) ». Prononçons bien ces paroles pour en voir le sens; une fausse prononciation nous amène l’obscurité. L’impie a dit dans son cœur: « Dieu ne recherchera point les crimes », comme si le Seigneur voyant ce qu’il lui en coûtera de labeur et de peine pour les faire tomber entre ses mains, et dédaignant le labeur comme la colère, pardonne à ces impies, pour ne point prendre la peine de les châtier, ni se troubler par la colère. C’est ce qui arrive souvent aux hommes, qui dissimulent plutôt que de châtier, afin de s’épargner la peine de la colère.

31. « C’est à vous que le pauvre abandonne sa défense (Ibid.) ». Car il n’est pauvre, ou plutôt il n’a méprisé tous les biens passagers de cette vie que pour mettre en vous seul son espoir. « Vous serez le protecteur de l’orphelin (Psal. secun. IX, 14) c’est-à-dire de celui pour qui le monde est mort, ce monde qui était son père, qui l’avait engendré selon la chair, de celui qui peut dire: « Le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde (Gal. IX, 14) ». Dieu devient un père à de tels orphelins; et le Sauveur enseigne à ses disciples à le devenir, quand il dit: « N’appelez ici-bas personne votre père (Matt. XXIII, 9) ». Lui-même en donne l’exemple tout le premier, en disant: « Quelle est ma mère, ou quels sont mes frères (Id. XII, 48)? » C’est de là que certains hérétiques très-dangereux ont avoué qu’ils n’avaient pas de mère; ils n’ont point vu qu’en prenant ces paroles à la lettre, les disciples n’auraient point eu de pères. Car s’il dit lui-même: « Quelle est ma mère ? » il leur donnait cet enseignement: « N’appelez ici-bas personne votre père ».

32. « Brisez le bras de l’impie et du méchant (Ps. IX, 15), de cet homme dont il est dit plus haut, qu’il se rendra maître de tous ses ennemis. Son bras, c’est sa puissance, à laquelle est opposée cette puissance du Christ, dont le Prophète a dit: « Levez-vous, Seigneur, mon Dieu, étendez votre main (Id. 5). On recherchera son péché; mais lui, ne reparaîtra plus » à cause de ce péché; c’est-à-dire, on le jugera sur ses crimes, et ces crimes l’auront fait disparaître. Alors qu’y a-t-il d’étonnant dans les paroles suivantes: « Le Seigneur sera roi des siècles et de l’éternité; nations, vous serez retranchées de la terre qui lui appartient (Id. 16) ? » Il désigne.par nations, les pécheurs et les impies.

33. « Le Seigneur a exaucé le désir des pauvres (Id. 17) ». Ce désir dont ils étaient embrasés, quand au milieu des angoisses et des tribulations, ils soupiraient après le jour du Seigneur: « Votre oreille, ô Dieu, a entendu que leur cœur était prêt ». Cette préparation du cœur est celle que le Prophète a chantée dans un autre Psaume: « Mon cœur est préparé, ô Dieu, mon cœur est préparé (Id. LVI, 8.) »; et dont saint Paul dit : « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons par la patience (Rom. VI, 25) ». Par l’oreille de Dieu, nous ne devons rien entendre de corporel, mais cette puissance qui le porte à nous exaucer: et pour ne plus revenir à ce sujet, (171) quand l’Ecriture attribue à Dieu ces membres qui sont en nous visibles et corporels, nous devons entendre sa puissance d’action. Car il ne faut rien voir ici de corporel, quand Dieu écoute, non plus le son de la voix, mais la préparation du cœur.

34. « Vous rendrez justice à l’orphelin et au pauvre (Ps. IX, 18) »; c’est-à-dire à celui qui ne se conforme pas au monde, et qui n’est point superbe. Juger l’orphelin, n’est pas rendre justice à l’orphelin. On juge l’orphelin même en le condamnant, maison lui rend justice quand on prononce en sa faveur. « Afin que l’homme ne cherche plus à s’agrandir sur la terre (Ibid.) ». Car ce sont des hommes ceux dont il est dit : « Seigneur, élevez au-dessus d’eux un législateur, afin que les peuples sachent bien qu’ils sont des hommes (Ps. Prim. IX, 21) ». Mais celui qu’il est question d’élever en cet endroit sera un homme aussi, et c’est de lui qu’il est dit « Afin que l’homme renonce à s’agrandir sur la terre ». Ce qui arrivera quand le Fils de l’homme viendra juger cet orphelin qui s’est dépouillé du vieil homme et qui a ainsi comme exalté son Père.

35. Les secrets du Fils dont il est beaucoup parlé dans ce Psaume, seront suivis des manifestations de ce même Fils, dont il est quelque peu fait mention à la fin. Mais le sujet indiqué par le titre, en occupe la principale partie. On peut même ranger parmi les secrets du Fils le jour de son avènement, quoique sa présence doive être manifestée pour tous. Car il est dit de ce jour qu’il n’est connu de personne, ni des Anges, ni des Vertus, ni même du Fils de l’homme (Matt. XXIV, 36). Or, quel secret est plus impénétrable que celui que l’on dit être dérobé au juge même, non qu’il l’ignore, mais parce qu’il ne doit point le révéler ? Si toutefois quelqu’un veut attribuer ces secrets du Fils, non plus au Fils de Dieu, mais au Fils de David même, dont tout le psautier porte le nom, car tous les Psaumes sont appelés Psaumes de David, qu’il écoute ces paroles adressées à Notre Seigneur: « Fils de David, ayez pitié de nous (Matt. XX, 30) », et qu’il reconnaisse ce même Seigneur Jésus-Christ dont les secrets ont inspiré le titre du Psaume. Il en est de même de ces paroles de l’Ange: « Dieu lui donnera le trône de David son père (Luc, I, 32) ». Cette interprétation n’est point démentie par cette question du Christ aux Juifs: « Si le Christ est Fils de David, comment David inspiré de l’Esprit-Saint, l’appelle-t-il son Seigneur, en disant: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que j’abatte vos ennemis à vos pieds (Matt. XXII, 11; Ps. CIX, 1) ? » Cette parole s’adressait à des hommes ineptes qui, dans le Christ dont ils attendaient l’arrivée, ne voyaient qu’un homme, et non point la puissance et la sagesse de Dieu. Dieu donc les formait à croire selon la vérité la plus pure, que le Christ est le Seigneur de David, puisqu’il était au commencement le Verbe, Dieu en Dieu, par qui tout a été fait; qu’il est aussi le fils de David, puisque selon la chair il est né de la race de David, Le Seigneur ne dit pas que le Christ n’est point fils de David; mais bien: Si vous êtes certain qu’il est son fils, apprenez encore qu’il est son Seigneur; ne vous arrêtez pas à voir dans le Christ sa qualité de fils de l’homme, ce qui fait qu’il est fils de David, pour abandonner sa qualité de Fils de Dieu qui le rend Seigneur de David. (172)




Editer et commentaire corrigé car confusion dans les chapitres ce psaume ci étant la continuité du précédent. Je vous prie de m'excuser



Dernière édition par Lumen le Ven 16 Avr 2021 - 19:29, édité 1 fois

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Message par Invité Ven 16 Avr 2021 - 16:11

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Psaume 11 (10)- "Confiance du juste"





Psaume 11 (10) - "Confiance du juste" : Ps 11:1 : Du maître de chant. De David. En Yahvé j'ai mon abri. Comment dites-vous à mon âme "Fuis à ta montagne, passereau...

Le psaume 11 (10 selon la numérotation grecque) est attribué à David. Il aborde le thème de la justice : quel est le regard de Dieu sur le juste et le méchant ?

Dans la liturgie des Heures, le psaume 10 est récité ou chanté aux vêpres du lundi de la première semaine (I).



Le Psaume 10 (11)  : Auprès du Seigneur j'ai mon refuge en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 10, 01- Du maître de chant. De David. En Yahvé j'ai mon abri. Comment dites-vous à mon âme "Fuis à ta montagne, passereau.
Ps 10, 02- "Vois les impies bander leur arc, ils ajustent leur flèche à la corde pour viser dans l'ombre les cœurs droits;
Ps 10, 03- si les fondations sont ruinées, que peut le juste ?"
Ps 10, 04- Yahvé dans son palais de sainteté, Yahvé, dans les cieux est son trône; ses yeux contemplent le monde, ses paupières éprouvent les fils d'Adam.
Ps 10, 05- Yahvé éprouve le juste et l'impie. Qui aime la violence, son âme le hait.
Ps 10, 06- Il fera pleuvoir sur les impies charbons de feu et soufre et dans leur coupe un vent de flamme pour leur part.
Ps 10, 07- Yahvé est juste, il aime la justice, les cœurs droits contempleront sa face.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.







Psalmus 10 [Clementine Vulgate]:
In finem. Psalmus David.
In Dómino confído: quómodo dícitis ánimæ meæ
.


Le Psaume 10 (11) en latin : "In finem psalmus David ; in Domino confido"

Ps 10, 01 : In finem psalmus David ; in Domino confido quomodo dicitis animae meae transmigra in montes sicut passer
Ps 10, 02 : quoniam ecce peccatores intenderunt arcum paraverunt sagittas suas in faretra ut sagittent in obscuro rectos corde
Ps 10, 03 : quoniam quae perfecisti destruxerunt iustus autem; quid fecit
Ps 10, 04 : Dominus in templo sancto suo Dominus in caelo sedis eius oculi eius in pauperem; respiciunt palpebrae eius interrogant filios hominum
Ps 10, 05 : Dominus interrogat iustum et impium qui autem diligit iniquitatem odit animam suam
Ps 10, 06 : pluet super peccatores laqueos ignis et sulphur et spiritus procellarum pars calicis eorum
Ps 10, 07 : quoniam iustus Dominus et; iustitias dilexit aequitatem vidit vultus eius.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


Commentaire de Saint Augustin sur le Psaume 10 de David, qu’il chanta au Seigneur sur : « L’HÉRÉSIE EN FACE DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE »

L’âme catholique et fidèle répond aux invitations de l’hérésie, que sa confiance est dans le Seigneur et non dans les hommes, tandis que l’hérésie se confie dans les mérites du ministre des sacrements. Le Seigneur, par une même parole, aveugle les méchants et sauve les justes.


1. Ce titre n’a pas besoin d’être expliqué de nouveau, nous avons exposé suffisamment le sens de cette expression : « In finem, pour la fin ». Voyons donc le texte du psaume, qui me parait un chant contre les hérétiques. Ceux-ci, en effet, rappelant sans cesse avec exagération les fautes de plusieurs membres de l’Eglise, comme si, dans leurs sectes, tous les membres, ou du moins le plus grand nombre, étaient des justes, s’efforcent de nous détourner et de nous arracher des mamelles de l’Eglise, unique et véritable mère. Ils affirment que le Christ est parmi eux; ils affectent de nous avertir, par intérêt pour nous et par charité, de passer dans leur parti pour y trouver Jésus-Christ, qu’ils se vantent faussement de posséder. On sait que dans ces dénominations allégoriques données par les Prophètes à Jésus-Christ, se trouve aussi celle de Montagne. Il faut donc répondre à l’hérésie en loi disant: « Ma confiance est dans le Seigneur; comment dites-vous à mon âme: Va sur la montagne, comme un passereau (Id. 2)?» Il n’est qu’une seule montagne en qui j’aie mis mon espoir; pourquoi me dire d’aller à vous, comme s’il y avait plusieurs Christs? Et si, dans votre orgueil, vous prétendez être cette montagne, j’avoue que je dois être ce passereau, et que mes ailes sont les forces et les préceptes de Dieu; mais ces ailes m’empêchent de voler vers de semblables montagnes, et de reposer mon espoir en des hommes orgueilleux. J’ai un nid où je puis reposer, puisque ma confiance est dans le Seigneur. Car le passereau trouve une demeure (Ps. LXXXIII, 4), et le Seigneur est un refuge pour le pauvre (Ps. IX, 10). Ainsi, de peur qu’en cherchant le Christ chez les hérétiques, nous ne le perdions réellement, chantons avec la plus entière confiance: « Ma confiance est dans le Seigneur; comment dites-vous à mon âme: Va sur la montagne comme le passereau ? »

2. « Voilà que les pécheurs ont bandé l’arc, ils ont rempli de flèches leur carquois, afin de tirer, dans l’obscurité de la lune, sur ceux qui ont le coeur droit (Ps. X, 3) ». Vaines terreurs de ceux qui nous menacent de la colère des pécheurs, pour nous pousser dans leur parti, comme dans celui des justes. « Voilà », disent-ils, « que les pécheurs ont bandé l’arc ». Cet arc me paraît être l’Ecriture, qu’ils interprètent dans un sens charnel, et qui ne leur fournit alors que des maximes empoisonnées. « Ils ont préparé leurs flèches dans leur carquois »; c’est-à-dire, qu’ils ont préparé dans leurs cœurs, ces paroles qu’ils doivent nous lancer avec l’autorité des saintes Écritures. « Afin de tirer sur l’innocent dans l’obscurité de la lune »; c’est-à-dire, qu’ils ont cru que la foule des hommes ignorants et charnels avait obscurci la lumière de l’Eglise, et qu’eux-mêmes ne pourraient être convaincus; ainsi ils corrompent les bonnes mœurs par des discours pervers (Ps. X, 3). Mais à toutes ces terreurs nous répondrons: « Ma confiance est dans le Seigneur (I Cor. XV, 33) ».

3. J’ai promis (Ci-dessus, Ps. VIII, n. 9), il m’en souvient, de considérer dans ce psaume comment la lune est une figure convenable de l’Eglise. Il y a deux opinions probables au sujet de la lune: savoir quelle est la véritable, c’est là ce qui est, selon moi, sinon impossible, du moins très difficile aux hommes. Si vous demandez d’où vient à la lune sa lumière, les uns répondent qu’elle a une lumière qui lui est propre, mais que son globe est moitié lumineux et moitié (173) obscur, et qu’ainsi, dans sa révolution, la partie lumineuse se tourne peu à peu vers la terre, et devient visible; c’est pourquoi elle nous apparaît d’abord comme un croissant. Car si vous prenez une sphère à moitié blanche, et à moitié noire, et que vous mettiez sous les yeux la partie noire, vous ne verrez rien de blanc, mais ensuite, commencez à tourner vers vous le côté blanc, et faites-le peu à peu, vous verrez cette face blanche apparaître d’abord comme un croissant, puis se développer peu à peu, jusqu’à ce que la face blanche vous apparaisse complètement, et ne laisse rien voir d’obscur. Continuez encore la révolution de votre sphère, et peu à peu la partie obscure se montrera, tandis que la partie blanche ira en diminuant, jusqu’à ce qu’elle redevienne un croissant, pour échapper bientôt à la vue, et ne laisser sous vos yeux que la partie obscure; c’est ce qui a lieu, nous dit-on, quand la lumière de la lune va toujours en augmentant jusqu’au quinzième jour, puis diminue jusqu’au trentième, redevient un croissant, puis bientôt nous dérobe complètement sa lumière. Dans cette opinion, la lune pourrait être la figure allégorique de l’Eglise, qui brille dans sa partie spirituelle, tandis qu’elle est obscure dans ses membres charnels; et souvent ses œuvres spirituelles la signalent aux hommes; souvent aussi ce côté spirituel se réfugie dans la conscience, où Dieu seul peut le voir, et ne laisse voir aux hommes que la face corporelle, comme il arrive quand nous prions intérieurement, sans aucune apparence extérieure, alors que nos coeurs ne sont plus à la terre, mais élevés à Dieu, selon qu’il nous est recommandé.

D’autres disent que la lune n’a point une lumière qui lui soit propre, et qu’elle la reçoit du soleil; que quand elle est en face du soleil, elle nous présente le côté qui n’est point éclairé, et paraît ainsi sans lumière; mais qu’à mesure qu’elle s’éloigne du soleil, cette partie même qu’elle présentait à la terre est illuminée; elle commence nécessairement comme un croissant, jusqu’au quinzième jour, qu’elle est complètement opposée au soleil: c’est alors qu’elle se lève quand le soleil se couche; de sorte qu’un homme qui observerait le coucher du soleil, pourrait aussitôt qu’il le perd de vue, se tourner vers l’orient, et verrait la lune à son lever. Mais à mesure que la lune tend à se rapprocher du soleil, elle nous montre peu à peu sa face obscure, puis redevient un croissant, pour disparaître totalement; car alors sa partie lumineuse est toute vers le ciel, tandis qu’elle ne montre à la terre que la face que le soleil ne saurait éclairer. Dans cette seconde opinion, la lune serait la figure de l’Eglise qui n’a point une lumière propre, car sa lumière lui vient de ce Fils unique de Dieu, appelé souvent dans les saintes Écritures, Soleil de justice. Incapable de connaître et de voir ce Soleil invisible, certains hérétiques s’efforcent d’attirer les esprits simples et sensuels, au culte de ce soleil visible et corporel, qui éclaire les yeux des mouches aussi bien que les yeux corporels des hommes. Ils parviennent même à entraîner ceux qui, dans leur impuissance de découvrir des yeux de l’âme la lumière intérieure de la vérité, ne peuvent se con-tenter de la simplicité de la foi catholique; et pourtant il n’y a pour les faibles que ce moyen de salut, que ce lait qui puisse les fortifier et les rendre capables d’une plus solide nourriture. De ces deux opinions, quelle que soit la vraie, le nom allégorique de la lune convient parfaitement à l’Eglise. Toutefois, s’il nous répugne de nous engager dans ces obscurités plus pénibles qu’elles ne sont utiles, ou si le temps nous manque, ou même si notre esprit s’y refuse, il peut nous suffire de regarder la lune avec le peuple, et sans en rechercher péniblement les raisons, de voir avec tout le monde qu’elle croît, qu’elle arrive à son plein, pour décroître ensuite. Et si elle ne disparaît que pour revenir encore, elle devient pour la multitude la moins exercée la figure de l’Eglise, dans laquelle on croit à la résurrection des morts.

4. Examinons ensuite pourquoi, dans ce psaume, il est parlé de « lune obscure » qui sert aux pécheurs pour décocher leurs flèches sur les cœurs droits. Car on peut dire de plusieurs manières que la lune est obscurcie; elle l’est à la fin de sa révolution mensuelle, puis quand un nuage nous dérobe sa lumière, puis quand elle s’éclipse totalement. Nous pouvons dire alors que les persécuteurs des martyrs ont voulu décocher leurs flèches sur les cœurs droits, pendant l’obscurité de la lune; soit que l’Eglise naissante n’ait pas encore jeté sur la terre tout son éclat, ni dissipé les ténébreuses superstitions du paganisme; soit que les blasphèmes et les (174) calomnies contre le nom chrétien aient enveloppé la terre comme d’un nuage et rendu invisible la lune ou l’Eglise; soit que tant de martyrs égorgés et tant de sang répandu, aient détourné du nom chrétien les âmes faibles, en couvrant l’Eglise d’un voile sanglant, comme celui qui paraît quelquefois sur la lune et qui l’obscurcit; dans ces jours de terreur, les impies décochaient comme autant de flèches, ces paroles artificieuses et sacrilèges, qui pervertissaient même les cœurs purs. On peut encore entendre ce passage, des pécheurs qui sont dans l’Eglise, qui ont saisi l’occasion d’un obscurcissement de la lune, pour commettre les forfaits que nous reprochent maintenant les hérétiques, accusés d’en être les auteurs. Mais quelle que soit la. source des crimes commis pendant l’obscurité de la lune, maintenant que la religion catholique est répandue et respectée dans tout l’univers catholique, pourquoi m’inquiéter de faits que j’ignore? Ma confiance est au Seigneur, et loin de moi, « ceux qui disent à mon âme: Va, chétif passereau, vers les montagnes. Car voilà que les pécheurs ont préparé leur arc pour décocher leurs flèches sur les cœurs droits, dans l’obscurité de la lune ». Et cette lune leur paraît encore obscure, parce qu’ils s’efforcent de jeter l’incertitude sur la véritable Eglise catholique, et qu’ils arguent contre elle des fautes de ces hommes charnels qu’elle contient en grand nombre. Qu’est-ce que ces tentatives, pour celui qui dit véritablement: Ma confiance est dans le Seigneur, qui montre par ce langage qu’il est le froment de Dieu, et qu’il supporte la paille avec patience, jusqu’à ce que viendra le temps de la vanner?

5. « Ma confiance est donc au Seigneur ». Que ceux-là tremblent qui mettent leur confiance dans un homme, et qui ne peuvent nier qu’ils lui appartiennent, puisqu’ils jurent sur ses cheveux blancs.; et si vous leur demandez en conversation à quelle communion ils appartiennent, ils ne peuvent se faire connaître qu’en se proclamant de son parti. Mais dites-moi ce qu’ils peuvent répondre, quand on leur représente ces crimes, ces forfaits innombrables qui remplissent chaque jour leur parti? Peuvent-ils dire: « Ma confiance est au Seigneur; et comment dites-vous à mon âme de se réfugier dans les montagnes comme le passereau ? » Car ils n’ont plus confiance dans le Seigneur, en soutenant que les sacrements ne sanctifient que quand ils sont administrés par des hommes saints? Aussi, demandez-leur quels sont les saints, ils rougiront de dire : C’est nous; et s’ils ne rougissent de le dire, ceux qui les entendront, rougiront pour eux. Ils forcent donc ceux qui reçoivent les sacrements, à mettre leur confiance dans un homme, dont le cœur échappe à nos yeux. Or, « maudit soit celui qui met son espoir dans un homme (Jér. XVII, 5)». Dire en effet: C’est ce qui est administré par moi, qui est saint, n’est-ce pas dire: Mettez votre espérance en moi? Mais que sera ce sacrement si vous n’êtes pas saint? Alors montrez-moi votre cœur. Et si vous ne le pouvez, comment saurai-je que vous êtes saint? Alléguerez-vous ce passage de l’Ecriture: « Vous les connaîtrez à leurs œuvres (Matt. VII, 16) ? » Assurément, je vois chez vous des oeuvres merveilleuses; je vois chaque jour les Circoncellions courir ça et là sous la conduite de leurs évêques et de leurs prêtres, et donner le nom d’Israël à de terribles bâtons; c’est là ce que les hommes de nos jours ne voient et n’éprouvent que trop. Quant aux actes du temps de Macaire, qu’ils nous reprochent amèrement, peu les ont vus, nul ne les voit maintenant; et quand on les voyait, tout catholique n’en pouvait pas moins dire, s’il voulait être serviteur de Dieu: « Ma confiance est dans le Seigneur ». C’est le langage que tient encore celui qui voit dans l’Eglise ce qu’il voudrait n’y point voir, qui se sent nager dans ces filets pleins de poissons, bons et mauvais, jusqu’à ce que l’on arrive sur les sables de la mer, pour séparer les bons des mauvais (Id. XIII, 47). Que peuvent répondre ces hérétiques, si l’homme qu’ils veulent baptiser leur fait cette question: Comment m’ordonnez-vous d’avoir confiance ? Car si le mérite d’un sacrement est basé sur celui qui le donne et sur celui qui le reçoit, si c’est Dieu qui le donne et ma conscience qui le reçoit, voilà deux termes dont j’ai la certitude, sa bonté, et ma foi. Pourquoi venir vous interposer, vous dont je ne puis tirer, aucune certitude ? Laissez-moi chanter: « Ma confiance est dans le Seigneur ». Car si je mettais ma confiance en vous, qui peut me garantir que vous n’avez commis aucune faute cette nuit ? Enfin, si vous voulez que j’aie confiance en vous, puis-je avoir d’autre motif que votre parole ? (175)

Mais alors quelle confiance puis-je avoir, que ceux qui étaient hier en communion avec vous, qui communiquent aujourd’hui, qui communiqueront demain, n’auront commis aucune faute, après ces trois jours ? Et si ni vous ni moi ne sommes souillés par ce que nous ignorons, pourquoi rebaptisez-vous ceux qui n’ont rien connu de la trahison de Macaire ni de ses persécutions ? Et ces chrétiens qui viennent de la Mésopotamie, qui ne savent le nom ni de Cécilien ni de Donat, comment osez-vous les rebaptiser, et nier qu’ils soient chrétiens ? S’ils sont souillés par les péchés des autres, vous aussi, vous êtes sous le poids des crimes qui se commettent chaque jour, à votre insu, dans votre parti; et c’est en vain que vous objectez aux catholiques les décrets impériaux, vous qui sévissez dans votre camp avec les bâtons et les flammes. Tel est donc l’abîme où sont tombés ceux qui, voyant les désordres dans l’Eglise catholique, n’ont pu dire : « Ma confiance est au Seigneur », et qui ont mis leur espoir dans les hommes. Ils l’auraient dit sans doute, s’ils n’eussent été les uns ou les autres tels qu’ils croyaient ceux dont ils ont feint de se séparer par un sacrilège orgueil.

6. Que l’âme catholique s’écrie donc: « Ma confiance est au Seigneur; comment osez-vous me dire: Passereau, va dans les montagnes ? car voilà que les pécheurs ont bandé leur arc, ils ont rempli de flèches leur carquois, pour les décocher sur les justes durant une lune obscure ». Puis, de ces pécheurs, s’élevant à Dieu, qu’elle dise : « Voilà qu’ils ont détruit ce que vous aviez rendu parfait (Ps. X, 4) ». Et qu’elle tienne ce langage, non seulement contre ceux dont nous parlons, mais contre tous les hérétiques. Car tous, autant qu’il est en eux, ont détruit cette louange parfaite que Dieu a tirée de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle (Id. VIII, 3), quand, par de vaines et pointilleuses questions, ils tourmentent les faibles et ne les laissent point s’alimenter du lait de la foi. Et comme si l’on disait à cette âme : Pourquoi vous outils engagée à passer dans les montagnes comme le passereau; pourquoi vous effrayer au sujet des pécheurs qui ont bandé leur arc, pour percer les cœurs droits dans l’obscurité de la lune ? la voilà qui répond : Ce qui m’effraie, c’est « qu’ils ont détruit ce que vous aviez rendu parfait ». Où l’ont-ils détruit, sinon dans leurs conciliabules, où loin de donner du lait aux faibles et à ceux qui ne con naissent point la lumière intérieure, ils les tuent de leurs poisons ? « Mais le juste, qu’a-t-il fait ? » Si Macaire et Cécilien sont coupables envers vous, que vous a fait le Christ qui a dit: « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix (Jean, XIX, 27) »; cette paix que vous violez par le schisme le plus criminel ? Que vous a fait le Christ, qui déploya tant de patience envers le disciple qui le trahissait, jusqu’à l’admettre à cette première Eucharistie qu’il consacrait de ses mains, qu’il instituait de sa parole, et qu’il lui présenta comme aux autres Apôtres (Luc, XXII, 19, 21) ? Que vous a fait le Christ, qui donna mission de prêcher le royaume de Dieu à ce même traître qu’il avait appelé un démon (Jean, VI, 71), qui même avant de trahir le Seigneur, ne put en garder fidèlement les deniers (Id. XII, 6), et qu’il envoya néanmoins avec les autres disciples (Matt. X, 5) », pour nous apprendre que les dons de Dieu arrivent en ceux qui les reçoivent avec foi, quand même le ministre qui les distribue serait semblable à Judas ?

7. « Le Seigneur habite son saint temple (Ps. X, 5). C’est dans ce sens que l’Apôtre a dit : « Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple. Quiconque ose violer le temple de Dieu, Dieu le perdra (I Cor. III, 17) ». Or, c’est violer le temple de Dieu que d’en rompre l’unité, c’est ne plus être dans l’union avec cette tête (Coloss. II, 19) dont tout le corps soutenu par ses liens et ses jointures avec une si juste proportion, reçoit l’accroissement dans la mesure qui est propre à chacun de ses membres, et se forme par la charité (Eph. IV, 16). Le Seigneur est donc dans ce temple formé de plusieurs membres, qui ont chacun leurs fonctions, et qui sont reliés par la charité, en un seul édifice. C’est violer ce temple, que se séparer de l’unité catholique, pour chercher ailleurs la dignité d’un chef. « Le Seigneur habite son temple saint, le Seigneur a son trône dans le ciel (Ps. X, 5) » Si parte ciel vous entendez le juste, comme la terre nous désigne le pécheur, ainsi qu’il est dit : « Tu es terre, et tu retourneras en terre (Gen. III, 19), ces expressions : « Le Seigneur a son trône dans le ciel », sont une répétition de ce qui a été dit: « Le Seigneur habite son saint temple ».

8. « Ses yeux regardent le ciel ». C’est à lui que le pauvre s’abandonne, et il lui sert de refuge (Ps. X, 10). C’est pourquoi toutes ces séditions, tous ces troubles que l’on soulève dans les filets jusqu’à ce qu’ils arrivent sur le rivage, ont pour auteurs des hommes qui refusent d’être les pauvres de Jésus-Christ; et c’est à leur perte, mais pour notre amendement, que les hérétiques prennent de ces troubles occasion de nous insulter. Mais pourront-ils détourner les regards de Dieu de ceux qui veulent bien être pauvres pour lui? « Car ses yeux regardent le pauvre ». Avons-nous à craindre que dans la foule nombreuse des riches, il ne puisse discerner ces quelques pauvres, pour les conserver et les nourrir dans le giron de l’Eglise catholique ? « Ses paupières interrogent les «enfants des hommes (Id. 5) ». Selon la règle que nous avons posée, j’entendrais volontiers par ces « enfants des hommes » ceux que la foi a fait passer du vieil homme à l’homme nouveau. Car l’oeil de Dieu paraît se fermer pour eux, quand certains passages des Écritures les stimulent par leur obscurité à en rechercher le sens; comme il semble s’ouvrir quand ils reçoivent avec joie la lumière de passages plus clairs. Or, ces vérités des livres saints, tantôt claires et tantôt voilées, sont comme les paupières de Dieu qui interrogent, ou plutôt qui approuvent ces enfants des hommes stimulés plutôt que lassés par les obscurités, affermis plutôt qu’enorgueillis par la découverte.

9. « Le Seigneur interroge le juste et l’impie (Id. 6) ». Et quand il interroge ainsi le juste et l’impie, quel mal pouvons-nous craindre de la part des impies qui pourraient être, avec des cœurs peu sincères, en communion de sacrements avec nous? « Mais celui qui aime l’iniquité nuit à son âme (Ibid.). Ce n’est donc point à celui qui a mis sa confiance en Dieu, et qui n’espère point dans les hommes, c’est à son âme seulement que nuit celui qui aime le péché.

10. « Il fera tomber des pièges sur les pécheurs (Id. 7) ». Si l’on désigne sous le nom de nuages les Prophètes en général, soit les bons soit les mauvais appelés aussi faux prophètes (Matt. XXIV, 24), les faux prophètes sont destinés parle Seigneur à devenir des pièges qu’il fait tomber sur les pécheurs. Car il n’y a pour les suivre, que le pécheur, qui se prépare ainsi le dernier supplice, s’il persévère dans le crime, ou qui abjure son orgueil, s’il cherche un jour le Seigneur avec plus de sincérité. Mais si les nuées ne doivent désigner que les bons, les vrais prophètes, il est encore évident que leurs paroles, entre les mains de Dieu, sont des pièges pour les pécheurs, en même temps qu’une rosée qu’il répand sur les justes pour leur faire porter de bons fruits. « Aux uns », dit l’Apôtre, « nous sommes une odeur de vie pour la vie, aux autres, une odeur de mort pour la mort (II Cor. II, 16) ». Car on peut, sous le nom de nuages, désigner non seulement l’Apôtre, mais quiconque donne aux âmes la rosée de la parole de Dieu. Pour celui qui comprend mal ces paroles, c’est le piège que Dieu fait tomber sur les méchants; et pour celui qui les entend dans le vrai sens, c’est la rosée qui féconde les cœurs pieux et fidèles. Cette parole de l’Ecriture, par exemple : « Ils seront deux dans une même chair (Gen. II, 24) », peut devenir un piège pour celui qui l’interprète dans le sens de l’incontinence. Mais si vous l’entendez avec saint Paul qui s’écrie: « Moi, je le dis dans le Christ et dans I’Eglise (Eph. V, 23) », c’est une rosée sur un champ fertile. C’est le même nuage, ou l’Ecriture sainte qui produit ces deux effets. De même encore le Seigneur nous dit : « Ce n’est point ce qui entre dans votre bouche, mais bien ce qui en sort, qui souille votre âme (Matt. XV, 11) ». A cette parole, un pécheur se dispose à la bonne chère; tandis qu’elle prévient le juste contre le discernement des viandes, Cette même nuée de l’Ecriture laisse donc tomber, selon le mérite de chacun, et des pièges pour le pécheur, et pour le juste une pluie fécondante.

11. « Des torrents de feu et de souffre, la fureur des tempêtes, c’est là le calice qu’il leur prépare (Ps. X, 7) ». Tel est le châtiment et la fin de ceux qui blasphèment le nom du Seigneur; d’abord ils sont dévorés par l’incendie de leurs passions, ensuite l’odeur fétide de leurs œuvres corrompues les éloigne de l’assemblée des saints; enfin, entraînés et submergés dans l’abîme, ils subissent d’indicibles tourments. Telle est, Seigneur, la part de leur calice, tandis que vous avez pour le juste un calice enivrant et glorieux (Id. XXII, 5). « Car ils seront enivrés par la sainte abondance de votre maison (Id. XXXV, 9) ». Si le Prophète emploie cette (177) expression, « la part de leur calice », c’est, je crois, pour nous détourner de croire que, même dans le supplice des méchants, la Providence outrepasse les bornes de l’équité. Aussi a-t-il ajouté, comme pour nous rendre raison de ces châtiments : « C’est que le Seigneur est juste, et qu’il aime les justices (Ps. X, 8.)». Et ce n’est pas sans raison qu’il dit les justices, au pluriel, afin de nous montrer dans ces justices les justes eux-mêmes. Car il semble que dans plusieurs justes, il y ait plusieurs justices, bien qu’il n’y en ait qu’une seule en Dieu, qui est la source des autres; comme si un seul visage se trouvait en face de plusieurs miroirs, ceux-ci le refléteraient et feraient apparaître plusieurs fois ce visage, néanmoins unique. Aussi le Prophète revient-il au singulier, en s’écriant : « Sa face a vu l’équité ». Et peut-être a-t-il dit: « Sa face a vu l’équité », dans le même sens qu’il dirait: C’est dans sa face que l’on voit l’équité, c’est-à-dire quand on connaît sa face. Car la face de Dieu, c’est la puissance qu’il a de se faire connaître à ceux qui en sont dignes. Ou bien: « Sa face a vu l’équité », parce qu’il ne se fait pas connaître aux méchants, mais aux bons; et c’est là l’équité.

12. Si l’on veut que la lune soit la synagogue, il faut alors entendre le psaume de la passion du Sauveur, et dire des Juifs, « qu’ils ont détruit ce que Dieu avait rendu parfait»; et du Seigneur : « Pour le juste, qu’a-t-il fait ? » lui qu’ils accusaient de détruire la loi, tandis qu’eux-mêmes en détruisaient les préceptes par une vie coupable, et les méprisaient jusqu’à les remplacer par leurs traditions. Alors Jésus-Christ, selon sa coutume, parlerait dans son humanité, et dirait: « Ma confiance est dans le Seigneur; comment dites-vous à mon âme : Va, passereau, vers les montagnes ? » répondant ainsi aux menaces de ceux qui le cherchaient pour le prendre et le crucifier. Alors les pécheurs voulaient décocher leurs flèches sur les justes ou sur ceux qui croyaient en Jésus-Christ, et l’obscurité de la lune peut fort bien désigner la synagogue remplie d’hommes pervers. C’est à cela que se rapporterait ce passage : « Le Seigneur habite son saint temple; le Seigneur a son trône dans le ciel », c’est-à-dire le Verbe, ou le Fils de Dieu qui est dans le ciel, habite aussi dans l’homme. « Ses yeux regardent le pauvre », c’est-à-dire cet homme dont il s’est revêtu, tout Dieu qu’il était, ou celui pour lequel il a souffert dans son humanité. « Ses paupières interrogent les enfants des hommes ». Fermer les yeux, puis les ouvrir, voilà probablement ce qu’il désigne sous le nom de paupières, et que nous pouvons entendre de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ; car alors il éprouva les fils des hommes ou ses disciples, que sa mort avait effrayés, et que réjouit sa résurrection. « Le Seigneur interroge le juste et l’impie », en gouvernant l’Eglise du haut du ciel. « Mais celui-là hait son âme qui aime l’iniquité », et la suite nous en montre la raison. Ce passage: « Il fera pleuvoir des pièges sur l’impie », ainsi que le reste du psaume jusqu’à la fin, doit s’entendre dans le sens indiqué plus haut. (178)



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Message par Invité Sam 17 Avr 2021 - 12:01

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Psaume 12 (11) - "Contre le monde menteur"





Psaume 12 (11) - "Contre le monde menteur" : Ps 12:1-2 : Du maître de chant. Sur l'octacorde. Psaume. De David. Sauve, Yahvé ! c'en est fait de tes amis, les fidèles ont disparu d'entre les fils d'Adam.

Le psaume 12 (11 selon la numérotation grecque) est attribué à David.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 11 est récité le mardi de la première semaine (I) à l’office du milieu du jour.



Le Psaume 11 (12) : en français (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 11, 01- Du maître de chant. Sur l'octacorde. Psaume. De David.
Ps 11, 02- Sauve, Yahvé ! c'en est fait de tes amis, les fidèles ont disparu d'entre les fils d'Adam.
Ps 11, 03- On ne fait que mentir, chacun à son prochain, lèvres trompeuses, langage d'un cœur double.
Ps 11, 04- Que Yahvé retranche toute lèvre trompeuse, la langue qui fait de grandes phrases,
Ps 11, 05- ceux qui disent : "La langue est notre fort, nos lèvres sont pour nous, qui serait notre maître ?"
Ps 11, 06- A cause du malheureux qu'on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yahvé j'assurerai le salut à ceux qui en ont soif.
Ps 11, 07- Les paroles de Yahvé sont des paroles sincères, argent natif qui sort de terre, sept fois épuré;
Ps 11, 08- toi, Yahvé, tu y veilleras. Tu le protégeras d'une telle engeance à jamais;
Ps 11, 09- de toutes parts les impies s'en iront, comble d'abjection chez les fils d'Adam.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Salvum Me Fac, Domine: Ps.11 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.

Le Psaume 11 (12) en latin : "Salvum Me Fac, Domine"

Ps 11, 01 : In finem pro octava psalmus David
Ps 11, 02 : Salvum me fac Domine quoniam defecit sanctus quoniam deminutae sunt veritates a filiis hominum
Ps 11, 03 : vana locuti sunt unusquisque ad proximum suum labia dolosa in corde et corde locuti sunt
Ps 11, 04 : disperdat Dominus universa labia dolosa linguam magniloquam
Ps 11, 05 : qui dixerunt linguam nostram magnificabimus labia nostra a nobis sunt quis noster dominus est
Ps 11, 06 : propter miseriam inopum et gemitum pauperum nunc exsurgam dicit Dominus ponam in salutari fiducialiter agam in eo
Ps 11, 07 : eloquia Domini eloquia casta argentum igne examinatum probatum terrae purgatum septuplum
Ps 11, 08 : tu Domine servabis nos et custodies nos a generatione hac et in aeternum
Ps 11, 09 : in circuitu impii ambulant secundum altitudinem tuam multiplicasti filios hominum.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


Ici-bas les justes sont en butte aux manœuvres scandaleuses des impies. Le Seigneur les console par la promesse du Sauveur, qui mettra fin aux gémissements des opprimés.

POUR LA FIN, PSAUME DE DAVID POUR L’OCTAVE (Ps. XI, 1).


1. Nous avons dit, au psaume sixième, que cette octave peut s’entendre du jour du jugement. L’octave peut se dire encore de ce siècle éternel que Dieu doit donner aux saints, quand sera écoulé ce temps qui marche de sept jours en sept jours.

2. « Sauvez-moi, Seigneur, car l’homme saint a fait défaut (Id. II, 2) », c’est-à-dire qu’on ne le trouve plus; c’est ainsi que nous disons que le blé manque, et que l’argent manque. « Car les vérités se sont affaiblies parmi les enfants des hommes (Ibid.) ». Il n’y a sans doute qu’une vérité qui éclaire les âmes saintes, mais comme il y a plusieurs âmes, on peut dire qu’il y a en elles plusieurs vérités comme une seule figure se réfléchit dans chaque miroir.

3. « Chacun tient à son prochain le langage du mensonge (Id.3) ». Par prochain, il faut comprendre tout homme, puisqu’il n’est permis de nuire à personne, et que « l’amour du prochain ne fait point ce qui est mal (Rom. XIII, 10). Leurs lèvres sont trompeuses, ils parlent en un cœur et en un cœur (Ps XI, 3), d’une manière perverse. » Cette répétition « en un cœur et en un cœur », montre la duplicité.

4. « Que le Seigneur perde toutes les lèvres trompeuses ». « Toutes les lèvres », dit le Prophète, afin que nul ne se croie exempt: comme l’Apôtre a menacé de l’affliction l’âme de tout homme qui fait le mal, du juif d’abord, puis du gentil (Rom. II, 9), « La langue qui se glorifie » est la langue de l’orgueilleux.

5. « Ils ont dit: Nous glorifierons nos paroles, nos lèvres sont indépendantes, qui nous dominera (Ps. XI, 5)  ? » Ce langage est celui des superbes et des hypocrites, qui espèrent de leur langage la séduction des hommes, et qui sont indociles à Dieu.

6. « A cause de la désolation des opprimés, et des gémissements des pauvres, je me lèverai, dit le Seigneur (Ps. XI, 6) ». C’est ainsi que, dans l’Évangile, le Seigneur prend en pitié ce peuple disposé à l’obéissance, mais qui n’avait point de pasteur. Aussi disait-il : « La moisson est abondante, mais il y a peu d’ouvriers (Matt. IX, 37) ». Nous pouvons attribuer ces paroles à Dieu le Père, qui a daigné envoyer son Fils à cause des pauvres et des misérables, c’est-à-dire de ceux qui étaient dans la pauvreté, dans l’indigence des biens spirituels. De là vient qu’il commença son discours sur la montagne en s’écriant: « Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient (Id. V, 3). » « Je mettrai dans le Sauveur », il ne dit point ce qu’il mettra, mais « dans le Sauveur » se doit entendre de Jésus-Christ, d’après cette parole: « Mes yeux ont vu votre Sauveur (Luc, II, 30) ». Dès lors nous devons comprendre qu’il a mis dans le Sauveur ce qui est nécessaire pour mettre fin à la misère des pauvres, et consoler le gémissement des opprimés. « J’agirai en lui avec confiance »; ainsi qu’il est dit dans l’Évangile, « que Jésus les enseignait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes (Matt. VII, 29) ».

7. « Les paroles du Seigneur sont des paroles pures (Ps. XI, 7) ». C’est le Prophète qui, en son propre nom, apprécie « les paroles du Seigneur comme des paroles pures ». Ces paroles sont pures, parce que le déguisement ne les a point altérées. Beaucoup prêchent la vérité, mais non d’une manière pure, car ils l’échangent contre les avantages de ce monde. C’est de ceux-là que l’Apôtre a dit qu’ils (179) n’annoncent pas Jésus-Christ avec des vues pures (Philipp. I, 17). « C’est un argent que le feu a purifié de toute terre ». Car la persécution excitée par les impies a éprouvé la parole du Seigneur. « Purifié sept fois », par la crainte de (Isa. XI, 2) Dieu, par la piété, par la science, par la force, par le conseil, par l’intelligence et par la sagesse (Matt. V, 3-9). Les degrés de béatitude sont aussi au nombre de sept, et le Seigneur les énumère dans un même discours sur la montagne, rapporté par saint Matthieu: « Bienheureux les pauvres en esprit, bienheureux ceux qui sont doux, bienheureux ceux qui pleurent, bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, bienheureux les miséricordieux, bienheureux ceux qui ont le coeur pur, bienheureux les pacifiques (Id. VII, 29) ». Ce sont là sept chefs principaux, dont tout le discours peut être regardé comme le développement. Car le huitième: « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice », désigne ce feu qui a sept fois épuré l’argent. C’est à la fin de ce sermon qu’il est dit de Jésus-Christ qu’ « il enseignait comme ayant l’autorité, et non comme leurs scribes (Id. VII, 29) », ce qui a rapport à ces paroles : « J’agirai en lui avec confiance (Ps. XI, 6) ».

8. « Pour vous, Seigneur, vous nous garderez, et nous préserverez éternellement de cette génération (Id. 8.) », ici-bas comme des pauvres et des opprimés, là-haut comme des riches et des opulents.

9. « Les impies tournent dans leur cercle (Id. 9) »; c’est-à-dire qu’ils sont insatiables de ces biens temporels, et cette soif est comme une roue qui accomplit sa révolution en sept jours, et qui n’arrive jamais à l’octave ou à l’éternité, qui fait le titre du psaume. Salomon a dit aussi : « Un roi sage dissipe les impies, et leur envoie un cercle de maux (Prov. XX, 26) ».« Dans la profondeur de vos jugements, vous multipliez les enfants des hommes (Ps. XI, 9) ». Parce qu’il y a dans les choses du temps, cette multiplicité qui nous éloigne de l’unité de Dieu. « De là vient que le corps corruptible appesantit l’âme, et cette habitation terrestre abat l’esprit, capable des plus hautes pensées (Sag. IX, 15) ».Or, les justes se multiplieront selon la profondeur de Dieu, quand ils s’élèveront de vertu en vertu (Ps. LXXXIII, 8.).




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Message par Invité Dim 18 Avr 2021 - 15:30

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Psaume 13 (12) - "Appel confiant"





Psaume 13 (12) - "Appel confiant" : Ps 13,1- 2 : Du maître de chant. Psaume. De David. Jusques à quand, Yahvé, m'oublieras-tu ? Jusqu'à la fin ? Jusques à quand me vas-tu cacher ta face ?

Le psaume 13 (12 selon la numérotation gréco-latine) est attribué à David au 1er verset.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 12 est récité ou chanté à l’office du milieu du jour le mardi de la première semaine (I).



Le Psaume 12 (13) en français : Jusques à quand, Yahvé, m'oublieras-tu ? (La Bible de Jérusalem, 1998) :

Ps 12, 01- Du maître de chant. Psaume. De David.
Ps 12, 02- Jusques à quand, Yahvé, m'oublieras-tu ? Jusqu'à la fin ? Jusques à quand me vas-tu cacher ta face ?
Ps 12, 03- Jusques à quand mettrai-je en mon âme la révolte, en mon cœur le chagrin, de jour et de nuit ? Jusques à quand mon adversaire aura-t-il le dessus ?
Ps 12, 04- Regarde, réponds-moi, Yahvé mon Dieu ! Illumine mes yeux, que dans la mort je ne m'endorme.
Ps 12, 05- Que l'adversaire ne dise : "Je l'emporte sur lui", que mes oppresseurs n'exultent à me voir chanceler !
Ps 12, 06- Pour moi, en ton amour je me confie; que mon cœur exulte, admis en ton salut, que je chante à Yahvé pour le bien qu'il m'a fait, que je joue pour le nom de Yahvé le Très-Haut !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Usquequo, Domine, Oblivisceris Me: Ps.12 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.

Le Psaume 12 (13) en latin : "Usquequo Domine oblivisceris me"

Ps 12, 01 : In finem psalmus David. Usquequo Domine oblivisceris me in finem usquequo avertis faciem tuam a me
Ps 12, 02 : quamdiu ponam consilia in anima mea dolorem in corde meo per diem
Ps 12, 03 : usquequo exaltabitur inimicus meus super me
Ps 12, 04 : respice exaudi me Domine Deus meus inlumina oculos meos ne umquam obdormiam in mortem
Ps 12, 05 : nequando dicat inimicus meus praevalui adversus eum qui tribulant me exultabunt si motus fuero
Ps 12, 06 : ego autem in misericordia tua speravi exultabit cor meum in salutari tuo cantabo Domino qui bona tribuit mihi et psallam nomini Domini altissimi.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Paul Claudel (1601-1680)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Paul-Claudel

La Prière de Paul Claudel « Ô Seigneur, éclaire-moi que je n'aille pas comme un dort-debout à ma perte ! »

Voici une Prière pleine d’espérance sur les appels du psalmiste dans le Psaume 12 « Ô Seigneur, éclaire-moi que je n'aille pas comme un dort-debout à ma perte ! » de Paul Claudel (1868-1955) élu à l'Académie Française en 1946 qui consacra le reste de sa vie à l'étude de textes bibliques après avoir été touché par la Foi Catholique dont il a reçu la révélation en 1886 le jour de Noël.

« Et alors, Seigneur, c'est pour toujours ? Ça va durer longtemps que Tu m'oublies et que Tu détournes de moi la figure ? C’est fini que Tu m'abandonnes à mes réflexions et mon cœur à cette pointe incessante ? Ça va durer toujours qu'on me marche dessus ? Regarde-moi, écoute-moi tout de même un petit peu, Seigneur mon Dieu ! Éclaire-moi que je n'aille pas comme un dort-debout à ma perte ! Et que mes bons amis ne disent pas en se frottant les mains : « On l'a eu ! » Qui est-ce qui sera bien content, si je viens à chopper ? Mais je n'ai pas perdu espoir dans cette chose qu'on appelle ta Miséricorde. À l'idée de ton Salut mon cœur a comme pris des ailes ! Ce Seigneur Dieu qui m'a fait du bien, vers Lui il est sorti de moi un chant ! Il est sorti de moi une espèce de chant et de poème vers le Très Élevé ! »

Ainsi soit-il.



Saint Augustin (354-430)

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Ceux qui gémissent à la vue de l’iniquité appellent de leurs voeux le Sauveur, qui doit nous aider à combattre victorieusement l’ennemi du salut.

POUR LA FIN, PSAUME DE DAVID (Ps. XII, 1).


1. « Le Christ est la fin de la loi pour justifier ceux qui croiront (Rom. X, 4) ». « Jusques à quand, Seigneur, m’oublierez-vous dans la fin (Ps. XII, 2)? » ou tarderez-vous à me faire connaître, d’une manière spirituelle, ce Christ qui est la sagesse de Dieu, et la fin que doit se proposer toute âme chrétienne. « Jusques à quand détournerez-vous de moi vos regards ? » En réalité, Dieu ne nous oublie point et ne nous perd point de vue, mais l’Ecriture s’accommode à notre manière de parler. Dire que Dieu détourne de nous ses regards, c’est dire qu’il ne se fait point connaître à l’âme dont l’œil n’est pas assez pur.

2. « Jusques à quand prendrai-je mes conseils dans mon âme (Ps. XII, 2)? ». Ce n’est que dans l’adversité que nous avons besoin de conseil. Ainsi, jusques à quand puiserai-je mes conseils dans mon âme ? signifie : Jusques à quand serai-je dans l’adversité ? ou bien cette (180) parole serait une réponse qui signifierait Jusqu’à ce que j’arrête une résolution dans mon âme, Seigneur, vous m’oublierez par rapport à ma fin, et vous détournerez de moi vos regards : si un homme en effet n’a formé dans son âme le dessein de pratiquer parfaitement la miséricorde, le Seigneur ne le dirige point vers sa fin, et ne se fait pas connaître à lui pleinement, ou face à face. « La douleur dans mon cœur pendant tout le jour », sous-entendez : Je mettrai cette douleur. « Pendant tout le jour » signifie une douleur sans fin, et le jour se prend ici pour le temps, et quiconque veut être délivré du temps, ressent la douleur en son cœur, et demande à passer dans l’éternité pour être délivré du jour terrestre.

3. « Jusques à quand mon ennemi s’élèvera-t-il contre moi (Ps. XII, 3)? » L’ennemi, c’est le démon ou l’habitude charnelle.

4. « Regardez-moi, Seigneur, exaucez-moi, ô mon Dieu (Id. 4) ». Regardez-moi, est la conséquence de celte plainte: « Jusques à quand vos regards se détourneront-ils de moi »; et « Exaucez-moi », de cette autre plainte : « Jusques à quand m’oublierez-vous par rapport à ma fin ? » « Illuminez mes yeux, pour que u je ne m’endorme jamais dans la mort (Ibid.) ». Ces yeux sont ceux du cœur, que pourrait fermer le plaisir mortel du péché.

5. « Que jamais l’ennemi ne puisse dire : « Je l’ai vaincu (Ps. XII, 5) ». Craignons le persiflage du démon. « Ceux qui me persécutent seront dans la joie, si je suis ébranlé (Ibid.). » Cet ennemi, c’est le diable avec ses anges, qui ne dut point se réjouir d’avoir mis à l’épreuve le saint homme Job, cet homme juste qui ne fut point ébranlé (Job, I, 22), c’est-à-dire qui demeura ferme dans la foi.

6. « Pour moi, j’ai mis mon espoir en votre miséricorde (Ps. XII, 6) ». Si l’homme, en effet, demeure ferme dans le Seigneur et ne se laisse point ébranler, il ne doit point se l’attribuer, de peur qu’en se félicitant de sa fermeté, il ne soit ébranlé par l’orgueil. « Mon cœur a tressailli dans celui qui est votre salut », c’est-à-dire en Jésus-Christ qui est la sagesse de Dieu. « Je chanterai le Seigneur qui m’a comblé de biens »; de biens spirituels et qui ne touchent point à cette vie. « Je dirai sur la harpe le nom du Très-Haut (Ibid.) », c’est-à-dire, dans ma joie je lui rendrai grâces, et je n’userai de mon corps que selon ses préceptes; tel est l’harmonie spirituelle de l’âme. Si l’on veut établir ici une différence, « je chanterai le Seigneur », exprimera le concert du cœur, et « je dirai sur la harpe », du concert des bonnes œuvres, que Dieu seul peut connaître. « Le nom du Seigneur », c’est la connaissance qu’il nous donne de lui-même, connaissance qui est avantageuse pour nous et non pour lui.




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Message par Invité Lun 19 Avr 2021 - 14:44

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Psaume 14 (13) - "L'homme sans Dieu"





Psaume 14 (13) - "L'homme sans Dieu" : Ps 14:1 : Du maître de chant. De David. L'insensé a dit en son cœur "Non, plus de Dieu !" Corrompues, abominables leurs actions; non, plus d'honnête homme.

Insensé vraiment, celui qui, devant tous les témoignages que Dieu a donnés de sa puissance et de son amour, ferme ses yeux, endurcit son cœur et déclare: Il n'y a point de Dieu !

Le psaume 14 (13 selon la numérotation grecque) est attribué à David. Il est très proche du psaume 53. Dans la liturgie des Heures, le psaume 13 est récité aux vêpres du lundi de la première semaine (I).



Le Psaume 13 (14) en français : L'insensé a dit en son cœur "Non, plus de Dieu !"  (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 13, 01- Du maître de chant. De David. L'insensé a dit en son cœur "Non, plus de Dieu !" Corrompues, abominables leurs actions; non, plus d'honnête homme.
Ps 13, 02- Des cieux Yahvé se penche vers les fils d'Adam, pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu.
Ps 13, 03- Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis. Non, il n'est plus d'honnête homme, non, plus un seul.
Ps 13, 04- Ne savent-ils, tous les malfaisants ? Ils mangent mon peuple, voilà le pain qu'ils mangent, ils n'invoquent pas Yahvé.
Ps 13, 05- Là, ils seront frappés d'effroi sans cause d'effroi, car Dieu est pour la race du juste
Ps 13, 06- vous bafouez la révolte du pauvre, mais Yahvé est son abri.
Ps 13, 07- Qui donnera de Sion le salut d'Israël ? Lorsque Yahvé ramènera son peuple, allégresse à Jacob et joie pour Israël !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Dixit Insipiens In Corde Suo: Ps.13 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.

Le Psaume 13 (14) en latin : "Dixit Insipiens In Corde Suo"

Ps 13, 01 : In finem psalmus David dixit insipiens in corde suo non est Deus corrupti sunt et abominabiles facti sunt in studiis suis; non est qui faciat bonum non est usque ad unum;
Ps 13, 02 : Dominus de caelo prospexit super filios hominum ut videat si est intellegens aut; requirens Deum
Ps 13, 03 : omnes declinaverunt simul inutiles facti sunt non est qui faciat bonum non est usque ad unum;
Ps 13, 04 : nonne cognoscent omnes qui operantur iniquitatem qui devorant plebem meam sicut escam panis
Ps 13, 05 : Dominum non invocaverunt illic trepidaverunt timore ubi non erat timor;
Ps 13, 06 : quoniam Deus in generatione iusta consilium inopis confudistis quoniam Dominus spes eius est
Ps 13, 07 : quis dabit ex Sion salutare Israhel cum averterit Dominus captivitatem plebis suae exultabit Iacob et laetabitur Israhel.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

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Ici toute âme gémit quand retentissent à ses oreilles ces blasphèmes que l’impie vomit contre Dieu. Elle voit avec horreur l’impiété qui prévaut; elle en appelle à Dieu qui doit faire sortir de Sion le salut d’Israël ou des saints.

POUR LA FIN, PSAUME POUR DAVID (Ps. XIII, 1)


1. Il est inutile de redire si souvent le sens de cette expression « pour la fin », puisque l’Apôtre nous dit que « le Christ est la fin de la loi, pour justifier ceux qui croiront (Rom. X, 4) ». Nous croyons en lui quand nous commençons à prendre la bonne voie; et nous le verrons au terme de cette voie, dont il est ainsi la fin.

2. « L’insensé a dit dans son coeur: Dieu (181) n’est pas ». Certains philosophes, que leur impiété et leurs sentiments faux et pervers sur la divinité signalent à l’exécration, n’ont pas même osé dire: Dieu n’est pas. Cette parole se « dit donc dans le cœur », car celui-là même qui en a la pensée, n’oserait la prononcer. « Ils sont devenus pervers et abominables, par leurs affections », c’est-à-dire, parce qu’ils ont donné au monde leur amour, et non à Dieu; ce sont les affections qui causent dans l’âme une corruption et un aveuglement tels que l’insensé puisse dire en son cœur: « Dieu n’est pas ». Comme ils n’ont pas fait usage de la connaissance de Dieu, voilà que le Seigneur les a livrés au sens réprouvé (Rom. I, 28). « Il n’y en a pas un qui fasse le bien, non, pas jusqu’à un (Ps. XIII, 1) ». Cette expression, « jusqu’à un », peut signifier ou avec celui-là seul, de manière à exclure tout homme, ou à l’exception de celui-là seul, pour désigner Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est ainsi que nous disons d’un champ qu’il va jusqu’à la mer, sans y comprendre la mer elle-même. Il est mieux d’entendre que nul n’a fait le bien jusqu’à Jésus-Christ, car nul homme, s’il n’est instruit par Jésus-Christ même, ne peut faire le bien, puisque ce bien lui est impossible sans la connaissance de Dieu.

3. « Le Seigneur, du haut du ciel, a jeté les yeux sur les enfants des hommes, afin de voir s’il en est pour comprendre et rechercher Dieu (Id. 2) ». Ceci peut s’entendre des Juifs, que le Prophète appelle enfants des hommes, parce qu’ils n’adoraient qu’un seul Dieu, ce qui les rendait supérieurs aux Gentils, dont le Prophète me paraît avoir dit: « L’insensé a dit dans son cœur : Dieu n’est pas », et le reste. Le regard du Seigneur s’effectue par le moyen de ces âmes saintes, et qui sont marquées par cette expression de « ciel »; puisque pour lui, rien ne lui échappe.

4. « Tous se sont égarés, et sont devenus inutiles (Id. 3) », c’est-à-dire que les Juifs sont devenus comme les Gentils dont il est parlé plus haut. « Il n’en est aucun pour faire le bien, il n’y en a pas jusqu’à un ». Il faut donner à ces expressions le sens exposé plus haut. « Leur gosier est un sépulcre ouvert (Ibid.) ». On peut voir ici les excès de l’intempérance, ou, dans un sens allégorique, les pécheurs scandaleux qui tuent et qui dévorent en quelque sorte ce qu’ils entraînent dans leurs dérèglements. C’est ainsi, mais dans un sens opposé, qu’il fut dit à Pierre; « Tue et mange », afin qu’il amenât les Gentils à sa croyance et aux saintes mœurs. « Leurs langues distillent le mensonge ». La flatterie accompagne toujours l’intempérance et les autres vices. « Leurs lèvres recèlent un poison d’aspic (Ps. XIII, 3) ». Le venin désigne la fraude, et l’aspic tous ceux qui demeurent sourds aux préceptes de la loi, comme l’aspic à la voix de l’enchanteur (Id. LVII, 5), ainsi qu’il est dit dans un autre psaume; « Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ». C’est le venin de l’aspic. « Leurs pieds se hâtent pour répandre le sang (Id. XIII, 3) »; ce qui désigne l’habitude invétérée du mal. « La meurtrissure et l’infortune sont dans leurs voies ». Car toute voie du méchant est laborieuse et misérable. Aussi le Seigneur a-t-il dit: « Venez à moi, vous tous qui gémissez sous le poids du travail et de la douleur, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur; car mon joug est doux, et mon fardeau léger (Matt. XI, 28) ». « Ils n’ont point connu la voie de la paix », de cette paix que désigne le Seigneur, par la douceur de son joug et la légèreté de son fardeau. « La crainte du Seigneur n’est pas devant leurs yeux »; sans dire que Dieu n’est pas, ils n’en craignent pas davantage le Seigneur.

5. « Ne comprendront-ils pas enfin, tous ces ouvriers d’iniquité ? » Dieu les menace du jugement, « Ils dévorent mon peuple, comme on dévore un morceau de pain (Ps. XIII, 4) », c’est-à-dire chaque jour; car le pain est la nourriture quotidienne. Ces dignitaires dévorent le peuple, qui en tirent leurs avantages, sans faire tourner leur ministère.à la gloire de Dieu, et au salut de leurs subordonnés.

6. « Ils n’ont point invoqué le Seigneur ». Car c’est ne point l’invoquer, que désirer te qui lui déplaît. « ils ont tremblé, où n’était pas la crainte (Id. 5) », c’est-à-dire devant un dommage temporel. Car ils ont dit: « Si nous le laissons ainsi, chacun croira en lui, et les Romains viendront, et nous extermineront, nous et notre ville (Jean, XI, 48) ». Ils ont craint ce qui n’était point à craindre, la perte d’un royaume terrestre, et voilà qu’ils ont perdu le royaume des cieux, ce qu’ils auraient dû redouter Ainsi en est-il de tous les avantages temporels; plus les hommes en redoutent la perte, et moins ils arrivent aux biens éternels.

7. « Le Seigneur habite avec la génération des justes (Ps. XIII, 6) », c’est-à-dire qu’il n’est point avec ceux qui aiment le monde. Car il y a injustice à négliger le Créateur du monde pour s’attacher au monde, à servir la créature plutôt que le Créateur (Rom. I, 25). « Vous avez méprisé le dessein du pauvre, qui met son espoir dans le Seigneur (Ps. XIII, 6) », c’est-à-dire, vous avez méprisé l’humble avènement du Christ, parce qu’il n’étalait pas à vos yeux le faste du siècle; forçant ainsi ceux qu’il appelait à mettre leur espoir en Dieu, et non pas en des biens passagers.

8. « Qui fera sortir de Sion le salut d’Israël (Id. 7) ? » Sous-entendez, sinon celui-là même dont vous avez méprisé l’humilité! Car il viendra dans l’éclat de sa gloire pour juger les vivants et les morts, et mettre les justes en possession de son royaume; en sorte que si l’humilité de ce premier avènement a frappé d’aveuglement une partie d’Israël, pour donner lieu aux Gentils d’entrer complètement dans l’Eglise; dans le second, tout Israël sera sauvé, selon la prédiction de saint Paul. Car c’est encore en faveur des Juifs que l’Apôtre invoque ce témoignage d’Isaïe: « De Sion viendra celui qui détournera de l’impiété les enfants de Jacob (Isa. LIX, 20) ». C’est dans le même sens qu’il est dit ici: « Qui fera sortir d’Israël l’auteur du salut ?Quand le Seigneur aura brisé les chaînes de la captivité de son peuple, Jacob sera dans la joie et Israël dans l’allégresse (Ps. XIII, 7) ». C’est une répétition, comme beaucoup d’autres; car je pense que la joie de Jacob est identique à l’allégresse d’Israël.




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Message par Invité Mar 20 Avr 2021 - 12:19

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Psaume 15 (14) - "L'hôte de Yahvé"





Psaume 15 (14) - "L'hôte de Yahvé" : Ps 15:1 : Psaume. De David. Yahvé, qui logera sous ta tente, habitera sur ta sainte montagne ?

Le psaume 15 (14 selon la numérotation grecque) est attribué à David. Dans la liturgie des Heures, le psaume 14 est récité aux vêpres du lundi de la première semaine (I).


Le Psaume 14 (15) en français : Yahvé, qui logera sous ta tente, habitera sur ta sainte montagne ?
(La Bible de Jérusalem, 1998)


En marche vers Dieu : les cœurs purs verront Dieu ! Nous, Catholiques, en avons la certitude, cette promesse s'accomplit en Jésus Christ.

Ps 14, 01- Psaume de David. Yahvé, qui logera sous ta tente, habitera sur ta sainte montagne ?
Ps 14, 02- Celui qui marche en parfait, celui qui agit en juste et dit la vérité de son cœur,
Ps 14, 03- sans laisser courir sa langue; qui ne lèse en rien son frère, ne jette pas d'opprobre à son prochain,
Ps 14, 04- méprise du regard le réprouvé, mais honore les craignants de Yahvé; qui jure à ses dépens sans se dédire,
Ps 14, 05- ne prête pas son argent à intérêt, n'accepte rien pour nuire à l'innocent. Qui fait ainsi jamais ne bronchera.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Domine, Quis Habitabit: Ps.14 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
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Le Psaume 14 (15) en latin : "Domine, Quis Habitabit"

Ps 14, 01 : Psalmus David. Domine quis habitabit in tabernaculo tuo aut quis requiescet in monte sancto tuo
Ps 14, 02 : qui ingreditur sine macula et operatur iustitiam
Ps 14, 03 : qui loquitur veritatem in corde suo qui non egit dolum in lingua sua nec fecit proximo suo malum et obprobrium non accepit adversus proximos suos
Ps 14, 04 : ad nihilum deductus est in conspectu eius malignus timentes autem Dominum glorificat qui iurat proximo suo et non decipit
Ps 14, 05 : qui pecuniam suam non dedit ad usuram et munera super innocentes non accepit qui facit haec non movebitur in aeternum.


Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


Après avoir gémi sur les blasphèmes, le Prophète nous expose les vertus dont l’âme doit être ornée pour jouir du Seigneur et entrer dans ses tabernacles.

PSAUME POUR DAVID (Ps XIV, 1).


1. Le titre ne soulève aucune difficulté. « Seigneur, quel voyageur trouvera un abri sous votre tente (Ibid.) ? » Quelquefois la tente ou tabernacle, se dit de la demeure éternelle; mais dans son acception propre, c’est un logement de guerre; de là vient que les soldats se nomment contubernales, compagnons de la tente, comme si leurs tentes étaient contiguës. Une raison de plus de l’entendre ainsi, c’est qu’il est dit: « Quel voyageur trouvera un abri ? » Sur la terre en effet nous sommes en guerre avec le démon, et nous avons besoin d’une tente pour nous reposer. Cette tente désigne surtout notre foi à l’économie temporelle de l’Incarnation qui s’est accomplie en cette vie par notre Seigneur et pour notre salut. « Qui se reposera sur votre montagne sainte (Ps. XIV, 1) ? » Peut-être nous marque-t-il ici déjà la demeure éternelle, et par cette montagne faut-il entendre la charité suréminente du Christ dans la vie éternelle.

2. « Celui qui marche dans l’innocence, et dont la vie est pure (Id. 2) ». C’est là une proposition qu’il va détailler.

3. « Qui dit la vérité qu’il a dans son cœur (Id. 3) ». Quelques-uns, en effet, ont sur les lèvres une vérité qui n’est pas dans leur cœur. Ainsi, qu’un homme nous montre un chemin, qu’il sait être infesté par les voleurs, et nous dise: Dans cette voie, vous n’avez aucun voleur à craindre. Si en réalité nous ne rencontrons aucun voleur, il a dit une vérité qui (183) n’était pas en son cœur. Il pensait le contraire et a dit la vérité à son insu. C’est donc peu que la vérité soit dans notre bouche, si elle n’est aussi dans notre cœur. « Dont la langue n’a point menti ». La langue est menteuse, quand il y a désaccord entre la parole extérieure et la pensée qui se cache dans notre cœur. « Qui n’a fait aucun mal à son prochain ». Ce mot de prochain, on le sait, doit s’étendre à tous les hommes. « Qui n’adopte point l’injure que l’on fait à ses frères (Ps. XIV, 3) », c’est-à-dire, qui ne croit ni volontiers, ni témérairement aux paroles accusatrices.

4. « Celui dont la présence anéantit le méchant (Id. 4) ». La perfection pour l’homme c’est que le méchant n’ait aucune prise sur lui, et qu’il ne soit rien à ses yeux, c’est-à-dire que cet homme sache bien qu’il n’y a point de méchant, à moins que l’âme ne se détourne de l’éternelle et immuable beauté du Créateur, pour s’attacher à cette beauté d’une créature tirée du néant. « Mais il honore ceux qui craignent le Seigneur », comme le Seigneur le fait lui-même; car la sagesse commence par la crainte du Seigneur (Eccli. I, 16) ». Ce qui précède regarde les parfaits, et maintenant ce qui va suivre est pour ceux qui commencent.

5. « Celui qui s’engage par serment envers le prochain, mais sans le tromper; qui ne donne point son argent à usure, et ne reçoit point de présents contre l’innocent (Ps. XIV, 4, 5) ». Ce ne sont point là de grandes vertus; mais celui qui ne peut les pratiquer pourra bien moins encore parler selon la vérité qu’il connaît en son cœur, sans employer sa langue à la fourberie, disant toujours au dehors ce qu’il croit être vrai, ayant dans la bouche : Oui, oui; non, non (Matt. V, 37). Il pourra moins encore ne pas nuire à son prochain, c’est-à-dire à qui que ce soit, ne point écouter l’injure contre ses frères: ces œuvres sont de l’homme parfait, dont la présence anéantit les pervers. Bien que ces vertus soient moins élevées, le Prophète ne laisse pas de conclure ainsi: « Quiconque fait ces œuvres, ne doit point déchoir dans l’éternité »; c’est-à-dire qu’il arrivera aux œuvres plus parfaites, qui nous valent cette grande et inébranlable stabilité. Car ce n’est probablement pas sans raison que le Prophète a passé d’un temps à un autre, que la première conclusion est au passé, tandis que celle-ci est au futur. Dans la première, il disait: « Le méchant s’est anéanti en sa présence »; et ici : « il demeurera ferme éternellement ».


DISCOURS SUR LE PSAUME XIV 1 L’HOMME DU CIEL.

Le chiffre du psaume est quatorze et nous rappelle que l‘Agneau fut immolé au quatorzième jour, quand la lune est dans son plein. Or, habiter les tabernacles du Seigneur, c’est demeurer dans l’Eglise, qui n’est point une demeure permanente, et cette montagne où l’on doit se reposer c’est le ciel. Or, celui-là s’y reposera « qui marche dans l’innocence », c’est-à-dire qui est encore en chemin, et qui est déjà innocent, « qui pratique la justice » en faisant du bien aux autres, « qui parle selon la vérité, qui ne fait aucun mal au prochain », c’est-à-dire aux autres hommes. Un tel saint méprise le méchant fût-il haut placé dans le monde.

1. On vient de lire fort à propos le psaume quatorzième; bien qu’il vienne à son tour, on le dirait choisi tout exprès. Le lecteur l’a pris dans l’ordre des psaumes, et néanmoins j’y vois la sagesse de Dieu, qui a mis dans l’ordre de nos explications ce qui devait vous être utile. Ce psaume est le quatorzième, qui a pour titre: « Psaume de David 2 ». Or, David c’est pour nous le Christ, nous t’avons dit souvent. Et puis, nous avons lu dans l’Exode que l’Agneau doit être immolé le quatorzième jour 3; oui, ce quatorzième jour, quand la lune est dans son plein, quand il ne lui manque rien de sa splendeur. Dans plusieurs manuscrits, ce discours précède le discours reproduit dans le tome VIII sur le psaume XIV. D’autres manuscrits attribuent ce fragment à saint Jérôme. 2. Ps. XIV, 1. — Exod. XII, 5, 6. vous pouvez voir que le Christ ne saurait être immolé qu’en pleine et parfaite lumière. Comme donc l’Agneau doit être immolé au quatorzième jour, voilà que le Prophète saisi d’admiration s’écrie :

2. « Seigneur, qui habitera dans votre tabernacle? » O vous qui voulez habiter dans le tabernacle, du Seigneur, écoutez cette apostrophe du Prophète: « Qui habitera dans vos tabernacles, ô mon Dieu, ou qui se reposera sur votre montagne sainte? » Non point d’abord sur la montagne et dans le tabernacle ensuite, mais d’abord dans le tabernacle et ainsi sur la montagne. Le tabernacle n’est point une demeure permanente, te tabernacle n’a point de fondement, mais on le plante; çà et là, il suit les migrations de (313) l’homme. Aussi est-il appelé paroikia, et non point habitation. « Seigneur,qui habitera dans vos tabernacles ? » Comme ce n’est qu’une tente, ou l’appelle en grec paroikia. Voyons donc ce qu’est un tabernacle, ce qu’est une montagne. Un tabernacle n’a aucun fondement, c’est une demeure passagère; les montagnes, au contraire, ont des fondements solides; c’est pourquoi ce tabernacle nie parait être l’Eglise de ce monde. Or, les églises que vous voyez aujourd’hui sont des tabernacles, puisque nous ne devons point y demeurer, nous devons passer ailleurs. Car, si la figure de ce monde passe 1, et si le ciel et la terre passeront 2, comme il est dit ailleurs, à combien plus forte raison les pierres de ces églises que nous avons sous les yeux ? On appelle donc maintenant les églises des tabernacles, parce que nous devons en sortir pour aller à la montagne sainte du Seigneur. Quelle est cette montagne sainte du Seigneur ? Ezéchiel nous le dit en parlant contre le prince de Tyr : « Tu as été blessé sur la montagne du Seigneur 3. Et qui reposera sur votre montague sainte?» Puisque nous devons quitter les tabernacles pour aller sur les saintes montagnes, il nous faut apprendre à quels hommes il appartient d’aller sur la sainte montagne de Dieu.

3. Il y a une interrogation dans cette parole : « Qui habitera dans vos tabernacles, ou qui se reposera sur votre montagne sainte ? » C’est maintenant l’Esprit-Saint qui répond à la question du Prophète; et que lui dit-il? Veux-tu savoir, ô Prophète, veux-tu savoir qui doit habiter dans mes tabernacles, et reposer sur ma montagne sainte? Ecoute ce qui suit: Si tu observes ce que je vais dire, tu habiteras sur ma montagne sainte. Vous donc qui voulez habiter les saints tabernacles, et vous élever sur la sainte montagne du Seigneur, vous n’avez pas besoin d’écouter mes paroles, écoutez ce que le Seigneur répondit au Prophète; pratiquez ce que te Seigneur vous ordonne, et vous arriverez à la sainte montagne du Seigneur. « C’est celui u qui marche dans l’innocence, et qui pratique la justice 4 ». Aussi le psaume cent dix-huitième nous dit-il : « Heureux les hommes innocents dans leurs voies ! » Oui, c’est ainsi qu’il commence : « Bienheureux les hommes innocents dans leurs voies 2 ! » 1. .I Cor. VII, 31. — 2. Matth. XXIV, 35. — 3. Ezéch. XXVIII, 16, suiv. les Septante. — 4.Ps. XIV, 2. De même qu’il est dit là: « Innocents dans leurs voies », il est dit ici : « Qui marche dans l’innocence ». Or, marcher c’est être dans la voie, « Qui marche dans l’innocence ». Voyez ce qui est prescrit. Il n’est pas dit qui est pur en atteignant la fin; mais qui est encore en chemin, et qui est sans tache. Quelqu’un pouvait dire: Je n’ai aucune tache, n’ayant commis aucun mal. Il ne suffit pas d’éviter le mal, si nous ne faisons aussi le bien. Car le Prophète continue: « Et qui pratique la justice ». Non point qui garde la chasteté, non point, qui fait des actes de sagesse ou de courage. Voilà sans doute les principales vertus. Ainsi la sagesse nous vient en aide pour résister aux persécutions: la tempérance et la chasteté nous sont utiles, pour ne point perdre nos âmes. Mais il n’y a que la justice pour dominer toutes les vertus dont elle est la mère. Comment, dira-t-on, la justice peut-elle dominer toutes les autres ? Les autres vertus font la joie de ceux qui les pratiquent, tandis que la justice fait la joie, non de celui qui la pratique, mais des autres. Que je sois sage, la sagesse fait nies délices; que je sois courageux, le courage me plaît; que je sois chaste, la chasteté a des charmes pour moi mais la justice fait moins le bonheur de ceux qui la possèdent, que des malheureux qui ne l’ont point. Donne-moi un pauvre qui a un différend avec mon frère, donne à ce frère une puissance telle qu’il opprime de son crédit tout ce qui n’est pas moi, ou qui m’est étranger; de quoi ma sagesse va-t-elle servir à ce Pauvre ? Que fait à ce pauvre ma chasteté ? Que lui fait mon courage? Mais ma justice lui vient en aide, parce que, sans acception pour mon frère, je prononce selon la justice. La justice, en effet, ne connaît ni frère, ni mère, ni père; elle connaît la vérité. Non plus que Dieu, elle ne fait acception de personne, Aussi le Prophète nous dit-il: « Et qui pratique la justice », de peur qu’il ne paraisse exclure les autres vertus. Quiconque se met dans une sainte colère pour en soulager un autre, quiconque ne fait point sa joie du malheur d’autrui, celui-là est juste.

4. Disons encore ce qui suit : « Celui qui dit la vérité dans son coeur 2 ». Beaucoup ont la vérité sur les lèvres, et non dans le coeur; ils paraissent dire la vérité, et le cœur n’est point d’accord avec la bouche. « Celui qui ne cache point l’artifice dans ses paroles » 1. Ps. 118, 1. — 2. Id. XIV, 3. Qui dit au dehors ce qu’il a dans la pensée. « Qui n’a fait aucun mal à son prochain ». Au nom de prochain beaucoup s’imaginent un frère, un voisin, un allié, un parent. Mais le Seigneur nous fait connaître le prochain dans cette parabole de l’Evangile, à propos de celui qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Le prêtre passa outre, le lévite passa outre, sans en prendre pitié; mais un samaritain qui vint à passer, fut ému de compassion. Le Seigneur fait ensuite cette question : « Lequel de ces hommes fut son prochain ?» On lui répond « Celui qui lui fit du bien ». Et le Seigneur ajoute : « Allez, vous aussi, et faites de même 1». Nous sommes donc tous notre prochain réciproquement, et nous ne devons faire aucun mal à personne. Mais si nous ne voyons le prochain que dans nos frères et dans nos proches, il nous sera donc permis de faire du mal aux autres? Loin de nous de le croire. Nous sommes tous notre prochain, et nous n’avons qu’un même père. « Et que son prochain n’a point couvert d’opprobre ». C’est le comble de la louange. Jamais voisin n’a murmuré contre lui; jamais il n’a trouvé occasion d’en dire du mal. C’est là une vertu bien supérieure à l’humanité, c’est un don de Dieu.

5. « Le méchant, sous ses yeux est réduit, à néant 1 » 1. Luc, X, 30 37. Qu’un homme soit empereur, qu’il soit préfet, qu’il soit évêque ou qu’il soit prêtre (car l’Eglise a aussi ses dignités), quiconque est méchant sous les yeux du saint par excellence, est compté pour rien. Puis aussitôt le Prophète ajoute: « Il glorifie ceux qui craignent le Seigneur ». Ce saint qui marche dans l’innocence, qui méprise les puissants dès qu’ils sont méchants, décerne l’honneur à tout homme qui craint Dieu, quelle que soit sa pauvreté. « Qui s’engage par serment à son prochain, sans le tromper ». Et ici nous devons entendre comme plus haut ce mot de prochain.

6. « Celui qui n’a point donné d’argent à usure 2».On pourrait dire ici bien des choses, mais le temps nous presse. Mais, avant-hier, nous en avons parlé au commencement de l’instruction, et puisque vous êtes par la grâce de Dieu sortis de la Chaldée avec Abraham 3, et que vous vous souvenez de ce que nous avons dit au sujet de cette sortie, venez dans la terre des promesses. Quant à Abraham, dès qu’il fut entré dans la terre promise, il trouva des adversaires à droite et à gauche, des ennemis qui tenaient le pays: le Seigneur vint pour l’en tirer, et lui fit gravir une montagne d’où il lui montra la terre entière, en disant: « Je te donnerai toute cette terre et à ta postérité 4 ». A lui la promesse, à nous l’accomplissement. 1. Ps. XIV, 4. — 2. Id. 5. — 3. Gen. XI, 31. — 4. Id. XIII,15.



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Message par Invité Mer 21 Avr 2021 - 11:57

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Psaume 16 (15) - "Yahvé, ma part d'héritage"





Psaume 16 (15) - "Yahvé, ma part d'héritage" : Ps 16:1 : A mi-voix. De David. Garde-moi, ô Dieu, mon refuge est en toi.

Le psaume 16 (15 selon la numérotation grecque) est une hymne attribuée à David. Il fait partie des psaumes de confiance, et d'après le vocabulaire employé, il pourrait dater du temps de David ou du prophète Jérémie. Ce psaume apparaît dans le Nouveau Testament : il est cité deux fois explicitement dans le livre des actes des apôtres.

Le psaume 15 est fréquemment utilisé dans la liturgie des Heures, il est récité ou chanté aux vêpres du samedi de la première semaine (I) et aux complies de chaque jeudi. Dans la liturgie eucharistique, on le prend le troisième dimanche de Pâques de l'année A, le 33e dimanche du temps ordinaire de l'année B et le 13e dimanche du temps ordinaire de l'année C.



Le Psaume 15 (16) en français  : "Garde-moi, ô Dieu, mon refuge est en toi."  (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 15, 01- A mi-voix. De David. Garde-moi, ô Dieu, mon refuge est en toi.
Ps 15, 02- J'ai dit à Yahvé : C'est toi mon Seigneur, mon bonheur n'est en aucun
Ps 15, 03- de ces démons de la terre. Ceux-là en imposent à tous ceux qui les aiment,
Ps 15, 04- leurs idoles foisonnent, on court à leur suite. Verser leurs libations de sang ? Jamais ! Faire monter leurs noms sur mes lèvres ? Jamais !
Ps 15, 05- Yahvé, ma part d'héritage et ma coupe, c'est toi qui garantis mon lot;
Ps 15, 06- le cordeau me marque un enclos de délices, et l'héritage est pour moi magnifique.
Ps 15, 07- Je bénis Yahvé qui s'est fait mon conseil, et même la nuit, mon cœur m'instruit.
Ps 15, 08- J'ai mis Yahvé devant moi sans relâche; puisqu'il est à ma droite, je ne bronche pas.
Ps 15, 09- Aussi, mon cœur exulte, mes entrailles jubilent, et ma chair reposera en sûreté;
Ps 15, 10- car tu ne peux abandonner mon âme au shéol, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse.
Ps 15, 11- Tu m'apprendras le chemin de vie, devant ta face, plénitude de joie, en ta droite, délices éternelles.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Conserva Me, Deus: Ps.15 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.


Le Psaume 15 (16) en latin : "conserva me Domine quoniam in te speravi"

Ps 15, 01 : Tituli inscriptio ipsi David conserva me Domine quoniam in te speravi
Ps 15, 02 : dixi Domino Dominus meus es tu quoniam bonorum meorum non eges
Ps 15, 03 : sanctis qui sunt in terra eius mirificavit *mihi; omnes voluntates meas in eis
Ps 15, 04 : multiplicatae sunt infirmitates eorum postea adceleraverunt non congregabo conventicula eorum de sanguinibus nec memor ero nominum eorum per labia mea
Ps 15, 05 : Dominus pars hereditatis meae et calicis mei tu es qui restitues hereditatem meam mihi
Ps 15, 06 : funes ceciderunt mihi in praeclaris etenim hereditas mea praeclara est mihi
Ps 15, 07 : benedicam Domino qui tribuit mihi intellectum insuper et usque ad noctem increpaverunt me renes mei
Ps 15, 08 : providebam Dominum in conspectu meo semper quoniam a dextris est mihi ne commovear
Ps 15, 09 : propter hoc laetatum est cor meum et exultavit lingua mea insuper et caro mea requiescet in spe
Ps 15, 10 : quoniam non derelinques animam meam in inferno non dabis sanctum tuum videre corruptionem notas mihi fecisti vias vitae adimplebis me laetitia cum vultu tuo delectatio in dextera tua usque in finem

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

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PSAUME 15: LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Parce que le Christ a mis sa confiance dans le Seigneur, qu‘il n’a voulu d’autre héritage que lui seul, le Seigneur l’a fait triompher de ses ennemis par la résurrection. Ces sentiments peuvent être aussi ceux de l’âme juste qui se confie en Dieu et qui triomphe aussi de la mort éternelle.

INSCRIPTION DU TITRE, POUR DAVID (Ps. XV, 1).


1. Ce Psaume est le chant de notre roi, dans son humanité, lui qui dans sa passion obtint sur l’inscription le titre de roi.

2. Voici ses paroles: « Conservez-moi, Seigneur, parce que j’ai mis en vous mon espoir; j’ai dit au Seigneur : Vous êtes mon Dieu; vous n’avez nul besoin de mes biens (Ps. XV, 2) ».Vous n’avez que faire de mes biens pour votre félicité.

3. « Aux âmes saintes qui habitent ses domaines (Id. 3) », c’est-à-dire à ces saints qui ont mis leur espoir dans la terre des vivants, aux (184) citoyens de la Jérusalem céleste, dont la conversation spirituelle est fixée par l’ancre de l’espérance, dans cette terre qui est fort bien nommée la terre de Dieu, quoique selon le corps ils vivent en ce bas monde,-e il a fait « admirer tout l’amour que j’ai pour eux (Ps. XV, 3) ». Le Seigneur donc a fait connaître à ces âmes saintes, mes desseins merveilleux pour leurs progrès, et ils ont alors compris l’avantage que leur procure ce mystère d’un Dieu qui est homme pour mourir, et de cet homme qui est Dieu pour ressusciter.

4. « Leurs infirmités se sont multipliées »; non pour leur perte, mais pour leur faire désirer le médecin. « C’est pourquoi ils ont hâté leur course ». Donc, à la vue de leurs nombreuses maladies, ils se sont hâtés d’en chercher la guérison. « Je ne les assemblerai pas pour des sacrifices sanglants (Id. 4) ». Leurs assemblées ne seront plus charnelles, et ce n’est point en faveur du sang des animaux que je les rassemblerai pour les exaucer. « J’oublierai leur nom qui ne sera plus sur mes lèvres ». Par un changement tout spi-r rituel, ils oublieront ce qu’ils étaient autrefois; et moi, dans la paix que je leur donnerai, je ne verrai plus en eux des pécheurs ou des ennemis, ou même des hommes, mais je les appellerai des justes, des frères, et des enfants de Dieu.

5. « Le Seigneur est la part de mon héritage et de mon calice (Id. 5) ». Car ils posséderont aussi avec moi cet héritage qui est Dieu même. Que d’autres se choisissent, pour en jouir, l’héritage des biens temporels et passagers; le partage des saints, c’est Dieu qui est éternel. Que d’autres s’enivrent de mortelles voluptés, le Seigneur est la part de mon calice. En disant « de mon calice », je comprends aussi l’Eglise avec moi, car où est la tête, là est aussi le corps. Je ferai en effet mon héritage de leurs assemblées, et dans l’ivresse de mon calice j’oublierai leurs noms anciens. « C’est vous, ô Dieu, qui me rétablirez dans mon héritage (Ibid.) », afin que ceux que je délivre, connaissent l’éclat que j’avais en vous avant la création du monde (Jean, XVII, 5) ». Ce n’est point pour moi que vous me rendrez ce que je n’ai point perdu, mais pour ceux qui ont perdu la connaissance de cette gloire; et comme je suis en eux, « c’est à moi que vous la rendrez ».

6. « Le cordeau a mesuré ma part dans des lieux ravissants (Ps. XV, 6) ». Comme le Seigneur devint autrefois la possession des prêtres et des lévites, mon héritage m’est échu comme par le sort, dans la splendeur de votre gloire, ô mon Dieu. « Et cet héritage est glorieux pour moi », car il n’est pas glorieux pour tous, mais pour ceux qui le comprennent; et comme je suis en eux, c’est pour moi qu’il est glorieux.

7. « Je bénirai le Seigneur qui m’a donné l’intelligence », nécessaire pour voir et posséder cette part glorieuse. « De plus, jusqu’à la nuit, mes reins m’ont donné une sévère leçon ». En outre de l’intelligence, cette partie inférieure de moi-même, ou la chair, dont je me suis revêtu, m’a donné une leçon, en me faisant éprouver les ténèbres de la mort, qu’ignore cette intelligence.

8. « Je plaçais toujours le Seigneur en ma présence (Id. 8.) ». En venant dans ce monde qui passe, je n’ai point perdu de vue celui qui demeure éternellement, avec le dessein de

rentrer en lui, après cette vie des temps. « Car il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé ». Il m’assiste, afin que je demeure ferme en lui-même.

9. « C’est pour cela que mon cœur a tressailli, que ma langue a chanté sa joie ». La joie donc a rempli mes pensées, et l’allégresse a éclaté dans mes paroles. « En outre, ma chair reposera dans l’espérance ». Ma chair ne sera point absorbée par la mort, mais elle s’endormira dans l’espérance de la résurrection.

10. « Parce que vous ne laisserez point mon âme dans les enfers (Id. 10) ». Vous ne donnerez pas mon âme comme une proie aux enfers, « et vous ne permettrez pas que votre saint « éprouve la corruption ». Vous n’abandonnerez pas à la pourriture un corps sanctifié, qui doit sanctifier les autres. « Vous m’avez fait connaître les voies de la vie ». C’est par moi que vous avez enseigné la voie de l’humilité, afin que les hommes revinssent à la vie, qu’ils avaient perdue par l’orgueil : et comme je suis en eux, c’est à moi que vous l’avez fait connaître. « Vous me remplirez de joie en me faisant voir votre face ». Quand ils vous verront face à face, leur joie sera telle qu’ils n’auront plus aucun désir; et comme je suis en eux, c’est moi que vous (185) remplirez de joie. « A votre droite sont d’éternelles délices (Ps. XV, 11) ». Vos faveurs et vos bontés nous sont délicieuses dans le chemin de cette vie, et nous font arriver au comble de la gloire en votre présence.




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Message par Invité Jeu 22 Avr 2021 - 11:39

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Psaume 17 (16) - "Appel de l'innocent"





Psaume 17 (16) - "Appel de l'innocent" : Ps 17:1 : Prière. De David. Ecoute, Yahvé, la justice, sois attentif à mes cris; prête l'oreille à ma prière, point de fraude sur mes lèvres.

Le psaume 17 (16 selon la numérotation grecque) est attribué à David. Dans la liturgie des Heures, le psaume 16 est récité ou chanté à l’office du milieu du jour du mercredi de la première semaine (I).


Le Psaume 16 (17) en français : "Ecoute, Yahvé, la justice, sois attentif à mes cris"  (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 16, 01- Prière. De David. Ecoute, Yahvé, la justice, sois attentif à mes cris; prête l'oreille à ma prière, point de fraude sur mes lèvres.
Ps 16, 02- De ta face sortira mon jugement, tes yeux regardent la droiture.
Ps 16, 03- Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit, tu m'éprouves sans rien trouver, aucun murmure en moi ma bouche n'a point péché
Ps 16, 04- à la façon des hommes. La parole de tes lèvres, moi je l'ai gardée, aux sentiers prescrits
Ps 16, 05- attachant mes pas, à tes traces, que mes pieds ne trébuchent.
Ps 16, 06- Je suis là, je t'appelle, car tu réponds, ô Dieu ! Tends l'oreille vers moi, écoute mes paroles,
Ps 16, 07- signale tes grâces, toi qui sauves ceux qui recourent à ta droite contre les assaillants.
Ps 16, 08- Garde-moi comme la prunelle de l'œil, à l'ombre de tes ailes cache-moi
Ps 16, 09- aux regards de ces impies qui me ravagent; ennemis au fond de l'âme, ils me cernent.
Ps 16, 10- Ils sont enfermés dans leur graisse, ils parlent, l'arrogance à la bouche.
Ps 16, 11- Ils marchent contre moi, maintenant ils m'encerclent, ils ont l'œil sur moi pour me terrasser.
Ps 16, 12- Leur apparence est d'un lion impatient d'arracher et d'un lionceau tapi dans sa cachette.
Ps 16, 13- Lève-toi, Yahvé, affronte-le, renverse-le, par ton épée délivre mon âme de l'impie,
Ps 16, 14- des mortels, par ta main, Yahvé, des mortels qui, dans la vie, ont leur part de ce monde ! Avec tes réserves tu leur rempliras le ventre, leurs fils seront rassasiés et ils laisseront le surplus à leurs enfants.
Ps 16, 15- Moi, dans la justice, je contemplerai ta face, au réveil je me rassasierai de ton image.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Exaudi, Domine, Iustitiam Meam: Ps.16 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
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Le Psaume 17 (16) en latin : "Exaudi, Domine, Iustitiam Meam"

Ps 16, 01 : Oratio David exaudi Domine iustitiam meam intende deprecationem meam auribus percipe orationem meam non in labiis dolosis
Ps 16, 02 : de vultu tuo iudicium meum prodeat oculi tui videant aequitates
Ps 16, 03 : probasti cor meum visitasti nocte igne me examinasti et non est inventa in me iniquitas
Ps 16, 04 : ut non loquatur os meum opera hominum propter verba labiorum tuorum ego custodivi vias duras
Ps 16, 05 : perfice gressus meos in semitis tuis ut non moveantur vestigia mea
Ps 16, 06 : ego clamavi quoniam exaudisti me Deus inclina aurem tuam mihi et exaudi verba mea
Ps 16, 07 : mirifica misericordias tuas qui salvos facis sperantes in te
Ps 16, 08 : a resistentibus dexterae tuae custodi me ut pupillam oculi sub umbra alarum tuarum proteges me
Ps 16, 09 : a facie impiorum qui me adflixerunt inimici mei animam meam circumdederunt super me;
Ps 16, 10 : adipem suum concluserunt os eorum locutum est superbia
Ps 16, 11 : proicientes me nunc circumdederunt me oculos suos statuerunt declinare in terram
Ps 16, 12 : susceperunt me sicut leo paratus ad praedam et sicut catulus leonis habitans in abditis
Ps 16, 13 : exsurge Domine praeveni eum et subplanta eum eripe animam meam ab impio frameam tuam
Ps 16, 14 : ab inimicis manus tuae Domine a paucis de terra divide eos in vita eorum de absconditis tuis adimpletus est venter eorum saturati sunt filiis et dimiserunt reliquias suas parvulis suis
Ps 16, 15 : ego autem in iustitia apparebo conspectui tuo satiabor cum apparuerit gloria tua

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Mgr Jean-Baptiste Massillon (1663-1742)
« Œuvres de Massillon : paraphrase morale de plusieurs Psaumes en forme de prière »,
tome XII, Psaume 16, p. 200-220, chez Gauthier (1834).


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La Prière à la veille d’un procès de Mgr Massillon qui paraphrase le Psaume 16 « Laissez-Vous fléchir, Seigneur, par mon innocence, et écoutez ma prière » :

Voici la Prière d'une âme qui se trouve à la veille de perdre, par la malice des hommes, ou sa fortune, ou son innocence, ou sa réputation, et qui s'adresse à Dieu, dans la confiance qu'Il la protégera dans une occasion si périlleuse « Laissez-Vous fléchir, Seigneur, par mon innocence, et écoutez ma prière » de Mgr Jean-Baptiste Massillon (1663-1742), Oratorien, Professeur, Évêque de Clermont-Ferrand et grand Prédicateur qui prêcha en 1700 l’Avent à Versailles devant le Roy Louis XIV.


*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Priere-de-repentance

Ps 16, 1 : Laissez-Vous fléchir, Seigneur, par mon innocence, et écoutez ma prière « Je ne Vous offre, grand Dieu, pour obtenir votre Secours dans le péril qui me menace, que la droiture de mon cœur. Je me vois à la veille ou de perdre les trésors de votre Grâce, si je succombe aux sollicitations des méchants ; ou d'être opprimée par la calomnie, et livrée à toute leur malignité, si je Vous demeure fidèle. Je ne balance pas sur le choix, ô mon Dieu, mais je sens ma faiblesse, et j'implore votre Protection. Ecoutez ma prière ; et ne m'abandonnez pas dans une extrémité, où la justice du secours que je Vous demande, semble me répondre que Vous ne tarderez pas de me l'accorder ».

Ps 16, 2 : Prêtez l'oreille aux vœux sincères que je Vous adresse « Vous voyez dans mon cœur, grand Dieu, la sincérité de ma prière. Mes lèvres ne viennent pas ici Vous tenir un langage trompeur; et avec un dessein secret de me rendre à la séduction, et de trahir mon âme pour me dérober au péril qui me menace ; je ne viens pas ici Vous faire de vaines protestations, comme pour excuser par avance la défection honteuse déjà toute résolue au-dedans de moi. Et que gagnerais-je, grand Dieu, en venant ici, par des paroles artificieuses, Vous dissimuler mes plus secrètes pensées, et Vous honorer des lèvres, tandis que mon cœur se serait déjà éloigné de Vous ? N'y êtes-Vous pas plus présent que moi-même ? N’en percez-Vous pas d'un seul regard toutes les profondeurs ? Et Vos yeux, qui voient tout, sont-ils des yeux de chair et de sang comme ceux de l'homme ? »

Ps 16, 3 : Prononcez en ma faveur : que Vos yeux soient attentifs à la justice de ma cause « C'est, Seigneur, ce qui redouble ma confiance. On peut en imposer aux hommes, qui ne jugent que sur ce que nous leur paraissons ; mais pour Vous, grand Dieu, qui sondez nos cœurs, Vous ne jugez de nous que sur ce que nous sommes. Je ne veux donc que Vos yeux seuls pour témoins de ma peine, et pour juges de l'équité de ma cause. Ce n'est ni mon imprudence, ni des complaisances criminelles pour les hommes, qui m'ont jetée dans les périls et dans les perplexités où Vous me voyez. Je ne me les suis pas attirés moi-même, pour excuser ensuite ma chute par la difficulté d'y conserver mon innocence, si je venais à succomber. Le danger m'a toujours fait autant d'horreur que le crime ; et j'ai toujours cru que c'était chercher à périr, que de chercher soi-même à combattre. Ce sont les artifices des méchants, qui m'ont tendu les pièges qui m'environnent ; et c'est votre Sagesse qui l'a permis, ou pour éprouver ma fidélité ou pour réveiller ma tiédeur et ma négligence ».

Ps 16, 4 : Vous avez éprouvé mon cœur en me visitant dans ces temps sombres de la persécution : Vous m'avez fait passer par le feu de la tribulation, et Vous m'avez trouvé juste « Vous savez, grand Dieu, que ce n'est pas ici la première épreuve que je souffre. Il suffit de se déclarer sans ménagement pour Vous dans le monde, pour être en butte à ses contradictions et à ses censures. Vous avez permis plus d'une fois qu'il se déchaînât contre moi : Vous exigez de mon cœur ces tribulations comme des preuves douloureuses de ma fidélité ; comme un feu au travers duquel Vous vouliez me faire passer pour purifier mon âme du reste d'attachement qu'elle conservait encore pour les choses de la terre. Il est sans doute bien étonnant, Seigneur, que Vos serviteurs ayant à essuyer tous les jours tant de dégoûts et de mépris de la part du monde, puissent y tenir cependant encore par des affections secrètes et souvent imperceptibles à eux-mêmes. Vous avez trouvé dans mon cœur la même faiblesse : mais du moins, Seigneur, il s'est soumis avec confiance aux calamités et aux traverses dont Vous m'avez affligé. J'ai adoré et baisé la main qui me frappait : il a pu m'échapper quelques plaintes que l'affliction arrache malgré nous à la nature ; mais dans le temps même qu'elles sortaient de ma bouche, mon cœur les désavouait, se soumettait avec joie à Votre conduite adorable sur ma personne, Vous en rendait même grâces, regardait ces rigueurs apparentes comme des bienfaits véritables. Oui, Seigneur, Vous avez pu trouver mon cœur faible et abattu dans l'adversité; mais Vous ne l'avez jamais trouvé révolté et infidèle ».


Ps 16, 5 : Afin de m'interdire les plaintes sur ce que les hommes me faisaient souffrir, j'ai pensé à Vos volontés et à Vos promesses, et j'ai suivi avec soumission la route pénible des souffrances « Les plaintes même que j'accordais à ma douleur, je les adressais à Vous seul, ô mon Dieu. Ma langue n'a jamais cherché un adoucissement criminel à mes peines, en décriant les actions et la conduite des hommes qui en étaient les auteurs. Je ne cherchais point à m'attirer de la compassion en excitant contre eux la haine publique ; je respectais en eux, grand Dieu, les instruments dont Vous Vous serviez pour accomplir sur moi Vos desseins de Miséricorde ; je m'imposais un silence rigoureux sur l'injustice même de leurs procédés à mon égard. Je n'ignorais pas là-dessus, ô mon Dieu, les Lois saintes que Vous nous avez données, et qui nous ordonnent non-seulement d'épargner, mais même de bénir ceux qui nous maudissent ; non-seulement de ne pas leur rendre le mal pour le mal, mais même de les combler de biens, et d'amasser par ces marques héroïques de charité, ces charbons de feu sur leur tête. Cette voie, que Vous nous prescrivez de suivre, paraît dure à la nature ; tout notre cœur pétri de chair et de sang se révolte d'abord contre elle : mais quand une fois, grand Dieu, on a étouffé, par le secours de votre Grâce, l'impétuosité de ces premiers mouvements ; quelle consolation ne trouve-t-on pas de s'en être rendu le maître, d'avoir rétabli la paix dans son cœur, d'en avoir banni l'aigreur et l'amertume qui le déchirait, et qui nous punit toujours de notre haine par les troubles et les fureurs qu'elle laisse au-dedans de nous ? Quelle joie de jouir de sa victoire, et de cette supériorité sur nous-mêmes, dont le seul semblant flattait tant autrefois l'orgueil des philosophes ; mais qui fait seulement sentir à une âme humble et chrétienne, combien votre Grâce peut l'élever au-dessus de la nature ».


Ps 16, 6 : Affermissez mes pas dans le chemin qui me mène à Vous, de peur que je ne vienne à chanceler « Continuez, grand Dieu, à me favoriser des mêmes secours dans les nouveaux combats où je me trouve exposée. Tous les pièges et tous les artifices du démon semblent se réunir pour m'affaiblir ou pour me surprendre : mes amis, mes proches eux-mêmes, par une tendresse trop humaine, se joignent à cet ennemi de mon salut, et paraissent avoir conjuré ma perte. Mais votre Grâce, ô mon Dieu, abonde toujours à mesure que les périls se multiplient. Donnez-moi donc une nouvelle force, non-seulement pour affermir mes pas dans Vos voies, mais encore, afin que j'y marche avec plus de ferveur et de perfection. Tirez votre Gloire de la malice même des hommes, qui espèrent, en m'affligeant, d'ébranler la fidélité que je Vous ai jurée. Montrez, grand Dieu, que rien n'est capable de vaincre, ni même de faire chanceler un seul moment une âme qui combat avec Vous. Quand tout favorise ici-bas Vos serviteurs, le monde n'admire point en eux les Dons de votre Grâce ; leur prospérité diminue à ses yeux le mérite de leur vertu ; il ne leur tient pas compte d'une piété que les biens, les honneurs, les applaudissements, la faveur semblent récompenser ici-bas. Mais quand, malgré les mépris, les opprobres, les adversités, ils Vous demeurent fidèles, c'est alors, grand Dieu, que le monde est forcé de rendre gloire à votre Grâce, et de reconnaître qu'elle peut élever les hommes à un degré de grandeur et de supériorité de perfection, où toutes les vertus humaines ne sauraient jamais atteindre ».


Ps 16, 7 : Comme Vous m'avez toujours exaucé, ô mon Dieu, je Vous appelle à mon secours : écoutez-moi et exaucez ma prière « J'ai éprouvé si souvent jusqu'ici votre Secours, grand Dieu, dans mes tentations et dans mes peines : j'ai trouvé tant de consolation, tant de force, en m'adressant à Vous, et en réclamant votre Protection, que votre Bonté ne sera pas importunée, si je redouble aujourd'hui mes cris et mes supplications dans un péril plus pressant ; vos Faveurs passées sont pour moi des gages bien consolants de celles que j'attends en cette occasion. Cette confiance seule n'est-elle pas déjà elle-même, grand Dieu, le Secours que je demande. N'est-ce pas Vous seul qui la mettez dans mon cœur ? N'est-ce pas Vous qui me faites sentir mon impuissance, et le besoin que j'ai de votre Grâce ? Oui, grand Dieu, toute la force qui me rassure, c'est que je reconnais devant Vous ma faiblesse, et que j'attends tout de vos Miséricordes infinies. Voilà, Seigneur, la seule prière qui trouve toujours Vos oreilles ouvertes pour l'écouter ; voilà le langage de la foi et de la piété, que Vous aimez à entendre : c'est Vous qui nous l'avez appris ; et Vous exaucez toujours les prières que Vous avez Vous-même formées dans nos cœurs ».

Ps 16, 8 : Vous qui sauvez ceux qui espèrent en Vous, faites éclater sur moi vos Miséricordes « Il est vrai, grand Dieu, qu'il faut que votre Puissance opère une espèce de prodige en ma faveur, pour me délivrer du péril extrême qui me menace ; et toutes les ressources me manquant, il n'y a d'espérance pour moi que dans un de ces coups éclatants de vos Miséricordes, que Vous réservez toujours aux maux désespérés. Mais c'est alors, Protecteur Tout-Puissant de ceux qui espèrent en Vous, que Vous aimez à faire éclater la force de Votre bras ; peut-être même n'avez-vous permis que je fusse accablée de tant d'adversités et que toute voie pour en sortir me fût fermée, que pour éprouver si l'extrémité du danger n'affaiblirait pas ma confiance : mais non, Seigneur, je la sens croître à mesure que le péril augmente. Que le monde entier se soulève contre moi, je serai plus fort que le monde quand Vous serez avec moi. Vous avez toujours pourvu à la sûreté de ceux qui ont mis en Vous toute leur espérance, par des ressources inespérées et merveilleuses. L'histoire de Vos serviteurs n'est que l'histoire des merveilles admirables que Vous avez dans tous les temps opérées pour eux ; cette suite de prodiges est devenue depuis le commencement, comme la conduite ordinaire de votre Providence à leur égard ; Vous ne les avez menés que par des voies singulières et miraculeuses. Voilà, ô mon Dieu, le grand motif de ma confiance. Il faut un prodige éclatant pour me délivrer des maux qui m'environnent, et dont je ne puis échapper ; mais c'est pour cela même que je l'attends ce prodige, ô mon Dieu, et ce n'est point là présumer de vos Miséricordes ; c'est leur offrir l'objet qu'elles ont toujours choisi pour se manifester avec éclat : c'est espérer en Vous contre l'espérance ; et voilà, grand Dieu, jusques où Vous voulez que nous espérions, pour nous faire sentir un moment après, que ce n'est pas en vain qu'on espère en Vous ».

Ps 16, 9 : Gardez-moi comme la prunelle de l'œil, de ceux qui semblent mesurer leurs forces avec les Vôtres « Il est vrai, grand Dieu, que Vous permettez les maux et les traverses dont je suis accablée ; mais la malice de ceux qui en sont les auteurs, contredit votre Loi sainte. Ils entreprennent de renverser en moi, par leurs séductions ou par leurs violences, l'ouvrage de vos Miséricordes que la force de Votre droite y a commencé ; ils ne veulent, à force de contradictions, que me dégoûter de Votre service ; ils s'opposent à Vos desseins éternels sur mon âme. Grand Dieu ! Les hommes pourront-ils détruire ce que Vous avez édifié ? Vos Volontés adorables sur Vos élus trouvent-elles quelque résistance dans les vaines oppositions des méchants ? À quoi peuvent aboutir leurs faibles efforts, qu'à faciliter l'accomplissement de ce que Vous avez résolu ? Plus ils s'efforcent de résister à mon égard aux ordres de votre Sagesse, plus ces ordres immuables auront leur effet : leurs oppositions me répondent de votre Secours et de la victoire ; je Vous deviens plus chère et plus précieuse à mesure que je suis plus exposée, et que Vos desseins éternels sur moi trouvent plus de contradictions de la part des hommes. C'est votre Gloire, Seigneur, qu'on attaque ; c'est l'ouvrage chéri de votre Grâce que Vous avez à défendre. Ne me regardez pas moi-même, Vous n'y verriez rien qui ne dût Vous éloigner de moi ; mais regardez-y, Seigneur, ce que Vous y avez Vous-même opéré, la foi, l'amour, la componction, la confiance ; le cœur nouveau que Vous avez créé au dedans de moi. Vous défendrez Vos dons inestimables, ô mon Dieu ! Vous me garderez comme la prunelle de l'œil ; Vous environnerez cette nouvelle lumière que Vous avez répandue dans mon âme, de tant de remparts, que ni le vent des tribulations, ni la vaine poussière des prospérités et des richesses ne sera jamais capable de l'éteindre ».

Ps 16, 10 : Couvrez-moi de Vos ailes à la vue de ces impies qui me persécutent sans cesse « Regardez-moi, grand Dieu, comme un oiseau faible qui ne fait que d'éclore ; c'est sous Vos ailes que je puis être en sûreté ; c'est sous la chaleur divine de cet abri, que mes forces croîtront de jour en jour, et que je serai enfin en état de me dégager de tous les filets tendus autour de moi pour me surprendre. Mais en attendant, ô mon Dieu, que Vos ailes saintes demeurent toujours étendues sur moi, ne Vous éloignez pas d'un moment. Quelle honte pour ceux qui m'affligent, quand ils me trouveront sous cet asile ! Ils auront beau m'attaquer de toutes parts, à leur vue même je mépriserai leurs efforts impies : ils auront la confusion et la douleur de voir ma faiblesse victorieuse de toute leur puissance ; ils seront forcés d'être témoins du triomphe de votre Grâce. Ainsi, grand Dieu, en me protégeant, Vous les confondrez, et Vous leur ferez sentir que l'homme est bien faible contre Dieu ».

Ps 16, 11 : Mes ennemis m'environnent de toutes part ; ils ont fermé leurs entrailles à la compassion : fiers de leur puissance, ils insultent même à ma faiblesse « Ces grandes vérités, ô mon Dieu, sont cachées aux yeux de mes oppresseurs : ils ne comptent pour rien votre Protection envers Vos serviteurs, qu'ils entreprennent de perdre ; ils ne voient que leur faiblesse et le dénuement où ils sont de tout secours humain : ils ne voient pas la Main invisible qui les défend et qui les protège ; ils croient n'avoir affaire qu'à l'homme, et ne savent pas qu'ils s'en prennent à Vous-même. Vous le voyez, grand Dieu, comme ils s'acharnent tous les jours avec plus de fureur à ma perte. Ils s'assemblent autour de moi comme pour m'investir, de peur que je ne leur échappe ; ils tentent tous les moyens que la malice peut inventer pour séduire mon âme : quand les caresses et les sollicitations n'ont pas réussi, ils ont recours aux mauvais traitements et aux outrages. C'est tantôt un serpent qui vient s'insinuer avec souplesse pour m'empoisonner de son venin ; et puis un lion furieux qui s'élance sur moi, pour faire de mon âme la pâture de sa rage et de sa férocité. Leurs entrailles alors sont fermées à toute compassion ; ils s'applaudissent même des maux qu'ils me font souffrir ; ils insultent avec un orgueil impie à la confiance que j'ai en Vous, ô mon Dieu, ils en font le sujet de leurs dérisions et de leurs blasphèmes ; ils me défient de trouver dans mon recours à Votre seule Protection, un asile qui me mette à couvert de l'inhumanité de leurs poursuites ; ils n'ouvrent leur bouche que pour m'exalter leur puissance, leur crédit, leur élévation, et m'intimider par le peu de ressources que le malheur de ma situation me fournit pour m'en défendre. Mais, grand Dieu, loin d'être éblouie de leur grandeur et de leur prospérité, je la regarde comme un don que Vous leur avez fait dans Votre colère : elle endurcit le cœur ; elle allume toutes les passions, elle en rassemble autour de nous tous les attraits les plus inévitables : les plaisirs sensuels marchent toujours à sa suite ; et le crime, grand Dieu, suit toujours de près ses plaisirs. Elle est comme une graisse fatale qui étouffe bientôt en nous la vie de la grâce et de la foi, et qui bouche toutes les avenues par où les influences de votre Esprit Saint pourraient se communiquer à nos âmes ».

Ps 16, 12 : Après m'avoir abandonné, leur haine s'est réveillée, ils m'ont investi de nouveau ; détournant les yeux du Ciel, ils s'appliquent uniquement à ma perte « Ainsi, grand Dieu, ces hommes fiers de leur élévation et de leur puissance, mais vils et méprisables à Vos yeux, ont beau me proscrire, me fouler aux pieds comme de la boue, ne me laisser voir autour de moi que des maux à venir, encore plus cruels que ceux que je souffre, m'interdire même la consolation de me plaindre ; ils ne m'ôtent pas, ô mon Dieu, celle de me consoler avec Vous. Quand je me présente à eux pour leur exposer mon innocence, ils ne daignent pas même détourner leurs regards sur moi : leurs yeux fixés à terre avec un dédain orgueilleux, croiraient s'avilir s'ils se levaient pour voir ma douleur et ma misère. Mais, grand Dieu, ce ne sont pas les regards des hommes que je cherche d'attirer sur moi : regardez-moi seulement, Vous, ô mon Dieu, mais regardez-moi de cet œil de Miséricorde et de Tendresse, qui change toutes les peines que nous endurons en des plaisirs secrets et indicibles. Que les pécheurs n'aient des yeux que pour la terre ; c'est d'elle qu'ils attendent tout leur bonheur, et il est juste qu'ils ne la perdent jamais de vue : mais pour ceux qui souffrent en votre Nom, ô mon Dieu, ils les ont toujours levés au Ciel, parce que c'est de là qu'ils attendent leur délivrance, et qu'ils savent qu'elle est proche ».

Ps 16, 13 : Les voilà qui viennent fondre sur moi, comme un lion s'élance du lieu où il est caché, sur la proie qui se présente « Les animaux les plus féroces, grand Dieu, sont quelquefois capables d'humanité : ils ont autrefois respecté un de Vos prophètes dans la fosse même où il devait leur servir de pâture, et rendu à leur manière les devoirs funèbres au saint Patriarche de Vos anachorètes. Mais les hommes en qui toute crainte de votre Nom est effacée, ne sentent jamais ces heureux intervalles de tendresse et de compassion : la douleur elle-même qui désarme la férocité, les irrite et les rend plus cruels. Je l'éprouve tous les jours, grand Dieu, plus mes ennemis m'écrasent, et me rendent un objet digne de pitié, plus leur haine contre moi s'aigrit et s'enflamme ; mes maux, qui devraient les satisfaire, ne servent qu'à m'en attirer de nouveaux ; ce sont toujours des lions furieux, qui, après avoir déchiré leur proie, n'en sont que plus avides pour la dévorer tout entière. Leur fureur même ne meurt pas avec eux ; leurs exemples la transmettent à leurs enfants dans l'âge le plus tendre ; ils sucent presque avec le lait la cruauté de leurs pères, ils héritent de leurs vices encore plus que de leurs noms et de leurs biens ; l'on voit de père en fils une succession de dureté, d'inhumanité envers les malheureux, qui infectent ces races maudites ».

Ps 16, 14 : Levez-Vous, ô mon Dieu, prévenez-les, confondez leur espérance : tirez-moi des mains de ces impies ; désarmez-les en leur ôtant cette puissance qu'ils tiennent de Vous, qu'ils n'emploient qu'à traverser Vos desseins « Il y a trop longtemps, grand Dieu, qu'ils abusent de leur crédit et de leur puissance : vengez votre Gloire, en vengeant l'innocence de Vos serviteurs. Vous m'avez jusqu'ici soutenu dans mes peines par des consolations secrètes : c'en est assez pour affermir ma faiblesse ; mais ce n'en est pas assez pour manifester avec éclat votre Puissance. Les hommes charnels ne sont pas frappés des prodiges de grâce que Vous opérez dans les cœurs ; il faut parler à leurs sens, et Vous montrer à eux par des coups éclatants d’indignation, où ils soient forcés de reconnaître Votre doigt. Levez-Vous donc, grand Dieu, paraissez à découvert ; ils sont sur le point de m'accabler : toutes les mesures qu'ils ont prises contre moi, paraissent infaillibles ; faites-les évanouir, grand Dieu, dans le moment même où ils comptaient s'applaudir du succès. Prévenez leurs noirs desseins par les moyens mêmes qu'ils ont choisis pour les accomplir : laissez-leur jusqu'au bout, goûter l'erreur de leur espérance barbare, pour la confondre en un clin d'œil avec plus d'éclat ; attendez que je leur sois livré, qu'ils me tiennent enfin absolument sous leur puissance, et qu'ils soient les maîtres de ma vie et de mon salut, pour me délivrer de leurs mains. Suscitez-leur alors des concurrents qui les supplantent dans la faveur des princes et des grands dont ils abusent ; qu'ils voient leurs places occupées par leurs envieux ; que tout cet édifice d'orgueil, de crédit, d'opulence, que tant de crimes avaient élevé, s'écroule tout d'un coup à leurs yeux, lorsqu'ils le croient le plus affermi ; arrachez-leur des mains le glaive, cette autorité que Vous ne leur avez confiée que pour protéger les faibles et les innocents, et dont ils ne se sont jamais servis que pour les opprimer. Ce sont les prospérités et les faveurs dont Vous les avez comblés, qui en ont fait les ennemis de votre Nom ; peut-être, grand Dieu, qu'ils feront un usage plus fréquent de l'adversité, et que les châtiments ramèneront à Vos pieds ceux que Vos bienfaits en avaient éloignés ».

Ps 16, 15 : Mettez, Seigneur, même pendant la vie, de la différence entre les impies et le petit nombre de serviteurs que Vous avez sur la terre : ceux-là sont comblés de biens qui sont cachés dans Vos trésors « Mais, grand Dieu, si Vos châtiments doivent leur être inutiles, laissez-les jouir de leur prospérité, ils n'aiment que les biens périssables ; punissez-les en les en comblant : discernez-les par la continuité de ces faveurs funestes, du petit nombre de Vos serviteurs, que Vous éprouvez toujours ici-bas par des tribulations et des traverses. Vous leur réservez des biens plus solides et plus durables ; Vous Vous réservez Vous-même, grand Dieu, tandis que les heureux du monde reçoivent ici-bas leur récompense ; Vous faites creuser dans les entrailles de la terre, et en arracher l'or dont ils sont avides, pour en rassasier leur avidité. Il faut bien, grand Dieu, que les richesses soient méprisables à Vos yeux, puisque Vous les destinez presque toujours pour être le partage de ceux que Vous n'aimez pas. En effet, Seigneur, ces bienfaits temporels dont Vous les surchargez jusqu'à la satiété, cachent une main rigoureuse qui les rejette, et les punit en même temps qu'elle semble les favoriser : ce sont des victimes que Vous laissez engraisser, et qui vont être incessamment immolées à Votre vengeance ».

Ps 16, 16 : Ils se voient une nombreuse postérité, à laquelle ils laissent en mourant de grands héritages « Oui, Seigneur, qu'ils voient leurs années prolongées sur la terre au-delà même des bornes qui terminent la vie des autres hommes ; qu'ils aient le plaisir passager de voir autour d'eux les enfants de leurs enfants, qu'une nombreuse postérité flatte leur vieillesse, et leur promette que leur nom passera avec eux jusqu'aux âges les plus reculés ; qu'ils laissent à leurs descendants les biens immenses qu'ils ont amassés, et qui sont les restes criminels de leurs rapines et de leur avarice. Voilà, grand Dieu, l'unique bonheur où ils aspirent : ils veulent jouir longtemps ici-bas de leur opulence, et l'établir sur des fondements si solides, que lorsque la mort les forcera enfin de s'en arracher, elle passe avec tout son éclat à leurs héritiers : c'est là où aboutissent tous leurs souhaits et tous les soins pénibles qu'ils dévorent pendant leur vie : voilà les heureux du siècle ».

Ps 16, 17 : Pour moi, ô mon Dieu, je tâcherai de paraître toujours pur à Vos yeux et je serai content, si je puis revoir votre Tabernacle « Pour moi, grand Dieu, je ne leur envie point cette vaine félicité : mes supplications ne monteront jamais jusqu'à votre Trône pour solliciter des dons si dangereux, et que Vous accordez presque toujours dans Votre colère. Ce serait Vous outrager, grand Dieu, que de Vous demander autre chose que Vous-même. L'unique objet de mes vœux est que leur prospérité et leur crédit ne me suscitent plus de contradictions, qui peuvent devenir l'écueil de mon innocence et de ma faiblesse. Je ne Vous demande pas de partager avec eux le faux éclat qui les environne ; je ne Vous demande que toute la force dont j'ai besoin pour n'en être pas ébloui ; et malgré toutes leurs sollicitations, de conserver toujours au dedans de moi la justice et l'innocence, qui sont les seules richesses de l'âme, et le seul éclat qui les suit au-delà du tombeau, et les rend agréables à Vos yeux. Sauvez mon âme, grand Dieu, des séductions continuelles que ces hommes corrompus assemblent autour de moi. Qu'ils me traitent d'insensé ; qu'ils regardent ma fidélité pour Vous comme une simplicité et une faiblesse d'esprit ; que je paraisse à leurs yeux digne de pitié et de risée ; que m'importe, grand Dieu, pourvu que Vous me trouviez juste, et digne de votre Bienveillance, quand je viendrai paraître devant Vous ? Le monde qui Vous hait, peut-il estimer ceux qui Vous aiment ? Le monde qui ne connaît que les biens présents, peut-il se persuader que ceux qui en sont comblés, et qui n'en usent que pour la félicité de leurs sens, soient malheureux ? Mais pour moi, Seigneur, Vous m'avez appris que le monde ne fait point d'heureux : aussi ce n'est pas de lui que j'attends le bonheur où j'aspire ; c'est de Vous seul, ô mon Dieu ! Vous nous en faites déjà goûter ici-bas les heureuses prémices par les consolations secrètes de votre Grâce, par la paix du cœur et la joie de la conscience, inséparables de la vertu. Le poids de la corruption, les périls répandus ici-bas, les peines de cet exil, troublent encore cette joie sainte ; nous ne la goûtons qu'à demi, et à travers mille amertumes qui en diminuent la douceur; mais le peu que Vous nous en faites goûter sur la terre, irrite notre soif et enflamme nos désirs. Si la suavité seule de Vos saintes Inspirations est capable de nous soutenir au milieu des peines et des malheurs les plus cruels de cette vie : que sera-ce, grand Dieu, quand nous en serons délivrés, et que Vous nous communiquerez à plein toute la magnificence de votre Gloire ? Que sera-ce, quand échappés de toutes les misères qui nous environnent sur la terre, nous serons plongés dans le sein immense de votre Amour, pénétrés de l'éclat immortel de votre Majesté, et fixés dans la jouissance de ce bien suprême, qui ne laisse plus rien à désirer à Vos élus ? C'est alors, grand Dieu, que ma joie sera pleine, que tous mes désirs seront remplis, que je ne serai plus occupé qu'à contempler votre Gloire, que cette occupation sera pour moi un plaisir ineffable et toujours nouveau, que ce bonheur parfait n'aura plus d'autres bornes que celles de Votre éternité ».

Ainsi soit-il.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


PSAUME 16 : L’ÉGLISE DE LA TERRE

Environnée d’ennemis pervers, l’Eglise fait appel à Dieu. Elle le remercie de la protection qu’il lui accorde chaque jour, et a la ferme espérance de triompher par cette protection.

PRIÈRE DE DAVID (Ps. XVI, 1).


1. Il faut attribuer cette prière à Jésus-Christ uni à l’Eglise, qui est son corps.

2. « Seigneur, écoutez ma justice, entendez ma prière. Prêtez l’oreille à mes supplications, mes lèvres ne sont point trompeuses (Id. 2) ». Cette prière ne vous arrive pas de lèvres qui déguisent. « Que mon jugement émane de votre visage ». Que votre connaissance m’éclaire et me fasse juger selon la vérité. Ou bien, que mon jugement n’émane point de lèvres menteuses, mais de votre clarté, afin que je ne prononce rien de contraire à ce que je découvre en vous. « Que mes yeux voient l’équité », c’est-à-dire les yeux de mon cœur.

3. « Vous avez sondé mon coeur en le visitant la nuit ». Car ce cœur a été mis à l’épreuve quand la tribulation l’a visité. « Vous m’avez éprouvé par le feu, et vous n’avez point trouvé l’iniquité en moi (Id. 3) ». Cette épreuve de l’affliction qui a fait ressortir ma justice, peut être appelée, non seulement une nuit qui nous trouble, mais un feu qui brûle.

4. « En sorte que ma bouche ne parle point selon les œuvres des hommes (Id. 4) ». Afin que rien ne sorte de ma bouche qui ne soit pour votre gloire et votre louange; et non pour les oeuvres des hommes qui agissent contre votre volonté. « A cause des paroles de votre bouche », paroles de votre paix, ou de vos prophètes; « j’ai traversé des voies difficiles »; ces voies pénibles de la mortalité humaine et des douleurs.

5. « Pour affermir mes pieds dans vos sentiers (Ps. XVI, 5) ». Afin que la charité de l’Eglise devînt parfaite dans ces étroits sentiers qui conduisent à votre repos. « Afin que mes pas ne chancellent point », afin que ne s’effacent jamais les marques de mon passage, empreintes comme des pas, dans les sacrements et dans les écrits de mes Apôtres, et que ceux qui ont la volonté de me suivre puissent les regarder et les connaître. Ou bien, afin que je demeure inébranlable dans l’éternité, après avoir parcouru des chemins difficiles, et marqué mes pas dans vos étroits sentiers.

6. « J’ai crié, ô mon Dieu, parce que vous m’avez exaucé (Id. 6) ». Je vous ai adressé ma prière avec force et avec ferveur, parce que vous m’avez exaucé quand ma prière plus faible vous demandait cette ferveur. « Prêtez-moi l’oreille, écoutez mes paroles (Ibid.) ». Que votre bonté n’abandonne point ma bassesse.

7. « Faites éclater vos miséricordes (Id. 7) », de peur que ces bontés ne retombent dans le mépris, et n’obtiennent un amour trop imparfait.

8. « Vous qui protégez ceux qui espèrent en vous, contre ceux qui refusent votre droite », ou ces faveurs que vous m’accordez. « Conservez-moi, Seigneur, comme la prunelle de l’œil (Id. 8.) », qui paraît petite et rétrécie; c’est elle néanmoins qui donne à la (186) vue sa puissance, et nous fait discerner la lumière des ténèbres, comme c’est par l’humanité de Jésus-Christ que doit s’exercer, au jugement, le pouvoir divin de discerner les justes des pécheurs. « Protégez-moi, sous l’ombre de vos ailes », c’est-à-dire, que votre amour miséricordieux me serve de bouclier « contre les impies qui me persécutent (Ps. XVI, 9) ».

9. « Mes ennemis ont environné mon âme, ils ont fermé leurs entrailles (Id. 10) ». Ils se sont enveloppés d’une joie charnelle, après avoir saturé de crimes leur avidité. « Leur bouche a exhalé des paroles d’orgueil ». Leur bouche a décoché des paroles insolentes, quand ils ont dit : « Salut au roi des Juifs (Matt. XXVII, 29) », et autres blasphèmes semblables.

10. « Après m’avoir chassé, voilà que maintenant ils m’environnent ». Ils m’ont fait sortir de leur ville, et maintenant ils m’environnent à la croix. « Ils se sont résolus à fixer les yeux vers la terre (Ps. XVI, 11) ». C’est leurs cœurs qu’ils ont résolu de fixer aux choses terrestres, quand ils ont infligé à celui qu’ils mettaient à mort un mal qu’ils voulaient s’épargner à eux, qui étaient ses bourreaux.

11. « Ils m’ont reçu, comme le lion prêt à dévorer sa proie (Id. 12.) ». Ils ont épié mes démarches, comme cet ennemi qui rôde autour de nous, cherchant à nous dévorer (I Pierre, V, 8.). « Et comme le lionceau embusqué dans un fourré ». Ce peuple à qui vous avez dit : « Vous avez le diable pour père (Jean, VIII, 44) », c’est comme le lionceau méditant des embûches pour circonvenir et perdre le juste.

12. « Levez-vous, Seigneur, prévenez-les, et renversez-les (Ps. XVI, 13) ». Levez-vous, Seigneur, vous qu’ils croient endormi et peu soucieux des péchés des hommes. Châtiez d’avance leur malice par l’aveuglement, afin que la vengeance prévienne leur crime, et renversez-les de la sorte.

13. « Délivrez mon âme des impies ». Délivrez mon âme en me faisant triompher par la résurrection de cette mort que m’ont infligée les impies. « Délivrez votre glaive des ennemis de votre main (Ps. XVI, 14) ». Mon âme est votre glaive, ce glaive qu’a saisi votre main, ou votre force éternelle, afin de détruire les royaumes de l’iniquité, et de séparer les justes des impies. C’est ce glaive qu’il faut arracher aux ennemis de votre main, c’est-à-dire de votre puissance, ou de mes ennemis. « Seigneur, en les faisant disparaître de la terre, dispersez-les, pendant toute leur vie (Ibid.) ». Faites-les disparaître de cette terre qu’ils habitent, et dispersez-les dans l’univers, pendant toute cette vie qu’ils croient la vie unique, puisqu’ils ne croient point à la vie éternelle. « Leur ventre est saturé de vos mystères (Ibid.) ». Leur châtiment ne se bornera point à cette peine sensible, mais ces péchés qui leur cachent la lumière de votre vérité, occupent leur mémoire, et leur font oublier Dieu. « Ils se sont rassasiés de la chair des pourceaux ». Ils ont pris goût à l’immondice, eux qui foulent aux pieds les perles de la parole de Dieu. « Ils ont laissé leurs restes pour leurs jeunes enfants (Ibid.) », en criant : « Que son sang retombe sur nous et sur nos fils (Matt. XXVII, 25) »

14. « Pour moi, j’apparaîtrai devant vous, lors de votre justice (Ps. XVI, 15) » : moi que n’ont point reconnu ceux dont le cœur impur et ténébreux est impuissant à voir la lumière de la sagesse, voilà que j’apparaîtrai devant vous, au jour de votre justice. « Je serai rassasié, quand vous manifesterez votre gloire ». Quand, saturés d’impureté, mes ennemis ne pourront me connaître, je serai rassasié de cette gloire que vous ferez éclater dans ceux qui me comprennent. Au lieu de cette expression: « Ils se sont rassasiés de la chair des pourceaux », on trouve dans quelques exemplaires : « Ils se sont rassasiés d’enfants ». Cette double traduction vient du mot grec, qui est ambigu. Par ces enfants nous entendons les œuvres. Les bons seront les bonnes œuvres, et les méchants seront les œuvres mauvaises. (187)





Dernière édition par Lumen le Sam 24 Avr 2021 - 12:40, édité 2 fois

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Message par Invité Ven 23 Avr 2021 - 10:45

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Psaume 18 (17) - "Te Deum royal"





Psaume 18 (17) - "Te Deum royal" : Ps 18:1- 2 : Du maître de chant. Du serviteur de Yahvé, David, qui adressa à Yahvé les paroles de ce cantique, quand Yahvé l'eut délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit je t'aime, Yahvé, ma force mon sauveur, tu m'as sauvé de la violence .

Dans son épître aux Romains (Rm 15, 9), Saint Paul a vu dans la louange finale du psaume 18 (17 selon la numérotation latine) la louange des païens convertis et autant de témoignages vivants de la miséricorde de Dieu que le Christ a glorifié en accueillant les païens.

Saint Augustin a également repris le psaume 17 : il a vu en David la figure du Christ et de son Église qui loue Dieu pour la délivrance obtenue par Jésus dans la victoire sur la mort. Le Dieu vivant ne meurt pas, mais il conserve la vie de ses fidèles et les sauve.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 17 (18) est chanté chaque mois à l’office des lectures du mercredi et du jeudi de la première semaine, où il est proposé en 6 sections. Les versets le plus souvent repris sont ceux du début et de la fin du psaume (2-7.20.31-33.47 et 51) le 31e Dimanche de l’année liturgique A, en temps ordinaire le vendredi de la 4e semaine et samedi de la 18e semaine, ainsi que le vendredi de la 5e semaine de carême.



Le Psaume 17 (18) en français : "Je t'aime, Yahvé, ma force mon sauveur"  (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 17, 01- Du maître de chant. Du serviteur de Yahvé, David, qui adressa à Yahvé les paroles de ce cantique, quand Yahvé l'eut délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit
Ps 17, 02- Je t'aime, Yahvé, ma force mon sauveur, tu m'as sauvé de la violence.
Ps 17, 03- Yahvé est mon roc et ma forteresse, mon libérateur, c'est mon Dieu. Je m'abrite en lui, mon rocher, mon bouclier et ma force de salut, ma citadelle et mon refuge.
Ps 17, 04- J'invoque Yahvé, digne de louange et je suis sauvé de mes ennemis.
Ps 17, 05- Les flots de la Mort m'enveloppaient, les torrents de Bélial m'épouvantaient;
Ps 17, 06- les filets du Shéol me cernaient, les pièges de la Mort m'attendaient.
Ps 17, 07- Dans mon angoisse j'invoquai Yahvé, vers mon Dieu je lançai mon cri; il entendit de son temple ma voix et mon cri parvint à ses oreilles.
Ps 17, 08- Et la terre s'ébranla et chancela, les assises des montagnes frémirent, sous sa colère elles furent ébranlées ;
Ps 17, 09- une fumée monta à ses narines et de sa bouche un feu dévorait des braises s'y enflammèrent .
Ps 17, 10- Il inclina les cieux et descendit, une sombre nuée sous ses pieds;
Ps 17, 11- il chevaucha un chérubin et vola, il plana sur les ailes du vent.
Ps 17, 12- Il fit des ténèbres son voile, sa tente, ténèbre d'eau, nuée sur nuée;
Ps 17, 13- un éclat devant lui enflammait grêle et braises de feu.
Ps 17, 14- Yahvé tonna des cieux, le Très-Haut donna de la voix;
Ps 17, 15- il décocha ses flèches et les dispersa, il lança les éclairs et les chassa.
Ps 17, 16- Et le lit de la mer apparut, les assises du monde se découvrirent, au grondement de ta menace, Yahvé, au vent du souffle de tes narines.
Ps 17, 17- Il envoie d'en haut et me prend, il me retire des grandes eaux,
Ps 17, 18- il me délivre d'un puissant ennemi, d'adversaires plus forts que moi.
Ps 17, 19- Ils m'attendaient au jour de mon malheur, mais Yahvé fut pour moi un appui;
Ps 17, 20- il m'a dégagé, mis au large, il m'a sauvé, car il m'aime.
Ps 17, 21- Yahvé me rend selon ma justice, selon la pureté de mes mains me rétribue,
Ps 17, 22- car j'ai gardé les voies de Yahvé sans faillir loin de mon Dieu.
Ps 17, 23- Ses jugements sont tous devant moi, ses décrets, je ne les ai pas écartés,
Ps 17, 24- mais je suis irréprochable avec lui, je me garde contre le péché.
Ps 17, 25- Et Yahvé me rétribue selon ma justice, ma pureté qu'il voit de ses yeux.
Ps 17, 26- Tu es fidèle avec le fidèle, sans reproche avec l'irréprochable,
Ps 17, 27- pur avec qui est pur mais rusant avec le fourbe,
Ps 17, 28- toi qui sauves le peuple des humbles, et rabaisses les yeux hautains.
Ps 17, 29- C'est toi, Yahvé, ma lampe, mon Dieu éclaire ma ténèbre;
Ps 17, 30- avec toi je force l'enceinte, avec mon Dieu je saute la muraille.
Ps 17, 31- Dieu, sa voie est sans reproche et la parole de Yahvé sans alliage. Il est, lui, le bouclier de quiconque s'abrite en lui.
Ps 17, 32- Qui donc est Dieu, hors Yahvé ? Qui est Rocher, sinon notre Dieu ?
Ps 17, 33- Ce Dieu qui me ceint de force et rend ma voie irréprochable,
Ps 17, 34- qui égale mes pieds à ceux des biches et me tient debout sur les hauteurs,
Ps 17, 35- qui instruit mes mains au combat, mes bras à bander l'arc d'airain.
Ps 17, 36- Tu me donnes ton bouclier de salut ta droite me soutient, tu ne cesses de m'exaucer,
Ps 17, 37- tu élargis mes pas sous moi et mes chevilles n'ont point fléchi.
Ps 17, 38- Je poursuis mes ennemis et les atteins, je ne reviens pas qu'ils ne soient achevés;
Ps 17, 39- je les frappe, ils ne peuvent se relever, ils tombent, ils sont sous mes pieds.
Ps 17, 40- Tu m'as ceint de force pour le combat, tu fais ployer sous moi mes agresseurs;
Ps 17, 41- mes ennemis, tu me fais voir leur dos, ceux qui me haïssent, je les extermine.
Ps 17, 42- Ils crient, et pas de sauveur, vers Yahvé, mais pas de réponse;
Ps 17, 43- je les broie comme poussière au vent, je les foule comme la boue des ruelles.
Ps 17, 44- Tu me délivres des querelles de mon peuple, tu me mets à la tête des nations; le peuple que j'ignorais m'est asservi,
Ps 17, 45- les fils d'étrangers me font leur cour, ils sont tout oreille et m'obéissent;
Ps 17, 46- les fils d'étrangers faiblissent, ils quittent en tremblant leurs réduits.
Ps 17, 47- Vive Yahvé, et béni soit mon rocher, exalté, le Dieu de mon salut,
Ps 17, 48- le Dieu qui me donne les vengeances et prosterne les peuples sous moi !
Ps 17, 49- Me délivrant d'ennemis furieux, tu m'exaltes par-dessus mes agresseurs, tu me libères de l'homme de violence.
Ps 17, 50- Aussi je te louerai, Yahvé, chez les païens, et je veux jouer pour ton nom
Ps 17, 51- Il multiplie pour son roi les délivrances et montre de l'amour pour son oint, pour David et sa descendance à jamais.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Diligam Te, Domine, Fortitudo Mea: Ps.17a · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.

Le Psaume 17 (18) en latin : " diligam te Domine fortitudo mea"

Ps 17, 01 : In finem puero Domini David quae locutus est Domino verba cantici huius in die qua eripuit eum Dominus de manu omnium inimicorum eius et de manu Saul et dixit
Ps 17, 02 : diligam te Domine fortitudo mea
Ps 17, 03 : Dominus firmamentum meum et refugium meum et liberator meus Deus meus adiutor meus et sperabo in eum protector meus et cornu salutis meae et susceptor meus
Ps 17, 04 : laudans invocabo Dominum et ab inimicis meis salvus ero
Ps 17, 05 : circumdederunt me dolores mortis et torrentes iniquitatis conturbaverunt me
Ps 17, 06 : dolores inferni circumdederunt me praeoccupaverunt me laquei mortis
Ps 17, 07 : cum tribularer invocavi Dominum et ad Deum meum clamavi exaudivit de templo sancto; suo vocem meam et clamor meus in conspectu eius introibit in aures eius
Ps 17, 08 : et commota est et contremuit terra et fundamenta montium conturbata sunt et commota sunt quoniam iratus est eis
Ps 17, 09 : ascendit fumus in ira eius et ignis a facie eius exarsit carbones succensi sunt ab eo
Ps 17, 10 : inclinavit caelos et descendit et caligo sub pedibus eius
Ps 17, 11 : et ascendit super cherubin et volavit volavit super pinnas ventorum
Ps 17, 12 : et posuit tenebras latibulum suum in circuitu eius tabernaculum eius tenebrosa aqua in nubibus aeris
Ps 17, 13 : prae fulgore in conspectu eius nubes eius; transierunt grando et carbones ignis
Ps 17, 14 : et intonuit de caelo Dominus et Altissimus dedit vocem suam grando et carbones ignis;
Ps 17, 15 : et misit sagittas et dissipavit eos et fulgora multiplicavit et conturbavit eos
Ps 17, 16 : et apparuerunt fontes aquarum et revelata sunt fundamenta orbis terrarum ab increpatione tua Domine ab inspiratione spiritus irae tuae
Ps 17, 17 : misit de summo et accepit me adsumpsit me de aquis multis
Ps 17, 18 : eripiet me de inimicis meis fortissimis et ab his qui oderunt me quoniam confirmati sunt super me
Ps 17, 19 : praevenerunt me in die adflictionis meae et factus est Dominus protector meus
Ps 17, 20 : et eduxit me in latitudinem salvum me faciet quoniam voluit me
Ps 17, 21 : et; retribuet mihi Dominus secundum iustitiam meam et; secundum puritatem manuum mearum retribuet mihi
Ps 17, 22 : quia custodivi vias Domini nec impie gessi a Deo meo
Ps 17, 23 : quoniam omnia iudicia eius in conspectu meo sunt et iustitias eius non reppuli a me
Ps 17, 24 : et ero inmaculatus cum eo et observabo ab iniquitate mea
Ps 17, 25 : et retribuet mihi Dominus secundum iustitiam meam et secundum puritatem manuum mearum in conspectu oculorum eius
Ps 17, 26 : cum sancto sanctus eris et cum viro innocente innocens eris
Ps 17, 27 : et cum electo electus eris et cum perverso perverteris
Ps 17, 28 : quoniam tu populum humilem salvum facies et oculos superborum humiliabis
Ps 17, 29 : quoniam tu inluminas lucernam meam Domine Deus meus inluminas tenebras meas
Ps 17, 30 : quoniam in te eripiar a temptatione et in Deo meo transgrediar murum
Ps 17, 31 : Deus meus inpolluta via eius eloquia Domini igne examinata protector est omnium sperantium in eum
Ps 17, 32 : quoniam quis deus praeter Dominum et quis deus praeter Deum nostrum
Ps 17, 33 : Deus qui praecingit me virtute et posuit inmaculatam viam meam
Ps 17, 34 : qui perfecit pedes meos tamquam cervorum et super excelsa statuens me
Ps 17, 35 : qui doces manus meas in proelium et posuisti arcum aereum brachia mea
Ps 17, 36 : et dedisti mihi protectionem salutis tuae et dextera tua suscepit me et disciplina tua correxit me in finem et disciplina tua ipsa me docebit
Ps 17, 37 : dilatasti gressus meos subtus me et non sunt infirmata vestigia mea
Ps 17, 38 : persequar inimicos meos et conprehendam illos et non convertar donec deficiant
Ps 17, 39 : confringam illos nec poterunt stare cadent subtus pedes meos
Ps 17, 40 : et praecinxisti me virtute ad bellum subplantasti insurgentes in me subtus me
Ps 17, 41 : et inimicos meos dedisti mihi dorsum et odientes me disperdisti
Ps 17, 42 : clamaverunt nec erat qui salvos faceret ad Dominum nec exaudivit eos
Ps 17, 43 : et comminuam illos ut pulverem ante faciem venti ut lutum platearum delebo eos
Ps 17, 44 : eripe me de contradictionibus populi constitues me in caput gentium
Ps 17, 45 : populus quem non cognovi servivit mihi in auditu auris oboedivit mihi
Ps 17, 46 : filii alieni mentiti sunt mihi filii alieni inveterati sunt et claudicaverunt a semitis suis
Ps 17, 47 : vivit Dominus et benedictus Deus meus et exaltetur Deus salutis meae
Ps 17, 48 : Deus qui dat vindictas mihi et subdidit populos sub me liberator meus de gentibus iracundis
Ps 17, 49 : et ab insurgentibus in me exaltabis me a viro iniquo eripies me
Ps 17, 50 : propterea confitebor tibi in nationibus Domine et psalmum dicam nomini tuo
Ps 17, 51 : magnificans salutes regis eius et faciens misericordiam christo suo David et semini eius usque in saeculum

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


PSAUME 17 : CHANT DE DÉLIVRANCE

L’Eglise unie à Jésus-Christ et triomphant des embûches des méchants, s’empare des paroles de David après que Dieu l’eût délivré de Saül et de ses ennemis; elle bénit le même Dieu qui l’a délivrée du démon et des convoitises charnelles.


1. « Pour la fin, à David, serviteur de Dieu (Ps. XVII, 1) », c’est-à-dire au Christ, qui en son humanité, est la main forte. « Il chanta au Seigneur les paroles de ce cantique, au jour où le Seigneur l’arracha à la puissance de ses ennemis, à la puissance de Saül (II Rois, XXII, 11; Ps. XVII, 2) »; ce Saül était le roi des Juifs, qu’eux-mêmes avaient demandé pour roi. De même que David signifie la main forte, Saül signifie demande. Or, on sait comment ce peuple demanda au Seigneur un roi (I Rois, VIII, 5), qui lui fut donné, non d’après les volontés de Dieu, mais selon sa propre volonté.

2. C’est donc le Christ uni à l’Eglise, ou le Christ tout entier, la tête et le corps, qui s’écrie: « Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma force (Ps. XVII, 2) », ou, je vous aimerai parce que vous me rendez fort.

3. « Vous êtes, ô Dieu, mon protecteur, mon refuge et mon libérateur (Id. 3) ». C’est vous qui m’avez protégé parce que je me suis réfugié en vous, et je me suis réfugié en vous, parce que vous m’avez délivré. « Le Seigneur est mon aide, en lui sera mon espoir ». C’est vous, ô Dieu, qui m’avez accordé la faveur de m’appeler, afin que je pusse espérer en vous. « Vous êtes mon protecteur, le boulevard de mon salut, et mon rédempteur (Ibid.) ». Vous êtes mon protecteur, parce que je n’ai point trop présumé de moi en élevant contre vous le boulevard de mon orgueil; mais c’est en vous que j’ai trouvé la puissance ou la haute et solide forteresse de mon salut; et pour me la faire trouver, vous m’avez racheté.

4. « Je louerai le Seigneur, et je l’invoquerai, et il me délivrera de mes ennemis (Id. 4) ». Ce n’est point en cherchant ma gloire, mais bien celle du Seigneur, que je l’invoquerai, et je n’aurai plus à craindre que les erreurs de l’impiété me soient nuisibles.

5. « Les douleurs de la mort », ou douleurs corporelles, « m’ont environné, et les torrents de l’iniquité m’ont troublé (Ps. XVII, 5) ». Ces multitudes impies un moment soulevées, comme les eaux de l’hiver qui se gonflent pour cesser bientôt, se sont efforcées de me troubler.

6. « Les douleurs de l’enfer m’ont assiégé (Id. 6) ». Chez ceux qui m’environnaient pour me perdre, il y avait ces tortures de la jalousie qui causent la mort, et aboutissent à l’enfer du péché. « Les filets de la mort m’ont prévenu », et ils me prévenaient, en cherchant les premiers à me faire un mal qui est retombé sur eux. Ces filets enveloppent pour la mort les hommes qu’ils ont surpris en leur vantant cette fausse justice, ce vain nom sans réalité, dont ils se glorifient contre les Gentils.

7. « Au milieu de l’angoisse, j’ai invoqué le Seigneur; j’ai crié vers mon Dieu, et de son saint temple il a entendu ma voix (Id. 7) ». Il a entendu ma voix dans mon cœur où il habite, « et le cri que j’ai poussé en sa présence ». Ce cri que n’entendent point les oreilles des hommes, et que j’exhale intérieurement en sa présence, « est parvenu à son oreille ».

8. « La terre s’en est émue et a tremblé (Id. 8.) ». Ainsi, quand le Fils de l’homme fut glorifié, les pécheurs furent émus et tremblèrent. « Et les fondements des montagnes ont été ébranlés » Les espérances que les superbes avaient fondées sur les biens de cette vie ont été renversées. « Ils ont été ébranlés, parce que le Seigneur s’est irrité contre eux », afin que l’espérance dans les biens terrestres ne s’affermît pas désormais dans les cœurs des hommes.

9. « Un tourbillon de fumée s’est élevé (188) devant sa colère ». Les hommes, touchés de repentir à la vue des menaces du Seigneur contre les impies, ont fait monter vers le ciel des prières et des larmes. « Un feu s’est allumé en sa présence (Ps. XVII, 9) ». Au repentir a succédé le feu de la charité, qu’allumait la connaissance du Seigneur. « Des charbons ont été embrasés ». Ceux qui étaient déjà morts, n’ayant plus ni le feu des saints désirs, ni la lumière de la justice, qui étaient plongés dans de froides ténèbres, ont reçu de nouveau le feu et la lumière de la vie.

10. « Il a abaissé les cieux, et il est descendu ». Il a humilié le juste qui s’est abaissé jusqu’à la faiblesse des hommes. « Les ténèbres étaient sous ses pieds (Id. 10) », Aveuglés par leur malice, les méchants ne l’ont pas connu, eux qui goûtent les choses de la terre, et la terre est sous les pieds du Seigneur, elle est comme son marchepied.

11. « Il est monté sur les chérubins et a pris son vol (Id. 11) ». Il s’est élevé au-dessus de la plénitude de la science, afin que nul ne pût venir à lui que par la charité. Car la charité est la plénitude de la loi (Rom. XIII, 10). Et bientôt il s’est montré incompréhensible à ceux qui l’aimaient, de peur qu’ils ne crussent que l’on pouvait le comprendre au moyen des images temporelles. « Son vol était plus rapide que celui des vents »; c’est-à-dire que la promptitude avec laquelle il s’est montré incompréhensible dépasse ces vertus qui sont pour l’âme comme des ailes, dont elle se sert pour s’élever des frayeurs de la terre dans les régions de la liberté.

12. « Il a choisi les ténèbres pour sa retraite (Ps. XVII, 12) ». Il a choisi l’obscurité des sacrements, l’espérance qui est invisible dans le coeur des fidèles, pour s’y cacher, sans néanmoins les abandonner. Il se cache aussi dans ces ténèbres où nous marchons encore par la foi, et non par la claire vue (II Cor. V, 7), tant que nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, et que nous l’attendons par la patience (Rom. VIII, 25). « Son tabernacle est autour de lui ». Ceux qui se convertissent et croient en lui l’environnent de toutes parts; il est au milieu d’eux, parce qu’il répand sur eux d’égales faveurs, et qu’en cette vie il habite en eux comme dans une tente. « Il y a dans les nuages de l’air une eau ténébreuse ». Que nul ne s’imagine que l’intelligence des Écritures lui donnera cette lumière dont nous jouirons quand nous aurons passé de la foi à la vision. Il y a quelque chose d’obscur dans la doctrine des Prophètes, et de tout prédicateur de la parole de Dieu.

13. « En comparaison de la lumière de sa présence (Ps. XVII, 13) »; en comparaison de cette splendeur qu’il fera éclater en se manifestant à nous. « Ses nuées ont passé »; voilà que les hérauts de sa parole ne se restreignent plus dans les confins de la Judée, mais passent chez les nations. « Voilà que tombent la grêle et les charbons ardents ». C’est la figure de ces reproches qui doivent tomber comme une grêle sur les cœurs endurcis; mais s’agit-il d’une terre cultivée et douce, ou mieux d’une âme pieuse, cette grêle se change en eau; c’est-à-dire que ces menaces dures comme les glaçons, redoutables et impétueuses comme la foudre, se changent en une doctrine désaltérante, au feu de la charité les cœurs prennent une vie nouvelle. Voilà ce qu’ont produit parmi les Gentils, les nuées du Seigneur.

14. « Du haut des cieux le Seigneur a tonné (Id. 14) ». Le Seigneur s’est fait entendre de ce cœur juste qu’animait la confiance pour prêcher l’Évangile. « Et le Très-Haut a fait retentir sa voix n, afin qu’elle arrivât jusqu’à nous, et que du profond abîme des choses humaines, nous pussions entendre les choses célestes ».

15. « Il a décoché ses flèches, et les a dispersés (Id. 15) ». Il a envoyé les Évangélistes sur les ailes des vertus, et ils ont tracé dans leur vol des chemins droits, non par leurs propres forces, mais par la force de Celui qui les envoyait. Il a dispersé ceux à qui il les envoyait, de sorte qu’ils ont été aux uns une odeur de vie pour la vie, aux autres une odeur de mort pour la mort (II Cor. II, 16). « Il a multiplié ses foudres et les a jetés dans la stupeur ». Ses miracles nombreux les consternaient.

16. « Alors ont apparu les sources d’eau vive (Ps. XVII, 6) ». Alors apparurent ceux que leurs prédications changeaient en sources d’eau vive, rejaillissant jusqu’à la vie éternelle (Jean, IV, 14). « Et les fondements du monde ont été mis à découvert ». Alors a été connu ce qui demeurait caché dans les Prophètes, qui sont la base de ce monde rattaché à Dieu par la foi. « Au bruit de vos menaces, ô Dieu », quand (189) vous avez crié: « Le royaume de Dieu est proche de vous (Luc, X, 9)». « Au souffle bruyant de votre colère », ou quand vous avez dit: « Si vous ne faites pénitence, vous mourrez tous de la même manière (Id. XIII, 5) ».

17. « Il a envoyé d’en haut, et il m’a reçu », en appelant du milieu des Gentils cette Eglise qui est son héritage ou qui est sans tache et sans ride (Eph. V, 27); « Il m’a retiré du milieu des eaux », c’est-à-dire du milieu des peuples.

18. « Il m’a délivré de mes puissants ennemis (Ps. XVII, 18) ». Il m’a délivré de ces ennemis qui ont eu le pouvoir de m’affliger, et de troubler ma vie en ce bas monde. « Et de ceux qui me haïssaient, parce qu’ils l’emportaient sur moi (Ibid.), pendant que, soumis à leur domination, j’ignorais le Seigneur ».

19. « Ils m’ont prévenu au jour de mon affliction (Id. 19) ». Ils furent les premiers à me nuire pendant que je me fatiguais à porter un corps mortel. « Et le Seigneur fut mon appui », et comme l’amertume des misères avait ébranlé et même renversé la hase des terrestres plaisirs, le Seigneur m’a servi d’appui.

20. « Le Seigneur m’a conduit dans un lieu spacieux ». Comme j’étais à l’étroit, il m’a conduit dans les spirituelles ailleurs de la foi. « il ma sauvé à cause de sa bienveillance pour moi ». Avant même que je l’eusse choisi, il m’a délivré d’ennemis puissants, jaloux de mon amour pour lui, et de ceux qui me haïssent maintenant, parce que c’est lui que je veux posséder.

21. « Le Seigneur me rendra selon ma justice (Id. 21) ». li me rendra selon le mérite de ma bonne volonté, lui qui, le premier, a été miséricordieux pour moi, avant que j’eusse cette volonté. « Et il me traitera selon la pureté de mes mains »; c’est-à-dire, selon la pureté de mes actions, lui qui m’a donné le pouvoir de faire le bien, en m’introduisant dans les lieux spacieux de la foi.

22. « Parce que j’ai gardé les voies du Seigneur (Id. 22) », afin d’y trouver amplement ces bonnes œuvres qu’opère la foi, et le courage de persévérer.

23. « Je n’ai point commis l’iniquité contre mon Dieu, car j’ai devant les yeux tous ses jugements (Id. 23) ». Ces jugements, ou les récompenses des justes, les châtiments des pécheurs, les afflictions qui corrigent, les tentations qui éprouvent, voilà ce que j’ai continuellement sous les yeux. « Et je n’ai point repoussé de moi sa justice »; comme le font ceux qui succombent sous le fardeau, et retournent à leur vomissement.

24. « Je serai sans tache devant lui, et me garderai de toute iniquité (Ps. XVII, 24) ».

25. « Et le Seigneur me rendra selon ma justice (Id. 25) ». Non seulement à cause de l’ampleur de cette foi qui agit par l’amour (Galat. V, 6), mais à cause de ma longue persévérance; voilà pourquoi le Seigneur me rendra selon ma justice. « Et selon la pureté de mes mains qui est visible à ses yeux (Ps. XVII, 25) », car ses yeux ne voient point comme voient les hommes. « Ce qu’ils voient en effet, n’est que temporel, et ce qu’ils ne voient point est éternel ». C’est à ces hauteurs que s’élève l’espérance.

26. « Vous serez saint avec celui qui est saint ». Il y a une profondeur cachée qui fait comprendre que vous êtes saint avec celui qui est saint, parce que c’est vous qui le sanctifiez. « Que vous êtes innocent avec l’innocent (II Cor, IV, 18) ». Pour vous, en effet, vous ne nuisez à personne, mais chacun est garrotté par les chaînes de ses propres fautes (Ps. XVII, 26).

27. « Avec l’homme choisi vous serez choisi »; car l’homme de votre choix vous choisit à son tour. « Et pervers avec le pervers (Prov. V, 22) ». Aux yeux de l’homme injuste vous paraissez injuste; car il dit que la voie du Seigneur n’est pas droite (Ezéch. XVIII, 25), tandis que c’est la sienne qui est tortueuse.

28. « Vous sauverez la race des humbles (Ps. XVII, 28) ». L’homme pervers regarde comme une injustice que vous accordiez le salut à ceux qui confessent leurs péchés. « Et vous humilierez l’œil des superbes »; vous abaisserez ceux qui méconnaissent la justice de Dieu et veulent établir leur propre justice (Ps. Rom. X, 3).

29. « C’est vous, Seigneur, qui faites luire mon flambeau (Ps. XVII, 29) ». Car notre lumière ne vient pas de nous-mêmes: c’est vous, Seigneur, qui en allumez le flambeau. « C’est vous encore qui dissipez mes ténèbres ». Car nous sommes dans la nuit à cause de nos péchés, mais le Seigneur dissipera ces obscurités.

30. « C’est encore vous qui me délivrerez de la tentation (Id. 30) ». Je ne pourrais, sans vous, triompher de l’épreuve. « C’est en mon Dieu (190) que je franchirai la muraille ». Ce n’est point par ma puissance, mais par le secours de Dieu que je franchirai cette muraille que les péchés ont élevée entre les hommes et la Jérusalem céleste.

31. « Les voies de mon Dieu sont irréprochables (Ps. XVII, 31) ». Il ne vient point chez les hommes qu’ils n’aient d’abord purifié la voie de la foi, afin qu’il puisse venir en eux, lui dont les voies sont pures. « Ses paroles sont éprouvées par le feu », c’est-à-dire par le feu des afflictions. « Il est le protecteur de ceux qui espèrent en lui (Ibid.) ». Et ceux qui, loin d’espérer en eux-mêmes, espèrent en lui, ne seront point consumés par la tribulation, car l’espérance vient après la foi.

32. « Qui donc serait Dieu, sinon le Seigneur» que nous servons ? » « Qui est Dieu si ce n’est notre Dieu ? (Id. 32) » Qui est le vrai Dieu, sinon le Seigneur, que nous, ses enfants, devons posséder comme notre héritage, après l’avoir bien servi ?

33. « C’est le Dieu qui m’a revêtu de force (Id. 33) ». Le Dieu qui m’a donné une ceinture afin que je devinsse fort, et que la robe flottante des convoitises ne retardât point mes œuvres et mes démarches. « Et qui m’a aplani la voie de l’innocence ». Il a voulu m’aplanir la voie de la charité, afin que j’allasse à lui, comme j’ai dû aplanir la voie de la foi, par laquelle il vient à moi.

34. « Il a rendu mes pieds légers comme ceux du cerf (Id. 34) ». Il a rendu parfait cet amour qui me fera franchir les obstacles épineux et ténébreux de ce monde. « Il m’établira sur des lieux élevés ». Il fixera mes désirs dans le céleste séjour, afin que je sois rassasié de la plénitude de Dieu (Eph. III, 19).

35. « C’est lui qui dresse mes mains au combat (Ps. XVII, 35) ». Il me dresse à ces œuvres capables de vaincre ces ennemis qui s’efforcent de nous fermer le passage vers le royaume dès cieux. « Vous avez tendu mes bras comme un arc d’airain », puisque vous me rendez infatigable dans la volonté des bonnes œuvres.

36. « Vous m’avez protégé pour me sauver, votre main m’a soutenu (Id. 36) ». Votre main, c’est-à-dire votre grâce. « Vos leçons m’ont dirigé vers ma fin ». Vos châtiments ne me permettent point de m’égarer, et me redressent afin que je rapporte mes actions à cette fin qui doit m’unir à vous. « Cette leçon doit m’instruire encore », car vos sévérités me feront atteindre le but où elles me dirigent.

37. « Vous avez élargi la voie sous mes pas (Ps. XVII, 37) », et les voies étroites de la chair ne retarderont point ma course; car vous m’avez dilaté dans cette charité qui opère le bien avec joie, et à qui les membres et tout ce qu’il y a de mortel en moi servent d’instruments. « Mes pieds n’ont pas été vacillants », c’est-à-dire qu’il n’y a incertitude ni dans la voie que j’ai suivie, ni dans les traces que j’ai laissées à ceux qui veulent me suivre.

38. « Je poursuivrai mes ennemis, et les atteindrai (Id. 38) ». Je poursuivrai en moi les convoitises charnelles qui ne me captiveront plus, mais je les atteindrai pour les détruire. Et je ne retournerai point qu’elles ne soient détruites. Je ne cesserai cette poursuite et ne me donnerai de repos, qu’après avoir anéanti tout ce qui me nuit.

39. « Je les briserai, et ils ne pourront se soutenir ». Ils ne soutiendront pas mes attaques. « Ils tomberont sous mes pieds (Id. 39) ». Après les avoir abattus, je leur préférerai cet amour qui me fait marcher vers l’éternité.

40. « Vous m’avez revêtu de force pour le combat ». Vous avez relevé par la force la robe flottante de mes désirs charnels, afin que rien ne m’embarrasse dans ce combat. « Vous avez renversé à mes pieds ceux qui s’élevaient contre moi (Id. 39) ». Vous avez jeté dans l’erreur ceux qui me trompaient, et ils se sont trouvés sous mes pieds, ceux qui voulaient s’élever au-dessus de moi.

41. « Vous avez jeté derrière moi mes ennemis (Id. 41) ». C’est-à-dire, vous les avez convertis, et vous les avez placés derrière moi, en les portant à me suivre. « Vous avez dissipé ceux qui me haïssent ». Vous avez conduit à leur perte ceux qui ont persévéré dans leur haine.

42. « Ils ont crié, et nul ne pouvait les sauver (Id. 42) ». Qui pourrait sauver ceux que vous ne sauvez pas ? « Ils ont crié vers le Seigneur, qui ne les a point exaucés ». C’est bien au Seigneur et non à tout autre qu’ils ont adressé leurs prières, et il n’a point jugé dignes de ses faveurs ceux qui n’abandonnaient point leurs désordres. (191)

43. « Je les disperserai comme la poussière qu’emporte le vent (Ps. XVII, 43) ». Je les réduirai en poussière, car ils sont desséchés, n’ayant point reçu la rosée des divines miséricordes; et alors soulevés et enflés par l’orgueil, ils perdent l’inébranlable solidité de l’espérance, comme on est parfois secoué de dessus la terre qui est stable et ferme. « Je les détruirai comme la boue des rues ». Dans ces voies larges que suit le grand nombre, je ferai glisser, pour les perdre, les hommes de la luxure.

44. « Vous me délivrerez des contradictions du peuple (Id. 44) », c’est-à-dire des contradictions de ceux qui disent: « Si vous le renvoyez, chacun va le suivre (Jean, XI, 48) ».

45. « Vous m’établirez chef des nations, et voilà qu’un peuple que je n’avais pas connu, se range sous mes lois (Ps. XVII, 45) ». Ce peuple des Gentils que je n’ai point visité d’une manière corporelle, s’est rangé à mon culte. « Il m’a obéi quand il a entendu ma voix ». Il ne m’a point vu des yeux; mais en accueillant mes prédicateurs, il a obéi à l’appel de ma voix.

46. « Les fils de l’étranger ont menti contre moi (Id. 46) ». Des enfants, indignes de ce nom, ou plutôt des étrangers, à qui il est dit à juste titre : « Vous avez le diable pour père (Jean, VIII, 44) », ont menti contre moi. « Ces enfants étrangers ont vieilli ». Ces fils, devenus étrangers, que je voulais rajeunir en leur apportant le Nouveau Testament, sont demeurés dans le vieil homme. « Ils ont chancelé dans leurs voies ». Faibles sur un seul pied, parce qu’ils tenaient l’Ancien Testament, ils ont méprisé le Nouveau, et sont devenus boiteux; et même dans l’ancienne loi, ils suivaient plutôt leurs traditions que celles de Dieu. Ils faisaient un crime de ne point se laver les mains (Matt. XV, 2); telle était, en effet, la voie qu’ils s’étaient eux-mêmes tracée, qu’une longue habitude avait battue, loin du sentier des préceptes du Seigneur.

47. « Vive le Seigneur, et béni soit mon Dieu (Ps. XVII, 47) ». C’est mourir que vivre selon la chair (Rom. VIII, 6); car le Seigneur est vivant, et mon Dieu est béni. « Qu’il soit exalté, le Dieu de mon salut ». Que je n’aie pas sur le Dieu de mon salut des pensées trop terrestres; que je n’attende point de lui un salut temporel, mais bien des choses célestes.

48. « C’est vous, ô Dieu, qui savez me venger, et qui m’assujettissez les peuples (Ps. XVII, 48) ». C’est me venger, ô Dieu, que de les assujettir à mon joug. « Vous me délivrerez de ces ennemis furieux »; de ces Juifs qui crient: « Crucifiez-le, crucifiez-le (Jean, XIX, 6) »,

49. « Vous m’élèverez au-dessus de ceux qui se révoltent contre moi (Ps. XVII, 49) ». Vous m’élèverez par la résurrection au-dessus de ces Juifs qui persiflent mes douleurs. « Vous me sauverez de l’homme injuste », de leur inique domination.

50. « C’est pour cela, Seigneur, que je vous bénirai parmi les nations (Id. 50) ». C’est par moi, Seigneur, que les nations vous béniront comme leur Dieu. « Je chanterai votre nom ». Mes bonnes œuvres vous feront connaître au loin.

51. « Il célèbre le salut du roi qu’il a choisi (Id. 51) ». C’est Dieu qui nous fait admirer ces moyens de salut, que donne son Fils à ceux qui croient en lui. « Il fait miséricorde à son Christ ». C’est Dieu qui fait miséricorde à celui qui a reçu l’onction, « à David et à sa race dans l’éternité (Id. 52) », à ce libérateur dont la main puissante a vaincu le monde, et à ceux qu’il a engendrés à l’éternité par leur foi à l’Évangile. Toutes les paroles de ce psaume, qui ne pourraient s’approprier à Jésus-Christ ou au Chef de l’Eglise, doivent se rapporter à l’Eglise elle-même. Ces paroles sont de Jésus-Christ tout entier, de Jésus-Christ uni à ses membres. (192)




Dernière édition par Lumen le Sam 24 Avr 2021 - 12:48, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 24 Avr 2021 - 12:42

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Psaume 19 (18) - "Yahvé, soleil de justice"





Psaume 19 (18) - "Yahvé, soleil de justice" : Ps 19:1- 2 : Du maître de chant. Psaume. De David. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'œuvre de ses mains, le firmament l'annonce;...

Le psaume 19 (18 selon la numérotation latine) est attribué à David. Le psaume 18 (19) est souvent scindé en deux parties : Ps 18, 2-6 (Ps 18A) et Ps 18, 7-15 (Ps 18B). Dieu s'est en effet révélé successivement par un double témoignage : Le premier est celui de sa création (v. 2 à 6) et le second est celui de la Parole (v. 7 à 11).

Dans la liturgie des Heures, la partie A du psaume 18 est chantée aux laudes du lundi de la deuxième semaine (II) tandis que la partie B est chantée à l’office du milieu du jour du lundi de la première semaine (I).



Le Psaume 18 (19) en français   : "Les cieux racontent la gloire de Dieu"  (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 18, 01- Du maître de chant. Psaume. De David.
Ps 18, 02- Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'œuvre de ses mains, le firmament l'annonce;
Ps 18, 03- le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance.
Ps 18, 04- Non point récit, non point langage, nulle voix qu'on puisse entendre,
Ps 18, 05- mais pour toute la terre en ressortent les lignes et les mots jusqu'aux limites du monde. Là-haut, pour le soleil il dressa une tente,
Ps 18, 06- et lui, comme un époux qui sort de son pavillon, se réjouit, vaillant, de courir sa carrière.
Ps 18, 07- A la limite des cieux il a son lever et sa course atteint à l'autre limite, à sa chaleur rien n'est caché.
Ps 18, 08- La loi de Yahvé est parfaite, réconfort pour l'âme; le témoignage de Yahvé est véridique, sagesse du simple.
Ps 18, 09- Les préceptes de Yahvé sont droits, joie pour le cœur; le commandement de Yahvé est limpide, lumière des yeux.
Ps 18, 10- La crainte de Yahvé est pure, immuable à jamais; les jugements de Yahvé sont vérité, équitables toujours,
Ps 18, 11- désirables plus que l'or, que l'or le plus fin; ses paroles sont douces plus que le miel, que le suc des rayons.
Ps 18, 12- Aussi ton serviteur s'en pénètre, les observer est grand profit.
Ps 18, 13- Mais qui s'avise de ses faux pas ? Purifie-moi du mal caché.
Ps 18, 14- Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil, qu'il n'ait sur moi nul empire ! Alors je serai irréprochable et pur du grand péché.
Ps 18, 15- Agrée les paroles de ma bouche et le murmure de mon cœur, sans trêve devant toi, Yahvé, mon rocher, mon rédempteur !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.




Caeli Enarrant Gloriam Dei: Ps.18 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.

Le Psaume 18 (19) en latin : "caeli enarrant gloriam Dei"

Ps 18, 01 : In finem psalmus David
Ps 18, 02 : caeli enarrant gloriam Dei et opera manuum eius adnuntiat firmamentum
Ps 18, 03 : dies diei eructat verbum et nox nocti indicat scientiam
Ps 18, 04 : non sunt loquellae neque sermones quorum non audiantur voces eorum
Ps 18, 05 : in omnem terram exivit sonus eorum et in fines orbis terrae verba eorum
Ps 18, 06 : in sole posuit tabernaculum suum et ipse tamquam sponsus procedens de thalamo suo exultavit ut gigans ad currendam viam suam;
Ps 18, 07 : a summo caeli egressio eius et occursus eius usque ad summum eius nec est qui se abscondat a calore eius
Ps 18, 08 : lex Domini inmaculata convertens animas testimonium Domini fidele sapientiam praestans parvulis
Ps 18, 09 : iustitiae Domini rectae laetificantes corda praeceptum Domini lucidum inluminans oculos
Ps 18, 10 : timor Domini sanctus permanens in saeculum saeculi iudicia Domini vera iustificata in semet ipsa
Ps 18, 11 : desiderabilia super aurum et lapidem pretiosum multum et dulciora super mel et favum
Ps 18, 12 : etenim servus tuus custodit ea in custodiendis illis retributio multa
Ps 18, 13 : delicta quis intellegit ab occultis meis munda me
Ps 18, 14 : et ab alienis parce servo tuo si mei non fuerint dominati tunc inmaculatus ero et emundabor a delicto maximo
Ps 18, 15 : et erunt ut conplaceant eloquia oris mei et meditatio cordis mei in conspectu tuo semper Domine adiutor meus et redemptor meus.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


PSAUME 18 (1): LE VERBE DE DIEU

Sous le voile de l’allégorie, le Prophète célèbre la prédication de l’Evangile, qui est la parole du Verbe confiée aux Apôtres, et par les Apôtres répandue par toute la terre, où elle opère des oeuvres de conversion. Condition de cette conversion ou renoncement au péché.

POUR LA FIN, PSAUME POUR DAVID (Ps. XVIII).


1. Ce titre nous est connu: et ce n’est point Jésus-Christ Notre Seigneur qui parle dans ce psaume, mais c’est de lui qu’il est question.

2. « Les cieux annoncent la gloire de Dieu (Id. 2) ». Les saints évangélistes, en qui Dieu habite comme dans les cieux, nous prêchent la gloire de Jésus-Christ, ou cette gloire que le Fils vivant ici-bas a rendue à son Père. « Et le firmament publie les œuvres de ses mains (Ibid.)». Elle publie les œuvres merveilleuses du Seigneur, cette force de l’Esprit-Saint qui est devenue un firmament et un ciel, après avoir été une terre faible, sous l’influence de la crainte.

3. « Le jour parle au jour (Id.3) ». L’esprit découvre à l’homme spirituel, et dans sa plénitude, cette immuable sagesse de Dieu, ce Verbe qui est Dieu, et qui est en Dieu dès le commencement (Jean, I, 1). « Et la nuit enseigne la nuit ». Et cette chair mortelle qui insinue la foi aux hommes charnels, comme s’ils étaient fort éloignés, leur annonce la science qui vient après la foi.

4. «Il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel on n’entende ces voix (Ps. VIII, 4). Qui n’a pas entendu ces voix des évangélistes, prêchant 1’Évangile en toute langue ?

5. « Ce bruit s’est répandu par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités du monde (Id. 5) ».

6. « C’est dans le soleil qu’il a établi son pavillon (Id. 6) ». Le Seigneur, venant livrer bataille aux puissances temporelles de l’erreur, et apporter ici-bas le glaive et non la paix (Matt. X, 34), s’est fait connaître dans le temps, ou a manifesté le mystère de son incarnation, qui était pour lui comme une tente militaire. « Il a été comme un époux qui sort du lit nuptial». Il est sorti du sein de la vierge, où il a contracté avec la nature humaine de saintes épousailles. « Comme le géant, il s’est élancé dans sa carrière ». Il s’est élancé dans sa force, précédant les autres hommes dans son incomparable puissance, non pour demeurer dans sa voie, mais pour la parcourir. « Car il ne s’est point arrêté dans la voie des pécheurs (Ps. I, 1). »

7. « Il part du haut des cieux », ou plutôt il nous vient du Père, non point d’une manière temporelle, mais par une génération éternelle. « Et sa course aboutit au sommet des cieux (Ps. XVIII, 7)». Et parce qu’il est pleinement Dieu, il arrive à l’égalité de son Père. « Et nul ne se dérobe à ses feux », car le Verbe divin s’étant fait chair, et s’étant revêtu de notre mortalité pour habiter parmi nous (Jean, I, 14), n’a permis à aucun homme de prendre pour excuses les ombres de la mort, puisque la mort elle-même a ressenti la chaleur du Verbe.

8. « La loi du Seigneur est sans tache, elle convertit les âmes (Ps. XVIII, 8.) ». La loi du Seigneur est donc celui-là même qui est venu perfectionner la loi et non la détruire(Matt. V, 7). Il est une loi pure, lui qui n’a point commis le péché, dont la bouche n’a point proféré le mensonge (I Pierre, II, 22); qui n’accable point les âmes sous le joug de la servitude, mais qui les amène librement à l’imiter. « Le témoignage du Seigneur est fidèle, il donne la sagesse aux petits (Ps. XVIII, 8.) ». Ce témoignage est fidèle, parce que nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et ceux à qui le Fils a voulu le révéler (Matt. XI, 27). Ce qui est caché pour les sages, et révélé aux petits; (193) parce que Dieu résiste aux superbes et donne la grâce aux humbles (Jacob IV, 6).

9. « Les jugements du Seigneur sont droits, ils réjouissent les cœurs (Ps. XVIII, 9)». Tous les jugements du Seigneur sont droits en celui qui n’a rien enseigné, qu’il ne l’ait fait lui-même afin que ceux qui devaient l’imiter, fussent dans la joie du cœur, et pussent agir, non plus avec une crainte servile, mais avec la liberté de l’amour. « Le précepte du Seigneur est lumineux, il éclaire les yeux ». Ce précepte lucide, que ne cache point le voile des cérémonies charnelles, éclaire les yeux de l’homme intérieur.

10. « La crainte du Seigneur est chaste, elle demeure dans le siècle des siècles (Id. 10) ». Cette crainte du Seigneur n’est plus celle qui était un châtiment sous la loi, et qui appréhende la perte de ces biens temporels dont l’amour est pour notre âme une fornication; mais c’est une crainte chaste, qui porte l’Eglise à éviter ce qui peut offenser son époux avec un soin qui égale son amour pour lui: or, l’amour parfait ne bannit point cette crainte (I Jean, IV, 18), qui demeure éternellement.

11. « Les jugements du Seigneur sont véritables; ils se justifient par eux-mêmes (I Ps. XVIII, 10) ». Les jugements de celui qui ne juge personne par lui-même, et qui a donné tout jugement au Fils (Jean, V, 22), sont véritablement d’une justice immuable. Car Dieu ne trompe ni dans ses menaces ni dans ses promesses; et nul ne peut soustraire l’impie aux supplices, ni le juste aux récompenses. « Ils sont plus désirables que l’or et que les pierres précieuses. — Beaucoup (Ps. XVIII, 1) », soit que « beaucoup » désigne de l’or et des pierres précieuses en grande quantité, ou l’or qui est beaucoup précieux, ou beaucoup désirable; néanmoins les jugements de Dieu sont préférables aux pompes de ce monde, dont le désir fait qu’on ne désire plus, mais qu’on redoute, ou qu’on méprise, ou que l’on ne croit plus les jugements de Dieu. Si chaque fidèle, à son tour, est un or pur ou une pierre précieuse, inaltérable au feu et réservé pour les trésors du Seigneur, alors il aime les jugements de Dieu plus que lui-même, et préfère à sa propre volonté, celle de Dieu. « Ils sont plus doux que le miel dans son rayon ». Que l’âme fidèle soit ce miel exquis, et que déjà dégagée des biens de la vie, elle attende le jour du festin du Seigneur; ou qu’elle ne soit encore qu’un rayon de miel, enveloppée encore dans cette vie, comme dans les alvéoles qu’elle remplit sans s’y attacher, ayant besoin que la main de Dieu la presse, non pour l’accabler, mais pour l’exprimer comme un miel, et la faire passer du temps à l’éternité, alors les jugements de Dieu seront pour elle plus doux qu’elle ne l’est elle-même; car ils sont plus délicieux que le miel et que le rayon.

12. « Pour votre serviteur, il observe ces lois (Ps. XVIII, 12) », et 1e jour du Seigneur sera bien amer pour quiconque les méprise. « On trouve, à les pratiquer, une ample récompense (Ibid.) »; et cette ample récompense n’est dans aucun autre avantage extérieur que dans la pratique même des préceptes du Seigneur; elle est grande, parce que cette pratique porte en elle-même sa joie.

13. « Qui peut connaître ses égarements (Id. 13)?» Et dans ces égarements, quelle douceur peut. on trouver, puisqu’il n’y a point d’intelligence ? Comment, en effet, comprendre ces égarements, quand ils obscurcissent l’œil de cette âme qui fait ses délices de la vérité, qui trouve doux et dignes d’envie, les jugements de Dieu ? Comme les ténèbres nous ferment les yeux, les péchés sont pour l’esprit un bandeau qui lui dérobe et la lumière et eux-mêmes.

14. « Purifiez-moi, Seigneur, de ce qui est caché en moi (Ibid.) ». Seigneur, délivrez-moi de ces convoitises qui se cachent en mon coeur. « Préservez votre serviteur des péchés des autres », afin que les autres ne me séduisent point. Car l’homme purifié de ses fautes ne se laisse point prendre aux péchés des autres, Préservez donc des étrangères convoitises, non l’homme superbe qui cherche l’indépendance, mais moi, votre serviteur. « Si elles ne me tyrannisent plus, alors je serai sans tache (Id. 14) ». Assurément, je serai sans tache, si mes passions, ni celles des autres ne me tyrannisent. Car il n’y a pas une troisième source de péché, après cette suggestion intérieure qui fit tomber le diable, et cette suggestion extérieure qui séduisit l’homme et devint son péché par le consentement qu’il y donna. « Et je serai pur d’un grand péchés. De quel autre péché, sinon de l’orgueil? Il n’y a pas de plus grand crime que de se séparer (194) de Dieu, et tel est le commencement de l’orgueil chez l’homme (Eccli. X, 14). Il est vraiment sans tache celui qui n’a pas même ce péché, qui est pour nous le dernier quand nous revenons à Dieu, comme il a été le premier quand nous l’avons abandonné.

15. « Et alors les paroles de ma bouche vous seront agréables, et les pensées de mon cœur seront toujours en votre présence (Ps. XVIII, 15) ». Mon coeur ne recherchera plus cette vaine gloire de plaire aux hommes, puisqu’il n’y a plus en moi nul orgueil; mais je le tiendrai toujours en votre présence, car vous voyez les cœurs purs. « Seigneur, vous êtes mon soutien et mon rédempteur ». Vous êtes mon soutien quand je me dirige vers vous, et c’est pour que j’aille à vous que vous m’avez racheté. Quiconque ose attribuer à sa propre sagesse de s’être tourné vers vous, ou à ses forces d’arriver à vous, n’en sera que rejeté plus loin, puisque vous résistez aux superbes (Jacob, IV, 6) et il n’est point exempt de cette faute principale, ni agréable à vos yeux, Seigneur, qui nous rachetez afin que nous nous convertissions à vous, et qui nous aidez afin que nous parvenions auprès de vous.




PSAUME 18 (2): LE VERBE DE DIEU

Dans ce second discours saint Augustin tire les conséquences morales et pratiques de l’exposé précédent: 1° quant à la grâce de Dieu qui nous est acquise par les mérites de Jésus Christ; 2° quant à l’unité et à la visibilité de l’Eglise, contre les hérétiques; 3° quant aux dispositions qu’exige de nous la vraie conversion.


1. Après avoir supplié le Seigneur de nous purifier de nos fautes ignorées, de préserver ses serviteurs des péchés des autres, il nous faut comprendre le sens de cette prière, afin de chanter en esprit les louanges du Seigneur, en hommes raisonnables, et non comme les oiseaux; car on voit chaque jour le merle et le perroquet, le corbeau et la pie, apprendre des hommes à former des sons qu’ils ne comprennent point. Mais Dieu a bien voulu faire à l’homme le don de comprendre ce qu’il chante; et c’est avec douleur que nous voyons tant d’impies et de libertins exhaler des chants dignes de leurs oreilles et de leurs cœurs d’autant plus coupables en cela qu’ils ne peuvent ignorer ce qu’ils chantent. Car ils savent que leurs chants sont criminels, et néanmoins ils les redisent avec une allégresse d’autant plus vive qu’elle est plus immonde, et ils se croient d’autant plus joyeux qu’ils sont plus lubriques. Pour nous, qui avons appris à chanter dans l’Eglise les cantiques divins, nous devons nous efforcer d’atteindre cette perfection ainsi formulée: « Bienheureux le peuple qui entend la louange (Ps. LXXXVIII, 16) ». Il faut donc, mes bien-aimés, étudier et comprendre avec le calme du cœur, ce que nous avons chanté à l’unisson des voix. Chacun de nous, dans ce cantique, a supplié le Seigneur, et a dit à Dieu: « Purifiez-moi, Seigneur, de mes fautes cachées, préservez votre serviteur des péchés des autres. Si je n’en ressens point la tyrannie, je serai sans tache, et pur d’un grand péché (Ps. XVIII, 13, 14) ». Pour bien comprendre le sens et la portée de ces paroles, voyons rapidement, et avec le secours de Dieu, le texte du psaume.

2. C’est une allégorie du Christ, et nous le voyons clairement dans ces paroles: « Il est sorti comme l’époux de son lit nuptial (Id. 16) ». Quel est cet époux, sinon celui à qui l’Apôtre a fiancé une vierge? et dans ses chastes sollicitudes, ce fidèle ami de l’époux craint que, comme Bye fut séduite par les artifices du serpent, les sens de cette virginale épouse du Christ ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté qui est dans le Christ (II Cor. XI, 3). C’est donc (195) en ce même Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur que Dieu a mis ces trésors, cette plénitude de la grâce dont l’Apôtre saint Jean nous a dit: « Nous avons vu sa gloire, comme la gloire que reçoit de son Père le Fils unique, plein de grâce et de vérité (Jean, I, 14). C’est cette gloire que racontent les cieux ». Car les cieux, ce sont les saints, élevés au-dessus de la terre, et qui portent le Seigneur; et toutefois le ciel a raconté la gloire du Christ, à sa manière. Quand l’a-t-il racontée? Quand, à la naissance de ce même Sauveur, il fit paraître une étoile nouvelle, et jusqu’alors inconnue. Il est néanmoins d’autres cieux plus véritables et plus sublimes, dont il est dit dans un verset suivant : « Il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel on n’entende leurs voix. Ce bruit s’est fait entendre par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités du monde (Ps. XVIII, 4) ». De qui ces paroles, sinon des cieux? et de quels cieux, sinon des Apôtres ? Ce sont eux qui redisent à la louange de Dieu, cette grâce que Dieu a mise en Jésus-Christ pour la rémission des péchés. « Car tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu; ils sont justifiés gratuitement par le sang de Jésus-Christ (Rom. III, 23) ». Comme c’est gratuitement, c’est donc une grâce, car il n’y a point de grâce qui ne soit gratuite. Nous n’avions fait aucune bonne oeuvre qui nous méritât ces dons de Dieu, et même ce n’eût pas été gratuitement qu’il nous eût infligé un supplice; de là vient que ses bienfaits pour nous sont gratuits. Dans notre vie passée, nous n’avions mérité rien autre chose qu’un juste châtiment. Dieu donc, non plus à cause de notre justice, mais par un effet de sa miséricorde, nous a sauvés par le bain de la régénération (Tit. III, 5). C’est là, dis-je, la gloire de Dieu que racontent les cieux; car tu n’as rien fait de bon, et néanmoins tu as reçu ces biens immenses. Si donc tu as une part à cette grâce que les cieux ont chantée, tu dois dire au Seigneur ton Dieu: « Il est mon Dieu, puisqu’il me prévient par sa miséricorde (Tit. III, 5) ». C’est lui en effet qui t’a prévenu, et tellement prévenu, qu’il n’a rien trouvé de bon en toi. Tu avais prévenu ses châtiments par ton orgueil, et il a prévenu ton supplice en effaçant tes péchés. En toi donc, le pécheur est devenu juste, l’impie est sanctifié, le damné recouvre ses droits au ciel; aussi dois-tu dire à Dieu: « Ce n’est point à nous, Seigneur, non ce n’est point à nous, mais à votre nom, qu’il faut en attribuer la gloire (Ps. CXIII, 9) ». Disons bien « Non pas à nous », à qui la donnerait-il, s’il nous considérait ? Encore une fois, disons: « Non pas à nous, Seigneur». S’il nous traitait selon nos mérites, il ne trouverait pour nous que des peines. « Que son nom donc soit glorifié, et non point nous, parce qu’il ne nous a point traités selon nos fautes (Id. CII, 10).» Ne nous la donnez donc point, Seigneur, ne nous la donnez point. Cette répétition fortifie la pensée. « Ce n’est point à nous, Seigneur, mais à votre nom, qu’il faut donner la gloire ». C’est ce que comprenaient ces cieux qui ont chanté la gloire de Dieu.

3. « Et le firmament publie l’ouvrage de ses mains (Ps. XVIII, 2) ». Cette expression: « La gloire de Dieu », est répétée dans cette autre: « L’ouvrage de ses mains ». Quels sont les ouvrages de ses mains? N’allons pas croire avec plusieurs, que Dieu a tout fait de sa parole, mais que l’homme, créature supérieure aux autres, est l’ouvrage de ses mains. Loin de nous cette pensée qui est basse et peu exacte, car Dieu a tout fait par son Verbe. Bien que l’Ecriture nous expose les oeuvres si diverses du Créateur, et nous dise qu’il fit l’homme à son image; tout néanmoins a été fait par son Verbe, et sans lui rien n’a été fait (Jean, I, 3). Quant aux mains de Dieu, il est dit encore: « Les cieux sont l’oeuvre de ses mains (Ps. CI, 16) », et pour que vous ne confondiez pas ces cieux avec les saints, le Prophète ajoute: « Pour eux, ils périront, mais vous, Seigneur, vous demeurez (Id. 27) ». Donc, non seulement les hommes, niais aussi les cieux qui doivent périr, sont l’ouvrage des mains de Dieu, à qui il est dit: « Les cieux sont l’oeuvre de vos mains ». C’est encore ce qui est dit de la terre: « La mer est à lui puisqu’elle est son ouvrage, et ses mains ont fait une base à la terre (Id. XCIV, 5) ». Donc s’il a fait le ciel de ses mains, la terre de ses mains, l’homme n’est pas seul l’oeuvre de ses mains; mais s’il a fait le ciel par son Verbe, la terre par son Verbe, il a fait aussi l’homme par son Verbe. L’oeuvre du Verbe est l’oeuvre de sa main, comme l’oeuvre de sa main est celle de son Verbe. Dieu n’a point comme nous des membres qui (196) dessinent sa force, puisqu’il est tout entier en tout lieu, et n’a point de limite. L’oeuvre de son Verbe est l’oeuvre de sa sagesse, et l’oeuvre de sa main celle de sa puissance. « Or, le Christ est la puissance de Dieu, comme la sagesse de Dieu (I Cor. I, 24); et c’est par lui que tout a été fait, et rien n’a été fait sans lui (Jean, I, 3) ». Les cieux donc ont raconté la gloire de Dieu, la redisent encore et la rediront toujours. Oui, ils chanteront la gloire de Dieu, ces cieux, ou plutôt ces saints qui sont élevés au-dessus de la terre, qui portent le Seigneur, qui font retentir ses préceptes et briller sa sagesse; ils raconteront cette gloire du Seigneur qui nous a sauvés malgré notre indignité. Il reconnaît cette indignité, ou la gloire dont nous ne sommes pas dignes, ce fils le plus jeune, que presse l’indigence; il reconnaît cette indignité, ce jeune homme qui s’éloigne de son père, pour adorer les démons et faire paître les pourceaux; il reconnaît la gloire de Dieu, mais quand l’indigence le presse. Et comme cette gloire nous a faits ce que nous n’étions pas dignes d’être, il dit à son père: «Je ne suis pas digne d’être appelé votre fils (Luc, XV, 21) ». Il est dans le malheur, et l’humilité lui obtient le bonheur; et il s’en montre digne parce qu’il s’en confesse indigne. Telle est «la gloire de Dieu, qu’annoncent les cieux, cet l’oeuvre de ses mains, que prêche le firmament ». Ce ciel firmament, c’est le cœur du juste dans sa force, étranger à la crainte. Ces œuvres donc ont été prêchées parmi les impies, parmi les antagonistes de Dieu, parmi ces hommes épris du monde et persécuteurs des justes; oui, dans ce monde frémissant de rage, Mais que pouvait le monde avec sa rage, quand c’était le firmament qui les prêchait ? « Le firmament prêche », et que prêche-t-il ? « Les œuvres de ses mains ». Quelles sont, les œuvres de ses mains ? Cette gloire de Dieu qui nous a sauvés, et qui nous a créés dans les bonnes couvres. « Car c’est par lui, et non par nous-mêmes (Ps. XCIX, 3), que nous sommes non seulement hommes, mais justes », si tant est que nous soyons justes.

4. « Le jour parle au jour, et la nuit instruit la nuit (Ps. XVIII, 3) ». Qu’est-ce à dire ? On comprend facilement peut-être: « Le jour parle au jour », aussi facilement et aussi clairement que le jour. Mais « que la nuit instruise la nuit », voilà qui est ténébreux comme la nuit. Ce jour qui parle au jour, c’est le saint qui parle aux saints, l’Apôtre aux fidèles, le Christ aux Apôtres, et qui leur dit: « Vous êtes la lumière du monde (Matt. V, 14) ». Voilà qui paraît clair et facile à comprendre. Mais comment « la nuit peut-elle instruire la nuit ? ». Quelques-uns l’ont pris à la lettre, et c’est peut-être le vrai sens; selon eux, la science que les Apôtres ont recueillie de Jésus-Christ pendant son séjour sur la terre, ils l’ont transmise à leurs successeurs de siècle en siècle. Le jour parle donc au jour, et la nuit à la nuit; le premier jour au jour suivant, la première nuit à la nuit qui succède; parce que cette doctrine est annoncée jour et nuit. Celui-là peut se contenter de cette explication si simple qui la trouve suffisante. Mais l’obscurité de certains passages des saintes Écritures a eu cet avantage de produire plusieurs interprétations. Si donc ces paroles étaient claires, vous n’y trouveriez qu’un sens unique; et parce qu’il est obscur, vous en entendrez plusieurs. On explique autrement: « Le jour parle au jour et la nuit à la nuit », c’est-à-dire l’esprit à l’esprit, et la chair à la chair. Puis encore: « Le jour qui parle au jour », figurerait l’homme spirituel parlant à ceux qui vivent selon l’esprit; et « la nuit à la nuit », l’homme charnel aux hommes charnels. Les uns et les autres entendent cette parole, mais ne la goûtent pas également, Pour les uns, c’est une parole prêchée; pour les autres, une science que l’on annonce. Car prêcher n’a lieu que pour ceux qui sont présents, annoncer pour ceux qui sont éloignés. On pourrait trouver aux cieux d’autres significations, mais le peu de temps qui nous reste, nous force d’en rester là; donnons toutefois une explication, que plusieurs ont donnée comme une conjecture. Selon eux, quand Notre Seigneur Jésus-Christ parlait aux Apôtres, le jour parlait au jour; et quand Judas trahissait le Christ, la nuit donnait la science à la nuit.

5. « Il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel cette voix ne se fasse entendre (Ps. XVIII, 4)». De qui cette voix, sinon des cieux qui racontent la gloire de Dieu? « li n’est « point d’idiome, point de langage, dans lequel cette voix ne se fasse entendre». Lisez, dans les actes des Apôtres, comment ils furent (197) tous remplis de l’Esprit-Saint qui descendait sur eux: et comme ils parlaient en toutes les langues, selon que l’Esprit-Saint les faisait parler (Act. II, 4). Voilà comment. « il n’est point d’idiome, point de langage, dans lequel leur voix ne se fasse entendre ». Et non seulement leur voix a retenti dans l’endroit où ils avaient reçu l’Esprit-Saint, mais « elle a parcouru toute la terre, et leurs prédications ne s’arrêtent qu’aux extrémités du monde ». De là vient que nous prêchons ici. Car cette voix qui a parcouru toute la terre est venue jusqu’à nous, et la parole de l’hérésie n’entre point dans l’Eglise. Cette voix donc a parcouru toute la terre, afin de vous faire entrer dans le ciel. O esprit de pestilence, de contention, de méchanceté, et qui te plais dans l’erreur! écoute, ô fils orgueilleux, le testament de ton père. Le voici, quoi de plus clair et de plus net? «Le bruit de leur voix a parcouru toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux confins du monde ». Est-il besoin d’aucun éclaircissement? Pourquoi tourner tes efforts contre toi-même? Tu veux contester pour retenir une partie, quand la paix te mettrait en possession du tout.

6. « Il a établi son tabernacle dans le soleil (Ps. XVIII, 5) »; en mettant son Eglise en évidence et en grand jour, non dans l’obscurité, non dans le mystère et sous un voile, de peur qu’elle ne se dérobât comme les assemblées des hérétiques (Cant. I, 6, selon les LXX.)». Il est dit à un coupable dans 1’Ecriture sainte: « Parce que tu as péché dans le secret, tu seras châtié au grand jour (II Rois, XII, 12) »: c’est-à-dire que sous les yeux de tous tu subiras le châtiment de ta faute commise dans le secret. « Il a donc établi son tabernacle dans le soleil ». Pourquoi dès lors, enfant de l’hérésie, t’enfuir dans les ténèbres? Es-tu chrétien? écoute Jésus-Christ. Es-tu serviteur? écoute le maître. Es-tu fils? écoute un père: corrige-toi, reviens à la vie. Que nous puissions dire de toi: Il était mort et il est ressuscité, il était perdu et il est retrouvé. Garde-toi de me dire: Pourquoi me chercher, si je suis perdu? car c’est précisément parce que tu es perdu que je te cherche. Ne me cherchez point, dira-t-il. Tel est le voeu de l’iniquité qui nous divise, mais non de la charité qui nous fait frères. Je ne serais point criminel si je cherchais un serviteur, et l’on me fait un crime de chercher mon frère ! Que telle soit la sagesse de celui qui n’a point la charité fraternelle, pour moi, je recherche mon frère. Qu’il s’irrite, il n’en faut pas moins le chercher, il s’apaisera si nous le retrouvons. Je cherche donc mon frère, et j’en appelle au Seigneur mon Dieu, non contre lui, mais en sa faveur. Et nia prière ne sera point: Dites, Seigneur, à mon frère qu’il divise l’héritage avec moi, mais bien: Dites à mon frère qu’il jouisse avec moi de tout l’héritage (Luc, XII, 13). Pourquoi donc errer de la sorte, ô mon frère? Pourquoi fuir dans les lieux écartés? Pourquoi ces efforts pour vous cacher? « Dieu a placé son tabernacle dans le soleil. Il est comme le jeune époux qui sort du lit nuptial (Ps. XVIII, 6) ». Sans doute qu’il ne vous est pas inconnu « cet époux qui sort du lit nuptial, qui s’élance comme un géant pour parcourir sa carrière », c’est lui « qui a placé dans le soleil son tabernacle »; c’est-à-dire que le Verbe s’étant fait chair (Jean, I, 15) a trouvé, comme le jeune époux, un lit nuptial dans le sein d’une vierge; et alors uni à la nature humaine, il est sorti comme d’un lit très-chaste, plus humble que tous dans sa miséricorde, plus fort que tous dans sa majesté: de là vient « qu’il a bondi comme un géant dans sa carrière »; naître, grandir, enseigner, souffrir, ressusciter, monter aux cieux, c’est là courir et non s’arrêter dans la voie. Le même époux qui a fait tout cela, a donc placé dans le soleil, ou dans l’évidence, son tabernacle, qui est son Eglise.

7. Voulez-vous connaître cette voie qu’il a parcourue avec tant de vitesse? « Il part du haut des cieux, pour retourner jusqu’à leur sommet (Ps. XVIII, 7) ». Mais après qu’il en est descendu, et qu’il y est retourné dans sa course rapide, il a envoyé son Esprit. On vit, sur chacun de ceux qui le reçurent, comme des langues de feu qui se divisaient (Act. II, 3) ». L’Esprit-Saint est donc venu comme un feu, qui doit consumer la chair comme une paille desséchée, et purifier l’or dans le creuset. Il est donc venu comme un feu; aussi est-il dit que « nul ne se dérobe à son embrasement ».

8. « La loi du Seigneur est pure, elle convertit les âmes ». C’est là l’Esprit-Saint. « Le témoignage du Seigneur est fidèle, il donne la sagesse aux petits (Ps. XVIII, 8.) »; non pas aux superbes. Tel est encore l’Esprit-Saint.

9. « Les jugements du Seigneur sont droits»; ils portent « dans les coeurs la joie n et non la crainte. C’est l’oeuvre de l’Esprit-Saint. « Le précepte du Seigneur est lumineux, il éclaire les yeux (Id. 7) » sans les éblouir; non les yeux de la chair, mais les yeux du cœur; non ceux de l’homme extérieur, mais de l’homme spirituel. Tel est encore l’effet de l’Esprit-Saint.

10. « La crainte du Seigneur n n’est pas servile, mais chaste »; elle aime gratuitement ce qu’elle appréhende; ce n’est point le châtiment de celui qu’elle redoute, mais la séparation de celui qu’elle aime. Telle est la crainte chaste qui ne disparaît pas devant la charité parfaite (Jean, IV, 18), mais « qui demeure dans le siècle des siècles ». C’est là l’Esprit-Saint, ou plutôt, c’est lui qui la donne, qui la répand dans nos âmes, qui la greffe en nous. « Les jugements du Seigneur sont vrais, et se justifient par eux-mêmes (Ps. XVIII, 10) », sans porter aux querelles, mais à nous unir dans la paix; c’est ce que signifie « en eux-mêmes ». Tel est encore l’effet du Saint-Esprit. Aussi, ceux qui le reçurent à sa première descente, reçurent-ils aussi le don des langues, pour nous montrer par là qu’il ramènerait à l’unité toutes les langues de la terre. L’unité de l’Eglise parle en toutes les langues, et continue aujourd’hui cette merveille d’un seul homme qui s’exprimait alors dans la langue de tous (Act. II, 4), après avoir reçu l’Esprit-Saint. Aujourd’hui c’est encore un seul homme qui parle à toutes les nations et dans toutes les langues, un seul homme, c’est-à-dire la tête et le corps, un seul homme, qui est le Christ et l’Eglise, l’homme parfait, l’époux et l’épouse. « Ils seront deux dans une même chair (Gen. II, 24) », a dit l’Ecriture. « Les jugements de Dieu sont véritables, ils se justifient par eux-mêmes », à cause de l’unité.

11. « Ils sont plus désirables que l’or et que les pierres précieuses. Beaucoup (Ps. XVIII, 11) ». Ce «beaucoup » signifie beaucoup d’or, ou beaucoup précieuses, ou beaucoup désirables; mais beaucoup, c’est peu pour l’hérétique. Ils n’aiment pas avec nous id ipsum ou l’unité, et avec nous ils confessent le Christ. Mais ce Christ que tu confesses avec moi, aime-le donc avec moi. Et celui qui ne veut point l’unité, qui refuse, qui regimbe, qui méprise, celui-là ne la croit point préférable à l’or et aux pierres précieuses. Ecoutez encore: « Ils sont »; dit le Prophète, « plus doux que le miel et que le rayon ». Mais ceci condamne celui qui s’égare. Le miel est amer pour une bouche fiévreuse, quelque douceur qu’il ait pour une bouche en santé, parce qu’il est précieux pour l’homme qui se porte bien. « Ils sont donc plus désirables que l’or et que les pierres les plus précieuses, plus doux que le miel et que le rayon de miel ».

12. « Aussi votre serviteur les observe-t-il », et en éprouve-t-il ainsi la douceur, non plus en paroles, mais en pratique. Votre serviteur les garde parce qu’ils sont doux en cette vie et utiles pour l’autre vie. « Il trouve à les garder une ample récompensez». Mais dominé par son obstination, l’hérétique ne peut voir cette lumière, ni goûter cette douceur.

13. « Qui peut connaître ses péchés ? — Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font (Luc, XVIII, 34) ». Celui-là donc, dit le Prophète, est votre serviteur, qui peut goûter une semblable douceur, qui a cette tendresse de charité, cet amour de l’unité. Et moi qui la goûte, poursuit le Prophète, je vous en supplie, qui peut en effet connaître ses fautes? Que jamais en moi, nulle faiblesse ne se glisse chez l’homme, et que cet homme ne se laisse point séduire. « Purifiez-moi, Seigneur, des fautes qui m’échappent ». Nous l’avons chanté, nous y arrivons dans nos explications. Disons donc avec intelligence : Chantons et comprenons, prions en chantant, afin que notre prière soit exaucée; disons: « Purifiez-nous, Seigneur, des fautes qui nous échappent ». Qui peut connaître ses péchés ? On ne peut les comprendre qu’en voyant ses ténèbres, et nous ne sommes enfin dans la lumière que quand nous nous repentons de nos fautes. Un homme qui se roule encore dans le péché, ne peut voir ce péché, tant ses yeux sont obscurcis et fermés; que l’on vous mette, en effet, un bandeau sur les yeux du corps, vous ne voyez plus rien, pas même le bandeau. Adressons-nous donc à Dieu, qui sait voir en nous ce qu’il doit purifier, et pénétrer ce qu’il doit guérir, et disons-lui « Purifiez-moi, Seigneur, de mes fautes cachées, épargnez à votre serviteur les péchés des autres ». Mes péchés, dit-il, me souillent, et ceux des autres me contristent; épargnez-moi les uns et purifiez-moi des autres. Enlevez de mon cœur toute pensée mauvaise, éloignez de moi ce qui inspire le mal. Voilà ce que signifie: « Purifiez-moi de mes fautes cachées, épargnez à votre serviteur les péchés des autres (Ps. XVIII, 14) ». Telles sont en effet les deux sortes de péchés qui ont paru d’abord, au commencement du monde, les nôtres et ceux des autres. Le diable est tombé par son propre péché (Isa. XIV, 12), Adam par celui d’un autre (Gen. III). De là vient que le serviteur de Dieu, qui observe les jugements de Dieu et y trouve une ample récompense, prie ainsi dans un autre psaume: « Que l’orgueil n’entre point en moi; que la main du pécheur ne m’ébranle point (Ps. XXXV, 12) ». « Que l’orgueil donc n’entre point en moi », c’est-à-dire, purifiez-moi de mes fautes cachées; et que la main du pécheur ne m’ébranle point », c’est-à-dire, épargnez à votre serviteur les péchés des autres.

14. « Si » mes fautes cachées et les péchés des autres « ne me dominent plus (Ps. XVIII, 14), alors je serai sans tache ». Il n’ose point l’espérer de ses propres forces, mais il supplie le Seigneur de l’accomplir, et lui dit dans un autre psaume: « Dirigez mes pas selon votre parole, et ne permettez pas que l’iniquité domine jamais en moi (Id. 118, 133) ». Tu es chrétien, et dès lors garde-toi de craindre la domination extérieure d’un homme; crains toujours le Seigneur ton Dieu. Crains le mal qui est en toi, ou les passions; non point ce que le Seigneur a tait en toi, mais ce que toi-même y as fait. Le Seigneur t’avait créé bon serviteur, et toi, tu t’es créé dans ton cœur un maître méchant. C’est justement que tu es soumis à l’iniquité, soumis au maître que tu t’es imposé toi-même, puisque tu n’as pas voulu servir celui qui t’a créé.

15. « Si donc je ne suis plus esclave de leur tyrannie, alors je serai sans tache et pur d’un grand crime (Ps. XVIII, 14) ». De quel crime, pensez-vous? Quel est ce grand péché? Il peut n’être pas ce que je vais dire, et toutefois je ne déguiserai point mon opinion; ce grand crime, à mon avis, c’est l’orgueil. C’est là peut-être ce qu’il exprime en d’autres termes, en disant: « Et je serai pur d’un grand crime ». Me demanderez-vous combien est grand le crime qui a fait tomber l’ange, qui a changé cet ange en démon, et lui a fermé pour toujours le royaume des cieux ? C’est là le grand crime, la source, l’origine de tous les crimes. Car il est écrit: « Le commencement de tout péché, c’est l’orgueil (Eccli. X, 15) ». Et de peur qu’on ne le regarde comme une faute légère, l’Ecriture ajoute: « Le commencement de l’orgueil chez l’homme est de lui faire apostasier Dieu (Id. 14) ». Non, mes frères, ce vice n’est point une faute légère; c’est à ce vice que répugne l’humilité chrétienne, chez les grands personnages que vous voyez. C’est ce vice qui leur fait dédaigner de courber la tête sous le joug du Christ, eux qui sont asservis au joug du péché. Car ils ne peuvent échapper à la servitude; ils se veulent affranchir de la servitude, quand il leur est avantageux de servir. Ce qu’ils gagnent en cherchant l’indépendance, c’est de refuser de servir un bon maître, mais non de s’affranchir complètement; car on devient nécessairement esclave du péché, quand on ne veut point l’être de la charité. Ce vice, que l’on peut appeler la source de tous les autres, puisque les autres lui doivent leur origine, nous a fait apostasier Dieu; et l’âme, par un déplorable usage de sa liberté, se plonge dans les ténèbres, chargée qu’elle es-t de toute sorte de péchés. Voilà qu’il vit dans la prodigalité, il dissipe ses richesses avec les femmes sans pudeur, il devient le pâtre des pourceaux (Luc, XV, 13), celui qui était le compagnon des anges. C’est à cause de ce vice, de cette grande iniquité de l’orgueil que Dieu s’est humilié parmi les hommes. Tel est le motif, telle est la plaie profonde, la grande maladie des âmes, qui a fait descendre du ciel le Médecin tout-puissant, qui l’a humilié sous la forme de l’esclave, qui l’a outragé, suspendu au gibet, afin qu’une semblable tumeur trouvât sa guérison dans un si grand remède. Que l’homme donc rougisse de son orgueil, quand un Dieu s’est fait humble pour lui. Alors, dit le Prophète, « je serai pur d’un grand péché », devant le « Dieu qui résiste aux orgueilleux et qui donne la grâce aux humbles (Ps. XVIII, 15) ».

16. « Ainsi vous deviendront agréables les paroles de ma bouche, et les pensées de mon coeur seront toujours en votre présence (Ps. XVIII, 15) ». Car si je ne suis point purifié de (200) ce grand vice, mes paroles pourront être agréables devant les hommes, et non devant vous; puisque l’âme superbe demande aux hommes ses applaudissements, mais l’âme vraiment humble veut plaire dans ce secret que pénètre-Dieu seul; et si elle vient à plaire aux hommes par quelques bonnes oeuvres, elle s’en réjouit pour-ceux qui se complaisent dans ses oeuvres, et non pour elle-même; il doit lui suffire d’avoir fait le bien. « Notre gloire », dit l’Apôtre, « c’est le témoignage de notre conscience (II Cor. I, 12) ». Chantons donc aussi à Dieu le verset suivant: « Seigneur, vous êtes mon aide, mon rédempteur ». Vous m’aidez dans le bien et me délivrez du mal. Vous êtes mon aide, afin que je demeure dans la charité; mon rédempteur, en me rachetant de mon iniquité.




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Message par Invité Dim 25 Avr 2021 - 12:54

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...*


Psaume 20 (19) - "Prière pour le Roi"






Psaume 20 (19) - "Prière pour le roi" : Ps 20, 1- 2 : Du maître de chant. Psaume. De David. Qu'il te réponde, Yahvé, au jour d'angoisse, qu'il te protège, le nom du Dieu de Jacob !

Ecrit par David, le psaume 20 (19 selon la numérotation latine) est en quelque sorte un psaume de souvenir. C'est une prière communautaire pour une personne mystérieuse dont l'identité apparaît progressivement. Il nous rapporte les prières, sous forme de demandes, qui furent adressées à Dieu pour le roi au jour de son onction et de son intronisation. Inscrites dans la Bible, ces prières nous sont données comme un modèle de ce qu’il convient de demander à Dieu pour tout homme chargé par Dieu d’exercer de hautes responsabilités.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 19 (20) est chanté aux vêpres du mardi de la première semaine (I).



Le Psaume 19 (20) en français : "Qu'il te réponde, Yahvé, au jour d'angoisse" (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 19, 01 : Du maître de chant. Psaume. De David.
Ps 19, 02 : Qu'il te réponde, Yahvé, au jour d'angoisse, qu'il te protège, le nom du Dieu de Jacob !
Ps 19, 03 : Qu'il t'envoie du sanctuaire un secours et de Sion qu'il te soutienne !
Ps 19, 04 : Qu'il se rappelle toutes tes offrandes, ton holocauste, qu'il le trouve savoureux !
Ps 19, 05 : Qu'il te donne selon ton cœur et tous tes desseins, qu'il les seconde !
Ps 19, 06 : Que nous criions de joie en ton salut, qu'au nom de notre Dieu nous pavoisions ! Que Yahvé accomplisse toutes tes requêtes !
Ps 19, 07 : Maintenant je connais que Yahvé donne le salut à son messie, des cieux de sainteté il lui répondra par les gestes sauveurs de sa droite.
Ps 19, 08 : Aux uns les chars, aux autres les chevaux, à nous d'invoquer le nom de Yahvé notre Dieu.
Ps 19, 09 : Eux, ils plient, ils tombent, nous, debout, nous tenons.
Ps 19, 10 : Yahvé, sauve le roi, réponds-nous au jour de notre appel.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.





Exaudiat Te Dominus: Ps.19 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.


Le Psaume 19 (20) en latin : " Exaudiat te Dominus"

Ps 19, 01 : In finem psalmus David
Ps 19, 02 : Exaudiat te Dominus in die tribulationis protegat te nomen Dei Iacob
Ps 19, 03 : mittat tibi auxilium de sancto et de Sion tueatur te
Ps 19, 04 : memor sit omnis sacrificii tui et holocaustum tuum pingue fiat diapsalma
Ps 19, 05 : tribuat tibi secundum cor tuum et omne consilium tuum confirmet
Ps 19, 06 : laetabimur in salutari tuo et in nomine Dei nostri magnificabimur
Ps 19, 07 : impleat Dominus omnes petitiones tuas nunc cognovi quoniam salvum fecit Dominus christum suum exaudiet illum de caelo sancto suo in potentatibus salus dexterae eius
Ps 19, 08 : hii in curribus et hii in equis nos autem in nomine Domini Dei nostri invocabimus
Ps 19, 09 : ipsi obligati sunt et ceciderunt nos vero surreximus et erecti sumus
Ps 19, 10 : Domine salvum fac regem et exaudi nos in die qua invocaverimus te.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

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PSAUME 19 : LE CHRIST DANS SA PASSION

Ce psaume est le chaut de la résurrection, qui est la Gloire de Jésus-Christ triomphant des Juifs ses ennemis, et devenant notre médiateur dans le ciel.

POUR LA FIN, PSAUME A DAVID (Ps. XIX, 1)


1. Le titre nous est connu, ce n’est point le Christ qui parle, mais le Prophète qui parle au Christ, et qui chante l’avenir sous la forme d’un souhait.

2. « Que le Seigneur vous exauce au jour de la tribulation (Id. 2) ». Qu’il vous exauce au jour que vous lui avez dit: « Mon Père, glorifiez votre Fils (Jean, XVII, 1) ». « Que le nom du Dieu de Jacob vous protège ». Car c’est à vous qu’appartient le plus jeune des deux peuples, puisque l’aîné doit servir le puîné (Gen. XXV, 23).

3. « Qu’il vous protége du haut de son sanctuaire, et vous protège de Sion (Ps. XIX, 3) »; en sanctifiant votre corps mystique, ou l’Eglise, qui trouve sa sûreté dans la contemplation, et qui attend que vous reveniez des noces.

4. « Qu’il se souvienne de tout votre sacrifice (Id. 4) ». Qu’il ne nous laisse pas oublier les outrages et les affronts que vous avez endurés pour nous. « Et qu’il rende suave le parfum de vos holocaustes ». Et que la douleur de cette croix, sur laquelle vous vous êtes offert tout entier à Dieu, se change en la joie de la résurrection.

5. « Diapsalma. Que le Seigneur vous donne selon votre cœur (Ps. XIX, 5) ». Que le Seigneur vous exauce, non point selon les désirs de ceux qui vous ont persécuté dans l’espoir de vous anéantir, mais selon votre cœur qui connaît les fruits de votre passion. « Et qu’il accomplisse tous vos desseins »; qu’il accomplisse, non seulement ce dessein qui vous a porté à donner votre vie pour vos amis (Jean, XV, 13), afin que le grain mourût pour ressusciter en épis luxuriants (Id. XII, 14), mais encore celui par lequel l’aveuglement est tombé sur une partie d’Israël, afin que la plénitude des nations entrât, et qu’ainsi tout Israël fût sauvé (Rom. XI, 25) ».

6. « Nous tressaillerons dans votre salut ». Nous tressaillirons de l’impuissance de la mort sur vous; car vous nous montrerez ainsi qu’elle sera impuissante à nous nuire. « Et nous trouverons notre gloire dans votre nom (Ps. XIX, 6) ». Pour nous, confesser votre nom, nous conduira, non à notre perte, mais à la gloire.

7. « Que le Seigneur vous accorde toutes vos demandes (Ibid.) ». Qu’il exauce non seulement les prières que vous lui avez faites sur la terre, mais celles que vous lui faites en (201) notre faveur dans le ciel. « Je reconnais maintenant que le Seigneur a sauvé son Christ ». L’esprit de prophétie m’a fait connaître que le Seigneur doit ressusciter son Christ. « Il l’exaucera de son sanctuaire céleste ». Il l’exaucera, non seulement quand sur cette terre il demandera d’être glorifié (Jean, XVII, 1), mais lorsque dans le ciel il intercédera pour nous, à la droite de son Père, et répandra l’Esprit-Saint sur tous ceux qui croiront en lui (Act. II). « Il y a dans sa droite une puissance de salut ». Notre puissance est dans ses faveurs salutaires, alors qu’il nous soutient dans les afflictions, en sorte que c’est quand nous sommes faibles que nous devenons forts (II Cor. XII, 10). Car le salut des hommes est vain (Ps. LIX, 13), quand il est de la gauche et non de la droite de Dieu, puisqu’ils s’enflent d’un excessif orgueil, tous ces pécheurs qui trouvent leur salut dans les biens du temps.

8. « Ceux-ci mettent leur confiance dans leurs chariots, et dans leurs chevaux ». Les uns se laissent entraîner dans les évolutions successives de la fortune, et les autres se prévalent avec orgueil de leurs honneurs, et y placent leur félicité, « Pour nous, notre joie est dans le nom du Seigneur, notre Dieu (Id. XIX, 8.) ». Pour nous, notre espérance est dans les biens éternels, et sans chercher notre propre gloire, nous tressaillirons au nom du Seigneur, notre Dieu.

9. Ils se sont embarrassés, et sont tombés (Ps. XIX, 9). L’amour des biens temporels les a garrottés, ils ont craint que, s’ils laissaient vivre le Fils de Dieu, les Romains ne prissent leur pays (Jean, XI, 48) et en se heurtant contre cette pierre de scandale et d’achoppement (Rom. IX, 32), ils ont perdu l’espérance du ciel. Ils sont tombés dans l’aveuglement qui a frappé une partie d’Israël (Id. XI, 25); et, en voulant faire prévaloir leur propre justice, ils ont oublié celle de Dieu (Id. X, 3). « Pour nous, au contraire, nous nous sommes relevés pour nous redresser ». Pour nous, peuples de la Gentilité, nous étions des lierres, et Dieu a fait de nous des enfants d’Abraham (Matt. III, 9); nous ne cherchions point la justice, et nous l’avons embrassée (Rom. IX, 30), et nous voilà relevés; ce redressement n’est point dû à nos forces, mais à la foi qui nous a justifiés.

10. « Seigneur, sauvez le roi », afin qu’après nous avoir appris à combattre par sa passion, il offre aussi nos sacrifices, après s’être ressuscité d’entre les morts, et installé dans les cieux. « Exaucez-nous, au jour où nous vous invoquerons ». Et comme il sera notre intercesseur, vous nous exaucerez quand nous vous offrirons nos vœux.




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Message par Invité Lun 26 Avr 2021 - 11:00

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Psaume 21 (20) - "Liturgie de couronnement"





Psaume 21 (20) - "Liturgie de couronnement" : Ps 21,1- 2 : Du maître de chant. Psaume. De David. En ta force, Yahvé, le roi se réjouit; combien ton salut le comble d'allégresse !

Le psaume 21 selon la tradition juive (20 selon la numérotation latine) apporte le témoignage joyeux du roi pour les exaucements dont il est l’objet en réponse à ces demandes. Accordé à Dieu, dépendant de Lui, le roi fait l’expérience de Son secours et de Son salut dans l’exercice de son ministère. Le roi témoigne ici de ce que signifie vivre la bénédiction de Dieu, en être l’objet.


Le « Psaume 20 et son Antienne » psalmodié par les Moines Bénédictins de l’Abbaye de Keur Moussa au Sénégal :



Antienne : « Sans te voir encore, nous tressaillons de joie, déjà remplis de ta gloire nous attendons ta venue »

Psaume 20 :
- Seigneur, le roi se réjouit de ta force ; quelle allégresse lui donne ta victoire ! Tu as répondu au désir de son cœur, tu n'as pas rejeté le souhait de ses lèvres.
- Tu lui destines bénédictions et bienfaits, tu mets sur sa tête une couronne d'or. La vie qu'il t'a demandée, tu la lui donnes, de longs jours, des années sans fin.
- Par ta victoire, grandit son éclat : tu le revêts de splendeur et de gloire. Tu mets en lui ta bénédiction pour toujours : ta présence l'emplit de joie !
- Oui, le roi s'appuie sur le Seigneur : la grâce du Très Haut le rend inébranlable. Ta main trouvera tes ennemis, ta droite trouvera tes adversaires.



Le Psaume 20 (21) en français : "En ta force, Yahvé, le roi se réjouit" (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 20:1- Du maître de chant. Psaume. De David.
Ps 20:2- En ta force, Yahvé, le roi se réjouit; combien ton salut le comble d'allégresse !
Ps 20:3- Tu lui as accordé le désir de son cœur, tu n'as point refusé le souhait de ses lèvres.
Ps 20:4- Car tu l'as prévenu de bénédictions de choix, tu as mis sur sa tête une couronne d'or fin;
Ps 20:5- tu lui as accordé la vie qu'il demandait, longueur de jours, encore et à jamais.
Ps 20:6- Grande gloire lui fait ton salut, tu as mis sur lui le faste et l'éclat;
Ps 20:7- oui, tu l'établis en bénédiction pour toujours, tu le réjouis de bonheur près de ta face;
Ps 20:8- oui, le roi se confie en Yahvé, la grâce du Très-Haut le garde du faux pas.
Ps 20:9- Ta main trouvera tous tes adversaires, ta droite trouvera tes ennemis;
Ps 20:10- tu feras d'eux une fournaise au jour de ta face, Yahvé les engloutira dans sa colère, le feu les avalera;
Ps 20:11- leur fruit, tu l'ôteras de la terre, leur semence, d'entre les fils d'Adam.
Ps 20:12- Ils ont poussé sur toi le malheur, mûri un plan : ils ne pourront rien.
Ps 20:13- Oui, tu leur feras tourner le dos, sur eux tu ajusteras ton arc.
Ps 20:14- Lève-toi, Yahvé, dans ta force ! Nous chanterons, nous jouerons pour ta vaillance.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.





Domine, In Virtute Tua Laetabitur Rex: Ps.20 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.


Le Psaume 20 (21) en latin : "Domine in virtute tua laetabitur rex"

Ps 20, 01 : In finem psalmus David
Ps 20, 02 : Domine in virtute tua laetabitur rex et super salutare tuum exultabit vehementer
Ps 20, 03 : desiderium animae eius tribuisti ei et voluntate labiorum eius non fraudasti eum diapsalma
Ps 20, 04 : quoniam praevenisti eum in benedictionibus dulcedinis posuisti in capite eius coronam de lapide pretioso
Ps 20, 05 : vitam petiit a te et tribuisti ei longitudinem dierum in saeculum et in saeculum saeculi
Ps 20, 06 : magna gloria eius in salutari tuo gloriam et magnum decorem inpones super eum
Ps 20, 07 : quoniam dabis eum benedictionem in saeculum saeculi laetificabis eum in gaudio cum vultu tuo
Ps 20, 08 : quoniam rex sperat in Domino et in misericordia Altissimi non commovebitur
Ps 20, 09 : inveniatur manus tua omnibus inimicis tuis dextera tua inveniat omnes; qui te oderunt
Ps 20, 10 : pones eos ut clibanum ignis in tempore vultus tui Dominus in ira sua conturbabit eos et devorabit eos ignis
Ps 20, 11 : fructum eorum de terra perdes et semen eorum a filiis hominum
Ps 20, 12 : quoniam declinaverunt in te mala cogitaverunt consilia quae non potuerunt stabilire;
Ps 20, 13 : quoniam pones eos dorsum in reliquis tuis praeparabis vultum eorum
Ps 20, 14 : exaltare Domine in virtute tua cantabimus et psallemus virtutes tuas.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

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PSAUME 20: LES REPRÉSAILLES DE LA PASSION

Ce psaume parait avoir le même sujet que le précédent; et, en l’appliquant à Jésus-Christ, nous retrouvons facilement cette gloire de la résurrection et de l’ascension qui a su compenser les ignominies du Calvaire.

POUR LA FIN, PSAUME POUR DAVID (Ps. XX, 1).


1. Le titre nous est connu, c’est Jésus-Christ que chante le Prophète.

2. « Seigneur, le roi s’applaudira de votre puissance ». Seigneur, le Christ, dans son humanité, s’applaudira de cette puissance qui a revêtu de chair le Verbe éternel. « Et votre salut le fera tressaillir d’allégresse (Ps. XX, 2) ». Il trouvera sa joie dans cette force qui donne la vie à toute créature.

3. « Vous avez accompli les désirs de son Cœur (Ps. XX, 3) ». Il avait désiré manger la Pâque (Luc, XXII, 15), puis donner sa vie quand il voudrait, et la reprendre encore à son gré (Jean, X, 18), et vous le lui avez accordé. « Et vous n’avez point rendu vaine la prière de ses lèvres (Ps. XX, 3) ». Il dit: « Je vous laisse ma paix (Jean, XIV, 17) ». Et il en fut ainsi.

4. « Vous l’avez prévenu par vos suaves bénédictions (Ps. XX, 4) ». Et comme il en avait savouré les douceurs, le fiel de nos péchés ne l’a point suffoqué. — « Diapsalma. — Vous avez placé sur sa tête une couronne de pierres précieuses ». Au début de sa prédication, vous l’avez environné de ces pierres précieuses, qui furent ses disciples, et qui commencèrent à l’annoncer au monde.

5. « Il vous a demandé la vie, et vous la lui avez donnée (Id. 5) ». Vous lui avez accordé la résurrection que demandait cette prière: « Mon Père, glorifiez votre Fils (Jean, XVII, 1). « Vous lui avez donné de longs jours pour l’éternité (Ps. XX, 5) » les siècles de cette vie, qui mesurent la durée de son Eglise, et ensuite la durée des siècles éternels.

6. « Sa gloire est grande à cause de votre salut (Id. 6) ». En le ressuscitant d’entre les morts, vous avez mis le comble à sa gloire. « Vous le chargerez de gloire et d’honneur ». Vous ajouterez encore à sa gloire et à sa splendeur, en le plaçant, au ciel, à votre droite.

7. « Sur lui retomberont vos bénédictions éternelles (Id. 7) ». Et voici les bénédictions que vous lui donnerez dans les siècles « Vous le remplirez de joie devant votre face». La vue de votre face jettera dans une joie ineffable cette humanité sainte qu’il a reportée près de vous.

8. « C’est dans le Seigneur que le roi a mis son espoir ». Ce roi sans orgueil, mais humble de coeur, espère dans le Seigneur. « Et il sera inébranlable dans la miséricorde du « Très-Haut (Id. 8.) ». Et cette infinie miséricorde ne troublera point l’humilité qui l’a rendu obéissant jusqu’à la mort de la croix.

9. « Que votre main se fasse sentir à tous vos ennemis (Id. 9) ».Quand vous viendrez, pour nous juger, que votre pouvoir, ô roi, se fasse sentir à tous vos ennemis qui ne l’ont point compris dans votre humilité. « Que ceux qui vous haïssent ne puissent échapper à votre droite ». Que cette gloire, qui vous fait régner à la droite de votre Père, rencontre au jour du jugement et châtie ceux qui vous haïssent, puisque sur la terre ils ne l’ont point connue.

10. « Vous les embraserez comme une fournaise ». La conscience de leur impiété sera pour eux comme un brasier intérieur. « Au jour de votre visage », ou quand vous manifesterez votre gloire. « Le Seigneur, dans sa colère, les frappera de terreur, et ils seront la proie des flammes (Ps. XX, 10) ». Troublés par les célestes vengeances, et en proie au remords, ils seront dévorés par les flammes éternelles.

11. « Vous effacerez leurs fruits de la terre ». Ces fruits sont terrestres, et doivent disparaître de la terre. « Et leur génération d’entre les fils des hommes (Id. 11) ». Vous anéantirez leurs œuvres, ou vous ne compterez pas les hommes qu’ils ont pu séduire, parmi ceux que vous avez appelés à l’héritage éternel.

12. « Parce qu’ils ont fait retomber leurs malheurs sur vous ». Tel est le châtiment qu’ils ont provoqué, en cherchant à détourner, par votre mort, les maux qu’ils redoutaient, si vous eussiez été leur roi. « Ils ont formé des desseins qu’ils n’ont pu accomplir (Id. 12) ». Ils formaient ces desseins, quand ils disaient. « Il est avantageux qu’un seul homme meure pour tous (Jean, XI, 50) »; dessein qu’ils n’ont pu accomplir, car ils ne savaient ce qu’ils disaient.

13. « Vous leur tournerez le dos », car vous les placerez parmi ceux dont vous vous détournerez avec mépris. « Et dans ce que vous leur laissez, vous vous préparez leur visage (Ps. XX, 13) ». Ce que vous leur laissez, ce sont les désirs d’un royaume terrestre, et ces désirs stimuleront leur impudence ou leur visage, dans la passion que vous vous préparez.

14. « Élevez-vous, Seigneur, dans votre puissance ». Ô vous, Seigneur, qu’ils n’ont point reconnu dans votre humilité, élevez-vous dans cette puissance qu’ils ont regardée comme une faiblesse. « Nous bénirons vos grandeurs, nous les célébrerons sur la harpe (Id. 14) » Notre amour et nos œuvres chanteront vos merveilles, nous les ferons connaître par toute la terre. (203)




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Message par Invité Mar 27 Avr 2021 - 12:02

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Psaume 22 (21) - "Souffrances et espoirs du juste"





Psaume 22 (21) - "Souffrances et espoirs du juste" : Ps 22,1- 2 : Du maître de chant. Sur "la biche de l'aurore." Psaume. De David. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Loin de me sauver, les paroles que je rugis !

Le psaume 22 (21 dans la numérotation latine) est aussi appelé le psaume du serviteur souffrant. Les Catholiques assimilent ce psaume 21 à la Passion de Jésus-Christ car comme dans le psaume 35 nous y voyons une description fidèle. C'est aussi le début de ce psaume que Jésus crie peu avant de mourir sur la Croix : « Eloï, Eloï, lama sabactani ? », qui signifie en araméen « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ».

Est-ce là, comme on le dit souvent un cri de détresse, poussé par Jésus vers son Père qui semble l'abandonner ? Ce n'est pas sûr. Il est probable que Jésus, en prononçant le premier verset du psaume ait voulu évoquer le Psaume tout entier (quand nous disons que quelqu'un récite le « De Profundis » ou le « Magnificat », nous affirmons qu'il a récité en entier le chant qui commence ainsi).Or, si on lit ce psaume 21 jusqu'au bout, on s'aperçoit qu'il décrit les douleurs de la Passion avec une précision extraordinaire : et les évangélistes ont relevé les traits de la Passion qui concordaient avec ce psaume.

Mais, en outre, il prophétise la libération et le triomphe du Messie, et la fécondité de son Sacrifice. Ce psaume du Vendredi Saint est donc aussi un psaume de Pâques. On remarquera, dans la première partie, des ressemblances avec le chant du Serviteur souffrant (chapitre 53 d'Isaïe) qu'on a également appelé un « cinquième évangile ». Ce psaume qui commence comme une lamentation, est au total un psaume d'action de grâces et d'espérance.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 21 est chanté le vendredi de la troisième semaine (III) à l’office du milieu du jour.



Psaume 21 par le Choeur des moines de l’Abbaye de Tamié :




Le Psaume 21 (22) en français : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" (La Bible de Jérusalem, 1998)

Prière du serviteur souffrant : pourquoi tant de solitude ? En criant vers le Père, au coeur de sa souffrance, Jésus nous a donné les mots qui ouvrent l'espérance. Dieu n'abandonne jamais ses enfants. Qu'ils exultent de joie ceux qui ont remis leur vie entre ses mains ! Qu'ils proclament son oeuvre de grâce !

Ps 21:01- Du maître de chant. Sur "la biche de l'aurore." Psaume. De David.
Ps 21:02- Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Loin de me sauver, les paroles que je rugis !
Ps 21:03- Mon Dieu, le jour j'appelle et tu ne réponds pas, la nuit, point de silence pour moi.
Ps 21:04- Et toi, le Saint, qui habites les louanges d'Israël !
Ps 21:05- en toi nos pères avaient confiance, confiance, et tu les délivrais,
Ps 21:06- vers toi ils criaient, et ils échappaient, en toi leur confiance, et ils n'avaient pas honte.
Ps 21:07- Et moi, ver et non pas homme, risée des gens, mépris du peuple,
Ps 21:08- tous ceux qui me voient me bafouent, leur bouche ricane, ils hochent la tête
Ps 21:09- "Il s'est remis à Yahvé, qu'il le délivre ! qu'il le libère, puisqu'il est son ami !"
Ps 21:10- C'est toi qui m'as tiré du ventre, ma confiance près des mamelles de ma mère;
Ps 21:11- sur toi je fus jeté au sortir des entrailles; dès le ventre de ma mère, mon Dieu c'est toi.
Ps 21:12- Ne sois pas loin : proche est l'angoisse, point de secours !
Ps 21:13- Des taureaux nombreux me cernent, de fortes bêtes de Bashân m'encerclent;
Ps 21:14- contre moi bâille leur gueule, lions lacérant et rugissant.
Ps 21:15- Comme l'eau je m'écoule et tous mes os se disloquent; mon cœur est pareil à la cire, il fond au milieu de mes viscères;
Ps 21:16- mon palais est sec comme un tesson, et ma langue collée à ma mâchoire. Tu me couches dans la poussière de la mort.
Ps 21:17- Des chiens nombreux me cernent, une bande de vauriens m'entoure; comme pour déchiqueter mes mains et mes pieds.
Ps 21:18- Je peux compter tous mes os, les gens me voient, ils me regardent;
Ps 21:19- ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Ps 21:20- Mais toi, Yahvé, ne sois pas loin, ô ma force, vite à mon aide;
Ps 21:21- délivre de l'épée mon âme, de la patte du chien, mon unique;
Ps 21:22- sauve-moi de la gueule du lion, de la corne du taureau, ma pauvre âme.
Ps 21:23- J'annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai
Ps 21:24- "Vous qui craignez Yahvé, louez-le, toute la race de Jacob, glorifiez-le, redoutez-le, toute la race d'Israël."
Ps 21:25- Car il n'a point méprisé, ni dédaigné la pauvreté du pauvre, ni caché de lui sa face, mais, invoqué par lui, il écouta.
Ps 21:26- De toi vient ma louange dans la grande assemblée, j'accomplirai mes vœux devant ceux qui le craignent.
Ps 21:27- Les pauvres mangeront et seront rassasiés. Ils loueront Yahvé, ceux qui le cherchent "que vive votre cœur à jamais !"
Ps 21:28- Tous les lointains de la terre se souviendront et reviendront vers Yahvé; toutes les familles des nations se prosterneront devant lui.
Ps 21:29- A Yahvé la royauté, au maître des nations !
Ps 21:30- Oui, devant lui seul se prosterneront tous les puissants de la terre, devant lui se courberont tous ceux qui descendent à la poussière et pour celui qui ne vit plus,
Ps 21:31- sa lignée le servira, elle annoncera le Seigneur aux âges
Ps 21:32- à venir, elle racontera aux peuples à naître sa justice il l'a faite !

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.





Deus, Deus Meus, Quare Me Dereliquisti ? : Ps.21 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
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.


Le Psaume 21 (22) en latin : "Deus, Deus Meus, Quare Me Dereliquisti ?"

Ps 21, 01 : In finem pro adsumptione matutina psalmus David.
Ps 21, 02 : Deus Deus meus respice me; quare me dereliquisti longe a salute mea verba delictorum meorum
Ps 21, 03 : Deus meus clamabo per diem et non exaudies et nocte et non ad insipientiam mihi
Ps 21, 04 : tu autem in sancto habitas Laus Israhel
Ps 21, 05 : in te speraverunt patres nostri speraverunt et liberasti eos
Ps 21, 06 : ad te clamaverunt et salvi facti sunt in te speraverunt et non sunt confusi
Ps 21, 07 : ego autem sum vermis et non homo obprobrium hominum et abiectio plebis
Ps 21, 08 : omnes videntes me deriserunt me locuti sunt labiis moverunt caput
Ps 21, 09 : speravit in Domino eripiat eum salvum faciat eum quoniam vult eum
Ps 21, 10 : quoniam tu es qui extraxisti me de ventre spes mea ab uberibus matris meae
Ps 21, 11 : in te proiectus sum ex utero de ventre matris meae Deus meus es tu
Ps 21, 12 : ne discesseris a me quoniam tribulatio proxima est quoniam non est qui adiuvet
Ps 21, 13 : circumdederunt me vituli multi tauri pingues obsederunt me
Ps 21, 14 : aperuerunt super me os suum sicut leo rapiens et rugiens
Ps 21, 15 : sicut aqua effusus sum et dispersa sunt universa ossa mea factum est cor meum tamquam cera liquescens in medio ventris mei
Ps 21, 16 : aruit tamquam testa virtus mea et lingua mea adhesit faucibus meis et in limum mortis deduxisti me
Ps 21, 17 : quoniam circumdederunt me canes multi concilium malignantium obsedit me foderunt manus meas et pedes meos
Ps 21, 18 : dinumeraverunt omnia ossa mea ipsi vero consideraverunt et inspexerunt me
Ps 21, 19 : diviserunt sibi vestimenta mea et super vestem meam miserunt sortem
Ps 21, 20 : tu autem Domine ne elongaveris auxilium tuum ad defensionem meam conspice
Ps 21, 21 : erue a framea animam meam et de manu canis unicam meam
Ps 21, 22 : salva me ex ore leonis et a cornibus unicornium humilitatem meam
Ps 21, 23 : narrabo nomen tuum fratribus meis in media ecclesia laudabo te
Ps 21, 24 : qui timetis Dominum laudate eum universum semen Iacob magnificate eum
Ps 21, 25 : timeat eum omne semen Israhel quoniam non sprevit neque dispexit deprecationem pauperis nec avertit faciem suam a me et cum clamarem ad eum exaudivit me;
Ps 21, 26 : apud te laus mea in ecclesia magna vota mea reddam in conspectu timentium eum
Ps 21, 27 : edent pauperes et saturabuntur et laudabunt Dominum qui requirunt eum vivent corda eorum in saeculum saeculi
Ps 21, 28 : reminiscentur et convertentur ad Dominum universi fines terrae et adorabunt in conspectu eius universae familiae gentium
Ps 21, 29 : quoniam Dei est regnum et ipse; dominabitur gentium
Ps 21, 30 : manducaverunt et adoraverunt omnes pingues terrae in conspectu eius cadent omnes qui descendunt in terram
Ps 21, 31 : et anima mea illi vivet et semen meum serviet ipsi
Ps 21, 32 : adnuntiabitur Domino generatio ventura et adnuntiabunt iustitiam eius populo qui nascetur quem fecit Dominus.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Benoît XVI - 14 septembre 2011

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Benoit-XVI


La Catéchèse de Benoît XVI sur le Psaume 21 selon la tradition gréco-latine :

Chers frères et sœurs,


Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais aborder un psaume aux fortes implications christologiques, qui revient continuellement dans les récits de la passion de Jésus, avec sa double dimension d’humiliation et de gloire, de mort et de vie. Il s’agit du psaume 22, selon la tradition juive, ou 21 selon la tradition gréco-latine, une prière implorante et touchante, d’une densité humaine et d’une richesse théologique qui en font l’un des Psaumes les plus appréciés et les plus étudiés de tout le Psautier. Il s’agit d’une longue composition poétique, et nous nous arrêterons en particulier sur sa première partie, centrée sur la lamentation, pour approfondir certaines dimensions significatives de la prière de supplication à Dieu. Ce Psaume présente la figure d’un innocent persécuté et entouré d’adversaires qui veulent sa mort ; et il a recours à Dieu dans une lamentation douloureuse qui, dans la certitude de la foi, s’ouvre mystérieusement à la louange. Dans sa prière, la réalité angoissante du présent et la mémoire réconfortante du passé s’alternent, dans une douloureuse prise de conscience de sa situation désespérée qui toutefois, ne veut pas renoncer à l’espérance. Son cri initial est un appel adressé à un Dieu qui apparaît loin, qui ne répond pas et qui semble l’avoir abandonné : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Loin de me sauver, les paroles que je rugis ! Mon Dieu, le jour j’appelle et tu ne réponds pas, la nuit, point de silence pour moi » (vv. 2-3).

Dieu se tait, et ce silence déchire l’âme de l’orant, qui appelle sans cesse, mais sans trouver de réponse. Les jours et les nuits se succèdent, dans la recherche inlassable d’une parole, d’une aide qui ne vient pas ; Dieu semble si distant, si distrait, si absent. La prière demande une écoute et une réponse, sollicite un contact, cherche une relation qui puisse apporter réconfort et salut. Mais si Dieu ne répond pas, l’appel à l’aide se perd dans le vide et la solitude devient insupportable. Et pourtant, l’orant de notre Psaume, dans son cri, appelle par trois fois le Seigneur « mon » Dieu, dans un acte extrême de confiance et de foi. En dépit de toutes les apparences, le Psalmiste ne peut croire que le lien avec le Seigneur se soit totalement interrompu ; et tandis qu’il demande la raison d’un présumé abandon incompréhensible, il affirme que « son » Dieu ne peut l’abandonner. Comme on le sait, le cri initial du Psaume : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » est reporté par les Évangiles de Matthieu et de Marc comme le cri lancé par Jésus mourant sur la croix (cf. Mt 27, 46 ; Mc 15, 34). Celui-ci exprime toute la désolation du Messie, Fils de Dieu, qui affronte le drame de la mort, une réalité totalement opposée au Seigneur de la vie. Abandonné quasiment par tous les siens, trahi et renié par ses disciples, encerclé par ceux qui l’insultent, Jésus se retrouve sous le poids écrasant d’une mission qui doit passer par l’humiliation et l’anéantissement. C’est pourquoi il crie au Père, et sa souffrance est exprimée par les paroles douloureuses du Psaume. Mais son cri n’est pas un cri désespéré, de même que ne l’était pas celui du Psalmiste, qui dans sa supplication parcourt un chemin tourmenté qui débouche toutefois à la fin sur une perspective de louange, dans la confiance de la victoire divine. Etant donné que selon l’usage juif, citer le début d’un Psaume impliquait une référence au poème tout entier, la prière déchirante de Jésus, tout en maintenant sa charge d’indicible souffrance, s’ouvre à la certitude de la gloire. « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? », dira le Ressuscité aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 26). Dans sa passion, en obéissance au Père, le Seigneur Jésus traverse l’abandon et la mort pour arriver à la vie et la donner à tous les croyants.

A ce cri initial de supplication, dans notre Psaume 22, fait suite, dans un contraste douloureux, le souvenir du passé : « En toi nos pères avaient confiance, confiance, et tu les délivrais, vers toi ils criaient, et ils échappaient, en toi leur confiance, et ils n’avaient pas honte » (vv. 5-6). Ce Dieu qui aujourd’hui apparaît si éloigné au Psalmiste, est toutefois le Seigneur miséricordieux qu’Israël a toujours connu dans son histoire. Le peuple auquel l’orant appartient a été objet de l’amour de Dieu et peut témoigner de sa fidélité. En commençant par les patriarches, puis en Egypte et pendant le long pèlerinage dans le désert, durant le séjour en terre promise au contact de populations agressives et ennemies, jusqu’à l’obscurité de l’exil, toute l’histoire biblique a été une histoire d’appels à l’aide de la part du peuple, et de réponses salvifiques de la part de Dieu. Et le Psalmiste fait référence à la foi inébranlable de ses pères qui eurent « confiance » — ce mot est répété trois fois — sans jamais être déçus.

A présent toutefois, il semble que cette chaîne d’invocations confiantes et de réponses divines se soit interrompue ; la situation du Psalmiste semble nier toute l’histoire du salut, rendant encore plus douloureuse la réalité présente. Mais Dieu ne peut pas se contredire, et voilà que la prière décrit à nouveau la situation difficile de l’orant, pour induire le Seigneur à avoir pitié et intervenir, comme il l’avait toujours fait par le passé. Le Psalmiste se définit « ver et non pas homme, risée des gens, mépris du peuple » (v. 7), il est moqué, bafoué (cf. v. 8.) et blessé dans sa foi : « Il s’est remis au Seigneur, qu’il le délivre ! qu’il le libère, puisqu’il est son ami ! » (v. 9), disent-ils. Sous les coups goguenards de l’ironie et du mépris, il semble presque que le persécuté perde ses traits humains, comme le Serviteur souffrant représenté dans le Livre d’Isaïe (cf. Is 52, 14 ; 53, 2b-3). Et comme le juste opprimé du Livre de la Sagesse (cf. 2, 12-20), comme Jésus sur le Calvaire (cf. Mt 27, 39-43), le Psalmiste voit remis en question son rapport avec son Seigneur, dans l’insistance cruelle et sarcastique de ce qui le fait souffrir : le silence de Dieu, son apparente absence. Pourtant Dieu a été présent dans l’existence de l’orant à travers la proximité et une tendresse incontestables. Le Psalmiste le rappelle au Seigneur : « C’est toi qui m’as tiré du ventre, ma confiance près des mamelles de ma mère ; sur toi je fus jeté au sortir des entrailles » (vv. 10-11a). Le Seigneur est le Dieu de la vie, qui fait naître et accueille le nouveau-né et en prend soin avec l’affection d’un père. Et si auparavant il avait été fait mémoire de la fidélité de Dieu dans l’histoire du peuple, à présent l’orant ré-évoque sa propre histoire personnelle de rapport avec le Seigneur, en remontant au moment particulièrement significatif du début de sa vie. Et là, malgré la désolation du présent, le Psalmiste reconnaît une proximité et un amour divins si radicaux qu’il peut dès lors s’exclamer, en une confession pleine de foi et génératrice d’espérance : « Dès le ventre de ma mère, mon Dieu c’est toi » (v. 11b). La plainte devient à présent une supplique véhémente : « Ne sois pas loin : proche est l’angoisse, point de secours ! » (v. 12).

La seule proximité que le Psalmiste perçoit et qui l’effraie est celle des ennemis. Il est donc nécessaire que Dieu se fasse proche et le secoure, parce que les ennemis entourent l’orant, ils l’encerclent, et ils sont comme de puissants taureaux, comme des lions qui sortent leurs griffes pour rugir et déchiqueter (cf. vv. 13-14). L’angoisse altère la perception du danger, en l’agrandissant. Les adversaires apparaissent invincibles, ils sont devenus des animaux féroces et très dangereux, tandis que le Psalmiste est comme un petit ver, impuissant, sans aucune défense. Mais ces images utilisées dans le Psaume servent aussi à dire que lorsque l’homme devient brutal et agresse son frère, quelque chose d’animal s’empare de lui, il semble perdre toute apparence humaine ; la violence a toujours en soi quelque chose de bestial et seule l’intervention salvifique de Dieu peut rendre l’homme à son humanité. A présent, pour le Psalmiste, objet d’une si féroce agression, il semble ne plus y avoir d’issue, et la mort commence à s’emparer de lui : « Comme l’eau je m’écoule et tous mes os se disloquent … mon palais est sec comme un tesson, et ma langue collée à ma mâchoire … ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. » (vv. 15.16.19). Avec des images dramatiques, que nous retrouvons dans les récits de la passion du Christ, est décrite la désagrégation du corps du condamné, la soif insupportable qui tourmente le mourant et qui trouve un écho dans la demande de Jésus « J’ai soif » (cf. Jn 19, 28), pour arriver au geste définitif des bourreaux qui, comme les soldats sous la croix, se partagent les vêtements de la victime, considérée comme déjà morte (cf Mt 27, 35 ; Mc 15, 24 ; Lc 23, 34 ; Jn 19, 23-24).

Voilà alors, pressant, à nouveau l’appel au secours : « Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin, ô ma force, vite à mon aide … Sauve-moi » (vv. 20.22a). C’est un cri qui entrouvre les cieux, parce qu’il proclame une foi, une certitude qui va au-delà de tout doute, de toute obscurité et de toute désolation. Et la plainte se transforme, laisse la place à la louange dans l’accueil du salut : « J’annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai » (vv. 22c-23). Ainsi le Psaume s’ouvre à l’action de grâce, au grand hymne final qui implique tout le peuple, les fidèles du Seigneur, l’assemblée liturgique, les générations futures (cf. vv. 24-32). Le Seigneur est accouru à l’aide, il a sauvé le pauvre et lui a montré son visage de miséricorde. Mort et vie se sont croisées en un mystère inséparable, et la vie a triomphé, le Dieu du salut s’est montré le Seigneur incontesté, que tous les confins de la terre célébreront et devant lequel toutes les familles des peuples se prosterneront. C’est la victoire de la foi, qui peut transformer la mort en don de la vie, l’abîme de la douleur en source d’espérance. Très chers frères et sœurs, ce Psaume nous a conduit sur le Golgotha, au pied de la croix de Jésus, pour revivre sa passion et partager la joie féconde de la résurrection. Laissons-nous donc envahir par la lumière du mystère pascal même dans l’apparente absence de Dieu, même dans le silence de Dieu et, comme les disciples d’Emmaüs, apprenons à discerner la vraie réalité au-delà des apparences, en reconnaissant le chemin de l’exaltation précisément dans l’humiliation, et la pleine manifestation de la vie dans la mort, dans la croix. Ainsi, en plaçant toute notre confiance et notre espérance en Dieu le Père, lors de toute angoisse nous pourrons le prier nous aussi avec foi, et notre appel à l’aide se transformera en chant de louange. Merci.



Saint Augustin (354-430)

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Augustin


PSAUME 21: LES DÉTAILS DE LA PASSION

Dans le premier discours saint Augustin expose le sens des paroles de David relatives à la passion, les insultes des Juifs, le crucifiement, le partage des vêtements de Jésus-Christ; puis les effets de l’Eucharistie. Dans le second discours, il s’applique à démontrer contre les Donatistes le règne universel de Jésus-Christ, qu’ils veulent scinder et restreindre à leur parti.

POUR LA FIN, SUR LE SECOURS DU MATIN, PSAUME DE DAVID (Ps. XXI, 1).


1. Pour la fin, ou pour Jésus-Christ qui chante lui-même sa résurrection. Ce fut le matin du premier jour, après le sabbat, qu s’opéra cette résurrection (Matt. XXVIII, 1), par laquelle il fut reçu dans la vie éternelle, « et soustrait ainsi à l’empire de la mort (Rom. VI, 9) ». Tout le psaume s’applique à la personne du Crucifié car il commence par ces paroles que prononce le Sauveur, lorsque, du haut de la croix, il poussa un grand cri, représentant alors h vieil homme dont il avait revêtu la mortalité; car notre vieil homme a été cloué à la croix avec lui (Id.6).

2. « Ô Dieu, mon Dieu, jetez les yeux sur moi; pourquoi m’avez-vous abandonné, bien loin de me secourir ? (Ps. XXI, 2) » Vous n’avez garde de me secourir, puisque votre salut est loin des pécheurs (Id. 118, 155). « Les cris de mes péchés vous implorent », car cette prière n’est point celle d’un juste, mais d’un homme chargé de fautes. Celui qui prie à la croix, est en effet le vieil homme, qui ne sait pourquoi le Seigneur l’a délaissé. Ou bien encore : « Les rugissements de mes péchés vous empêchent de me secourir ».

3. « Seigneur, je vous invoquerai pendant le jour, et vous ne m’exaucerez point (Id. XXI, 3). » Ô Dieu, dans les prospérités de cette vie, je vous demanderai qu’elles ne changent point, et vous ne m’écouterez point, parce que cette prière sera celle de mes péchés. « Je vous invoquerai la nuit, et ce ne sera point une folie pour moi ». Si, dans les malheurs de cette vie, je vous demande le bonheur, vous ne m’exaucerez pas non plus. Et vous en agirez ainsi, non pour me jeter dans la folie, mais pour m’apprendre ce qu’il vous est agréable que je vous demande, non plus dans ces prières du péché qui désire la vie du temps, mais dans les supplications d’une âme qui se tourne vers vous, pour avoir la vie éternelle.

4. « Mais vous habitez dans la sainteté, vous, la gloire d’Israël ». Vous habitez le Saint des saints, et de là vient que vous n’écoutez point les prières défectueuses du péché. Vous êtes la gloire de celui qui vous contemple, et non de celui qui chercha sa propre gloire en goûtant le fruit défendu, en sorte que lei yeux de son corps furent ouverts, et qu’il voulut se dérober à votre présence et se cacher (Gen. III).

5. « En vous ont espéré nos pères (Ps. XXI, 5) ». Tous ces justes, qui n’ont point cherché leur gloire, mais la vôtre. « Ils ont espéré, et vous les avez sauvés ».

6. « Ils ont crié vers vous, et vous les avez délivrés (Id.6) ». Ils vous ont fait entendre, non la voix des péchés qui éloigne le salut, et c’est pourquoi vous les avez délivrés. « Ils ont espéré en vous, et ils n’ont pas été confondus ». Vous n’avez pas trompé l’espérance qu’ils avaient mise en vous, parce qu’ils ne comptaient point sur eux-mêmes.

7. « Pour moi, je suis un ver de terre et non plus un homme (Id. 5) ». Pour moi, qui ne parle plus en Adam, mais qui suis Jésus-Christ, sans aucun germe je suis né dans la chair, afin d’être, eu l’homme, au-dessus des hommes; et de la sorte, l’orgueil humain ne dédaignera plus mon abaissement. « Je suis l’opprobre des hommes, le rebut de la populace ». Cet abaissement a fait de moi le rebut des hommes, au point que l’on disait, (204) comme un outrage et une malédiction: « Pour toi, sois son disciple (Jean, IX, 28) »; tant le peuple avait de mépris pour moi.

8. « Tous ceux qui me voyaient, m’insultaient (Ps. XXI, 8.) ». j’étais la dérision de tous ceux qui me voyaient. « Ils parlaient des lèvres, et branlaient la tête ». Ils parlaient des lèvres, et non du coeur.

9. Car c’est par dérision qu’ils disaient, en branlant la tête: « Il a mis son espoir dans le Seigneur, que le Seigneur le délivre; qu’il le sauve, s’il lui est cher (Id. 9) ». Tels étaient les paroles qui couraient sur leurs lèvres.

10. « C’est vous, Seigneur, qui m’avez tiré des entrailles maternelles (Id. 10) ». C’est vous qui n’avez tiré, non seulement du sein d’une vierge, car telle est la condition de tout homme, de naître en sortant du sein de sa mère; mais vous m’avez tiré du sein de cette nation juive où est encore enveloppé dans les ténèbres, sans arriver à la lumière du Christ, celui qui met son salut dans l’observation extérieure du sabbat, dans la circoncision, et autres cérémonies. « Vous êtes mon espérance dès la mamelle de ma mère ». Seigneur, vous êtes mon espoir, non seulement depuis que j’ai sucé les mamelles de la Vierge, car vous l’étiez bien auparavant; mais depuis que vous m’avez arraché aux mamelles, comme aux entrailles de la synagogue, afin de me soustraire au lait d’une coutume charnelle.

11. « Vous êtes mon ferme appui dès le sein de ma mère (Id. 11) ». Dès le sein de cette synagogue qui m’a rejeté au lieu de me porter, et si je ne suis point tombé, c’est que vous m’avez soutenu. « Dès le ventre de ma mère, vous êtes mon Dieu ». Oui, « dès le ventre de ma mère », car nonobstant cette enveloppe charnelle, je ne vous ai point oublié comme le petit enfant.

12. « Vous êtes mon Dieu; ne vous éloignez pas de moi, parce que l’affliction est proche (Id. 12) ». Puisque vous êtes mon Dieu, ne vous éloignez pas de moi, aux approches de la tribulation, qui est déjà dans ma chair. « Car il n’y a personne qui me vienne en aide ». Qui me soutiendra, si ce n’est vous?

13. « Voilà qu’une foule de jeunes taureaux m’ont environné (Id. 13) ». Les attroupements d’un peuple dissolu font cercle autour de moi. « Des taureaux puissants m’ont investi ». Et les chefs de ce peuple, joyeux de mon oppression, m’ont assiégé à leur tour.

14. « Ils ont ouvert leur bouche contre moi (Ps. XXI, 14) ». Leur bouche a livré passage, non point aux paroles de vos saintes Ecritures, mais aux cris de leurs passions. « Tel un lion saisit sa proie et rugit ». La proie de ce lion, ce serait moi que l’on saisit et que l’on amène, et son rugissement : « Crucifiez-le, crucifiez-le (Jean, XIX, 26) ».

15. « Je me suis écoulé comme l’eau, tous e mes os se sont dispersés (Ps. XXI, 15) ». Je me suis écoulé comme l’eau, quand mes persécuteurs sont tombés; et mes disciples qui faisaient la solidité de l’Eglise ou de mon corps, se sont dispersés par la crainte. « Mon cœur s’est fondu comme la cire, au milieu de mes entrailles (Ibid.) ». Ces paroles que la Sagesse a consignées à mon sujet dans les livres saints, demeuraient incomprises, comme des paroles dures et cachées; mais depuis qu’à la flamme de mes douleurs elles se sont comme liquéfiées, elles sont devenues évidentes, et se sont gravées dans la mémoire de mon Eglise.

16. « Ma vigueur s’est desséchée comme l’argile (Id. 16) ». Mes douleurs ont desséché mes forces, non comme l’herbe, mais comme l’argile que le feu rend plus dure. « Ma langue s’est attachée à mon palais ». Ceux par qui je devais parler ont gardé mes préceptes en eux-mêmes. « Vous m’avez réduit à la poussière de la mort ». Vous m’avez jeté entre les mains de ces impies destinés à la mort, et que le vent balayera de la surface de la terre.

17. « Des chiens sans nombre m’environnent (Id. 17) ». Voilà que j’étais environné de gens qui aboyaient, non plus au nom de la vérité, mais au nom de la coutume. « Le conseil des méchants m’a assiégé; ils ont percé mes mains et mes pieds ». Ils ont percé de clous mes mains et mes pieds.

18. « Ils ont compté tous mes os (Id. 18) » compter tous mes os étendus sur la croix. « Pour eux, ils m’ont regardé, ils m’ont considéré attentivement ». Pour eux, c’est-à-dire dans la même aversion, ils m’ont regardé et considéré.

19. « Ils se sont partagé mes vêtements, et ont tiré ma robe au sort (Id. 19) ». (205)

20. « Pour vous, Seigneur, n’éloignez pas de moi votre secours (Ps. XXI, 20) ». Mais vous, ô Dieu, ressuscitez-moi sans retard, et non point à la fin du monde, comme les autres hommes. « Pourvoyez à ma défense ». Veillez sur moi, afin que nul ne me nuise.

21. « Arrachez mon âme au glaive (Id. 21) »: préservez mon âme des langues schismatiques; « et mon unique à la puissance des chiens »: Délivrez mon Eglise de ce peuple qui aboie, au nom de ses coutumes.

22. « Sauvez-moi de la gueule du lion. » Sauvez-moi de cette bouche qui m’offre un royaume temporel. « Épargnez à ma faiblesse la corne des rhinocéros (Id. 22) » : préservez mon humilité des hauteurs de ces orgueilleux qui s’élèvent d’une manière exclusive et ne souffrent aucun rival.

23. « Je redirai votre nom à mes frères (Id. 23) ». J’annoncerai votre nom aux humbles, qui sont mes frères, et qui s’aiment réciproquement, comme je les ai aimés. « Je chanterai vos louanges au milieu de mon Eglise ». C’est avec joie que je publierai votre gloire dans mon Eglise.

24. « Bénissez le Seigneur, vous qui le craignez (Id. 24) ». Vous qui craignez le Seigneur, ne cherchez point votre gloire, mais louez le Seigneur. « Chantez sa gloire, vous tous, enfants de Jacob ». Glorifiez Dieu, vous tous enfants de celui que servit son aîné.

25. « Craignez-le tous, vous qui êtes enfants d’Israël ». Qu’ils craignent le Seigneur, tous ceux qui sont régénérés dans une vie nouvelle, et préparés à la vision de Dieu. « Car il n’a point dédaigné, ni rejeté la prière du pauvre (Id. 25) ». Il n’a témoigné aucun mépris pour la prière, cette prière qui était celle du pauvre sans enflure, étranger aux pompes frivoles, et non celle du pécheur dont les vices crient vers Dieu, et qui ne voulait point quitter cette vie misérable. « Il n’a point détourné de moi son visage », comme il l’a fait pour celui qui disait: « Je crierai vers vous, et vous ne m’écouterez point. Il m’a exaucé, quand j’ai crié vers lui ».

26. « C’est vous que je veux louer (Id. 26) ». Car je ne recherche point la gloire pour moi, puisque je me glorifie en vous qui habitez le sanctuaire, et que vous, gloire d’Israël, vous écoutez le saint qui:vous invoque. « C’est dans votre Eglise si étendue que je publierai votre gloire ». Je vous bénirai dans cette Eglise répandue par toute la terre. J’offrirai mes vœux, en présence de ceux qui craignent mon Dieu. J’offrirai le sacrement de mon corps et de mon sang, devant ceux qui craignent le Seigneur.

27. « Les pauvres mangeront et seront rassasiés (Ps. XXI, 27) ». Ils mangeront, ceux qui sont humbles, qui méprisent le monde, et ils m’imiteront, et de la sorte, ils ne désireront point les biens de ce monde, et ne craindront point la pauvreté. « Ceux qui cherchent le Seigneur, le béniront ». Car c’est de l’âme qu’il rassasie, que déborde sa louange. « Leurs cœurs vivront dans l’éternité ». Car il est lui-même l’aliment de notre cœur.

28. « Les nations les plus reculées se souviendront du Seigneur et se tourneront vers lui (Id. 28) ». Elles s’en souviendront; car Dieu était en oubli pour ces peuples nés dans la mort, et n’ayant de tendance que pour les biens extérieurs; et alors tous les confins de la terre se tourneront vers le Seigneur. « Tous les peuples de la terre se prosterneront en sa présence ». Tous les peuples de l’univers l’adoreront damas leurs cœurs.

29. « C’est au Seigneur de régner, et il dominera les nations (Id. 29) ». C’est au Seigneur, et non aux hommes superbes qu’appartient l’empire, et il dominera les nations.

30. « Tous les riches de la terre ont mangé, puis adoré ». Les riches de la terre ont mangé l’humble chair de leur maître, et, bien qu’ils n’en aient pas été rassasiés comme les pauvres, jusqu’à imiter Jésus-Christ, ils l’ont néanmoins adoré. « Ils tomberont en sa présence, tous ceux qui s’abaissent sur la terre ». Dieu seul voit la chute de tous ceux qui se las. sent de converser dans le ciel, et qui préfèrent étaler, ici-bas, l’apparence du bonheur aux yeux des hommes qui ne voient pas leur ruine.

31. « Mon âme, à son tour, vivra pour lui (Id. 31) ». Et mon âme qui paraît morte aux yeux des hommes, parce qu’elle méprise le monde, s’oubliera, pour vivre en Dieu. « Et ma postérité le servira ». Mes œuvres, ou ceux que je porterai à croire en lui, le serviront.

32. « Elle sera prédite pour le Seigneur, la génération à venir (Id. 32) ». Les fidèles du Nouveau Testament seront célébrés à la louange (206) du Seigneur. « Et les cieux publieront sa justice ». Les évangélistes annonceront sa justice. « Au peuple qui doit naître, et que le Seigneur a fait (Ps. XXI, 32) »; au peuple que la foi doit engendrer au Seigneur.


A SUIVRE



Dernière édition par Lumen le Jeu 29 Avr 2021 - 19:15, édité 4 fois

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Message par Invité Mer 28 Avr 2021 - 14:10



SUITE PSAUME 22 (21)

DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME XXI
Discours prêché à la solennité de la Passion.


1. Je ne dois point garder sous silence, et vous devez écouter ce que le Seigneur na pas voulu taire dans ses saintes Ecritures. La passion de Notre-Seigneur est arrivée une fois, nous le savons; une seule fois le Christ est mort, linnocent pour les coupables (I Pier. III, 18 ). Nous le savons, nous en avons la certitude, nous croyons dune foi inébranlable, « que Jésus-Christ une fois ressuscité dentre les u morts ne meurt plus, et que la mort naura plus dempire sur lui (Rom. VI, 9) ». Ainsi la dit saint Paul : et de peur que nous ne venions à oublier ce-qui sest fait une fois, nous en célébrons chaque année la mémoire. Est-ce à dire que Jésus-Christ meurt chaque fois que nous célébrons la Pâque? Néanmoins ce souvenir annuel nous remet en quelque sorte sous les yeux ce qui sest fait une fois, et nous émeut aussi vivement que si nous voyions le Christ appendu à la croix, non pour lui insulter, mais pour croire en lui. Car à la croix il fut persillé, et on ladore aujourdhui quil est dans le ciel. Nest-il plus insulté aujourdhui, et avons-nous encore à nous indigner contre les Juifs qui lont tourné en dérision à la croix, et non dans son règne céleste? Et qui donc se moque aujourdhui du Christ? Plût à Dieu quil ny en eût quun seul, que deux, quon pût même les compter ! Toute la paille qui est dans son aire, se rit de lui, et le bon grain gémit de voir le Seigneur insulté. Je veux en gémir avec vous; car voici le temps des pleurs. Nous célébrons la Passion du Sauveur; cest le temps de gémir, le temps de pleurer, le temps de confesser nos fautes et den implorer le pardon. Et qui de nous pourrait verser autant de larmes quen méritent ses incomparables douleurs? Écoutons le Prophète: « Qui donnera, dit-il, de leau à ma tête, et à mes yeux une source de larmes (Jérém. IX, 1) ? » Non, une source de larmes, fût-elle réellement dans mes yeux, ne suffirait point, quand nous voyons le Christ persiflé lorsque la vérité est si claire, et quand nul ne peut dire : Je ne savais pas. Car cest à celui qui possède lunivers entier, que lon ose bien en offrir une partie; cest à celui qui est assis à la droite de son Père, que lon dit : Quy a-t-il ici qui vous appartienne ? et au lieu de toute la terre, on ne lui montre que lAfrique.

2. Que deviennent, mes frères, les paroles que vous venez dentendre ? Que ne pouvons-nous les écrire avec des larmes ? Quelle est cette femme qui vint avec des parfums (Matt. XXVI, 7 ) ? De qui était-elle un symbole ? Nest-ce point de lEglise ? Que figurait le parfum quelle portait? Nest-ce point cette bonne odeur dont lApôtre a dit: Nous sommes en tous lieux la bonne odeur de Jésus-Christ (II Cor. II, 14 ) ? Et saint Paul nous désigne aussi lEglise; car en disant : « nous sommes », il sadresse aux fidèles. Et que leur dit-il ? Nous sommes en tous lieux la bonne odeur de Jésus-Christ. Voilà donc saint Paul qui nous dit que les fidèles sont partout la bonne odeur de Jésus-Christ, et lon ose le contredire? on soutient que lAfrique seule est une bonne odeur, que le reste du monde na quune odeur fétide? Qui donc affirme que nous sommes en tous lieux la bonne odeur du Christ ? LEglise. Cest cette bonne odeur que figurait ce vase de parfums répandu sur le Sauveur. Voyons si le Christ ne latteste pas lui-même. Quand des hommes zélés pour leurs intérêts, avares et voleurs, cest-à-dire quand Judas disait de ce parfum : « Pourquoi le perdre ainsi? on aurait pu (207) vendre ce parfum précieux et en faire le bien des pauvres (Matt. XXVI, 8.) » . Quand il voulait vendre ainsi la bonne odeur de Jésus-Christ, que lui répond le Sauveur ? « Pourquoi, dit-il, contristez-vous cette femme ? Ce quelle a fait pour moi, est une bonne oeuvre (Id. 10 ) ».Quai-je à dire encore, quand le Sauveur ajoute : « Partout où sera prêché lÉvangile dans tout lunivers, on dira à la louange de cette femme ce quelle vient de faire (Id. 13 ) ». Que peut-on ajouter à ces paroles ou en retrancher? Comment prêter loreille à ces calomniateurs ? Le Seigneur a-t-il menti ou sest-il trompé ? Quils choisissent, et quils nous disent ou que la vérité a pu mentir, ou que la vérité a pu se tromper. « Partout où lÉvangile sera prêché », dit Jésus-Christ. Et comme si on lui demandait : Où donc sera-t-il prêché ? « Dans tout lunivers », répond-il. Écoutons notre psaume, voyons sil parle dans le même sens. Écoutons ce chant lugubre, et dautant plus digne de nos larmes que lon chante pour des sourds. Je serais étonné, -mes frères, que lon chantât ce psaume aujourdhui chez les Donatistes. Pardonnez-moi, mes frères, si je vous confesse mon étonnement, muais jatteste le Christ miséricordieux, que je regarde ces hommes comme des pierres, sils nentendent pas ces choses. Comment parler plus clairement, même à des sourds? On peut lire dans ce psaume la passion du j Christ aussi clairement que dans lÉvangile, et toutefois, il a été composé je ne sais combien dannées avant que le Sauveur fût né de la vierge Marie : cétait le héraut qui annonçait le juge à venir. Lisons-le donc, autant que nous le permettra le peu de temps qui nous reste, non pas autant que le voudrait notre douleur, mais, ainsi que je lai dit, autant que nous le permettra lheure avancée.

3. « Ô Dieu, mon Dieu, regardez-moi : Pourquoi mabandonner ainsi ? » Ce sont les mêmes paroles que nous avons entendues à la croix, quand le Seigneur sest écrié : « Eli, Eli », cest-à-dire, mon Dieu, mon Dieu « Lama sabachtani ? » Pourquoi mavez-vous abandonné ? LÉvangéliste a traduit ces paroles, et dit que le Seigneur sécria en hébreu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mabandonnez-vous ? » Que voulait dire le Seigneur ? Car Dieu ne lavait pas abandonné, puisque lui-même est Dieu, que le Fils de Dieu est Dieu, que le Verbe de Dieu est Dieu. Écoutons dans son premier chapitre, cet Évangéliste qui répandait au dehors la surabondance quil avait puisée dans le cœur de Jésus(Jean, XXIII, 23 ); voyons si le Christ est Dieu. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Ce Verbe donc, qui était Dieu, « sest fait chair pour habiter parmi nous ». Cest ce Verbe qui était Dieu, et qui, sétant fait chair, disait pendant quil était cloué à la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, jetez les yeux sur moi , pourquoi mavez-vous abandonné ? » A quoi bon parler de la sorte, sinon parce que nous étions là nous-mêmes, et que lEglise est le corps de Jésus-Christ (Eph. I, 23 ) ? Pourquoi dire : « Mon Dieu, mon Dieu, jetez les yeux sur moi, mauriez-vous donc abandonné ? » sinon pour stimuler notre attention, et nous dire en quelque manière : « Cest de moi quil est parlé dans ce psaume ? Les cris de mes péchés éloignent de moi le salut ». Quels péchés avait celui dont il est dit : « Quil na commis aucune faute, et que le mensonge ne sest point trouvé dans sa bouche (I Pier. II, 23 ) ? » Comment peut-il dire: « mes péchés n, sinon parce quil implore le pardon de nos fautes, et quil a voulu quelles devinssent ses fautes, afin que sa justice devînt notre justice ? »

4. « Mon Dieu, je crierai vers vous pendant le jour, et vous ne mexaucerez point; pendant la nuit, et ce ne sera point une folie pour moi (Ps. XXI, 4 ) ». Ainsi parle-t-il de lui-même, de vous, de moi; car il parlait au nom de son corps mystique qui est lEglise. A moins peut-être, mes frères, que vous ne croyiez que le Seigneur craignait de mourir quand il disait : « Mon Père, sil est possible, que ce calice séloigne de moi (Matt. XXVI, 39 ) ». Le soldat nest jas plus valeureux que le général. « Il suffit au serviteur de ressembler au maître (Id. X, 25 ) ». Toutefois saint Paul , ce champion du roi Jésus, sécriait : « Je me sens pressé des deux côtés, jai le vif désir dêtre dégagé des liens du corps pour être avec Jésus-Christ (Phil. I, 23 ) ». Va-t-il désirer la mort pour être avec le Christ, quand ce même Christ craignait de mourir ? Quest-ce donc, sinon quil portait en lui notre infirmité, et quil parlait de la sorte au nom des fidèles déjà établis en son corps mystique, (208) et qui pourraient encore craindre la mort ? De là vient que cette prière était la prière des membres, et non du chef. Il en est de même de ces paroles : « Jai crié vers vous le jour et la nuit, et vous ne mexaucerez point ». Beaucoup en appellent à Dieu dans laffliction et ne sont point exaucés; mais cest pour leur salut, et non parce quils sont insensés. Paul demanda dêtre délivré de laiguillon de la chair et ne lobtint point; il entendit cette réponse : « Ma grâce te suffit, car la vertu use perfectionne dans la faiblesse (II Cor. XII, 9 ) ». Dieu donc ne lexauça point; et ce refus, loin de laccuser de folie, devait le former à la sagesse ; car lhomme doit comprendre que Dieu est médecin, et que laffliction est un remède pour nous guérir et non un châtiment qui aboutisse à la damnation. Pour vous guérir, on brûle, on tranche, et vous criez; le médecin est sourd à vos désirs, il cherche uniquement à vous guérir.

5. « Pour vous, ô gloire dIsraël, vous habitez dans le sanctuaire (Ps. XXI, 4 ) ». Vous habitez en ceux que vous sanctifiez, et à qui vous faites comprendre que si vous repoussez des demandes, cest pour le bien de ceux qui supplient, et que vous en exaucez dautres pour leur propre perte. Ce fut pour lavantage de saint Paul que Dieu rejeta sa prière, et pour la confusion de Satan quil accueillit la sienne. Il avait demandé de tenter Job, ce qui lui fut accordé (Job. I, 11 ). Les démons demandèrent dentrer dans les pourceaux, et Jésus le leur permit (Matt. VIII, 31 ). Ainsi les démons sont exaucés, lApôtre ne lest pas : mais ils sont exaucés pour leur confusion ; et dans lintérêt de son salut, lApôtre ne le fut point. « Ce nest point pour me convaincre de folie. Vous êtes la gloire dIsraël et vous habitez dans vos saints ». Pourquoi nexaucez-vous pas même ceux qui sont à vous? Mais pourquoi parler ainsi ? Souvenez-vous de dire toujours : Grâces à Dieu, devant cette foule dassistants, et plusieurs sont venus qui ne viennent point dordinaire. Je dis donc pour tous que laffliction nest pour le chrétien quune épreuve, sil nabandonne pas le Seigneur. Quand lhomme est heureux au dehors, le chrétien est dans un délaissement intérieur. Le feu est mis à la fournaise, et cette fournaise de lorfèvre est le symbole dun grand mystère. Il y a là de lor, il y a de la paille, il y a du feu qui agit dans un lieu resserré. Le feu est le même, leffet en est bien différent; il réduit la paille en cendre et ôte à lor ses scories. Ceux en qui habite le Seigneur deviennent ainsi meilleurs par laffliction, ils sont éprouvés comme lor. Si donc le démon notre ennemi demande quelquun et quil lobtienne de Dieu, alors, soit dans les maladies corporelles, soit dans la perte des biens, soit dans la mort de ses proches , que le chrétien maintienne son cœur entre les mains de celui qui ne labandonne et qui ne paraît fermer loreille à sa douleur que pour écouter ensuite sa prière avec miséricorde. Lartisan qui nous a faits sait ce quil doit faire, il sait aussi comment nous réconforter. Cest un habile architecte qui a construit lédifice, il sait réparer ce qui a pu sen écrouler.

6. Ecoutez encore ce que dit le Prophète : « En vous ont espéré nos pères; ils ont espéré, et vous les avez délivrés (Ps. XXI, 5 ) ». Nous savons, pour lavoir lu dans les Écritures, combien de nos pères Dieu a délivrés, parce quils espéraient en lui, Il a délivré de lEgypte tout le peuple dIsraël (Exod. XII, 51 ). Il a délivré les trois jeunes hommes des flammes de la fournaise; il a délivré Daniel de la fosse aux lions (Dan. III. ), et Suzanne dune accusation mensongère (Id. XIV ) : tous linvoquèrent, tous furent délivrés (Id. XIII). A-t-il fait défaut à son Fils, au point de ne point lexaucer sur la croix? Pourquoi donc nest-il pas délivré à linstant, celui qui a dit : « Nos pères ont espéré en vous, et vous les avez délivrés ? »

7. « Pour moi, je suis un ver et non pas un homme (Ps. XXI, 7 ) ». Un ver et non pas un homme. Lhomme aussi est un ver, mais celui-ci est un ver et non pas un homme. Pourquoi pas un homme ? Parce quil est Dieu. Pourquoi sest-il abaissé au point de se dire « un « ver ? ». Est-ce parce quun ver naît de la chair spontanément comme le Christ est né de la vierge Marie ? Il est donc un ver ? Et toutefois il nest pas un homme. Pourquoi un ver ? Parce quil est mortel, parce quil est né de la chair, parce quil est né dune vierge et sans le concours daucun homme. Pourquoi nest-il pas un homme ? Parce que le Verbe était au commencement, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu (Jean, I, 1 ).

8. « Je suis lopprobre des hommes, le (209) rebut de la populace (Ps. XXI, 7 ) ». Voyez combien il a souffert; et avant le récit de sa passion, afin de lécouter avec des gémissements plus sincères, voyez dabord les douleurs quil endure et ensuite voyez pourquoi. Quel est le fruit de sa passion ? Voilà que nos pères ont espéré et ont été délivrés de lEgypte. Et, comme je lai dit, tant dautres lont invoqué, et sans aucun retard ont été délivrés dès cette vie, sans attendre la vie éternelle. Job lui-même, livré à Satan qui lavait demandé, en proie aux ulcères et aux vers (Job, I, 11 ), recouvra néanmoins la santé dès cette vie, et des richesses doubles de celles quil avait perdues (Id. XLII, 11). Pour le Sauveur, il est flagellé, et nul secours; il est couvert de crachats, et nul secours; il est souffleté, et nul, secours; il est élevé en croix, et nulle délivrance; il sécrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mavez-vous abandonné (Matt. XXVIII ) ? » et nul secours. Pourquoi donc , mes frères ? Pourquoi tout cela ? Quelle est la récompense de tant de. douleurs ? Tout ce quil endure est une rançon. Que peut-il acheter au prix de tant de douleurs ? Récitons le psaume et voyons ce quil contient. Cherchons dabord ce quil a souffert, et ensuite pourquoi : et comprenons combien sont ennemis du Christ ceux qui confessent les douleurs quil a endurées et qui lui en dérobent le prix. Écoutons donc tout cela dans le psaume, et voyons ce quil a souffert et pour quel motif. Retenez ces deux points: qua-t-il souffert et pourquoi ? Jexplique maintenant ce quil a souffert, sans trop my arrêter : les paroles du psaume vous lexpliqueront mieux que moi. Voyez, chrétiens, ce quendure le Seigneur; il est « lopprobre des hommes et le rebut de la populace ».

9. « Tous ceux qui me voyaient me persiflaient, ils parlaient des lèvres et branlaient la tête. Il a espéré en Dieu, que Dieu le délivre, que Dieu le sauve puisquil se plaît en lui ». Mais pourquoi les Juifs parlaient-ils ainsi ? Cest parce que le Christ sétait fait homme, et quils le traitaient en homme.

10. « Parce que cest vous qui mavez tiré du sein maternel (Ps. XXI, 8, 9 ) ». Parleraient-ils ainsi contre ce Verbe qui était au commencement, ce Verbe qui était en Dieu ? Mais ce Verbe, par qui tout a été fait, na été tiré des entrailles maternelles que parce que le Verbe a été fait chair et a habité parmi nous. « Parce que vous mavez tiré du sein de ma mère, vous êtes mon Dieu dès que jai sucé la mamelle (Ps. XXI, 10 ) ». Avant tous les siècles vous êtes mon Père, mais vous êtes mon Dieu depuis que jai sucé la mamelle.

11. « Du sein de ma mère, jai été reçu dans vos bras », afin que vous fussiez mon unique espérance; cest lhomme, et lhomme dans sa faiblesse, le Verbe fait chair, qui parle ainsi. « Dès le sein de ma mère, vous êtes mon Dieu (Id. 11) ». Non point mon Dieu par vous-même; par vous-même vous êtes mon Père; et mon Dieu seulement depuis que jai passé par le sein de ma mère.

12. « Ne vous éloignez pas de moi; car la tribulation est proche, et il ny a personne pour me secourir ( Id. 12 ) ». Voyez comme il est abandonné, et malheur à nous, sil nous abandonnait. « Il ny a personne pour nous secourir ».

13. « De jeunes taureaux sans nombre, des taureaux puissants mont environné (Id. 13 ) ». Voilà le peuple et le prince, le peuple ou les jeunes taureaux sans nombre, les princes ou les taureaux puissants.

14. « Ils fondent sur moi, la gueule entrouverte, comme le lion qui déchire et qui rugit (Id. 14 ) ». Ecoutez ces rugissements dans lÉvangile: « Crucifiez-le, crucifiez-le (Jean, XIX, 6 ) ».

15. « Je me suis répandu comme leau, et mes ossements ont été dispersés (Ps. XXI, 15 ) ». Il appelle ossements, les disciples les plus fermes, car les os sont la solidité des corps. Quand ces ossements furent-ils dispersés ? Quand il leur dit : « Voilà que je vous envoie, comme des brebis au milieu des loups (Matt. XI, 6 ) ». Il dispersa donc ses disciples les plus solides, et il se répandit comme leau. Leau répandue lave ou arrose; le Christ sest répandu comme leau, pour laver nos souillures et arroser nos âmes. « Mon cœur sest fondu comme une cire au milieu de mes entrailles ». Cest son Eglise quil appelle ses entrailles. Comment son cœur est-il devenu comme une cire ? Son cœur, cest lEcriture, ou plutôt la Sagesse renfermée dans-les saintes Écritures. LEcriture était un livre fermé, que nul ne comprenait ; le Seigneur a été cloué à la croix, et alors elle est devenue claire comme la cire liquéfiée, et les plus faibles (210) esprits ont pu la comprendre. Cest de là que le voile du temple a été déchiré (Matt. XXVII, 51) et, ce qui était voilé, mis à découvert.

16. « Ma force a été durcie comme largile (Ps. XXI, 16 ) ». Admirable expression pour dire mon nom sest affermi par mes douleurs. De même que largile est molle avant de passer par le feu, et solide quand elle en sort ; de même le nom du Seigneur, méprisé avant la passion, en est sorti glorieux. « Ma langue sest attachée à mon palais ». Comme ce membre nest utile que pour-parler, le Sauveur appelle sa langue, les prédicateurs, et ils se sont attachés à son palais pour puiser la sagesse dans ses secrètes profondeurs. « Et vous mavez réduit à la poussière de la mort ».

17. « Voilà quune meute de chiens menvironne, que le conseil des méchants massiège (Id. 17 ) ». Voyez encore lÉvangile. « Ils ont percé mes mains et mes pieds ».Alors souvrirent ces plaies, dont un disciple incrédule toucha les cicatrices. Il avait dit : « Si je ne mets mon doigt dans la blessure des clous, je ne croirai point ». Jésus lui dit alors : « Venez, mettez votre doigt, ô incrédule ». Et il y mit sa main, et il sécria « Mon Seigneur, et mon Dieu » . Et Jésus: Parce que tu mas vu, tu as cru; bienheureux ceux qui croient sans voir (XX, 25, 28). « Ils ont percé mes mains et mes pieds ».

18. « Ils ont compté tous mes os (Ps. XXI, 18 ) », quand il était étendu sur la croix. On ne peut mieux exprimer lextension du corps sur la croix, quen disant : « ils ont compté tous mes os ».

19. « Ils mont regardé, ils mont considéré attentivement (Id. 19 ) ». Ils ont considéré, mais sans comprendre ; ils ont regardé, mais sans voir. Leurs yeux voyaient la chair, mais leur cœur ne sélevait pas jusquau Verbe. « Ils se sont partagé mes vêtements ». Ses vêtements sont les sacrements. Remarquez, mes frères, que ses vêtements ou ses sacrements ont bien pu être divisés par lhérésie; mais il y avait là une robe, que nul ne peut diviser. « ils ont tiré ma robe au sort ». « Il y avait là » ,dit lÉvangéliste, « sa tunique tissue den haut (Jean, XIX, 27 ) ». Donc, tissue dans le ciel, tissue par le Père, tissue par lEsprit-Saint. Quelle est cette robe, sinon la charité que lon ne peut partager ? Quelle est cette robe, sinon lunité ? On la tire au sort, parce que lon ne peut la diviser. Les hérétiques ont bien pu diviser les sacrements, mais non diviser la charité. Impuissants à la partager, ils se sont retirés, mais elle demeure dans son intégrité. Le sort la donnée à quelques-uns ; celui qui la possède, est en sûreté; car nul ne peut le jeter hors de lEglise catholique; et si lhomme du dehors commence à lavoir, on ly introduit, comme le rameau dolivier porté par la colombe (Gen. VIII, 11 ).

20. « Pour tous, ô mon Dieu, néloignez pas de moi votre secours (Ps. XXI, 20 ) ». Ainsi en fut-il, et Dieu le ressuscita le troisième jour. « Pourvoyez à ma défense ».

21. « Arrachez mon âme à la framée (Id. 21 ) » ; cest-à-dire à la mort. Une framée est un glaive, et par le glaive il a voulu entendre la mort. « Et mon unique à la main des chiens ». Cette âme, et cette unique, cest son âme et son corps; cest son Eglise quil appelle unique. « A la main », cest-à-dire au pouvoir des chiens. Qui sont les chiens ? Ceux qui aboient commue des chiens, sans savoir à qui ils sen prennent. On ne leur fait rien, et néanmoins ils aboient. Que fait au chien un passant ? le chien laboie pourtant. Aboyer aveuglément, sans savoir ni contre qui, ni pour qui, cest là être chien.

22. « Sauvez-moi de la gueule du lion (Id. 22 ) ». Vous connaissez ce lion rugissant qui rôde autour de nous, cherchant quelquun à dévorer (I Pierre, V, 8 ). « Épargnez à mon humilité la corne du rhinocéros ». Il nappelle rhinocéros que les orgueilleux; aussi a-t-il ajouté : « Mon humilité ».

23. Vous avez entendu les douleurs que le Christ a endurées, et les prières quil a faites pour en être délivré: considérons, maintenant, pourquoi il a souffert. Mais voyez dabord, mes frères, à quoi bon porter le nom de chrétien, quand on nest point dans cet héritage pour lequel le Christ a souffert? Nous avons entendu ce quil a enduré; quon comptât ses os, quon le tournât en dérision, quon partageât ses vêtements, quon tirât sa robe au sort, quon dispersât ses ossements; cest ce que nous apprend le psaume, et ce que nous lisons dans lÉvangile. Voyons pourquoi. Ô Christ, Fils de Dieu, vous ne souffririez point, si vous ne le vouliez pas, montrez-nous donc le fruit de (211) votre passion. Ecoutez, nous dit-il, quel est ce fruit : je ne le cache point; mais lhomme est sourd à mes paroles. Ecoutez donc bien quel est ce fruit acheté par mes douleurs. « Jannoncerai votre nom à mes frères ». Voyons sil ne prêche le nom du Seigneur à ses frères, que dans une partie du monde. « Jannoncerai votre nom à mes frères, je vous chanterai au milieu de lEglise (Ps. XXI, 23) ». Cest ce qui saccomplit maintenant. Mais voyons quelle est cette Eglise: « Je vous chanterai au milieu de lEglise ». Voyons donc lEglise pour laquelle il a souffert.

24. « Louez le Seigneur, vous qui le craignez (Id. 24 ) ». LEglise du Christ est donc partout où lon craint et où lon bénit Dieu. Or, voyez, mes frères, si dans ces jours il ny a point de sens dans le chant de lAmen, et de lAlléluia qui retentit par toute la terre. Est-ce que Dieu ny est pas craint ? Est-ce que le Seigneur ny est pas béni ? Voilà que Donat sen vient nous dire : Il ny a plus de crainte, et le monde entier a péri, il a tort de dire le monde entier ; nen restera-t-il donc quune faible part en Afrique ? Mais le Christ na-t-il donc pas une parole pour fermer la bouche à ces prédicateurs ? Na-t-il pas une parole pour leur arracher la langue ? Cherchions, nous la trouverons peut-être. Quand le Christ « doit bénir Dieu au milieu de lEglise », cest de notre Eglise quil parle. Voyons si nos adversaires louent le Seigneur, afin de comprendre si cest bien deux quil parle, sil est béni dans leur Eglise. Comment bénissent-ils le Christ, ceux qui prêchent quil a perdu toute la terre, que le diable la conquise sur lui, quil ne lui en reste quune partie ? Mais voyons encore, et que le psaume parle avec plus de clarté, quil sexplique avec plus dévidence; quil ny ait plus besoin dinterprétation, quil mie reste aucun doute. « Glorifiez-le, race entière de Jacob ». Peut-être diront-ils encore: Cest nous qui sommes la race de Jacob. Voyons sils sont en effet cette race,

25. « Quil soit craint de toute la postérité dIsraël (Id. 25 ) ». Quils disent encore quils sont la race dIsraël, nous leur permettons de le dire. « Car il na point méprisé ni rejeté la prière des pauvres ». De quels pauvres? de ceux qui ne présumaient point deux-mêmes. Jugeons par là sils sont pauvres , ceux qui disent : « Nous sommes justes », quand Jésus-Christ dit lui-même: « Les cris de mes péchés éloignent de moi le salut (Ps. XXI, 2 ) ». Mais quils disent encore ce quil leur plaira. « Il na point détourné de moi son visage, et quand je criais vers lui il ma exaucé (Id. 25 ) ». En quoi la-t-il exaucé, pour quel motif ?

26. « Vous êtes lobjet de ma louange (Id. 26 ) ». Il met sa gloire en Dieu pour nous apprendre à ne point présumer de lhomme. Quils disent encore ce quils voudront. Déjà ils commencent à sentir leffet du feu qui sapproche: « Car nul ne peut se dérober à sa chaleur (Ps. XVIII, 7 ) ». Quils disent encore : Nous ne présumons pas non plus en nous-mêmes, et cest en Dieu que nous mettons notre gloire; quils disent même : « Je chanterai vos louanges dans une grande assemblée ». Il me semble quici le Christ les touche au cœur. Quest-ce, mes frères, quune grande Eglise ? Appellerait-on grande Eglise un coin de la terre ? Une grande Eglise, cest lunivers entier. Quelquun voudrait-il contredire le Christ ? Voici vos paroles, ô Christ : « Je chanterai vos louanges dans une grande Eglise » ; dites-nous donc quelle est cette Eglise ! Vous êtes resserré dans un coin de lAfrique; vous avez perdu le monde entier, vous avez versé votre sang pour tous; mais lennemi a envahi vos domaines. Si nous parlons ainsi, mes frères, cest comme pour linterroger, car nous savons ce quil y aurait à répondre. Supposons néanmoins que nous ignorons ce quil dit : sa réponse nest-elle point : Attendez, je vais parler de manière à lever tous les doutes? Écoutons donc ce quil va dire. Pour moi, je voulais prononcer, et ne point laisser aux hommes la liberté dinterpréter cette parole du Christ : « Dans une grande Eglise ». Et tu viens me dire quil est resserré à lune des extrémités? Ils oseront encore nous dire : Notre assemblée est grande, que dites-vous de Bagaï et de Tamugade ? Si le Christ na plus un mot pour les confondre, ils diront que la Numidie seule est cette grande Eglise.

27. Voyons encore, écoutons Jésus-Christ. « Jaccomplirai mes vœux en présence de ceux qui le craignent (Ps. XXI, 26 ) ». Quels sont les vœux du Christ ? le sacrifice quil offrit à Dieu. Savez-vous quel sacrifice ? Les fidèles savent les (212) voeux accomplis par le Christ en présence de ceux qui le craignaient. Car voici ce qui suit : « Les pauvres mangeront et seront rassasiés (Ps. XXI, 27 ) ». Bienheureux donc ces pauvres qui mangent ainsi pour être rassasiés ! Donc, les pauvres mangent. Quant aux riches, ils ne sont pas rassasiés, parce quils nont pas faim. Les pauvres mangeront. Il était un pauvre, ce Pierre le pêcheur, et Jean cet autre pêcheur, et Jacques son frère (Matt. IV, 18 ), et même le publicain Matthieu (Id. IX, 9 ). Ils étaient des pauvres, tous ces autres qui mangèrent et qui furent rassasiés, parce quils souffrirent comme la victime quils mangeaient. Car le Christ a donné ses douleurs comme il a donné ses festins; cest celui qui souffre comme lui, qui est rassasié. Les pauvres limitent, car ils souffrent pour suivre les traces de Jésus-Christ. « Ces pauvres mangeront ». Comment sont-ils pauvres ? « Cest quils louent le Seigneur, ceux qui le recherchent (Id. IX, 9) ». Les riches se louent eux-mêmes, les pauvres louent le Seigneur. Comment donc sont-ils pauvres ? Cest quils bénissent le Seigneur, quils recherchent le Seigneur, et que le Seigneur est le trésor des pauvres; doù vient que leur maison est dénuée, tandis que leur cœur est plein de richesses, Que le riche travaille à remplir ses coffres, le pauvre cherche à remplir son cœur : et quand leur cœur est enrichi, ils bénissent le Seigneur, ceux qui le recherchent. Voyez, mes frères, en quoi consiste la richesse de ces vrais pauvres; elle ne loge, ni dans les coffres, ni dans les greniers, ni dans tes celliers. « Leurs cœurs vivront dans léternité ».

28. Ecoutez-moi donc, mes frères. Le Christ a souffert, il a enduré tout ce que vous avez entendu; nous avons cherché le but de ses douleurs, et il sest mis à nous dire : « Jannoncerai votre nom à mes frères, je vous chanterai au milieu de lEglise ». Mais ils répliquent : Nous sommes cette Eglise. « Quil soit redouté dans la postérité dIsraël ». Et eux de dire : Nous sommes la postérité dIsraël. « Il na point rejeté ni dédaigné la «prière des pauvres ». Ils disent encore Nous sommes ces pauvres. « Il na pas détourné de moi son visage ». Jésus-Christ, notre Seigneur, na pas détourné sa face de lui-même, ou de son corps, qui est lEglise. « En vous est ma louange ». Et vous voulez vous louer vous-mêmes. Mais, nous répondront-ils, cest bien lui que nous chantons aussi. « Je remplirai mes voeux en présence de ceux qui le craignent ». Les fidèles savent que cest un sacrifice de paix, un sacrifice de charité, le sacrifice de son corps: nous ne pouvons aujourdhui nous étendre à ce sujet. « Je remplirai mes voeux devant ceux qui me craignent ». Mangez, publicains, mangez pêcheurs, mangez, imitez le Seigneur, souffrez, et vous serez rassasiés. Le Seigneur lui-même est mort ; les pauvres meurent à leur tour, et la mort des disciples vient sajouter à la mort du maître. Pourquoi ? montrez-men lutilité. « Les extrémités de la terre se ressouviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui (Ps. XXI, 30 ) ». Hélas! mes frères, pourquoi nous demander ce que nous répondrons aux partisans de Donat ? Ce psaume que nous lisons ici aujourdhui se lit encore aujourdhui chez eux. Gravons-le sur nos fronts, marchons avec lui, ne donnons aucun repos à notre langue, et répétons sans cesse : Le Christ a souffert, voilà que ce négociant divin nous montre ce quil vient dacheter, son sang quil a répandu en est le prix. Il portait ce prix dans une bourse divine; et cette bourse sest répandue sous le coup dune lance impie, et il en est sorti la rançon du monde entier. Que viens-tu me dire, ô hérétique ? Nest-ce point le prix de lunivers entier ? lAfrique seule serait-elle rachetée? tu noserais le dire. Tout lunivers a été racheté, diras-tu, mais il a échappé au Christ. Quel ravisseur a donc. fait perdre au Christ ce qui lui appartenait? « Voilà que tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ». Que ces paroles vous suffisent donc. Sil était dit: Les confins de la terre, et non, « tous les confins de la terre », ils pourraient nous répliquer: Nous avons en Mauritanie ces confins de la terre. Mais, ô hérétique, il a dit : « Tous les confins de la terre », oui, « tous » ; où donc pourras-tu fuir, pour éviter cette réponse ? Nul moyen déchapper; il ne te reste que la porte pour entrer.

29. Toutefois, mes frères, je ne veux pas établir une dispute, de peur que lon attribue quelque valeur à mon discours. Ecoutez donc le psaume, et lisez-le. Voilà que le Christ a souffert, son sang est répandu; voilà dune part le Rédempteur, et dautre part la rançon. Quon me dise lobjet racheté. Mais pourquoi (213) le demander ? puisquon pourrait me répondre Ô insensé, à quoi bon les questions ? Tu as un livre, et dans ce livre le prix de la rançon, et lobjet racheté. Vous pouvez y lire : « Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ». Oui, les confins de la terre sen souviendront. Mais les hérétiques lont oublié, aussi le leur lit-on chaque année. Croyez-vous quils prêtent loreille, quand le lecteur répète : « Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ? » Mais ce nest peut-être quun verset, et vous aviez lesprit distrait, ou vous parliez au voisin, quand on a lu ce passage; voyez pourtant comme il le répète, et force les sourds dentendre : « Toutes les nations de la terre se prosterneront pour ladorer ». Il est encore sourd, et nentend pas plus, frappons de nouveau. « Au Seigneur appartient lempire, et il dominera les nations ». Retenez bien, mes frères, ces trois versets. Aujourdhui on les chante aussi chez eux, à moins quils ne les aient effacés. Pour moi, mes frères, je suis tellement frappé, tellement hors de moi-même, quune telle surdité, une telle dureté de coeur me jette dans la stupeur, et je me prends à douter quelquefois sils ont ces passages dans leurs livres. Aujourdhui tous les fidèles accourent à lEglise, aujourdhui tous prêtent loreille attentivement à la lecture de ce psaume, tous demeurent en suspens à cette lecture. Mais fussent-ils inattentifs, ny a-t-il que ce seul verset : « Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur, et se tourneront vers lui ? » Vous vous éveillez, vous frottez encore vos yeux : « Et les peuples de la terre se prosterneront en sa présence ». Vous vous réveillez, vous êtes encore assoupis, écoutez : « Au Seigneur appartient lempire, et il dominera toutes les nations ».

30. Que pourraient-ils répliquer ? je ne sais ; quils sen prennent aux saintes Écritures, et non plus à nous. Voilà le livre, quils le combattent. A quoi sert de dire : Cest nous qui avons sauvé les Écritures, quon aurait brûlées ? Elles sont sauvées pour te brûler, ô hérétique. A quoi bon les sauver ? Ouvre-les donc pour les lire. Tu les a sauvées, et tu les combats. Pourquoi sauver de la flamme ce que tu effaces de la langue ? Je nen crois rien, je ne puis croire que tu les aies sauvées; non, tu ne les as pas sauvées, je nen crois rien. Les nôtres, au contraire, ont raison de dire que tu les as livrées. il prouve sa trahison, celui qui refuse dexécuter un testament quon lui a lu. On le lit devant moi, et je my rends; devant toi, et tu contestes. Quelle main la jeté au feu ? Est-ce la main de celui qui laccepte et le suit, ou la main de celui qui est chagrin quil existe encore, et quon le puisse lire? Mais je ne veux plus connaître le sauveur de ce livre; peu importe de quelle manière et dans quelle caverne on lait trouvé, cest le testament de notre père; je ne connais ni les voleurs qui voulaient le soustraire, ni les persécuteurs qui le voulaient brûler: de quelque part quil nous vienne, il doit être lu. Pourquoi disputer ? Nous sommes frères, à quoi bon plaider ? Notre père nest point mont sans testament. Il en a fait un, et il est mort ; après sa mort, il est ressuscité. On dispute sur lhéritage dun défunt, tant que le testament nest pas devenu public : dès que le testament se produit en public, tous gardent le silence, afin quon louvre et quon le lise. Le juge lécoute avec attention, les avocats se taisent, les huissiers font faire silence, tout le peuple demeure en Suspens, pour laisser lire les paroles dun défunt, qui est sans mouvement dans le sépulcre. Cet homme est donc sans vie sous la pierre, mais ses paroles ont une valeur : et cest quand Jésus-Christ est assis dans le ciel, que lon conteste son testament ? Ouvrez donc, et lisons. Nous sommes frères, pourquoi ces disputes ? Soyons plus paisibles, notre père ne nous a pas laissés sans testament. Et celui qui a fait ce testament, vit dans léternité, il entend nos voix, il connaît celle qui est à lui. Lisons donc, à quoi bon disputer? Prenons possession de lhéritage, quand nous laurons trouvé. Ouvrez le testament, et lisez donc un des premiers psaumes : « Demande-moi ». Mais qui parle ainsi ? Peut-être nest-ce pas Jésus-Christ. Vous avez encore au même endroit: « Le Seigneur ma dit: Vous êtes mon Fils, cest aujourdhui que je vous ai engendré (Ps. II, 7 ) ». Donc est-ce le Fils de Dieu qui parle, ou le Père qui parle à son Fils ? Et que dit-il à ce Fils ? « Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage, et ton empire embrassera tous les confins de la terre (Id. 8.) ». Souvent, mes frères , quand on conteste au sujet dun champ, on senquiert des possesseurs qui (214) avoisinent, et entre tel ou tel voisin, on cherche lhéritier à qui il est échu ou qui en est lacheteur. Auprès de quels voisins sinformer ? Auprès de ceux qui possèdent les propriétés environnantes. Mais celui qui na aucune borne à son héritage na aucun voisin, Or, de quelque part que vous vous tourniez, cest le Christ qui est possesseur. Tu as en héritage les confins de la terre, viens, possède avec moi la terre entière. Pourquoi mintenter un procès pour mappeler en partage ? Viens ici, cest un avantage de perdre ton procès puisque tu auras le tout. Quel sujet pour toi de disputer ? Jai lu le testament, et tu disputes encore ? Viendras-tu nous objecter quil a dit : « Les confins de la terre, et non, tous les confins ? Lisons donc alors. Quavons-nous lu ? Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur et se tourneront vers lui. Toutes les nations de la terre se prosterneront en sa présence. Lempire est au Seigneur, et il dominera les nations ». Cest donc à lui et non à vous quappartient la domination. Reconnaissez donc et le Seigneur votre maître, lhéritage du Seigneur

31. Mais vous aussi, qui voulez avoir une possession à part, et non plus avec nous dans lunité du Christ, car vous voulez dominer sur la terre et non régner avec lui dans le ciel, vous possédez vos demeures. Nous sommes allés quelquefois les trouver, mes frères, et pour leur dire : Cherchons la vérité, trouvons la vérité. Et eux de nous répondre : Gardez ce que vous avez; tu as tes brebis, jai les miennes; laissez mes brebis en paix comme jy laisse les vôtres. Grâces à Dieu, jai mes brebis, et il a ses brebis, qua donc racheté le Christ ? Ah ! quelles ne soient ni à toi ni à moi, ces brebis, mais bien à celui qui les a rachetées, à celui qui les a marquées de son caractère ! « Ni celui qui plante nest rien, ni celui qui arrose, mais cest Dieu qui donne laccroissement ( I Cor. III, 7 ) ». Pourquoi donc avoir tes brebis et moi mes brebis ? Si le Christ est avec toi, que mes brebis y aillent aussi, car elles ne sont pas à moi; et si le Christ est avec nous, que tes brebis y viennent aussi, puisquelles ne sont pas à toi. Quelles entrent dans leur héritage en nous baisant le front et les mains, et que les enfants étrangers disparaissent. Elles ne mappartiennent pas, dit-il. Quest-ce à dire ? Voyons si elles ne vous appartiennent pas, voyons si vous nen avez pas revendiqué la possession. Je travaille au nom du Christ, toi au nom de Donat; car si cest pour le Christ, le Christ est partout. Tu dis « Le Christ est ici (Matt. XXIV, 23 ) », et moi je dis quil est partout. « Enfants, louez le Seigneur, bénissez le nom du Seigneur ».Doù viendra cette louange ? Et jusquoù ira-t-elle ? « De lOrient jusquau couchant, bénissez le nom du Seigneur (Ps. CXII, 1 ) ». Cest là lEglise que je vous montre, cest là ce qua acheté le Christ et ce quil a racheté, cest pour cela quil a donné son sang. Mais toi, que dis-tu ? Cest aussi pour lui que je recueille. « Celui qui ne ramasse point avec moi, te répond-il, celui-là disperse (Matt. XII, 30 ) ». Or, tu divises lunité, tu veux un domaine à part. Pourquoi donc avoir le nom du Christ ? Cest parce que tu as prétendu que le nom fût comme un titre qui garantît ta possession. Nest-ce point là ce que font plusieurs à légard de leur maison ? Pour la garantir contre lavidité dun larron puissant, le maître y place le titre dun autre homme puissant, titre mensonger. Il veut être possesseur de sa maison, et pour se lassurer, il met au frontispice un titre demprunt, afin quen lisant ce nom dun homme puissant dans le monde, un ravisseur soit saisi de frayeur et sabstienne de toute violence. Cest ce que firent nos hérétiques lorsquils condamnèrent les Maximianistes. Ils allèrent trouver les juges, et pour montrer des titres qui les fissent regarder comme évêques, ils récitèrent les canons de leur concile. Alors le juge demanda : Est-il ici quelque autre évêque du parti de Donat ? Lassemblée répondit : Nous ne reconnaissons quAurèle qui est catholique. Dans la crainte des lois, ils nont parlé que dun seul évêque. Mais pour se faire écouter du juge, ils empruntaient le nom du Christ et couvraient de ses titres leur possession. Que le Seigneur le leur pardonne dans sa bonté, et quil revendique son héritage partout où il retrouve ses titres; sa miséricorde est assez grande pour leur faire cette grâce, et pour ramener dans son Eglise tous ceux quil rencontrera sous le nom du Christ. Voyez, mes frères, quand un prince trouve ses titres sur quelque domaine, na-t-il pas le soin de le revendiquer en disant : Sil nétait mon domaine, il ne porterait pas mes (215) titres ? Jy trouve mon nom, le domaine est à moi; tout domaine mappartient quand il porte mon nom. Change-t-il jamais ses titres ? Le titre dautrefois est le titre daujourdhui; lhéritage peut changer de maître et non de titre. De même, quand ceux qui ont reçu le baptême du Christ reviennent à lunité, nous ne changeons pas les titres, nous ne les effaçons point; mais nous reconnaissons les titres de notre roi, le nom de notre prince. Que disons-nous ? Héritage infortuné, sois le domaine de celui dont tu portes les titres; tu portes le nom du Christ, ne sois donc pas lhéritage de Donat.

32. Cest beaucoup nous étendre , mes frères; mais gardez-vous doublier ce que nous avons lu. Je vous le répète, et il faut souvent le redire; au nom de ce jour sacré, ou plutôt, des mystères que lon y célèbre, je vous en supplie, noubliez pas ces paroles : « Toutes les nations de la terre se souviendront du Seigneur et se tourneront vers lui.Tous les peuples de la terre se prosterneront en sa présence. Lempire est au Seigneur, et il dominera les peuples ». En face dun titre si clair, si authentique de la possession du Christ, fermez loreille aux paroles dun imposteur. Toute contradiction est la parole dun homme, ceci est la parole de Dieu.




Le Psaume 21 « Prière de supplication » expliqué par Monseigneur Patrick Chauvet, Recteur-archiprêtre de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris et administrateur de Saint Germain l´Auxerrois.





Dernière édition par Lumen le Jeu 29 Avr 2021 - 19:18, édité 2 fois

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Message par Invité Jeu 29 Avr 2021 - 12:09

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Psaume 23 (22) - "Le bon Pasteur"





Psaume 23 (22 selon la datation gréco-latine) - "Le bon Pasteur" : Ps 23, 1- 3 : Psaume. De David. Yahvé est mon berger, rien ne me manque. Sur des prés d'herbe fraîche il me parque. Vers les eaux du repos il me mène, il y refait mon âme; il me guide aux sentiers de justice à cause de son nom.

Le psaume 23 (22 dans la numérotation latine) est attribué au Roi David, qui décrit Dieu comme le Berger. Dans l'évangile selon Jean 10,11, c'est Jésus qui qui est notre bon berger : "Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis". Le nom du psaume 22 en latin est "Dominus pascit".


Le « Psaume 22 et son Antienne » psalmodié par les Moines Bénédictins de l’Abbaye de Keur Moussa au Sénégal :



Antienne : « Le Seigneur a dressé pour nous sa table, il nous invite à son festin »

Psaume 22 :
- Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.
- Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.
- Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.
- Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.
- Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

Rendons gloire au Père tout puissant, à son fils Jésus-Christ le Seigneur, à l’Esprit qui habite en nos cœurs, pour les siècles des siècles. Amen.



Le Psaume 22 (23) en français : "Yahvé est mon berger, rien ne me manque." (La Bible de Jérusalem, 1998)

Dieu est le bon pasteur de son peuple : tout est grâce et bonheur auprès du Père. Tout est paix à la suite du Christ. Tout est joie quand l'Esprit chante en nous.

Ps 22, 1 : Psaume. De David. Yahvé est mon berger, rien ne me manque.
Ps 22, 2 : Sur des prés d'herbe fraîche il me parque. Vers les eaux du repos il me mène,
Ps 22, 3 : il y refait mon âme; il me guide aux sentiers de justice à cause de son nom.
Ps 22, 4 : Passerais-je un ravin de ténèbre, je ne crains aucun mal car tu es près de moi; ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent.
Ps 22, 5 : Devant moi tu apprêtes une table face à mes adversaires; d'une onction tu me parfumes la tête, ma coupe déborde.
Ps 22, 6 : Oui, grâce et bonheur me pressent tous les jours de ma vie; ma demeure est la maison de Yahvé en la longueur des jours.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.





Dominus Pascit Me: Ps.22 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.


Le Psaume 22 (23) en latin (La Vulgate) : "Dominus pascit"

Ps 22, 1 : Psalmus David. Dominus reget me et nihil mihi deerit
Ps 22, 2 : in loco pascuae ibi; me conlocavit super aquam refectionis educavit me
Ps 22, 3 : animam meam convertit deduxit me super semitas iustitiae propter nomen suum
Ps 22, 4 : nam et si ambulavero in medio umbrae mortis non timebo mala quoniam tu mecum es virga tua et baculus tuus ipsa me consolata sunt
Ps 22, 5 : parasti in conspectu meo mensam adversus eos qui tribulant me inpinguasti in oleo caput meum et calix meus inebrians quam praeclarus est
Ps 22, 6 : et misericordia tua subsequitur me omnibus diebus vitae meae et ut inhabitem in domo Domini in longitudinem dierum.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.



Benoît XVI - 5 octobre 2011

*Les 150 psaumes avec textes, vidéos et commentaires...* Benoit-XVI


L'audience générale de Benoît XVI du mercredi 5 octobre 2011 sur le Psaume 23 :

Chers frères et sœurs,


S’adresser au Seigneur dans la prière implique un acte radical de confiance, dans la conscience de s’en remettre à Dieu qui est bon, « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34, 6-7 ; Ps 86, 15 ; cf. Jl 2, 13 ; Gn 4, 2 ; Ps 103, 8 ; 145, 8 ; Né 9, 17). C’est pourquoi je voudrais aujourd’hui réfléchir avec vous sur un Psaume plein de confiance, dans lequel le Psalmiste exprime sa sereine certitude d’être guidé et protégé, mis à l’abri de tout danger, parce que le Seigneur est son pasteur. Il s’agit du Psaume 23 — selon la datation gréco-latine 22 — un texte familier à tous et aimé de tous.

« Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque » : c’est ainsi que débute cette belle prière, évoquant le contexte nomade de l’élevage des brebis et l’expérience de la connaissance réciproque qui s’établit entre le pasteur et les brebis qui composent son petit troupeau. L’image rappelle une atmosphère de confidence, d’intimité, de tendresse : le pasteur connaît ses brebis une par une, il les appelle par leur nom et elles le suivent parce qu’elles le reconnaissent et qu’elles se fient à lui (cf. Jn 10,2-4). Il prend soin d’elles, il les garde comme des biens précieux, prêt à les défendre, à en garantir le bien-être, à les faire vivre dans la tranquillité. Rien ne peut leur manquer si le pasteur est avec elles. C’est à cette expérience que fait référence le Psalmiste en appelant Dieu son pasteur, en se laissant guider par Lui vers des pâturages sûrs :

« Sur des prés d’herbe fraîche

il me parque.

Vers les eaux du repos

il me mène,

il y refait mon âme ;

il me guide aux sentiers de justice

à cause de son nom » (v. 2-3).

La vision qui s’ouvre sous nos yeux est celle de prés verts et de sources d’eau limpide, une oasis de paix vers laquelle le pasteur accompagne le troupeau, symboles des lieux de vie vers lesquels le Seigneur conduit le Psalmiste, qui se sent comme les brebis étendues sur l’herbe à côté d’une source, au repos, non en tension ou en état d’alarme, mais confiantes et tranquilles, parce l’endroit est sûr, l’eau est fraîche, et le pasteur veille sur eux. Et n’oublions pas ici que la scène évoquée par le Psaume se passe dans une terre en large partie désertique, battue par le soleil cuisant, où le pasteur semi-nomade du Moyen-Orient vit avec son troupeau dans les steppes desséchées, qui s’étendent autour des villages. Mais le pasteur sait où trouver l’herbe et l’eau fraîche, essentielles pour la vie, il sait porter à l’oasis où l’âme « se raffermit » et où il est possible de reprendre des forces et de nouvelles énergies pour se remettre en chemin.

Comme le dit le Psalmiste, Dieu le guide vers les « prés d’herbe fraîche » et les « eaux du repos », où tout est surabondant, tout est donné de façon copieuse. Si le Seigneur est le pasteur, même dans le désert, lieu d’absence et de mort, la certitude d’une présence radicale de vie ne fait pas défaut, au point de pouvoir dire : « rien ne me manque ». Le pasteur, en effet, a à cœur le bien de son troupeau, il adapte ses propres rythmes et ses propres exigences à celles de ses brebis, il marche et il vit avec elles, en les guidant sur des sentiers « justes », c’est-à-dire adaptés à elles, attentif à leurs besoins et non aux siens. La sécurité de son troupeau est sa priorité et c’est à elle qu’il obéit quand il le conduit.

Chers frères et sœurs, nous aussi, comme le Psalmiste, si nous marchons derrière le « bon Pasteur », aussi difficiles, tortueux ou longs que puissent apparaître les parcours de notre vie, souvent aussi dans des zones désertiques spirituellement, sans eau et sous le soleil d’un rationalisme cuisant, sous la conduite du bon pasteur, le Christ, nous sommes certains d’aller sur les routes « justes » et que le Seigneur nous guide et qu’il est toujours proche de nous et qu’il ne nous manquera rien.

C’est pourquoi le Psalmiste peut déclarer une tranquillité et une sécurité sans incertitudes ni craintes :

« Passerais-je un ravin de ténèbres,

je ne crains aucun mal

car tu es près de moi ;

ton bâton, ta houlette sont là

qui me consolent » (v. 4).

Qui passe avec le Seigneur dans le ravin de ténèbres de la souffrance, de l’incertitude et de tous les problèmes humains, se sent en sécurité. Tu es avec moi : telle est notre certitude, celle qui nous soutient. L’obscurité de la nuit fait peur, avec ses ombres changeantes, la difficulté à distinguer les dangers, son silence rempli de bruits indéchiffrables. Si le troupeau se déplace à la nuit tombée, quand la visibilité se fait incertaine, il est normal que les brebis soient inquiètes, le risque existe de trébucher ou de s’éloigner et de se perdre, et il y a encore la crainte de possibles agresseurs qui se cachent dans l’obscurité. Pour parler de ce ravin de « ténèbres », le Psalmiste utilise une expression en hébreux qui évoque les ténèbres de la mort, pour lequel la vallée à traverser est un lieu d’angoisse, de terribles menaces, de dangers de mort. Et pourtant, l’orant continue avec certitude, avec assurance, sans peur, parce qu’il sait que le Seigneur est avec lui. Ce « tu es avec moi » est une proclamation de confiance, inébranlable, et elle synthétise l’expérience d’une foi radicale ; la proximité de Dieu transforme la réalité, le ravin de ténèbres perd toute dangerosité, se vide de toute menace. Le troupeau à présent peut cheminer tranquille, accompagné par le bruit familier du bâton qui bat sur le terrain et signale la présence rassurante du pasteur.

Cette image réconfortante termine la première partie du Psaume et laisse place à une scène différente. Nous sommes encore dans le désert, où le pasteur vit avec son troupeau, mais à présent nous sommes transportés sous sa tente, qui s’ouvre pour donner l’hospitalité :

« Devant moi tu apprêtes une table

face à mes adversaires ;

d’une onction tu me parfumes la tête,

ma coupe déborde » (v. 5).

maintenant, le Seigneur est présenté comme Celui qui accueille l’orant, avec les signes d’une hospitalité généreuse et pleine d’attentions. L’hôte divin prépare la nourriture sur la « table », un terme qui en hébreu indique, dans son sens primitif, la peau de bête qui était étendue par terre et sur laquelle on posait les plats pour le repas commun. Il s’agit d’un geste de partage non seulement de la nourriture, mais également de la vie, dans une offrande de communion et d’amitié qui crée des liens et exprime la solidarité. Et ensuite, il y a le don munificent de l’huile parfumée sur la tête, qui procure un soulagement contre la brûlure du soleil du désert, qui rafraîchit et adoucit la peau et réjouit l’esprit de son parfum. Enfin, le calice débordant ajoute une note de fête, avec son vin exquis, partagé avec une générosité surabondante. Nourriture, huile, vin : ce sont les dons qui font vivre et qui donnent la joie car ils vont au-delà de ce qui est strictement nécessaire et expriment la gratuité et l’abondance de l’amour. Le Psaume 104 proclame, en célébrant la bonté providentielle du Seigneur : « Tu fais croître l’herbe pour le bétail et les plantes à l’usage des humains, pour qu’ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour que l’huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le cœur de l’homme » (vv. 14-15).

Le Psalmiste est l’objet de nombreuses attentions, c’est pourquoi il se voit comme un voyageur qui trouve refuge sous une tente hospitalière, alors que ses ennemis doivent s’arrêter pour regarder, sans pouvoir intervenir, car celui qu’ils considéraient comme leur proie a été mis en sécurité, il est devenu un hôte sacré, intouchable. Et nous sommes nous-mêmes le Psalmiste, si nous sommes réellement croyants en communion avec le Christ. Quand Dieu ouvre sa tente pour nous accueillir, rien ne peut nous faire de mal.

Ensuite, lorsque le voyageur repart, la protection divine se prolonge et l’accompagne au cours de son voyage :

« Oui, grâce et bonheur me pressent

tous les jours de ma vie ;

ma demeure est la maison du Seigneur

en la longueur des jours » (v. 6).

La bonté et la fidélité de Dieu sont l’escorte qui accompagne le Psalmiste qui sort de la tente et se remet en chemin. Mais c’est un chemin qui acquiert un sens nouveau, et devient pèlerinage vers le Temple du Seigneur, le lieu saint où l’orant veut « demeurer » pour toujours et auquel il veut également « retourner ». Le verbe hébreu utilisé ici a le sens de « revenir » mais, au moyen d’une petite modification de voyelle, il peut être entendu comme « demeurer » et et c’est ainsi qu’il est rendu par les antiques versions et par la majorité des traductions modernes. Les deux sens peuvent être maintenus : retourner au Temple et y demeurer est le désir de chaque Israélite, et habiter près de Dieu dans sa proximité et sa bonté est le désir et la nostalgie de tout croyant : pouvoir habiter réellement là où est Dieu, près de Dieu. Se placer à la suite du Pasteur conduit à sa maison, tel est le but de tout chemin, oasis recherchée dans le désert, tente où se réfugier en fuyant ses ennemis, lieu de paix où faire l’expérience de la bonté et de l’amour fidèle de Dieu jour après jour, dans la joie sereine d’un temps sans fin.

Les images de ce Psaume, avec leur richesse et leur profondeur, ont accompagné toute l’histoire et l’expérience religieuse du peuple d’Israël et accompagnent les chrétiens. La figure du pasteur, en particulier, évoque le temps originel de l’Exode, le long chemin dans le désert, comme un troupeau guidé par le Pasteur divin (cf. Is 63, 11-14 ; Ps 77, 20-21 ; 78, 52-54). Et sur la terre promise, c’était le roi qui avait le devoir de paître le troupeau du Seigneur, comme David, pasteur choisi par Dieu et figure du Messie (cf. 2 S 5, 1-2 ; 7, 8 ; Ps 78, 70-72). Puis, après l’exil de Babylone, presque dans un nouvel exode (cf. Is 40, 3-5.9-11 ; 43, 16-21), Israël revient dans sa patrie comme une brebis égarée et retrouvée, reconduite par Dieu vers de verts pâturages et des lieux de repos (cf. Ez 34, 11-16, 23-31). Mais c’est dans le Seigneur Jésus que toute la force évocatrice de notre Psaume atteint sa plénitude, trouve sa pleine signification : Jésus est le « Bon Pasteur » qui va à la recherche de la brebis égarée, qui connaît ses brebis et donne sa vie pour elles (cf. Mt 18,12-14 ; Lc 15,4-7 ; Jn 10,2-4.11-18). Il est le chemin, la juste voie qui nous conduit à la vie (cf. Jn 14,6), la lumière qui illumine la vallée obscure et vainc chacune de nos peurs (cf. Jn 1,9 ; 8, 12 ; 9, 5 ; 12, 46). C’est Lui l’hôte généreux qui nous accueille et nous met à l’abri des ennemis en préparant la table de son corps et de son sang (cf. Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19-20) et celle définitive du banquet messianique au Ciel (cf. Lc 14,15sq ; Ap 3,20 ; 19, 9). C’est Lui le Pasteur royal, le roi dans la douceur et dans le pardon, intronisé sur le bois glorieux de la croix (cf. Jn 3,13-15 ; 12, 32 ; 17, 4-5).

Chers frères et sœurs, le Psaume 23 (22) nous invite à renouveler notre confiance en Dieu, en nous abandonnant totalement entre ses mains. Demandons donc avec foi que le Seigneur nous accorde, même sur les chemins difficiles de notre temps, de marcher toujours sur ses sentiers comme un troupeau docile et obéissant, qu’il nous accueille dans sa maison, à sa table et qu’il nous conduise vers des « eaux tranquilles » afin que, dans l’accueil du don de son Esprit, nous puissions nous abreuver à ses eaux, sources de l’eau vive « jaillissant en vie éternelle » (Jn 4,14 ; cf. 7, 37-39). Merci.




Saint Augustin (354-430)

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PSAUME 22 : LES PÂTURAGES DU SEIGNEUR

L’Eglise par la bouche du Prophète s’applaudit d’être le troupeau que dirige la houlette du bon pasteur, qui la conduit dans les pâturages sacrés de l’Eucharistie.

PSAUME POUR DAVID.


1. C’est l’Eglise qui s’adresse au Christ « Le Seigneur me dirige et rien ne me manquera (Ps. XXII, 1) ». Le Seigneur Jésus est mon pasteur, et je ne manquerai de rien.

2. « Il m’a placé dans un lieu de pâturage (Id. 2) ». Il m’a placé, pour me nourrir, dans ce lieu de pâturage qui commence par me conduire à la foi. « Il m’a entretenu le long des eaux salutaires ». Il m’a fait grandir par les eaux du baptême, qui rendent la force et la santé à ceux qui ont langui.

3. « Il rend la force à mon âme, et me fait marcher dans les sentiers de la justice, pour la gloire de son nom (Id. 3) » Il m’a conduit dans les sentiers étroits de sa justice, où peu savent marcher; non point à cause de mes mérites, mais pour la gloire de son nom.

4. « Quand même je marcherais au milieu des ombres de la mort ». Dussé-je marcher au milieu de cette vie, qui est l’ombre de la mort. « Je ne craindrai aucun mal, parce que vous êtes avec moi (Ps. XXII, 4) ». Je ne craindrai aucun mal, parce que vous habitez dans mon cœur par la foi, et maintenant vous êtes avec moi, afin qu’après les ombres de la mort, je sois avec vous.

« Votre verge et votre houlette, voilà ce qui m’a consolé ». Votre discipline est pour moi comme la verge qui ramène les brebis au bercail, comme la houlette qui se fait sentir aux enfants plus avancés, qui passent de la vie animale à la vie spirituelle; loin de m’affliger, elles m’ont consolé, puisque vous prenez soin de moi.

5. « Vous avez préparé, sous mes yeux, un banquet, à l’encontre de ceux qui me persécutent (Id. 5) ». Après la verge qui maintenait, dans le bercail et dans les pâturages, mon enfance et ma vie animale, après cette verge est venue pour moi la houlette, et alors vous avez préparé un festin sous mes yeux, afin que le lait de l’enfance (I Cor. III, 2) ne fût plus mon aliment, (216) mais que, devenu plus grand, je prisse une nourriture qui me fortifiât contre ceux qui me persécutent. « Vous avez répandu sur ma tête une huile parfumée ». Vous avez donné à mon cœur une joie spirituelle. « Quelle délicieuse ivresse dans la coupe que vous m’avez donnée ! (Ps. XXII, 5.) » Combien est doux votre breuvage qui, nous fait oublier les vains plaisirs !

6. « Et votre miséricorde me suivra tous les jours de ma vie (Ps. XXII, 6) »; c’est-à-dire tant que je suis en cette vie mortelle, qui n’est pas la vôtre, mais la mienne. « Afin que j’habite la maison du Seigneur, dans les jours éternels ». Elle me suivra, non seulement ici-bas, mais elle me donnera la maison du Seigneur, pour la vie éternelle.




Le bon pasteur : un psaume trop connu ! :

Presque toutes les paroisses françaises chantent maintenant ce psaume 22 si gracieux, soit dans l'adaptation « Tu es mon berger, ô Seigneur », soit dans la traduction de la Bible de Jérusalem : « Le Seigneur est mon berger ». On le chante même parfois à tort et à travers, sans penser à ce qu'il signifie, pour boucher un trou dans une cérémonie, ou pour occuper les enfants du catéchisme... C'est dommage, car on aboutirait vite à faire de ce chef-d’œuvre de prière chrétienne une insipide rengaine.

C'est le psaume de la confiance totale envers le Seigneur, car le Seigneur Dieu est pour ses fidèles comme un berger plein de sollicitude pour ses brebis, et comme un hôte plein d'attention pour ses invités. Jésus a certainement chanté ce psaume en s'adressant à son Père et il a pu songer à la deuxième strophe dans les ténèbres de sa passion.

Mais « le Seigneur » c'est aussi le Seigneur Jésus, qui a dit : « C'est moi le Bon Pasteur ». Les Pères de l'Eglise ont vu dans ce psaume 22 tout l'itinéraire de l'initiation chrétienne. La nourriture fraîche et substantielle des pâturages, c'est la Parole de Dieu qui alimente la foi ; les eaux où l'âme se refait, c'est le Baptême ; la table abondante, la coupe qui déborde, c'est l'Eucharistie ; l'onction qui parfume la tête, c'est la Confirmation.

La deuxième strophe évoque une vie chrétienne, dirigée sur le droit chemin par les préceptes et les avertissements de Jésus, s'épanouissant (dernière strophe) dans la paix et le bonheur de l'amitié divine, qui dureront éternellement dans le ciel. La liturgie a inscrit ce psaume 22 dans l'office des morts : Jésus, qui nous a rachetés par sa Passion, dont le Sacrifice Eucharistique est offert pour les défunts, guide les morts, à travers la vallée de ténèbres, jusqu'au bonheur sans fin, dans la maison de Dieu. Si vous pensez à tout cela - au moins confusément - en chantant ce psaume 22, alors vous pouvez le chanter très souvent sans crainte de l'affadir.




Le Psaume 22 « Notre confiance en Dieu » expliqué par Monseigneur Patrick Chauvet, Recteur-archiprêtre de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris et administrateur de Saint Germain l'Auxerrois.


Saint Colomban (543-615) - Abbé de Luxeuil et de Bobbio

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La Prière de Saint Colomban de Luxeuil « Le Roi d'Amour est mon berger »

Voici la Prière inspirée du Psaume 22 « Le Roi d'Amour est mon berger » de Saint Colomban de Luxeuil (543-615), Moine Irlandais qui vint en France vers 585 et fonda plusieurs monastères, dont le Monastère de Luxeuil dans les Vosges. Persécuté parce qu’il dénonçait les mœurs de la cour de Bourgogne, il se réfugia en Italie où il fonda le Monastère de Bobbio en 614.

« Le Roi d'Amour est mon berger, Sa grâce ne saurait faiblir, rien ne me manque, je suis à Lui, pacte à tout jamais scellé. Là où jaillissent les sources d'eau vive, Il mène mon âme affranchie et dans les prairies verdoyantes de manne céleste la nourrit. Sotte perverse brebis égarée, son Amour sut me trouver, sur Son épaule doucement posée, joyeuse au bercail rentrée. Dans le noir vallon de la mort, sans crainte, Seigneur, je chemine, Ta houlette est mon réconfort, Ta croix, mon guide, le domine. Ta grâce prépare un beau festin par bonté richement dressé ; que de transports et de délices débordent de Ton calice. Tant que doivent durer tous nos jours, ton Amour ne doit faiblir ; Bon berger laisse-moi Te louer dans Ta demeure éternelle. »

Ainsi soit-il.


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Message par Invité Jeu 29 Avr 2021 - 19:24

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Psaume 24 (23) - "Liturgie d'entrée au sanctuaire"





Psaume 24 (23) - "Liturgie d'entrée au sanctuaire" : Ps 24,1- 2 : Psaume. De David. A Yahvé la terre et sa plénitude, le monde et tout son peuplement; c'est lui qui l'a fondée sur les mers, et sur les fleuves l'a fixée....


Le psaume 24 (23 selon la numérotation latine) est très présent dans la liturgie des Heures. On le retrouve notamment aux laudes du mardi de la première semaine (I) et à l’office des lectures du dimanche de la quatrième semaine (IV).


Le Psaume 23 (24) en français : "A Yahvé la terre et sa plénitude" (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 23:1- Psaume. De David. A Yahvé la terre et sa plénitude, le monde et tout son peuplement;
Ps 23:2- c'est lui qui l'a fondée sur les mers, et sur les fleuves l'a fixée.
Ps 23:3- Qui montera sur la montagne de Yahvé ? Et qui se tiendra dans son lieu saint ?
Ps 23:4- L'homme aux mains nettes, au cœur pur son âme ne se porte pas vers des riens, il ne jure pas pour tromper.
Ps 23:5- Il emportera la bénédiction de Yahvé et la justice du Dieu de son salut.
Ps 23:6- C'est la race de ceux qui Le cherchent, qui recherchent ta face, Dieu de Jacob.
Ps 23:7- Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portails antiques, qu'il entre, le roi de gloire !
Ps 23:8- Qui est-il, ce roi de gloire ? C'est Yahvé, le fort, le vaillant, Yahvé, le vaillant des combats.
Ps 23:9- Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portails antiques, qu'il entre, le roi de gloire !
Ps 23:10- Qui est-il, ce roi de gloire ? Yahvé Sabaot, c'est lui, le roi de gloire.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.





Domini Est Terra, Et Plenitudo Eius: Ps.23 · Hartkeriana
Psalterium Currens (Invitatorium, Psalms 1-56)
℗ 2018 Psalterium Foundation
.


Le Psaume 23 (24) en latin : " Domini est terra et plenitudo eius "

Ps 23, 01 : Psalmus David prima sabbati Domini est terra et plenitudo eius orbis terrarum et universi; qui habitant in eo
Ps 23, 02 : quia; ipse super maria fundavit eum et super flumina praeparavit eum
Ps 23, 03 : quis ascendit in montem Domini aut quis stabit in loco sancto eius
Ps 23, 04 : innocens manibus et mundo corde qui non accepit in vano animam suam nec iuravit in dolo proximo suo
Ps 23, 05 : hic accipiet benedictionem a Domino et misericordiam a Deo salvatore suo
Ps 23, 06 : haec est generatio quaerentium eum quaerentium faciem Dei Iacob diapsalma
Ps 23, 07 : adtollite portas principes vestras et elevamini portae aeternales et introibit rex gloriae
Ps 23, 08 : quis est iste rex gloriae Dominus fortis et potens Dominus potens in proelio
Ps 23, 09 : adtollite portas principes vestras et elevamini portae aeternales et introibit rex gloriae
Ps 23, 10 : quis est iste rex gloriae Dominus virtutum ipse est rex gloriae diapsalma

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

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PSAUME 23: L’ASCENSION DU CHRIST

Le Prophète chante ici le triomphe de Jésus-Christ, il le voit s’élever au ciel et dominer ces puissances diaboliques qui s’étaient fait rendre les honneurs divins.

PSAUME DE DAVID LE LENDEMAIN DU SABBAT (Ps. XXIII, 1.)


1. Psaume de David sur la glorieuse résurrection, qui eut lieu le matin du premier jour après le sabbat, jour que depuis nous appelons dimanche ou jour du Seigneur.

2. « La terre et tout ce qu’elle contient est au Seigneur, l’univers et tous les peuples qui l’habitent (Id. 2.) »; puisque sa gloire est proposée partout à la foi des nations, et que son Eglise embrasse l’univers entier. « C’est lui qui l’a fondée sur les mers (Id. 3.) ». Il a solidement assis cette même Eglise sur les flots du siècle, qui doivent lui être soumis, et ne jamais lui nuire. « Et il l’a élevée au-dessus des fleuves ». Comme les fleuves s’en vont à la mer, ainsi l’homme insatiable se répand dans le monde: mais l’Eglise les domine, et refoulant, par la grâce, les mondaines convoitises, elle se prépare au moyen de la charité à la gloire immortelle.

3. « Qui s’élèvera jusqu’à la montagne du Seigneur (Id. 4) ? » Qui pourrait atteindre les sommets de la justice divine ? « Ou qui habitera son sanctuaire ? » Et après s’être élevé dans ce sanctuaire affermi sur les mers, élevé au-dessus des fleuves, qui pourra s’y maintenir ?

4. « Celui qui a les mains innocentes et le coeur pur ». Qui donc pourra s’élever à ces hauteurs et s’y maintenir, sinon l’homme aux œuvres innocentes, et au cœur pur ? « Qui n’a point reçu son âme en vain 1 ». Qui n’a point laissé son âme s’attacher à tout ce qui est périssable, mais qui, fier de son immortalité, lui a fait désirer l’éternité qui est constante et immuable. « Et qui n’a jamais été parjure ». Et qui agit envers ses frères, sans artifice, mais avec la simplicité et la vérité de tout ce qui est éternel.

5. « Celui-à recevra la bénédiction du Seigneur, et la miséricorde du Dieu son sauveur 2 ».

6. « Telle est la génération de ceux qui cherchent le Seigneur ». « Ainsi naissent tous ceux qui le cherchent, qui cherchent la face du Dieu de Jacob 3. Diapsalina ». ils cherchent la face de ce même Dieu qui a donné la primauté au plus jeune frère.

7. « Ouvrez les portes, ô vous qui êtes princes ». Vous qui cherchez la domination sur les hommes, enlevez ces portes de la cupidité et de la crainte, que vous avez établies, de peur qu’elles ne vous nuisent. « Élevez-vous, portes éternelles 4 ». Portes de la vie 1. Ps. XXIII, 6. — 2. Id. 7. — 3. Id. 8. — 4.Jean, XVI, 33. (217) éternelle, portes de la renonciation au monde et du retour à Dieu. « Et le roi de gloire entrera ». Alors entrera ce roi en qui nous pouvons nous glorifier sans orgueil; qui brisa les portes de la mort, s’ouvrit les portes du ciel, accomplissant ainsi ce qu’il a dit : « Réjouissez-vous, car j’ai vaincu le monde ».

8. « Quel est ce roi de gloire ? » La nature humaine demande avec stupeur : « Quel est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur fort et puissant 1 », que vous avez cru faible et vaincu. « Le Seigneur puissant dans la guerre ». Touchez ses plaies, vous les trouverez fermées, et l’infirmité humaine rendue à l’immortalité. Elle est achevée cette glorification du Seigneur qui devait éclater sur la terre, où elle a combattu contre la mort.

9. « Ouvrez donc vos portes, ô princes 2 ». Que d’ici nous puissions aller au ciel. Qu’elle retentisse de nouveau, la trompette prophétique. « Enlevez, princes des cieux, ces portes par lesquelles vous entrez dans l’âme de ceux qui adorent la milice du ciel 3; élevez-vous, portes éternelles ». Portes de l’éternelle justice, de la charité, de la chasteté, par lesquelles notre âme s’unit au seul vrai Dieu, 1. Ps. XXIII, 8. — 2. Id. 9. — 3. IV Rois, XVIII, 10. sans offrir à tant d’autres qu’on appelle des dieux, un culte adultère. « Et le roi de gloire entrera ». Il entrera, ce roi de gloire, qui doit s’asseoir à la droite de son Père afin d’intercéder pour nous 1.

10. « Quel est ce roi de gloire ? » D’où le vient cette stupeur 2, ô prince des puissances de l’air, et pourquoi cette question: « Quel est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur des Vertus qui est ce roi de gloire 3 ». Il est ressuscité, celui que tu as tenté naguère, et il te marche sur la tête, il s’élève au-dessus des anges, celui que tentait l’ange prévaricateur. Que nul d’entre vous, désormais, ne se rue à l’encontre et nous barre le passage, afin de se faire adorer par nous, comme un Dieu: ni principauté, ni ange, ni vertu ne nous sépare désormais de la charité de Jésus-Christ 4. Il est mieux pour nous d’espérer dans le Seigneur que dans les princes 5; afin que celui qui se glorifie ne se glorifie que dans le Seigneur 6. Il est vrai que dans les dispositions de ce monde ces esprits de l’air sont des vertus, mais « c’est le Seigneur des vertus qui est le roi de gloire ». 1. Rom. VIII, 34. — 2. Eph. Ii, 2. — 3. Ps. XXIII, 10. — 4. Rom. VII, 39. — 5. Ps. 118, 9. — 6. I Cor. I, 31.




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Message par Invité Ven 30 Avr 2021 - 15:26

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Psaume 25 (24) - "Prière dans le péril"






Psaume 25 (24) - " Prière dans le péril " : Ps 25,1- 2 : De David. Vers toi, Yahvé, j'élève mon âme, ô mon Dieu. En toi je me confie, que je n'aie point honte, que mes ennemis ne se rient de moi !


Le psaume 25 (24 dans la numérotation grecque) est un psaume du Livre des psaumes de la Bible. C'est une supplication à l'Éternel attribuée à David. C'est un acrostiche : les premières lettres de chaque verset lues verticalement forment l'alphabet hébreu comme dans le psaume 34.

Dans la liturgie des Heures, le psaume 24 (25) est chanté à l’office du milieu du jour du jeudi de la première semaine (I)



Le Psaume 24 (25) en français : "Vers toi, Yahvé, j'élève mon âme," (La Bible de Jérusalem, 1998)

Ps 24:1- De David. Vers toi, Yahvé, j'élève mon âme,
Ps 24:2- ô mon Dieu. En toi je me confie, que je n'aie point honte, que mes ennemis ne se rient de moi !
Ps 24:3- Pour qui espère en toi, point de honte, mais honte à qui trahit sans raison.
Ps 24:4- Fais-moi connaître, Yahvé, tes voies, enseigne-moi tes sentiers.
Ps 24:5- Dirige-moi dans ta vérité, enseigne-moi, c'est toi le Dieu de mon salut. En toi tout le jour j'espère à cause de ta bonté, Yahvé.
Ps 24:6- Souviens-toi de ta tendresse, Yahvé, de ton amour, car ils sont de toujours.
Ps 24:7- Ne te souviens pas des égarements de ma jeunesse, mais de moi, selon ton amour souviens-toi !
Ps 24:8- Droiture et bonté que Yahvé, lui qui remet dans la voie les égarés,
Ps 24:9- qui dirige les humbles dans la justice, qui enseigne aux malheureux sa voie.
Ps 24:10- Tous les sentiers de Yahvé sont amour et vérité pour qui garde son alliance et ses préceptes.
Ps 24:11- A cause de ton nom, Yahvé, pardonne mes torts, car ils sont grands.
Ps 24:12- Est-il un homme qui craigne Yahvé, il le remet dans la voie qu'il faut prendre;
Ps 24:13- son âme habitera le bonheur, sa lignée possédera la terre.
Ps 24:14- Le secret de Yahvé est pour ceux qui le craignent, son alliance, pour qu'ils aient la connaissance.
Ps 24:15- Mes yeux sont fixés sur Yahvé, car il tire mes pieds du filet.
Ps 24:16- Tourne-toi vers moi, pitié pour moi, solitaire et malheureux que je suis.
Ps 24:17- Desserre l'angoisse de mon cœur, hors de mes tourments tire-moi.
Ps 24:18- Vois mon malheur et ma peine, efface tous mes égarements.
Ps 24:19- Vois mes ennemis qui foisonnent, de quelle haine violente ils me haïssent.
Ps 24:20- Garde mon âme, délivre-moi, point de honte pour moi : tu es mon abri.
Ps 24:21- Qu'intégrité et droiture me protègent, j'espère en toi, Yahvé.
Ps 24:22- Rachète Israël, ô Dieu, de toutes ses angoisses.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.





Ad Te, Domine, Levavi Animam Meam: Ps.24 · Hartkeriana
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Le Psaume 24 (25) en latin : : " Ad Te, Domine, Levavi Animam Meam "

Ps 24, 01 : Psalmus David ad te Domine levavi animam meam
Ps 24, 02 : Deus meus in te confido non erubescam
Ps 24, 03 : neque inrideant me inimici mei etenim universi qui sustinent te non confundentur
Ps 24, 04 : confundantur omnes; iniqua agentes supervacue vias tuas Domine demonstra mihi et; semitas tuas doce me
Ps 24, 05 : dirige me in veritatem tuam et doce me quoniam tu es Deus salvator meus et te sustinui tota die
Ps 24, 06 : reminiscere miserationum tuarum Domine et misericordiarum tuarum quia a saeculo sunt
Ps 24, 07 : delicta iuventutis meae et ignorantias meas ne memineris secundum misericordiam tuam memento mei tu; propter bonitatem tuam Domine
Ps 24, 08 : dulcis et rectus Dominus propter hoc legem dabit delinquentibus in via
Ps 24, 09 : diriget mansuetos in iudicio docebit mites vias suas
Ps 24, 10 : universae viae Domini misericordia et veritas requirentibus testamentum eius et testimonia eius
Ps 24, 11 : propter nomen tuum Domine et propitiaberis peccato meo multum est enim
Ps 24, 12 : quis est homo qui timet Dominum legem statuet ei in via quam elegit
Ps 24, 13 : anima eius in bonis demorabitur et semen ipsius hereditabit terram
Ps 24, 14 : firmamentum est Dominus timentibus eum et testamentum ipsius ut manifestetur illis
Ps 24, 15 : oculi mei semper ad Dominum quoniam ipse evellet de laqueo pedes meos
Ps 24, 16 : respice in me et miserere mei quia unicus et pauper sum ego
Ps 24, 17 : tribulationes cordis mei multiplicatae sunt de necessitatibus meis erue me
Ps 24, 18 : vide humilitatem meam et laborem meum et dimitte universa delicta mea
Ps 24, 19 : respice inimicos meos quoniam multiplicati sunt et odio iniquo oderunt me
Ps 24, 20 : custodi animam meam et erue me non erubescam quoniam speravi in te
Ps 24, 21 : innocentes et recti adheserunt mihi quia sustinui te
Ps 24, 22 : libera Deus Israhel ex omnibus tribulationibus suis.

Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.




Saint Augustin (354-430)

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ESPOIR EN DIEU.  
Sentiments de confiance, d'humilité et de confiance avec lesquels on doit recourir à Dieu dans les adversités de la vie présente.  

POUR LA FIN, PSAUME POUR DAVID (I)


1. Cest Jésus-Christ qui parle ici, mais au nom de son Eglise. Car tout ce que renferme le psaume s'applique mieux au peuple chrétien converti à Dieu.

2. « C'est vers vous, Seigneur, que j'élève mon âme 2 », par de spirituels désirs, elle qui rampait sur la terre par ses charnelles convoitises. « Mon Dieu, j'ai mis en vous mon  espoir, et je n'en rougirai point 1 ». Seigneur, ma confiance en moi ma réduit à ces infirmités de la chair; j'abandonnais Dieu pour être moi-même comme un Dieu, et voilà que le moindre animal me fait craindre la mort, et que j'ai dû rougir de mon orgueil dérisoire; maintenant que j'espère en vous seul, plus de confusion pour moi. 1. Ps. XXIV, 1.  2. Id, 2.  1. Ps. XXIV, 2. (218)

3. « Que mes ennemis ne me tournent plus en dérision 1». Qu'ils ne me persiflent point, ceux dont les suggestions occultes et empoisonnées sont autant de pièges; et qui en me criant: Courage, courage, mont avili de la sorte. « Car la déception n'est plus pour ceux qui espèrent en vous ».

4. « Que ceux-là soient couverts d'opprobre, ceux qui font avec moi des actes futiles ». Honte à ceux qui font le mal pour acquérir les biens qui passent. « Mais vous, Seigneur, montrez-moi vos voies, ouvrez-moi vous-même vos sentiers 2 »; qui ne sont point spacieux, et qui ne conduisent pas la foule à sa perte; enseignez-moi ces sentiers étroits qui sont les vôtres et que peu connaissent 3.

5. « Faites-moi marcher dans votre vérité », et fuir l'erreur. « Enseignez-moi », puisque de moi-même je ne connais que le mensonge. « C'est vous, ô Dieu, qui êtes mon Sauveur, vous que j'ai attendu tout le jour 4 ». Banni par vous du paradis 5, errant dans les régions lointaines 6, je ne puis retourner à vous si vous ne venez au-devant de moi ; et pendant le cours de cette vie terrestre, votre miséricorde attendait mon retour.

6. « Souvenez-vous, Seigneur, de vos miséricordes 7 ». Souvenez-vous, Seigneur, de vos œuvres miséricordieuses, car les hommes vous accusent d'oubli. « Souvenez-vous de ces bontés qui sont éternelles ». N'oubliez point surtout que vos miséricordes ont commencé avec le monde. Car elles sont inséparables de vous, puisque vous avez assujetti l'homme pécheur à la vanité, mais dans l'espérance, et que vous avez donné à votre créature de si nombreux et si grands sujets d'espérance.

7. « Ne gardez aucun souvenir des fautes de ma jeunesse, et de mon ignorance 8 ». Ne réservez point de châtiment aux fautes que j'ai commises par une témérité audacieuse, et par ignorance, quelles soient effacées à vos yeux. « Ô Dieu, souvenez-vous de moi selon votre miséricorde ». Souvenez-vous de moi, non point selon cette colère dont je suis digne, nais selon cette miséricorde qui est digne de vous. « A cause de votre bonté », et non point à cause de mes mérites.

8. « Le Seigneur est plein de douceur et d'équité 9 ». De douceur, puisqu'il prend en pitié les pécheurs et les impies, jusqu'à leur pardonner leurs fautes passées, mais aussi de justice, car après la grâce de la vocation et du pardon, grâce que nous n'avons point méritée, il exigera au jour du dernier jugement des mérites proportionnés à ces grâces. « Aussi fera-t-il connaître sa loi à ceux qui s'égarent en chemin », car c'est pour les conduire dans la voie, qu'il leur a fait miséricorde. 1. Ps. XXIV, 3. 2. Id. 4.  3. Matt. VII, 13, 14. 4. Ps. XXIV, 5.  5. Gen. III,13. 6. Luc, XV, 17.  7. Ps. XXIV, 6. 8. Id. 7. 9. Id. 8.  

9. « Il dirige les humbles dans la justice 1 ». C'est lui qui conduira les hommes doux, et qui, au jour du jugement, ne jettera point dans l'effroi ceux qui suivent sa volonté, qui ne résistent pas à la sienne pour lui préférer la leur. « Il enseignera ses voies à ceux qui sont doux ». Il enseignera ses voies, non point à ceux qui les veulent dépasser, comme sils étaient eux-mêmes plus capables de se diriger, mais à ceux qui ne savent ni lever la tête, ni regimber quand on leur impose un joug doux et un fardeau léger 2.

10. « Toutes les voies du Seigneur ne sont que miséricorde et vérité 3 ». Quelles voies peut enseigner le Seigneur, sinon cette miséricorde qui se laisse fléchir, et cette vérité qui le rend incorruptible ? Il exerce la première en nous pardonnant nos fautes, et la seconde en jugeant nos mérites. De là vient que toutes les voies du Seigneur se réduisent aux deux avènements du Fils de Dieu, lun pour exercer la miséricorde et l'autre le jugement. Celui-là donc arrive à Dieu par le chemin tracé, qui reconnaît que sans aucun mérite il est délivré de ses fautes, qui renonce à l'orgueil, et redoute le sévère examen d'un juge dont il a éprouvé la secourable clémence. « Pour ceux qui recherchent son alliance et sa loi ». Car ils reconnaissent la miséricorde du Seigneur dans son premier avènement, sa justice dans le second, ceux qui recherchent avec douceur et mansuétude le testament par lequel il nous a rachetés pour la vie éternelle, au prix de son sang, qui étudient ses témoignages dans les prophètes et dans les évangélistes.

11. « A cause de votre nom, vous serez miséricordieux pour mes fautes qui sont en si grand nombre 4 ». Non-seulement vous avez couvert du pardon les fautes que j'ai commises avant d'arriver à la foi; mais le sacrifice dun cœur contrit vous adoucira en faveur de mes péchés qui sont nombreux, car la véritable voie elle-même nest pas sans achoppement.  1. Ps. XXIV, 9.   2. Matt. XI, 30.  3. Ps. XXIV, 10.  4. Id. 11. (219)  

12. « Quel est l'homme qui craint le Seigneur » et qui s'achemine ainsi vers la sagesse ? « Le Seigneur lui dictera ses lois dans la voie qu'il a choisie 1 ». Le Seigneur lui prescrira ses ordres dans la voie qu'il a choisie, volontairement choisie, et il ne péchera plus impunément.

13. « Son âme se reposera dans l'abondance des biens, et sa postérité aura la terre en héritage 2 ». Ses œuvres lui vaudront la possession solide d'un corps renouvelé par la résurrection.

14. « Le Seigneur est la force de ceux qui le craignent 3 ». La crainte ne paraît convenir qu'aux faibles, mais le Seigneur est la force de ceux qui le craignent. Et le nom du Seigneur, glorifié dans l'univers entier, fortifie ceux qui ont de la crainte pour lui. « Et il leur découvre son alliance ». Il leur fait connaître son alliance, car les nations et les confins de la terre sont l'héritage du Christ.

15. « Mes yeux sont constamment tournés vers le Seigneur; parce que cest lui qui  retirera mes pieds du piège 4 ». Je nai point à craindre les périls de la terre quand je ne la regarde point, et celui que je contemple dégagera mes pieds du piège.

16. « Jetez les yeux sur moi, et prenez-moi en pitié, parce que je suis pauvre et unique 5 ». Je suis ce peuple unique, conservant l'esprit d'humilité dans votre Eglise, qui est unique et ne souffre ni schisme ni hérésie.

17. « Les tribulations de mon cœur se sont multipliées 6 ». Mon cœur s'est fort affligé quand jai vu l'iniquité s'accroître et la charité se refroidir. « Délivrez-moi de ces tristes nécessités ». Comme il m'est nécessaire de souffrir ainsi pour conquérir le salut par la persévérance finale 7, épargnez-moi ces nécessités. 1. Ps. XXIV, 12.  2.  Id. 13.  3. Id. 14.  4. Id. 15.  5. Id. 16.  6. Id. 17.  7. Matt. X, 22.    

18. « Voyez mon abaissement et mon labeur 1». Voyez que je m'abaisse, et que l'orgueil de ma justice ne me jette point en dehors de l'unité; voyez mon labeur à supporter les hommes déréglés qui m'environnent. « Et pardonnez-moi mes péchés ». En considération de douloureux sacrifices, pardonnez-moi mes fautes, non-seulement celles de ma jeunesse et de l'ignorance avant que je crusse en vous, mais celles que mont fait commettre la faiblesse et les ténèbres de cette vie depuis que je marche dans la foi.

19. « Considérez combien s'est accru le nombre de mes ennemis 2 ». Non-seulement j'en rencontre au-dehors, mais encore dans la communion de l'Eglise. « Ils m'ont poursuivi dune haine injuste ». Ils m'ont haï quand je les aimais.

20. « Soyez le gardien de mon âme et délivrez-moi 3 ». Gardez mon âme, de peur que je n'en vienne à imiter les méchants, et délivrez-moi de la peine que j'endure d'être mêlé avec eux. « Je ne serai point confondu, parce que jai espéré en vous ». Qu'ils ne s'élèvent point contre moi à ma confusion, car c'est cri vous et non en moi que j'ai mis mon espoir.

21. « Les hommes innocents et droits se sont attachés à moi, parce que je vous ai attendu, ô mon Dieu 4 » Les cœurs purs et droits ne me sont pas unis comme les méchants par la seule présence corporelle, mais par leur inclination pour l'innocence et la justice, parce que je ne vous ai point abandonné pour imiter les méchants; mais je vous ai attendu et vous attends encore, jusqu'à ce que vous passiez au van la dernière de vos moissons.

22. « Délivrez Israël, ô mon Dieu, de toutes ses afflictions 5 ». Seigneur, rachetez votre peuple que vous avez préparé à voir votre lumière, délivrez-le, non-seulement de toutes les tribulations du dehors, mais de celles qu'il endure à l'intérieur.  1. Ps. XXIV, 18.  2. Id. 19.  3. Id. 20.   4. Id. 21.  5. Id. 22.  (220)



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