Au hasard Balthazar, film de Robert Bresson

Au hasard Balthazar, film de Robert Bresson (1966) A travers le regard d'un âne, " on voit le monde, depuis l'enfance jusqu'à la mort." (Godard] Le film retrace son chemin de Croix. 


Les enfants baptisent Balthazar

Il devient le témoin muet des travers du coeur humain

Le film est rythmé par l'andantino de la Sonate pour piano nº 20 de Schubert.

un grand merci pour nous avoir fait connaitre ce film qui semble être comme un conte pour enfants mais les plus grands peuvent sans doute en tirer des leçons ...

véronique69 a écrit:un grand merci pour nous avoir fait connaitre ce film qui semble être comme un conte pour enfants mais les plus grands peuvent sans doute en tirer des leçons …

Merci @Véronique69, j'ai bien peur qu'il ne soit un conte pour les enfants terribles que nous sommes. Les ânes sont plus sages que nous, ils ont eu l'honneur d'être présent à la naissance du Sauveur et de pouvoir réchauffer de leur souffle le Divin Nouveau-Né.

J'espère pouvoir le visionner en entier
"les ânes sont plus SAGES que nous, ils ont eu l'honneur d'être PRESENTS à la naissance du Sauveur et  de pouvoir réchauffer de leur souffle le Divin Nouveau-Né".
Ils nous donnent une leçon et un encouragement, pour les nuls en haute spiritualité. "On n'est pas des héros" comme a chanté Balavoine
Et pourtant, l'âne se trouve tout PRES de l'enfant-Dieu et a un rôle à jouer face à la fragilité de l'enfant-DIEU par son simple souffle dans l'émerveillement de la contemplation : spiritualité de l'âne à approfondir.
Dès lors, peut-on vraiment s'étonner, voire se scandaliser si dans  l'ordre de la transmission, il puisse avoir un rôle dans la régénération de notre corps,??...

Véronique69 a écrit:Et pourtant, l'âne se trouve tout PRES de l'enfant-Dieu et a un rôle à jouer face à la fragilité de l'enfant-DIEU par son simple souffle dans l'émerveillement de la contemplation : spiritualité de l'âne à approfondir.

Un beau sujet à méditer  

Par Miséricorde, DIEU se laisse contempler dans la FRAGILITE de de l'Enfant-Divin et aujourd'hui dans celle de sa Présence Eucharistique.
En effet, pour la faiblesse de notre humanité, il faut un voile à dépasser par la foi ainsi que le Seigneur l'explique à Alice Lenczewska le 24.12.87 :
"Tu ne peux pas voir dans la pleine Lumière parce que ton corps serait brûlé par la SPLENDEUR de la GLOIRE et de Mon Amour"...

Voici deux extraits (à défaut du film complet) qui laissent deviner assez bien  l'étendue  du drame qui se joue entre les principaux  personnages du film et à travers le regard du sage et saint Balthazar, dans nos coeurs (amour déchu, amour offensé, amour humilié, amour refusé, toutes les atteintes à l'amour blessant notre humanité ! 



Marie retrouve Jacques, son amour d'enfance

Balthazar couronné de fleurs

Balthazar rencontrant les animaux du cirque

Le pauvre Balthazar achève son chemin de Croix. Quelle part prennent les animaux à la Rédemption je ne sais pas, à la souffrance elle est grande, mais ce passage de la Bible est bien réconfortant: 

 "C’est la richesse de la grâce

 que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence.

 Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :

 pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre."

https://www.aelf.org/bible/Ep/1

Wim Wenders, l'auteur du récent documentaire sur le Pape*, parle de la manière dont il a reçu le film :



Une personne allemande a eu la gentillesse d'en donner une traduction littérale pour le forum :

"Bonsoir, je dois vous mettre en garde. Si vous ne connaissez pas ce film de l’année 1966, Au Hasard Balthazar, ce film sur un âne vous touchera au plus profond. C’est un langage radical, il peut être violent, il vous marquera. J’ai vu ce film plusieurs années avec des jeunes et des vieux, je veux le partager avec vous. J’ai vu des publics tant jeunes que vieux profondément touchés. Comme eux, ce film continue à me marquer. Comme jeune homme, ce film m’a frappé comme la foudre. Il va à l’essence de la vie elle-même, quelque chose qui vivait sur l’écran. Pourtant, on ne voit la plupart du temps qu’un animal. Comment est-ce possible ? Bien.

Bresson raconte aussi la vie d’une fille, plus tard d’une jeune fille. Il a travaillé avec ses acteurs d’une telle façon qu’à la fin ils n’étaient plus des acteurs mais des gens anonymes, des modèles. Il leur a fait répéter les choses jusqu’à ce qu’ils ne les faisaient plus exprès mais presque automatiquement. Dans ce film, l’homme et la bête sont traités comme créatures égales toutes les deux exploitées, tourmentées souffrant des mêmes choses. Et quand le regard de Balthazar rencontre notre regard, vous vous sentez regardés. Dans ma scène préférée, Balthazar travaille dans un cirque : il tire des chariots de foin. Il marche d’une cage à l’autre et il regarde. Ainsi, il se retrouve face au tigre. Les 2 animaux se regardent intensément, ensuite devant l’ours blanc qui gronde comme s’il voulait se plaindre à Balthazar, ensuite devant la cage du singe qui se met à hurler à tort et à travers et Balthazar écoute avec patience. Enfin la dernière rencontre est celle avec l’éléphant et deux yeux âgés, fatigués et pleins d’expérience. Dans le regard des animaux, il y a une grande tristesse. Et tous deux font un signe de tête et il n’y a rien à ajouter. Balthazar est envoyé d’une corvée à l’autre.

Son dernier « job » est celui de transporteur pour des contrebandiers. Par une nuit de brouillard, il reçoit un coup de feu. Les trafiquants prennent la fuite et Balthazar se cache dans une forêt.

Enfin c’est la dernière scène du film, Balthazar est mort et là je m’arrête : c’est la scène la plus émotionnelle de l’histoire du cinéma et je me réjouis de vous montrer cette scène."

*https://lepeupledelapaix.forumactif.com/t42539-le-pape-francois-un-homme-de-parole-film-de-wim-wenders

le réalisateur Robert Bresson interrogé sur son film :



à retenir à partir de 8:35, ce qu'il dit du cinéma qu'il appelle cinématographe, art par excellence selon lui de l'Incarnation, et donc de la Transcendance :

"je crois en effet au cinématographe, comme dans un art absolument neuf, dont peut-être nous n'avons pas encore même tout à fait l'idée."

Des critiques aussi avertis que Godard,  Marguerite Dumas, ou encore Louis Malle lui ont rendu hommage :

"Enfin le cinéma a pénétré certaines zones que jusque-là il n'avait qu'effleuré. Ce film est très en avance sur le cinéma actuel. Il est en-dehors du temps." Louis Malle

"On peut penser que jusqu'à lui le cinéma était parasitaire, qu'il procédait d'autres arts et qu'on est entré avec lui dans le cinéma pur. C'est peut-être le film que j'ai vu qui correspond le plus à une création solitaire donc à la création proprement dite de tous les films que j'ai vu, peut-être depuis que je vais au cinéma." Marguerite Dumas