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Octobre Mois du Rosaire!!!!

2 participants

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Octobre Mois du Rosaire!!!! Empty Octobre Mois du Rosaire!!!!

Message par M1234 Dim 8 Oct 2017 - 10:20

Octobre Mois du Rosaire!!!


Octobre Mois du Rosaire!!!! Le-Rosaire-une-priere-populaire_image_article


Prier le Rosaire

Le rosaire comporte quatre chapelets.

C’est un ensemble de prières successives dédiées à Marie, interrompues à intervalles réguliers par une prière à Dieu le Père (Notre Père).

Chaque série est consacré à la méditation d’un passage d’Evangile dans lequel Marie joue un rôle central.

Cette prière répétitive datée du XIIIe siècle vise à nous faire entrer dans la vie de Marie, modèle du chrétien.


Cette prière à Marie a une longue histoire et c’est aux grands saints du Moyen-Age, Bernard et Dominique, que nous la devons.


Saint Bernard de Clairvaux



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Bernard naît en 1090. Il entre en 1111 au monastère de Cîteaux.

En 1114, ses supérieurs lui confient la fondation d’une nouvelle abbaye, celle de Clairvaux, qu’il va gouverner jusqu’à sa mort.

Il restaure l’unité de l’Église et est le médiateur entre la Papauté et l’Empire.

Il contribue à l’extension de l’ordre cistercien par la construction de nombreuses abbayes filles de Clairvaux.

A sa mort en 1153, le monastère compte 700 moines, et 160 filles relèvent de Clairvaux.

Il est canonisé le 18 janvier 1174.

Le premier, au XIIe siècle, incite les chrétiens à prier le chapelet ; au siècle suivant, le second en répand l'usage, prescrivant à ses religieux de porter un chapelet à leur ceinture.

La grande peste de 1349, qui ravagea tous les royaumes d'Europe, amena les foules à un surcroît de piété mariale.

Saint Dominique


Octobre Mois du Rosaire!!!! Dominique-angelico



Dominique est un étudiant atypique : il vend ses livres pour secourir les pauvres.

Tout saint Dominique est inscrit dans ce geste : étudier est une bonne chose, mais le souci des hommes est premier. Plus tard, il accompagne son évêque en voyage et tous deux sont frappés par les ravages de l'hérésie des cathares dans le midi de la France.

Ils obtiennent du pape Innocent III la mission de parcourir les régions cathares et d'y prêcher l’Évangile par la parole et par l'exemple.

Ces prédicateurs vont deux par deux, prêchant et mendiant leur nourriture. Le pape Honorius III approuve en 1216 son œuvre qui devient l'Ordre des Frères prêcheurs.


Au siècle suivant, cette prière prend le nom de Rosaire et en 1883, le pape Léon XIII décrétait solennellement que le mois d'octobre serait entièrement consacré à "la Sainte Reine du Rosaire".

Mais, en fait, le Rosaire, c’est quoi ?

Cent Cinquante Je vous salue Marie !

Méditation de l’Evangile, porte ouverte sur les mystères du Christ, le Rosaire porte depuis des siècles la prière humble et confiante du peuple chrétien.

Prier le "Je vous salue Marie"



En Dix Etapes



1re étape - Marie dans la foi de l'Église




Tout ce qui est dit de Marie dans les évangiles, en effet, ne l'est pas dans un souci d'histoire, mais vient de la foi.


Les sources sont si discrètes

Nous ne savons rien de Marie en dehors de ce que nous disent les Evangiles.

Quelques autres récits, il est vrai, ont circulé, parlant d'elle : les évangiles apocryphes, mais ils sont plus tardifs et représentent des sources assez fragiles.

Ce sont des récits souvent imagés, comblant volontiers les vides ou les blancs du texte évangélique, pour répondre à la curiosité populaire.

Certains aujourd'hui encore en sont friands.

C'est à partir de tels récits que l'ont fait aujourd'hui des romans ou des films à grande audience.

Mais on est alors dans un autre genre, répondant à d'autres intérêts ou d'autres soifs.

Parler de Marie avec délicatesse

On pense au mot de Thomas Merton, à la fois théologien et mystique :

"Tout ce qu'on a écrit sur la Vierge Mère de Dieu me prouve que sa sainteté est la plus cachée de toutes.

Ce que les gens s'ingénient à dire d'elle nous en apprend généralement plus sur eux-mêmes que sur Notre-Dame.

Car, puisque Dieu nous a révélé très peu de chose à son sujet, les hommes, qui ne savent rien de Marie ni de ce qu'elle a été, ne font que se révéler eux-mêmes en essayant d'ajouter quelque chose à ce que Dieu nous a dit..." (Thomas Merton, dans "Semences de contemplation", Editions du Seuil, 1952)

L'histoire et la foi

Très peu est dit de Marie dans les évangiles, l'essentiel :

Marie, pleinement mère de Jésus, et tout entière disponible à Dieu.

Tout ce qui est dit de Marie dans les évangiles, en effet, ne l'est pas dans un souci d'histoire, mais vient de la foi. Il faut même aller plus loin et être plus clair : rien ne serait dit de Marie dans les Évangiles ni en fait nulle part, si des femmes et des hommes n'avaient pas été empoignés par le Christ, bouleversés par la rencontre de Jésus, anéantis par sa mort sur une croix, et éveillés à une foi nouvelle dans l'expérience qu'ils firent de sa rencontre, vivant, ressuscité.

C'est là qu'est le point de départ de la foi.

Dès lors ils partirent annoncer partout comment cette rencontre emportait leur vie : Christ est mort pour nos péchés, il est ressuscité .

Tel est leur cri, si l'on en croit le mot que les théologiens ont privilégié pour désigner l'essentiel de ce message : le kérygme, c'est-à-dire le cri.

Ils scrutèrent alors la vie de Jésus, dans laquelle Dieu se donnait à rencontrer et à connaître, dans cet homme de Galilée aux mots et aux gestes à goût de ciel.

Marie, mère de Jésus

C'est ainsi que les disciples en sont venus à parler de Marie, mère de Jésus.

Car ils saisissaient bien que quand Dieu se fait homme, il prend le tout de l'humanité.

Ainsi Marie, jeune femme de Galilée, semblable à tant d'autres, et mère de Jésus prenait-elle peu à peu dans leur proclamation naissante, une place essentielle, mais de façon significative, toujours discrète.

Elle n'était pas au centre. Mais tournée vers le don qu'elle faisait : de sa vie, et donc aussi bien-sûr de son Fils, et de Dieu.

On comprit très vite comment elle était modèle de la foi, intégralement disponible à la parole de Dieu.

En elle, selon ces mots éblouissants de l’Évangile de Jean, le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous (Jean 1, 14).

Et mère de Dieu

C'est en méditant ces réalités essentielles et profondément humaines, en même temps que tellement ouvertes à Dieu, que les croyants découvrirent peu à peu Marie la mère de Dieu.

A mesure en effet, que les disciples découvrirent Jésus le Fils de Dieu, à la fois pleinement homme et pleinement Dieu, le chemin de la foi les menait à comprendre Marie à la lumière de ce mystère et à la découvrir Mère de Dieu.

C'est l'un des premiers grands conciles, celui d’Éphèse en 431, qui lui donnera ce titre :

Theotokos, Mère de Dieu.

Présente à la naissance de l’Église



Les sources sont ici encore discrètes.

Jean rapporte la présence de Marie au pied de la croix, et les paroles de Jésus la donnant pour mère à Jean.

En ces quelques mots extrêmement sobres, l'évangéliste montre comment Marie, mère de Jésus, est donnée pour mère à l’Église, qui en cet instant est en train de naître de la vie de Jésus donnée pour la multitude (Jean 19, 26).

De même, Luc montre dans le début des Actes des Apôtres que Marie veille dans la prière avec les disciples à la veille de la Pentecôte, à l'heure où du don de l'Esprit naît l’Église (Actes 1, 14).

En ces quelques mots, l'essentiel est dit.

Une tradition ultérieure rapportera la dormition de Marie à Jérusalem, où son tombeau est encore vénéré, tandis qu'une autre tradition conduit à Éphèse, auprès de l'apôtre Jean. Mais ces traditions sont fragiles.

Le visage de Marie s'estompe au moment où naît l’Église. Elle veille.

P. Jacques Nieuviarts, assomptionniste et bibliste



[



2e étape - Aux sources du "Je vous salue Marie"


"Suis Marie, pour ne pas dévier"



C'est au Moyen-Âge que prend forme le Je vous salue Marie.

Il apparaît peu à peu, comme la suite d'une méditation, comme une prière que l'on murmure parce qu'elle habite le coeur et qu'elle en déborde.

Saint Bernard, l'une des grandes figures de cette période, a ces quelques mots sur Marie, sculptées comme un poème :

« En la suivant, on ne dévie pas ;
en la priant, on ne désespère pas ;
en pensant à elle, on ne se trompe pas ;

Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas ;
si elle te guide, tu ne connaîtras pas la fatigue ;
si elle est avec toi, tu es sûr d'arriver au but. »

La prière du pauvre

Le Je vous salue Marie est une prière si simple.

Aucune probablement, si l'on met à part le Notre Père, n'est aussi connue et répandue.

C'est la prière des pauvres, dit-on souvent, et c'est probablement vrai.

On l'appelle parfois la Salutation Angélique, parce qu'elle commence par la salutation de l'ange à Marie.

Et l'on perçoit bien, la façon de le réciter en choeurs alternés souvent le montre, qu'elle est composée de deux parties :

salutations et bénédictions multipliées au début, puis supplications. Comme si le mouvement de la prière portait à contempler Marie d'abord, dans un mouvement de pur émerveillement, pour lui adresser ensuite humblement nos demandes, maintenant et à l'heure de notre mort.

Une telle prière est bien la prière des pauvres, dans une humilité sans détour, dans l'émerveillement comme dans la supplication.

L'origine du Je vous salue Marie

Il suffit de prêter attention à ce que nous disons, pour voir que nous redisons, dans les premiers mots du

Je vous salue Marie, la salutation de l'ange Gabriel à Marie :

Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi , conjugués à ceux d'Elisabeth à la Visitation :

Tu es bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein (Lc 1, 42).

Les deux salutations sont réunies en une même prière dès le 4ème ou le 5ème siècle, en particulier dans les liturgies grecques dites de saint Jacques, de saint Basile et de saint Marc, qui insèrent après le mot Salut, le nom de Marie.

Les Eglises d'Orient ajoutent très vite à cette première salutation : parce que tu as engendré le Sauveur de nos âmes.

Cette prière contemple Marie et médite le mystère de son choix par Dieu, de son accueil de la parole de l'ange, du don inouï de Dieu qui s'opère en elle, parce qu'elle a cru.

Je vous salue Marie, comblée de grâce

Cette première partie du "Je vous salue Marie" s'inscrit dans la liturgie latine au 6e siècle, dans une antienne d'offertoire de la messe du 4e dimanche de l'Avent, attribuée à saint Grégoire le Grand.

Et elle devient une prière plus personnelle au 7e siècle, mais son usage en dehors de la liturgie demeure rare, jusqu'en 1198.

L'évêque de Paris, Odon de Seliac, prescrit alors aux prêtres d'exhorter les fidèles à la réciter en même temps que le Notre Père et le Credo.

Et à partir du 13e siècle, l'usage s'en répand largement : en France, en Espagne, en Angleterre, en Germanie.

Les ordres religieux, comme les Cisterciens par exemple, ou encore les Chartreux, les Dominicains, et beaucoup d'autres, la prescrivent aussi. Mais à cette époque, l'Ave Maria se termine toujours avec les paroles d'Elisabeth à Marie :

Et béni le fruit de ton sein.

On raconte qu'un paysan, qui peinait à réciter l'Ave Maria en latin, comme cela se faisait, ne pouvait en dire que les premiers mots, et même s'arrêtait sans le savoir en plein milieu du mot Seigneur :

Ave Maria, gratia plena, Do !

Interrompant, donc, le Dominus tecum : le Seigneur est avec toi !

Le Pape Sixte IV [mort en 1484] concèdera une indulgence de 30 jours à ceux qui termineront cette prière en ajoutant les mots :

Jésus Christ. Amen !

L'usage s'en répand alors rapidement. Et cette Salutation Angélique apparaît dans les manuels de piété et les catéchismes dès le 15e siècle.

Priez pour nous pauvres pécheurs

Avant même que la seconde partie du Je vous salue Marie ne se répande, sa première partie est souvent dite comme une salutation, accompagnée d'une inclinaison ou d'une génuflexion, et éventuellement répétée de nombreuses fois comme un geste de pénitence.

Les légendes abondent en ce sens. Mais on ressent aussi le besoin de compléter cette salutation par une supplication ou une prière.

Et beaucoup le font, spontanément, librement.

Ainsi saint Bernardin de Sienne, avant 1440, dans un sermon qu'il conclut par l'Ave, s'écrie : et je ne peux m'empêcher d'ajouter :

Sancta Maria ora pro nobis peccatoribus : Saint Marie, priez pour nous pécheurs !

Déjà un bréviaire chartreux du 13e siècle ajoutait Sancta Maria, ora pro nobis :

Sainte Marie, prie pour nous.

Une prière pour tous

Vers 1500, plusieurs bréviaires en différents lieux d'Europe (France, Italie) ajoutent : maintenant et à l'heure de la mort. Amen !

Et en 1568, le Pape Pie V prescrit aux prêtres de commencer la récitation du bréviaire par le Pater et l'Ave dans la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Au commencement du 17ème siècle, elle est en usage dans toute l'Eglise.

Ainsi naît cette prière des pauvres à Marie, mère de Dieu et notre mère. Modèle aussi de la foi !

P. Jacques Nieuviarts, assomptionniste et bibliste]





3e étape - Marie comblée de grâces, le Seigneur est avec toi





Délicatesse de Dieu

La prière à Marie reprend les mots que lui adresse l'ange Gabriel à l'Annonciation, suivis de ceux d'Elisabeth sa cousine, lors de la Visitation (Luc 1, 28 et 42).

Et tout commence par une salutation.

Dieu intervient et tout commence par une parole de bienveillance. La distance entre Dieu et l'homme est respectée et pourtant entièrement traversée. Immense prévenance de Dieu, qui vient au devant de Marie.

Et elle reçoit par l'ange des mots de Dieu, que nous-mêmes reprenons quand nous la prions.

La parole de l'ange

L'évangile de Luc s'ouvre par une parole de l'ange de Dieu à Zacharie, le mari d'Elisabeth, prêtre au temple de Jérusalem, pour lui annoncer l'inouï :

Elisabeth va concevoir et enfanter en sa vieillesse, elle qu'on appelait la stérile (Luc 1, 36).

Mais l'ange Gabriel aussitôt après intervient à nouveau, pour saluer Marie, jeune fille d'une bourgade presque sans nom, au creux de la Galilée, si verdoyante, mais tellement éloignée de Jérusalem, la ville choisie.

Et l'ange annonce à Marie, elle aussi, de l'inouï, plus inouï encore, la venue en elle du Fils de Dieu.

Voilà pourquoi Marie est comblée de grâce. Le choix de Dieu se porte sur elle, presque sans nom, si humble, comme si à travers elle Dieu faisait choix de l'humilité pour venir demeurer - selon un mot qu'affectionne l'évangéliste Jean - parmi nous.

La grâce alors, on le comprend, est comme un autre nom de Dieu et de sa prévenance quand elle touche les hommes, l'humanité.

Réjouis-toi !

Dieu intervient au pays des hommes du côté de l'humilité

Et la salutation de l'ange, dans les mots que Luc transmet en grec, est un souhait de joie profonde.

Pour Luc d'ailleurs, la joie est synonyme de salut, elle est la marque de Dieu quand il transfigure l'homme.

Elle va parcourir de part en part tout son évangile : de Marie aux bergers de Bethléem, et jusqu'au publicain Zachée.

Quand Dieu intervient, c'est une joie profonde pour l'humanité, illuminée de Dieu.

Luc utilise d'ailleurs avec prédilection un autre mot presque synonyme de joie ou de salut : aujourd'hui.

Car c'est aujourd'hui que Dieu intervient et bouleverse la vie ancienne de l'homme, qu'il inscrit en nos vies sa nouveauté radicale, le rayonnement déjà de Pâques.

Comblée de grâce

Ainsi Marie est comblée de grâce Et le mot employé ici par Luc est très rare.

On ne le retrouve même qu'une fois dans le Nouveau Testament, dans l'épître aux Éphésiens.

Paul y contemple le don inouï qui nous est fait :

Dieu, dit-il, nous a destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu'il a voulu dans sa bienveillance, à la louange de sa gloire, de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé (Ephésiens 1, 5-6).

Ainsi l'expression comblé de grâce désigne la plénitude de Dieu quand elle touche l'homme.

Et lorsque Jésus ouvre sa prédication dans la synagogue de Nazareth, tous, dit Luc, lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche (Luc 4, 22).

La grâce est plénitude de Dieu touchant avec délicatesse l'humanité.

Le Seigneur est avec toi

Est-il plus belle adresse à un homme ou une femme, rien de plus beau pour l'être humain que d'être salué ainsi ?

L'ange dit à Marie la proximité absolue du Seigneur auprès d'elle.

Il a rejoint son chemin, il en fait choix :

Le Seigneur, dit l'ange à Marie, est avec toi !

L'expression est ancienne.

Déjà dans l'Ancien Testament, l'ange du Seigneur appelant un homme pour le projet de Dieu, l'assurait ainsi de sa présence.

La salutation de l'ange en pareil cas est, on s'en doute, plus qu'un souhait, elle exprime la réalité de l'engagement de Dieu et de sa présence auprès de l'homme ou de la femme qu'il appelle.

C'est la raison pour laquelle il confie aux hommes des missions les dépassant infiniment.

En effet, quand il appelle à porter son projet au coeur de l'histoire, Dieu s'engage auprès de l'homme, sans faille, de façon absolue. Car c'est ainsi que Dieu s'engage.

Un jour l'ange du Seigneur parla ainsi à Gédéon, tandis qu'il battait le blé dans le pressoir, tellement sa tribu redoutait ses voisins Madianites, qui les écrasaient et pillaient tout.

L'ange du Seigneur dit alors à Gédéon les mêmes paroles qu'à Marie :

Le Seigneur est avec toi ! Et il lui confia d'être, au nom du Seigneur, juge et libérateur de son peuple (Juges 6, 12).

Un immense projet de Dieu

Pour Marie, on le sent, le salut de l'ange est beaucoup plus qu'un souhait.

C'est l'affirmation d'une plénitude, la reconnaissance de l'exception que représente la relation que Dieu établit avec elle. De cette jeune fille de Galilée choisie par Dieu, et que pour toujours il accompagnera, naîtra Jésus, fils de Dieu.

Les mots de l'ange résonnent, dans la grande tradition biblique, comme l'ouverture à la fois familière et solennelle d'un récit de vocation.

Dès ces quelques mots, l'on saisit en effet que Dieu ouvre un moment inédit de l'histoire qui le lie à l'humanité.

L'ange invite ou appelle Marie, de la part de Dieu, pour un projet qui la dépasse infiniment, un projet de bienveillance pour son peuple, qu'il faut bien entendre ici comme l'humanité tout entière :

Marie, le Seigneur est avec toi.

Pousse des cris de joie, fille de Sion !

Lisant ou redisant nous-mêmes ces mots, nous devinons peut-être comment en eux résonnent aussi de grandes pages de la Bible, tels ces mots du prophète Sophonie, que Luc devait entendre en lui comme le chant de la Bible toute entière, tandis qu'il parlait de Marie :

Pousse des cris de joie, fille de Sion !

Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille de Jérusalem ! Le Seigneur, est en toi. Et Sophonie poursuit : Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie (Sophonie 3, 14-17).

Luc recueille les mots de Sophonie.

Peut-il en des mots d'homme aller plus loin que ce chant d'une immense allégresse ?

Et c'est ce chant que nous partageons avec émerveillement lorsque nous prions humblement le "Je vous salue Marie" !




4e étape - Tu es bénie entre les femmes




L'Esprit inspire à Élisabeth les mots de Dieu :

"Tu es bénie entre toutes les femmes".


Les premiers mots du Je vous salue Marie reprennent intégralement, nous l'avons vu, la salutation de l'ange à Marie, à l'Annonciation. Mais la prière nous conduit à redire aussitôt les paroles d’Élisabeth à sa cousine :

Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus ton enfant est béni (Luc 1, 42).

Comme si ces mots poursuivaient sans les interrompre, les paroles de l'ange. Et de fait Luc insiste en ces pages sur la place centrale de l'Esprit Saint. C'est lui qui réalisera en Marie la parole dite par l'ange de la part de Dieu.

C'est lui qui est présent et se manifeste en Élisabeth lorsque l'enfant tressaille d'allégresse en son sein.

C'est lui qui intervient encore en Élisabeth pour lui inspirer les mots de Dieu, et sa parole poursuit avec grâce, comme les paroles d'une même phrase, d'un même souffle, d'une même foi, celle de l'ange : Tu es bénie entre toutes les femmes. Les paroles dites par Élisabeth à Marie viennent tout droit du cœur de Dieu.

Une rencontre indicible

La rencontre entre les deux femmes a inspiré les peintres, en des icônes en particulier, d'une tendresse et d'une grâce infinies.

L'une est jeune et porte la vie qui vient de Dieu, la vie du Fils qu'il donne à l'humanité.

La plus âgée est vieille, dit-on. On la disait stérile, on l'appelait même de ce nom. Or elle connaît la jeunesse infinie de ce don de la vie. La rencontre entre elles est indicible. Comme si entre femmes elles mesuraient le poids du don, du choix immense de Dieu qui les touche

L'une et l'autre sont bénies et comblées de cette vie qui vient de Dieu.

Remplies de l'Esprit Saint

Le tressaillement de l'enfant dans le ventre d’Élisabeth est déjà la profession de foi du prophète, Jean le Baptiste reconnaissant et annonçant le Fils de Dieu.

Sa parole de prophète, aux confins du désert de Judée, devra affronter les puissants et le poids du mal. Elle portera alors des accents très rudes et âpres.

Elle s'exprime cependant en ce premier instant comme une immense jubilation. La rencontre du Seigneur comble de bonheur. Jean-Baptiste n'est là que comme le signal de sa venue. Il en est le prophète. Et cela, dès le sein maternel, laisse entendre Luc.

Élisabeth elle aussi prophétise, sous l'action de l'Esprit Saint (Luc 1, 41).

Sa parole est parole de Dieu. Elle est reconnaissance de la grâce du Seigneur, en Marie.

Tout entière tournée vers Marie, Élisabeth en effet, est tout entière aussi au bonheur de la rencontre, en Marie, de son Seigneur :

"Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?" s'étonne-t-elle dans une foi et une action de grâce totales.

Bénie es-tu !

Les paroles d'Élisabeth à Marie sont les paroles de grâce d'un véritable Credo qui inspirera toutes les paroles de l'Eglise sur Marie.

Luc les a sculptées, comme Matthieu l'a fait lui aussi dans son propre récit, tout entier centré sur Joseph et pourtant si délicat envers Marie (Mathieu 1-2).

L'un et l'autre, on le sait, les recevaient d'une communauté croyante qui avait contemplé Marie et son destin troublant, son destin de grâce.

Tu es bénie entre toutes les femmes, s'écrie ainsi Élisabeth, à la rencontre de Marie.

Dans la tradition biblique, bénir est plus encore qu'une parole, un acte par lequel celui qui bénit transmet la vie, le don de Dieu. Jacob bénit ainsi ses fils, au terme de sa vie.

Et en eux sont bénies les douze tribus d'Israël (Genèse 49). Mais Dieu est, par excellence, celui qui bénit. Et c'est bien cela que proclame Élisabeth : le don absolu de la vie par Dieu, en Marie. Un don d'exception.

Bénie entre les femmes

Proclamer que Marie est bénie entre les femmes, est bien l'expression de cette exception qu'est Marie.

Lorsque la Bible parle ainsi, elle souligne en effet toujours une exception, ce que l'on appellerait en grammaire un superlatif. Luc a probablement à l'esprit, ici encore, les Écritures lorsqu'il écrit ces mots.

On repense en effet au livre de Judith, très haut en couleurs, un véritable conte pour exprimer, à travers un récit, une profession de foi, un Credo dans le Dieu qui sauve. Israël est au bord du désastre, sous les coups de Nabuchodonosor et de ses armées.

Judith joue de sa beauté mais aussi et surtout de sa foi, pour aller affronter Holopherne, le chef des armées adverses, qui terrorise le peuple d'Israël. Le récit ne craint pas un véritable souffle épique : Judith rapporte à son peuple la tête du tyran.

Comme Judith

Peu importe l'histoire. L'essentiel est bien le Dieu qui sauve son peuple.

Et Marie, disponible au projet de Dieu, accueille la parole de l'ange pour entrer dans ce projet de salut. L'enfant s'appellera Jésus, ce qui signifie le Seigneur sauve, car précise Matthieu, il sauvera son peuple de ses péchés (Matthieu 1, 21).

Le peuple devant Judith, loue le Seigneur dans une véritable allégresse.

Et les paroles qu'il prononce nous disent comment dans la Bible l'on peut dire d'une personne qu'elle est bénie entre les femmes :

D'une voix puissante, Judith s'adressa à son peuple :

"Louez Dieu, louez-le, louez Dieu car il n'a pas refusé son amour à la maison d'Israël .

Tout le peuple était dans l'enthousiasme ; il s'inclina et il adora Dieu. Tous s'écrièrent d'une seule voix :

"Tu es béni, toi notre Dieu, toi qui as anéanti en ce jour les ennemis de ton peuple."

Et Ozias, le chef du peuple, déclara :

"Bénie sois-tu, ma fille, par le Dieu Très-Haut, entre toutes les femmes de la terre.

Et béni soit le Seigneur qui a créé le ciel et la terre, lui qui t'a conduite Jamais l'espérance dont tu as fait preuve ne s'effacera du souvenir des hommes, mais ils se rappelleront éternellement la puissance de Dieu .

Et tout le peuple dit : "Amen ! Amen !" (Judith 13, 14. 17-20 ; cf. encore 14, 7, et 15, 9-10, qui a inspiré chants et litanies à Marie).

Oui, bénie entre les femmes !

Ainsi la bénédiction va au-delà du regard de l'homme, jusqu'à Dieu. Et dire de Marie qu'elle est bénie entre les femmes, c'est tout à la fois, si l'on reprend les mots très éclairants du livre de Judith, adorer Dieu et proclamer de Marie qu'elle est bénie par le Dieu Très-Haut, et que le Seigneur est béni, lui qui a créé le ciel et la terre et qui la conduit.




5e étape - Jésus ton enfant est béni


Le fruit de tes entrailles

Le fruit de tes entrailles est béni, s'exclame avec foi Élisabeth.


L'exclamation de bonheur et de bénédiction d'Elisabeth à Marie, s'étend bien-sûr à Jésus.


Bénir, c'est reconnaître, professer, annoncer le don de Dieu, qui dépasse infiniment l'homme, mais le fonde.

C'est reconnaître que l'homme vit du projet de Dieu et de sa bienveillance infinie.

Lorsque Élisabeth proclame Marie bénie entre toutes les femmes, elle reconnaît l'immensité du don de Dieu, qui se déploie à travers elle, à hauteur d'homme si l'on ose le mot, ou dans le regard et l'accueil d'une femme :

Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?

Toute la foi, en quelques mots

Mais en ces quelques mots, c'est aussi toute la foi de l'Eglise qui se trouve résumée ou contenue.

Les premiers grands conciles "christologiques", ceux qui ont affronté la tâche d'exprimer qui est Jésus et ce que signifie notre foi en lui, ont forgé ces mots que nous ne finissons pas de comprendre, mais qui portent notre foi, et dont nous vivons :

Jésus est à la fois vrai Dieu et vrai homme.

Jésus est béni !

Le fruit de tes entrailles est béni, dit ainsi Élisabeth.

Comme si Marie était seule à donner la vie à Jésus, comme s'il était son fils et il l'est.

Mais, tout le récit le rappelle, et Matthieu le dit peut-être plus clairement encore : Jésus est Fils de Dieu. Il est conçu de l'Esprit Saint (Matthieu 1, 18-25 ; Luc 1, 35).

Ce que proclame précisément, d'un seul mot, le cri d’Élisabeth : le fruit de tes entrailles est béni.

Ainsi Jésus est-il pleinement de naissance humaine - le fruit de tes entrailles, comme le dit Élisabeth à Marie -, mais aussi pleinement de Dieu. Et c'est bien la raison pour laquelle Élisabeth reprend cette exclamation de foi, ce Credo tout en un mot déjà dit à l'adresse de Marie: oui, Jésus son enfant est béni.

Il provient de Dieu, il est de Dieu. Il est Dieu.

Et Verbum caro factum est

La piété de l’Église en même temps que la théologie, déploieront à l'infini ces affirmations évangéliques, à la fois discrètes et lumineuses.

Comment en effet mieux dire ce don absolu de Dieu à travers une vie de femme, de jeune fille, de naissance si simple, originaire d'une bourgade presque sans nom, d'une contrée qui n'en a guère plus. Or c'est là que naît le fils de Dieu, au sein d'un peuple.

On aimerait ici s'arrêter, pour méditer seulement, comme on le fait durant le Credo, privilégiant ces quelques mots dans lesquels le cœur du mystère nous est dit : le Verbe s'est fait chair, et il a demeuré parmi nous.

Luc poursuivra son récit en disant les œuvres de grâce de Jésus : la proximité absolue de Dieu donnée dans ses paroles et ses gestes. C'est déjà, en ces quelques mots, ce qu'affirme Élisabeth.

La Vierge au sourire


Puisque l'on est ainsi mené au coeur de la foi, il est possible, pour méditer ces mots du Je vous salue Marie, de se souvenir des représentations de la Vierge à l'enfant que tous nous avons vues, contemplées, aimées.

Chacune cherche dans la peinture ou le bois, à dire quelque chose de ce mystère au plus profond indicible. Et il n'est pas étonnant face à la profondeur du mystère qui nous est dit, que peintres et sculpteurs aient interprété aussi diversement, chacun selon son art et son intuition propre, souvent bouleversante, à tracer dans la fibre du bois ou sur la toile l'approche de ce mystère.

Le mystère n'est pas ce que l'on ne peut comprendre, mais bien plutôt ce que l'on n'aura jamais fini de comprendre. La foi est mouvement vers, ou depuis peut-être, cet épicentre du mystère :

Marie, comblée de grâces, et Jésus son enfant, le béni.

Vierge des douleurs

Ce sont aussi toutes les Vierges des douleurs et Pieta qu'il faudrait garder au coeur ou dans le regard, lorsqu'on lit ces mots de Luc, ou qu'en prière on les redit, dans le Je vous salue Marie.

Car celui qu'il est donné à Marie d'accueillir en elle pour un don total à l'humanité, est aussi celui qui ira jusqu'à la croix, sur le Golgotha.

C'est l'ensemble de ce mystère qui est contenu en filigrane dans les mots qu’Élisabeth adresse à Marie, sous l'action de l'Esprit Saint, et que nous redisons dans la prière du Je vous salue Marie.

Cet enfant qu'elle donne au monde est tout entier donné au projet de Dieu. Et ce projet est Passion, pour l'humanité qu'il aime.

Ici prennent source les Mystères que l'on médite dans la récitation du Chapelet : contemplation infinie du mystère de Marie, et à travers elle, de la vie de son Fils. Car elle nous mène à lui, elle nous découvre son visage et nous introduit à son mystère. Elle nous mène à Dieu.

Jésus, le fruit de tes entrailles est béni

Nous avons eu l'occasion de l'évoquer : le Je vous salue Marie est apparu progressivement dans la foi et la prière de l’Église.

Aux mots de l'ange et d’Élisabeth, que la foi très vite a associé, a été ajouté progressivement le nom de Jésus. Il est tout entier au cœur du récit évangélique, raison peut-être pour laquelle il est absent de la salutation d’Élisabeth à Marie.

Tout le contexte de l'évangile le dit. Il en est le centre. Prononcer ce nom dans la prière, c'était redire, ici encore comme on prononce un Credo, que Jésus est au centre de la foi.

C'est par son nom, comme le répètent en particulier les Actes des Apôtres à maintes reprises, que nous sommes sauvés.

Au cœur de la foi, Jésus

Ainsi la foi et la prière de l’Église parvenaient-elles à cette première partie du Je vous salue Marie, que souvent l'on distingue de la seconde, dans la récitation du chapelet dans une récitation volontiers alternée.

Elle culminait en latin sur le nom de Jésus. Il est au cœur de la foi. Par lui nous sommes sauvés.

Par Marie il nous est donné.


6e étape - Sainte Marie, Mère de Dieu



Mère de Dieu

Sainte Marie, mère de Dieu, sont des mots d'un poids infini.


La seconde partie du Je vous salue Marie poursuit la prière à Marie, en exprimant la prière de l'Eglise.

Elle s'ouvre sur une véritable profession de foi :

Sainte Marie, Mère de Dieu…

En quelques mots, adressés en prière à Marie, ils reprennent le contenu le plus fort de la salutation de l'ange à Marie, et de celle d'Elisabeth, qui étaient au coeur de la prière et de la contemplation de la première partie du Je vous salue Marie.

L’Église en prière, le croyant qui se tourne vers Marie, le pauvre qui la prie, disent d'emblée des mots essentiels, des mots d'un poids infini.

Des mots forgés longuement

L’Église, nous l'évoquions dans les séquences précédentes, a mis plusieurs décennies - près de trois siècles et plus ! -, à forger ces mots et à en faire le coeur de sa foi concernant Marie.

Marie, Mère de Dieu Qui est Marie pour l'Eglise et pour le croyant ? Elle est cette immensité du mystère du Dieu fait homme, dont Marie devient mère.

Il est important de rappeler ici que tout ce qui a été affirmé de Marie, dans la foi de l’Église, l'a été comme une conséquence de ce que l'on comprenait du mystère de Jésus lui-même.

Or, il a fallu du temps aussi pour que se polissent les mots de la foi sur Jésus.

Et si le centurion romain au pied de la croix, déclare Jésus Fils de Dieu (Marc 15, 39), les premières générations chrétiennes devront répondre de ce que cela signifie, dire le contenu de foi de ces paroles, qui marquent le sommet des évangiles.

Comme c'est le cas aujourd'hui encore, la tentation sera grande d'affirmer tellement Jésus fils de Dieu, que l'on ne peut en même temps le dire pleinement homme.

Ou à l'inverse, de le reconnaître pleinement homme, mène souvent à ne pouvoir le dire pleinement Dieu.

Les exemples de cette tension seraient nombreux. Il suffirait de faire la galerie des portraits de Jésus qui furent dressés au cours des siècles.

Jésus vrai Dieu et vrai homme

Les premiers grands conciles que l'on appelle "conciles christologiques", durent en effet forger peu à peu les mots de la foi sur l'identité de Jésus, dans les mêmes tensions et tentations que nous pouvons connaître aujourd'hui.

C'est en 325, au Concile de Nicée, que l'Eglise affirma, avec force, Jésus à la fois vrai Dieu et vrai homme.

Et dès lors l'Eglise, approfondissant cette foi, affirma aussi Marie Théotokos, c'est-à-dire Mère de Dieu : parce qu'elle a enfanté Jésus, que la foi reconnaît comme Fils de Dieu.

C'est le concile d’Éphèse qui le proclama en 431 :

Marie est devenue en toute vérité Mère de Dieu, par la conception humaine du Fils de Dieu dans son sein.

Ainsi, elle est Mère de Dieu non pas parce que le Verbe de Dieu a tiré d'elle sa nature divine, mais parce que c'est d'elle qu'il tient le corps par lequel il est dit naître selon la chair.

Le Concile Vatican II (1962-1965) a une expression assez forte pour exprimer ce mystère profond :

«Marie a été élevée par la grâce de Dieu, au-dessous de son Fils, au-dessus de tous les anges et de tous les hommes, comme la Mère très sainte de Dieu, présente aux mystères du Christ» (Lumen Gentium, 66).

C'est cette profession de foi, née au Concile d’Éphèse en 431, mûrie et portée par la foi des siècles, que reprend le Je vous salue Marie, comme un cri du cœur, comme le cri de la foi : Sainte Marie, Mère de Dieu !

Affirmer Marie mère de Dieu

Ce développement de la foi en Marie mère de Dieu, s'enracine pleinement dans l'Evangile.

Dans la parole d'Elisabeth en particulier, qui s'étonne à la rencontre de Marie, et s'écrie d'une voix forte :

Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.

Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi (Luc 1, 42-43).

La Mère de mon Seigneur, dit Elisabeth. Elle a tout dit en cette parole.

Mais il faut si longtemps à des coeurs d'hommes, pour accueillir un aussi grand mystère, que les théologiens continueront à accueillir et méditer, tant il est riche.

Ainsi Serge Boulgakov va même jusqu'à affirmer que, le secret que Marie dévoile est celui de la maternité de Dieu.

L'amour de Dieu a un visage féminin, dit-il.

Mais il poursuit : "La Mère de Dieu c'est aussi l'Eglise qui prie.
L'accueil mystique de ces paroles ne cesse de presser le croyant à l'ouverture sur le mystère de Dieu.

Sainte Marie

L’Église aime ainsi dire que Marie est sainte.

Et elle aime redire dans sa prière, inlassablement, Sainte Marie Elle affirme par là que Marie porte la marque de Dieu.

Et que cette trace de Dieu l'habite, la marque en totalité, qu'en elle Dieu transparaît sans ombre.

Tout en elle est disponible à Dieu. Elle est intégralement disponible à Dieu.

Ainsi, en elle le Verbe se fait chair. Parce qu'elle est la première, dans l'histoire de l'humanité, à avoir été aussi intégralement disponible à Dieu Et si la sainteté est un peu le fait de l'homme, nous le savons, elle est surtout le fait de Dieu.

Elle suppose le consentement de l'homme, mais elle est oeuvre de Dieu en l'homme, en nous.

Mais ce consentement suppose une infinie disponibilité Nous le savons aussi.

Ainsi quand nous prions :

Sainte Marie, Mère de Dieu, nous aimons redire les mots par lesquels l’Église exprime l'appartenance totale de Marie à Dieu.

Et c'est finalement ce mystère de l'infinie proximité de Marie avec le Christ, que nous scrutons, de mille manières, dans la piété mariale.

Et en particulier dans ces quelques mots, qui ouvrent les demandes très humbles du Je vous salue Marie, et que nous aimons redire. Inlassablement.

Tant ils emportent notre prière.


7e étape - Priez pour nous, pauvres pécheurs




Face à Marie Mère de Dieu, nous mesurons en effet notre petitesse, nous pauvres pécheurs.


Les deux expressions qui clôturent le "Je vous salue Marie" sont apparues progressivement, nous l'avons vu.

En effet, lorsque l’Église a adopté de façon habituelle, dans sa prière, la première partie du "Je vous salue Marie", elle l'a peu à peu prolongée en suppliant Marie, avec humilité, d'intercéder et prier pour nous, pécheurs ou pauvres pécheurs, ce qui se ressemble de très près, nous le savons d'expérience.

Face à Marie la toute belle, face à Marie Mère de Dieu, saluée avec autant de beauté et de force par les paroles de l'ange et celles d’Élisabeth, nous mesurons en effet notre petitesse, nous pauvres pécheurs.

Aussi, face à la clarté de Marie, nous supplions d'être nous aussi touchés par l'heureuse contamination de cette clarté, loin du péché que nous connaissons, dans sa force de corrosion, d'usure, et d'obscurité dans nos vies.

Priez pour nous, pauvres pécheurs

Peut-être cette insistance sur la pauvreté de l'homme qui se sait pécheur, provient-elle d'une période où plus qu'aujourd'hui l'on insistait sur cette triste altération de l'homme par le péché.

Mais ici encore, nous sommes à l'épicentre de la foi. Le kérygme (le noyau de la proclamation de la foi par les apôtres), le cœur de l'évangile, est la proclamation de Paul : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures.

Il est ressuscité! C'est là qu'est notre salut : nous sommes sauvés de la mort, sauvés du péché.

Le Je vous salue Marie ici encore, va donc à l'essentiel. Demandant à Marie de prier pour nous, il ne lui demande pas de nous sauver - nous le sommes par la mort du Christ, et entraînés avec lui vers la résurrection -.

Nous demandons à Marie sa proximité maternelle, son intercession.

Dans la pauvreté que nous mesurons, nous prenons le chemin de la prière à Marie, Mère de Dieu, comme un chemin des pauvres, reconnaissant notre éloignement, pour un temps, du Christ.

Marie intercède pour les pécheurs

Les phrases qui viennent d'être écrites ci-dessus, on le sent, s'inscrivent dans le grand courant de la tradition catholique.

Les Protestants ne feraient pas de telles affirmations : il n'en est qu'un qui puisse nous sauver, et à qui nous pouvons crier comme l'aveugle sur le chemin :

Sauve-nous ! C'est le Christ.

La tradition catholique pourtant, n'a jamais répugné à cette proximité et cette intercession de Marie.

Elles sont comme une reconnaissance ou comme un cri, un aveu de pauvreté, que nous confions à Marie, figure maternelle : mère de Jésus et mère de l'humanité.

Maintenant et à l'heure de notre mort

Cette dernière supplication du "Je vous salue Marie" est plus humble encore. Elle touche ce point que nous aimerions parfois ne pas évoquer, le point extrême, celui de la fragilité totale, face à laquelle nous ne sommes rien, totalement impuissants, fragiles.

Supplier Marie de prier pour nous, pauvres pécheurs, amène en effet à considérer aussi notre fragilité, ce que nous sommes : dans la main de Dieu.

Ainsi, nous prions Marie pour aujourd'hui, que nous connaissons, et l'heure de notre mort, que nous ne connaissons pas, et aimerions oublier peut-être.

La prière est vérité.

Et cette dernière supplication nous fait reconnaître et confesser cette fragilité extrême.

Tant d'hommes et de femmes savent le prix de cette bienveillance et de cette protection de Marie dans les moments ultimes.

Nous avons probablement entendu les uns et les autres, plus d'un récit attestant de cette confiance jusqu'au bout.

Marie, mère de Dieu et mère des hommes, conduit l'humanité humblement sur le chemin de lumière de son Fils, en cet instant ultime. Ne nous montre-t-elle pas son Fils ?

La prière du pauvre

On a souvent dit que le "Je vous salue Marie" était la prière du pauvre : une prière simple qu'aiment tant de gens, des petits, des malades, nous-mêmes…

Tant de gens ont en main un rosaire quand ils se tournent vers le ciel.

Ils savent bien que c'est vers Dieu qu'alors ils se tournent, mais ils savent la proximité, dans une maternelle bienveillance, de celle que les gens de Marseille aiment, justement, appeler la Bonne Mère… là haut, sur le rocher, veillant sur la ville.

A Lourdes et dans tant de sanctuaires dédiés à Marie, c'est encore cette prière que l'on récite ou que de façon infinie, l'on chante, dans un grand mouvement de disponibilité intérieure et de confiance, parfois ultime.

Je vous salue Marie

Le "Je vous salue Marie" est prière du pauvre parce qu'il est une prière simple, une prière répétitive aussi.

La prière apprise donne ses mots à la prière intérieure de chacun.

Et de façon répétée, elle entraîne, comme nous l'avons vu, à l'émerveillement, dans le murmure de l’Écriture - la salutation de l'ange à Marie, et celle d’Élisabeth, entièrement données par l’Écriture -.

A ce titre, le Je vous salue Marie est une prière à l'école de l’Écriture.

Puis en quelques mots, il présente à Marie - à Dieu par Marie - ce qu'est dans sa totalité une vie d'homme : pauvre pécheurs, disons-nous, d'un mot qui comprend des pages entières de notre vie.

Nous disons encore : maintenant. Et cet instant, nous le mesurons. Et à l'heure de notre mort : nous le confessons, avec un profond réalisme ou parfois contre notre gré. Mais tant d'hommes et de femmes, nous l'évoquions, savent le prix de cette bienveillance et de cette protection de Marie dans les moments ultimes.

Parce que Marie, mère de Dieu et mère des hommes, conduit l'humanité sur le chemin de lumière de son Fils.

Amen !

Par l'Amen final, nous donnons pleine adhésion à l'ensemble de cette courte prière, qui rassemble la terre et le ciel, en la figure et dans la supplication à Marie.


8e étape - Le Rosaire



Comment prier le rosaire ?

Un rosaire comprend 150 "Je vous salue Marie" partagés en trois parties. Puis chaque partie en cinq dizaines, chacune étant précédée d'un Notre Père et suivie du Gloire au Père ou Gloria, en l'honneur de la Sainte Trinité.


Un chapelet de roses

Le "Je vous salue Marie" n'est pas apparu d'un seul coup.

Nous en avons relu l'histoire dans les premières séquences de ce parcours.

Cette prière à Marie est née peu à peu dans la piété de l'Eglise, pour ne se fixer dans sa forme définitive que vers 1500.

Pourtant, dès le 12e siècle, saint Bernard contribua à développer cette prière à Marie sous la forme naissante du chapelet ou du rosaire.

Et Saint Dominique au siècle suivant, en répandit l'usage, prescrivant à ses religieux de porter un chapelet à leur ceinture.

La grande peste de 1349, qui ravagea tous les royaumes d'Europe, amena les foules à un surcroît de piété, qui contribua également à l'essor de la piété mariale. Et c'est en fait au siècle suivant que cette prière prit le nom de Rosaire.

Le Pape Pie V engagea l’Église entière à cette prière, face à l'avancée turque qui menaçait l'Europe.

C'est ainsi que fut attribuée au Rosaire la victoire décisive de Lépante, en 1571.

La fête de Notre-Dame du Rosaire, célébrée le 7 octobre, a été instituée par le Pie V en 1573, pour remercier Marie de cette victoire. Et l'ensemble du mois d'octobre, durant lequel comme au mois de mai, on prie particulièrement la Vierge, est volontiers appelé le mois du Rosaire.

Le Psautier de Marie

Au sens strict, le chapelet est un "petit chapeau" ou comme une couronne.

On avait en effet coutume, au Moyen Age, de couronner de roses les statues de la Vierge, chaque rose symbolisant une prière, d'où le mot de rosaire.

Un rosaire comprend 150 "Je vous salue Marie", qui rappellent les 150 Psaumes, et on a longtemps appelé le Rosaire Psautier de Marie.

Les 150 "Je vous salue Marie" furent partagés en trois parties, en l'honneur de la Trinité.

Puis chaque partie en cinq dizaines, chacune étant précédée d'un Notre Père et suivie du Gloire au Père ou Gloria, en l'honneur de la Sainte Trinité.

Méditer l'histoire du Salut

Le Rosaire est ainsi une forme de prière répétitive et très simple, durant laquelle on médite sur la place de Marie dans le mystère du salut, pour s'y associer.

Cette prière en effet n'est pas pure répétition : elle est méditation, accueil du mystère de Dieu qui touche et rejoint nos vies. Le chapelet ou le rosaire sont ainsi une méditation de l'Evangile, l'accueil pour le croyant, de la vie du Seigneur.

Dans la récitation du chapelet, chaque mystère est annoncé ou médité et suivi d'une dizaine de chapelet.

Le rosaire a longtemps compté quinze mystères, répartis en 3 séries :

les mystères joyeux, douloureux et glorieux, ce qui amenait aux 150 Je vous salue Marie, qui en faisaient le Psautier de Marie.

Mais Jean-Paul II a rajouté en 2002 cinq nouveaux mystères :

les mystères lumineux. Contemplons donc cette immense fresque de la foi.

Les mystères joyeux

Les premiers mystères que l'on prie sont les mystères joyeux.

Ils rappellent et contemplent le mystère de la naissance et l'enfance de Jésus.

Ce sont : 1. L'Annonciation : l'ange Gabriel est envoyé par Dieu à Marie, pour lui annoncer qu'elle serait mère du sauveur (Luc 1, 26-38).

2. La Visitation :

Marie rend visite à Elisabeth, enceinte elle aussi, malgré son âge et sa stérilité. Elle mettra au monde Jean-Baptiste.
Marie chante alors son action de grâce à Dieu, dans le Magnificat (Luc 1, 39-56).

3. La Nativité :

la naissance de Jésus à Bethléem et la joie des bergers et des pauvres, l'adoration aussi des mages venus d'Orient (Luc 2, 1-21)


4. La Présentation de Jésus au Temple, comme la Loi juive le demandait pour tout premier-né masculin. Joseph et Marie se conforment à cet usage. Syméon et Anne reconnaissent en l'enfant le Messie attendu par Israël (Luc 2, 22-40).

5. Le Recouvrement de Jésus, lorsque Jésus est retrouvé au Temple, au terme de trois jours, au cours du pèlerinage effectué par Joseph et Marie comme c'était la coutume (Luc 2, 41-51).

Les mystères lumineux

Les mystères lumineux, introduits par Jean-Paul II en 2002 sont tout entiers centrés sur la personne de Jésus : « Si l'on veut indiquer à la communauté chrétienne cinq moments significatifs - mystères lumineux - de cette période de la vie du Christ, il me semble, dit Jean-Paul II, que l'on peut les mettre ainsi en évidence :

1. au moment de son Baptême au Jourdain (Marc 1, 21),

2. dans son auto-révélation aux noces de Cana (Jean 2, 1-12),

3. dans l'annonce du Royaume de Dieu avec l'invitation à la conversion : (Marc 1, 15, Marc 2, 3-13, Luc 7, 47-48),

4. dans sa Transfiguration (Luc 9, 35 ) et enfin 5. dans l'institution de l'Eucharistie, expression sacramentelle du mystère pascal (Jean 13, 1). Chacun de ces mystères est une révélation du Royaume désormais présent dans la personne de Jésus.

Les mystères douloureux

Les mystères douloureux s'associent à la Passion et à la mort de Jésus :

1. L'agonie de Jésus au jardin des Oliviers (Matthieu 26, 36-56),

2. la Flagellation (Marc 25, 15),

3. le Couronnement d'épines (Matthieu 27, 27-31),

4. Le Portement de la Croix (Luc 23, 26-30) et 5. Le Crucifiement et la Mort de Jésus sur la Croix (Jean 19, 17-37).

Les mystères glorieux

Les mystères glorieux méditent tour à tour :

1. La Résurrection de Jésus (Matthieu 28, 5-huit),

2. L’Ascension (Marc 16, 19-20),

3. La Pentecôte (Actes 2, 1-13),

4. L'Assomption de Marie (Apocalypse 12, 14-16) et 5. Le Couronnement Marie dans le Ciel (Apocalypse12, 1).

L’Église a coutume de répartir la prière et la méditation de l'ensemble de ces mystères du Rosaire sur les jours de la semaine, pour qu'ils irriguent ainsi l'ensemble de la vie : le lundi et le samedi, les mystères joyeux, le mardi et le vendredi, les mystères douloureux, le mercredi et le dimanche, les mystères glorieux, et le jeudi, les mystères lumineux.

Au rythme de la vie humaine

Jean-Paul II à plusieurs reprises a redit la richesse de cette prière, ainsi dans cette homélie du 29 octobre 1978 :

"Je voudrais, disait-il, attirer votre attention sur le Rosaire.

Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse.

Merveilleuse de simplicité et de profondeur.

Dans cette prière, nous répétons de multiples fois les paroles de l'Archange et d'Élisabeth à la Vierge Marie.

Toute l'Église s'associe à ces paroles.  Sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ.

Réunis en Mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le Coeur de sa Mère, pourrions-nous dire.

En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité : c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à coeur."

C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine.


9e étape - L'Angelus


L'Angelus

Qu'est ce que l'Angelus ? Quelle est sa signification?


A l'heure du couvre feu, la sonnerie du soir

Peu à peu, dans la seconde moitié du 13e siècle, est née la coutume, dans l'Eglise, de sonner les cloches le soir.

Cette pratique se rattache très probablement au couvre-feu, et à l'usage de la sonnerie qui donnait le signal d'éteindre les feux, aux 11e et 12e siècles.

Une coutume purement civile, qui prenait ainsi un autre sens, puisqu'elle attirait l'attention des fidèles sur le moment de la prière.

L'origine exacte de cette coutume de l’Église est difficile à établir avec précision.

On dit que saint Bonaventure, dans un chapitre de son ordre, tenu en 1269, aurait introduit l'usage de sonner après les Complies (prière du soir dans les monastères, à l'entrée de la nuit), et ordonné à tous les prêtres de son ordre d'exhorter les fidèles à vénérer le mystère de l'incarnation en récitant trois Ave Maria, au triple son de la cloche du soir.

Ou bien peut-être cette coutume est-elle née à Milan, en 1296 ?

Cette dévotion en tout cas, se répandit peu à peu dans la chrétienté, au commencement du 14e siècle.

Cela semble attesté en Hongrie, en France. Et l'on sait que Jean XXII, par un acte daté d'Avignon le 13 octobre 1318, approuva l'usage de réciter trois fois l'Ave Maria à l'heure du couvre feu et y attacha des indulgences.

La prière pour la Paix

On observe à Rome, en 1327, cette pratique de réciter à genoux trois Ave Maria, au moment de la sonnerie du soir, et la coutume s'en répand alors largement.


Cette prière était communément comprise comme une prière pour la paix.

On dit ainsi en allemand Pro pace schlagen (sonner pour la paix) ou bien on lit sur les cloches des inscriptions telles que O Rex gloriae, veni cum Pace (Ô Roi de gloire, viens avec la Paix) ou encore simplement les mots Sauveterre ou Salvatierra.

Bientôt, à la sonnerie du soir, vint s'ajouter celle du matin.

On la voit, assez généralement pratiquée, au milieu du 15e siècle, en Belgique, Allemagne, France...

Mais la coutume en est attestée à Parme dès 1318.

On récitait alors un Pater et cinq Ave. La salutation angélique ou Ave est récitée pour honorer les douleurs de Marie au pied de la croix.

En France, le concile de Lavaur, en1368, ordonne de réciter le matin cinq Pater en l'honneur des cinq plaies de Notre Seigneur et sept Ave en souvenir des douleurs de Marie. On retrouve une coutume similaire à Béziers l'année suivante.

La sonnerie du midi

La sonnerie du midi est postérieure aux deux autres. Elle eut d'abord pour but de vénérer la Passion du Sauveur en sonnant la cloche à midi le vendredi. Cette sonnerie est attestée dès 1386 à Prague, et 1413 en Allemagne, à Mayence par exemple, en 1423. Cet usage était limité au vendredi, pour rappeler aux fidèles les souffrances du Christ et les bienfaits de la Rédemption.

Cette sonnerie de midi fut très vite et définitivement associée à des prières pour la paix.

Et en 1451, on élargit cette pratique à l'ensemble des jours de la semaine. Le pape Calixte III généralise cet usage en 1456, en ordonnant la sonnerie quotidienne de midi et en prescrivant la récitation de trois Ave, afin d'obtenir le secours divin dans la guerre contre les Turcs.

La pratique de sonner à midi se répandit rapidement en France, surtout quand, en 1472, Louis XI l'étendit à tout son royaume en demandant que l'on prie à cette heure pour la paix. Et l'on sait qu'en 1475 on nomme cette coutume, encouragée par le Pape, Ave Maria de la paix. Et l'usage s'en répand en fait à travers l'ensemble de l'Europe.

Naissance de l'Angelus

C'est au 16e siècle que l'on voit ces différentes pratiques se fondre en une seule dévotion.

Celle-ci est attestée à la Grande Chartreuse en 1509, de l'Angelus matin, midi et soir, en conformité avec l'ordonnance pontificale, encouragée par les indulgences attachées à cette prière, récitée à genoux, comme on peut le voir dans la magnifique toile de Millet précisément intitulée L'Angelus.

Mais ce n'est que vers 1600 que l'Angelus prend la forme qu'on lui connaît aujourd'hui.

Et l'usage de cette dévotion fut définitivement fixé par Benoît XIV, en 1742, lorsqu'il prescrivit qu'au temps pascal l'Angelus serait remplacé par le Regina Coeli.

Prier l'Angelus

Voici les mots de cette prière :


L'ange du Seigneur annonça à Marie. - Et elle conçut du Saint-Esprit. [Je vous salue Marie...]

Voici la servante du Seigneur ! - Qu'il me soit fait selon ta parole. [Je vous salue Marie...]

Et le Verbe s'est fait chair. - Et il a demeuré parmi nous. [Je vous salue Marie...]

Priez pour nous sainte Mère de Dieu. - Afin que nous devenions dignes des promesses du Christ.

On les fait suivre de cette prière :

"Prions : Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos coeurs ; par le message de l'ange, tu nous as fait connaître l'incarnation de ton Fils bien-aimé.

Conduis-nous par sa passion et par sa croix, avec le secours de la Vierge Marie, jusqu'à la gloire de la résurrection. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen !"

Et durant le temps pascal, l'Angelus est remplacé par le Regina Coeli :

Regina coeli, laetare, alleluia
Quia, quem meruisti portare, alleluia
Resurrexit, sicut dixit, alleluia
Ora pro nobis Deum, alleluia.

Reine du Ciel, réjouis-toi, alleluia
Celui que tu as mérité de porter, alleluia
Est ressuscité comme il l'a dit, alleluia
Prie Dieu pour nous, alleluia.

Ainsi l'Eglise aime-t-elle prier Marie pour la paix et pour le monde aux grandes heures qui marquent la journée. Pour que toute notre vie peu à peu soit prière.



Dernière édition par Marie du 65 le Lun 9 Oct 2017 - 10:45, édité 16 fois

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Message par M1234 Lun 9 Oct 2017 - 10:34

10e étape - Marie, chemin du croyant


Marie, chemin du croyant

Depuis toujours en effet, l’Église a pressenti l'exception que représente Marie au cœur de notre humanité.


L'émerveillement de Claudel

On se souvient de la très belle prière de Claudel






Confronté à l'épreuve redoutable que subissent tant de gens, aux noires heures de la guerre, il se tourne vers Marie.

Nous reprenons ses mots.

Ils semblent résumer l'ensemble de ce parcours sur le Je vous salue Marie.

« Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.

Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n'ai rien à offrir et rien à demander.

Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela

Que je suis votre fils et que vous êtes là.

Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.

Midi !

Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.


Ne rien dire, regarder votre visage,

Laisser le cœur chanter dans son propre langage.

Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,


Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.

Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,

intacte ineffablement,

Parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,

Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit .

Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,

parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie,

simplement parce que vous existez,

Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !

(extrait de Paul Claudel : "La Vierge à midi", Poèmes de Guerre, N.R.F., 1914-1915)

Dès le commencement et pour toujours

L'émerveillement de Claudel est celui de toute l’Église, au fil des siècles.

Il a pour le dire les mots du poète, que nous gardons et relisons.

Depuis toujours en effet, l’Église a pressenti l'exception que représente Marie au cœur de notre humanité.

Les premiers mots que nous gardons sur elle, ceux de l’Évangile, affirment que Marie en sa virginité, conçoit de l'Esprit Saint.

Tout est dit, en peu de mots, du mystère qui ne cesse d'emporter notre foi en même temps que de l'interroger, pour nous mener plus loin encore dans une compréhension infinie, dans la foi.

Ainsi en est-il du mystère.

Nous dépassant infiniment, et dépassant entièrement l'intelligence, il nous entraîne.

Comme le dit et le redit en effet, avec vigueur, Saint Augustin :

Comprends pour croire, et crois pour comprendre. C'est ainsi que firent les croyants, pour élaborer au fil des siècles les affirmations de la foi concernant Marie.

Ils le firent en particulier dans deux directions essentielles : vers le commencement, et en scrutant aussi la fin ou plus exactement l'infini.

C'est ainsi que l’Église formula peu à peu la foi en l'Immaculée Conception de Marie, et en son Assomption.

Marie toute sainte

C'est le Pape Sixte IV qui pour la première fois, le 24 février 1477, évoqua l'Immaculée Conception de Marie.

Les premiers siècles ne pressentaient-ils pas cette réalité lorsqu'ils parlaient de Marie Nouvelle Eve, ou toute sainte ?

Et de fait, dès le 8ème siècle, on célébra la fête de la Conception de Marie.

Au Moyen Age, la question fut débattue dans l'Eglise : Bernard de Clairvaux (1090-1153), Thomas d'Aquin (1225-1274), Bonaventure (1221-1274) étaient assez réservés sur cette question, tandis que Duns Scot (v. 1270-1308), était beaucoup plus audacieux.

Les débats continuèrent, jusqu'à Sixte IV, un siècle et demi ou deux siècles plus tard, signe du travail de la foi et aussi du discernement opéré par l'Eglise sur une question aussi essentielle : parlant de Marie, elle parle aussi de Dieu et finalement de nous.

Ce qui advient en Marie nous touche, nous aussi. L'Eglise le pressentait bien.

L’Immaculée Conception

En 1708, Clément XI confirme la fête de l'Immaculée Conception. Pie IX, le 8 décembre 1854, en fait un article de foi : en aucun instant de son existence, Marie n'a été soumise à la domination du péché.

Et même, par un effet anticipé de la Rédemption, une faveur particulière de Dieu l'a préservée de la souillure du péché originel. Précisons que la question n'a en soi aucun lien avec celle de la virginité de Marie, comme on le dit parfois trop vite ne sachant que dire.

Marie a toujours été à distance du péché. Voilà ce qu'affirme la foi en professant son Immaculée Conception.


Quelques années à peine après la promulgation de ce dogme, le 25 mars 1858, Bernadette Soubirous entendait la même affirmation dans son patois, de la Vierge qui lui apparaissait dans le rocher de Massabielle, à Lourdes.

Le temps de la foi

On le voit, les affirmations de foi prennent du temps, se débattent dans l'Eglise, se confirment, elles se taraudent peu à peu dans le mouvement de foi d'un peuple tout entier, croyant avec les représentations et les mots de son époque, que la suivante tente de comprendre pour vivre du trésor de la foi.

L’Église continua ainsi à réfléchir sur la place et le rôle de Marie dans l’Église, dans la foi, dans la prière de l’Église, dans le mystère de la Rédemption. Léon XIII (en 1891), puis Pie X (en 1904), exprimèrent ainsi peu à peu dans l'approche de ce mystère, les mots de la foi, sur ce qui est aujourd'hui au cœur de la piété et de la dévotion mariales : la source de la plénitude de qui nous avons tous reçu est le Christ (Jean 1, 16).

Marie, affirme Pie X, est auprès du Fils unique, la très puissante médiatrice et avocate du monde entier (2 février 1904). Pie XII poursuivra la réflexion sur cette question importante, en 1943.

Et le concile Vatican II aura également de magnifiques pages (1962-1965).

L'Assomption de Marie

Très tôt dans l’Église, on célébra à Jérusalem, le 15 août, une fête mariale : le jour de Marie.

On y faisait mémoire du passage de la mère de Jésus à la gloire du ciel, à la fin de sa vie terrestre.

Les Églises d'Orient appellent ce passage la Dormition de la Vierge Marie, et en Occident, son Assomption.

En effet, comment la corruption du tombeau et de la mort pouvait-elle toucher celle qui donna la vie au Sauveur, Jésus Fils de Dieu ?

Ici encore, l’Église porte le regard sur Jésus, le Fils, pour contempler, comme par reflet, Marie sa mère.

Et tout ce qui est affirmé de Marie provient de ce que peu à peu l'on comprit de Jésus.

Ainsi, très tôt, dans la liturgie de l'Eglise, on aima relire en pensant à Marie, la vison de l'Apocalypse, de la femme revêtue de soleil et terrassant le dragon [du mal] (Apocalypse 12).

Le 1er novembre 1950, en la fête de tous les Saints, Pie XII proclamait le dogme de l'Assomption :

« Marie, l'Immaculée, mère de Dieu toujours vierge, à la fin de sa vie terrestre, a été enlevée en âme et en corps à la gloire céleste ». Tels sont les mots de la foi. Pie XII laissait ouverte la question de savoir si Marie mourut ou non. Mais il retraçait dans le dogme, la foi constante de l’Église depuis le 6ème siècle.

Ainsi les chrétiens d'Orient parlent de ce que l'on hésite à appeler la fin de Marie - car elle n'en est pas une, elle est un commencement, infini - sous le beau mot de Dormition (ce sommeil n'est pas la mort, il est une lumineuse veille). Ceux d'Occident parlent de son Assomption dans le ciel.

Marie lumière, au chemin du croyant

Celle qui donna au monde, et porta en elle le Fils de Dieu, ne put connaître la souillure originelle du péché.

Elle ne peut connaître la dégradation de la mort. Elle est toute lumière, celle que l'on prie au fil des jours et des nuits, dans la solitude et la pauvreté, comme aux jours de bonheur. Pour qu'elle nous donne son Fils et nous entraîne sur le chemin de foi.




Un décryptage en 10 étapes de la plus ancienne prière à Marie. Une formation facile réalisée par le Père Jacques Nieuviarts, assomptionniste et bibliste.


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Message par Jacques-2 Lun 9 Oct 2017 - 11:46

bonjour,
             merci de ce bon travail,j'ai imprimé et nous partagerons dimanche
sur le rosaire

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Message par M1234 Lun 9 Oct 2017 - 18:08

Bonsoir Jacques,
En Union de Prières!!


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