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Les écrits de Maria Valtorta

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Père Jean
Grosjean
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Message par Grosjean Jeu 12 Mar 2009 - 0:03

Mercredi 2ème semaine de Carême (13ème jour)
L'Obol de la Veuve


Jésus cesse de le regarder pour observer une pauvre petite femme, vêtue de marron foncé, qui monte honteuse les marches et va vers un mur où se trouvent des têtes de lions ou autres animaux du même genre, la bouche ouverte. Beaucoup s'y rendent, mais Jésus paraissait ne pas s'en occuper. Maintenant, au contraire, il suit la démarche de la petite femme. Son œil la regarde avec pitié et devient d'une grande douceur quand il la voit allonger une main et jeter dans la bouche de pierre de l'un de ces lions quelque chose. Et quand la pauvrette, en se retirant, passe près de Lui, il lui dit le premier : « Paix à toi, femme. »
Celle-ci, stupéfaite, lève la tête interdite.
« Paix à toi » répète Jésus. « Va, car le Très-Haut te bénit. »
Cette pauvre femme reste bouche bée, puis murmure un salut et s'en va.
« Elle est heureuse dans son malheur » dit Jésus en sortant de son silence. « Maintenant elle est heureuse car la bénédiction de Dieu l'accompagne. Ecoutez, amis, et vous qui êtes autour de Moi. Voyez- vous cette femme ? Elle n'a donné que deux piécettes, moins qu'il n'en faut pour payer le repas d'un passereau en cage, et pourtant elle a donné davantage que tous ceux qui, depuis l'ouverture du Temple à l'aurore, ont versé leur obole au Trésor du Temple.
Ecoutez. J'ai vu des riches en grand nombre mettre dans ces bouches des sommes capables de la rassasier pendant une année et de revêtir sa pauvreté qui n'est décente que parce qu'elle est propre. J'ai vu des riches qui, avec une satisfaction visible, mettaient des sommes avec lesquelles on aurait pu rassasier les pauvres de la Cité Sainte pendant un jour ou plus, et leur faire bénir le Seigneur. Mais, en vérité, je vous dis que personne n'a donné plus qu'elle. Son obole est charité, l'autre ne l'est pas. Elle est générosité, l'autre ne l'est pas. Elle est sacrifice, l'autre ne l'est pas. Aujourd'hui cette femme ne mangera pas car elle n'a plus rien. Il lui faudra d'abord travailler pour un salaire pour qu'elle puisse donner du pain à sa faim. Elle n'a pas de richesses en réserve ; elle n'a pas de parents qui gagnent pour elle. Elle est seule. Dieu lui a enlevé parents, mari et enfants, lui a enlevé le peu de bien qu'ils lui avaient laissé, et plus que Dieu le lui ont enlevé les hommes ; ces hommes qui maintenant, avec de grands gestes, vous les voyez ?, continuent de jeter à l'intérieur leur superflu dont une grande partie est extorquée par l'usure aux pauvres mains de ceux qui sont faibles et qui ont faim. Eux disent qu'il n'y a pas de sang ni d'affection supérieurs au Temple et de cette façon enseignent à ne pas aimer le prochain. Moi, je vous dis qu'au-dessus du Temple, il y a l'amour. La Loi de Dieu est amour et Il n'aime pas qui n'a pas pitié de son prochain. L'argent superflu, l'argent souillé par l'usure, par la rancœur, par la dureté, par l'hypocrisie, ne chante pas la louange de Dieu et n'attire pas sur le donateur la bénédiction céleste. Dieu le rejette. Il engraisse cette caisse, mais ce n'est pas de l'or pour l'encens : c'est de la boue qui vous submerge, ô ministres, qui ne servez pas Dieu mais votre intérêt ; mais c'est un lacet qui vous étrangle, ô docteurs, qui enseignez une doctrine de votre invention ; mais c'est un poison qui vous corrode ce reste d'âme que vous avez encore, ô pharisiens. Dieu ne veut pas ce qui reste. Ne soyez pas des Caïns. Dieu ne veut pas le fruit de la dureté. Dieu ne veut pas ce qui élevant une voix plaintive dit : "Je devais rassasier un affamé, mais on m'a refusé pour étaler leurs fastes là-dedans. Je devais aider un vieux père, une mère chancelante, et on m'a refusé parce que cette aide n'aurait pas été connue du monde, et je dois résonner ma sonnerie pour que le monde voie le donateur". Non, rabbi qui enseignes que ce qui est reste doit être donné à Dieu et qu'il est permis de refuser au père et à la mère pour donner à Dieu. Le premier commandement c'est : "Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, de toute ta force". Ce n'est donc pas le superflu, mais ce qui est notre sang qu'il faut Lui donner, en aimant souffrir pour Lui. Souffrir, non pas faire souffrir. Et s'il en coûte beaucoup de donner parce qu'il est désagréable de se dépouiller des richesses, et que le trésor est le cœur de l'homme, vicieux par nature, c'est justement parce qu'il en coûte qu'il faut donner. Par justice : car tout ce que l'on a, on l'a par la bonté de Dieu. Par amour : car c'est une preuve d'amour d'aimer le sacrifice pour donner de la joie à ceux qu'on aime. Souffrir pour offrir. Mais souffrir. Non pas faire souffrir, je le répète. Car le second commandement dit : "Aime ton prochain comme toi-même". Et la loi précise qu'après Dieu, les parents sont le prochain à qui l'on a l'obligation de donner honneur et aide. Je vous dis donc en vérité que cette pauvre femme a compris la loi mieux que les sages, et qu'elle est justifiée plus que tout autre et bénie, puisque dans sa pauvreté elle a tout donné à Dieu alors que vous, vous donnez le superflu et le donnez pour grandir dans l'estime des hommes. Je sais que vous me haïssez parce que je parle ainsi. Mais tant que cette bouche pourra parler, elle parlera de cette façon. Vous joignez votre haine pour Moi au mépris pour la pauvresse que je loue. Mais ne croyez pas faire de ces deux pierres un double piédestal pour votre orgueil. Ce sera la meule qui vous broiera.
Allons. Laissons les vipères se mordre pour augmenter leur venin. Que celui qui est pur, bon, humble, contrit et qui veut connaître le vrai visage de Dieu, me suive. »
Jésus dit :
« Et toi, à qui rien ne reste puisque tu m'as tout donné, donne-moi ces deux dernières piécettes. Devant tant que tu m'as donné, elles sembleront, pour les étrangers, un rien. Mais pour toi qui n'as plus qu'elles, elles sont tout. Mets-les dans la main de ton Seigneur. Et ne pleure pas. Ou du moins : ne pleure pas seule. Pleure avec Moi qui suis le seul qui puisse te comprendre et qui te comprends sans la brume d'humanité qui est toujours un voile intéressé pour la vérité. »
Les apôtres, les disciples et la foule le suivent en groupes compacts quand il revient à l'endroit de la première enceinte qui est presque à l'abri du mur d'enceinte du Temple, là où il y a un peu de fraîcheur car la journée est absolument étouffante. Comme le terrain est bouleversé par les sabots des animaux, semé de pierres que les marchands et les changeurs emploient pour fixer leurs enclos et leurs tentes, les rabbis d'Israël n'y viennent pas. Ils permettaient de faire un marché dans le Temple, mais ils éprouvaient du dégoût à porter les semelles de leurs sandales là où sont mal dissimulés les restes des quadrupèdes expulsés de là il y a peu de jours...
Jésus n'en a pas de dégoût et il se réfugie là, dans un cercle nombreux d'auditeurs. Pourtant, avant de parler, il appelle près de Lui ses apôtres auxquels il dit : « Venez et écoutez bien. Hier vous vouliez savoir beaucoup des choses que je vais vous dire maintenant, et auxquelles hier je faisais de vagues allusions quand nous reposions dans le jardin de Joseph. Soyez donc bien attentifs, car ce sont de grandes leçons pour tous et surtout pour vous, mes ministres et mes continuateurs.
Ecoutez. Sur le siège de Moïse s'assirent au temps qu'il fallait les scribes et les pharisiens. Tristes heures celles-là pour la Patrie.
Une fois terminé l'exil de Babylone, et une fois reconstruite la nation grâce à la magnanimité de Cyrus, ceux qui dirigeaient le peuple se rendirent compte de la nécessité de reconstruire aussi le culte et la connaissance de la Loi. Car malheur au peuple qui ne les a pas pour sa défense, guide et soutien, contre les plus puissants ennemis d'une nation que sont l'immoralité des citoyens, la révolte contre les chefs, la désunion entre les différentes classes et partis, les péchés contre Dieu et contre le prochain, l'irréligion, tous éléments de. désagrégation pour eux-mêmes et cause des punitions célestes qu'ils provoquent !
S'élevèrent donc les scribes, ou docteurs de la Loi, pour pouvoir enseigner le peuple qui, parlant la langue chaldéenne, héritage du dur exil, ne comprenait plus les Ecritures écrites en pur hébreu. S'élevèrent pour aider, des prêtres, en nombre insuffisant pour s'acquitter du devoir d'enseigner les foules. Un laïcat docte et consacré pour honorer le Seigneur en portant sa connaissance chez les hommes et en amenant à Lui les hommes. Ce laïcat eut sa raison d'être et il fit aussi du bien. Car, rappelez-le-vous tous même les choses qui, à cause de la faiblesse humaine, dégénèrent ensuite, comme ce fut le cas pour celle-là qui s'est corrompue nu cours des siècles, ont toujours quelque chose de bon et au début, du moins, une raison d'être, à cause de quoi le Très-Haut leur permet de s'élever et de durer, jusqu'au moment où la dégénérescence arrivant à son comble, le Très-Haut les disperse.
Vint ensuite l'autre secte des pharisiens, de la transformation de celle des assidéens, qui surgit pour soutenir par la morale la plus rigide et l'obéissance la plus intransigeante à la Loi de Moïse et l'esprit d'indépendance de notre peuple, quand le parti helléniste s'étant formé sous la pression et les séductions commencées au temps d'Antiochus Epiphane et devenues bientôt des persécutions contre ceux qui ne cédaient pas aux pressions du roi rusé, qui plus que sur ses armes comptait sur la désagrégation de la foi dans les cœurs pour régner sur notre Patrie, tentait de nous rendre esclaves.
Rappelez-vous également ceci : craignez plutôt les alliances faciles et les flatteries d'un étranger que ses légions. En effet, tant que vous serez fidèles aux lois de Dieu et de la Patrie, vous vaincrez même si vous êtes encerclés par des armées puissantes, mais quand vous serez corrompus par le poison subtil donné comme un miel enivrant par l'étranger qui a formé des desseins contre vous, Dieu vous abandonnera à cause de vos péchés, et vous serez vaincus et assujettis, sans que votre faux allié livre une bataille sanglante contre vous. Malheur à celui qui n'est pas sur le qui-vive comme une sentinelle vigilante et ne repousse pas l'embûche subtile d'un voisin astucieux et faux, ou d'un allié, ou d'un maître qui commence sa domination chez les particuliers, en affaiblissant leurs cœurs et en les corrompant par des usages et des coutumes qui ne sont pas nôtres, qui ne sont pas saints, et qui par conséquent nous rendent désagréables au Seigneur ! Malheur ! Rappelez-vous toutes les conséquences subies par la Patrie parce que certains de ses fils ont adopté les usages et les coutumes de l'étranger pour gagner ses bonnes grâces et jouir. C'est une bonne chose que la charité envers tous, même envers les peuples qui ne partagent pas notre foi, qui n'ont pas nos usages, qui nous ont nui au cours des siècles. Mais l'amour pour ces peuples, qui sont toujours notre prochain, ne doit jamais nous faire renier la Loi de Dieu et de la Patrie par le calcul de quelque profit soutiré ainsi aux voisins. Non. Les étrangers méprisent ceux qui sont serviles jusqu'à répudier les choses les plus saintes de la Patrie. Ce n'est pas en reniant son Père et sa Mère : Dieu et la Patrie, que l'on obtient le respect et la liberté.
Il fut donc un bien qu'au bon moment se dressèrent aussi les pharisiens pour faire une digue contre le débordement fangeux des usages et des coutumes étrangers. Je le répète : toute chose qui surgit et qui dure a sa raison d'être. Et il faut la respecter pour ce qu'elle a fait, sinon pour ce qu'elle fait. Que si elle est coupable, désormais, il n'appartient pas aux hommes de l'insulter et encore moins de la frapper. Il y a quelqu'un qui sait le faire : Dieu et Celui qu'Il a envoyé et qui a le droit et le devoir d'ouvrir la bouche et d'ouvrir vos yeux pour que vous et eux connaissiez la pensée du Très-Haut et agissiez avec justice. Moi, et aucun autre. Moi, parce que je parle par ordre divin. Moi, parce que je puis parler n'ayant en Moi aucun des péchés qui vous scandalisent quand vous les voyez faits par des scribes et des pharisiens, mais que, si vous le pouvez, vous faites vous aussi. »
Jésus, qui avait commencé doucement son discours, a élevé graduellement la voix et dans ces dernières paroles elle est puissante comme une sonnerie de trompettes.
Hébreux et gentils sont appliqués et attentifs pour l'écouter. Si les premiers applaudissent Jésus quand il rappelle la Patrie et qu'il nomme ouvertement par leurs noms les étrangers qui les ont assujettis et fait souffrir, les seconds admirent la forme oratoire du discours et se félicitent d'assister à ce discours digne d'un grand orateur, disent-ils entre eux.
Jésus abaisse de nouveau la voix quand il recommence à parler : « Cela, je vous l'ai dit pour vous rappeler la raison d'être des scribes et des pharisiens, comment et pourquoi ils se sont assis sur le siège de Moïse, comment et pourquoi ils parlent et que leurs paroles ne sont pas vaines. Faites donc ce qu'ils disent, mais n'imitez pas leurs actions. Car ils disent d'agir de telle manière, mais ensuite ne font pas ce qu'ils disent qu'il faut faire. En fait ils enseignent les lois d'humanité du Pentateuque, mais ensuite ils chargent les autres de fardeaux énormes, impossibles à porter, inhumains, alors que pour eux-mêmes ils ne lèvent même pas le petit doigt non pour porter ces fardeaux mais même pour les toucher.
Leur règle de vie, c'est d'être vus et remarqués et applaudis pour leurs œuvres, qu'ils font de manière qu'on les voie, pour en être loués. Et ils contreviennent à la loi de l'amour car ils aiment à se définir séparés et méprisent ceux qui ne sont pas de leur secte et ils exigent de leurs disciples le titre de maîtres et un culte qu'eux-mêmes ne donnent pas à Dieu. Ils se croient des dieux pour la sagesse et la puissance ; ils veulent être supérieurs au père et à la mère dans le cœur de leurs disciples ; ils prétendent que leur doctrine surpasse celle de Dieu et exigent qu'on la pratique à la lettre même si elle altère la vraie Loi, inférieure à cette dernière plus que ne l'est cette montagne comparée à la hauteur du Grand Hermon qui domine toute la Palestine. Certains d'entre eux sont hérétiques en croyant, comme les païens, à la métempsycose et à la fatalité, en niant les uns ce que les premiers admettent et, de fait sinon effectivement, ce que Dieu même a indiqué comme la foi, quand Il s'est défini le Dieu unique auquel doit aller le culte et a dit que le père et la mère viennent immédiatement après Dieu, et comme tels ont le droit d'être obéis plus qu'un maître qui n'est pas divin. Si maintenant je vous dis : "Celui qui aime son père et sa mère plus que Moi, n'est pas apte au Royaume de Dieu", ce n'est pas pourtant pour vous inculquer l'indifférence pour les parents que vous devez respecter et aider et il n'est pas permis de leur enlever un secours en disant : "C'est l'argent du Temple", ou l'hospitalité en disant : "Ma charge me le défend", ou la vie en disant : "Je te tue parce que tu aimes le Maître", mais c'est pour que vous ayez pour vos parents l'amour qu'il faut, c'est-à-dire un amour patient et fort dans sa douceur, qui sait - sans arriver à la haine pour le parent qui pèche ou afflige, en ne vous suivant pas sur le chemin de la Vie, la mienne - qui sait choisir entre ma loi et l'égoïsme familial et la violence familiale. Aimez vos parents, obéissez-leur pour tout ce qui est saint. Mais soyez prêts à mourir, non à donner la mort mais à mourir, je dis, s'ils veulent vous amener à trahir la vocation que Dieu a mise en vous d'être les citoyens du Royaume de Dieu que je suis venu former.

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Message par Grosjean Jeu 12 Mar 2009 - 0:06

Mercredi 2ème semaine de Carême (13ème jour)(suite)
Béni Celui qui vient au nom du Seigneur


N'imitez pas les scribes et les pharisiens, divisés entre eux bien qu'ils affectent d'être unis. Vous, disciples du Christ, que vous soyez vraiment unis, une seule chose pour les autres, les chefs pleins de douceur à l'égard des sujets, les sujets pleins de douceur envers les chefs, une seule chose dans l'amour et le but de votre union : conquérir mon Royaume et être à ma droite dans l'éternel Jugement. Rappelez-vous qu'un royaume divisé n'est plus un royaume et ne peut subsister. Soyez donc unis entre vous dans l'amour pour Moi et pour ma doctrine. Que l'uniforme du chrétien, tel sera le nom de mes sujets, soit l'amour et l'union, l'égalité entre vous pour les vêtements, la communauté des biens, la fraternité des cœurs. Tous pour chacun, chacun pour tous.
Que celui qui possède, donne humblement. Que celui qui n'a pas, accepte humblement et expose humblement ses besoins à ses frères, en les sachant tels ; et que les frères écoutent affectueusement les besoins des frères, se sentant vraiment tels pour eux. Souvenez-vous que votre Maître a eu souvent faim, froid et mille autres besoins et privations, et les a exposés humblement aux hommes, Lui, Verbe de Dieu. Rappelez-vous que sera récompensé celui qui a pitié, quand il ne donnerait qu'une gorgée d'eau. Rappelez-vous qu'il vaut mieux donner que recevoir. Que dans ces trois souvenirs le pauvre trouve la force de demander sans se sentir humilié, en pensant que je l'ai fait avant lui, et de pardonner si on le repousse, en pensant que bien des fois on a refusé au Fils de l'homme la place et la nourriture que l'on donne au chien qui garde le troupeau. Et que le riche trouve la générosité de donner ses richesses, en pensant que le vil argent, l'odieux argent que Satan fait rechercher et qui cause les neufs dixièmes des ruines du monde, si on le donne par amour se change en une gemme immortelle et paradisiaque.
Soyez vêtus de vos vertus. Qu'elles soient grandes, mais connues de Dieu seul. Ne faites pas comme les pharisiens qui portent les phylactères plus larges et les franges plus longues et qui aiment les premiers sièges dans les synagogues et les marques de respect sur les places et veulent que le peuple les appelle : "Rabbi". Vous n'avez qu'un seul Maître : le Christ. Vous, qui dans l'avenir serez les nouveaux docteurs, je parle à vous, mes apôtres et mes disciples, souvenez-vous que Moi seul suis votre Maître. Et je le serai encore quand je ne serai plus parmi vous. Parce que la Sagesse est la seule maîtresse d'enseignement. Ne vous faites donc pas appeler maîtres car vous êtes vous-mêmes des disciples.
N'exigez pas le nom de père et ne le donnez à personne sur la Terre, parce qu'un seul est le Père de tous : votre Père qui est dans les Cieux. Que cette vérité vous donne la sagesse de vous sentir vraiment tous frères entre vous, aussi bien ceux qui dirigent que ceux qui sont dirigés, et aimez-vous par conséquent comme de bons frères. Et qu'aucun de ceux qui dirigent ne se fasse appeler guide, car il n'y a qu'un seul guide pour vous tous : le Christ. Que le plus grand d'entre vous soit votre serviteur. Ce n'est pas s'humilier que d'être le serviteur des serviteurs de Dieu, mais c'est m'imiter, Moi, qui ai été doux et humble, toujours prêt à avoir de l'amour pour mes frères en Adam et à les aider avec la puissance que j'ai en Moi comme Dieu. Et je n'ai pas humilié la divinité en servant les hommes. En effet le vrai roi c'est celui qui sait dominer pas tant les hommes que les passions de l'homme : et en tête de toutes le sot orgueil. Rappelez-vous : celui qui s'humilie sera exalté et celui qui s'exalte sera humilié.
La Femme, dont le Seigneur a parlé dans le second livre de la Genèse, la Vierge dont il est question dans Isaïe, la Mère-Vierge de l'Emmanuel, a prophétisé cette vérité des temps nouveaux en chantant : "Le Seigneur a renversé les puissants de leur trône et Il a élevé les humbles". La Sagesse de Dieu parlait sur les lèvres de Celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse. Et je répète les paroles inspirées qui m'ont loué, uni au Père et à l'Esprit-Saint, dans nos œuvres admirables quand, sans offense pour la Vierge, Moi, l'Homme, je me formais dans son sein sans cesser d'être Dieu. Que ce soit une règle pour ceux qui veulent enfanter le Christ dans leurs cœurs et arriver au Royaume du Christ. Il n'y aura pas de Jésus : le Sauveur ; pas de Christ : le Seigneur ; et il n'y aura pas de Royaume des Cieux pour ceux qui sont orgueilleux, fornicateurs, idolâtres, qui s'adorent eux-mêmes et leur propre volonté.
Malheur donc, à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui croyez pouvoir fermer par vos sentences impraticables - et réellement si elles étaient confirmées par Dieu, ce serait des serrures inviolables pour la majorité des hommes - qui croyez pouvoir fermer le Royaume des Cieux à la face des hommes qui élèvent leur esprit vers lui pour trouver de la force dans leur pénible journée terrestre ! Malheur à vous qui n'y entrez pas, qui ne voulez pas y entrer car vous n'accueillez pas la Loi du céleste Règne, et n'y laissez pas entrer les autres qui sont devant cette porte que vous, par votre intransigeance, renforcez par des fermetures que Dieu n'y a pas mises.
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui dévorez le bien des veuves sous prétexte de faire de longues prières. A cause de cela vous subirez un jugement sévère !
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui allez par terre et par mer, en dépensant des biens qui ne vous appartiennent pas, pour faire un seul prosélyte et, quand vous l'avez fait, le rendez fils de l'enfer, deux fois pire que vous !
Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : "Si quelqu'un jure par le Temple, son serment n'est rien, mais s'il jure par l'or du Temple alors il reste lié par son serment". Sots et aveugles ! Et qu'est-ce qui compte le plus : l'or, ou le Temple qui sanctifie l'or ? Et qui dites : "Si quelqu'un jure par l'autel son serment ne vaut rien, mais s'il jure par l'offrande qui est sur l'autel, alors son serment est valide, et il reste lié par son serment". Aveugles ! Qu'y a-t-il de plus grand : l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande ? Celui donc qui jure par l'autel jure par lui et par toutes les choses qui sont dessus, et celui qui jure par le Temple jure par lui et par Celui qui l'habite, et celui qui jure par le Ciel jure par le Trône de Dieu et par Celui qui y est assis.
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe et de la rue, de l'anis et du cumin, et ensuite négligez les préceptes les plus graves de la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont elles les vertus qu'il fallait avoir, sans laisser de côté les autres choses moins importantes ! Guides aveugles qui filtrez les boissons de crainte de vous contaminer en avalant un moucheron qui s'est noyé, et ensuite avalez un chameau sans vous croire immondes pour cela. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui lavez l'extérieur de la coupe et du plat, mais qui êtes intérieurement remplis de rapines et d'immondices. Pharisien aveugle, lave d'abord l'intérieur de ta coupe et de ton plat, de façon que l'extérieur aussi devienne propre.
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui volez dans les ténèbres comme des oiseaux de nuit pour vos œuvres de péché et négociez pendant la nuit avec les païens, les voleurs et les traîtres, et ensuite, le matin, après avoir effacé les signes de vos marchés occultes, montez au Temple, bien vêtus.
Malheur à vous qui enseignez les lois de la charité et de la justice contenues dans le Lévitique, et qui êtes ensuite avides, voleurs, faux, calomniateurs, oppresseurs, injustes, vindicatifs, pleins de haine, et en arrivez à abattre celui qui vous ennuie, même s'il est de votre sang, et à répudier la vierge qui est devenue votre épouse, et à répudier les enfants que vous avez eus d'elle parce qu'ils sont infirmes, et à accuser d'adultère votre femme qui ne vous plaît plus, ou de maladie immonde, pour être débarrassés d'elle, vous, qui êtes impurs dans votre cœur libidineux même si vous ne paraissez pas tels aux yeux des gens qui ne connaissent pas vos actions. Vous êtes semblables à des sépulcres blanchis qui semblent beaux du dehors, mais qui à l'intérieur sont remplis d'os de morts et de pourriture. C'est la même chose pour vous. Oui, la même chose ! Du dehors, vous semblez justes, mais à l'intérieur vous êtes remplis d'hypocrisie et d'iniquité.
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui élevez des tombeaux somptueux aux prophètes et embellissez les tombes des justes en disant : "Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous n'aurions pas été complices de ceux qui ont versé le sang des prophètes et nous n'y aurions pas participé". Et ainsi vous témoignez contre vous que vous êtes les descendants de ceux qui ont tué vos prophètes. Et vous, du reste, comblez la mesure de vos pères... O serpents, race de vipères, comment échapperez-vous à la condamnation de la Géhenne ?
Voilà que pour cela, Moi, Parole de Dieu, je vous dis : Moi, Dieu, je vous enverrai de nouveaux prophètes et sages et scribes. Et de ceux-ci vous en tuerez une partie, vous en crucifierez une partie, vous en flagellerez une partie dans vos tribunaux, dans vos synagogues, hors de vos murs, et en partie les poursuivrez de ville en ville, jusqu'à ce que retombe sur vous tout le sang des justes répandu sur la Terre, depuis le sang du juste Abel jusqu'à celui de Zacharie fils de Barachie, que vous avez tué entre l'atrium et l'autel parce que, par amour pour vous, il vous avait rappelé votre péché pour que vous vous en repentiez en revenant au Seigneur.
C'est ainsi. Vous haïssez ceux qui veulent votre bien et vous rappellent par amour sur les sentiers de Dieu.
En vérité je vous dis que tout cela est sur le point d'arriver, et le crime et ses conséquences. En vérité je vous dis que tout cela s'accomplira sur cette génération.
Oh ! Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem, qui lapides ceux qui te sont envoyés et qui tues tes prophètes ! Combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu n'as pas voulu !
Maintenant voilà, écoute, ô Jérusalem ! Maintenant voilà, écoutez vous tous qui me haïssez et haïssez tout ce qui vient de Dieu. Maintenant voilà, écoutez vous qui m'aimez et qui serez entraînés dans le châtiment réservé à ceux qui persécutent les envoyés de Dieu. Et écoutez vous aussi qui n'êtes pas de ce peuple, mais qui m'écoutez quand même, vous qui écoutez pour savoir qui est Celui qui vous parle et qui prédit sans avoir besoin d'étudier le vol, le chant des oiseaux, ni les phénomènes célestes et les viscères des animaux sacrifiés, ni la flamme et la fumée des holocaustes, parce que tout ce qui est futur est présent pour Celui qui vous parle. "Cette maison qui est la vôtre vous sera laissée déserte. Moi je vous dis, dit le Seigneur, que vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vous disiez vous aussi : `Béni Celui qui vient au nom du Seigneur' ". »

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Message par Grosjean Jeu 12 Mar 2009 - 9:47

Jeudi 2ème semaine de Carême (14ème jour)
« L'Homme Jésus a tout appris de Marie de Nazareth. »



Jésus est visiblement las et échauffé, à la fois par la fatigue d'un discours prolongé et tonnant et par la chaleur étouffante de cette journée sans vent. Bloqué contre le mur par une multitude, fixé par des milliers de pupilles, sentant toute la haine qui de dessous les portiques de la Cour des Païens l'écoute, et tout l'amour ou au moins l'admiration qui l'entoure, sans souci du soleil qui tombe sur les échines et sur les visages rougis et en sueur, il apparaît vraiment épuisé. Il a besoin de réconfort et il le cherche en disant à ses apôtres et aux soixante-douze qui, comme autant de coins, se sont ouverts lentement un passage dans la foule et qui maintenant sont au premier rang, barrière d'amour fidèle autour de Lui : « Sortons du Temple et allons au grand air parmi les arbres. J'ai besoin d'ombre, de silence et de fraîcheur. En vérité je vous dis que ce lieu semble déjà brûler du feu de la colère céleste. »
Ils Lui fraient un passage non sans mal et peuvent ainsi sortir par la porte la plus proche où Jésus s'efforce, mais inutilement, d'en congédier un grand nombre. Ils veulent le suivre à tout prix.
Les disciples pendant ce temps observent le cube du Temple qui étincelle au soleil qui est presque au midi, et Jean d'Ephèse fait observer au Maître la puissance de la construction : « Regarde quelles pierres et quelles constructions ! »
« Et pourtant d'elles, il ne restera pas pierre sur pierre » dit Jésus.
« Non ? Quand ? Comment ? » demandent plusieurs. Mais Jésus ne le dit pas.
Il descend le Moriah et sort de la ville en passant par Ophel et par la porte d'Ephraïm ou du Fumier et en se réfugiant au cœur des jardins du roi d'abord, c'est-à-dire tant que ceux qui, sans être apôtres ni disciples, se sont obstinés à le suivre, et s'en vont lentement quand Manaën, qui a fait ouvrir le lourd portail, se présente imposant, pour dire à tous : « Allez. N'entrent ici que ceux que je veux. »
Ombre, silence, parfums de fleurs, arômes de camphre et d'œillets, de cannelle, de lavande et de mille autres plantes odorantes, et bruissements de ruisseaux, certainement alimentés par les sources et citernes voisines, sous des galeries de feuillages, gazouillis d'oiseaux, font de cet endroit un lieu de repos paradisiaque. La ville semble éloignée de plusieurs milles avec ses rues étroites, assombries par les archivoltes ou ensoleillées jusqu'à en être éblouissantes, avec ses odeurs et ses puanteurs d'égouts qui ne sont pas toujours nettoyés, et des rues parcourues par trop de quadrupèdes pour être propres, surtout celles d'importance secondaire.
Le gardien des jardins doit connaître très bien Jésus car il le salue à la fois avec respect et familiarité, et Jésus lui demande des nouvelles de ses enfants et de sa femme.
L'homme voudrait recevoir Jésus dans sa maison, mais le Maître préfère la paix fraîche, reposante, du vaste jardin du roi, un vrai parc de délices. Et avant que les deux infatigables et très dévoués serviteurs de Lazare s'en aillent prendre le panier de nourriture, Jésus leur dit : « Dites à vos maîtresses de venir. Nous resterons ici quelques heures avec ma Mère et les disciples fidèles, et ce sera si doux... »
« Tu es très fatigué, Maître ! Ton visage le dit » observe Manaën.
« Oui. Tellement que je n'ai pas eu la force d'aller plus loin. »
« Mais je t'avais offert ces jardins plusieurs fois en ces jours. Tu sais si je suis content de pouvoir t'offrir paix et réconfort ! »
« Je le sais, Manaën. »
« Et hier, tu as voulu aller dans ce triste lieu dont les approches sont si arides, si étrangement dépouillé dans sa végétation cette année ! Si proche de cette triste porte ! »
« J'ai voulu faire plaisir à mes apôtres. Ce sont des enfants, au fond, de grands enfants. Vois-les là-bas comme ils se restaurent gaiement !... Tout de suite oublieux de ce qui se trame contre Moi au-delà de ces murs... »
« Et oublieux que tu es si affligé... Mais il ne semble pas qu'il y ait lieu de s'alarmer. D’autres fois, l'endroit me semblait plus dangereux. »
Jésus le regarde et se tait. Que de fois je vois Jésus regarder et se taire ainsi, en ces derniers jours !
Puis Jésus se met à regarder les apôtres et les disciples. Ils ont enlevé leurs couvre-chefs, leurs manteaux et leurs sandales pour se rafraîchir le visage et les extrémités dans les frais ruisselets, imités par plusieurs des soixante-douze disciples qui maintenant sont beaucoup plus nombreux, je crois, et qui, tous unis par la fraternité d'idéal, se jettent çà et là pour se reposer, un peu à part pour laisser Jésus se reposer tranquillement.
Manaën aussi se retire pour le laisser en paix. Tous respectent le repos du Maître extrêmement fatigué. Il s'est réfugié sous une tonnelle de jasmins en fleurs qui fait office de cabane, isolée par un circuit d'eau qui court en bruissant par un petit canal où plongent herbes et fleurs. C'est un vrai refuge de paix auquel on accède par un petit pont large de deux palmes et long de quatre, avec une balustrade fleurie par toute une guirlande de corolles de jasmins.
Les serviteurs reviennent avec plusieurs d'autres, car Marthe a voulu pourvoir aux besoins de tous les serviteurs du Seigneur, et ils disent que leurs maîtresses ne vont pas tarder de venir.
Jésus fait appeler Pierre et lui dit : « Avec Jacques mon frère, bénis, offre et distribue comme Moi je le fais. »
« Distribuer oui, mais bénir non, Seigneur. C'est à Toi qu'il revient d'offrir et de bénir, pas à Moi. »
« Quand tu étais à la tête de tes compagnons, loin de Moi, ne le faisais-tu pas ? »
« Si. Mais alors... j'étais obligé de le faire. En ce moment tu es avec nous, et c'est Toi qui bénis. Cela me paraît meilleur quand c'est Toi qui offres pour nous et nous distribues... » et le fidèle Simon embrasse son Jésus, assis épuisé dans cette ombre, et il penche la tête sur ses épaules, heureux de pouvoir le serrer et l'embrasser ainsi...
Jésus se lève et lui fait ce plaisir. Il va vers les disciples, offre la nourriture, la bénit, la partage, les regarde manger avec plaisir et leur dit : « Dormez ensuite, reposez-vous pendant que c'est l'heure, et pour que vous puissiez ensuite veiller et prier quand vous aurez besoin de le faire, et pour que la fatigue et l'épuisement n'accablent pas de sommeil vos yeux et votre esprit quand il sera nécessaire que vous soyez dispos et bien éveillés. »
« Tu ne restes pas avec nous ? Tu ne manges pas ? »
« Laissez-moi me reposer. C'est de cela seulement que j'ai besoin. Mangez, mangez ! » Il caresse en passant ceux qu'il trouve sur son chemin, et revient à sa place...
Douce, suave est la venue de la Mère près de son Fils. Marie s'avance avec assurance, car Manaën, qui a veillé près du portail étant moins las que les autres, lui indique l'endroit où se trouve Jésus.
Les autres, et il y a toutes les disciples hébraïques et des romaines la seule Valeria, s'arrêtent quelque temps en silence pour ne pas réveiller les disciples qui dorment à l'ombre des feuillages des arbres, semblables à des brebis allongées dans l'herbe. C'est l'heure de sexte.
Marie entre sous la tonnelle de jasmins sans faire crisser le petit pont de bois et le gravier du sol, et avec encore plus de précautions elle approche de son Fils qui, vaincu par la fatigue, s'est endormi la tête sur une table de pierre qu'il y a là-dessous. Son bras gauche Lui sert d'oreiller sous son visage caché par ses cheveux. Marie s'assied patiemment près de son Fils fatigué. Elle le contemple... tant... et elle a sur ses lèvres un sourire douloureux et affectueux alors que sans bruit des larmes tombent sur son sein. Mais si ses lèvres sont closes et muettes, son cœur prie avec toute la force qu'il possède, et la puissance de cette prière et de son souffle est trahie par ses mains jointes sur ses genoux, serrées, entrecroisées pour ne pas trembler et pourtant secouées d'un léger tremblement. Des mains qui ne se disjoignent que pour chasser une mouche importune qui veut se poser sur le Dormeur et pourrait l'éveiller.
C'est la Mère qui veille son Fils, le dernier sommeil de son Fils qu'elle puisse veiller. Si le visage de la Mère, dans ce mercredi pascal, est différent de celui de la Mère au jour de la naissance du Seigneur, car la douleur le rend pâle et déprime ses traits, c'est la même pureté du regard affectueux, le même soin tremblant qu'elle avait quand, penchée sur la crèche de Bethléem, elle protégeait de son amour le premier sommeil inconfortable de son Enfant.
Jésus fait un mouvement et Marie essuie rapidement ses yeux pour ne pas montrer de larmes à son Fils. Mais Jésus ne s'est pas éveillé, son visage a seulement changé de position, pour se tourner de l'autre côté et Marie, reprenant son immobilité, continue de le veiller.
Mais quelque chose brise le cœur de Marie. C'est d'entendre son Jésus pleurer en dormant et dans un murmure confus, car il parle la bouche serrée contre son bras et son vêtement, il nomme le nom de Judas...
Marie se lève, s'approche, se penche sur son fils. Elle suit ce murmure confus, les mains pressant son cœur. Le discours de Jésus, interrompu, mais pas au point qu'on ne puisse pas le suivre, fait comprendre qu'il rêve et rêve de nouveau le présent et le passé et puis l'avenir, jusqu'à ce qu'il se réveille en sursaut comme pour fuir quelque chose d'horrible. Mais il trouve la poitrine de sa Mère, les bras de sa Mère, le sourire de sa Mère, la douce voix de sa Mère, son baiser, ses caresses et son voile qui passe légèrement sur son visage pour essuyer ses larmes et sa sueur en disant : « Tu étais mal à l'aise et tu rêvais... Tu es en sueur et las, mon Fils. » Elle Lui peigne ses cheveux en désordre, Lui essuie le visage et le tient embrassé, appuyé sur son cœur, ne pouvant le prendre sur ses genoux comme quand il était petit.
Jésus lui sourit en disant : « Tu es toujours la Mère. Celle qui console. Celle qui dédommage de tout. Ma Mère ! » Il la fait asseoir près de Lui, lui abandonnant la main sur ses genoux, et Marie prend cette longue main, si distinguée et pourtant si robuste, d'artisan, dans ses petites mains, elle caresse les doigts et le dos, en lissant les veines qui s'étaient gonflées pendant qu'elle pendait durant le sommeil. Elle essaie de le distraire...
« Nous sommes venues. Nous sommes toutes là, même Valeria. Les autres sont à l'Antonia. C'est Claudia qui les a voulu, "elle est profondément attristée" a dit son affranchie. Elle dit, je ne sais pour quelle raison, qu'elle présage beaucoup de larmes. Superstitions !... Seul Dieu connaît les choses... »
« Où sont les disciples ? »
« Elles sont là, à l'entrée des jardins. Marthe a voulu te préparer de la nourriture et des boissons rafraîchissantes et nourrissantes en pensant à ton épuisement. Mais moi, regarde : tu l'aimes toujours et moi je te l'ai apporté. C'est ma contribution. C'est meilleur car c'est de ta Maman. » Elle Lui montre du miel et une petite fouace de pain sur laquelle elle l'étend pour le donner à son Fils et en disant : « Comme à Nazareth, quand tu prenais du repos à l'heure la plus chaude et puis tu t'éveillais que tu avais chaud et moi je venais de la grotte fraîche avec cette collation... » Elle s'arrête car sa voix tremble.
Son Fils la regarde et dit ensuite : « Et quand il y avait Joseph, tu apportais la collation pour deux et l'eau fraîche de la jarre poreuse, tenue dans le courant pour qu'elle fût plus fraîche et la rendaient encore plus fraîche les tiges de menthe sauvage que tu jetais dedans. Que de menthe là-bas, sous les oliviers ! Et que d'abeilles sur les fleurs de la menthe ! Notre miel avait toujours un peu ce parfum... » Il pense... il se souvient...
« Nous avons vu Alphée, sais-tu ? Joseph s'est attardé parce qu'il avait un enfant un peu malade. Mais demain, il sera certainement ici avec Simon. Salomé de Simon garde notre maison et celle de Marie. »

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Message par Grosjean Jeu 12 Mar 2009 - 9:48

Jeudi 2ème semaine de Carême (14ème jour) (suite)
« L'Homme Jésus a tout appris de Marie de Nazareth. »



« Maman, quand tu seras seule, avec qui resteras-tu ? »
« Avec qui tu diras, mon Fils. Je t'ai obéi, avant de t'avoir, Fils. Je continuerai de le faire après que tu m'auras quittée. » Sa voix tremble, mais elle a sur ses lèvres un sourire héroïque.
« Tu sais obéir. Quel repos d'être avec toi ! Car, tu vois, Maman ? Le monde ne peut comprendre, mais je trouve tout repos auprès de ceux qui obéissent... Oui. Dieu repose auprès des obéissants. Dieu n'aurait pas eu à souffrir, à se fatiguer, si la désobéissance n'était pas venue dans le monde. Tout arrive parce qu'on n'obéit pas. De là vient la douleur du monde... De là vient notre douleur. »
« Mais aussi notre paix, Jésus. Car nous savons que notre obéissance console l'Eternel. Oh ! pour moi spécialement, ce qu'est cette pensée ! Il m'est accordé, à moi, créature, de consoler mon Créateur ! »
« Oh ! Joie de Dieu ! Tu ne sais pas, ô notre joie, ce qu'est pour Nous cette parole que tu viens de dire ! Elle dépasse les harmonies des chœurs célestes... Bénie ! Bénie toi, qui m'enseignes l'ultime obéissance et me la rends, par cette pensée, si agréable à accomplir ! »
« Tu n'as pas besoin que je t'instruise, mon Jésus. J'ai tout appris de Toi. »
« L'Homme Jésus a tout appris de Marie de Nazareth. »
« C'était ta lumière qui sortait de moi. La Lumière que tu es et qui venait à la Lumière Eternelle anéantie sous forme humaine... Les frères de Jeanne m'ont dit le discours que tu as prononcé. Ils étaient ravis d'admiration. Tu as été courageux avec les pharisiens... »
« C'est l'heure des suprêmes vérités, Maman. Pour eux, elles restent des vérités mortes, mais pour les autres ce seront des vérités vivantes. Et je dois par l'amour et la rigueur tenter la dernière bataille pour les arracher au Mal. »
« C'est vrai. Ils m'ont dit que Gamaliel, qui était avec les autres dans une des salles des portiques, a dit, à la fin, alors que beaucoup étaient fâchés : "Quand on ne veut pas de reproches, on agit avec justice" et il s'en est allé après cette observation. »
« Il m'est agréable que le rabbi m'ait entendu. Qui te l'a dit ? »
« Lazare. Et le lui a dit Eléazar qui était dans la salle avec les autres. Lazare est venu à sexte. Il a salué et il est reparti sans écouter ses sœurs qui voulaient le retenir jusqu'au couchant. Il a dit d'envoyer Jean, ou d'autres, pour prendre les fruits et les fleurs qui seront juste à point. »
« J'enverrai Jean, demain. »
« Lazare vient tous les jours. Mais Marie se fâche car elle dit qu'il ressemble à une apparition. Il monte au Temple, vient, donne ses ordres et repart. »
« Lazare aussi sait obéir. C'est Moi qui lui ai donné cet ordre, car on cherche à le prendre lui aussi. Mais n'en parle pas aux sœurs. Il ne lui arrivera rien. Et maintenant allons trouver les disciples. »
« Ne bouge pas. Je vais les appeler. Les disciples dorment tous... »
« Et nous les laisserons dormir. La nuit, ils dorment peu, car je les instruis dans la paix du Gethsémani. »
Marie sort et revient avec les femmes qui semblent n'avoir plus de poids, tant leur démarche est légère.
Elles le saluent avec de profondes marques de respect et seule Marie de Cléophas est un peu familière. Marthe tire d'une grande bourse une amphore qui sue, alors que Marie enlève d'un vase, poreux lui aussi, des fruits frais venus de Béthanie et les dispose sur la table à côté de ce qu'a préparé sa sœur, c'est-à-dire un pigeon grillé sur la flamme, croquant, appétissant, et elle prie Jésus d'y goûter en disant : « Mange, cette viande est nourrissante. C'est moi qui l'ai préparée. »
Jeanne de son côté a apporté du vinaigre rosé. Elle explique : « Il rafraîchit tellement en ces premières chaleurs. Mon époux aussi s'en sert quand il est las dans ses longues chevauchées. »
« Nous n'avons rien » disent pour s'excuser Marie de Salomé, Marie de Cléophas, Suzanne et Elise. Et Nique et Valeria disent à leur tour : « Et nous, non plus. Nous ne savions pas que nous devions venir. »
« Vous m'avez donné tout votre cœur. Cela me suffit. Et vous me donnerez encore... »
Il mange, mais surtout il boit la fraîche eau miellée que Marthe Lui verse de l'amphore poreuse, et les fruits frais qui sont un réconfort pour l'Epuisé.
Les disciples ne parlent pas beaucoup. Elles le regardent se restaurer. Leurs yeux trahissent amour et inquiétude. A l'improviste Elise se met à pleurer et elle s'en excuse en disant : « Je ne sais pas. J'ai le cœur accablé de tristesse... »
« Nous l'avons toutes, même Claudia dans son palais... » dit Valeria.
« Je voudrais que ce soit déjà la Pentecôte » murmure Salomé.
« Moi, au contraire, je voudrais arrêter le temps à cette heure » dit Marie de Magdala.
« Tu serais égoïste, Marie » lui répond Jésus.
« Pourquoi, Rabboni ? »
« Parce que tu voudrais pour toi seule la joie de ta rédemption. Il y a des milliers et des millions d'êtres qui attendent cette heure, ou qui à cause de cette heure seront rachetés. »
« C'est vrai, je n'y pensais pas... » Elle penche la tête en se mordant les lèvres pour ne pas faire voir les larmes qui coulent de ses yeux et le tremblement de ses lèvres. Mais elle est toujours le courageux lutteur, et elle dit : « Si tu viens demain tu pourras prendre le vêtement que tu as envoyé. Il est frais et propre, digne de la cène pascale. »
« Je viendrai... Vous n'avez rien à me dire ? Vous êtes muettes et affligées. Ne suis-je plus Jésus ?... » 11 sourit engageant aux femmes.
« Oh ! c'est Toi ! Mais tu es si grand en ces jours, que je ne sais plus te voir comme le petit que j'ai porté dans mes bras » s'écrie Marie d'Alphée.
« Et moi comme le simple rabbi qui entrait dans ma cuisine pour chercher Jean et Jacques » dit Salomé.
« Moi, je t'ai toujours connu ainsi : Roi de mon âme ! » proclame Marie de Magdala.
Et Jeanne, pleine d'une douce suavité : « Et moi aussi : divin, depuis le rêve où tu es apparu à moi qui mourais pour m'appeler à la Vie. »
« Tu nous as tout donné, Seigneur. Tout ! » dit en soupirant Elise qui s'est reprise.
« Et vous m'avez tout donné. »
« Trop peu ! » disent-elles toutes.
« Le don ne cesse pas après cette heure. Il cessera seulement quand vous serez avec Moi dans mon Royaume, mes disciples fidèles. Vous ne siégerez pas, non, à mes côtés, sur les douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël, mais vous chanterez l'hosanna avec les anges, pour faire un chœur d'honneur à ma Mère, et alors comme maintenant le cœur du Christ trouvera sa joie en vous contemplant. »
« Je suis jeune ! Et il faudra du temps pour monter à ton Royaume. Heureuse Annalia ! » dit Suzanne.
« Moi, je suis vieille et heureuse de l'être. J'espère que pour moi la mort sera proche » dit Elise.
« Moi, j'ai des fils... Je voudrais les servir, ces serviteurs de Dieu ! » soupire Marie de Cléophas.
« Ne nous oublie pas, Seigneur ! » dit la Magdeleine avec une angoisse contenue, je dirais avec un cri de son âme, tellement la voix, qu'elle garde basse pour ne pas éveiller les dormeurs, a une force plus vibrante qu'un cri.
« Je ne vous oublierai pas. Je viendrai. Toi, Jeanne, tu sais que je puis venir même si je suis très loin... Les autres doivent le croire. Et je vous laisserai une chose... un mystère qui me gardera en vous et, vous en Moi, jusqu'à ce que nous soyons, vous et Moi, dans le Royaume de Dieu. Maintenant allez. Vous allez dire que je vous ai dit peu de chose, qu'il était presque inutile de vous faire venir pour si peu. Mais j'ai désiré avoir autour de Moi des cœurs qui m'ont aimé sans calcul. Pour Moi. Pour Moi : Jésus. Non pas pour le futur Roi d'Israël que l'on rêve. Allez. Et soyez bénies une fois de plus. Même les autres qui ne sont pas ici, mais qui pensent à Moi, avec amour : Anne, Myrta, Anastasica, Noémi, et Sintica qui est si loin, et Fotinaï, et Aglaé et Sara, Marcella, les filles de Philippe, Myriam de Jaïre, les vierges, les rachetées, les épouses, les mères qui sont venues vers Moi, qui ont été pour Moi des sœurs et des mères, meilleures, oh ! bien meilleures que les hommes, même les meilleurs !... Toutes, toutes ! Je les bénis toutes. La grâce commence déjà à descendre, la grâce et le pardon, sur la femme, par cette bénédiction que je vous donne. Allez... » Il les congédie en retenant sa Mère : « Avant le soir je serai au palais de Lazare. J'ai besoin de te voir encore. Et avec Moi, il y aura Jean. Mais je ne veux que toi, Mère, et les autres Marie, Marthe et Suzanne. Je suis si las... »
« Il n'y aura que nous seules. Adieu, Fils... »
Ils s'embrassent, ils se séparent... Marie s'en va lentement. Elle se retourne avant de sortir. Elle se retourne avant de quitter le petit pont. Elle se retourne encore tant qu'elle peut voir Jésus... Il semble qu'elle ne puisse s'éloigner de Lui...

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Message par Grosjean Ven 13 Mar 2009 - 9:17

Vendredi 2ème semaine de Carême (15ème jour)
Dieu : la Grâce ; Dieu : la Vie ; Dieu : la Lumière ; Dieu : la Charité, constituera le grand Royaume de Dieu sur la Terre, la nouvelle Jérusalem qui arrivera à s'étendre jusqu'aux confins du monde


Jésus est seul de nouveau. Il se lève et sort. Il va appeler Jean qui dort à plat ventre parmi les fleurs comme un enfant et il lui confie la petite amphore de vinaigre rosé, que Jeanne Lui a apporté, en lui disant : « Nous irons ce soir chez ma Mère, mais nous deux seuls. »
« J'ai compris. Elles sont venues ? »
« Oui. J'ai préféré ne pas vous éveiller... »
« Tu as bien fait. Ta joie aura été plus grande. Elles savent t'aimer mieux que nous... » dit Jean éploré.
« Viens avec Moi. »
Jean le suit.
« Qu'as-tu ? » Lui demande Jésus quand ils sont de nouveau dans la pénombre verte de la tonnelle où il reste de la nourriture.
« Maître, nous sommes très mauvais. Tous. Il n'y a pas d'obéissance en nous... et il n'y a pas le désir de rester avec Toi. Même Pierre et Simon se sont éloignés. Je ne sais où. Et Judas y a trouvé l'occasion d'une querelle. »
« Judas est-il parti ? »
« Non, Seigneur, il n'est pas parti. Il dit qu'il n'en a pas besoin, que lui n'a pas de complices dans les manigances que nous faisons pour essayer de t'obtenir des protections. Mais si je suis allé chez Anna, si d'autres sont allés trouver des galiléens qui résident ici, ce n'est pas pour faire du mal !... Et je ne crois pas que Simon de Jonas et Simon le Zélote soient des hommes capables de manèges équivoques... »
« N'y fais pas attention. En effet Judas n'a pas besoin de s'en aller pendant que vous reposez. Lui sait quand et où aller pour accomplir tout ce qu'il doit faire. »
« Et alors pourquoi parle-t-il ainsi ? Ce n'est pas bien devant les disciples ! »
« Ce n'est pas bien, mais c'est ainsi. Tranquillise-toi, mon agneau. »
« Moi, ton agneau ? Il n'y a que Toi qui es Agneau ! »
« Oui, toi. Moi l'Agneau de Dieu, et toi l'agneau de l'Agneau de Dieu. »
« Oh ! ! ! Une autre fois, c'était les premiers jours que j'étais avec Toi, tu m'as dit déjà cette parole. Nous étions nous deux seuls, comme maintenant, dans la verdure comme maintenant. C'était la belle saison. » Jean est tout réjoui par le souvenir qui lui revient. Et il murmure : « Je suis toujours, encore l'agneau de l'Agneau de Dieu... »
Jésus le caresse et il lui offre un morceau du pigeon rôti resté sur la table, enveloppé d'une feuille de parchemin. Ensuite il ouvre des figues succulentes et les lui offre, joyeux de le voir manger. Jésus s'est assis de travers sur le bord de la table et il regarde Jean avec une telle intensité que ce dernier Lui demande : « Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Parce que je mange comme un goulu ? »
« Non. Parce que tu es comme un enfant... Oh ! mon bien-aimé ! Comme je t'aime pour ton cœur ! » et Jésus se penche pour baiser les cheveux blonds de l'apôtre et il lui dit : « Reste ainsi, toujours ainsi, avec ton cœur sans orgueil ni rancœurs. Ainsi, même dans les heures du déchaînement de la férocité. N'imite pas ceux qui pèchent, mon enfant. »
Jean est repris par sa peine et il dit : « Mais moi, je ne puis croire que Simon et Pierre... »
« Tu te tromperais, en vérité, si tu les croyais pécheurs. Bois. C'est une bonne et fraîche boisson. C'est Marthe qui l'a préparée... Maintenant tu t'es restauré. Je suis certain que tu n'avais pas fini ton repas... »
« C'est vrai. Les larmes m'étaient venues. En effet tant que c'est le monde qui nous hait, on comprend. Mais que l'un de nous insinue... »
« N'y pense plus. Toi et Moi nous savons que Simon et le Zélote sont honnêtes. Et cela suffit. Et tu sais que, malheureusement, Judas est pécheur. Mais tais-toi. Quand seront passés tant et tant de lustres, et qu'il sera juste de dire toute la grandeur de ma douleur, tu diras même ce que j'ai souffert des actions de cet homme en plus de ce que j'ai souffert de l'apôtre. Allons. C'est l'heure de quitter cet endroit pour aller vers le champ des Galiléens et... »
« Allons-nous aussi passer cette nuit là-bas ? Et auparavant, allons-nous au Gethsémani ? Judas voulait le savoir. Il dit qu'il est las de rester à la rosée, avec un bref repos si inconfortable. »
« Ce sera bientôt fini. Mais je ne vais pas dire à Judas mes intentions... »
« Tu n'y es pas tenu. C'est Toi qui dois nous guider, et non nous qui devons te guider. » Jean est si éloigné de trahir qu'il ne comprend même pas la raison de prudence pour laquelle, depuis quelques jours, Jésus ne dit jamais ce qu'il compte faire.
Les voilà au milieu des dormeurs. Ils les appellent. Ils s'éveillent. De son côté Manaën, une fois sa tâche accomplie, s'excuse auprès du Maître de ne pouvoir rester, et de ne pas pouvoir être le lendemain près de Lui au Temple car il doit rester au palais. Et en s’excusant ainsi, il regarde fixement Pierre et Simon, qui entre-temps sont revenus. Pierre fait alors un signe rapide de la tête comme pour dire : « Compris. »
Ils sortent du jardin. Il fait encore chaud et le soleil est encore là, mais déjà la brise du soir tempère la chaleur et pousse quelques petits nuages dans le ciel pur.
Ils montent par Siloan, en évitant les lieux des lépreux auxquels Simon le Zélote va apporter les restes de leur repas, au petit nombre de ceux qui restent et qui n'ont pas su croire en Jésus.
Mathias, l'ex berger, s'approche de Jésus et demande : « Mon Seigneur et Maître, j'ai beaucoup réfléchi avec mes compagnons à tes paroles jusqu'au moment où la fatigue nous a pris et nous nous sommes endormis avant d'avoir pu résoudre les questions que nous nous étions posées. Et maintenant, nous sommes plus sots qu'avant. Si nous avons bien compris les discours de ces jours, tu as prédit que beaucoup de choses changeront, bien que la Loi reste inchangée et que l'on devra édifier un nouveau Temple, avec de nouveaux prophètes, sages et scribes, contre lequel on livrera bataille, et qui ne mourra pas, alors que celui-ci, toujours si j'ai bien compris, paraît destiné à périr. »
« Il est destiné à périr. Rappelle-toi la prophétie de Daniel... »
« Mais nous, pauvres et peu nombreux, comment pourrons-nous l'édifier de nouveau alors que les rois ont eu du mal à édifier celui-ci ? Où l'édifierons-nous ? Pas ici, puisque tu dis que ce lieu restera désert jusqu'à ce qu'eux ne te béniront comme envoyé par Dieu. »
« C'est ainsi. »
« Dans ton Royaume, non. Nous sommes convaincus que ton Royaume est spirituel. Et alors comment, où l'établirons-nous ? Tu as dit hier que le vrai Temple - celui-ci n'est donc pas le vrai Temple ? - que le vrai Temple, quand ils croiront l'avoir détruit, ce sera alors qu'il montera triomphant vers la vraie Jérusalem. Où est celle-ci ? Il y a en nous beaucoup de confusion. »
« Il en est ainsi. Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours je le ferai surgir à nouveau, et il ne connaîtra plus d'embûches en s'élevant là où l'homme ne peut lui nuire.
En ce qui concerne le Royaume de Dieu, il est en vous et partout où il y a des hommes qui croient en Moi. Eparpillé pour le moment, se répandant sur la Terre au cours des siècles. Puis éternel, uni, parfait dans le ciel. C'est là, dans le Royaume de Dieu, que sera édifié le nouveau Temple, c'est-à-dire là où sont les esprits qui acceptent ma doctrine, la doctrine du Royaume de Dieu, et en pratiquent les préceptes. Comment sera-t-il édifié si vous êtes pauvres et peu nombreux ? Oh ! en vérité, il n'est pas besoin d'argent ni de puissances pour construire l'édifice de la nouvelle demeure de Dieu, individuelle ou collective. Le Royaume de Dieu est en vous, et l'union de tous ceux qui auront en eux le Royaume de Dieu, de tous ceux qui auront Dieu en eux, Dieu : la Grâce ; Dieu : la Vie ; Dieu : la Lumière ; Dieu : la Charité, constituera le grand Royaume de Dieu sur la Terre, la nouvelle Jérusalem qui arrivera à s'étendre jusqu'aux confins du monde et qui, complète et parfaite, sans imperfections, sans ombres, vivra éternellement au Ciel.
Comment ferez-vous pour édifier Temple et cité ? Oh ! ce n'est pas vous, mais Dieu qui édifiera ces nouveaux lieux. Vous devrez seulement Lui donner votre bonne volonté. C'est bonne volonté que de rester en Moi. Vivre ma doctrine, c'est bonne volonté. Rester unis, c'est la bonne volonté. Unis à Moi jusqu'à faire un seul corps nourri dans toutes ses parties, même les plus petites, par une humeur unique. Un unique édifice reposant sur une base unique et tenu uni par une mystique cohésion. Mais puisque sans l'aide du Père, que je vous ai enseigné à prier et que je prierai pour vous avant de mourir, vous ne pourriez être dans la Charité, dans la Vérité, dans la Vie, c'est-à-dire encore en Moi et avec Moi en Dieu Père et en Dieu .Amour, car Nous sommes une unique Divinité, pour ce motif je vous dis d'avoir Dieu en vous pour pouvoir être : le Temple qui ne connaîtra pas de fin. De vous-mêmes, vous ne pourriez faire. Si ce n'est pas Dieu qui édifie, et Il ne peut édifier où Il ne peut prendre sa demeure, c'est inutilement que les hommes s'agitent pour édifier ou réédifier. Le Temple nouveau, mon Eglise, s'élèvera seulement quand votre cœur sera la demeure de Dieu et c'est Lui, avec vous, pierres vivantes, qui édifiera son Eglise. »
« Mais n'as-tu pas dit que Simon de Jonas en est le Chef, la Pierre, sur laquelle on édifiera ton Eglise ? Et n'as-tu pas fait comprendre aussi que tu en es la pierre angulaire ? Qui donc en est le chef ? Elle existe ou non cette Eglise ? » interrompt l'Iscariote.
« Je suis le Chef mystique, Pierre en est le chef visible. Car je retourne au Père en vous laissant la Vie, la Lumière, la Grâce, par ma Parole, par mes souffrances, par le Paraclet qui sera ami de ceux qui m'ont été fidèles. Je suis une chose unique avec mon Eglise, mon corps spirituel dont je suis la tête. La tête contient le cerveau ou esprit. L'esprit est le siège du savoir, le cerveau est ce qui dirige les mouvements des membres par ses commandements immatériels, qui sont plus puissants pour faire mouvoir les membres que toute autre excitation. Observez un mort dans lequel le cerveau est mort. A-t-il peut-être du mouvement dans ses membres ? Observez quelqu'un qui est complètement idiot. N'est-il pas peut-être inerte au point de ne pas avoir ces rudimentaires mouvements instinctifs que possède l'animal le plus inférieur, le ver que nous écrasons en passant ? Observez quelqu'un chez qui la paralysie a rompu le contact des membres, de un ou plusieurs membres, avec le cerveau. A-t-il peut-être du mouvement dans la partie qui n'a plus de lien vital avec la tête ? Mais si l'esprit dirige par ses ordres immatériels, ce sont les autres organes : yeux, oreilles, langue, nez, peau, qui communiquent les sensations à l'esprit et ce sont les autres parties du corps qui exécutent et font exécuter ce que l'esprit commande, averti par les organes matériels et visibles autant que l'intellect est invisible. Pourrais-je, sans vous dire : asseyez-vous, obtenir que vous vous assoyiez sur la pente de cette montagne ? Même si je pense que je veux que vous vous mettiez assis, vous ne le savez pas tant que je ne traduis pas ma pensée en paroles et que je la dise en me servant de ma langue et de mes lèvres. Pourrais-je Moi-même m'asseoir, si je le pensais seulement parce que je sens la fatigue de mes jambes, mais si celles-ci refusaient de se plier et de me mettre ainsi assis ?
L'esprit a besoin d'organes et de membres pour faire et pour faire faire les opérations que la pensée pense. Ainsi dans le corps spirituel qu'est mon Eglise, je serai l'Intellect, c'est-à-dire la tête, siège de l'intellect, Pierre et ses collaborateurs seront ceux qui observent les réactions et perçoivent les sensations et les transmettent à l'esprit pour qu'il éclaire et ordonne ce qu'il faut pour le bien de tout le corps et pour que, ensuite, éclairés et dirigés par mon ordre, ils parlent et guident les autres parties du corps. La main qui repousse l'objet qui peut blesser le corps, ou qui éloigne ce qui étant corrompu peut corrompre, le pied qui saute l'obstacle sans vous heurter et vous faire tomber et vous blesser, ont eu l'ordre de le faire de la partie qui dirige. L'enfant, et même l'homme qui est sauvé d'un danger ou qui fait un gain quelconque : instruction, bonnes affaires, mariage, bonne alliance à cause d'un conseil reçu, d'une parole qu'on lui dit, c'est par ce conseil et cette parole qu'il évite de se nuire ou qu'il se fait du bien. Il en sera ainsi dans l'Eglise. Le chef, et les chefs, guidés par la Divine Pensée et éclairés par la Divine Lumière et instruits par l'Eternelle Parole, donneront les ordres et les conseils, et les membres agiront pour avoir la santé spirituelle et le gain spirituel.

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Message par Grosjean Ven 13 Mar 2009 - 9:17

Vendredi 2ème semaine de Carême (15ème jour) (suite)
Dieu : la Grâce ; Dieu : la Vie ; Dieu : la Lumière ; Dieu : la Charité, constituera le grand Royaume de Dieu sur la Terre, la nouvelle Jérusalem qui arrivera à s'étendre jusqu'aux confins du monde


Mon Eglise existe déjà, parce que déjà elle possède sa Tête surnaturelle et elle a sa Tête divine et elle a ses membres : les disciples. Petite encore : un germe qui se forme, parfaite uniquement dans la Tête qui la dirige, imparfaite dans le reste qui a besoin que Dieu le touche pour être parfaite, et du temps pour grandir. Mais en vérité, je vous dis qu'elle existe déjà et qu'elle est sainte grâce à Celui qui en est le Chef et à la bonne volonté des justes qui la composent. Sainte et invincible. Contre elle se jettera des milliers de fois l'enfer, et il la combattra sous mille formes, l'enfer composé des démons et des hommes-démons, mais il ne prévaudra pas. L'édifice sera inébranlable.
Mais l'édifice n'est pas fait d'une seule pierre. Observez le Temple, là-bas, vaste, beau, dans le soleil couchant. Est-il par hasard fait d'une seule pierre ? C'est un ensemble de pierres qui forment une unité harmonieuse, un tout. On dit : le Temple. C'est-à-dire une unité. Mais cette unité est faite des pierres nombreuses qui l'ont composée et formée. Il aurait été inutile de faire les fondations si elles n'avaient pas dû ensuite soutenir les murs et le toit, si sur elles n'avaient pas dû s'élever les murs. Et il aurait été impossible d'élever les murs et de soutenir le toit si on n'avait pas commencé par faire des fondations solides proportionnées à une si grande masse.
C'est ainsi, avec cette interdépendance des parties, que s'élèvera aussi le nouveau Temple. Au cours des siècles vous l'édifierez en l'appuyant sur les fondements que je lui ai donnés, parfaits, en sa masse. Vous l'édifierez sous la direction de Dieu, avec la bonté des choses employées pour l'élever : des esprits que Dieu habite. Dieu dans votre cœur, afin d'en faire une pierre polie et sans fêlure pour le Temple nouveau. Son Royaume sera établi avec ses lois dans votre esprit. Autrement vous seriez des briques mal cuites, du bois vermoulu, des pierres éclatées et gélives qui ne tiennent pas et que le constructeur, s'il est prudent, rejette, ou qui ne résistent pas, qui cèdent, en faisant écrouler une partie si le constructeur, les constructeurs préposés par le Père à la construction du Temple, sont des constructeurs qui s'idolâtrent, qui se pavanent en leur cœur sans veiller et se fatiguer sur la construction qui s'élève et sur les matériaux employés pour la faire. Constructeurs idolâtres, directeurs idolâtres, gardiens idolâtres, voleurs ! Voleurs de la confiance de Dieu, de l'estime des hommes, voleurs et orgueilleux qui se contentent d'avoir la possibilité de gain, et d'avoir un tas de matériaux, et qui ne font pas attention s'ils sont bons ou mauvais, cause de ruine.
Vous, nouveaux prêtres et scribes du nouveau Temple, écoutez. Malheur à vous, et à ceux qui après vous, s'idolâtreront et ne veilleront pas et ne surveilleront pas eux-mêmes et les autres, les fidèles, pour observer, essayer la bonté des pierres et des boiseries, sans se fier aux apparences, et seront cause de ruines en permettant que des matériaux douteux, ou même tout à fait nuisibles, soient employés pour le Temple, donnant du scandale et provoquant la ruine. Malheur à vous si vous laissez se créer des lézardes et des murailles peu sûres, informes, qui s'écrouleront facilement parce qu'elles ne sont pas en équilibre sur des bases solides et parfaites. Ce n'est pas de Dieu, Fondateur de l'Eglise, que viendrait le désastre, mais de vous tous et vous en seriez responsables devant le Seigneur et les hommes. Diligence, observation, discernement, prudence ! La pierre, la brique, la poutre faible, qui seraient ruineuses dans un gros mur, peuvent servir et bien servir dans des parties de moindre importance. C'est ainsi que vous devez savoir choisir. Avec charité pour ne pas dégoûter les parties faibles, avec fermeté pour ne pas dégoûter Dieu et ruiner son Edifice. Et si vous vous apercevez qu'une pierre, déjà en place pour soutenir un angle maître, n'est pas bonne ou n'est pas équilibrée, soyez courageux, audacieux, et sachez l'enlever de cette place, mortifiez-la en l'équerrant par le ciseau d'un saint zèle. Si elle crie de douleur, n'importe. Elle vous bénira ensuite, au long des siècles, parce que vous l'aurez sauvée. Déplacez-la, donnez-lui une autre fonction. N'ayez pas peur même de l'éloigner tout à fait si vous voyez qu'elle est un objet de scandale et de ruine, rebelle à votre travail. Mieux vaut peu de pierres que beaucoup de remplissage. Ne vous hâtez pas. Dieu ne se hâte jamais, mais ce qu'Il crée est éternel, parce que bien pesé avant l'exécution. A défaut d'être éternel, il doit durer autant que les siècles. Regardez l'Univers. Depuis des siècles, des milliers de siècles, il est comme Dieu l'a fait par des opérations successives. Imitez le Seigneur. Soyez parfaits comme votre Père. Ayez sa Loi en vous, son Royaume en vous, et vous ne faillirez pas.
Mais s'il n'en était pas ainsi, l'édifice s'écroulerait et c'est en vain que vous vous seriez fatigués à l'élever. Il s'écroulerait et il ne resterait de lui que la pierre angulaire, les fondations... C'est ce qu'il adviendra de celui-ci !... En vérité je vous dis que de lui il en sera ainsi. Et il en sera ainsi du vôtre si vous y mettez ce qu'il y a en celui-ci : les parties malades d'orgueil, d'avidité, de péché, de luxure. Comme s'est défait par le souffle du vent ce pavillon de nuages si gracieusement beau qui semblait reposer sur le sommet de cette montagne, de même, au souffle d'un vent de châtiment surnaturel et humain, s'écrouleront les édifices qui n'ont de saint que le nom... »
Jésus se tait, pensif. Quand il parle à nouveau c'est pour commander : « Asseyons-nous ici pour nous reposer un peu. »
Ils s'asseyent sur une pente du mont des Oliviers en face du Temple baisé par le soleil couchant. Jésus regarde fixement cet endroit, avec tristesse. Les autres avec orgueil à cause de sa beauté, mais sur l'orgueil est étendu un voile d'inquiétude, laissé par les paroles du Maître. Et si cette beauté devait réellement périr ?...
Pierre et Jean parlent entre eux et puis murmurent quelque chose à Jacques d'Alphée et à André, leurs voisins, qui expriment leur accord par un signe de tête. Alors Pierre se tourne vers le Maître et Lui dit : « Viens à part et explique-nous quand se réalisera ta prophétie sur la destruction du Temple. Daniel en parle, mais s'il en était. comme lui le dit et comme tu le dis, le Temple n'aurait plus que quelques heures. Mais nous ne voyons pas d'armée ni de préparatifs de guerre. Quand donc cela arrivera-t-il ? Quel en sera le signe ? Tu es venu. Tu dis que tu vas t'en aller. Et pourtant on sait que cela n'arrivera que quand tu seras parmi les hommes. Tu reviendras, alors ? A quand ton retour ? Explique-nous, afin que nous sachions... »
« Il n'est pas besoin de se mettre à l'écart. Tu vois ? Sont restés les disciples les plus fidèles qui vous aideront grandement, vous les douze. Eux peuvent entendre les paroles que je vous dis. Venez tous près de Moi ! » crie-t-il à la fin pour rassembler tout le monde.
Les disciples, disséminés sur la pente, s'approchent, forment un groupe compact, serré autour du groupe principal de Jésus avec ses apôtres, et ils écoutent.
« Prenez garde que personne ne vous séduise à l'avenir. Je suis le Christ et il n'y aura pas d'autres Christs. Donc quand plusieurs viendront vous dire : "Je suis le Christ" et ils en séduiront un grand nombre, vous ne croyez pas à ces paroles, même si elles sont accompagnées de prodiges. Satan, père du mensonge et protecteur des menteurs, aide ses serviteurs et ceux qui le suivent par de faux prodiges qu'on peut pourtant reconnaître comme n'étant pas bons car ils sont toujours unis à la peur, au trouble et au mensonge. Les prodiges de Dieu, vous les connaissez : ils donnent une paix sainte, la joie, le salut, la foi, ils amènent à des désirs et des œuvres saintes. Les autres, non. Réfléchissez donc sur la forme et les conséquences des prodiges que vous pourrez voir à l'avenir attachées à l'œuvre des faux Christs et de ceux qui s'envelopperont des vêtements des sauveurs de peuples et seront au contraire les fauves qui les ruinent.
Vous entendrez aussi, et vous verrez aussi, parler de guerres et de bruits de guerre, et ils vous diront : "Ce sont les signes de la fin". Ne vous troublez pas : ce ne sera pas la fin. Il faut que tout cela arrive avant la fin, mais ce ne sera pas encore la fin. Il y aura des soulèvements d'un peuple contre un peuple, d'un royaume contre un royaume, d'une nation contre une nation, d'un continent contre un continent, et il s'ensuivra des pestes, des disettes, des tremblements de terre en plusieurs endroits. Mais ce ne sera que le commencement des douleurs. Alors ils vous jetteront dans la tribulation et ils vous tueront en vous accusant d'être responsables de leurs souffrances, et en espérant en sortir, en persécutant et en détruisant mes serviteurs. Les hommes accusent toujours les innocents d'être la cause du mal que les pécheurs se créent eux-mêmes. Ils accusent Dieu Lui-même, Innocence Parfaite et Bonté Suprême, d'être la cause de leurs souffrances et agiront ainsi avec vous, et vous serez haïs à cause de mon Nom. C'est Satan qui les pousse. Et beaucoup se scandaliseront et se trahiront et se haïront mutuellement. C'est encore Satan qui les pousse. Et il s'élèvera de faux prophètes qui induiront un grand nombre de gens en erreur. Ce sera encore Satan l'auteur véritable de tant de mal. Et à cause de la multiplication de l'iniquité, la charité se refroidira en plusieurs. Mais qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé. Et auparavant il faut que cet Evangile du Royaume de Dieu soit prêché dans le monde entier, comme témoignage pour toutes les nations. Alors viendra la fin. Retour au Christ d'Israël qui l'accueille et prédication de ma Doctrine dans le monde entier.
Et puis un autre signe. Un signe pour la fin du Temple et pour la fin du Monde. Quand vous verrez l'abomination de la désolation, prédite par Daniel -que celui qui m'écoute comprenne bien et que celui qui lit le prophète sache lire entre les lignes - alors que celui qui sera en Judée s'enfuie sur les montagnes, que celui qui sera sur sa terrasse ne descende pas prendre ce qu'il a dans sa maison, et que celui qui est dans son champ ne revienne pas à la maison pour prendre son manteau, mais qu'il fuie sans se retourner, pour qu'il ne lui arrive pas de ne plus pouvoir le faire, et même qu'en fuyant il ne se retourne pas pour regarder, pour ne pas garder dans son cœur le spectacle horrible et en devenir fou. Malheur à celles qui seront enceintes et qui allaiteront en ces jours ! Et malheur si la fuite devait s'accomplir pendant le sabbat ! La fuite ne suffirait pas pour se sauver sans pécher. Priez donc pour qu'elle n'arrive pas en hiver et un jour de sabbat, car alors la tribulation sera si grande qu'il n'y en a pas eu de telle depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours et qu'il n'y en aura plus jamais de semblable car ce sera la fin. Si ces jours n'étaient pas abrégés en faveur des élus, personne ne se sauverait car les hommes-satan s'allieront à l'enfer pour tourmenter les hommes.
Et alors aussi, pour corrompre et tirer hors de la voie juste ceux qui resteront fidèles au Seigneur, s'élèveront des gens qui diront : "Le Christ est ici, le Christ est là. Il est en cet endroit. Le voici". Ne croyez pas. Que personne ne les croie, car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes qui feront des prodiges et des choses extraordinaires capables d'induire en erreur, s'il était possible, les élus eux-mêmes. Ils diront des doctrines en apparence si convenables et si bonnes qu'elles séduiraient même les meilleurs, s'ils n'avaient pas avec eux l'Esprit de Dieu qui les éclairera sur la vérité et l'origine satanique de ces prodiges et de ces doctrines. Je vous le dis. Je vous le prédit pour que vous puissiez vous diriger. Mais ne craignez pas de tomber. Si vous restez dans le Seigneur, vous ne serez pas attirés par la tentation et la ruine. Rappelez-vous ce que je vous ai dit : "Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et de toute la puissance de l'Ennemi rien ne vous nuira car tout vous sera soumis". Je vous rappelle aussi cependant que pour l'obtenir vous devez avoir Dieu en vous, et vous devez vous réjouir, non parce que vous maîtrisez les puissances du mal et les choses empoisonnées, mais parce que votre nom est écrit dans le Ciel.
Restez dans le Seigneur et dans sa vérité. Je suis la Vérité et j'enseigne la vérité. Aussi, je vous répète encore : quelque chose que l'on vous dise de Moi, ne le croyez pas. Moi seul ai dit la vérité. Moi seul je vous dis que le Christ viendra, mais quand ce sera la fin. Donc si l'on vous dit : "Il est dans le désert" n'y allez pas. Si l'on vous dit : "Il est dans cette maison" n'y croyez pas. En effet le Fils de l'homme, quand il viendra pour la seconde fois, sera semblable à l'éclair qui sort du levant et glisse jusqu'au couchant en moins de temps qu'il n'en faut pour le battement d'une paupière. Et il glissera sur le grand Corps, devenu soudainement Cadavre, suivi de ses anges resplendissants, et il jugera. Partout où sera le corps, se réuniront les aigles.
Et tout de suite après la tribulation de ces derniers jours dont on vous a parlé -je parle maintenant de la fin du temps et du monde et de la résurrection des ossements dont ont parlé les prophètes le soleil s'obscurcira, et la lune ne donnera plus de lumière, et les étoiles du ciel tomberont comme les grains d'une grappe trop mûre secouée par un vent de tempête, et les puissances des Cieux trembleront. Et alors, dans le firmament obscurci, apparaîtra fulgurant le signe du Fils de l'homme, et toutes les nations de la Terre pleureront, et les hommes verront le Fils de l'homme qui viendra sur les nuées du ciel avec une grande puissance et une grande gloire. Et Lui commandera à ses anges de moissonner et de vendanger, et de séparer l'ivraie du bon grain, et de jeter le raisin dans la cuve, car il sera venu le temps de la grande récolte des descendants d'Adam, et il n'y aura plus besoin de garder des grapillons ou de la semence, car l'espèce humaine ne se perpétuera plus jamais sur la Terre morte. Et il commandera à ses anges de réunir à grand son de trompe les élus des quatre vents, d'une extrémité à l'autre du ciel pour qu'ils soient à côté du Divin Juge pour juger avec Lui les derniers vivants et ceux qui seront ressuscités.

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Message par Grosjean Sam 14 Mar 2009 - 20:49

Samedi 2ème semaine de Carême (16ème jour)
Dieu l'a frappé à cause des péchés de son peuple.

...
Apprenez du figuier une ressemblance : quand vous voyez ses branches s'attendrir et mettre des feuilles, vous savez que l'été est proche. De même aussi, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Christ va venir. En vérité je vous dis : elle ne passera pas cette génération qui n'a pas voulu de Moi avant que tout cela se produise. Ma parole ne tombera pas. Ce que je dis sera. Le cœur et la pensée des hommes peuvent changer, mais ma parole ne change pas. Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas.
Quant au jour et à l'heure précise, personne ne les connaît, pas même les anges du Seigneur, mais le Père seul les connaît. Comme au temps de Noé, ainsi en sera-t-il de la venue du Fils de l'homme. Dans les jours qui précédèrent le déluge les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient, se logeaient, sans penser au signe jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche et que s'ouvrirent les cataractes du ciel et le déluge submergea tous les vivants et toutes choses. De même ainsi en sera-t-il de la venue du Fils de l'homme. Alors deux hommes seront l'un près de l'autre dans un champ et l'un sera pris et l'autre laissé, et deux femmes seront appliquées à faire aller la meule et l'une sera prise et l'autre laissée, par les ennemis de la Patrie et plus encore par les anges qui sépareront la bonne semence de l'ivraie, et ils n'auront pas le temps de se préparer au jugement du Christ.
Veillez donc car vous ne savez pas à quelle heure viendra votre Seigneur. Pensez de nouveau à ceci : si le chef de famille savait à quelle heure vient le voleur, il veillerait et ne laisserait pas dépouiller sa maison. Veillez donc et priez, en étant toujours préparés à sa venue, sans que vos cœurs tombent dans la torpeur par des abus et des excès de toute sorte : que vos esprits ne soient pas éloignés et fermés aux choses du Ciel par le soin excessif aux choses de la Terre et que le lacet de la mort ne vous prenne à l'improviste encore pas préparés. Car, rappelez-vous, tous vous devez mourir. Tous les hommes, dès leur naissance, sont destinés à la mort, et cette mort et le jugement subséquent sont une venue particulière du Christ qui devra ensuite se répéter pour tous les hommes à la venue solennelle du Fils de l'homme.
Qu'en sera-t-il donc de ce serviteur fidèle et prudent préposé par son maître pour donner en son absence la nourriture aux gens de sa maison ? C'est un heureux sort qu'il aura si son maître, revenant à l'improviste, le trouve à faire ce qu'il doit avec sollicitude, justice et amour. En vérité je vous dis qu'il dira : "Viens, bon et fidèle serviteur. Tu as mérité ma récompense. Tiens, administre tous mes biens". Mais s'il paraissait, sans l'être, bon et fidèle et si intérieurement il était mauvais comme extérieurement il était hypocrite, et qu'après le départ de son maître il ait dit en son cœur : "Le maître tardera à revenir ! Donnons-nous du bon temps", et s'il se mettait à battre et à maltraiter les autres serviteurs en faisant de l'usure sur eux pour la nourriture et toutes espèces de choses pour avoir plus d'argent à dépenser avec les noceurs et les ivrognes, qu'arrivera-t-il ? Quand le maître reviendra à l'improviste, alors que le serviteur ne pense pas qu'il lui est tout près, et que sera découverte sa mauvaise conduite, sa place et l'argent lui seront enlevés Il sera chassé où le veut la justice et il y restera.
Il en est ainsi du pécheur impénitent qui ne se demande pas comment la mort peut être proche et proche son jugement. Il jouit alors et abuse en disant : "Plus tard, je me repentirai". En vérité je vous dis qu'il n'aura pas le temps de le faire qu'il sera condamné à rester éternellement dans le lieu de la redoutable horreur où il n'y a que blasphèmes, pleurs et tortures, et qu'il en sortira seulement pour le Jugement final, quand il revêtira sa chair ressuscitée pour se présenter entier au Jugement final comme il a péché avec tout son être au temps de sa vie terrestre, et avec son corps et son âme il se présentera au Juge Jésus dont il n'a pas voulu comme Sauveur.
Tous seront là devant le Fils de l'homme. Une multitude infinie de corps rendus par la terre et la mer et recomposés après avoir été poussière pendant si longtemps, et les esprits dans les corps. A chaque chair revenue sur les squelettes correspondra son propre esprit qui l'animait autrefois. Et ils seront debout devant le Fils de l'homme, splendide dans sa divine Majesté, assis sur le trône de sa gloire soutenu par ses anges.
Et Il séparera les hommes entre eux en mettant d'un côté les bons et de l'autre les mauvais, comme un berger sépare les brebis des boucs, et Il mettra ses brebis à droite et les boucs à gauche. Et de sa douce voix et avec son aspect bienveillant Il dira à ceux qui, paisibles et beaux d'une beauté glorieuse dans la splendeur d'un corps saint, le regarderont avec tout l'amour de leurs cœurs : "Venez, ô bénis de mon Père, prenez possession du Royaume préparé pour vous depuis l'origine du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'ai été pèlerin et vous m'avez logé, j'ai été nu et vous m'avez revêtu, malade et vous êtes venus me rendre visite, prisonnier et vous êtes venus me réconforter". Et les justes Lui demanderont : "Quand donc, Seigneur, t'avons-nous vu affamé pour te donner à manger, assoiffé pour te donner à boire ? Quand donc t'avons-nous vu pèlerin pour t'accueillir, nu pour te revêtir ? Quand t'avons-nous vu malade et prisonnier, pour être venus te rendre visite ?" Et le Roi des rois leur dira : "En vérité, je vous le dis : quand vous avez fait une de ces choses à un des plus petits parmi mes frères, alors c'est à Moi que vous l'avez fait".
Et puis Il se tournera vers ceux qui seront à sa gauche et Il leur dira d'un air sévère, et ses regards seront comme des flèches qui foudroieront les réprouvés, et dans sa voix tonnera la colère de Dieu : "Hors d'ici ! Loin de Moi, ô maudits ! Dans le feu éternel préparé par la fureur de Dieu pour le démon et les anges de ténèbres et pour ceux qui les ont écoutés avec leur voix de la passion triple et obscène. J'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, soif et vous ne m'avez pas désaltéré, j'ai été nu et vous ne m'avez pas revêtu, pèlerin et vous m'avez repoussé, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas rendu visite, car vous n'aviez qu'une loi : le plaisir de votre moi". Et eux Lui diront : "Quand t'avons-nous vu affamé, assoiffé, nu, pèlerin, malade, prisonnier ? En vérité, nous ne t'avons pas connu. Nous n'y étions pas quand tu étais sur la Terre". Et Lui leur répondra : "C'est vrai, vous ne m'avez pas connu, car vous n'y étiez pas quand j'étais sur la Terre. Mais vous avez pourtant connu ma parole et vous avez eu parmi vous des pauvres, des gens affamés, assoiffés, nus, malades, prisonniers. Pourquoi ne leur avez-vous pas fait ce que peut-être vous m'auriez fait à Moi ? Car il n'est pas dit que ceux qui m'ont eu parmi eux ont été miséricordieux envers le Fils de l'homme. Ne saviez-vous pas que je suis dans mes frères et que suis là où souffre l'un d'eux, et ce que vous n'avez pas fait à l'un de mes plus humbles frères, c'est à Moi que vous l'avez refusé, à Moi, premier-né des hommes ? Allez et brûlez dans votre égoïsme. Allez, et que les ténèbres et le gel vous enveloppent puisque vous avez été ténèbres et gel, tout en sachant où était la Lumière et le Feu de l'Amour". Et ceux-là iront à l'éternel supplice alors que les justes entreront dans la vie éternelle.
Tel est l'avenir... Maintenant allez. Et ne vous séparez pas entre vous. Je m'en vais avec Jean et je serai près de vous au milieu de la première veille, pour le repos et pour aller ensuite à nos instructions. »
« Ce soir aussi ? Ferons-nous cela tous les soirs ? Je suis tout endolori par la rosée. Ne vaudrait-il pas mieux désormais entrer dans quelque maison hospitalière ? Toujours sous les tentes ! Toujours à veiller et pendant les nuits, qui sont fraîches et humides... » dit Judas, en se lamentant.
« C'est la dernière nuit. Demain... ce sera différent. »
« Ah ! je croyais que tu voulais aller au Gethsémani toutes les nuits. Mais si c'est la dernière... »
« Je n'ai pas dit cela, Judas. J'ai dit que ce sera la dernière nuit à passer au champ des Galiléens tous unis. Demain, nous préparerons la Pâque et nous consommerons l'agneau et puis j'irai seul prier dans le Gethsémani. Et vous pourrez faire ce que vous voulez. »
« Mais nous viendrons avec Toi, Seigneur ! Quand donc avons-nous voulu te quitter ? » dit Pierre.
« Tais-toi, toi qui es en faute. Toi et le Zélote, vous ne faites que voleter çà et là dès que le Maître ne vous voit pas. Je vous ai à l'œil. Au Temple... pendant la journée... sous les tentes, là bas... » dit l'Iscariote, heureux de dénoncer.
« Suffit ! S'ils le font, ils font bien. Mais pourtant ne me laissez pas seul... Je vous en prie... »
« Seigneur, nous ne faisons rien de mal, crois-le. Nos actions sont connues de Dieu et son œil ne se détourne pas d'elles avec dégoût » dit le Zélote.
« Je le sais, mais c'est inutile. Et ce qui est inutile peut toujours être dommageable. Restez le plus possible unis. » Puis il s'adresse à Mathieu : « Toi, mon bon chroniqueur, tu leur répéteras la parabole des dix vierges sages et des dix vierges folles, et celle du maître qui donne des talents à ses trois serviteurs pour qu'ils les fassent fructifier, et des deux qui gagnent le double et du paresseux qui enterre le sien. Te souviens-tu ? »
« Oui, mon Seigneur, exactement. »
« Alors répète-les à ceux-ci. Tous ne les connaissent pas et même ceux qui les connaissent auront plaisir à les entendre à nouveau.
Passez ainsi le temps en sages conversations jusqu'à mon retour. Veillez ! Veillez ! Tenez votre esprit éveillé. Ces paraboles sont appropriées à ce que je dis. Adieu. La paix soit avec vous
Il prend Jean par la main et se dirige avec lui vers la ville... Les autres se dirigent vers le Camp galiléen.

16. LE MERCREDI D'AVANT PAQUE :
II. LA NUIT

« Je vous ai dit : "Soyez attentifs, veillez et priez pour ne pas vous trouver appesantis par le sommeil". Mais je vois que vos yeux fatigués cherchent à se fermer et que vos corps, même sans que vous le vouliez, cherchent une position de repos. Vous avez raison, mes pauvres amis ! Votre Maître a beaucoup prétendu de vous en ces jours, et vous êtes tellement las. Mais d'ici quelques heures, désormais quelques heures, vous serez contents de ne pas avoir perdu pas même un seul moment de mon voisinage. Vous serez contents de ne rien avoir refusé à votre Jésus. Du reste, c'est la dernière fois que je vous parle de ces choses qui font pleurer. Demain, je vous parlerai d'amour et je ferai un miracle tout d'amour. Préparez-vous par une grande purification à le recevoir. Oh ! comme il est plus conforme à mon Moi de vous parler d'amour plutôt que de châtiment ! Comme il m'est doux de dire : "Je vous aime. Venez. Pendant toute ma vie, j'ai rêvé à cette heure !" Mais c'est de l'amour aussi de parler de mort. C'est de l'amour, car mourir pour ceux qui vous aiment est la suprême preuve d'amour. C'est de l'amour, car préparer ses chers amis au malheur c'est une prévoyance affectueuse qui veut les préparés et non les effrayés à cette heure. C'est de l'amour, parce que confier un secret est une preuve d'estime que l'on a pour ceux à qui on se confie. Je sais que vous avez assailli Jean de questions pour savoir ce que je lui disais quand je restais avec lui seul. Et vous n'avez pas cru qu'il n'y avait pas eu de paroles. Mais il en est ainsi. Il m'a suffi d'avoir près de Moi quelqu'un... »
« Pourquoi alors lui et pas un autre ? » demande l'Iscariote et il le fait avec une hauteur indignée.
Pierre aussi et avec lui Thomas et Philippe disent : « Oui, pourquoi à lui et pas aux autres ? »
Jésus répond à l'Iscariote : « Aurais-tu voulu que ce soit toi ? Peux-tu y prétendre ?
C'était une fraîche matinée d'Adar... Moi, j'étais un voyageur inconnu sur le chemin près du fleuve... Las, couvert de poussière, pâli par le jeûne, la barbe inculte, les sandales percées, je ressemblais à un mendiant sur les chemins du monde... Lui me vit... et me reconnut pour Celui sur lequel était descendue la Colombe du feu éternel. En cette première transfiguration qui fut la mienne certainement un atome de ma divine splendeur s'est révélé. Les yeux ouverts par la Pénitence du Baptiste et ceux que la Pureté garda angéliques virent ce que les autres ne virent pas. Et les yeux purs portèrent cette vision dans le tabernacle du cœur pour l'y serrer comme une perle dans un écrin... Quand ils se levèrent environ deux mois après sur le voyageur en guenilles, son âme reconnut... J'étais son amour, son premier et unique amour. Le premier et unique amour ne s'oublie pas. L'âme le sent venir, même s'il est éloigné, le sent venir des distances lointaines, et tressaille de joie, et éveille l'esprit, et celui-ci la chair, pour que tous participent au banquet de la joie de se retrouver et de s'aimer. Et la bouche tremblante m'a dit : "Je te salue, Agneau de Dieu". Oh ! foi des purs, comme tu es grande ! Comme tu franchis tous les obstacles ! Il ne savait pas mon Nom. Qui étais-je ? D'où venais-je ? Que faisais-je ? Etais-je riche ? Etais-je pauvre ? Etais-je un sage ? Etais-je un ignorant ? Pour la foi, qu'importe de savoir tout cela ? Augmente-t-elle ou diminue-t-elle par le savoir ? Lui croyait à ce que lui avait dit le Précurseur. Comme une étoile qui transmigre par l'ordre du Créateur, d'un ciel à l'autre, il s'était détaché de son ciel : le Baptiste, de sa constellation, et il était venu vers son nouveau ciel : le Christ, dans la constellation de l'Agneau. Et c'est l'étoile non pas la plus grande, mais c'est la plus belle et la plus pure de la constellation d'amour.

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Message par Grosjean Sam 14 Mar 2009 - 20:49

Samedi 2ème semaine de Carême (16ème jour) (suite)
Dieu l'a frappé à cause des péchés de son peuple.


Trois ans sont passés depuis lors. Les étoiles grandes et petites se sont unies à ma constellation et puis s'en sont détachées. Certaines sont tombées et sont mortes. D'autres sont devenues fumeuses à cause de lourdes vapeurs. Mais lui est resté fixe avec sa pure lumière près de sa Polaire. Laissez-moi regarder sa lumière. Il y aura deux lumières dans les ténèbres du Christ : Marie, Jean. Mais je ne pourrai presque pas les voir, tant sera grande ma douleur. Laissez-moi imprimer dans ma pupille ces quatre iris qui sont des morceaux de ciel entre leurs cils blonds, pour emporter avec Moi,
là où personne ne pourra venir, un souvenir de pureté. Tout le péché ! Tout sur les épaules de l'Homme ! Oh ! Oh ! cette goutte de pureté !... Ma Mère ! Jean ! Et Moi !... Les trois naufragés émergeant du naufrage d'une humanité dans la mer du Péché !
Ce sera l'heure où Moi, le rejeton de la souche de David, je dirai en gémissant l'antique soupir de David : "Mon Dieu, tourne-toi vers Moi. Pourquoi m'as-tu abandonné ? De Toi m'ont éloigné les cris des crimes que j'ai pris sur Moi au nom de tous... Je suis un ver, non plus un homme, l'opprobre des hommes, le rebut de la plèbe". Et écoutez Isaïe : "J'ai abandonné mon corps à ceux qui le frappaient, mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe, je n'ai pas éloigné ma face de ceux qui m'outrageaient et me couvraient de crachats". Ecoutez de nouveau David : "Un grand nombre de bouvillons m'ont entouré, de nombreux taureaux m'ont assailli. Sur Moi ils ont ouvert la bouche pour me mettre en pièces comme des lions qui dévorent et rugissent. Je me suis répandu comme l'eau". Et Isaïe complète : "J'ai teint Moi-même mes vêtements". Oh ! mes vêtements, c'est de Moi-même que je les teins, non pas par ma fureur, mais par ma douleur et mon amour pour vous. Comme les deux pierres plates du pressoir, ils me pressent et expriment mon Sang. Je ne suis pas différent de la grappe que l'on presse, qui avec sa beauté entre dans le pressoir, et une fois pressée devient une bouillie sans suc et sans beauté.
Et de mon cœur, je dis avec David, "il devient comme de la cire et se fond dans ma poitrine". Oh ! Cœur parfait du Fils de l'homme, maintenant que deviens-tu ? Il ressemble à celui qu'une longue vie de noceur a épuisé et a fait perdre sa vigueur. Toute ma vigueur se dessèche. Ma langue reste attachée à mon palais par l'effet de la fièvre et de l'agonie. Et la mort s'avance dans sa cendre asphyxiante et aveuglante.
Et encore il n'y a pas de pitié ! "Une bande, une meute de chiens m'assiègent et me mordent. Sur les blessures tombent les morsures, sur les morsures les bastonnades. Il n'y a rien de mon corps qui soit sans douleur. Les os craquent, déboîtés par un tiraillement infâme. Je ne sais où appuyer mon corps. La redoutable couronne est un cercle de feu qui pénètre dans ma tête. Je suis suspendu par mes mains et mes pieds transpercés. Dressé en l'air, je présente mon corps au monde, et tous peuvent compter mes os"... »
« Tais-toi ! Tais-toi ! » dit Jean en sanglotant.
« Ne parle plus ! Tu nous fais agoniser ! » supplient ses cousins.
André ne parle pas, mais il a mis sa tête entre ses genoux et il pleure silencieusement. Simon est livide. Pierre et Jacques de Zébédée semblent à la torture. Philippe, Thomas, Barthélemy, semblent trois statues de pierre qui expriment l'angoisse.
Judas Iscariote est un masque macabre, démoniaque. Il semble un damné qui finalement comprend ce qu'il a fait. La bouche ouverte pour pousser un cri qui hurle en son moi et qui n'arrive pas à sortir de sa gorge qui se serre, les yeux dilatés, effrayés d'un fou, les joues terreuses sous le voile brun de sa barbe rasée, les cheveux en désordre parce que de temps à autre il y passe sa main, il éprouve une sueur froide, il semble tout près de s'évanouir.
Mathieu, en levant son regard atterré pour chercher une aide dans son tourment, le voit et dit : « Judas ! Tu te sens mal ?... Maître, Judas souffre ! »
« Moi aussi » dit le Christ. « Mais je souffre avec paix. Devenez esprits pour pouvoir supporter cette heure. Quelqu'un qui est "chair" ne peut la supporter sans devenir fou...
David parle encore en voyant les tortures de son Christ : "Ils ne sont pas encore contents et ils me regardent et se moquent et ils se partagent mes dépouilles tirant au sort ma tunique. Je suis le Malfaiteur. C'est leur droit".
Oh ! Terre, regarde ton Christ ! Sache le reconnaître, bien qu'ainsi détruit. Ecoute, rappelle-toi les paroles d'Isaïe et comprends le pourquoi, le grand pourquoi, il est ainsi devenu, et l'homme a pu tuer, réduire à cet état, le Verbe du Père. "Il n'a ni beauté ni éclat. Nous l'avons vu. Son aspect était sans beauté et nous ne l'avons pas aimé. Méprisé, comme le dernier des hommes, Lui, l'Homme des douleurs habitué à la souffrance, tenait caché son visage. Il était méprisé et nous n'en tenions aucun compte". C'était sa beauté de Rédempteur, ce masque de torturé. Mais toi, sotte Terre, tu préférais son visage serein ! "Vraiment il a pris sur Lui nos maux, il a porté nos douleurs. Et nous l'avons regardé comme un lépreux, comme maudit par Dieu et méprisé. Lui, au contraire, a été blessé par nos scélératesses. C'est sur Lui qu'est tombé le châtiment qui nous était réservé, le châtiment qui nous redonne la paix avec Dieu. C'est par ses hématomes que nous avons été guéris. Nous étions comme des brebis errantes. Nous avions tous perdu le droit chemin et le Seigneur a mis sur Lui les iniquités de tous". Que celui, que ceux qui pensent avoir été utiles à eux-mêmes et à Israël perdent leurs illusions. Et de même ceux qui pensent avoir été plus forts que Dieu. Et de même ceux qui pensent n'avoir pas à expier ce péché parce que je me suis laissé tuer volontairement. Moi, j'accomplis ma tâche sainte, la parfaite obéissance au Père, mais cela n'exclut pas leur obéissance à Satan et leur infâme action. Oui. Ton Rédempteur a été sacrifié parce qu'il l'a voulu, ô Terre. "Il n'a pas ouvert sa bouche pour prier moindrement qu'on l'épargne, il n'a pas dit une parole de malédiction pour ses assassins. Comme une brebis, il s'est laissé mener à l'abattoir pour qu'on le tue, comme un agneau muet il s'est laissé conduire devant celui qui le tond".
"Après sa capture et sa condamnation, il a été élevé. Il n'aura pas de descendance. Comme une plante, il a été coupé de la terre des vivants. Dieu l'a frappé à cause des péchés de son peuple. Est-ce que personne de sa génération de sa Terre ne le pleurera ? N'aura-t-il pas de fils celui que l'on a retranché de la Terre ?"
Oh ! c'est Moi qui te réponds, ô prophète de ton Christ. Si mon peuple n'a pas de pleurs pour Celui qu'on a tué innocent, les anges du peuple céleste le pleureront. Si sa virilité n'aura pas humainement de fils parce que sa Nature ne pouvait trouver une union avec une chair mortelle, il aura bien des fils et nombreux suivant une génération qui n'est pas celle de la chair et du sang animal, mais une génération qui aura la vie de son amour et de son Sang divin, une génération de l'esprit qui rendra éternelle sa descendance.
Et je t'explique encore, ô monde qui ne comprends pas le prophète, quels sont les impies envoyés pour l'ensevelir et le riche pour sa mort. Regarde, ô monde, si un seul de ceux qui l'ont tué a eu la paix et une longue vie ! Lui, le Vivant, aura vite fait de quitter la mort. Mais comme des feuilles que le vent d'automne couche une à une dans le creux du sillon après les avoir détachées par des rafales répétées, un par un ils seront bientôt couchés dans l'ignoble sépulture qui avait été décrétée pour Lui ; et l'un d'eux qui a vécu pour l'or pourrait, s'il était permis de mettre l'immonde là où fut le Saint, pourrait être déposé où sera encore l'humidité des innombrables blessures de la Victime immolée sur le mont.
Accusé sans être coupable, Dieu en tire vengeance, car il n'y a jamais eu de tromperie dans sa bouche ni d'iniquité en son cœur. Consumé par les souffrances, une fois qu'il aura été consumé, que sa vie aura été coupée par le sacrifice d'expiation, sa gloire commencera auprès de ceux qui viendront dans l'avenir. Tous les désirs et les saintes volontés de Dieu à son égard se réaliseront. A cause des angoisses de son âme, il verra la gloire du vrai peuple de Dieu et en sera heureux. Sa céleste doctrine, qu'il scellera de son Sang, sera la justification d'un grand nombre qui sont parmi les meilleurs, et il prendra sur Lui l'iniquité des pécheurs. Et il aura pour cela une grande multitude, ô Terre, ce Roi méconnu dont se sont moqués les perfides et que les meilleurs n'auront pas compris. Avec les siens il partagera les dépouilles des vaincus. Il partagera les dépouilles des forts, unique Juge des trois règnes et du Royaume.
Il a tout mérité parce qu'il a tout donné. Tout Lui sera livré parce qu'il a livré sa vie à la mort et qu'il a été compté parmi les malfaiteurs, Lui qui était sans péché. Sans d'autre péché qu'un parfait amour et une infinie bonté : deux fautes que le monde ne pardonne pas, un amour et une bonté qui le poussèrent à prendre sur Lui les péchés d'un grand nombre, du monde entier, et à prier pour les pécheurs. Pour tous les pécheurs. Même pour ceux par qui il fut mis à mort.
J'ai fini. Je n'ai pas autre chose à dire. Tout est dit de ce que je voulais vous dire des prophéties messianiques. De ma naissance à ma mort, je vous les ai toutes mises en lumière pour que vous me connaissiez et n'ayez pas de doutes. Et n'ayez pas d'excuse à votre péché.
Maintenant, prions ensemble. C'est le dernier soir où nous pouvons prier ainsi, tous unis comme les grains de raisin à la grappe qui les porte. Venez. Prions : "Notre Père qui es dans les Cieux, que soit sanctifié ton Nom. Que vienne ton Règne. Que soit faite ta Volonté sur la Terre comme elle est faite dans le Ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs. Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal. Ainsi soit-il".
"Que soit sanctifié ton Nom". Père, je l'ai sanctifié. Pitié pour ton Germe.
"Que vienne ton Règne". C'est pour le fonder que je meurs. Pitié pour Moi.
"Que soit faite ta Volonté". Secours ma faiblesse, Toi qui as créé la chair de l'homme et en as revêtu ton Verbe pour qu'ici-bas je t'obéisse comme toujours je t'ai obéi dans le Ciel. Pitié pour le Fils de l'homme.
"Donne-nous le Pain... Un pain pour l'âme, un pain qui n'est pas de cette Terre. Ce n'est pas pour Moi que je te le demande. Je n'ai plus besoin que de ton spirituel réconfort. Mais c'est pour eux que Moi, Mendiant, je tends la main. D'ici peu elle va être transpercée et attachée et ne pourra plus faire un geste d'amour. Mais maintenant, elle le peut encore. Père, accorde-moi de leur donner le Pain qui chaque jour fortifie la faiblesse des pauvres fils d'Adam. Ils sont faibles, ô Père, ils sont inférieurs, parce qu'ils n'ont pas le Pain qui est force, le Pain angélique qui spiritualise l'homme et l'amène à devenir divinisé en Nous.
"Remets-nous nos dettes"... »
Jésus, qui a parlé debout et a prié les bras ouverts, s'agenouille maintenant et il lève ses bras et son visage vers le Ciel. C'est un visage qu'a blanchi la force de sa supplication et que blanchit le baiser de la lune, un visage sillonné de pleurs muets.
« Pardonne à ton Fils, ô Père, s'il t'a manqué en quelque chose. Devant ta Perfection, je puis encore paraître imparfait, Moi, ton Christ, que la chair alourdit. Devant les hommes... non. Mon intelligence consciente me donne l'assurance que j'ai tout fait pour eux. Mais Toi, pardonne à ton Jésus... Moi aussi, je pardonne. Je pardonne pour que Tu me pardonnes. Mais dois-je pardonner ! Combien !... Et pourtant je pardonne. A ceux qui sont présents, aux disciples absents, à ceux qui ont le cœur sourd, aux ennemis, aux moqueurs, aux traîtres, aux assassins, aux déicides... Voilà, j'ai pardonné à toute l'Humanité. Pour ce qui me concerne, ô Père, considère comme annulée toute dette de l'homme à l'Homme. C'est pour donner à tous ton Royaume que je meurs et je ne veux pas que soit compté pour la condamnation le péché envers l'Amour incarné. Non ? Tu dis non ? C'est ma douleur. Ce "non" verse dans mon cœur la première gorgée du calice atroce. Mais, Père à qui j'ai toujours obéi, je te dis : "Qu'il soit fait comme Tu veux".
"Ne nous induis pas en tentation". Oh ! si Tu veux, Tu peux éloigner de nous le démon ! C'est lui la tentation qui excite la chair, l'esprit, le cœur. C'est lui le Séducteur. Eloigne-le, Père ! Ton Archange en notre faveur ! Pour mettre en fuite celui qui, de la naissance à la mort, nous menace !... Oh ! Père Saint, aie pitié de tes fils !
"Libère-nous, libère-nous du mal !" Tu le peux. Nous ici pleurons... Il est si beau le Ciel, et nous craignons de le perdre. Tu dis : "Mon Saint ne peut le perdre". Mais je veux qu'en Moi tu voies l'Homme, le Premier-né des hommes. Je suis leur frère. Je prie pour eux et avec eux. Père, pitié ! Oh ! pitié !... »
Jésus se penche jusqu'à terre. Puis il se lève : « Allons. Saluons-nous ce soir. Demain soir nous n'en aurons plus la possibilité. Nous serons trop troublés et il n'y a pas d'amour là où est le trouble. Donnons-nous le baiser de paix. Demain... demain chacun s'appartiendra à lui-même... Ce soir nous pouvons encore être chacun pour tous et tous pour chacun. »
Et il les embrasse un par un, en commençant par Pierre, puis Mathieu, Simon, Thomas, Philippe, Barthélemy, l'Iscariote, les deux cousins, Jacques de Zébédée, André et enfin Jean auquel il reste appuyé pendant qu'ils sortent du Gethsémani.

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Message par Grosjean Lun 16 Mar 2009 - 8:17

Lundi 3ème semaine de Carême (17ème jour)
Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je contristé ?



LE JEUDI D'AVANT PAQUE : LE JOUR

Un nouveau matin. Si serein ! Si joyeux ! Il n'y a même plus les rares nuages qui hier erraient lentement sur le cobalt du ciel ; il n'y a pas non plus la lourde chaleur qui hier était si accablante. Une brise légère souffle sur les visages. Elle a quelque chose du parfum des fleurs, du foin, de l'air pur. Elle remue lentement les feuilles des oliviers. On dirait qu'elle veut faire admirer la couleur argentée des petites feuilles lancéolées et répandre des petites fleurs candides, odorantes sur les pas du Christ, sur sa tête blonde, le baiser, le rafraîchir – car chaque fin calice a sa gouttelette de rosée – le baiser, le rafraîchir et puis mourir avant de voir l'horreur menaçante. Et s'inclinent les herbes des pentes pour remuer les clochettes, les corolles, les palmettes aux mille fleurs. Etoiles au cœur d'or, les grosses marguerites sauvages se dressent sur leurs tiges comme pour baiser la main qui sera transpercée, et les pâquerettes et les camomilles baisent les pieds généreux qui ne s'arrêteront de marcher pour le bien des hommes que quand ils seront cloués pour donner un bien encore supérieur ; les églantines répandent leur parfum et l'aubépine qui n'a plus de fleurs agite ses feuilles dentelées. Elle semble dire : « Non, non » à ceux qui s'en serviront pour tourmenter le Rédempteur. Et « non » disent les roseaux du Cédron. Eux aussi ne veulent pas frapper, leur volonté de petites choses ne veut pas faire de mal au Seigneur. Et peut-être les pierres des pentes se félicitent d'être hors de la ville, sur l'oliveraie pour, de cette façon, ne pas blesser le Martyr. Et ils pleurent les fins liserons rosés que Jésus aimait tant et aussi les corymbes des acacias candides comme des grappes de papillons groupés sur une tige. Peut-être pensent-ils : « Nous ne le verrons plus. » Les myosotis fins et purs laissent retomber leurs corolles quand ils touchent le vêtement pourpre que Jésus a mis de nouveau. Il doit être beau de mourir quand cela vient de Jésus qui frappe. Toutes les fleurs, même un muguet perdu, tombé là peut-être incidemment et qui s'est enraciné entre les racines saillantes d'un olivier, est heureux d'être aperçu et cueilli par Thomas et offert au Seigneur... Et les mille oiseaux dans les branches sont heureux de le saluer avec leurs chants de joie. Oh ! ils ne le blasphèment pas les oiseaux que Lui a toujours aimés ! Jusqu'à un petit troupeau de brebis qui semble vouloir le saluer malgré leurs pleurs, privées qu'elles sont de leurs petits vendus pour le sacrifice pascal. C'est une lamentation de mères qui parcourt l'air, en bêlant et en appelant leurs petits qui ne reviendront plus ; elles se frottent contre Jésus en jetant sur Lui leur doux regard.
La vue des brebis rappelle aux apôtres la pensée du rite pascal et ils demandent à Jésus quand ils sont presque au Gethsémani : « Où irons-nous consommer la Pâque ? Quel endroit choisis-tu ? Dis-le, et nous irons tout préparer. »
Et Judas de Kériot : « Donne-moi des ordres et j'irai. »
« Pierre, Jean, écoutez-moi. »
Les deux, qui étaient un peu en avant, s'approchent de Jésus qui les a appelés.
« Précédez-nous et entrez dans la ville par la Porte du Fumier. A peine rentrés vous rencontrerez un homme qui vient de En-Rogel avec un broc de cette bonne eau. Suivez-le jusqu'à ce qu'il entre dans une maison. Vous direz à celui qui s'y trouve : "Le Maître dit : `Où est la pièce où je puis manger la Pâque avec mes disciples ?' ". Il vous montrera un grand cénacle prêt. Préparez-y tout ce qu'il faut. Allez vite et ensuite rejoignez-nous au Temple. »
Les deux partent en toute hâte. Jésus, au contraire, avance lentement. La matinée est encore si fraîche et les routes qui mènent à la ville montrent tout juste les premiers pèlerins. Ils franchissent le Cédron sur le petit pont qui est avant le Gethsémani. Ils entrent dans la ville. Les portes, peut-être à la suite d'un contre-ordre de Pilate, rassuré par l'absence de discussions autour de Jésus, ne sont plus surveillées par des légionnaires. Le plus grand calme règne partout.
Oh ! on ne peut pas dire que les juifs n'ont pas su se contenir ! Personne n'a molesté le Maître ni ses disciples. Respectueux, bien élevés, à défaut d'être affectueux, ils l'ont toujours salué, même les plus haineux du Sanhédrin. Une patience sans égale a accompagné le réquisitoire d'hier. Et voilà que, maintenant aussi, car la maison de campagne de Caïphe est justement près de cette porte, voilà que maintenant passent, venant de cette maison, un groupe nombreux de pharisiens et de scribes, parmi lesquels le fils d'Anna et Elchias avec Doras et Sadoc. Ce sont des courbettes de personnages aux amples manteaux, qui saluent au milieu d'un ondoiement de vêtements et de franges et de très amples couvre-chefs. Jésus salue et passe, royal dans son vêtement de laine rouge et son manteau d'une teinte plus foncée, le couvre-chef de Sintica à la main, le soleil lui faisant une couronne d'or de ses cheveux rouge-cuivre et un voile qui descend lumineux jusqu'aux épaules. Les échines se relèvent après son passage, faisant apparaître des visages d'hyènes enragées.
Judas de Kériot, qui ne cessait de regarder tout autour de lui avec sa figure de traître, s'écarte sur le bord de la route sous prétexte de relacer une sandale et, je le vois bien, fait un signe à ces gens qui l'attendaient... Toujours occupé à relacer la courroie de sa sandale pour se donner une contenance, il laisse avancer le groupe de Jésus avec ses disciples, puis, rapidement, passe près de ces gens et leurs murmure : « A la Belle, aux environs de sexte. Un de vous » et il file rapidement pour rejoindre ses compagnons, comme si de rien n’était, effrontément !...
Ils montent au Temple. Peu d'hébreux encore, mais beaucoup de gentils. Jésus va adorer le Seigneur. Puis il revient en arrière et ordonne à Simon et Barthélemy d'acheter l'agneau en se faisant donner de l'argent par Judas de Kériot.
« Mais moi, je pouvais le faire ! » dit ce dernier.
« Tu auras autre chose à faire. Tu le sais. Il y a cette veuve à laquelle il faut porter l'obole de Marie de Lazare et dire qu'après les fêtes, elle aille à Béthanie chez Lazare. Sais-tu où elle est ? As-tu bien compris ? »
« Je sais, je sais ! L'endroit m'a été montré par Zacharie qui la connaît bien. » Et il ajoute : « Je suis très content d'y aller, plutôt que d'aller pour l'agneau. Quand est-ce que j'y vais ? »
« Plus tard. Je ne vais pas m'arrêter longtemps ici. Aujourd'hui je me reposerai car je veux être fort pour ce soir et pour ma prière de la nuit. »
« C'est bien. »

Je me demande alors : Jésus qui avait gardé le silence les jours précédents sur son agir pour ne pas informer Judas, pourquoi maintenant dit-il et répète-t-il ce qu'il va faire dans la nuit ? La Passion est-elle déjà commencée par l'aveuglement de sa prévoyance, ou bien cette prévoyance a-t-elle tant grandi qu'il lit dans les livres des Cieux que c'est “cette nuit-là” et que, par conséquent, il faut le faire connaître à celui qui attend cela pour le livrer à ses ennemis, ou bien a-t-il toujours su que c'est la nuit où doit commencer son Immolation ? Je ne sais pas me donner de réponse. Jésus ne me donne pas de réponse. Et je reste avec mes pourquoi pendant que j'observe Jésus qui guérit les derniers malades. Les derniers... Demain, d'ici peu d'heures, il ne le pourra plus... La Terre sera privée du puissant Guérisseur des corps. La Victime, cependant, sur son gibet commencera la série ininterrompue depuis vingt siècles de ses guérisons spirituelles.
Aujourd'hui je contemple plus que je ne décris. Mon Seigneur me fait projeter ma vue spirituelle à partir de ce que je vois arriver dans le dernier jour de liberté du Christ jusque dans les siècles... Aujourd'hui je contemple davantage les sentiments, les pensées du Maître que les évènements qui l'entourent. Déjà je comprends, angoissée, sa torture du Gethsémani...

Jésus est pressé comme à l'ordinaire par la foule qui a déjà augmenté, qui maintenant est en majorité hébraïque et qui oublie de se hâter vers l'endroit où on sacrifie les agneaux pour s'approcher de Jésus, l’Agneau de Dieu qui va être immolé. Et elle demande encore, elle veut encore des explications. Nombreux sont les hébreux venus de la Diaspora qui, ayant entendu parler du Christ, du Prophète galiléen, du Rabbi de Nazareth, sont curieux de l'entendre parler et sont anxieux d'enlever tout doute possible. Et ceux-ci s'ouvrent un passage en suppliant ainsi ceux de Palestine : « Vous l'avez toujours. Vous savez qui il est. Vous avez sa parole quand vous voulez. Nous sommes venus de loin et nous allons repartir tout de suite après avoir accompli le précepte. Laissez-nous aller à Lui ! »
La foule s'ouvre difficilement pour leur céder la place. Ils s'avancent vers Jésus et l'observent avec curiosité. Ils parlotent entre eux, groupe par groupe. Jésus les observe aussi tout en écoutant un groupe venu de la Pérée. Quand ils Lui ont offert de l'argent pour ses pauvres comme le font beaucoup, argent qu'il a passé comme toujours à Judas, il les congédie et il se met à parler.
« Unis par la religion, mais de provenances diverses, beaucoup parmi vous ici présents se demandent : “Qui est celui que l'on appelle le Nazaréen ?”, et vos espoirs se mêlent à vos doutes.
Ecoutez. Il est dit de Moi : “Un rejeton sortira de la racine de Jessé, une fleur viendra de cette racine et sur Lui reposera l'Esprit du Seigneur. Il ne jugera pas selon ce qui apparaît aux yeux, il ne condamnera pas par ce que l'on entend avec les oreilles, mais il jugera les pauvres avec justice et prendra la défense des humbles. Le rejeton de la racine de Jessé, placé comme un signe parmi les nations, sera invoqué par les peuples et son tombeau sera glorieux. Lui, après avoir élevé sa bannière pour les nations, réunira les réfugiés d'Israël, les gens dispersés de Juda, il les rassemblera des quatre points de la Terre”. Il est dit de Moi : “Voici, le Seigneur Dieu vient avec puissance, son bras triomphera.
Il porte avec Lui sa récompense, Il a son œuvre devant ses yeux. Comme un berger, Il fera paître son troupeau”. Il est dit de Moi : “Voici mon Serviteur avec lequel Je serai, en qui se complaît mon âme. En Lui J'ai répandu mon esprit. Il amènera la justice parmi les nations. Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau fêlé, il n'éteindra pas la mèche qui fume encore, il fera justice selon la vérité. Sans être triste ou turbulent, il arrivera à établir sur la Terre la justice, et les îles attendront sa loi”. Il est dit de Moi : “Moi, le Seigneur, Je t'ai appelé dans la justice, Je t'ai pris par la main, Je t'ai préservé, Je t'ai fait alliance du peuple et lumière des nations pour ouvrir les yeux aux aveugles et tirer de la prison les prisonniers, et de la prison souterraine ceux qui gisent dans les ténèbres”. Il est dit de Moi : “L'Esprit du Seigneur est sur Moi, car le Seigneur m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui sont doux, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer la liberté aux esclaves, la libération aux prisonniers, pour annoncer l'année de grâce du Seigneur”. Il est dit de Moi : “Il est le Fort, il fera paître le troupeau avec la force du Seigneur, avec la majesté du nom du Seigneur son Dieu. Ils se convertiront à Lui, parce que dès à présent il sera glorifié jusqu'aux derniers confins du monde”. Il est dit de Moi : “J'irai Moi-même à la recherche de mes brebis. J'irai à la recherche des égarées, je ramènerai celles qui ont été chassées, j'attacherai celles qui ont des fractures, je restaurerai les faibles, je surveillerai celles qui sont grosses et robustes, je les ferai paître avec justice”. Il est dit : “Il est le Prince de la paix et il sera la paix”. Il est dit : “Voici que vient ton Roi, le Juste, le Sauveur. Il est pauvre, il chevauche un ânon. Il annoncera la paix aux nations. Sa domination ira d'une mer à l'autre jusqu'aux extrémités de la Terre”. Il est dit : “Soixante-dix semaines ont été fixées pour ton peuple, pour ta cité sainte afin que soit enlevée la prévarication, que le péché prenne fin, que soit effacée l'iniquité, que vienne l'éternelle justice, que soient accomplies les visions et les prophéties, et que soit oint le Saint des Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux, il sera mis à mort. Après une semaine, il confirmera le testament, mais au milieu de la semaine feront défaut les hosties et les sacrifices et ce sera dans le Temple l'abomination de la désolation et elle durera jusqu'à la fin des siècles”.

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Message par Grosjean Lun 16 Mar 2009 - 8:18

Lundi 3ème semaine de Carême (17ème jour) (suite)
Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je contristé ?


Il n'y aura donc plus d'hosties en ces jours ? L'autel n'aura pas de victimes ? Il aura la grande Victime. Voilà que la voit le prophète :
“Quel est celui qui vient avec les vêtements teints en rouge ? Il est beau dans son vêtement et il marche dans la grandeur de sa force”.
Et comment, Celui qui est pauvre, a-t-il teint son vêtement de pourpre ? Voilà que le dit le prophète : “J'ai abandonné mon corps à ceux qui le frappaient, mes joues à celui qui m'arrachait la barbe, je n'ai pas éloigné mon visage de celui qui m'outrageait. Ma beauté et ma splendeur se sont perdues, et les hommes ne m'ont plus aimé. Les hommes m'ont méprisé, considéré comme le dernier ! Homme de douleurs, mon visage sera voilé et méprisé et ils me regarderont comme un lépreux, alors que c'est pour tous que je serai couvert de plaies et mis à mort. Voici la Victime. Ne crains pas, ô Israël ! Ne crains pas ! L'Agneau pascal ne fait pas défaut ! Ne crains pas, ô Terre ! Ne crains pas. Voici le Sauveur. Comme une brebis il sera conduit à l'abattoir parce qu'il l'a voulu, et il n'a pas ouvert la bouche pour maudire ceux qui le tuent. Après sa condamnation, il sera élevé et consumé dans les souffrances, il aura ses membres déboîtés, ses os découverts, ses pieds et ses mains transpercés. Mais après l'angoisse par laquelle il justifiera un grand nombre, il possédera les multitudes parce que, après avoir livré sa vie à la mort pour le salut du monde, il ressuscitera et gouvernera la Terre, il nourrira les peuples avec les eaux vues par Ezéchiel, qui sortaient du vrai Temple qui, s'il est abattu, se relève par sa propre force, avec le vin dont s'est aussi empourpré le blanc vêtement de l'Agneau sans tache, et avec le Pain venu du Ciel”.
Assoiffés, venez aux eaux ! Affamés, nourrissez-vous ! Epuisés et vous malades, buvez mon vin ! Venez, vous qui n'avez pas d'argent, vous qui n'avez pas de santé, venez ! Et vous qui êtes dans les Ténèbres ! Et vous qui êtes morts, venez ! Je suis la Richesse et le Salut. Je suis la Lumière et la Vie. Venez, vous qui cherchez le Chemin ! Venez, vous qui cherchez la Vérité ! Je suis le Chemin et la Vérité ! Ne craignez pas de ne pas pouvoir consommer l'Agneau parce que manquent les hosties vraiment saintes dans ce Temple profané. Tous vous aurez à manger de l'Agneau de Dieu venu pour enlever les péchés du monde, comme l'a dit de Moi le dernier des prophètes de mon peuple.
De ce peuple auquel je demande : Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je contristé ? Que pouvais-je te donner de plus que ce. que je t'ai donné ? J'ai instruit tes intelligences, j'ai guéri tes malades, j'ai comblé de bienfaits tes pauvres, j'ai rassasié tes foules, je t'ai aimé en tes enfants, j'ai pardonné, j'ai prié pour toi. Je t'ai aimé jusqu'au Sacrifice. Et toi, que prépares-tu pour ton Seigneur ? Une heure, la dernière, t'est donnée, ô mon peuple, ô ma cité royale et sainte. Reviens en cette heure au Seigneur ton Dieu ! »
« Il a dit les vraies paroles ! »
« C'est ainsi qu'il est dit ! Et Lui fait vraiment ce qui est dit ! »
« Comme un berger, il a eu soin de tous ! »
« Comme si nous étions des brebis dispersées, malades, dans le brouillard, il est venu nous amener au vrai chemin, nous guérir âme et corps, nous éclairer. »
« Vraiment tous les peuples viennent à Lui. Regardez là ces gentils comme ils sont dans l'admiration ! »
« Il a annoncé la paix. »
« Il a donné l'amour. »
« Je ne comprends pas ce qu'il dit du sacrifice. Il parle comme si on devait le tuer. »
« C'est ainsi, s'il est l'Homme vu par les prophètes, le Sauveur. »
« Et il parle comme si tout le peuple devait le maltraiter. Cela n'arrivera jamais. Le peuple, nous, nous l'aimons. »
« C'est notre ami. Nous le défendrons. »
« Il est galiléen, et nous de Galilée, nous donnerons notre vie pour Lui. »
« Il vient de David, et nous ne lèverons notre main que pour le défendre, nous de Judée. »
« Et nous qu'il a aimés comme il vous a aimés vous, nous de l'Auranitide, de la Pérée, de la Décapole, pourrions-nous l'oublier ? Tous, tous nous le défendrons. »
Telles sont les paroles dans la foule désormais très nombreuse. Fragilité des intentions humaines ! D'après la position du soleil, je juge qu'il doit être environ neuf heures du matin. Vingt-quatre heures plus tard et cela depuis plusieurs heures, ces gens seront autour du Martyr pour le torturer par la haine et les coups, hurlant pour demander sa mort. Peu, très peu, trop peu parmi les milliers de personnes qui se pressent de tous les endroits de la Palestine et d'au-delà, et qui ont eu lumière, santé, sagesse, pardon du Christ, seront ceux qui non seulement ne chercheront pas à l'arracher à ses ennemis, empêchés par leur petit nombre, mais ne sauront même pas le réconforter en Lui donnant une quelconque preuve d'amour ou en le suivant au moins avec un visage ami.
Les louanges, les marques de sympathie, les commentaires admiratifs se répandent dans la vaste cour comme les flots qui, de la haute mer, s'en vont au loin mourir sur le rivage.
Des scribes, des pharisiens, des juifs tentent de neutraliser l'enthousiasme du peuple qui va de paire avec une ferme opposition aux ennemis du Christ, en disant : « Il délire. Sa lassitude est si grande qu'elle l'amène à délirer. Il voit des persécutions là où il y a des honneurs. Sa parole nous libère les torrents de sa sagesse habituelle, mais mêlés cependant à des phrases de délire. Personne ne veut Lui faire du mal. Nous avons compris, compris qui il est... »
Mais les gens se méfient d'un pareil changement d'humeur et quelqu'un parmi eux se révolte en disant : « Il a guéri mon fils dément. Je sais ce que c'est que la folie. Ce n'est pas ainsi que parle quelqu'un qui est fou ! »
Et un autre : « Laisse-les dire. Ce sont des vipères qui ont peur que le bâton du peuple leur brise les reins. Ils chantent pour nous tromper le doux chant du rossignol, mais si tu écoutes bien, il y a le sifflement du serpent. »
Et un autre encore : « Sentinelles du peuple du Christ, gare à vous ! Quand l'ennemi caresse, il a le poignard caché dans sa manche et il allonge la main pour frapper. Les yeux ouverts et le cœur prêt ! Les chacals ne peuvent devenir des agneaux dociles. »
« Tu dis bien : le hibou réjouit et enchante les oiseaux naïfs par l'immobilité de son corps et la gaieté menteuse de son salut. Il rit et invite par son cri, mais il est déjà prêt à dévorer. »
Et c'est ainsi d'un groupe à l'autre.

Mais il y a aussi les gentils, ces gentils qui toujours plus nombreux ne manquent pas d'écouter le Maître en ces jours de fête. Toujours en marge de la foule, car l'exclusivisme hébreu-palestinien est très fort et il les repousse, voulant les premières places autour du Maître, mais désirant l'approcher et Lui parler. Un groupe nombreux d'entre eux aperçoit Philippe que la foule a refoulé dans un coin. Ils s'approchent de lui pour lui dire : « Seigneur, nous voudrions voir de près Jésus, ton Maître, et Lui parler au moins une fois. »
Philippe se dresse sur la pointe des pieds pour voir s'il découvre quelqu'apôtre plus près du Seigneur. Il voit André et lui crie après l'avoir appelé : « Il y a ici des gentils qui voudraient saluer le Maître. Demande-lui s'il veut les accueillir. »
André, séparé de Jésus par quelques mètres, serré dans la foule, se fraie un passage sans beaucoup d'égards, travaillant généreusement des coudes et criant : « Faites place ! Faites place, dis-je ! Je dois aller vers le Maître. »
Il le rejoint et Lui transmet le désir des gentils.
« Conduis-les dans ce coin. J'irai les trouver. »
Et pendant que Jésus essaie de passer parmi les gens, Jean, qui est revenu avec Pierre, Pierre lui-même, Jude Thaddée, Jacques de Zébédée et Thomas, qui laisse le groupe de ses parents trouvés dans la foule pour aider ses compagnons, s'efforcent de Lui faire un chemin.
Voilà Jésus là où sont arrivés déjà les gentils qui le saluent.
« La paix soit avec vous. Que voulez-vous de Moi ? »
« Te voir. Te parler. Tes paroles nous ont troublés. Depuis longtemps nous désirions te parler pour te dire que ta parole nous frappe, mais nous attendions de le faire à un moment propice. Aujourd'hui... Tu parles de mort... Nous craignons de ne plus pouvoir te parler si nous ne saisissons pas cette heure. Mais est-il possible que les hébreux puissent tuer leur meilleur fils ? Nous sommes gentils, et ta main ne nous a pas secouru. Ta parole nous était inconnue. Nous avions entendu parler vaguement de Toi, mais nous ne t'avions jamais vu ni approché. Et pourtant, tu le vois ! nous te rendons hommage. C'est le monde entier qui t'honore avec nous. »
« Oui, l'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié par les hommes et par les esprits. »
Maintenant les gens entourent de nouveau Jésus, avec la différence que les gentils sont au premier rang, et les autres en arrière.
« Mais alors, si c'est l'heure de ta glorification, tu ne mourras pas comme tu dis ou comme nous avons compris. Car ce n'est pas être glorifié de mourir de cette façon. Comment pourras-tu réunir le monde sous ton sceptre si tu meurs avant de l'avoir fait ? Si ton bras s'immobilise dans la mort, comment pourras-tu triompher et rassembler les peuples ? »
« C'est en mourant que je donne la vie. En mourant, j'édifie. En mourant, je crée le Peuple nouveau. C'est dans le sacrifice que l'on a la victoire. En vérité je vous dis que si le grain de froment tombé sur la terre ne meurt pas, il reste infécond, mais si au contraire il meurt, voilà qu'il produit beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra. Celui qui hait sa vie en ce monde, la sauvera pour la vie éternelle. Moi, ensuite, j'ai le devoir de mourir pour donner cette vie éternelle à tous ceux qui me suivent pour servir la Vérité. Que celui qui veut me servir vienne : la place n'est pas limitée dans mon Royaume à tel ou tel peuple. Quiconque veut me servir qu'il vienne à Moi et me suive, et où je serai, sera aussi mon serviteur. Et celui qui me sert, sera honoré par mon Père, Unique, Vrai Dieu, Seigneur du Ciel et de la Terre, Créateur de tout ce qui existe, Pensée, Parole, Amour, Vie, Chemin, Vérité ; Père, Fils, Esprit Saint, Un en étant Trin, Trin tout en étant Unique, Seul, Vrai Dieu. Mais maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Je dirai peut-être : "Père sauve-moi de cette heure" ? Non, parce que je suis venu pour cela : pour arriver à cette heure. Et alors je dirai : "Père glorifie ton Nom !"«
Jésus ouvre les bras en croix, une croix pourpre contre la blancheur des marbres du portique, il lève son visage en s'offrant, en priant, en montant avec son âme vers le Père.
Et une voix, plus forte que le tonnerre, immatérielle en ce sens qu'elle ne ressemble à aucune voix d'homme, mais très sensible à toutes les oreilles, emplit le ciel serein de la magnifique journée d'avril et elle vibre, plus puissante que l'accord d'un orgue géant, d'une très belle tonalité, proclamant : « Et Moi, Je l'ai glorifié et Je le glorifierai encore. »

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Message par Grosjean Mar 17 Mar 2009 - 8:07

Mardi 3ème semaine de Carême (18ème jour)
: « Et Moi, Je l'ai glorifié et Je le glorifierai encore. »


Les gens ont eu peur. Cette voix si puissante qu'elle a fait vibrer le sol et ce qui s'y trouve, cette voix mystérieuse, différente de toute autre, qui vient d'une source inconnue, cette voix qui emplit tout l'espace, du nord au midi, de l'orient à l'occident, terrorise les hébreux et stupéfait les païens. Les premiers, quand ils le peuvent, se jettent sur le sol, murmurant dans leur crainte : « Maintenant nous allons mourir ! Nous avons entendu la voix du Ciel. Un ange Lui a parlé ! » et ils se battent la poitrine en attendant la mort. Les seconds crient : « Un tonnerre ! Un grondement ! Fuyons ! La Terre a rugi ! Elle a tremblé ! » Mais il est impossible de fuir dans cette cohue qui augmente lorsque les gens, qui étaient encore en dehors des murs du Temple, accourent à l'intérieur en criant : « Pitié pour nous ! Courons ! Ici, c'est le lieu saint. Le mont où s'élève l'autel de Dieu ne se fendra pas ! » Et ainsi chacun reste où il est, bloqué par la foule et l'épouvante.
Sur les terrasses du Temple accourent les prêtres, les scribes, les pharisiens, qui étaient éparpillés dans ses méandres et les lévites et les stratèges, agités, stupéfaits. Mais de tous ceux-là ne descendent pas d'autres, parmi les gens qui sont dans les cours, que Gamaliel avec son fils. Jésus le voit passer, tout blanc dans son vêtement de lin qui est si blanc qu'il resplendit jusque sous le soleil éclatant qui le frappe.
Jésus regarde Gamaliel, mais comme s'il parlait pour tout le monde, il élève la voix pour dire : « Ce n'est pas pour Moi, mais pour vous que cette parole est venue du Ciel. »
Gamaliel s'arrête, se retourne et il transperce par le regard de ses yeux profonds et très noirs - que l'habitude d'être un maître vénéré comme un demi-dieu rend involontairement durs comme ceux des rapaces - le regard de saphir, limpide, doux, dans sa majesté, de Jésus...
Et Jésus continue : « C'est maintenant le jugement de ce monde. C'est maintenant que le Prince des Ténèbres va être chassé dehors. Et Moi, quand je serai élevé j'attirerai tout à Moi, car c'est ainsi que le Fils de l'homme opérera le salut. »
« Nous avons appris des livres de la Loi que le Christ vit éternellement. Et Toi tu te dis le Christ et tu dis que tu dois mourir. Et encore tu dis que tu es le Fils de l'homme et que tu sauverais parce qu'on t'élèvera. Qui es-tu donc ? Le Fils de l'homme ou le Christ ? Et qu'est-ce que le Fils de l'homme ? » dit la foule qui reprend de la hardiesse.
« Ce sont une unique personne. Ouvrez les yeux à la Lumière. C'est encore pour peu que la Lumière est avec vous. Marchez vers la Vérité tant que vous avez la Lumière parmi vous, afin que les Ténèbres ne vous surprennent pas. Ceux qui marchent dans l'obscurité ne savent pas où ils vont aboutir. Tant que vous avez la Lumière parmi vous, croyez en Elle, pour être fils de la Lumière. » Il se tait.
La foule est perplexe et divisée. Une partie s'en va en secouant la tête. Une partie observe l'attitude des principaux dignitaires : pharisiens, chefs des prêtres, scribes... et spécialement de Gamaliel, et ils règlent leurs propres gestes sur cette attitude. D'autres encore approuvent de la tête et s'inclinent devant Jésus avec des signes très clairs qui veulent dire : « Nous croyons ! Nous t'honorons pour ce que tu es. » Mais ils n'osent pas se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils ont peur des yeux attentifs des ennemis du Christ, des puissants, qui les surveillent du haut des terrasses qui dominent les magnifiques portiques qui entourent l'enceinte du Temple.
Gamaliel aussi, après être resté pensif quelques minutes, et qui semble interroger le pavé de marbre pour avoir une réponse aux questions qu'il se pose à lui-même, se dirige de nouveau vers la sortie après un mouvement de la tête et des épaules semblant traduire son désappointement ou son mépris... et il passe tout droit devant Jésus, sans plus le regarder.
Jésus, de son côté, le regarde avec compassion... et il élève de nouveau la voix avec force - c'est comme une trompette de bronze - pour dépasser tous les bruits et être entendu par le grand scribe qui s'en va déçu. Il semble parler pour tout le monde, mais il est évident qu'il parle pour lui seul. Il dit d'une voix très forte : « Celui qui croit en Moi ne croit pas, en vérité, en Moi, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit voit Celui qui m'a envoyé. Et Celui-là est bien le Dieu d'Israël ! Car il n'y a pas d'autre Dieu que Lui. Aussi, je vous dis : si vous ne pouvez croire en Moi, celui que l'on appelle fils de Joseph de David et fils de Marie, de la lignée de David, de la Vierge vue par le prophète, né à Bethléem, comme il est dit par les prophéties, précédé par le Baptiste, comme il est dit encore depuis des siècles, croyez au moins à la Voix de votre Dieu qui vous a parlé du Ciel. Croyez en Moi comme Fils de ce Dieu d'Israël. Que si vous ne croyez pas à Celui qui vous a parlé du Ciel, ce n'est pas Moi que vous offensez, mais votre Dieu dont je suis le Fils.
N'ayez pas la volonté de rester dans les ténèbres ! Je suis venu au monde comme Lumière afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les ténèbres. Ne laissez pas se créer des remords que vous ne pourriez plus apaiser quand je serai retourné là d'où je suis venu, et qui seraient un bien dur châtiment de Dieu pour votre entêtement. Je suis prêt à pardonner tant que je suis parmi vous, tant que le jugement n'est pas fait, et en ce qui me concerne j'ai le désir de pardonner. Mais différente est la pensée de mon Père, car Moi, je suis la Miséricorde et Lui est la Justice.
En vérité je vous dis que si quelqu'un écoute mes paroles et n'en tient pas compte, ce n'est pas Moi qui le juge. Je ne suis pas venu dans le monde pour le juger mais pour le sauver. Mais aussi si Moi je ne juge pas, en vérité je vous dis qu'il y a quelqu'un qui juge vos actions. Mon Père, qui m'a envoyé, juge ceux qui repoussent sa Parole. Oui, celui qui me méprise et ne reconnaît pas la Parole de Dieu et ne reçoit pas les paroles du Verbe, voilà ce qu'il a pour le juger : la parole même que j'ai annoncée, celle qui le jugera au dernier jour.
On ne se moque pas de Dieu, est-il dit. Et le Dieu dont on s'est moqué sera terrible pour ceux qui l'auront jugé fou et menteur.
Rappelez-vous tous que les paroles que vous m'avez entendu dire sont de Dieu. Car je n'ai pas parlé de Moi-même, mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même, m'a prescrit ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et Moi, j'obéis à son commandement car je sais que son commandement est juste. Tout commandement de Dieu est Vie éternelle, et Moi, votre Maître, je vous donne l'exemple de l'obéissance à tout commandement de Dieu. Soyez donc certains que les choses que je vous ai dites et que je vous dis, je les ai dites et je les dis comme mon Père m'a dit de vous les dire. Et mon Père est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ; le Dieu de Moïse, des patriarches et des prophètes, le Dieu d'Israël, votre Dieu. »
Paroles de lumière qui tombent dans les ténèbres qui déjà s'épaississent dans les cœurs !
Gamaliel, qui s'était de nouveau arrêté, la tête penchée reprend sa marche... D'autres le suivent en hochant la tête ou en ricanant.
Jésus aussi s'en va... Mais avant il dit à Judas de Kériot : « Va où tu dois aller », et aux autres : « Chacun est libre d'aller où il doit ou bien où il veut. Qu'avec Moi restent les disciples bergers. »
« Oh ! prends-moi aussi avec Toi, Seigneur ! » dit Etienne.
« Viens... »
Ils se séparent. Je ne sais pas où va Jésus. Mais je sais où va Judas de Kériot. Il va à la Belle Porte, en montant des marches qui mènent de l'Atrium des Gentils à celui des femmes, et après l'avoir traversé, en montant à son extrémité d'autres marches, il jette un coup d'œil dans l'Atrium des Hébreux et, fâché, il frappe le sol du pied parce qu'il ne trouve pas celui qu'il cherche. Il revient sur ses pas. Il voit un des gardes du Temple. Il l'appelle et lui ordonne avec son arrogance habituelle : « Va trouver Eléazar ben Anna. Qu'il vienne tout de suite à la Belle. Judas de Simon l'attend pour des choses graves. »
Il s'appuie à une colonne et attend. Après un moment, Eléazar fils d'Anna, Elchias, Simon, Doras, Cornelius, Sadoc, Nahum et d'autres, accourent avec leurs vêtements qui volent au vent.
Judas parle à voix basse, mais excitée : « Ce soir ! Après la cène. Au Gethsémani. Venez-y et prenez-le. Donnez-moi l'argent. »
« Non. Nous te le donnerons quand tu viendras nous prendre ce soir. Nous ne nous fions pas à toi ! Nous te voulons avec nous. On ne sait jamais ! » raille Elchias. Les autres l'approuvent en chœur.
Judas s'enflamme de dédain à cause de l'insinuation. Il jure : « Je jure sur Jéhovah que je dis la vérité ! »
Sadoc lui répond : « C'est bien. Mais il vaut mieux faire ainsi. Quand c'est l'heure, tu viens, tu prends ceux qui sont chargés de la capture et tu vas avec eux. Qu'il n'arrive pas que les gardes imbéciles arrêtent Lazare au hasard et fassent arriver des malheurs. Tu leur indiqueras l'homme par un signe... Tu dois comprendre ! C'est la nuit... il y aura peu de clarté... les gardes seront fatigués, endormis... Mais si tu les guides !... Voilà ! Qu'en dites-vous ? » Il se tourne vers ses compagnons le perfide Sadoc, et il dit : « Je proposerais comme signal un baiser. Un baiser ! Le meilleur signe pour indiquer l'ami trahi. Ah ! Ah ! »
Tous rient : un chœur de démons ricanant.
Judas est furieux, mais il ne recule pas. Il ne recule plus. Il souffre pour le mépris qu'ils lui montrent, non pas pour ce qu'il va faire, si bien qu'il dit : « Mais rappelez-vous que je veux l'argent compté dans la bourse avant de sortir d'ici avec les gardes. »
« Tu l'auras ! Tu l'auras ! Nous te donnerons même la bourse pour que tu puisses garder l'argent, comme une relique de ton amour. Ah ! Ah ! Ah ! Adieu, serpent ! »
Judas est livide. Il est déjà livide. Il ne perdra jamais plus cette couleur et cette expression d'épouvante désespérée. Au contraire, avec les heures, elle s'accentuera toujours jusqu'à être insoutenable à la vue quand il sera pendu à l'arbre...
Il s'enfuit...

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Message par Grosjean Mar 17 Mar 2009 - 8:09

Mardi 3ème semaine de Carême (18ème jour):
« Et Moi, Je l'ai glorifié et Je le glorifierai encore. »


Les gens ont eu peur. Cette voix si puissante qu'elle a fait vibrer le sol et ce qui s'y trouve, cette voix mystérieuse, différente de toute autre, qui vient d'une source inconnue, cette voix qui emplit tout l'espace, du nord au midi, de l'orient à l'occident, terrorise les hébreux et stupéfait les païens. Les premiers, quand ils le peuvent, se jettent sur le sol, murmurant dans leur crainte : « Maintenant nous allons mourir ! Nous avons entendu la voix du Ciel. Un ange Lui a parlé ! » et ils se battent la poitrine en attendant la mort. Les seconds crient : « Un tonnerre ! Un grondement ! Fuyons ! La Terre a rugi ! Elle a tremblé ! » Mais il est impossible de fuir dans cette cohue qui augmente lorsque les gens, qui étaient encore en dehors des murs du Temple, accourent à l'intérieur en criant : « Pitié pour nous ! Courons ! Ici, c'est le lieu saint. Le mont où s'élève l'autel de Dieu ne se fendra pas ! » Et ainsi chacun reste où il est, bloqué par la foule et l'épouvante.
Sur les terrasses du Temple accourent les prêtres, les scribes, les pharisiens, qui étaient éparpillés dans ses méandres et les lévites et les stratèges, agités, stupéfaits. Mais de tous ceux-là ne descendent pas d'autres, parmi les gens qui sont dans les cours, que Gamaliel avec son fils. Jésus le voit passer, tout blanc dans son vêtement de lin qui est si blanc qu'il resplendit jusque sous le soleil éclatant qui le frappe.
Jésus regarde Gamaliel, mais comme s'il parlait pour tout le monde, il élève la voix pour dire : « Ce n'est pas pour Moi, mais pour vous que cette parole est venue du Ciel. »
Gamaliel s'arrête, se retourne et il transperce par le regard de ses yeux profonds et très noirs - que l'habitude d'être un maître vénéré comme un demi-dieu rend involontairement durs comme ceux des rapaces - le regard de saphir, limpide, doux, dans sa majesté, de Jésus...
Et Jésus continue : « C'est maintenant le jugement de ce monde. C'est maintenant que le Prince des Ténèbres va être chassé dehors. Et Moi, quand je serai élevé j'attirerai tout à Moi, car c'est ainsi que le Fils de l'homme opérera le salut. »
« Nous avons appris des livres de la Loi que le Christ vit éternellement. Et Toi tu te dis le Christ et tu dis que tu dois mourir. Et encore tu dis que tu es le Fils de l'homme et que tu sauverais parce qu'on t'élèvera. Qui es-tu donc ? Le Fils de l'homme ou le Christ ? Et qu'est-ce que le Fils de l'homme ? » dit la foule qui reprend de la hardiesse.
« Ce sont une unique personne. Ouvrez les yeux à la Lumière. C'est encore pour peu que la Lumière est avec vous. Marchez vers la Vérité tant que vous avez la Lumière parmi vous, afin que les Ténèbres ne vous surprennent pas. Ceux qui marchent dans l'obscurité ne savent pas où ils vont aboutir. Tant que vous avez la Lumière parmi vous, croyez en Elle, pour être fils de la Lumière. » Il se tait.
La foule est perplexe et divisée. Une partie s'en va en secouant la tête. Une partie observe l'attitude des principaux dignitaires : pharisiens, chefs des prêtres, scribes... et spécialement de Gamaliel, et ils règlent leurs propres gestes sur cette attitude. D'autres encore approuvent de la tête et s'inclinent devant Jésus avec des signes très clairs qui veulent dire : « Nous croyons ! Nous t'honorons pour ce que tu es. » Mais ils n'osent pas se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils ont peur des yeux attentifs des ennemis du Christ, des puissants, qui les surveillent du haut des terrasses qui dominent les magnifiques portiques qui entourent l'enceinte du Temple.
Gamaliel aussi, après être resté pensif quelques minutes, et qui semble interroger le pavé de marbre pour avoir une réponse aux questions qu'il se pose à lui-même, se dirige de nouveau vers la sortie après un mouvement de la tête et des épaules semblant traduire son désappointement ou son mépris... et il passe tout droit devant Jésus, sans plus le regarder.
Jésus, de son côté, le regarde avec compassion... et il élève de nouveau la voix avec force - c'est comme une trompette de bronze - pour dépasser tous les bruits et être entendu par le grand scribe qui s'en va déçu. Il semble parler pour tout le monde, mais il est évident qu'il parle pour lui seul. Il dit d'une voix très forte : « Celui qui croit en Moi ne croit pas, en vérité, en Moi, mais en Celui qui m'a envoyé, et celui qui me voit voit Celui qui m'a envoyé. Et Celui-là est bien le Dieu d'Israël ! Car il n'y a pas d'autre Dieu que Lui. Aussi, je vous dis : si vous ne pouvez croire en Moi, celui que l'on appelle fils de Joseph de David et fils de Marie, de la lignée de David, de la Vierge vue par le prophète, né à Bethléem, comme il est dit par les prophéties, précédé par le Baptiste, comme il est dit encore depuis des siècles, croyez au moins à la Voix de votre Dieu qui vous a parlé du Ciel. Croyez en Moi comme Fils de ce Dieu d'Israël. Que si vous ne croyez pas à Celui qui vous a parlé du Ciel, ce n'est pas Moi que vous offensez, mais votre Dieu dont je suis le Fils.
N'ayez pas la volonté de rester dans les ténèbres ! Je suis venu au monde comme Lumière afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les ténèbres. Ne laissez pas se créer des remords que vous ne pourriez plus apaiser quand je serai retourné là d'où je suis venu, et qui seraient un bien dur châtiment de Dieu pour votre entêtement. Je suis prêt à pardonner tant que je suis parmi vous, tant que le jugement n'est pas fait, et en ce qui me concerne j'ai le désir de pardonner. Mais différente est la pensée de mon Père, car Moi, je suis la Miséricorde et Lui est la Justice.
En vérité je vous dis que si quelqu'un écoute mes paroles et n'en tient pas compte, ce n'est pas Moi qui le juge. Je ne suis pas venu dans le monde pour le juger mais pour le sauver. Mais aussi si Moi je ne juge pas, en vérité je vous dis qu'il y a quelqu'un qui juge vos actions. Mon Père, qui m'a envoyé, juge ceux qui repoussent sa Parole. Oui, celui qui me méprise et ne reconnaît pas la Parole de Dieu et ne reçoit pas les paroles du Verbe, voilà ce qu'il a pour le juger : la parole même que j'ai annoncée, celle qui le jugera au dernier jour.
On ne se moque pas de Dieu, est-il dit. Et le Dieu dont on s'est moqué sera terrible pour ceux qui l'auront jugé fou et menteur.
Rappelez-vous tous que les paroles que vous m'avez entendu dire sont de Dieu. Car je n'ai pas parlé de Moi-même, mais le Père qui m'a envoyé, Lui-même, m'a prescrit ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et Moi, j'obéis à son commandement car je sais que son commandement est juste. Tout commandement de Dieu est Vie éternelle, et Moi, votre Maître, je vous donne l'exemple de l'obéissance à tout commandement de Dieu. Soyez donc certains que les choses que je vous ai dites et que je vous dis, je les ai dites et je les dis comme mon Père m'a dit de vous les dire. Et mon Père est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ; le Dieu de Moïse, des patriarches et des prophètes, le Dieu d'Israël, votre Dieu. »
Paroles de lumière qui tombent dans les ténèbres qui déjà s'épaississent dans les cœurs !
Gamaliel, qui s'était de nouveau arrêté, la tête penchée reprend sa marche... D'autres le suivent en hochant la tête ou en ricanant.
Jésus aussi s'en va... Mais avant il dit à Judas de Kériot : « Va où tu dois aller », et aux autres : « Chacun est libre d'aller où il doit ou bien où il veut. Qu'avec Moi restent les disciples bergers. »
« Oh ! prends-moi aussi avec Toi, Seigneur ! » dit Etienne.
« Viens... »
Ils se séparent. Je ne sais pas où va Jésus. Mais je sais où va Judas de Kériot. Il va à la Belle Porte, en montant des marches qui mènent de l'Atrium des Gentils à celui des femmes, et après l'avoir traversé, en montant à son extrémité d'autres marches, il jette un coup d'œil dans l'Atrium des Hébreux et, fâché, il frappe le sol du pied parce qu'il ne trouve pas celui qu'il cherche. Il revient sur ses pas. Il voit un des gardes du Temple. Il l'appelle et lui ordonne avec son arrogance habituelle : « Va trouver Eléazar ben Anna. Qu'il vienne tout de suite à la Belle. Judas de Simon l'attend pour des choses graves. »
Il s'appuie à une colonne et attend. Après un moment, Eléazar fils d'Anna, Elchias, Simon, Doras, Cornelius, Sadoc, Nahum et d'autres, accourent avec leurs vêtements qui volent au vent.
Judas parle à voix basse, mais excitée : « Ce soir ! Après la cène. Au Gethsémani. Venez-y et prenez-le. Donnez-moi l'argent. »
« Non. Nous te le donnerons quand tu viendras nous prendre ce soir. Nous ne nous fions pas à toi ! Nous te voulons avec nous. On ne sait jamais ! » raille Elchias. Les autres l'approuvent en chœur.
Judas s'enflamme de dédain à cause de l'insinuation. Il jure : « Je jure sur Jéhovah que je dis la vérité ! »
Sadoc lui répond : « C'est bien. Mais il vaut mieux faire ainsi. Quand c'est l'heure, tu viens, tu prends ceux qui sont chargés de la capture et tu vas avec eux. Qu'il n'arrive pas que les gardes imbéciles arrêtent Lazare au hasard et fassent arriver des malheurs. Tu leur indiqueras l'homme par un signe... Tu dois comprendre ! C'est la nuit... il y aura peu de clarté... les gardes seront fatigués, endormis... Mais si tu les guides !... Voilà ! Qu'en dites-vous ? » Il se tourne vers ses compagnons le perfide Sadoc, et il dit : « Je proposerais comme signal un baiser. Un baiser ! Le meilleur signe pour indiquer l'ami trahi. Ah ! Ah ! »
Tous rient : un chœur de démons ricanant.
Judas est furieux, mais il ne recule pas. Il ne recule plus. Il souffre pour le mépris qu'ils lui montrent, non pas pour ce qu'il va faire, si bien qu'il dit : « Mais rappelez-vous que je veux l'argent compté dans la bourse avant de sortir d'ici avec les gardes. »
« Tu l'auras ! Tu l'auras ! Nous te donnerons même la bourse pour que tu puisses garder l'argent, comme une relique de ton amour. Ah ! Ah ! Ah ! Adieu, serpent ! »
Judas est livide. Il est déjà livide. Il ne perdra jamais plus cette couleur et cette expression d'épouvante désespérée. Au contraire, avec les heures, elle s'accentuera toujours jusqu'à être insoutenable à la vue quand il sera pendu à l'arbre...
Il s'enfuit...

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Message par Grosjean Mar 17 Mar 2009 - 8:15

Mardi 3ème semaine de Carême (18ème jour)(suite):
Soutiens-moi, Mère


Jésus s'est réfugié dans le jardin d'une maison amie, un jardin tranquille des premières maisons de Sion. Il est entouré de murs élevés et anciens. Il est silencieux et frais, couvert comme il l'est par les feuillages un peu agités des vieux arbres. Une voix de femme peu lointaine chante une douce berceuse.
Il a dû se passer des heures car les serviteurs de Lazare, de retour après être allés je ne sais où, disent : « Tes disciples sont déjà dans la maison où on prépare la cène et Jean, après avoir apporté avec nous les fruits aux enfants de Jeanne de Chouza, s'en est allé prendre les femmes pour les accompagner chez Joseph d'Alphée, qui est venu seul aujourd'hui, alors que sa mère ne comptait plus le voir, et puis, de là, à la maison de la cène car c'est le soir. »
« Nous irons nous aussi. L’heure des cènes est arrivée... » Jésus se lève pour remettre son manteau.
« Maître, il y a là dehors des personnes, des personnes fortunées. Elles voudraient te parler sans être vues par les pharisiens » dit un serviteur.
« Fais-les entrer. Esther ne s'y opposera pas. N'est-ce pas, femme ? » dit Jésus en se tournant vers une femme d'âge mûr qui accourt pour le saluer.
« Non, Maître. Ma maison est la tienne, tu le sais. Tu ne t'en es servi que trop peu ! »
« Autant qu'il faut pour dire à mon cœur : c'était une maison amie. » Il commande au serviteur : « Conduis ceux qui attendent. »
Il entre une trentaine de personnes bien mises. Elles le saluent.
Quelqu'un parle au nom de tous : « Maître, tes paroles nous ont secoués. Nous avons entendu en Toi la voix de Dieu. Mais ils nous traitent de fous parce que nous croyons en Toi. Que faire alors ? »
« Ce n'est pas à Moi qu'il croit celui qui croit en Moi, mais il croit à Celui qui m'a envoyé et dont aujourd'hui vous avez entendu la voix très sainte. Ce n'est pas Moi que voit celui qui me voit, mais il voit Celui qui m'a envoyé, car je suis une seule chose avec mon Père. A cause de cela, je vous dis que vous devez croire pour ne pas offenser Dieu, qui est mon Père et le vôtre, et qui vous aime jusqu'à sacrifier son Fils Unique. S'il y a des doutes dans les cœurs que je sois le Christ, il n'y a pas de doute que Dieu est au Ciel, et la voix de Dieu que j'ai appelé Père, aujourd'hui, au Temple, en Lui demandant de glorifier son Nom, a répondu à Celui qui l'appelait Père, et sans Lui dire "menteur ou blasphémateur" comme disent plusieurs. Dieu a confirmé qui je suis : sa Lumière. Je suis la Lumière venue au monde afin que celui qui croit en Moi ne reste pas dans les Ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ensuite ne les met pas en pratique, Moi je ne le juge pas. Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me méprise et ne reçoit pas mes paroles a quelqu'un qui le juge. La parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour. En effet, elle était sage, parfaite, douce, simple, comme l'est Dieu. Car cette Parole, c'est Dieu. Ce n'est pas Moi, Jésus de Nazareth, appelé le fils de Joseph le menuisier de la race de David et fils de Marie, enfant hébraïque, vierge de la race de David mariée à Joseph, qui ai parlé. Non. Je n'ai pas parlé de Moi-même, mais c'est mon Père, Celui qui est dans les Cieux et dont le nom est Jéhovah, Celui qui aujourd'hui a parlé, Celui qui m'a envoyé, qui m'a prescrit de dire ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et je sais que dans son commandement il y a la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme me les a dites le Père, et en elles il y a la Vie. C'est pour cela que je vous dis : écoutez-les. Mettez-les en pratique et vous aurez la Vie. Car ma parole est Vie, et celui qui l'accueille, accueille, en même temps que Moi, le Père des Cieux qui m'a envoyé pour vous donner la Vie. Et celui qui a Dieu en lui a en lui la Vie. Allez. Que la paix vienne à vous et y reste. »
Il les bénit et les congédie. Il bénit aussi les disciples. Il retient seulement Isaac et Etienne. Il embrasse les autres et les congédie et, quand ils sont partis, il sort le dernier avec les deux, et il va avec eux par les ruelles les plus solitaires et déjà sombres, à la maison du Cénacle. Arrivé là, il embrasse et bénit avec un amour particulier Isaac et Etienne, il les baise, les bénit de nouveau, les regarde partir, et puis il frappe et entre...
Jésus dit :
« Tu mettras ici les visions de l'adieu à ma Mère, du Cénacle, de la Cène. Et maintenant faisons nous deux, toi et Moi, la vraie commémoration pascale. Viens... »

18. DESCRIPTION DU CENACLE ET ADIEU A LA MERE AVANT LA DERNIERE CENE

Je vois le cénacle où doit se consommer la Pâque.
Je le vois distinctement : je pourrais énumérer toutes les rugosités du mur et les fissures du pavé. C'est une pièce qui n'est pas parfaitement carrée mais aussi peu rectangulaire. Il peut y avoir un mètre ou un peu plus de différence, au maximum, entre le côté le plus long et le plus court. Le plafond est bas. Peut-être il paraît ainsi à cause de sa grandeur à laquelle ne correspond pas la hauteur. Il est légèrement voûté, c'est-à-dire que les deux côtés les plus courts ne se terminent pas à angle droit avec le plafond mais par un arrondi.
Dans les deux côtés les plus courts se trouvent deux larges fenêtres, larges et basses, qui regardent sur le dehors. Je ne vois pas où elles regardent, si c'est sur une cour ou sur un chemin, parce qu'elles sont garnies de châssis qui les tiennent bien closes. J'ai dit : châssis, et je ne sais pas si c'est le mot juste. Ce sont des volets plats, bien serrés par une barre de fer qui les traverse. Le pavé est fait de larges briques de terre cuite carrées que le temps a décolorées. Au milieu du plafond pend une lampe à huile à plusieurs becs. Des murs les plus longs, l'un n'a aucune ouverture. Dans l'autre, au contraire, il y a dans un coin une petite porte à laquelle on accède par un petit escalier sans rampe de six marches, qui se termine par un palier d'un mètre carré. Sur celui-ci il y a, contre le mur, une autre marche et la porte s'ouvre à son niveau. Je ne sais si je me suis bien expliquée.
Les murs sont simplement blanchis, sans décorations ni bordures. Au milieu de la pièce, une table rectangulaire, très longue pour sa largeur, disposée parallèlement au mur le plus long, en bois très ordinaire. Contre les murs les plus longs, ce qui servira de sièges. Près des murs les plus courts, d'un côté sous la fenêtre, une sorte de coffre avec dessus des bassins et des amphores, et sous l'autre fenêtre une crédence basse et longue sur laquelle, pour le moment, il n'y a rien.
C'est la description de la pièce où se consommera la Pâque.
C'est toute la journée que je la vois distinctement, si bien que j'ai pu compter les marches et observer tous les détails. Puis, maintenant que vient la nuit, mon Jésus m'amène au reste de la contemplation.
Je vois que la pièce conduit par le petit escalier de six marches à une entrée sombre qui, à gauche par rapport à moi, s'ouvre sur la route par une porte large, basse et très massive, renforcée par des clous et des lames de fer. En face de la petite porte qui du cénacle conduit dans l'entrée, il y a une autre porte qui mène dans une autre pièce moins vaste. Je dirais que le cénacle a été gagné par une dénivellation du sol par rapport au reste de la maison et de la route, qu'il est comme un sous-sol, une demie cave nettoyée et arrangée, mais toujours enfoncée d'un bon mètre dans le sol, peut-être pour le rendre plus haut et proportionné à sa superficie.
Dans la pièce que je vois maintenant se trouve Marie avec d'autres femmes. Je reconnais Marie-Magdeleine et Marie, mère de Jacques, Jude et Simon. Il semble qu'elles viennent d'arriver, conduites par Jean, car elles quittent leurs manteaux et, après les avoir pliés, les posent sur les tabourets disséminés dans la pièce pendant qu'elles saluent l'apôtre qui s'en va et une femme et un homme accourus à leur arrivée. J'ai l'impression que ces derniers sont les maîtres de maison et des disciples ou des sympathisants du Nazaréen, car ils sont pleins d'empressement et de respectueuse familiarité pour Marie.
Celle-ci est vêtue de bleu foncé, un bleu indigo très foncé. Elle a sur la tête un voile blanc que l'on voit quand elle enlève le manteau qui lui couvrait même la tête. Son visage est très flétri. Elle semble vieillie. Très triste, bien qu'elle sourie avec douceur, et très pâle. Ses mouvements même sont las et embarrassés comme ceux d'une personne absorbée dans ses pensées.
Par la porte entrouverte je vois le propriétaire aller et venir dans l'entrée et le cénacle, qu'il éclaire complètement en allumant les becs restants de la lampe à huile. Ensuite il va à la porte de la rue et il l'ouvre, et Jésus entre avec ses apôtres. Je vois que c'est le soir car les ombres de la nuit descendent dans la route étroite entre les hautes maisons. Il est avec tous les apôtres.
Il salue le propriétaire par son salut habituel : « La paix soit à cette maison » et puis, alors que les apôtres descendent au cénacle, Lui entre dans la pièce où se trouve Marie.
Les pieuses femmes saluent très respectueusement et elles s'en vont en fermant la porte, pour laisser libres la Mère et le Fils.
Jésus embrasse sa Mère et la baise au front. Marie baise d'abord la main de son Fils et ensuite sa joue droite. Jésus fait asseoir Marie et s'assoit à côté d'elle sur un tabouret voisin. Il la fait asseoir en la tenant par la main et continue à tenir sa main lorsqu'elle est assise.
Jésus aussi est absorbé, pensif, triste, bien qu'il s'efforce de sourire. Marie étudie, angoissée, l'expression de son visage. Pauvre Mère à laquelle la grâce et l'amour font comprendre que c'est l'heure ! Des contractions douloureuses parcourent le visage de Marie et ses yeux se dilatent à la vision intérieure d'une douleur atroce. Mais elle ne fait pas de scène. Elle est majestueuse comme son Fils qui lui parle. Il la salue et se recommande à ses prières.
« Mère, je suis venu pour prendre de la force et du réconfort auprès de toi. Mère, je suis comme un petit enfant qui a besoin du cœur de sa mère à cause de sa douleur, et du sein de sa mère pour avoir la force. Je suis redevenu, à cette heure, ton petit Jésus d'autrefois. Je ne suis pas le Maître, Mère, je suis uniquement ton Fils, comme à Nazareth quand j'étais petit, comme à Nazareth avant de quitter la vie privée. Je n'ai que toi. Les hommes, en ce moment, ne sont pas les amis loyaux de ton Jésus. Ils ne sont même pas courageux dans le bien. Seuls les mauvais savent être constants et forts en opérant le mal. Mais toi tu m'es fidèle et tu es ma force, Mère, à cette heure. Soutiens-moi par ton amour et ta prière. Il n'y a que toi qui à cette heure sache prier parmi ceux qui m'aiment plus ou moins. Prier et comprendre. Les autres sont en fête, absorbés par des pensées de fête ou des pensées de crime pendant que je souffre de tant de choses. Beaucoup de choses mourront après cette heure. Et parmi celles-ci leur humanité, et ils sauront être dignes de Moi, tous, sauf celui qui s'est perdu et qu'aucune force n'est capable de ramener au moins au repentir. Mais pour l'instant ce sont encore des inconscients qui ne comprennent pas que je vais mourir, alors qu'eux se réjouissent en croyant que jamais mon triomphe n'a été plus proche. Les hosannas d'il y a quelques jours les ont enivrés. Mère, c'est pour cette heure que je suis venu, et surnaturellement je la vois arriver avec joie. Mais mon Moi la craint aussi parce que ce calice a pour nom trahison, reniement, férocité, blasphème, abandon. Soutiens-moi, Mère. Comme quand par ta prière tu as attiré sur toi l'Esprit de Dieu, pour donner par Lui au monde Celui qu'attendent les nations, attire maintenant sur ton Fils la force qui m'aide à accomplir l'œuvre pour laquelle je suis venu. Mère, adieu. Bénis-moi, Mère, même au nom du Père. Et pardonne à tous. Pardonnons ensemble, dès à présent pardonnons à ceux qui nous torturent. »
En parlant Jésus a glissé aux pieds de sa Mère, à genoux, et il la regarde en la tenant embrassée à la taille.
Marie pleure sans gémir, le visage légèrement levé pour une prière intérieure à Dieu. Les larmes roulent sur ses joues pâles et tombent sur son sein et sur la tête de Jésus qu'il appuie enfin sur son cœur. Puis Marie met sa main sur la tête de Jésus comme pour le bénir et puis se penche, baise ses cheveux, elle les caresse, caresse ses épaules, ses bras, Lui prend le visage dans ses mains et le tourne vers elle, le serre contre son cœur. Elle le baise encore une fois dans ses larmes sur son front, sur ses joues, sur ses yeux douloureux, elle la berce, cette pauvre tête lasse, comme si c'était un enfant, comme je l'ai vue bercer à la Grotte son divin Nouveau né. Mais elle ne chante pas maintenant. Elle dit seulement : « Fils ! Fils ! Jésus ! Mon Jésus ! » Mais d'une telle voix qu'elle me déchire.
Puis Jésus se relève. Il ajuste son manteau, reste debout en face de la Mère qui pleure encore et, à son tour, il la bénit. Puis il se dirige vers la porte et, avant de sortir, il lui dit : « Mère, je viendrai encore avant de consommer ma Pâque. Prie en m'attendant. » Et il sort.

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Message par Grosjean Mer 18 Mar 2009 - 8:38

Mercredi 3ème semaine de Carême (19ème jour)
"Cette heure changera une infinité de choses qui avant étaient ainsi et qui maintenant seront différentes.
"


19. LA CENE PASCALE

C'est le commencement de la souffrance du Jeudi Saint.
Les apôtres - ils sont dix - s'occupent activement de préparer le Cénacle.
Judas, grimpé sur la table, regarde s'il y a de l'huile dans tous les lampions du grand lampadaire qui ressemble à une corolle de fuchsia double, car la tige de suspension est entourée de cinq ampoules qui ressemblent à des pétales, puis un second tour, plus bas, qui est une vraie couronne de petites flammes ; puis il y a enfin trois petits lampions suspendus à des chaînettes qui semblent les pistils de la fleur lumineuse.
Puis il saute par terre et aide André à disposer avec art la vaisselle sur la table sur laquelle on a étendu une nappe très fine. J'entends André qui dit : « Quel lin splendide ! »
Et l'Iscariote : « Un des meilleurs de Lazare. Marthe a voulu absolument l'apporter. »
« Et ces calices ? et ces amphores, alors » observe Thomas qui a mis le vin dans les amphores précieuses et les regarde avec admiration en se regardant dans leurs fines panses et il en caresse les poignées ciselées d'un œil de connaisseur.
« Qui sait quelle valeur, hein ? » demande Judas Iscariote.
« C'est travaillé au marteau. Mon père en serait fou. L'argent et l'or en feuilles se plient facilement à la chaleur. Mais traité ainsi... Un moment peut tout abîmer. Il suffit d'un coup mal donné. Il faut en même temps de la force et de la légèreté. Tu vois les poignées ? Elles sont tirées de la masse et ne sont pas soudées. Choses de riches... Pense que toute la limaille et le dégrossissement se perdent. Je ne sais pas si tu me comprends. »
« Hé ! si je comprends ! C'est comme fait un sculpteur. »
« Tout à fait cela. »
Tous admirent, puis retournent à leur travail. Tel dispose les sièges et tel autre prépare les crédences.
Pierre et Simon entrent ensemble.
« Oh ! vous êtes venus finalement ! Où êtes-vous allés de nouveau ? Après être arrivés avec le Maître et nous, vous vous êtes enfuis de nouveau » dit l'Iscariote.
« Encore une tâche avant l'heure » répond brièvement Simon.
« Tu es mélancolique ? »
« Je crois qu'avec ce qu'on a entendu en ces jours de ces lèvres que jamais on ne trouve mensongères, il y a bien de quoi. »
« Et avec cette puanteur de... Bon ! tais-toi, Pierre » murmure Pierre entre ses dents.
« Toi aussi !... Tu me sembles fou depuis quelques jours. Tu sembles un lapin sauvage qui perçoit derrière lui le chacal » répond Judas l'Iscariote.
« Et toi, tu as le museau de la fouine. Toi aussi, tu n'es pas très beau depuis quelques jours. Tu regardes d'une façon... Tu as même l'œil de travers... Qui attends-tu ou qu'espères-tu voir ? Tu sembles plein d'assurance, tu veux le faire paraître, mais tu as l'air de quelqu'un qui a peur » réplique Pierre.
« Oh ! Quant à la peur !... Tu n'es certainement pas un héros, toi non plus ! »
« Personne de nous ne l'est, Judas. Tu portes le nom du Macchabée, mais tu ne l'es pas. Moi, je dis avec mon nom : "Dieu fait grâce", mais je te jure que j'ai en moi le tremblement de qui sait porter malheur et d'être surtout dans la disgrâce de Dieu. Simon de Jonas, rebaptisé "la pierre", est mou maintenant comme de la cire près du feu. Il ne se cramponne plus à sa propre volonté. Lui, que je n'ai jamais vu trembler dans les plus violentes tempêtes ! Mathieu, Barthélemy et Philippe semblent des somnambules. Mon frère et André ne font que soupirer. Les deux cousins, qui souffre et par la parenté et par leur l'amour envers le Maître, regarde-les. Ils semblent déjà des vieillards. Thomas a perdu son entrain, et Simon semble redevenu le lépreux épuisé d'il y a maintenant trois ans tant il est creusé par la douleur, je dirais corrodé, livide, avili » lui répond Jean.
« Oui. Il nous a tous suggestionnés par sa mélancolie » observe l'Iscariote.
« Mon cousin Jésus, mon Maître et Seigneur et le vôtre, est et n'est pas mélancolique. Si tu veux dire par ce nom qu'il est triste à cause de la douleur excessive que tout Israël est en train de Lui donner, et que nous voyons, et l'autre douleur cachée que Lui seul voit, je te dis : "Tu as raison". Mais si tu uses de ce terme pour dire qu'il est fou, je te l'interdis » dit Jacques d'Alphée.
« Et n'est-ce pas de la folie qu'une idée fixe de mélancolie ? J'ai fait aussi des études profanes, et je sais. Il a trop donné de Lui-même. Maintenant il a l'esprit épuisé. »
« Ce qui signifie de la démence. N'est-ce pas ? » demande l'autre cousin Jude, apparemment calme.
« Tout à fait cela ! Il avait bien vu ton père, juste de sainte mémoire, à qui tu ressembles pour la justice et la sagesse ! Jésus, triste destin d'une illustre maison trop vieille et frappée de sénilité psychique, a toujours eu une tendance à cette maladie, d'abord douce, puis toujours de plus en plus agressive. Tu as vu comme il a attaqué pharisiens et scribes, sadducéens et hérodiens. Il s'est rendu la vie impossible comme un chemin couvert d'éclats de quartz. Et c'est Lui qui les a semés. Nous... nous l'aimions tant que l'amour nous l'a caché. Mais ceux qui l'ont aimé sans l'idolâtrer : ton père, ton frère Joseph, et Simon au début, ont vu juste... nous devions ouvrir les yeux en les écoutant. Au contraire, nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade. Et maintenant... Hélas ! »
Jude Thaddée qui, aussi grand que l'Iscariote, est justement en face de lui et paraît l'écouter paisiblement, a un déclic violent et d'un puissant revers de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue, sans éclat de voix, se penchant, siffle sur son visage de lâche, et Judas ne réagit pas, craignant peut-être que le Thaddée soit au courant de son crime : « Voilà pour la démence, reptile ! Et c'est seulement parce que Lui est à côté et que c'est le soir de Pâque que je ne t'étrangle pas. Mais réfléchis, réfléchis bien ! S'il Lui arrive du mal et qu'il n'est plus là pour arrêter ma force, personne ne te sauve. C'est comme si déjà tu avais la corde au cou et ce seront ces mains honnêtes et fortes d'artisan galiléen et de descendant du frondeur de Goliath qui feront ton affaire. Lève-toi, mollasson libertin ! Et surveille ta conduite. »
Judas se lève, livide, sans la moindre réaction. Et, ce qui me surprend, personne ne réagit au nouveau geste du Thaddée. Au contraire !... Il est clair que tous approuvent.
L'ambiance est à peine redevenue tranquille que Jésus entre. Il se présente au seuil de la petite porte par laquelle sa grande taille passe difficilement, met le pied sur le petit palier et, avec son sourire doux et triste, dit en ouvrant les bras : « La paix soit avec vous. » Sa voix est lasse comme celle de quelqu'un qui souffre physiquement et moralement.
11 descend, caresse la tête blonde de Jean qui est accouru près de Lui. Comme s'il ignorait tout, il sourit à son cousin Jude et il dit à l'autre cousin : « Ta mère te prie d'être doux avec Joseph. Tout à l'heure il a demandé aux femmes de mes nouvelles et des tiennes. Je regrette de ne l'avoir pas salué. »
« Tu le feras demain. »
« Demain ?... Mais j'aurai toujours le temps de le voir... Oh ! Pierre ! Nous allons rester finalement un peu ensemble ! Depuis hier, tu sembles pour Moi un feu follet. Je te vois, puis je ne te vois plus. Aujourd'hui je puis presque dire que je t'ai perdu. Toi aussi, Simon. »
« Nos cheveux plutôt blancs que noirs peuvent t'assurer que nous ne nous sommes pas absentés par désir de la chair » dit Simon avec sérieux.
« Bien que... à tout âge on peut avoir cette faim... Les vieux ! Pires que les jeunes... » dit l'Iscariote offensif.
Simon le regarde et il va répliquer. Mais Jésus le regarde aussi et dit : « Tu as mal aux dents ? Tu as la joue droite enflée et rouge. »
« Oui, j'ai mal. Mais ce n'est pas la peine de s'en occuper. »
Les autres ne disent rien, et l'affaire se termine ainsi.
« Avez-vous fait tout ce qu'il fallait faire ? Toi, Mathieu ? Et toi ? André ? Et toi, Judas, as-tu pensé à l'offrande au Temple ? »
Les deux premiers, aussi bien que l'Iscariote, disent : « Tout est fait de ce que tu avais dit de faire pour aujourd'hui. Sois tranquille. »
« Moi, j'ai apporté les primeurs de Lazare à Jeanne de Chousa, pour les enfants. Ils m'ont dit : "Elles étaient meilleurs ces pommes !" Elles avaient la saveur de la faim, celles-là ! Et c'était tes pommes » dit Jean souriant et rêvant.
Jésus aussi sourit à un souvenir...
« J'ai vu Nicodème et Joseph » dit Thomas.
« Tu les as vus ? Tu as parlé avec eux ? » demande l'Iscariote avec un intérêt exagéré.
« Oui. Qu'y a-t-il d'étrange ? Joseph est un bon client de mon père. »
« Tu ne l'avais pas dit avant... C'est pour cela que j'ai été étonné !... » Judas essaie d’atténuer l'impression, qu'il avait donnée d'abord, de son inquiétude pour la rencontre de Joseph et de Nicodème avec Thomas.
« Il me semble étrange qu'ils ne soient pas venus ici pour te vénérer. Ni eux, ni Chousa, ni Manaën... Aucun des... »
Mais l'Iscariote, avec un faux rire, interrompt Barthélemy et il dit : « Le crocodile se terre quand il le faut. »
« Que veux-tu dire ? Qu'insinues-tu ? » demande Simon, agressif comme il n'a jamais été.
« Paix, paix ! Mais qu'avez-vous ? C'est la soirée pascale ! Jamais nous n'avons eu un si digne apparat pour consommer l'agneau. Consommons donc la cène dans un esprit de paix. Je vois que je vous ai beaucoup troublés par mes instructions de ces derniers soirs. Mais, vous voyez ? J'ai fini ! Maintenant je ne vous troublerai plus. Tout n'est pas dit de ce qui se rapporte à Moi. Seulement l'essentiel. Le reste... vous le comprendrez par la suite. Il vous sera dit... Oui. Il viendra Celui qui vous le dira ! Jean, va avec Judas et un autre, prendre les coupes pour la purification. Et puis assoyons-nous à table. » Jésus est d'une douceur déchirante.
Jean avec André, Jude Thaddée avec Jacques, apportent la vaste coupe, y versent l'eau et offrent l'essuie-mains à Jésus et à leurs compagnons qui font la même chose avec eux. La coupe (qui est un bassin de métal) est mise dans un coin.
« Et maintenant à vos places. Moi ici, et ici (à droite) Jean et de l'autre côté mon fidèle Jacques. Les deux premiers disciples. Après Jean ma Pierre forte et après Jacques celui qui est comme l'air. On ne le remarque pas, mais il est toujours présent et réconforte : André. Près de lui, mon cousin Jacques. Tu ne te plains pas, doux frère, si je donne la première place aux premiers ? Tu es le neveu du Juste (Joseph) dont l'esprit palpite et plane sur Moi en cette soirée plus que jamais. Aie la paix, père de ma faiblesse enfantine, chêne à l'ombre duquel se restaurèrent la Mère et le Fils ! Aie la paix !... Après Pierre : Simon... Simon, viens ici un moment. Je veux fixer ton visage loyal. Après, je ne te verrai plus que mal car les autres me couvriront ta figure honnête. Merci, Simon. De tout » et il l'embrasse.
Simon, quand il le laisse, va à sa place portant ses mains à son visage en marquant son affliction.
« En face de Simon, mon Bartholmaï, deux honnêtetés et deux sagesses qui se reflètent. Ils sont bien ensemble. Et tout près, toi, Jude mon frère. Ainsi je te vois... et il me semble être à Nazareth... quand quelques fêtes nous réunissaient tous autour d’une table... Et aussi à Cana... Tu te souviens ? Nous étions ensemble. Une fête... une fête de noces... le premier miracle... l'eau changée en vin... Aujourd'hui aussi une fête... et aujourd'hui aussi il y aura un miracle... le vin changera de nature... et il sera... »

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Message par Grosjean Mer 18 Mar 2009 - 8:39

Mercredi 3ème semaine de Carême (19ème jour)(suite)
"Cette heure changera une infinité de choses qui avant étaient ainsi et qui maintenant seront différentes.
"


Jésus se plonge dans ses pensées, la tête inclinée, et comme isolé dans son monde secret. Les autres le regardent et ne parlent pas.
Il relève la tête et fixe Judas Iscariote auquel il dit : « Tu seras en face de Moi. »
« Tu m'aimes à ce point ? Plus que Simon, que tu veux toujours m'avoir en face de Toi ? »
« Tellement. Tu l'as dit. »
« Pourquoi, Maître ? »
« Parce que tu es celui qui a fait plus que tous pour cette heure. »
Judas change de regard sur le Maître et sur ses compagnons. Sur le premier un air de compassion, sur les autres un air de triomphe.
« Et à côté de toi, d'une part Mathieu, de l'autre Thomas. »
« Alors Mathieu à ma gauche et Thomas à ma droite. »
« Comme tu veux, comme tu veux » dit Mathieu. « Il me suffit d'avoir bien en face de moi mon Sauveur. »
« Le dernier, Philippe. Voilà, vous voyez ? Qui n'est pas à côté de Moi du côté d'honneur, a l'honneur d'être en face de Moi. »
Jésus, debout à sa place, verse le vin dans le grand calice placé devant Lui (tous ont de hauts calices, mais Lui en a un beaucoup plus grand en plus de celui des autres. Ce doit être le calice rituel). Il l'élève, l'offre, le repose.
Puis tous ensemble demandent sur le ton du psaume : « Pourquoi cette cérémonie ? » Question de pure forme, on le comprend, rituelle.
Jésus, en chef de famille, y répond : « Ce jour rappelle notre libération de l'Egypte. Que soit béni Jéovah qui a créé le fruit de la vigne. » Il boit une gorgée de ce vin qu'il a offert et passe le calice aux autres. Puis il offre le pain, en fait des morceaux, le distribue, ensuite les légumes trempés dans la sauce rougeâtre qui est dans quatre saucières.
Une fois terminée cette partie du repas, ils chantent des psaumes tous en chœur.
On apporte de la crédence sur la table et on place en face de Jésus le grand plateau de l'agneau rôti.
Pierre qui a le rôle de... première partie du chœur, si vous voulez, demande : « Pourquoi cet agneau ainsi présenté ? »
« En souvenir de quand Israël fut sauvé par l'agneau immolé. Le premier-né ne mourut pas là où le sang brillait sur les montants de la porte et sur l'architrave. Et ensuite, alors que l'Egypte pleurait ses fils premiers-nés qui étaient morts, depuis le palais royal jusqu'aux taudis, les hébreux, commandés par Moïse, se mirent en marche vers la terre de la libération et de la promesse. Les reins déjà ceints, les sandales aux pieds, le bourdon en main, le peuple d'Abraham s'empressa de se mettre en marche en chantant les hymnes de la joie »
Tous se lèvent debout et entonnent : « Quand Israël sortit d'Egypte et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare, la Judée devint son sanctuaire » et cetera.
Maintenant Jésus découpe l'agneau, verse un nouveau calice, le passe après en avoir bu. Puis ils chantent encore : « Enfants, louez le Seigneur. Que soit béni le Nom de l'Eternel maintenant et toujours dans les siècles. De l'orient à l'occident Il doit être loué » et cetera.
Jésus donne les parts en faisant attention que chacun soit bien servi, exactement comme un père de famille parmi ses fils qui lui sont tous chers. Il est solennel, un peu triste, alors qu'il dit : « J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque. Cela a été mon désir des désirs depuis qu'éternellement j'ai été le "Sauveur". Je savais que cette heure précéderait cette autre, et la joie de me donner mettait à l'avance ce soulagement à mon martyre... J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque car jamais plus je ne goûterai du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le Royaume de Dieu. Alors je m'assiérai de nouveau avec les élus au Banquet de l'Agneau, pour les noces des Vivants avec le Vivant. Mais y viendront seulement ceux qui auront été humbles et purs de cœur comme je le suis. »
« Maître, tout à l'heure tu as dit que qui n'a pas l'honneur de la place, a celui d'être en face de Toi. Comment alors pouvons-nous savoir qui est le premier d'entre nous ? » demande Barthélemy.
« Tous et personne. Une fois... nous revenions fatigués... avec la nausée de la rancœur des pharisiens. Mais vous n'étiez pas las pour discuter entre vous qui était le plus grand... Un enfant accourut près de Moi... un de mes petits amis... Et son innocence adoucit mon dégoût de tant de choses et, certes pas la dernière, votre opiniâtre humanité. Où es-tu maintenant, petit Benjamin à la réponse sage, venue à toi du Ciel car, ange comme tu l'étais, l'Esprit te parlait ? Je vous ai dit alors : "Si quelqu'un veut être le premier qu'il soit le dernier et le serviteur de tous". Et je vous ai donné en exemple l'enfant sage. Maintenant je vous dis : "Les rois des nations les dominent. Et les peuples opprimés, tout en les haïssant, les acclament et on les appelle les rois `Bienfaiteurs', `Pères de la Patrie', mais la haine couve sous le respect menteur". Mais parmi vous qu'il n'en soit pas ainsi. Que le plus grand soit comme le plus petit, le chef comme celui qui sert. Qui, en fait, est le plus grand ? Celui qui est à table ou celui qui sert ? C'est celui qui est à table. Et pourtant, Moi je vous sers, et d'ici peu, je vous servirai davantage. Vous êtes ceux qui ont été avec Moi dans les épreuves, et Moi je dispose pour vous d'une place dans mon Royaume, de même que j'y serai Roi selon la volonté du Père, afin que vous mangiez et buviez à ma table éternelle et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. Vous êtes restés avec Moi dans les épreuves... Il n'y a que cela qui vous donne de la grandeur aux yeux du Père. »
« Et ceux qui viendront ? Ils n'auront pas de place dans le Royaume ? Nous seuls ? »
« Oh ! que de princes dans ma Maison ! Tous ceux qui auront été fidèles au Christ dans les épreuves de la vie seront des princes dans mon Royaume, car ceux qui auront persévéré jusqu'à la fin dans le martyre de l'existence seront pareils à vous qui êtes restés avec Moi dans mes épreuves. Je m'identifie avec ceux qui croient en Moi. La Douleur que j'embrasse pour vous et pour tous les hommes, je la donne comme enseigne à ceux qui sont particulièrement élus. Celui qui me sera fidèle dans la Douleur sera un de mes bienheureux, pareil à vous, ô mes aimés. »
« Nous avons persévéré jusqu'à la fin. »
« Tu le crois, Pierre ? Et Moi, je te dis que l'heure de l'épreuve n'est pas encore venue. Simon, Simon de Jonas, voilà que Satan a demandé de vous vanner comme le grain. J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne vacille pas. Toi, quand tu te seras repenti, confirme tes frères. »
« Je sais que je suis un pécheur. Mais je serai fidèle à Toi jusqu'à la mort. Je n'ai pas ce péché. Je ne l'aurai jamais. »
« Ne sois pas orgueilleux, mon Pierre. Cette heure changera une infinité de choses qui avant étaient ainsi et qui maintenant seront différentes. Combien !... Elles apportent et imposent des nécessités nouvelles. Vous le savez. Je vous l'ai toujours dit, même quand nous allions par des chemins écartés, parcourus par des bandits : "Ne craignez pas, il ne vous arrivera aucun mal parce que les anges du Seigneur sont avec nous. Ne vous préoccupez de rien". Vous rappelez-vous quand je vous disais : "N'ayez pas d'inquiétudes pour ce que vous devez manger et pour le vêtement. Le Père sait de quoi nous avons besoin" ? Je vous disais aussi : "L'homme est beaucoup plus qu'un passereau et que la fleur qui aujourd'hui est de l'herbe et demain du foin. Et pourtant le Père a soin aussi de la fleur et du petit oiseau. Pouvez-vous alors douter qu'Il n'ait pas soin de vous ?" Je vous disais encore : "Donnez à qui vous demande, à celui qui vous offense présentez l'autre joue". Je vous disais : "N'ayez pas de bourse ni de bâton". Parce que je vous ai enseigné l'amour et la confiance. Mais maintenant... Maintenant ce n'est plus ce temps. Maintenant je vous dis : "Vous est-il rien manqué jusqu'à maintenant ? Avez-vous jamais été offensés ? »
« Rien, Maître. Et Toi seul as été offensé. »
« Vous voyez donc que ma parole était vraie. Mais maintenant les anges ont tous été rappelés par leur Seigneur. C'est l'heure des démons... Avec leurs ailes d'or, eux, les anges du Seigneur, se couvrent les yeux, s'enveloppent et souffrent de ce que leurs ailes ne soient pas couleur du chagrin, car c'est une heure de deuil, de deuil cruel, sacrilège... Il n'y a pas d'anges sur la Terre ce soir. Ils sont près du trône de Dieu pour couvrir de leur chant les blasphèmes du monde déicide et les pleurs de l'Innocent. Et nous sommes seuls... Vous et Moi : seuls. Et les démons sont les maîtres de l'heure. Aussi maintenant nous allons prendre les apparences et les mesures des pauvres hommes qui se défient et n'aiment pas. Maintenant que celui qui a une bourse prenne aussi une besace, que celui qui n'a pas d'épée vende son manteau et en achète une, car cela aussi est dit de Moi dans l'Ecriture et doit s'accomplir : "Il a été compté parmi les malfaiteurs". En vérité tout ce qui me concerne a son but. »
Simon, qui s'est levé pour aller au coffre où il a déposé son riche manteau - c'est en effet que ce soir tous ont pris leurs meilleurs habits, et ont par conséquent leurs poignards, damasquinés mais très courts, plutôt couteaux que poignards, à leurs riches ceintures - prend deux épées, deux épées véritables, longues, légèrement courbes, et les porte à Jésus : « Pierre et moi, nous sommes armés ce soir. Nous avons celles-ci, mais les autres n'ont que le court poignard. »
Jésus prend les épées, les observe, en dégaine une et essaie le tranchant sur l'ongle. C'est une vue étrange et cela fait une impression encore plus étrange de voir cette arme féroce dans les mains de Jésus.
« Qui vous les a données ? » demande l'Iscariote alors que Jésus observe en silence. Et Judas paraît sur les épines...
« Qui ? Je te rappelle que mon père était noble et puissant. »
« Mais Pierre... »
« Eh bien ? Depuis quand dois-je rendre compte des cadeaux que je veux faire à mes amis ? »
Jésus lève la tête après avoir rengainé l'arme et la rend au Zélote.
« C'est bien, elles suffisent. Tu as bien fait de les prendre. Mais maintenant, avant que l'on boive le troisième calice, attendez un moment. Je vous ai dit que le plus grand est pareil au plus petit et que Moi je suis le serviteur à cette table, et que je vous servirai davantage. Jusqu'à présent je vous ai donné de la nourriture, service pour le corps. Maintenant je veux vous donner une nourriture pour l'esprit. Ce n'est pas un plat du rituel ancien. Il appartient au nouveau rite. J'ai voulu me baptiser avant d'être le "Maître". Pour répandre la Parole, ce baptême suffisait. Maintenant le Sang sera répandu. Il faut un nouveau baptême même pour vous qui pourtant avez été purifiés, par le Baptiste en son temps, et même aujourd'hui au Temple. Mais cela ne suffit pas encore. Venez que je vous purifie. Suspendez le repas. Il y a quelque chose de plus élevé et de plus nécessaire que la nourriture donnée au ventre pour le remplir, même si c'est une nourriture sainte comme celle du rite pascal. Et c'est un esprit pur, disposé à recevoir le don du Ciel qui déjà descend pour se faire un trône en vous et vous donner la Vie. Donner la Vie à qui est pur. »

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Message par Grosjean Jeu 19 Mar 2009 - 8:40

Jeudi 3ème semaine de Carême (20ème jour)
« Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur. »


Jésus se lève, fait lever Jean pour sortir plus facilement de sa place, va à un coffre et quitte son vêtement rouge pour le plier et le déposer sur le manteau déjà plié, se ceint la taille d'un grand essuie-mains, puis va à un autre bassin encore vide et propre. Il y verse de l'eau, le porte au milieu de la pièce près de la table, et le met sur un tabouret. Les apôtres le regardent étonnés.
« Vous ne me demandez pas ce que je fais ? »
« Nous ne savons pas. Je te dis que nous sommes déjà purifiés » répond Pierre.
« Et je te répète que cela n'a pas importance. Ma purification servira à celui qui est déjà pur à être plus pur. »
Il s'agenouille, délace les sandales de l'Iscariote et lui lave les pieds l'un après l'autre. Il est facile de le faire car les lits-sièges sont tournés de façon à ce que les pieds soient vers l'extérieur. Judas est stupéfait et ne dit rien. Seulement quand Jésus, avant de chausser le pied gauche et de se lever, fait le geste de lui baiser le pied droit déjà chaussé, Judas retire vivement son pied et frappe avec la semelle la bouche divine. Il le fait sans le vouloir. Ce n'est pas un coup fort, mais il me donne tant de douleur. Jésus sourit et à l'apôtre qui Lui demande : « T'ai-je fait mal ? Je ne voulais pas... Pardon », il dit : « Non, ami. Tu l'as fait sans malice et cela ne me fait pas mal. » Judas le regarde. Un regard troublé, fuyant...
Jésus passe à Thomas, puis à Philippe... il suit le côté étroit de la table et arrive à son cousin Jacques. Il le lave, et en se levant le baise au front. Il passe à André qui rougit de honte et fait des efforts pour ne pas pleurer, il le lave, le caresse comme un enfant. Puis c'est Jacques de Zébédée qui ne cesse de murmurer : « Oh ! Maître ! Maître ! Maître ! Tu t'anéantis, mon sublime Maître ! » Jean a déjà délacé ses sandales et alors que Jésus se penche pour lui essuyer les pieds, il s'incline pour baiser ses cheveux. Mais Pierre !... Il n'est pas facile de le persuader de se prêter à ce rite !
« Toi, me laver les pieds ? N'y pense pas ! Tant que je suis en vie, je ne le permettrai pas. Je suis un ver, tu es Dieu. Chacun à sa place. » « Ce que je fais, tu ne peux le comprendre maintenant, mais par la suite, tu le comprendras. Laisse-moi faire. »
« Tout ce que tu veux, Maître. Veux-tu me couper le cou ? Fais-le. Mais me laver les pieds, tu ne le feras pas. »
« Oh ! mon Simon ! Tu ne sais pas que si je ne te lave pas tu n'auras pas part à mon Royaume ? Simon, Simon ! Tu as besoin de cette eau pour ton âme et pour tout le chemin que tu dois encore faire. Tu ne veux pas venir avec Moi ? Si je ne te lave pas, tu ne viens pas dans mon Royaume. »
« Oh ! mon Seigneur béni ! Mais alors lave-moi tout entier ! Pieds, mains et tête ! »
« Celui qui, comme vous, a pris un bain n'a besoin que de se laver les pieds, puisqu'il est entièrement pur. Les pieds... L'homme avec ses pieds va dans les ordures. Et ce serait encore peu car, je vous l'ai dit, ce n'est pas ce qui entre et sort avec la nourriture qui souille, et ce n'est pas ce qui va sur les pieds, en route, qui contamine l'homme. Mais c'est ce qui couve et mûrit dans son cœur et sort de là pour contaminer ses actions et ses membres. Et les pieds de l'homme à l'âme impure vont aux orgies, à la luxure, aux commerces illicites, aux crimes... Ce sont donc parmi les membres du corps, ceux qui ont une grande partie à purifier... avec les yeux, avec la bouche... Oh ! homme ! homme ! Créature parfaite un jour, le premier ! Et ensuite tellement corrompu par le Séducteur ! Et il n'y avait pas de malice en toi, ô homme, et pas de péché !... Et maintenant ? Tu es tout entier malice et péché, et il n'y a pas de parties de toi qui ne pèchent pas ! »
Jésus lave les pieds à Pierre, les baise, et Pierre pleure et il prend dans ses grosses mains les mains de Jésus, les passe sur ses yeux et les baise ensuite.
Simon aussi a quitté ses sandales et se laisse laver. Mais ensuite, quand Jésus va passer à Barthélemy, Simon s'agenouille et Lui baise les pieds en disant : « Purifie-moi de la lèpre du péché comme tu m'as purifié de la lèpre du corps, pour que je ne sois pas confondu à l'heure du jugement, mon Sauveur ! »
« Ne crains pas, Simon. Tu viendras dans la Cité céleste blanc comme la neige. »
« Et moi, Seigneur ? A ton vieux Bartholmaï que dis-tu ? Tu m'as vu sous l'ombre du figuier et tu as lu dans mon cœur. Et maintenant que vois-tu, et où me vois-tu ? Rassure un pauvre vieux qui craint de ne pas avoir la force et le temps pour arriver à ce que tu veux qu'il soit. » Barthélemy est très ému.
« Toi aussi, ne crains pas. J'ai dit alors : "Voici un vrai israélite en qui il n'y a pas de fraude". Maintenant je dis : "Voilà un vrai chrétien, digne du Christ". Où je te vois ? Sur un trône éternel, vêtu de pourpre. Je serai toujours avec toi. »
C'est le tour de Jude Thaddée. Celui-ci, quand il voit Jésus à ses pieds, ne sait pas se contenir, il penche la tête sur son bras appuyé à la table et il pleure.
« Ne pleure pas, doux frère. Tu es maintenant comme quelqu'un qui doit supporter qu'on lui enlève un nerf et il te paraît ne pas pouvoir le supporter. Mais ce sera une brève douleur. Puis... oh ! tu seras heureux parce que tu m'aimes. Tu t'appelles Jude, et tu es comme notre grand Jude : comme un géant. Tu es celui qui protège. Tes actions sont celles du lion ou du lionceau qui rugit. Tu découvriras les impies qui reculeront devant toi, et les gens iniques seront terrifiés. Moi, je sais. Sois courageux. Une éternelle union resserrera et rendra parfaite notre parenté dans le Ciel. » Il le baise lui aussi sur le front comme l'autre cousin.
« Je suis pécheur, Maître. Pas à moi... »
« Tu étais pécheur, Mathieu. Maintenant tu es l'Apôtre. Tu es une de mes "voix". Je te bénis. Ces pieds, que de chemin ils ont fait pour avancer toujours, vers Dieu... L'âme les excitait et ils ont quitté tout chemin qui n'était pas mon chemin. Avance. Sais-tu où finit le sentier ? Sur le sein du Père qui est le mien et le tien »
Jésus a fini. Il enlève la serviette, se lave les mains dans de l'eau propre, reprend son vêtement, retourne à sa place et dit en s’asseyant : « Maintenant vous êtes purs, mais pas tous. Seulement ceux qui ont eu la volonté de l'être. »
Il fixe Judas de Kériot qui fait semblant de ne pas entendre, occupé à expliquer à son compagnon Mathieu comment son père se décida à l'envoyer à Jérusalem, conversation inutile dont le seul but est de donner une contenance à Judas qui, malgré son audace, doit se sentir mal à l'aise.
Jésus pour la troisième fois verse du vin dans le calice commun. Il boit, fait boire. Puis il entonne et les autres font un chœur : « J'aime parce que le Seigneur écoute la voix de ma prière, parce qu'Il tend son oreille vers moi. Je l'invoquerai toute ma vie. J'étais entouré des douleurs de mort » et cetera. Un moment d'arrêt, puis il recommence à chanter : « J'ai eu foi, c'est pour cela que j'ai parlé. Mais j'ai été fortement humilié. Et je disais dans mon trouble : "Tout homme est menteur". » Il regarde fixement Judas. La voix de mon Jésus, fatiguée ce soir, reprend sa force quand il s'écrie : « Elle est précieuse devant Dieu la mort des saints » et « Tu as brisé mes chaînes. Je te sacrifierai une hostie de louange en invoquant le nom du Seigneur » et cetera. Un autre bref arrêt dans le chant et puis il reprend : « Louez tous le Seigneur, ô nations ; louez-le tous les peuples. Car elle s'est affermie sur nous sa miséricorde et la vérité du Seigneur dure éternellement. » Un autre arrêt bref et puis un long hymne : « Célébrez le Seigneur car Il est bon, car sa miséricorde dure éternellement... »
Judas de Kériot chante tellement faux que par deux fois Thomas lui redonne le ton de sa puissante voix de baryton et le regarde fixement. Les autres aussi le regardent car généralement il est si bien dans le ton de sa voix, j'ai compris, qu'il en est orgueilleux comme du reste. Mais ce soir ! Certaines phrases, et surtout les regards de Jésus qui en soulignent certaines, le troublent au point qu'il chante faux. L'une d'elles : « Il vaut mieux avoir confiance en Dieu que d'avoir confiance en l'homme. » Une autre : « Bousculé, j'ai vacillé et j'allais tomber, mais le Seigneur m'a soutenu. » Une autre c'est : « Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur. » Et enfin ces deux dernières étranglent la voix dans la gorge du Traître : « La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre d'angle » et « Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! »

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Message par Grosjean Jeu 19 Mar 2009 - 8:40

Jeudi 3ème semaine de Carême (20ème jour)(suite)
« Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur. »


Le psaume fini, pendant que Jésus découpe des tranches de l'agneau et les présente, Mathieu demande à Judas de Kériot : « Mais tu te sens mal ? »
« Non. Laisse-moi tranquille. Ne t'occupe pas de moi. »
Mathieu hausse les épaules.
Jean, qui a entendu, dit : « Le Maître aussi n'est pas bien. Qu'as-tu mon Jésus ? Ta voix est faible comme celle d'un malade ou de quelqu'un qui a beaucoup pleuré » et il l'embrasse et pose sa tête sur la poitrine de Jésus.
« Il a seulement beaucoup parlé, comme moi j'ai beaucoup marché et pris froid » dit Judas nerveux.
Et Jésus, sans lui répondre, dit à Jean : « Tu me connais désormais... et tu sais ce qui me fatigue... »
L'agneau est presque consommé. Jésus, qui a très peu mangé en buvant seulement une gorgée de vin à chaque calice et en buvant par contre beaucoup d'eau comme s'il était fiévreux, recommence à parler : « Je veux que vous compreniez mon geste de tout à l'heure. Je vous ai dit que le premier est comme le dernier, et que je vous donnerai une nourriture qui n'est pas corporelle. C'est une nourriture d'humilité que je vous ai donnée, pour votre esprit. Vous m'appelez Maître et Seigneur. Vous dites bien car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez le faire l'un pour l'autre. Je vous ai donné l'exemple afin que vous fassiez comme j'ai fait. En vérité je vous dis : le serviteur n'est pas plus que le Maître, et l'apôtre n'est pas plus que Celui qui l'a fait tel. Cherchez à comprendre ces choses. Si ensuite, en les comprenant, vous les mettez en pratique vous serez bienheureux. Mais vous ne serez pas tous bienheureux. Je vous connais. Je sais qui j'ai choisi. Je ne parle pas de tous de la même manière, mais je dis ce qui est vrai. D'autre part doit s'accomplir ce qui est écrit à mon sujet : "Celui qui a mangé le pain avec Moi, a levé son talon sur Moi". Je vous dis tout avant que cela n'arrive, pour que vous n'ayez pas de doutes sur Moi. Quand tout sera accompli, vous croirez encore davantage que Je suis Moi. Celui qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé : le Père Saint qui est dans les Cieux, et celui qui accueillera ceux que je lui enverrai il m'accueillera Moi-même. Car je suis avec le Père et vous êtes avec Moi... Mais maintenant accomplissons le rite. »
Il verse de nouveau du vin dans le calice commun et avant d'en boire et d'en faire boire il se lève, et tous se lèvent avec Lui et il chante de nouveau un des psaumes d'auparavant : « J'ai eu foi, et c'est pour cela que j'ai parlé... » et puis un autre qui n'en finit pas. Beau... mais sans fin ! Je crois le retrouver, pour le commencement et la longueur, dans le psaume 118. Ils le chantent ainsi. Un morceau tous ensemble, puis à tour de rôle chacun dit un verset et les autres un morceau ensemble, et ainsi jusqu'à la fin. Je crois qu'à la fin ils ont soif !
Jésus s'assied, il ne s'allonge pas. Il reste assis, comme nous, et il parle : « Maintenant que l'ancien rite est accompli, je célèbre le nouveau rite. Je vous ai promis un miracle d'amour. C'est l'heure de le faire. C'est pour cela que j'ai désiré cette Pâque. Dorénavant voilà l'Hostie qui sera consommée dans un perpétuel rite d'amour. Je vous ai aimés en cette vie de la Terre, mes chers amis. Je vous ai aimés pour l'éternité, mes fils. Et je veux vous aimer jusqu'à la fin. Il n'y a pas de chose plus grande que celle-là.
Rappelez-vous-en. Je m'en vais, mais nous resterons unis pour toujours grâce au miracle que maintenant j'accomplis. »
Jésus prend un pain encore entier, le met sur le calice rempli. Il bénit et offre l'un et l'autre, puis il partage le pain, en fait treize morceaux et en donne un à chacun des apôtres en disant : « Prenez et mangez. Ceci est mon Corps. Faites ceci en mémoire de Moi qui m'en vais. »
Il donne le calice et dit : « Prenez et buvez. Ceci est mon Sang. Ceci est le calice du nouveau pacte dans le Sang et par mon Sang qui sera répandu pour vous pour la rémission de vos péchés et pour vous donner la Vie. Faites ceci en mémoire de Moi. »
Jésus est très triste. Tout sourire, toute trace de lumière, de couleur l'ont abandonné. Il a déjà un visage d'agonie. Les apôtres le regardent angoissés.
Jésus se lève en disant : « Ne bougez pas. Je reviens tout de suite. » Il prend le treizième morceau de pain, prend le calice et sort du Cénacle.
« Il va trouver sa Mère » murmure Jean.
Et Jude Thaddée soupire : « Pauvre femme ! »
Pierre demande tout bas : « Crois-tu qu'elle sache ? »
« Elle sait tout. Elle a toujours tout su. »
Ils parlent tous à voix très basse comme devant un mort.
« Mais croyez-vous que vraiment... » demande Thomas qui ne veut pas encore croire.
« Et en doutes-tu ? C'est son heure » répond Jacques de Zébédée.
« Que Dieu nous donne la force d'être fidèles » dit le Zélote.
« Oh ! moi... » va dire Pierre. Mais Jean, qui est aux aguets, dit : « Chut ! Le voici. »
Jésus rentre. Il a dans les mains le calice vide. Sur le fond il y a à peine une trace de vin, et sous la lumière du lampadaire elle semble vraiment du sang.
Judas Iscariote, qui a devant lui le calice, le regarde comme fasciné, et puis il détourne son regard. Jésus l'observe et il a un frisson que ressent Jean, appuyé comme il l'est sur sa poitrine. « Mais dis-le nous ! Tu trembles... » s'écrie-t-il.
« Non. Je ne tremble pas de fièvre... Je vous ai tout dit et je vous ai tout donné. Je ne pouvais vous donner davantage. C'est Moi-même que je vous ai donné. »
Il a son doux geste des mains qui, d'abord jointes, se séparent maintenant et s'écartent alors qu'il baisse la tête comme pour dire : « Excusez-moi si je ne puis davantage. C'est ainsi. »
« Je vous ai tout dit, et je vous ai tout donné. Et je répète. Le nouveau rite est accompli. Faites ceci en mémoire de Moi. Je vous ai lavé les pieds pour vous apprendre à être humbles et purs comme votre Maître. Car je vous dis qu'en vérité les disciples doivent être comme le Maître. Souvenez-vous-en, souvenez-vous-en. Même quand vous serez haut placés, souvenez-vous-en. Le disciple n'est pas plus que le Maître. Comme je vous ai lavés, faites-le entre vous. C'est-à-dire aimez-vous comme des frères, en vous aidant l'un l'autre, en vous vénérant réciproquement, en étant un exemple l'un pour l'autre. Et soyez purs. Pour être dignes de manger le Pain vivant descendu du Ciel et pour avoir en vous et par Lui la force d'être mes disciples dans un monde ennemi qui vous haïra à cause de mon Nom. Mais l'un de vous n'est pas pur. L'un de vous me trahira. De cela, mon esprit est fortement troublé... La main de celui qui me trahit est avec Moi sur cette table, et ni mon amour, ni mon Corps, ni mon Sang, ni ma parole ne le rappellent ni ne le font repentir. Je lui pardonnerais en allant à la mort pour lui aussi. »
Les disciples se regardent terrifiés. Ils se scrutent, se suspectant l'un l'autre. Pierre fixe l'Iscariote dans un réveil de tous ses doutes. Jude Thaddée se lève brusquement pour regarder à son tour l'Iscariote au-dessus de Mathieu.
Mais l'Iscariote a tant d'assurance ! A son tour, il regarde fixement Mathieu comme s'il le suspectait, puis il fixe Jésus et sourit en demandant : « Serait-ce moi, celui-là ? » Il paraît le plus sûr de son honnêteté et qu'il parle ainsi pour ne pas laisser tomber la conversation.
Jésus répète son geste en disant : « Tu le dis, Judas de Simon. Ce n'est pas Moi, c'est toi qui le dis. Je ne t'ai pas nommé. Pourquoi t'accuses-tu ? Interroge ton admoniteur intérieur, ta conscience d'homme, la conscience que le Dieu Père t'a donnée pour te conduire en homme, et rends-toi compte si elle t'accuse. Tu le sauras avant tous. Mais si elle te rassure, pourquoi dis-tu une parole et penses-tu à une chose dont il est anathème même d'en parler ou d'y penser par plaisanterie ? »
Jésus parle avec calme. Il semble qu'il soutienne la thèse proposée comme peut le faire un savant à sa classe. L'émoi est grand, mais le calme de Jésus l'apaise.
Cependant Pierre qui soupçonne le plus Judas - peut-être le Thaddée aussi, mais il le paraît moins, désarmé comme il l'est par la désinvolture de l'Iscariote - tire Jean par la manche. Quand Jean, qui s'est tout serré contre Jésus en entendant parler de trahison, se tourne, il lui murmure : « Demande-lui qui c'est. »
Jean reprend sa position et lève seulement la tête comme pour baiser Jésus et en même temps Lui murmure à l'oreille : « Maître, qui est-ce ? »
Et Jésus, très doucement, en lui rendant le baiser dans les cheveux : « Celui auquel je vais donner un morceau de pain trempé. »
Et prenant un pain encore entier, pas le reste de celui qui a servi pour l'Eucharistie, en détache une grosse bouchée, la trempe dans la sauce de l'agneau dans le plateau, il allonge le bras au-dessus de la table et dit : « Prends, Judas. Tu aimes cela. »
« Merci, Maître. Oui, j'aime cela » et ne sachant pas ce qu'est cette bouchée, il la mange, alors que Jean, horrifié, va jusqu'à fermer ses yeux pour ne pas voir l'horrible rire de l'Iscariote pendant qu'il mange à belles dents le pain accusateur.
« Bon ! Va, maintenant que je t'ai fait plaisir » dit Jésus à Judas. « Tout est accompli, ici (il marque beaucoup ce mot). Ce qui reste encore à faire ailleurs, fais-le vite, Judas de Simon. »
« Je t'obéis de suite, Maître. Ensuite je te rejoindrai au Gethsémani. Tu vas là, n'est-ce pas, comme toujours ? »
« J'y vais... comme toujours... oui. »
« Qu'a-t-il à faire ? » demande Pierre. « Il va seul ? »
« Je ne suis pas un enfant » plaisante Judas qui met son manteau.
« Laisse-le aller. Lui et Moi savons ce qu'il y a à faire » dit Jésus.
« Oui, Maître. » Pierre se tait. Peut-être pense-t-il qu'il a péché en soupçonnant son compagnon. La main sur le front, il réfléchit.
Jésus serre Jean sur son cœur et se tourne pour lui murmurer dans les cheveux : « Ne dis rien à Pierre pour le moment. Ce serait un scandale inutile. »
« Adieu, Maître. Adieu, amis. » Judas salue.
« Adieu » dit Jésus.
Et Pierre : « Je te salue, garçon. »
Jean, la tête presque sur le sein de Jésus, murmure : « Satan ! » Jésus seul l'entend et soupire.
Ici tout s'arrête, mais Jésus dit : « Je suspends par pitié pour toi. Je te donnerai la fin de la Cène à un autre moment. »

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Message par Grosjean Ven 20 Mar 2009 - 9:09

Vendredi 3ème semaine de Carême (21ème jour)
Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie.


(la cène continue)
Il y a quelques minutes de silence absolu. Jésus a la tête inclinée, en caressant machinalement les cheveux blonds de Jean.
Puis il se secoue, lève la tête, tourne son regard, a un sourire qui réconforte les disciples. Il dit : « Quittons la table et asseyons-nous tous les uns près des autres, comme autant de fils autour de leur père. »
Ils prennent les lits-sièges qui étaient derrière la table (ceux de Jésus, Jean, Jacques, Pierre, Simon, André et du cousin Jacques) et ils les portent de l'autre côté.
Jésus prend place sur le sien, toujours entre Jacques et Jean. Mais quand il voit qu'André va s'asseoir à la place laissée par l'Iscariote, il crie : « Non, pas là. » Un cri impulsif que son extrême prudence ne réussit pas à empêcher. Puis il se reprend en parlant ainsi : « Il n'est pas besoin de tant de place. En restant assis, on peut tenir sur eux seuls. Ils suffisent. Je vous veux très proches. »
Jacques de Zébédée appelle Pierre : « Assieds-toi ici. Moi, je m'assois sur ce petit tabouret, aux pieds de Jésus. »
« Que Dieu te bénisse, Jacques ! Je le désirais tant ! » dit Pierre, et il se serre contre son Maître qui est ainsi serré de près par Jean et Pierre, avec Jacques à ses pieds.
Jésus sourit : « Je vois que commence à opérer la parole dite auparavant. Les bons frères s'aiment. Moi aussi, je te dis, Jacques : "Que Dieu te bénisse". Ce geste aussi, l'Eternel ne l'oubliera pas, et tu le trouveras là-haut.
Moi je puis tout ce que je demande. Vous l'avez vu. Il a suffi d'un de mes désirs pour que le Père accorde au Fils de se donner en Nourriture à l'homme. Avec ce qui vient d'arriver le Fils de l'homme a été glorifié car c'est un témoignage de pouvoir le miracle qui n'est possible qu'aux amis de Dieu. Plus le miracle est grand et plus est sûre et profonde cette divine amitié. C'est un miracle qui, par sa forme, sa durée et sa nature, par son étendue et les limites qu'il atteint, est le plus fort qui puisse exister. Je vous le dis : il est si puissant, surnaturel, inconcevable pour l'homme orgueilleux, que bien peu le comprendront comme il doit être compris et que beaucoup le négligeront. Que dirai-je alors ? Condamnation pour eux ? Non. Je dirai : pitié !
Mais plus grand est le miracle, plus grande est la gloire qui en revient à son auteur. C'est Dieu Lui-même qui dit : "Voilà, mon bien-aimé a voulu cela, il l'a eu, et c'est Moi qui le Lui ai accordé, parce qu'il possède une grande grâce à mes yeux". Et ici Il dit : "Il a une grâce sans limites comme est infini le miracle accompli par Lui". De même à la gloire qui revient à l'auteur du miracle de la part de Dieu il y a la gloire qui de son auteur revient au Père. Car toute gloire spirituelle, venant de Dieu, revient à sa source. Et la gloire de Dieu, bien qu'elle soit infinie, s'accroît toujours plus et brille par la gloire de ses saints. C'est pourquoi je vous dis : de même que le Fils de l'homme a été glorifié par Dieu, ainsi Dieu a été glorifié par le Fils de l'homme. J'ai glorifié Dieu en Moi-même. A son tour Dieu glorifiera son Fils en Lui. C'est bientôt qu'Il va le glorifier.

Exulte, Toi qui reviens à ton Siège, ô Essence spirituelle de la Seconde Personne ! Exulte, ô chair qui vas remonter après un si long exil dans la fange. Et ce n'est pas le Paradis d'Adam, mais le Paradis sublime du Père qui va t'être donné comme demeure. S'il a été dit que par la stupeur d'un commandement de Dieu, donné par la bouche d'un homme, le soleil s'est arrêté, que n'arrivera-t-il pas dans les astres quand ils verront le prodige de la Chair de l'Homme monter et prendre place à la droite du Père dans sa Perfection de matière glorifiée ? Mes petits enfants, c'est pour peu de temps encore que je reste avec vous. Et vous, ensuite, vous me chercherez comme des orphelins cherchent leur père mort. Et en pleurant, vous irez en parlant de Lui et vous frapperez en vain à son tombeau muet, et puis encore vous frapperez aux portes azurées du Ciel, avec votre âme lancée dans une suppliante recherche d'amour, disant : "Où est notre Jésus ? Nous le voulons. Sans Lui, il n'y a plus de lumière dans le monde, ni de joie, ni d'amour. Rendez-le-nous, ou bien laissez-nous entrer. Nous voulons être où il est". Mais, pour le moment, vous ne pouvez venir où je vais. Je l'ai dit aussi aux juifs : "Ensuite vous me chercherez, mais où je vais vous ne pouvez venir". Je le dis aussi à vous.
Pensez à la Mère... Elle non plus ne pourra venir où je vais.
Et pourtant j'ai quitté le Père pour venir à elle et me faire Jésus dans son sein sans tache.
Et pourtant c'est de l'Inviolée que je suis venu dans l'extase lumineuse de ma Naissance.
Et pourtant c'est de son amour, devenu lait, que je me suis nourri. Je suis fait de pureté et d'amour car Marie m'a nourri de sa virginité fécondée par l'Amour parfait qui vit dans le Ciel. Et pourtant c'est par elle que j'ai grandi, en lui coûtant fatigues et larmes...
Et pourtant je lui demande un héroïsme tel que jamais il n'en a été accompli, et par rapport auquel celui de Judith et de Jahel sont des héroïsmes de pauvres femmes discutant avec leur rivale près de la fontaine de leur village.
Et pourtant personne ne lui est pareil quand il s'agit de m'aimer.
Et, malgré cela, je la laisse et je vais où elle ne viendra que dans beaucoup de temps. Pour elle ce n'est pas le commandement que je vous donne à vous : "Sanctifiez-vous année par année, mois par mois, jour par jour, heure par heure, pour pouvoir venir à Moi quand ce sera votre heure". En elle est toute grâce et toute sainteté. C'est la créature qui a tout eu et qui a tout donné. Il n'y a rien à ajouter ni à enlever. C'est le très saint témoignage de ce que peut Dieu.
Mais pour être certain qu'il y a en vous la capacité de pouvoir me rejoindre, et d'oublier la douleur du deuil de la séparation de votre Jésus, je vous donne un commandement nouveau. Et c'est que vous vous aimiez les uns les autres. Comme je vous ai aimés, de même aimez-vous l'un l'autre. C'est par cela que l'on saura que vous êtes mes disciples. Quand un père a de nombreux fils, par quoi reconnaît-on qu'ils sont tels ? Pas tellement par l'aspect physique - car il y a des hommes qui sont semblables à un autre homme avec lequel ils n'ont aucun rapport de sang ni non plus de nation - mais par l'amour commun pour la famille, pour leur père, et entre eux. Et le père une fois mort, la bonne famille ne se désagrège pas, parce qu'il y a un même sang et que c'est toujours celui qui vient de la semence du père, et il noue des liens que la mort elle-même ne délie pas parce que l'amour est plus fort que la mort. Or, si vous vous aimez même après que je vous aurai quittés, tous reconnaîtront que vous êtes mes fils et par conséquent mes disciples et que vous êtes frères entre vous, ayant eu un seul père. »
« Seigneur Jésus, mais où vas-tu ? » demande Pierre.
« Je vais où, pour le moment, tu ne peux me suivre. Mais plus tard tu me suivras. »
« Et pourquoi pas maintenant ? Je t'ai toujours suivi depuis que tu m'as dit : "Suis-moi". J'ai tout quitté sans regret... Or, si tu t'en allais sans ton pauvre Simon, en me laissant sans Toi, mon Tout, alors que pour Toi j'ai quitté le peu de bien que j'avais, ce ne serait pas juste ni beau de ta part. Tu vas à la mort ? C'est bien. Mais moi aussi je viens. Allons ensemble dans l'autre monde. Mais auparavant je t'aurai défendu. Je suis prêt à donner ma vie pour Toi. »
« Tu donneras ta vie pour Moi ? Maintenant ? Maintenant non. En vérité, oh ! c'est en vérité que je te le dis : le coq n'aura pas encore chanté que tu m'auras renié trois fois. Maintenant c'est encore la première veille. Puis viendra la seconde... et puis la troisième. Avant que résonne le chant du coq tu auras par trois fois renié ton Seigneur. »
« Impossible, Maître ! Je crois à tout ce que tu dis, mais pas à cela. Je suis sûr de moi. »
« Maintenant, pour l'instant tu es sûr, mais c'est parce que tu m'as encore. Tu as Dieu avec toi. D'ici peu le Dieu Incarné sera pris et vous ne l'aurez plus. Et Satan, après vous avoir déjà appesantis - ton assurance elle-même est une ruse de Satan, un poids pour t'appesantir - vous effraiera. Il vous insinuera : "Dieu n'existe pas. Moi j'existe". Et pourtant, bien que votre esprit sera aveuglé par l'épouvante, vous raisonnerez encore, et vous comprendrez que quand Satan est le maître du moment, le Bien est mort et le Mal agissant, l'esprit abattu et l'humain triomphant. Alors vous resterez comme des guerriers sans chef, poursuivis par l'ennemi, et dans votre frayeur de vaincus vous courberez l'échine devant le vainqueur, et pour n'être pas tués vous renierez le héros tombé. Mais, je vous en prie, que votre cœur ne se trouble pas. Croyez en Dieu, et croyez aussi en Moi. Croyez en Moi, contre toutes les apparences. Qu'il croie dans ma miséricorde et dans celle du Père aussi bien celui qui reste que celui qui fuit. Aussi bien celui qui se tait que celui qui ouvrira la bouche pour dire : "Je ne le connais pas". Croyez également dans mon pardon. Et croyez que quelles que soient dans l'avenir vos actions, dans le Bien et dans ma Doctrine, dans mon Eglise par conséquent, elles vous donneront une même place dans le Ciel. Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures. S'il n'en était pas ainsi, je vous l'aurais dit. Car je vais en avant, vous préparer une place pour vous. N'agissent-ils pas ainsi les bons pères quand ils doivent amener ailleurs leur petite famille ? Ils vont à l'avance préparer la maison, le mobilier, les provisions, et puis ils viennent prendre leurs enfants les plus chers. Ils agissent ainsi par amour, pour que rien ne manque aux petits et qu'ils ne souffrent pas dans le nouveau village. J'agis de même et pour le même motif. Maintenant je m'en vais. Et quand j'aurai préparé une place pour chacun dans la Jérusalem céleste, je viendrai de nouveau, je vous prendrai avec Moi pour que vous soyez avec Moi où je suis, où il n'y aura ni mort, ni deuil, ni larmes, ni cris, ni faim, ni douleur, ni ténèbres, ni feu, mais seulement lumière, paix, béatitude et chant. Oh ! chant des Cieux très hauts quand les douze élus seront sur les trônes avec les douze patriarches des douze tribus d'Israël, et chanteront dans l'ardeur du feu de l'amour spirituel, dressés sur la mer des béatitudes, le cantique éternel qui aura pour arpège l'éternel alléluia de l'armée angélique... Je veux que vous soyez là où je serai. Et vous savez où je vais et vous en connaissez le chemin. »
« Mais, Seigneur ! Nous ne savons rien. Tu ne nous dis pas où tu vas. Comment pouvons-nous savoir le chemin à prendre pour venir vers Toi et pour abréger l'attente ? » dit Thomas.
« Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie. Vous me l'avez entendu dire et expliquer plusieurs fois et, en vérité certains, qui ne savaient même pas qu'il existe un Dieu, se sont avancés sur le chemin, sur mon chemin et ont déjà de l'avance sur vous. Oh ! où es-tu, brebis perdue de Dieu que j'ai ramenée au bercail ? Où es-tu, toi dont l'âme est ressuscitée ? »
« Qui ? De qui parles-tu ? De Marie de Lazare ? Elle est à côté, avec ta Mère. La veux-tu ? Ou veux-tu Jeanne ? Certainement elle est dans son palais, mais si tu veux, nous allons l'appeler... »
« Non. Pas elles... Je pense à celle qui ne sera dévoilée que dans le Ciel... et à Fotinaï... Elles m'ont trouvé et n'ont plus quitté mon chemin. A l'une j'ai indiqué le Père comme Dieu vrai et l'Esprit comme lévite dans cette adoration individuelle. A l'autre, qui ne savait même pas qu'elle avait un esprit, j'ai dit : "Mon nom est Sauveur. Je sauve celui qui a bonne volonté de se sauver. Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus pour leur donner la Vie, la Vérité et la Pureté. Qui me cherche me trouve". Et toutes deux ont trouvé Dieu... Je vous bénis. Eves faibles devenues plus fortes que Judith... Je viens, où vous êtes je viens... Vous me consolez... Soyez bénies !... »

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Message par Grosjean Ven 20 Mar 2009 - 9:11

Vendredi 3ème semaine de Carême (21ème jour)(suite)
Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie.


« Montre-nous le Père, Seigneur, et nous serons pareilles à elles » dit Philippe.
« Depuis si longtemps je suis avec vous, et toi, Philippe, tu ne m'as pas encore connu ? Qui me voit voit mon Père. Comment donc peux-tu dire : "Montre-nous le Père" ? Tu n'arrives pas à croire que je suis dans le Père et le Père est en Moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de Moi-même. Mais le Père qui demeure en Moi accomplit toutes mes œuvres, et vous ne croyez pas que je suis dans le Père et Lui est en Moi ? Que dois-je dire pour vous faire croire ? Mais si vous ne croyez pas aux paroles, croyez au moins aux œuvres. Je vous dis et je vous le dis avec vérité : celui qui croit en Moi fera les œuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je vais au Père. Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom je le ferai pour que le Père soit glorifié en son Fils. Et je ferai ce que vous me demanderez au nom de mon Nom. Mon Nom est connu, pour ce qu'il est réellement, à Moi seul, au Père qui m'a engendré et à l'Esprit qui procède de notre amour. Et par ce Nom tout est possible. Qui pense à mon Nom avec amour m'aime, et obtient. Mais il ne suffit pas de m'aimer. Il faut observer mes commandements pour avoir le véritable amour. Ce sont les œuvres qui témoignent des sentiments, et au nom de cet amour, je prierai le Père, et Lui vous donnera un autre Consolateur pour qu'Il reste pour toujours avec vous. Quelqu'un que Satan et le monde ne peuvent atteindre, l'Esprit de Vérité que le monde ne peut recevoir et ne peut frapper, car il ne le voit pas et ne le connaît pas. Il s'en moquera. Mais Lui est si élevé que le mépris ne pourra l'atteindre alors que, compatissant au-delà de toute mesure, Il sera toujours avec celui qui l'aime, même s'il est pauvre et faible. Vous le connaîtrez car Il demeure déjà avec vous et bientôt sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous l'ai déjà dit : "Je reviendrai à vous". Mais je viendrai avant que ce soit l'heure de venir vous prendre pour aller dans mon Royaume. Je viendrai à vous. D'ici peu, le monde ne me verra plus. Mais vous me voyez et vous me verrez parce que je vis et vous vivez, parce que je vivrai et vous aussi vivrez. Ce jour-là, vous saurez que je suis en mon Père, et vous en Moi, et Moi en vous. En effet, celui qui accueille mes préceptes et les observe, celui-là m'aime, et celui qui m'aime sera aimé de mon Père et il possédera Dieu car Dieu est charité et celui qui aime a Dieu en lui. Et je l'aimerai car en lui je verrai Dieu, et je me manifesterai à lui en me faisant connaître dans les secrets de mon amour, de ma sagesse, de ma Divinité Incarnée. Ce seront mes retours parmi les fils de l'homme que j'aime bien qu'ils soient faibles et même ennemis. Mais ceux-ci seront seulement faibles. Et je les fortifierai et je leur dirai : "Lève-toi !", je dirai : "Viens dehors !", je dirai : "Suis-moi", je dirai : "Ecoute", je dirai : "Ecris"... et vous êtes parmi ceux-ci. »
« Pourquoi, Seigneur, te manifestes-tu à nous et pas au monde ? » demande Jude Thaddée.
« Parce que vous m'aimez et observez mes paroles. Celui qui agira ainsi sera aimé de mon Père et Nous viendrons à lui et Nous établirons notre demeure chez lui, en lui. Alors que celui qui ne m'aime pas n'observe pas mes paroles et agit selon la chair et le monde. Maintenant sachez que ce que je vous ai dit n'est pas parole de Jésus de Nazareth, mais parole du Père parce que je suis le Verbe du Père qui m'a envoyé. Je vous ai dit ces choses en parlant ainsi, avec vous, parce que je veux vous préparer Moi-même à la possession complète de la Vérité et de la Sagesse. Mais vous ne pouvez encore comprendre et vous souvenir. Pourtant, quand viendra à vous le Consolateur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, alors vous pourrez comprendre et Lui vous enseignera tout et vous rappellera ce que je vous ai dit.
Je vous laisse ma paix. Je vous donne ma paix. Je vous la donne non comme la donne le monde, ni même comme jusqu'à présent je vous l'ai donnée : le salut béni du Béni à ceux qui sont bénis. Plus profonde est la Paix que maintenant je vous donne. En cet adieu, je vous communique Moi-même, mon Esprit de paix, comme je vous ai communiqué mon Corps et mon Sang, pour qu'en vous reste une force dans la bataille imminente. Satan et le monde vont déchaîner la guerre contre votre Jésus. C'est leur heure. Ayez en vous la Paix, mon Esprit qui est un esprit de paix, car je suis le Roi de la Paix. Ayez-la pour ne pas être trop abandonnés. Celui qui souffre avec la paix de Dieu en lui, souffre mais sans blasphème et sans désespoir. Ne pleurez pas. Vous avez bien entendu que j'ai dit : "Je vais au Père et puis je reviendrai". Si vous m'aimiez au-delà de la chair vous vous réjouiriez, car je vais au Père après un si long exil... Je vais vers Celui qui est plus grand que Moi et qui m'aime. Je vous l'ai dit maintenant, avant que cela s'accomplisse, comme je vous ai dit toutes les souffrances du Rédempteur avant d'aller vers elles afin que, quand tout sera accompli, vous croyiez toujours plus en Moi. Ne vous troublez pas ainsi ! Ne vous effrayez pas. Votre cœur a besoin d'équilibre... Je n'ai plus que peu à vous parler... et j'ai encore tant à dire ! Arrivé au terme de mon évangélisation, il me semble n'avoir encore rien dit et tant, tant, tant il reste encore à faire. Votre état augmente cette sensation. Et que dirai-je, alors ? Que j'ai manqué à mon devoir ? Ou que vous êtes si durs de cœur que cela n'a servi à rien ? Vais-je douter ? Non. Je me fie à Dieu et je vous confie à Lui vous, mes bien-aimés. Lui accomplira l'œuvre de son Verbe. Je ne suis pas comme un père qui meurt et n'a d'autre lumière que l'humaine. J'espère en Dieu. Et même en sentant en Moi se presser tous les conseils dont je vois que vous avez besoin et en voyant fuir le temps, je vais tranquille vers mon sort. Je sais que sur les semences tombées en vous, va descendre une rosée qui les fera toutes germer, et puis viendra le soleil du Paraclet, et elles deviendront un arbre puissant. Il va venir le prince de ce monde, avec qui je n'ai rien à faire. Et, si ce n'avait été dans un but de rédemption, il n'aurait rien pu sur Moi. Mais cela arrive afin que le monde sache que j'aime le Père et que je l'aime jusqu'à l'obéissance qui me soumet à la mort et que je fais ce qu'Il m'a ordonné.
C'est l'heure de partir. Levez-vous, et écoutez les ultimes paroles. Je suis la vraie Vigne et c'est mon Père qui la cultive. Tout sarment qui ne porte pas de fruit Lui le coupe et celui qui porte du fruit II le taille pour qu'il en porte encore plus. Vous êtes déjà purifiés par ma parole. Demeurez en Moi et Moi en vous pour continuer à être tels. Le sarment détaché de la vigne ne peut faire de fruit. Il en est ainsi pour vous si vous ne restez pas en Moi. Je suis la Vigne et vous les sarments. Celui qui reste uni à Moi porte des fruits abondants. Mais si l'un se détache, il devient un rameau sec que l'on jette au feu et que l'on brûle, car sans l'union avec Moi, vous ne pouvez rien faire. Restez donc en Moi, et que mes paroles restent en vous, puis demandez ce que vous voulez et cela vous sera fait. Mon Père sera toujours d'autant plus glorifié que vous porterez davantage de fruit et que vous serez davantage mes disciples.Comme le Père m'a aimé, il en est de même poux Moi avec vous. Demeurez dans mon amour qui sauve. En m'aimant vous serez obéissants, et l'obéissance fait croître l'amour réciproque. Ne dites pas que je me répète. Je connais votre faiblesse, et je veux que vous vous sauviez. Je vous ai dit ces choses pour que la joie que j'ai voulu vous donner soit en vous et soit complète. Aimez-vous, aimez-vous ! C'est mon nouveau commandement. Aimez-vous réciproquement plus que chacun de vous ne s'aime lui-même. Il n'y a pas de plus grand amour que celui de qui donne sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis et Moi, je donne ma vie pour vous. Faites ce que je vous enseigne et commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, alors que vous, vous savez ce que je fais. Vous savez tout de Moi. Je vous ai manifesté non seulement Moi-même, mais aussi le Père et le Paraclet, et tout ce que j'ai entendu de Dieu. Ce n'est pas vous qui vous êtes choisis. Mais c'est Moi qui vous ai choisis et je vous ai élus pour que vous alliez parmi les peuples et que vous fassiez du fruit en vous et dans les cœurs de ceux qui seront évangélisés, et que votre fruit demeure, et que le Père vous donne tout ce que vous demanderez en mon nom.
Ne dites pas : "Et alors si tu nous as choisis, pourquoi as-tu choisi un traître ? Si tu connais tout, pourquoi as-tu fait cela ?" Ne vous demandez pas non plus qui est celui-là. Ce n'est pas un homme, c'est Satan. Je l'ai dit à l'ami fidèle et je l'ai laissé dire par le fils aimé. C'est Satan. Si Satan ne s'était pas incarné, l'éternel singe de Dieu, en une chair mortelle, ce possédé n'aurait pas pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J'ai dit : "possédé". Non. Il est beaucoup plus : il est anéanti en Satan. »
« Pourquoi, Toi qui as chassé les démons, ne l'as-tu pas délivré ? » demande Jacques d'Alphée.
« Le demandes-tu par amour pour toi, craignant de l'être ? Ne le crains pas. »
« Moi alors ? »
« Moi ? »
« Moi ? »
« Taisez-vous. Je ne dis pas ce nom. J'use de miséricorde, et vous, faites la même chose. »
« Mais pourquoi ne l'as-tu pas vaincu ? Tu ne le pouvais pas ? »
« Je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s'incarner pour me tuer, j'aurais dû exterminer la race humaine avant la Rédemption. Qu'aurais-je racheté alors ? »
« Dis-le-moi, Seigneur, dis-le-moi ! » Pierre s'est glissé à genoux et secoue Jésus avec frénésie, comme s'il était en proie au délire. « Est-ce moi ? Est-ce moi ? Je m'examine ? Il ne me semble pas. Mais Toi... Tu as dit que je te renierai... Et je tremble... Oh ! quelle horreur si c'était moi !... »
« Non, Simon de Jonas, pas toi. »
« Pourquoi m'as-tu enlevé mon nom de "Pierre" ? Je suis donc redevenu Simon ? Tu le vois ? Tu le dis !... C'est moi ! Mais comment ai-je pu ? Dites-le... dites-le vous... Quand est-ce que j'ai pu devenir traître ?... Simon ?... Jean ?... Mais parlez !... »
« Pierre, Pierre, Pierre ! Je t'appelle Simon parce que je pense à notre première rencontre quand tu étais Simon. Et je pense comment tu as toujours été loyal dès le premier moment. Ce n'est pas toi. Je te le dis Moi, la Vérité. »
« Qui alors ? »
« Mais c'est Judas de Kériot ! Tu ne l'as pas encore compris ? » crie le Thaddée qui n'arrive plus à se contenir.
« Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant ? Pourquoi ? » crie aussi Pierre.
« Silence. C'est Satan. Il n'a pas d'autre nom. Où vas-tu, Pierre ? »
« Le chercher. »
« Dépose tout de suite ce manteau et cette arme. Ou bien je dois te chasser et te maudire ? »
« Non, non ! Oh ! mon Seigneur ! Mais moi... mais moi... Je suis peut-être malade de délire, moi ? Oh ! Oh ! » Pierre pleure après s'être jeté par terre aux pieds de Jésus.

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Message par Grosjean Ven 20 Mar 2009 - 9:11

Vendredi 3ème semaine de Carême (21ème jour)(suite)
Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie.


« Je vous donne le commandement de vous aimer et de pardonner. Avez-vous compris ? Si dans le monde il y a aussi la haine, qu'en vous il n'y ait que l'amour. Pour tous. Combien de traîtres vous trouverez sur votre route ! Mais vous ne devez pas haïr et rendre le mal pour le mal. Autrement le Père vous haïra. Avant vous, j'ai été haï et trahi, Moi. Et pourtant, vous le voyez, je ne hais pas. Le monde ne peut aimer ce qui n'est pas comme lui. Il ne vous aimera donc pas. Si vous lui apparteniez il vous aimerait, mais vous n'êtes pas du monde, car je vous ai pris du milieu du monde, et c'est pour cela que vous êtes haïs.
Je vous ai dit : le serviteur n'est pas plus que le maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. S'ils m'ont écouté, ils vous écouteront vous aussi. Mais ils feront tout à cause de mon nom parce qu'ils ne connaissent pas, ne veulent pas connaître Celui qui m'a envoyé. Si je n'étais pas venu et si je n'avais pas parlé, ils ne seraient pas coupables, mais maintenant leur péché est sans excuse. Ils ont vu mes œuvres, entendu mes paroles, et pourtant ils m'ont haï, et avec Moi le Père, parce que le Père et Moi, nous sommes une seule Unité avec l'Amour. Mais il était écrit : "Tu m'as haï sans raison". Cependant quand sera venu le Consolateur, l'Esprit de vérité qui procède du Père, ce sera Lui qui rendra témoignage de Moi, et vous aussi, vous me rendrez témoignage parce que dès le début vous avez été avec Moi.
Ceci je vous le dis pour que, quand ce sera l'heure, vous ne soyez pas abattus et scandalisés. Il va venir le temps où ils vous chasseront des synagogues et où celui qui vous tuera pensera rendre ainsi un culte à Dieu. Ils n'ont connu ni le Père ni Moi. C'est là leur excuse. Je ne vous ai pas dit ces choses en les développant autant avant maintenant, parce que vous étiez comme des enfants à peine nés. Mais maintenant la mère vous quitte. Je m'en vais. Vous devez vous accoutumer à une autre nourriture. Je veux que vous la connaissiez.
Personne ne me demande plus : "Où vas-tu ?" La tristesse vous rend muets. Et pourtant, c'est un bien pour vous aussi que je m'en aille, autrement le Consolateur ne viendra pas. C'est Moi qui vous l'enverrai. Et quand Il sera venu, par le moyen de la sagesse et de la parole, les œuvres et l'héroïsme qu'Il versera en vous, Il convaincra le monde de son péché déicide et de la justice de ma sainteté. Et le monde sera nettement divisé en réprouvés, ennemis de Dieu, et en croyants. Ces derniers seront plus ou moins saints, selon leur volonté. Mais le jugement du prince du monde et de ses serviteurs sera fait. Je ne puis vous en dire davantage car vous ne pouvez encore comprendre. Mais Lui, le Divin Paraclet, vous donnera la Vérité entière car Il ne parlera pas de Lui-même, mais Il dira tout ce qu'Il aura entendu de l'esprit de Dieu et Il vous annoncera l'avenir. Il prendra ce qui vient de Moi, c'est-à-dire de ce qui encore appartient au Père, et vous le dira.
Encore un peu de temps pour se voir, ensuite vous ne me verrez plus. Et ensuite encore un peu de temps, et puis vous me verrez.
Vous murmurez entre vous et dans votre cœur. Ecoutez une parabole. La dernière de votre Maître.
Quand une femme a conçu et arrive à l'heure de l'enfantement, elle est dans une grande affliction car elle souffre et gémit. Mais quand son petit enfant est venu au jour, et qu'elle le serre sur son cœur, toute peine cesse et la tristesse se change en joie parce qu'un homme est venu au monde.
Ainsi pour vous. Vous pleurerez et le monde rira de vous, mais ensuite votre tristesse se changera en joie. Une joie que le monde ne connaîtra jamais. Vous êtes tristes maintenant, mais quand vous me reverrez, votre cœur deviendra plein d'une joie que personne n'aura plus le pouvoir de vous ravir. Une joie tellement pleine qu'elle estompera tout besoin de demander à la fois pour l'esprit et pour le cœur et pour la chair. Vous vous repaîtrez seulement de ma vue, oubliant toute autre chose. Mais justement, à partir de ce moment-là vous pourrez tout demander en mon nom, et cela vous sera donné par le Père pour que vous ayez toujours plus de joie. Demandez, demandez. Et vous recevrez.
L'heure vient où je pourrai vous parler ouvertement du Père. Ce sera parce que vous aurez été fidèles dans l'épreuve et tout sera surmonté. Votre amour sera parfait du fait qu'il vous aura donné la force dans l'épreuve. Et ce qui vous manquera, je vous l'ajouterai en le prenant de mon immense trésor et en disant : "Père, tu le vois. Ils m'ont aimé en croyant que je suis venu de Toi". Descendu dans le monde, maintenant je le quitte et je vais au Père, et je prierai pour vous. »
Oh ! maintenant, tu t'expliques. Maintenant nous savons ce que tu veux dire et que tu sais tout et que tu réponds sans que personne t'interroge. Vraiment tu viens de Dieu ! »
« Vous croyez maintenant ? A la dernière heure ? Cela fait trois ans que je vous parle ! Mais déjà en vous opère le Pain qui est Dieu et le Vin qui est Sang qui n'est pas venu de l'homme et vous donne le premier frisson de la déification. Vous deviendrez des dieux si vous persévérez dans mon amour et dans ma possession. Non pas comme l'a dit Satan à Adam et Eve, mais comme je vous le dis. C'est le vrai fruit de l'arbre du Bien et de la Vie. Le Mal est vaincu en qui s'en nourrit, et la Mort est morte. Qui en mange vivra éternellement et deviendra "dieu" dans le Royaume de Dieu. Vous serez des dieux si vous restez en Moi. Et pourtant voilà... bien qu'ayant en vous ce Pain et ce Sang, puisque arrive l'heure où vous serez dispersés, vous vous en irez pour votre compte et vous me laisserez seul... Mais je ne suis pas seul. J'ai le Père avec Moi. Père, Père ! Ne m'abandonne pas ! Je vous ai tout dit... Pour vous donner la paix, ma paix. Vous serez encore opprimés. Mais ayez foi. J'ai vaincu le monde. »
Jésus se lève, ouvre les bras en croix et dit avec un visage lumineux la sublime prière au Père. Jean la rapporte intégralement.
Les apôtres pleurent plus ou moins ouvertement et bruyamment. Pour finir, ils chantent un hymne.
Jésus les bénit, puis il ordonne : « Mettons nos manteaux maintenant et partons. André, dis au chef de maison de laisser tout ainsi, par ma volonté. Demain... cela vous fera plaisir de revoir ce lieu. » Jésus le regarde. Il paraît bénir les murs, le mobilier, tout. Puis il prend son manteau et s'éloigne, suivi des disciples. Près de Lui se trouve Jean auquel il s'appuie.
« Tu ne salues pas la Mère ? » Lui demande le fils de Zébédée.
« Non. Tout est déjà fait. Ne faites pas de bruit. »
Simon, qui a allumé une torche à la lampe, éclaire le vaste corridor qui va à la porte. Pierre ouvre avec précaution le portail et ils sortent tous sur le chemin et puis, faisant jouer une clef, ils ferment du dehors et ils se mettent en route.

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Message par Grosjean Sam 21 Mar 2009 - 9:21

Samedi 3ème semaine de Carême (22ème jour)
Le triduum pascal


20. REFLEXIONS SUR LA DERNIERE CENE

Jésus dit :
« De l'épisode de la Cène, en plus de la considération de la charité d'un Dieu qui se fait nourriture pour les hommes, ressortent quatre enseignements principaux.
Un : la nécessité pour tous les fils de Dieu d'obéir à la Loi.
La Loi disait que l'on devait pour Pâque consommer l'agneau selon le rituel donné par le Très-Haut à Moïse et Moi, vrai Fils du vrai Dieu, je ne me suis pas considéré, à cause de ma qualité divine, comme exempt de la Loi. J'étais sur la Terre : Homme parmi les hommes et Maître des hommes. Je devais donc faire mon devoir d'homme envers Dieu comme les autres et mieux qu'eux. Les faveurs divines n'exemptent pas de l'obéissance et de l'effort vers une sainteté toujours plus grande. Si vous comparez la sainteté la plus élevée à la perfection divine, vous la trouvez toujours pleine de défauts et par conséquent obligée de s'efforcer elle-même de les éliminer et de rejoindre un degré de perfection autant que possible semblable à celui de Dieu.
Deux : la puissance de la prière de Marie.
J'étais Dieu fait Chair. Une Chair qui pour être sans tache possédait la force spirituelle pour dominer la chair. Et pourtant je ne refuse pas, j'appelle au contraire l'aide de la Pleine de Grâce, qui même en cette heure d'expiation aurait trouvé, c'est vrai, sur sa tête le Ciel fermé, mais pas au point de ne pas réussir à en détacher un ange, Elle, Reine des Anges, pour réconforter son Fils. Oh ! non pas pour elle, la pauvre Maman ! Elle aussi a goûté l'amertume de l'abandon du Père, mais par sa douleur offerte pour la Rédemption elle m'a obtenu de pouvoir surmonter l'angoisse du Jardin des Oliviers et porter à terme la Passion dans toute sa multiforme âpreté dont chacune visait à laver une forme et un moyen de péché.
Trois : la maîtrise de soi-même et l'endurance de l'offense, charité sublime par dessus tout, ne peuvent l'avoir que ceux qui font vie de leur vie la Loi de Charité, que j'avais proclamée. Et non seulement proclamée, mais pratiquée réellement.
Qu'a pu être pour Moi d'avoir avec Moi à ma table celui qui me trahissait, de devoir me donner à lui, de devoir m'humilier à lui, de devoir partager avec lui le calice rituel et de poser mes lèvres là où lui les avait posées et de les faire poser à ma Mère, vous ne pouvez pas l'imaginer. Vos médecins ont discuté et discutent sur la rapidité de ma fin et lui donnent pour origine une lésion cardiaque due aux coups de la flagellation. Oui, pour ces coups aussi mon cœur était devenu malade. Mais il l'était déjà depuis la Cène. Brisé, brisé dans l'effort de devoir subir à côté de Moi le Traître. J'ai commencé alors de mourir physiquement. Le reste n'a été qu'une aggravation de l'agonie qui existait déjà. Tout ce que j'ai pu faire, je l'ai fait car je n'étais qu'un avec la Charité. Même à l'heure où le Dieu-Charité s'éloignait de Moi, j'ai su être charité, car dans mes trente-trois années, j'avais vécu de charité. On ne peut arriver à une perfection telle que celle qui demande de pardonner et de supporter celui qui nous offense si on n'a pas l'habitude de la charité. Moi, je l'avais et j'ai pu pardonner et supporter ce chef-d'œuvre d'Offenseur que fut Judas.
Quatre : le Sacrement opère d'autant plus que l'on est digne de le recevoir. Si on s'en est rendu digne par une constante volonté qui brise la chair et rend l'esprit souverain, en vainquant les concupiscences, en pliant l'être aux vertus, en le tendant comme un arc vers la perfection des vertus et surtout de la Charité.
En effet quand quelqu'un aime, il tend à réjouir celui qu'il aime. Jean, qui m'aimait comme personne et qui était pur, eut du Sacrement le maximum de transformation. Il commença à partir de ce moment à être l'aigle auquel il est familier et facile de s'élever jusqu'au Ciel de Dieu et de fixer le Soleil éternel. Mais malheur à celui qui reçoit le Sacrement sans en être tout à fait digne, mais qui au contraire a fait croître sa constante indignité humaine par les fautes mortelles. Alors il devient non pas un germe de préservation et de vie, mais de corruption et de mort. Mort de l'esprit et putréfaction de la chair qui en "crève", comme dit Pierre de celle de Judas. Elle ne répand pas le sang, liquide toujours vital et beau dans sa pourpre, mais son intérieur noirci par toutes les passions, pourriture qui se déverse de la chair décomposée comme de la charogne d'un animal immonde, objet de dégoût pour les passants. La mort de celui qui profane le Sacrement est toujours la mort d'un désespéré et ne connaît donc pas le tranquille trépas propre à celui qui est en grâce, ni l'héroïque trépas de la victime qui souffre d'une manière aiguë mais avec le regard fixé au Ciel et l'âme assurée de la paix. La mort du désespéré est marquée de contorsions et de terreurs atroces, c'est une convulsion horrible de l'âme déjà saisie par la main de Satan qui l'étrangle pour l'arracher à la chair et la suffoque par sa respiration nauséabonde. Voilà la différence entre celui qui passe à l'autre vie après s'y être nourri de charité, de foi, d'espérance et de toute autre vertu et doctrine céleste et du Pain angélique qui l'accompagne avec ses fruits, mieux si de sa présence réelle, dans le dernier voyage, et celui qui trépasse après une vie de brute avec une mort de brute que la Grâce et le Sacrement ne réconfortent pas. La première, c'est la fin sereine du saint auquel la mort ouvre le Royaume éternel. La seconde, c'est la chute effrayante du damné qui se sent précipité dans la mort éternelle et connaît en un instant ce qu'il a voulu perdre sans pouvoir désormais y porter remède. Pour l'un c'est l'enrichissement, pour l'autre le dépouillement. Pour l'un la joie, pour l'autre la terreur.
Voilà ce que vous vous donnez selon votre foi et votre amour, ou votre incroyance et le mépris de mon don. C'est l'enseignement de cette contemplation. »

21. L'AGONIE ET LA CAPTURE AU GETHSEMANI

La route est entièrement silencieuse. Seule l'eau d'une fontaine qui retombe dans un bassin de pierre rompt le profond silence. Le long des murs des maisons, du côté de l'orient, il y a encore de l'obscurité, alors que de l'autre côté la lune commence à blanchir le sommet des maisons et là où la route s'élargit pour former une petite place voilà que la clarté laiteuse et argentée de la lune descend pour embellir aussi les cailloux et la terre de la route. Mais sous les nombreux archivoltes qui vont d'une maison à l'autre, semblables à des pont-levis ou à des étais pour ces vieilles maisons aux ouvertures peu nombreuses sur les rues, et qui à cette heure sont toutes closes et sombres comme si c'étaient des maisons abandonnées, c'est l'obscurité complète, et la torche rougeâtre portée par Simon acquiert une singulière vivacité et une utilité encore plus grande. Les visages, dans cette lumière rouge et mobile, se montrent avec un relief net et tous, tant qu'ils sont, révèlent autant d'état d'âme différents.
Le plus solennel et le plus calme, c'est celui de Jésus. Pourtant la fatigue le vieillit en y faisant paraître des lignes inhabituelles qui font déjà apparaître la future effigie de son visage recomposé dans la mort.
Jean, qui est à côté de Lui, tourne un regard étonné, dolent sur tout ce qu'il voit. On dirait un enfant terrorisé par quelque récit qu'il a entendu ou quelque promesse effrayante et qui demande de l'aide à qui il sait être plus que lui. Mais qui peut l'aider ?
Simon, qui est de l'autre côté de Jésus, a le visage fermé, sombre, de quelqu'un qui rumine des pensées atroces, et c'est encore le seul qui après Jésus montre un aspect plein de dignité.
Les autres, qui en deux groupes ne cessent de se déformer, sont tous en fermentation. De temps à autre la voix rauque de Pierre ou celle de baryton de Thomas s'élèvent avec une résonance étrange. Puis ils baissent la voix comme effrayés de ce qu'ils disent. Ils discutent sur ce qu'il faut faire, et l'un propose une chose et l'autre une autre. Mais toutes les propositions tombent car réellement va commencer « l'heure des ténèbres » et les pensées humaines restent obscures et confuses.
« Il fallait me le dire plus tôt » dit Pierre fâché.
« Mais personne n'a parlé. Pas le Maître... »
« Oui ! Justement Lui te le disait. Mais, frère ! Il semble que tu ne le connaisses pas !... »
« Moi je ressentais quelque trouble et j'ai dit : "Allons mourir avec Lui". Vous vous rappelez ? Mais, par notre Très Saint Dieu, si j'avais su que c'était Judas de Simon !... » tonne Thomas d'une voix menaçante.
« Et que voulais-tu faire ? » demande Barthélemy.
« Moi ? Je le ferais encore maintenant si vous m'aidiez ! »
« Quoi ? Tu partirais pour le tuer ? Et où ? »
« Non. J'éloignerais le Maître. C'est plus simple. »
« Il ne viendrait pas ! »
« Je ne Lui demanderais pas de venir. Je l'enlèverais comme on enlève une femme. »
« Ce ne serait pas une mauvaise idée ! » dit Pierre. Et, impulsif, il revient en arrière, se met dans le groupe des deux fils d'Alphée qui avec Mathieu et Jacques parlent doucement comme des conjurés.
« Ecoutez : Thomas dit d'éloigner Jésus. Tous ensemble. On pourrait... du Gethsémani par Bethphagé à Béthanie et de là... en route pour quelque endroit. Le faisons-nous ? Une fois Lui mis en lieu sûr, on revient et on extermine Judas. »
« C'est inutile. Israël n'est qu'une trappe » dit Jacques d'Alphée.
« Et maintenant elle est tout près de se fermer. On le comprenait. Trop de haine ! »
« Mais, Mathieu ! Tu me fais enrager ! Tu avais plus de courage quand tu étais pécheur ! Philippe, parle. »
Philippe, qui vient tout à fait seul et paraît se faire un monologue, lève le visage et s'arrête. Pierre le rejoint et ils parlent entre eux. Puis ils rejoignent le groupe de tout à l'heure. « Moi, je dirais que le meilleur endroit, c'est dans le Temple » dit Philippe.
« Es-tu fou ? » crient les cousins, Mathieu et Jacques. « Mais si là on veut sa mort ! »
« Chut ! Quel vacarme ! Je sais ce que je dis. Ils le chercheront partout, mais pas là. Toi et Jean avez de bonnes amitiés parmi les serviteurs d'Anna. On donne une bonne poignée d'or... et tout est fait. Croyez-le ! Le meilleur endroit pour cacher quelqu'un que l'on recherche, c'est la maison du geôlier. »
« Moi, je ne le fais pas » dit Jacques de Zébédée. « Mais écoute aussi les autres, Jean pour commencer. Et si ensuite ils l'arrêtent ? Je ne veux pas qu'on dise que c'est moi le traître... »
« Je n'y avais pas pensé. Et alors ? » Pierre est anéanti.
« Et alors je dirais qu'il faut faire une chose par pitié. La seule que nous puissions : éloigner la Mère » dit Jude d'Alphée.
« Bon !... Mais... qui y va ? Qu'est-ce qu'on lui dit ? Vas-y toi, son parent. »
« Moi, je reste avec Jésus. C'est mon droit. Vas-y toi. »
« Moi ? ! Je me suis armé d'une épée pour mourir comme Eléazar de Saura. Je traverserai des légions pour défendre mon Jésus et je frapperai sans retenue. Si la force de ceux qui sont plus nombreux me tue, n'importe. Je l'aurai défendu » proclame Pierre.
« Mais es-tu vraiment sûr que c'est l'Iscariote ? » demande Philippe au Thaddée.
« J'en suis sûr. Aucun de nous n'a un cœur de serpent. Il n'y a que lui... Va, Mathieu, trouver Marie et dis-lui... »
« Moi ? La tromper ? La voir, ignorante, à côté de moi, et puis ?... Ah ! non. Je suis prêt à mourir, mais pas à trahir cette colombe... »
Les voix se confondent en un murmure.
« Tu entends ? Maître, nous t'aimons » dit Simon.
« Je le sais. Je n'ai pas besoin de ces paroles pour le savoir. Et si elles donnent la paix au cœur du Christ, elles blessent son âme. »
« Pourquoi, mon Seigneur ? Ce sont des paroles d'amour. »
« D'un amour tout humain. En vérité, en ces trois ans, je n'ai rien fait, car vous êtes encore plus humains qu'à la première heure. Les ferments les plus fangeux fermentent encore en vous tous, ce soir. Mais ce n'est pas votre faute... »
« Sauve-toi, Jésus ! » dit Jean en gémissant.
« Je me sauve. »
« Oui ? Oh ! mon Dieu, merci ! » Jean paraît une fleur qui plie en se desséchant et qui redevient fraîche sur sa tige. « Je le dis aux autres. Où allons-nous ? »
« Moi à la mort. Vous à la Foi. »
« Mais n'avais-tu pas dit maintenant que tu te sauvais ? » Le préféré est de nouveau accablé.
« Je me sauve, en fait, je me sauve. Si je n'obéissais pas au Père, je me perdrais. J'obéis, donc je me sauve. Mais ne pleure pas ainsi Tu es moins brave que les disciples de ce philosophe grec dont je t'ai parlé un jour. Eux restèrent près de leur maître que faisait mourir la ciguë, pour le réconforter par leur virile douleur. Toi... tu sembles un enfant qui a perdu son père. »
« Et n'en est-il pas ainsi ? C'est plus que si je perdais mon père ! Je te perds Toi... »
« Tu ne me perds pas puisque tu continues de m'aimer. Est perdu quelqu'un qui est séparé de nous par l'oubli sur la Terre et par le jugement de Dieu dans l'au-delà. Mais nous ne serons pas séparés. Jamais. Ni par celui-ci, ni par celui-là. »
Mais Jean n'entend pas raison.
Simon s'approche encore plus près de Jésus et Lui confie à voix basse : « Maître... moi... Simon Pierre et Moi, nous espérions faire quelque chose de bon... Mais... Toi qui sais tout, dis-moi : dans combien d'heures penses-tu être capturé ? »
« Avant que la lune ne soit au sommet de son arc. »
Simon fait un geste de douleur et d'impatience, pour ne pas dire de dépit. « Alors tout a été inutile... Maître, je vais t'expliquer. Tu as presque reproché à Simon Pierre et à moi de t'avoir laissé seul dans ces derniers jours... Mais nous nous éloignions pour Toi... Par amour pour Toi. Pierre, dans la nuit de lundi, impressionné par tes paroles, est venu me trouver pendant mon sommeil et il m'a dit : "Toi et Moi- je me fie à toi - , nous devons faire quelque chose pour Jésus. Même Judas a dit vouloir s'en occuper" Oh ! pourquoi n'avons-nous pas compris alors ? Pourquoi ne nous as-tu rien dit, Toi ? Mais dis-moi : tu ne l'as dit à personne ? Vraiment à personne ? Peut-être l'as-tu compris seulement il y a quelques heures ? »
« Je l'ai toujours su. Avant même qu'il fût au nombre des disciples. Et pour que son crime ne fût pas parfait, du côté divin et du côté humain, j'ai cherché de toutes les manières de l'éloigner de Moi. Ceux qui veulent que je meure sont les bourreaux de Dieu. Lui, mon disciple et ami, est aussi le Traître, le bourreau de l'homme. Mon premier bourreau car il m'a déjà fait mourir par l'effort de l'avoir à côté de Moi, à ma table, et de devoir le protéger de Moi-même contre vous. »
« Et personne ne le sait ? »

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Message par Grosjean Sam 21 Mar 2009 - 9:22

Samedi 3ème semaine de Carême (22ème jour)(suite)
Le triduum pascal


« Jean. Je lui l'ai dit à la fin de la Cène. Mais qu'avez-vous fait ? »
« Et Lazare ? Il ne sait vraiment rien Lazare ? Aujourd'hui nous sommes allés chez lui. En effet, il est venu de grand matin, a sacrifié et est reparti, sans même s'arrêter à son palais et sans aller au Prétoire, car lui y va toujours par suite d'une habitude prise par son père. Et Pilate, tu le sais, est dans la ville, ces jours-ci... »
« Oui. Ils y sont tous. Il y a Rome, la nouvelle Sion, avec Pilate. Il y a Israël avec Caïphe et Hérode. Il y a tout Israël, car la Pâque a rassemblé les enfants de ce peuple au pied de l'autel de Dieu... As-tu vu Gamaliel ? »
« Oui. Pourquoi me le demandes-tu ? Je dois le revoir aussi demain... »
« Gamaliel, ce soir est à Bethphagé. Je le sais. Quand nous serons arrivés au Gethsémani tu iras trouver Gamaliel et tu lui diras : "Sous peu tu auras le signe que tu attends depuis vingt et un ans". Rien d'autre. Et puis tu reviendras avec tes compagnons. »
« Mais comment le sais-tu ? Oh ! Maître, mon pauvre Maître qui n'as même pas le réconfort d'ignorer les œuvres d'autrui ! »
« Tu dis bien ! Le réconfort d'ignorer ! Pauvre Maître ! Car il y a plus d'œuvres mauvaises que de bonnes. Mais je vois aussi celles qui sont bonnes et je m'en réjouis. »
« Alors tu sais que... »
« Simon, c'est l'heure de ma passion. Pour la rendre plus complète, le Père me retire la lumière à mesure qu'on approche. D'ici peu, je n'aurai que ténèbres et la contemplation de ce que sont les ténèbres : c'est-à-dire tous les péchés des hommes. Tu ne peux, vous ne pouvez pas comprendre. Personne, à moins d'y être appelé par Dieu pour une mission spéciale, ne comprendra cette passion dans la grande Passion. Puisque l'homme est matériel, même dans l'amour et dans la méditation, il y en aura qui pleureront et souffriront à cause des coups que j'ai reçus, et de mes tortures de Rédempteur, mais on ne mesurera pas cette torture spirituelle qui, croyez-le vous qui m'écoutez, sera la plus atroce... Parle-moi donc, Simon. Guide-moi sur les sentiers où ton amitié est allée pour Moi, car je suis un pauvre qui perd la vue et qui voit des fantômes, et non des choses réelles... »
Jean le serre contre lui et demande : « Quoi ? Tu ne vois plus ton Jean ? »
« Je te vois, mais les fantômes surgissent du brouillard de Satan, visions de cauchemar et de douleur. Nous sommes tous enveloppés dans ce miasme d'enfer, ce soir. En Moi, il cherche à créer la lâcheté, la désobéissance et la douleur. En vous, il créera la déception et la peur. En d'autres, qui pourtant ne sont ni peureux ni criminels, il amènera le crime et l'effroi. En d'autres, qui déjà appartiennent à Satan, il donnera la perversion surnaturelle. Je parle ainsi car leur perfection dans le mal sera telle qu'elle dépassera les possibilités humaines et atteindra la perfection qui est toujours dans le surhumain. Parle, Simon. »
« Oui. Depuis mardi, nous ne faisons que nous déplacer pour savoir, pour prévenir, pour chercher de l'aide. »
« Et qu'avez-vous pu faire ? »
« Rien, ou bien peu. »
« Et le peu sera "rien" quand la peur paralysera les cœurs. »
« Je me suis heurté aussi à Lazare... La première fois que cela m'arrive... Heurté car il me paraît inerte... Lui pourrait agir. C'est un ami du Gouverneur. C'est toujours le fils de Théophile ! Mais Lazare a repoussé toutes mes propositions. Je l'ai quitté en criant : "Je pense que l'ami dont parle le Maître, c'est toi ! Tu me fais horreur !" et je ne voulais plus retourner chez lui. Mais, ce matin, il m'a appelé et m'a dit : "Peux-tu encore penser que je suis le traître ?" J'avais déjà vu Gamaliel, et Joseph et Chouza, et Nicodème et Manaën, et enfin ton frère Joseph... et je ne pouvais plus croire cela. Je lui ai dit : "Pardonne-moi, Lazare. Mais je sens ma pensée bouleversée plus que quand j'étais moi-même un condamné". Et c'est ainsi, Maître... Je ne suis plus moi... Mais pourquoi souris-tu ? »
« Parce que cela confirme ce que je t'ai dit auparavant. Le brouillard de Satan t'enveloppe et te trouble. Qu'a répondu Lazare ? »
« Il a dit : "Je te comprends. Viens aujourd'hui avec Nicodème. J'ai besoin de te voir". Et j'y suis allé pendant que Simon Pierre allait chez les galiléens, car ton frère qui vient de si loin sait plus de nouvelles que nous. Il dit qu'il a été informé par hasard en parlant avec un vieux galiléen, ami d'Alphée et de Joseph, qui habite près des marchés. »
« Ah !... oui... Un grand ami de la maison... »
« Il est ici avec Simon et les femmes. Il y a aussi la famille de Cana. »
« J'ai vu Simon. »
« Eh bien, Joseph, par son ami, qui est ami aussi de quelqu'un du Temple qui est devenu son parent par les femmes, a su qu'est décidée ta capture, et il a dit à Pierre : "Je l'ai toujours combattu, mais par amour et tant qu'il était encore fort. Mais maintenant qu'il devient comme un enfant à la merci de ses ennemis, moi, son parent qui l'ai toujours aimé, je suis avec Lui. C'est un devoir de sang et de cœur". »
Jésus sourit en reprenant pour un instant le visage serein des heures de joie.
« Et Joseph a dit à Pierre : "Les pharisiens de Galilée sont des aspics comme tous les pharisiens. Mais la Galilée n'est pas toute pharisienne. Et il y a ici beaucoup de galiléens qui l'aiment. Allons leur dire de se rassembler pour le défendre. Nous n'avons que des couteaux, mais les bâtons aussi sont des armes quand on les manie bien. Et, si les milices romaines n'interviennent pas, nous aurons vite raison de cette lâche canaille que sont les sbires du Temple". Et Pierre est allé avec lui. Moi, pendant ce temps, j'allais chez Lazare, avec Nicodème. Nous avions décidé de le persuader de venir avec nous et d'ouvrir la maison pour rester avec Toi. Il nous a dit : "Je dois obéir à Jésus et rester ici. Pour souffrir le double..." Est-ce vrai ? »
« C'est vrai. Je lui ai donné cet ordre. »
« Pourtant il m'a donné les épées, elles sont à lui : une pour moi, une pour Pierre. Chouza aussi voulait me donner des épées. Mais... que sont deux lames de fer contre tout un monde ? Chouza ne peut croire que soit vrai ce que tu dis. Il jure que lui ne sait rien et qu'à la cour on ne pense qu'à jouir de la fête... Une ripaille comme à l'ordinaire. Si bien qu'il a dit à Jeanne de se retirer dans une de leurs maisons en Judée. Mais Jeanne veut rester ici, renfermée dans son palais comme si elle n'y était pas. Mais elle ne s'éloigne pas. Elle a avec elle Plautina, Anne et Nique, et deux dames romaines de la maison de Claudia. Elles pleurent, prient et font prier les innocents. Mais ce n'est pas un temps de prière. C'est un temps de sang. Je sens renaître en moi le "zélote" et je brûle de tuer pour faire vengeance !... »
« Simon, si j'avais voulu te faire mourir maudit, je ne t'aurais pas enlevé à la désolation !... » Jésus est très sévère.
« Oh ! pardon, Maître... pardon. Je suis comme ivre, je délire. »
« Et Manaën, que dit-il ? »
« Manaën dit que cela ne peut être vrai, et que si c'était vrai, lui te suivra même au supplice. »
« Comme tous vous avez confiance en vous !... Que d'orgueil il y a dans l'homme ! Et Nicodème et Joseph ? Que savent-ils ? »
« Rien de plus que moi. Il y a quelque temps, dans une assemblée, Joseph s'en est pris au Sanhédrin. Il les traita d'assassins parce qu'ils voulaient tuer un innocent, et il dit : "Tout est illégal là dedans. Lui le dit bien : c'est l'abomination dans la maison du Seigneur. Cet autel sera détruit car il est profané". Ils ne le lapidèrent pas parce que c'est lui. Mais depuis lors ils l'ont tenu dans l'ignorance totale. Seuls Gamaliel et Nicodème sont restés ses amis. Mais le premier ne parle pas et le second... Ni lui ni Joseph n'ont plus été convoqués au Sanhédrin pour les décisions les plus vraies. Il se réunit illégalement ici et là, à des heures différentes, car ils ont peur d'eux et de Rome. Ah ! j'oubliais !... Les bergers. Eux aussi sont avec les galiléens. Mais nous sommes peu nombreux ! Si Lazare avait voulu nous écouter et aller trouver le Préteur ! Mais il ne nous a pas écoutés... Voilà ce que nous avons fait... Beaucoup... et rien... et je suis tellement accablé que je voudrais aller à travers la campagne en criant comme un chacal, en m'abrutissant dans une orgie, en tuant comme un brigand, pour m'enlever cette pensée que "tout est inutile" comme l'a dit Lazare, comme l'ont dit Joseph et Chouza, et Manaën et Gamaliel ... » Le Zélote ne semble plus lui-même...
« Qu'a dit le rabbi ? »
« Il a dit : "Je ne connais pas exactement les intentions de Caïphe, mais je vous dis que seulement pour le Christ est prophétisé ce que vous dites. Et comme je ne reconnais pas le Christ en ce prophète, je ne trouve pas qu'il y ait lieu de s'agiter. Un homme sera tué, bon, ami de Dieu. Mais de combien de ses semblables, Sion a bu le sang ? !" Et comme nous insistions sur ta Nature divine, il a répété avec entêtement : "Quand je verrai le signe, je croirai". Il a promis de s'abstenir de voter ta mort et même, si possible, de persuader les autres de ne pas te condamner. Cela, rien de plus. Il ne croit pas ! Il ne croit pas ! Si on pouvait arriver à demain... Mais tu dis que non. Oh ! qu'allons-nous faire, nous' ? ! »
« Tu iras chez Lazare et tu chercheras à y amener autant que tu peux. Non seulement des apôtres, mais aussi des disciples que tu trouveras errants sur les chemins de la campagne. Tu essaieras de voir les bergers et de leur donner cet ordre. La maison de Béthanie est plus que jamais la maison de Béthanie, la maison de la bonne hospitalité. Que ceux qui n'ont pas le courage d'affronter la haine de tout un peuple se réfugient là, pour attendre... »
« Mais nous ne te laisserons pas. »
« Ne vous séparez pas... Divisés vous ne seriez rien. Unis, vous serez encore une force. Simon, promets-moi cela. Tu es paisible, fidèle, tu sais parler et commander, même Pierre. Et tu as une grande obligation envers Moi. Je te le rappelle pour la première fois pour t'imposer l'obéissance. Regarde : nous sommes au Cédron. De là tu es monté vers Moi lépreux et d'ici tu es parti purifié. Pour ce que je t'ai donné, donne-moi. Donne à l'Homme ce que Moi j'ai donné à l'homme. Maintenant le lépreux c'est Moi... »
« Non ! Ne le dis pas ! » disent ensemble en gémissant les deux disciples.
« Il en est ainsi ! Pierre, mes frères seront les plus accablés. Mon honnête Pierre se sentira comme un criminel et n'aura pas de paix. Et mes frères... Ils n'auront pas le courage de regarder leur mère et la mienne... Je te les recommande... »
« Et moi, Seigneur, de qui serai-je ? Tu ne penses pas à moi ? »
« O mon petit enfant ! Tu es confié à ton amour. Il est si fort qu'il te guidera comme une mère. Je ne te donne pas d'ordre ni de direction. Je te laisse sur les eaux de l'amour. Elles sont en toi un fleuve si calme et si profond que je ne me mets pas en peine pour ton lendemain. Simon, tu as entendu ? Promets, promets-moi ! » Il est pénible de voir Jésus tellement angoissé... Il reprend : « Avant que viennent les autres ! Oh ! merci ! Sois béni ! »
Tout le groupe se réunit.
« Maintenant, séparons-nous. Moi, je monte là-haut pour prier. Je veux avec Moi Pierre, Jean et Jacques. Vous, restez ici. Et si vous êtes accablés, appelez. Et ne craignez pas. On ne touchera pas à un cheveu de votre tête.. Priez pour Moi. Déposez la haine et la peur. Ce ne sera qu'un instant... et ensuite la joie sera pleine. Souriez. Que j'ai dans le cœur vos sourires. Et encore, merci de tout, amis. Adieu. Que le Seigneur ne vous abandonne pas... »

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Message par Grosjean Lun 23 Mar 2009 - 9:29

Lundi 4ème semaine de Carême (23ème jour)
Gethsémani



Jésus se sépare des apôtres et va en avant pendant que Pierre se fait donner par Simon la torche. Celui-ci auparavant a allumé avec elle des rameaux résineux qui brûlent en crépitant au bord de l'oliveraie et répandent une odeur de genièvre.
Je souffre de voir le Thaddée qui regarde Jésus d'un regard tellement intense et douloureux que ce dernier se retourne et cherche qui l'a regardé. Mais le Thaddée se cache derrière Barthélemy et se mord les lèvres pour se calmer.
Jésus fait de la main un geste qui est bénédiction et adieu, puis il continue son chemin. La lune, maintenant très haute, entoure de sa lumière sa haute figure et paraît la faire plus grande, en la spiritualisant, en rendant plus clair son vêtement rouge et plus pâle l'or de ses cheveux. Derrière Lui, hâtent le pas Pierre avec la torche et les deux fils de Zébédée.
Ils continuent jusqu'à ce qu'ils rejoignent le bord du premier escarpement du rustique amphithéâtre de l'oliveraie, auquel sert d'entrée la petite place irrégulière et de gradins les différents escarpements qui montent par échelons des oliviers sur le mont. Puis Jésus leur dit : « Arrêtez-vous, attendez-moi ici pendant que je prie. Mais ne dormez pas. Je pourrais avoir besoin de vous. Et, je vous le demande par charité : priez ! Votre Maître est très accablé. »
Et en effet il est déjà profondément accablé. Il paraît chargé d'un fardeau. Où est désormais le viril Jésus qui parlait aux foules, beau, fort, l'œil dominateur, souriant paisiblement, avec sa voix retentissante et pleine de charme ? Il paraît déjà pris par l'angoisse. Il est comme quelqu'un qui a couru ou qui a pleuré. Sa voix est lasse et angoissée. Triste, triste, triste...
Pierre répond au nom de tous : « Sois tranquille, Maître. Nous veillerons et nous prierons. Tu n'as qu'à nous appeler et nous viendrons. »
Et Jésus les quitte alors que les trois se penchent pour ramasser des feuilles et des branches pour faire un feu qui serve à les tenir éveillés et aussi pour combattre la rosée qui commence à descendre abondamment.
Il marche, en leur tournant le dos, de l'occident vers l'orient, ayant donc en face la lumière de la lune. Je vois qu'une grande douleur dilate encore davantage son œil ; c'est peut-être un bistre de lassitude qui l'élargit, peut-être est-ce l'ombre de l'arcade sourcilière. Je ne sais pas. Je sais qu'il a l'œil plus ouvert et plus enfoncé. Il monte, la tête penchée, seulement de temps en temps il la lève en soupirant comme s'il se fatiguait et haletait, et alors il tourne son œil si triste sur l'oliveraie paisible. Il fait quelques mètres en montée, puis il tourne autour d'un escarpement qui se trouve ainsi entre Lui et les trois qu'il a laissés plus bas.
L'escarpement, qui au début ne monte que de quelques décimètres, ne cesse de monter, et il a bientôt atteint deux mètres, de sorte qu'il met complètement Jésus à l'abri de tout regard indiscret ou ami. Jésus continue jusqu'à un gros rocher qui à un certain point barre le petit sentier, peut-être mis pour soutenir la côte qui descend avec plus de rapidité et nue jusqu'à un espace désolé qui précède les murs au-delà desquels est située Jérusalem, et qui vers le haut continue à monter avec d'autres escarpements et d'autres oliviers. Justement au-dessus du gros rocher se penche un olivier tout noueux et tordu. Il semble un bizarre point d'interrogation mis par la nature pour poser quelque question. Les branches touffues au sommet donnent une réponse à la question du tronc, en disant tantôt oui quand elles se penchent vers la terre, tantôt non en se déplaçant de droite à gauche, sous un vent léger qui passe par vagues successives à travers les feuillages et qui parfois exhale seulement l'odeur de la terre, parfois l'odeur légèrement amère de l'olivier, parfois un parfum mêlé de roses et de muguets dont on se demande d'où il peut bien venir. Au-delà du petit sentier, vers le bas, il y a d'autres oliviers et l'un, justement au-dessous du rocher, frappé par la foudre et ayant pourtant survécu, ou découpé je ne sais comment, a, du tronc primitif, fait deux troncs qui se dressent comme les deux branches d'un grand V moulé et les deux feuillages se présentent d'un côté et de l'autre du rocher comme si en même temps ils voulaient voir et cacher, ou lui faire une base d'un gris argenté tout paisible.
Jésus s'arrête à cet endroit. Il ne regarde pas la ville qui se fait voir tout en bas, toute blanche dans le clair de lune. Au contraire il lui tourne le dos et il prie, les bras ouverts en croix, le visage levé vers le ciel. Je ne vois pas son visage car il est dans l'ombre, la lune étant pour ainsi dire perpendiculaire au-dessus de sa tête, c'est vrai, mais ayant aussi le feuillage épais de l'olivier entre Lui et la lune dont les rayons filtrent à peine entre les feuilles en produisant des taches lumineuses en perpétuel mouvement. Une longue, ardente prière. De temps en temps il pousse un soupir et fait entendre quelque parole plus nette. Ce n'est pas un psaume, ni le Pater. C'est une prière faite du jaillissement de son amour et de son besoin. Un vrai discours fait à son Père.
Je le comprends par les quelques paroles que je saisis : « Tu le sais... Je suis ton Fils... Tout, mais aide-moi... L'heure est venue... Je ne suis plus de la Terre. Cesse tout besoin d'aide à ton Verbe... Fais que l'Homme te satisfasse comme Rédempteur, comme la Parole t'a été obéissante... Ce que Tu veux... C'est pour eux que je te demande pitié... Les sauverai-je ? C'est cela que je te demande. Je les veux ainsi : sauvés du monde, de la chair, du démon... Puis-je te demander encore ? C'est une juste demande, mon Père. Pas pour Moi. Pour l'homme qui est ta création, et qui voulut rendre fange jusqu'à son âme. Je jette dans ma douleur et dans mon Sang cette boue pour qu'elle redevienne l'incorruptible essence de l'esprit qui t'est agréable... Il est partout. C'est lui le roi ce soir : au palais royal et dans les maisons, parmi les troupes et au Temple... La ville en est pleine, et demain ce sera un enfer... »
Jésus se tourne, appuie son dos au rocher et croise ses bras. Il regarde Jérusalem. Le visage de Jésus devient de plus en plus triste. Il murmure : « Elle paraît de neige... et elle n'est que péché. Même chez elle, combien en ai-je guéris ! J’ai tant parlé !... Où sont ceux qui me paraissaient fidèles ? »...
Jésus penche la tête et regarde fixement le terrain couvert d'une herbe courte et que la rosée rend brillante. Mais bien qu'il ait la tête penchée je comprends qu'il pleure car des gouttes brillent en tombant de son visage sur le sol. Puis il lève la tête, desserre ses bras, les joint en les tenant au-dessus de sa tête et en les agitant ainsi unis.
Puis il se met en route. Il revient vers les trois apôtres assis autour de leur feu de branchages. Il les trouve à moitié endormis. Pierre appuie ses épaules à un tronc, et les bras croisés sur la poitrine il balance sa tête, dans le premier brouillard d'un sommeil profond. Jacques est assis, avec son frère, sur une grosse racine qui affleure et sur laquelle ils ont mis leurs manteaux pour moins sentir les aspérités, mais malgré cela, bien qu'ils soient moins à l'aise que Pierre, eux aussi somnolent. Jacques a abandonné sa tête sur l'épaule de Jean qui a penché la tête sur celle de son frère comme si le demi-sommeil les avait immobilisés dans cette pose.
« Vous dormez ? Vous n'avez pas su veiller une seule heure ? Et Moi j'ai tant besoin de votre réconfort et de vos prières ! »
Les trois sursautent confus. Ils se frottent les yeux, ils murmurent une excuse, accusant la digestion pénible d'être la première cause de leur sommeil : « C'est le vin... la nourriture... Mais maintenant cela passe. Cela n'a été qu'un moment. Nous ne désirions pas parler et cela nous a endormis. Mais maintenant nous allons prier à haute voix et cela ne nous arrivera plus. »
« Oui. Priez et veillez. Pour vous aussi, vous en avez besoin. »
« Oui, Maître. Nous allons t'obéir. »
Jésus s'en retourne. La lune Lui frappe le visage si fort que sa clarté d'argent fait pâlir de plus en plus son vêtement rouge comme si elle le couvrait d'une poussière blanche et lumineuse. Je vois dans cette clarté son visage découragé, affligé, vieilli. Le regard est toujours dilaté mais paraît embué de larmes. La bouche a un pli de lassitude.
Il revient à son rocher plus lentement et tout penché. Il s'y agenouille en appuyant ses bras au rocher qui n'est pas lisse, mais à mi-hauteur il a une sorte de sein, comme si on l'avait travaillé exprès. Sur ce sein de dimension réduite, il a poussé une petite plante qui me semble de ces fleurettes semblables à de petits lys que j'ai vues aussi en Italie. Les petites feuilles sont rondes mais dentelées sur les bords et charnues avec des fleurettes sur les tiges très grêles. On dirait des petits flocons de neige qui saupoudrent la grisaille du rocher et les feuilles d'un vert foncé. Jésus appuie ses mains près d'elles et les fleurettes Lui frôlent la joue car il pose sa tête sur ses mains jointes et il prie. Après un moment il sent la fraîcheur des petites corolles et il lève la tête. Il les regarde, les caresse, leur parle : « Vous êtes pures !... Vous me réconfortez ! Dans la petite grotte de Maman, il y avait aussi de ces fleurettes... et elle les aimait car elle disait : "Quand j'étais petite, mon père me disait : `Tu es un lys si petit et tout plein de la rosée céleste' "... Maman ! Oh ! Maman ! » Il éclate en sanglots. La tête sur ses mains jointes, retombé un peu sur ses talons, je le vois et l'entends pleurer, alors que ses mains serrent ses doigts et se tourmentent l'une l'autre. Je l'entends qui dit : « A Bethléem aussi... et je te les ai apportées, Maman. Mais celles-ci, qui te les apportera désormais ?... »
Puis il recommence à prier et à méditer. Elle doit être bien triste sa méditation, angoissée plutôt que triste car, pour y échapper, il se lève, va en avant et en arrière en murmurant des paroles que je ne saisis pas, levant son visage, le rabaissant, faisant des gestes, passant sur ses yeux, sur ses joues, sur ses cheveux, ses mains avec des mouvements machinaux et agités, comme ceux de quelqu'un saisi d’une grande angoisse. Ce n'est rien de le dire. Le décrire est impossible. Le voir, c'est partager son angoisse.
Il fait des gestes vers Jérusalem. Puis il recommence à élever les bras vers le ciel comme pour demander de l'aide. Il enlève son manteau comme s'il avait chaud. Il le regarde... Mais que voit-il ? Ses yeux ne regardent pas autre chose que sa torture et tout sert à cette torture pour l'augmenter, même le manteau tissé par sa Mère. Il le baise et dit : « Pardon, Maman ! Pardon ! » Il semble le demander à l'étoffe filée et tissée par l'amour de sa Mère... Il le reprend. Il est pris par un tourment. Il veut prier pour le surmonter, mais avec la prière reviennent les souvenirs, les appréhensions, les doutes, les regrets... C'est toute une avalanche de noms... de villes... de personnes... de faits... Je ne puis le suivre car il est rapide et irrégulier. C'est sa vie évangélique qui défile devant Lui... et Lui ramène Judas le traître. Son angoisse est si grande, que pour la vaincre il crie le nom de Pierre et de Jean. Et il dit : « Maintenant ils vont venir. Ils sont bien fidèles, eux ! » Mais « eux » ne viennent pas. Il appelle de nouveau. Il parait terrorisé comme s'il voyait je ne sais quoi. Il s'enfuit rapidement vers l'endroit où se trouve Pierre et les deux frères. Et il les trouve plus commodément et plus pesamment endormis autour de quelques braises qui vont mourir et produisent seulement des éclairs rouges dans la cendre grise.
« Pierre ! Je vous ai appelés trois fois ! Mais que faites-vous ? Vous dormez encore ? Mais vous ne sentez pas à quel point je souffre ?
Que la chair n'ait pas le dessus, ne vous vainque pas. En aucun de vous. Si 1’esprit est prompt, la chair est faible. Aidez-moi... »
Les trois s'éveillent plus lentement, mais finalement ils y arrivent et s'excusent, les yeux ébahis. Ils se lèvent, en commençant par s'asseoir, puis ils se mettent vraiment debout.
« Mais pense donc! » murmure Pierre. « Ceci ne nous est jamais arrivé ! Ce doit être vraiment ce vin. Il était fort. Et aussi ce froid. On s'est couvert pour ne pas le sentir (en effet ils s'étaient couverts avec leurs manteaux, même la tête) et on n'a plus vu le feu, on n'a plus eu froid et voilà que le sommeil est venu. Tu dis que tu nous as appelés ? Et pourtant il ne me semblait pas que je dormais si profondément... Allons, Jean, cherchons des branches, remuons-nous. Cela va passer. Sois tranquille, Maître, que dorénavant !... Nous resterons debout... » et il jette une poignée de feuilles sèches sur la braise et souffle pour faire reprendre la flamme. Il l'alimente avec les branches apportées par Jean, pendant que Jacques apporte un quartier de genièvre ou d'une plante du même genre qu'il a coupé dans un buisson peu éloigné et le met par dessus le reste.
La flamme monte haute et gaie éclairant le pauvre visage de Jésus, un visage vraiment d'une tristesse telle que l'on ne peut le regarder sans pleurer. Toute clarté de ce visage a disparu dans une lassitude mortelle. Il dit : « J'éprouve une angoisse mortelle ! Oh ! oui ! Mon âme est triste à en mourir. Amis !... Amis ! Amis ! » Mais même s'il ne le disait pas, son aspect dirait qu'il est vraiment comme quelqu'un qui meurt, et dans l'abandon le plus angoissé et le plus désolé. Il semble que chacune de ses paroles soit un sanglot...

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Message par Grosjean Lun 23 Mar 2009 - 9:30

Lundi 4ème semaine de Carême (23ème jour) (suite)
Gethsémani


Mais les trois sont trop appesantis par le sommeil. Ils semblent presque ivres tant ils marchent en titubant les yeux demi-clos... Jésus les regarde... Il ne les mortifie pas par des reproches. Il secoue la tête, soupire et s'en va à la place qu'il occupait.
Il prie de nouveau debout, les bras en croix. Puis à genoux comme avant, le visage penché sur les petites fleurs. Il réfléchit. Il se tait... Puis il se met à gémir et à sangloter fortement, presque prosterné tant il s'est relâché sur ses talons. Il appelle le Père avec toujours plus d'angoisse...
« Oh ! » dit-il. « Il est trop amer ce calice ! Je ne puis pas ! Je ne puis pas. Il est au-dessus de ce que je puis. J'ai tout pu ! Mais pas cela... Eloigne-le, Père, de ton Fils ! Pitié pour Moi !... Qu'ai-je fait pour le mériter ? » Puis il se reprend et dit : « Cependant, mon Père, n'écoute pas ma voix si elle te demande ce qui est contraire à ta volonté. Ne me vois pas comme ton Fils, mais seulement ton serviteur. Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
Il reste ainsi un moment, puis il pousse un cri étouffé et lève un visage bouleversé. Un seul instant, puis il tombe sur le sol, le visage réellement contre terre et il reste ainsi. Une loque d'homme sur qui pèse tout le péché du monde, sur qui s'abat toute la Justice du Père, sur qui descendent les ténèbres, la cendre, le fiel, cette redoutable, redoutable, absolument redoutable chose qu'est l'abandon de Dieu, pendant que Satan nous torture... C'est l'asphyxie de l'âme, c'est être ensevelis vivants dans cette prison qu'est le monde quand on ne peut plus sentir qu'entre nous et Dieu il y a un lien, c'est être enchaînés, bâillonnés, lapidés par nos propres prières qui nous retombent dessus hérissées de pointes et pleines de feu, c'est se heurter contre un Ciel fermé où ne pénètrent pas la voix et les regards de notre angoisse, c'est être « orphelins de Dieu », c'est la folie, l'agonie, le doute de s'être jusqu'alors trompés, c'est la persuasion d'être chassés par Dieu, d'être damnés. C'est l'enfer !...
Oh ! je le sais ! et je ne puis, je ne puis voir la douleur de mon Christ, et savoir qu'elle est un million de fois plus atroce que celle qui m'a consumée an passé et qui, quand elle me revient à l'esprit, me bouleverse encore...
Jésus gémit, au milieu des râles et des soupirs d'une véritable agonie : « Rien !... Rien !... Va-t'en !... La volonté du Père ! Elle ! Elle seule !... Ta volonté, Père. La tienne, non pas la mienne... Inutile. Je n'ai qu'un Seigneur : le Dieu très Saint. Une Loi : l'obéissance. Un amour : la rédemption... Non. Je n'ai plus de Mère. Je n'ai plus de vie. Je n'ai plus de divinité. Je n'ai plus de mission. C'est inutilement que tu me tentes, démon, avec la Mère, la vie, ma divinité, ma mission. J'ai pour mère l'Humanité et je l'aime jusqu'à mourir pour elle. La vie, je la rends à Celui qui me l'a donnée et me la demande, au Maître Suprême de tout vivant. La Divinité, je l'affirme en montrant qu'elle est capable de cette expiation. La mission, je l'accomplis par ma mort. Je n'ai plus rien, sauf de faire la volonté du Seigneur mon Dieu. Va-t'en, Satan ! Je l'ai dit la première et la seconde fois. Je le redis pour la troisième : "Père : s'il est possible, que ce calice s'éloigne de Moi. Mais pourtant que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite". Va-t'en, Satan. J'appartiens à Dieu. »
Puis il ne parle plus que pour dire entre ses halètements : « Dieu ! Dieu ! Dieu ! » Il l'appelle à chaque battement de son cœur et il semble qu'à chaque battement le sang déborde. L'étoffe tendue sur les épaules s'en imbibe et devient sombre malgré le grand clair de lune qui l'enveloppe tout entier.
Pourtant une clarté plus vive se forme au-dessus de sa tête, suspendue à environ un mètre de Lui, une clarté si vive que même le Prostré la voit filtrer à travers les ondulations des cheveux déjà alourdis par le sang et malgré le voile dont le sang couvre ses yeux.
Il lève la tête... La lune resplendit sur le pauvre visage et encore plus resplendit la lumière angélique semblable au diamant blanc-azur de l'étoile Vénus. Et arrive la terrible agonie dans le sang qui transsude des pores. Les cils, les cheveux, la moustache, la barbe sont aspergés et couverts de sang. Le sang coule des tempes, le sang sort des veines du cou, les mains dégouttent du sang. Il tend les mains vers la lumière angélique et quand les larges manches glissent vers les coudes, les avant-bras du Christ se voient en train de suer du sang. Dans le seul visage les larmes tracent deux lignes nettes à travers le masque rouge.
Il enlève de nouveau son manteau et s'essuie les mains, le visage, le cou, les avant-bras. Mais la sueur continue. Il presse plusieurs fois l'étoffe sur son visage en la tenant pressée avec ses mains, et chaque fois qu'elle change de place, apparaissent nettement sur l'étoffe rouge foncé les empreintes qui, humides comme elles le sont, semblent être noires. Sur le sol l'herbe est rouge de sang.
Jésus est sur le point de défaillir. Il délace son vêtement au cou comme s'il se sentait étouffer. Il porte la main à son cœur et puis à sa tête et l'agite devant son visage comme pour s'éventer, en gardant la bouche entrouverte. Il se traîne vers le rocher, mais plutôt vers le sommet du talus, et s'y appuie le dos. Il reste les bras pendants le long du corps, comme s'il était déjà mort, la tête pendant sur la poitrine. Il ne bouge plus.
La lumière angélique décroît tout doucement. Puis elle se trouve comme absorbée dans le clair de lune. Jésus rouvre les yeux. Il lève péniblement la tête. Il regarde. Il est seul, mais il est moins angoissé. Il allonge une main. Il tire à Lui le manteau qu'il a abandonné sur l'herbe et se met à s'essuyer le visage, les mains, le cou, la barbe, les cheveux. Il prend une large feuille, qui a poussé justement sur le bord du talus, toute couverte de rosée et avec elle il achève de se nettoyer en se lavant le visage et les mains et en s'essuyant de nouveau. Il le fait plusieurs fois avec d'autres feuilles, jusqu'à ce qu'il ait effacé les traces de sa terrible sueur. Seul son vêtement est taché, et spécialement sur les épaules et aux plis des coudes, au cou et à la ceinture, aux genoux. Il le regarde et secoue la tête. Il regarde aussi le manteau, mais il le voit trop taché. Il le plie et le pose sur le rocher, là où il forme un berceau, près des fleurettes.
Difficilement, à cause de sa faiblesse, il se tourne pour se mettre à genoux. Il prie en appuyant la tête sur le manteau sur lequel sont déjà ses mains. Puis il s'appuie au rocher, se lève, et encore légèrement titubant, il va trouver les disciples. Son visage est très pâle, mais il n'est plus troublé. C'est un visage d'une beauté divine bien qu'il soit exsangue et plus triste qu'à l'ordinaire.
Les trois dorment profondément, tout enveloppés dans leurs manteaux, tout à fait allongés près du feu éteint. On les entend respirer profondément en un commencement de ronflement sonore. Jésus les appelle, inutilement. Il doit se pencher et secouer Pierre généreusement.
« Qu'est-ce ? Qui m'arrête ? » dit-il en sortant abasourdi et effrayé de son manteau vert foncé.
« Personne. C'est Moi qui t'appelle. »
« C'est le matin ? »
« Non. La seconde veille est à peu près terminée. »
Pierre est tout engourdi. Jésus secoue Jean qui pousse un cri de terreur en voyant penché sur lui un visage de fantôme tant il semble de marbre. « Oh !... tu me paraissais mort ! »
Il secoue Jacques et celui-ci croit que c'est son frère qui l'appelle et il dit : « Ils ont pris le Maître ? »
« Pas encore, Jacques » répond Jésus. « Mais levez-vous maintenant et allons. Celui qui me trahit est proche. »
Les trois, encore étourdis, se lèvent. Ils regardent autour... Oliviers, lune, rossignols, brise, la paix... Rien d'autre. Cependant ils suivent Jésus sans parler. Les huit aussi sont plus ou moins endormis auprès du feu éteint.
« Levez-vous ! » tonne Jésus. « Pendant que Satan arrive, montrez à celui qui ne dort jamais et à ses fils que les fils de Dieu ne dorment pas ! »
« Oui, Maître. »
« Où est-il, Maître ? »
« Jésus, moi... »
« Mais qu'est-il arrivé ? »
Et au milieu des questions et des réponses confuses, ils remettent leurs manteaux...
A peine à temps pour apparaître en ordre à la troupe de sbires, commandée par Judas, qui fait irruption dans la petite place tranquille en l'éclairant violemment avec une foule de torches allumées. C'est une horde de bandits déguisés en soldats, des figures de galériens que déforme un sourire démoniaque. Il y a aussi quelques zélateurs du Temple.
Les apôtres sautent tous dans un coin. Pierre devant, et les autres en groupe derrière. Jésus reste où il est.
Judas s'approche soutenant le regard de Jésus, redevenu le regard étincelant de ses jours les meilleurs. Et il n'abaisse pas son visage. Au contraire il s'approche avec un sourire de hyène et le baise sur la joue droite.
« Ami, et qu'es-tu venu faire ? C'est par un baiser que tu me trahis ? »
Judas baisse un instant la tête, puis la relève... insensible au reproche comme à toute invitation au repentir.
Jésus, après les premières paroles dites avec la majesté de Maître, prend le ton affligé de qui se résigne à un malheur.
Les sbires, en criant, s'avancent avec des cordes et des bâtons et cherchent à s'emparer des apôtres en plus du Christ, sauf de Judas Iscariote, naturellement.
« Qui cherchez-vous ? » demande Jésus calme et solennel.
« Jésus, le Nazaréen. »
« C'est Moi ! » Sa voix est un tonnerre. Devant le monde assassin et celui innocent, devant la nature et les étoiles, Jésus se rend ce témoignage ouvert, loyal, plein d'assurance. Je dirais qu'il est heureux de pouvoir se le donner.
Mais s'il avait dégagé la foudre, il n'aurait pu faire davantage. Tous s'abattent comme une gerbe d'épis fauchés. Ne restent debout que Judas, Jésus et les apôtres qui reprennent courage au spectacle des soldats abattus, si bien qu'ils s'approchent de Jésus en menaçant si explicitement Judas que celui-ci fait un saut juste à temps pour éviter un coup de maître de l'épée de Simon. Poursuivi sans résultat à coups de pierres et de bâtons que lui lancent par derrière les apôtres qui ne sont pas armés d'épées, il s'enfuit au-delà du Cédron et disparaît dans l'obscurité d'une ruelle.
« Levez-vous. Qui cherchez-vous ? Je vous le demande de nouveau. »
« Jésus, le Nazaréen. »
« Je vous ai dit que c'est Moi » dit Jésus avec douceur. Oui : avec douceur. « Laissez donc libres ces autres. Je viens. Déposez les épées et les bâtons. Je ne suis pas un larron. J'étais toujours parmi vous. Pourquoi ne m'avez-vous pas pris alors ? Mais c'est votre heure et celle de Satan... »
Mais pendant qu'il parle, Pierre s'approche de l'homme qui déjà tend les cordes pour lier Jésus, et il donne un coup d'épée maladroit. S'il s'était servi de la pointe, il l'égorgeait comme un mouton. Ainsi il ne fait que lui décoller l'oreille qui reste pendante et laisse couler beaucoup de sang. L'homme crie qu'il est mort. Il y a du désordre entre ceux qui veulent avancer et ceux qui ont peur à la vue des épées et des poignards qui brillent.
« Déposez ces armes. Je vous le commande. Si je voulais, j'aurais les anges du Père pour me défendre. Et toi, sois guéri. Dans ton âme, si tu peux, pour commencer. » Et avant de tendre les mains aux cordes, il touche l'oreille et la guérit.
Les apôtres poussent des cris désordonnés... Oui. Je regrette de le dire, mais c'est ainsi. Qui crie une chose, qui une autre. L'un crie : « Tu nous as trahis ! » et un autre : « Mais il est fou ! » et un autre encore : « Et qui peut te croire ? » Qui ne crie pas s'enfuit...
Et Jésus reste seul... Seul avec les sbires... Et le chemin commence...

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Message par Grosjean Mar 24 Mar 2009 - 7:47

Mardi 4ème semaine de Carême (24ème jour)
22. LES DIFFERENTS PROCES

Commence la douloureuse marche par le petit chemin pierreux qui mène de la petite place où Jésus a été capturé au Cédron et de là, par un autre chemin, vers la ville. Et tout de suite commencent les moqueries et les sévices.
Jésus, lié comme il l'est aux poignets et jusqu'à la ceinture comme s'il était un fou dangereux, avec les bouts des cordes confiés à des énergumènes ivres de haine, est tiré d'un côté et de l'autre comme un chiffon abandonné à la colère d'une meute de chiens. Mais si c'étaient des chiens ceux qui agissent ainsi ils seraient encore excusables. Mais ce sont des hommes, bien qu'ils n'aient d'humain que l'aspect. Et c'est pour causer plus de douleur qu'ils ont pensé à ce liage de deux cordes opposées, dont l'une sert seulement à emprisonner les poignets et les griffe et les scie par son frottement rugueux, et l'autre, celle de la ceinture, comprime les coudes contre le thorax, et scie et comprime le haut de l'abdomen, en torturant le foie et les reins où on a fait un énorme nœud, et où de temps à autre celui qui tient les bouts des cordes donne des coups en s'en servant comme de fouets et en disant : « Hue ! Aller ! Trotte, baudet ! » et il y ajoute aussi des coups de pieds, appliqués derrière les genoux du Torturé qui chancelle et ne tombe pas seulement parce que les cordes le tiennent debout. Mais cela n'évite pas pourtant que, tiré à droite par celui qui s'occupe des mains et à gauche par celui qui tient la corde de la ceinture, Jésus aille heurter les murets et les troncs, et tombe brutalement contre la rampe du petit pont à cause d'un coup plus cruel reçu au moment où il va franchir le petit pont sur le Cédron. La bouche contusionnée saigne. Jésus lève les mains liées pour essuyer le sang qui souille la barbe, et il ne parle pas. C'est vraiment l'agneau qui ne mord pas celui qui le torture.
Des gens pendant ce temps sont descendus prendre des pierres et des cailloux sur la grève, et d'en bas commence une grêle de pierres sur une cible accessible. En effet la marche s'est ralentie sur le petit pont étroit et peu sûr sur lequel les gens s'entassent en se gênant les uns les autres, et les pierres frappent Jésus à la tête, aux épaules, et pas Jésus seul, mais aussi ceux qui l'escortent qui réagissent en lançant des bâtons et en jetant les pierres elles-mêmes. Et tout sert pour frapper de nouveau Jésus à la tête et au cou. Mais le pont se dégage, et maintenant la ruelle étroite jette son ombre sur la mêlée car la lune qui commence de descendre n'atteint pas ce sentier contourné et au cours de la cohue beaucoup de torches se sont éteintes.
Mais la haine tient lieu de lumière pour voir le pauvre Martyr dont la haute taille facilite aussi la torture. Il est le plus grand de tous, il est donc facile de le frapper, de le prendre par les cheveux pour l'obliger à renverser violemment en arrière la tête, sur laquelle on lance une poignée d'immondices qui doit forcément entrer dans la bouche et dans les yeux en Lui donnant nausée et souffrance.
On commence la traversée du faubourg d'Ophel, du faubourg où il a répandu tant de bienfaits et de caresses. La foule pousse des cris pour appeler les dormeurs sur les seuils. Si les femmes poussent des cris de douleur et fuient terrorisées en voyant ce qui arrive, les hommes, les hommes qui pourtant ont eu de Lui guérisons, secours, paroles amicales, ou bien baissent la tête par indifférence, affectant du moins insouciance, ou bien passent de la curiosité à la rancœur, au ricanement, au geste de menace et même suivent le cortège pour torturer. Satan est déjà au travail...
Un homme, un mari qui veut le suivre pour l'offenser, est saisi par le bras par sa femme qui lui crie : « Lâche ! Si tu es vivant, c'est grâce à Lui, homme dégoûtant plein de pourriture. Souviens-t'en ! » Mais la femme est vaincue par l'homme qui la frappe bestialement en la jetant par terre, et qui court ensuite rejoindre le Martyr sur la tête duquel il jette une pierre.
Une autre femme, âgée, cherche à barrer le chemin à son fils qui accourt avec un visage de hyène et avec un bâton pour frapper lui aussi et elle lui crie : « Assassin de ton Sauveur, tu ne le seras pas tant que je vivrai ! » Mais la malheureuse, frappée par son fils d'un coup de pied brutal à l'aine, s'abat en criant : « Déicide et matricide ! Pour le sein que tu déchires une seconde fois et pour le Messie que tu frappes, que tu sois maudit ! »
La violence s'accroît de plus en plus à mesure qu'on approche de la ville.
Avant d'arriver aux murs - et déjà les portes sont ouvertes et les soldats romains, l'arme au pied, observent d'où vient le tumulte et comment il se développe, prêts à intervenir si le prestige de Rome en est atteint - Jean s'y trouve avec Pierre. Je crois qu'ils sont arrivés là par un raccourci qu'ils ont pris en franchissant le Cédron en amont du pont, et en précédant rapidement la foule qui va lentement gênant elle-même sa marche. Ils sont dans la pénombre d'une entrée, près d'une petite place qui précède les murs. Ils ont sur la tête leurs manteaux pour cacher leurs visages. Mais quand Jésus arrive, Jean laisse tomber son manteau et découvre son visage pâle et bouleversé au clair de lune qui éclaire encore avant de disparaître derrière la colline qui se trouve au-delà des murs, et que j'entends appeler Tofet par les sbires qui ont capturé Jésus. Pierre n'ose pas se découvrir, mais cependant il s'avance pour être vu... Jésus les regarde... et a un sourire d'une infinie bonté. Pierre tourne sur lui-même et revient dans son coin obscur, les mains sur les yeux, courbé, vieilli, déjà une loque humaine. Jean reste courageusement où il est et ne rejoint Pierre que quand la foule hurlante est passée. Il le prend par le coude, le conduit comme si c'était un garçon qui guide son père aveugle, et ils entrent tous deux dans la ville, derrière la foule bruyante.
J'entends les exclamations étonnées, moqueuses, affligées des soldats romains. L'un d'eux maudit ceux qui l'ont fait lever à cause de ce « mouton imbécile » ; un autre se moque des juifs capables de « prendre une femmelette » ; un autre a pitié de la Victime « qu'il a toujours vue pleine de bonté » ; un autre dit : « J'aurais préféré qu'ils me tuent que de le voir entre leurs mains. C'est un grand. Ma dévotion dans le monde va à ces deux : Lui et Rome. »
« Par Jupiter ! » s'écrie le plus élevé en grade. « Je ne veux pas d'ennuis. Je vais aller trouver le porte-enseigne. Qu'il y pense lui à le dire à qui de droit. Je ne veux pas que l'on m'envoie combattre les Germains. Ces hébreux sentent mauvais et ce sont des serpents et des ennuis. Mais ici la vie est en sûreté et je vais finir mon temps, et près de Pompéi j'ai une fillette !... »
Je perds le reste pour suivre Jésus qui s'avance par le chemin qui fait un détour en montée pour aller au Temple. Mais je vois et comprends que la maison d'Anna, où ils veulent l'amener, est et n'est pas dans ce labyrinthe qu'est le Temple et qui occupe toute la colline de Sion. Elle est à son extrémité, près d'une série de murailles, qui semblent marquer ici la limite de la ville, et qui de ce lieu s'étendent avec des portiques et des cours à travers le flanc de la colline pour arriver dans l'enceinte du Temple proprement dit, c'est-à-dire où vont les israélites pour leurs diverses manifestations du culte. Un haut portail ferré s'ouvre dans la muraille. Vers lui accourent des hyènes volontaires qui y frappent violemment. A peine s'entrouvre-t-il, ils font irruption à l'intérieur en terrassant presque et en foulant aux pieds la servante venue pour ouvrir et ils l'ouvrent tout grand pour que la foule hurlante, avec le Capturé au milieu, puisse entrer. Et une fois entrés, voilà qu'ils la ferment et la barrent, peut-être par peur de Rome ou des partisans du Nazaréen.
Ses partisans ! Où sont-ils ?...
Le triste cortège parcourt l'atrium de l'entrée et puis traverse une vaste cour, un couloir, un autre portique et une nouvelle cour, et il traîne Jésus en Lui faisant gravir trois marches, et en Lui faisant parcourir presque en courant les arcades qui s'élèvent au-dessus de la cour pour arriver plus vite à une riche salle où se trouve un homme âgé habillé en prêtre.
« Que Dieu te console, Anna » dit celui qui semble être l'officier, si on peut appeler ainsi le gredin qui commande ces brigands. « Voici le coupable. Je le confie à ta sainteté pour qu'Israël soit purifié de la faute. »
« Que Dieu te bénisse pour ta sagacité et ta foi. »
Belle sagacité ! Il avait suffi de la voix de Jésus pour les faire tomber par terre au Gethsémani.
« Qui es-tu ? »
« Jésus de Nazareth, le Rabbi, le Christ. Et tu me connais. Je n'ai pas agi dans les ténèbres. »
« Dans les ténèbres, non. Mais tu as dévoyé les foules par des doctrines ténébreuses. Et le Temple a le droit et le devoir de protéger l'âme des fils d'Abraham. »
« L'âme ! Prêtre d'Israël, peux-tu dire que tu as souffert pour l'âme du plus petit ou du plus grand de ce peuple ? »
« Et Toi alors ? Qu'as-tu fait qui puisse s'appeler souffrance ? »
« Qu'ai-je fait ? Pourquoi me le demandes-tu ? Israël tout entier en parle. De la cité sainte au plus misérable bourg, les pierres elles-mêmes parlent pour dire ce que j'ai fait. J'ai donné la vue aux aveugles : la vue des yeux et celle du cœur. J'ai ouvert l'ouïe à ceux qui étaient sourds : aux voix de la Terre et aux voix du Ciel. J'ai fait marcher les estropiés et les paralytiques pour qu'ils commencent leur marche vers Dieu par la chair et puis avancent avec l'esprit. J'ai purifié les lépreux : des lèpres que la Loi mosaïque signale et de celles qui rendent infects près de Dieu : les péchés. J'ai ressuscité les morts, et je ne dis pas que ce soit une grande chose de rappeler à la vie une chair, mais c'est une grande chose de racheter un pécheur, et je l'ai fait. J'ai secouru les pauvres en enseignant aux hébreux avides et riches le précepte saint de l'amour du prochain et, en restant pauvre malgré le ruisseau d'or qui m'est passé par les mains, j'ai essuyé plus de larmes Moi seul que vous tous, possesseurs de richesses. J'ai donné enfin une richesse qui n'a pas de nom : la connaissance de la Loi, la connaissance de Dieu, la certitude que nous sommes tous égaux et que, aux yeux saints du Père, égaux sont les pleurs ou les crimes, qu'ils soient versés ou accomplis par le Tétrarque et le Pontife, ou par le mendiant et le lépreux qui meurt au bord du chemin. C'est cela que j'ai fait. Rien de plus. »
« Sais-tu que tu t'accuses Toi-même ? Tu dis les lèpres qui rendent infects aux yeux de Dieu et ne sont pas signalées par Moïse. Tu insultes Moïse et tu insinues qu'il y a des lacunes dans sa Loi... »
« Pas la sienne : celle de Dieu. C'est ainsi. Plus que la lèpre, malheur de la chair et qui a une fin, je déclare grave, et telle elle est, la faute qui est un malheur et un malheur éternel de l'esprit. »
« Tu oses dire que tu peux remettre les péchés. Comment le fais-tu ? »
« Si avec un peu d'eau lustrale et le sacrifice d'un bélier il est permis et croyable qu'on annule une faute, qu'on l'expie et qu'on en est purifié, comment ne le pourront pas mes pleurs, mon Sang et ma volonté ? »

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Message par Grosjean Mar 24 Mar 2009 - 7:48

Mardi 4ème semaine de Carême (24ème jour)(suite)
22. LES DIFFERENTS PROCES


« Mais tu n'es pas mort. Où est alors le Sang »
« Je ne suis pas encore mort. Mais je le serai car c'est écrit. Au Ciel, quand n'existait pas Sion, quand n'existait pas Moïse, quand n'existait pas Jacob, quand n'existait pas Abraham, quand le roi du Mal mordait l'homme au cœur et l'empoisonnait lui et ses fils. C'est écrit sur la Terre dans le Livre où sont les paroles des prophètes. C'est écrit dans les cœurs. Dans le tien, dans celui de Caïphe et des synhédristes qui ne me pardonnent pas, non, ces cœurs ne me pardonnent pas d'être bon. J'ai absous, en anticipant sur mon Sang. Maintenant j'accomplis l'absolution avec le bain dans ce Sang. »
« Tu nous dis avides et ignorants du précepte d'amour... »
« Et n'est-ce pas vrai ? Pourquoi me tuez-vous ? Pourquoi avez-vous peur que je vous détrône. Oh ! ne craignez pas. Mon Royaume n'est pas de ce monde. Je vous laisse maître de tout pouvoir. L'Eternel sait quand Il faut dire le "Suffit" qui vous fera tomber foudroyés... »
« Comme Doras, hein ? »
« Il est mort de colère, non par la foudre du Ciel. Dieu l'attendait de l'autre côté pour le foudroyer. »
« Et tu le répètes à moi, son parent ? Tu oses ? »
« Je suis la Vérité. Et la Vérité n'est jamais lâche. »
« Orgueilleux et fou ! »
« Non : sincère. Tu m'accuses de vous offenser, mais est-ce que par hasard vous ne haïssez pas vous tous ? Vous vous haïssez l'un l'autre. Maintenant c'est la haine pour Moi qui vous unit. Mais demain, quand vous m'aurez tué, la haine reviendra parmi vous et plus féroce, et vous vivrez avec cette hyène dans le dos et ce serpent dans le cœur. J'ai enseigné l'amour, par pitié pour le monde. J'ai enseigné à ne pas être avide, à avoir pitié. De quoi m'accuses-tu ? »
« D'avoir apporté une doctrine nouvelle. »
« O prêtre ! Israël pullule de doctrines nouvelles : les esséniens ont la leur, les sadochites la leur, les pharisiens la leur, chacun a sa doctrine secrète qui, pour l'un s'appelle plaisir, pour l'autre or, pour un autre puissance. Chacun a son idole. Pas Moi. J'ai repris la Loi piétinée de mon Père, du Dieu Eternel, et je suis revenu dire simplement les dix propositions du Décalogue. Je me suis desséché les poumons pour les faire entrer dans des cœurs qui ne les connaissaient plus. »
« Horreur ! Blasphème ! C'est à moi, prêtre, que tu dis cela ? Il n'a pas de Temple, Israël ? Nous sommes comme les exilés de Babylone ? Réponds. »
« C'est ce que vous êtes et plus encore. Il y a un Temple. Oui. Un édifice. Dieu n'y est pas. Il a fui devant l'abomination qui est dans sa maison. Mais pourquoi tant m'interroger puisque ma mort est décidée ? »
« Nous ne sommes pas des assassins. Nous tuons si nous en avons le droit pour une faute prouvée. Mais moi, je veux te sauver. Dis-moi, et je te sauverai. Où sont tes disciples ? Si tu me les livres je te laisse libre. Le nom de tous, et davantage ceux qui sont secrets que ceux qui sont connus. Dis : Nicodème est à Toi ? Et aussi Joseph ? Et Eléazar ? Et Gamaliel ? Et... Mais pour celui-ci je le sais... Inutile. Parle, parle. Tu le sais : je puis te tuer et te sauver. Je suis puissant. »
« Tu es fange. Je laisse à la fange le métier d'espion. Je suis Lumière. »
Un sbire Lui lâche un coup de poing.
« Je suis Lumière. Lumière et Vérité. J'ai parlé ouvertement au monde, j'ai enseigné dans les synagogues et au Temple où se rassemblent les juifs, et je n'ai rien dit en secret. Je le répète : pourquoi m'interroges-tu ? Interroge ceux qui ont entendu ce que j'ai dit. Eux le savent. »
Un autre sbire Lui donne une gifle en criant : « C'est ainsi que tu réponds au Grand Prêtre ? »
« C'est à Anna que je parle. Le Pontife c'est Caïphe. Et je parle avec le respect dû au vieillard. Mais s'il te semble que j'ai mal parlé, montre-le-moi. Autrement pourquoi me frappes-tu ? »
« Laissez-le faire. Je vais trouver Caïphe. Vous, gardez-le ici jusqu'à ce que j'en décide autrement. Et faites qu'il ne parle à personne. » Anna sort.
Jésus ne parle pas, non, il ne parle pas. Pas même à Jean qui ose rester sur la porte en défiant toute la gent policière. Mais Jésus doit, sans parole, lui donner un commandement, car Jean, après un regard affligé, sort de là et je le perds de vue.
Jésus reste au milieu des argousins. Coups de corde, crachats, injures, coups de pied, les cheveux arrachés, c'est ce qui Lui reste, jusqu'au moment où un serviteur vient dire d'amener le Prisonnier dans la maison de Caïphe.
Et Jésus, toujours lié et maltraité, sort de nouveau sous les arcades, les parcourt jusqu'à une entrée et puis traverse une cour où une foule nombreuse se réchauffe à un feu, car la nuit est devenue froide et venteuse dans ces premières heures du vendredi. Il y a aussi Pierre avec Jean, mêlés à la foule hostile, et ils doivent avoir un beau courage pour rester là... Jésus les regarde et il a une ombre de sourire sur sa bouche déjà enflée par les coups reçus.
Un long chemin à travers les portiques et les atriums et les cours et les couloirs. Mais quelles maisons avaient ces gens du Temple ?
Dans l'enceinte pontificale, la foule n'entre pas. Elle est repoussée dans l'atrium d'Anna. Jésus va seul au milieu des sbires et des prêtres. Il entre dans une vaste salle qui semble perdre sa forme rectangulaire à cause des nombreux sièges disposés en fer à cheval sur trois côtés, en laissant au milieu un espace vide au-delà duquel se trouvent deux ou trois fauteuils montés sur des estrades.
Au moment où Jésus va entrer, le rabbi Gamaliel le rejoint, et les gardes donnent un coup au Prisonnier pour qu'il cède l'entrée au rabbi d'Israël. Mais celui-ci, raide comme une statue, hiératique, ralentit, et en remuant à peine les lèvres, sans regarder personne, demande : « Qui es-tu ? Dis-le-moi. » Et Jésus, doucement : « Lis les prophètes et tu auras la réponse. Le premier signe est chez eux. L'autre va venir. »
Gamaliel resserre son manteau et entre, et derrière lui entre Jésus. Pendant que Gamaliel va sur un siège, on traîne Jésus au milieu de la salle, en face du Pontife : une vraie figure de criminel et on attend qu'entrent tous les membres du Sanhédrin. Puis la séance commence. Mais Caïphe voit deux ou trois sièges vides et demande : « Où est Eléazar ? Et où est Jean ? »
Un jeune scribe, je crois, se lève, s'incline et dit : « Ils ont refusé de venir. Voici l'écrit. »
« Qu'on le conserve et qu'on écrive, ils en répondront. Qu'ont les saints membres de ce Conseil à dire à son sujet ? »
« Je parle. Dans ma maison, Lui a violé le sabbat. Dieu m'est témoin que je ne mens pas. Ismaël ben Fabi ne ment jamais. »
« Est-ce vrai, accusé ? »
Jésus se tait.
« Je l'ai vu vivre avec des courtisanes connues. En faisant le prophète, il avait fait de son repaire un lupanar, et pour comble avec des femmes païennes. Avec moi il y avait Sadoc, Collascebona et Nahum, fiduciaire d'Anna. Dis-je le vrai, Sadoc et Collascebona ? Démentez-moi, si je le mérite. »
« C'est vrai. C'est vrai. »
« Que dis-tu ? »
Jésus se tait.
« Il ne manquait pas une occasion de nous ridiculiser et de nous faire ridiculiser. La plèbe ne nous aime plus à cause de Lui. »
« Tu les entends ? Tu as profané les membres saints. »
Jésus se tait.
« Cet homme est possédé du démon. Revenu d'Egypte, il exerce la magie noire. »
« Comment le prouves-tu ? »
« Sur ma foi et sur les tables de la Loi ! »
« Grave accusation. Disculpe-toi. »
Jésus se tait.
« Ton ministère est illégal, tu le sais. Il est passible de mort. Parle. »
« Illégale est cette séance que nous tenons. Lève-toi, Siméon, et partons » dit Gamaliel.
« Mais rabbi, tu deviens fou ? »
« Je respecte les règles. Il n'est pas permis de procéder comme nous procédons, et j'en ferai une accusation publique. » Et le rabbi Gamaliel sort raide comme une statue, suivi d'un homme d'environ trente cinq ans qui lui ressemble.
Il y a un peu de tumulte dont profitent Nicodème et Joseph pour parler en faveur du Martyr.
« Gamaliel a raison. Illicite est l'heure et l'endroit, et les accusations manquent de consistance. Quelqu'un peut-il l'accuser d'avoir méprisé notoirement la Loi ? Je suis son ami et je jure que je l'ai toujours trouvé respectueux envers la Loi » dit Nicodème.
« Et moi également. Et pour ne pas souscrire à un crime je me couvre la tête, non à cause de Lui, mais à cause de nous, et je sors. » Et Joseph va descendre de sa place et sortir.
Mais Caïphe braille : « Ah ! vous parlez ainsi ? Que viennent les témoins assermentés, alors. Et écoutez. Puis vous vous en irez. »
Entrent deux figures de galériens. Regards fuyants, sourires cruels, mouvements sournois.
« Parlez. »
« Il n'est pas licite de les entendre ensemble » crie Joseph.
« Je suis le Grand Prêtre. Je commande. Et silence ! »
Joseph donne un coup de poing sur la table et il dit : « Que s'ouvrent sur toi les flammes du Ciel ! A partir de ce moment, sache que Joseph l'Ancien est ennemi du Sanhédrin et ami du Christ. Et de ce pas je vais dire au Préteur qu'ici on tue sans respect pour Rome » et il sort en repoussant violemment un jeune scribe maigre qui voudrait .le retenir.
Nicodème, plus paisible, sort sans dire un mot, et en sortant il passe devant Jésus et le regarde...
Nouveau tumulte. On craint Rome. Et la victime expiatoire est encore et toujours Jésus.
« C'est à cause de Toi, tu vois, tout cela ! Tu es le corrupteur des meilleurs juifs. Tu les as prostitués. »
Jésus se tait.
« Que parlent les témoins ! » crie Caïphe.
« Oui, celui-ci usait le... le... Nous le savions.. Comment s'appelle cette chose ? »
« Le tétragramme, peut-être ? »
« Voilà ! Tu l'as dit ! Il évoquait les morts. Il enseignait la rébellion pour le sabbat et la profanation pour l'autel. Nous le jurons. Il disait qu'il voulait détruire le Temple pour le reconstruire en trois jours avec l'aide des démons. »
« Non. Il disait : il ne sera pas fait par l'homme. »
Caïphe descend de son siège et vient près de Jésus. Petit, obèse, laid, il semble un énorme crapaud près d'une fleur. Car Jésus, malgré ses blessures, ses contusions, souillé et dépeigné, est encore tellement beau et majestueux.
« Tu ne parles pas ? Quelles accusations ils font contre Toi ! Horribles ! Parle pour enlever de Toi cette honte. »
Mais Jésus se tait. Il le regarde et se tait.
« Réponds à moi, alors. Je suis ton Pontife. Au nom du Dieu vivant, je t'en conjure. Dis-moi : es-tu le Christ, le Fils de Dieu ? »
« Tu l'as dit. Je le suis. Et vous verrez le Fils de l'homme, assis à la droite de la puissance du Père, venir sur les nuées du ciel. Du reste, pourquoi m'interroges-tu ? J'ai parlé en public pendant trois ans. Je n'ai rien dit de caché. Interroge ceux qui m'ont entendu. Ils te diront ce que j'ai dit et ce que j'ai fait. »
Un des soldats qui le tiennent le frappe sur la bouche en le faisant saigner de nouveau, et crie : « C'est ainsi que tu réponds, ô satan, au Grand Prêtre ? »
Et Jésus, avec douceur, lui répond comme à celui d'auparavant : « Si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? Si j'ai mal parlé, pourquoi ne me dis-tu pas où je me trompe ? Je répète : je suis le Christ, Fils de Dieu. Je ne puis mentir. Le Grand Prêtre, le Prêtre Eternel, c'est Moi. Et Moi seul je porte le vrai Rational sur lequel il est écrit : Doctrine et Vérité. Et à elles je suis fidèle, jusqu'à la mort, ignominieuse aux yeux des hommes, sainte aux yeux de Dieu, et jusqu'à la bienheureuse Résurrection. Je suis l'Oint. Pontife et Roi je suis. Et je vais prendre mon sceptre et avec lui, comme avec un van, purifier l'aire. Ce Temple sera détruit et ressuscitera, nouveau, saint, car celui-ci est corrompu et Dieu l'a abandonné à son destin. »
« Blasphémateur ! » crient-ils tous en chœur.
« En trois jours tu le feras, fou et possédé ? »
« Non pas celui-ci, mais le mien se dressera, le Temple du Dieu vrai, vivant, saint, trois fois saint. »
« Anathème ! » crient-ils de nouveau en chœur.
Caïphe élève sa voix éraillée et déchire ses vêtements de lin avec des gestes d'horreur étudiés, et il dit : « Quoi d'autre avons-nous besoin d'entendre des témoins ? Le blasphème est dit. Que faisons-nous donc ? »
Et tous en chœur : « Il est passible de la mort. »
Et avec des gestes indignés et scandalisés ils sortent de la salle laissant Jésus à la merci des sbires et de la populace des faux témoins. Ils le giflent, Lui donnent des coups de poing, le couvrent de crachats, Lui bandent les yeux avec un chiffon et puis, en Lui tirant violemment les cheveux, ils l'envoient çà et là, les mains liées de façon qu'il heurte les tables, les chaises et les murs et pendant ce temps Lui demandent : « Qui t'a frappé ? Devine. » Plusieurs fois, en Lui faisant des crocs-en-jambe, ils le font tomber par terre et rient vulgairement en voyant comment, les mains liées, il peine pour se relever.

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Message par Grosjean Mer 25 Mar 2009 - 10:25

Mercredi 4ème semaine de Carême (25ème jour)
Jésus devant Pilate et Erode


Les heures passent ainsi, et les bourreaux fatigués songent à prendre un peu de repos. Ils mènent Jésus dans un débarras en Lui faisant traverser de nombreuses cours au milieu des moqueries de la plèbe déjà nombreuse dans l'enceinte des maisons pontificales. Jésus arrive dans la cour où se trouve Pierre près de son feu et il le regarde. Mais Pierre fuit son regard. Jean n'est plus là, je ne le vois pas. Je pense qu'il est parti avec Nicodème...
L'aube avance avec sa couleur vert pâle. Un ordre est donné : ramener le Prisonnier dans la salle du Conseil pour un procès plus légal. C'est le moment où Pierre nie pour la troisième fois de connaître le Christ quand celui-ci passe déjà marqué par ses souffrances. Et dans la lumière verte de l'aube les contusions semblent encore plus atroces sur le visage terreux, les yeux plus profonds et vitreux, un Jésus assombri par la douleur du monde... Un coq jette dans l'air à peine remué de l'aube son cri railleur, sarcastique, gamin. Et c'est à ce moment de grand silence qui s'est fait à l'apparition du Christ, qu'on entend la voix âpre de Pierre qui dit : « Je le jure, femme. Je ne le connais pas », affirmation tranchante, sûre, à laquelle comme un rire moqueur répond de suite le chant gamin du petit coq.
Pierre sursaute. Il tourne sur lui-même pour fuir et se trouve en face de Jésus qui le regarde avec une infinie pitié, avec une douleur si profonde et si intense qu'elle me brise le cœur comme si après cela, je devais voir se dissoudre, et pour toujours, mon Jésus. Pierre fait entendre un sanglot et il sort en titubant comme s'il était ivre. Il s'enfuit derrière deux serviteurs qui sortent dans la rue et se perd dans la route encore à moitié obscure.
Jésus est ramené dans la salle, et ils Lui répètent en chœur la question captieuse : « Au nom du Dieu vrai, dis-nous : es-tu le Christ ? » Et ayant eu la réponse d'avant, ils le condamnent à mort et donnent l'ordre de le conduire à Pilate.
Jésus, escorté par tous ses ennemis, sauf Anna et Caïphe, sort, en repassant par ces cours du Temple où tant de fois il avait parlé et répandu des bienfaits et guéri, il franchit l'enceinte crénelée, entre dans les rues de la ville et, plutôt traîné que conduit, descend vers la ville qui rosit dans une première annonce de l'aurore.
Je crois qu'avec l'unique but de le tourmenter plus longuement ils Lui font faire un long tour vicieux dans Jérusalem, en passant exprès par les marchés, devant les écuries et les auberges remplies de gens à cause de la Pâque. Et aussi bien les déchets des légumes des marchés que les excréments des animaux des écuries deviennent des projectiles pour l'Innocent, dont le visage apparaît avec de plus en plus de bleus et de petites lacérations sanglantes et voilé par les ordures variées qui se sont répandues sur lui. Les cheveux, déjà alourdis et légèrement plaqués par la sueur sanguinolente et devenus plus opaques, pendent maintenant dépeignés, mêlés de pailles et d'immondices, tombent sur les yeux parce qu'ils les ébouriffent pour Lui voiler le visage.
Les gens des marchés, acheteurs et vendeurs, laissent tout en plan pour suivre, et non par amour, le Malheureux. Les garçons d'écuries et les serviteurs des auberges sortent en masse, sourds aux appels et aux ordres de leurs maîtresses. Celles-ci, pour dire la vérité, comme presque toutes les autres femmes sont, sinon toutes opposées aux offenses, du moins indifférentes au tumulte, et se retirent en grommelant parce qu'on les laisse seules avec tant de clients à servir.
La troupe hurlante grossit de minute en minute. Il semble que, par une épidémie inattendue, les âmes et les physionomies changent de nature : les premières deviennent des âmes de criminels et les secondes des masques féroces dans des visages bleus de rage ou rouges de colère, les mains deviennent des griffes et les bouches prennent la forme et le hululement des loups, les yeux deviennent torves, comme ceux des fous. Seul Jésus est toujours Lui-même, bien que maintenant voilé par les immondices répandues sur son corps et altéré par les bleus et les œdèmes.
A un archivolte qui resserre le chemin comme un anneau, alors que tout s'engorge et ralentit, un cri fend l'air : « Jésus ! » C'est Elie, le berger, qui cherche à se faire un passage en faisant tournoyer une lourde matraque. Vieux, puissant, menaçant et fort, il réussit à rejoindre presque le Maître. Mais la foule, déroutée par l'assaut imprévu, serre ses rangs et sépare, repousse, maîtrise cet homme qui est seul contre tout un peuple.
« Maître ! » crie-t-il pendant
que le tourbillon de la foule l'absorbe et le repousse.
« Va !... La Mère... Je te bénis... »
Le cortège dépasse le point étroit. Comme une eau qui retrouve le large après une écluse, il se déverse en tumulte dans une vaste avenue élevée au-dessus d'une dépression entre deux collines, au bout desquelles sont de splendides palais de gens riches.
Je recommence à voir le Temple en haut de sa colline, et je comprends que le tour inutile qu'on a fait faire au Condamné pour en faire un objet de moquerie pour toute la ville et permettre à tout le monde de l'insulter, en augmentant à chaque pas ceux qui l'insultent, va se fermer en revenant au point de départ.
D'un palais sort au galop un cavalier. Le caparaçon pourpre sur la blancheur du cheval arabe et la majesté de son aspect, l'épée brandie nue et manœuvrée d'estoc et de taille sur les échines et sur les têtes qui saignent, le font paraître un archange. Quand en caracolant il fait légèrement cabrer son cheval, en faisant des sabots une arme de défense pour la monture et son maître, c'est le plus valable pour s'ouvrir un passage à travers la foule. Ce mouvement fait tomber de la tête le voile pourpre et or qui la couvrait, tenu serré par une bande d'or, et je reconnais Manaën.
« Arrière ! » crie-t-il. « Comment vous permettez-vous de troubler le repos du Tétrarque ? » Mais ce n'est qu'une feinte pour justifier son intervention et sa tentative d'arriver à Jésus. « Cet homme... Laissez-moi le voir... Ecartez-vous, ou j'appelle les gardes... »
Les gens, à cause de la grêle de coups de plat et des ruades du cheval et des menaces du cavalier, s'ouvre, et Manaën rejoint le groupe de Jésus et des gardes du Temple qui le tiennent.
« Laissez le passage ! Le Tétrarque est plus que vous, serviteurs dégoûtants. Arrière ! Je veux Lui parler » et il y arrive en chargeant avec son épée le plus acharné des geôliers.
« Maître !... »
« Merci, mais va-t'en ! Et que Dieu te réconforte ! » Et, comme il peut avec ses mains liées, Jésus fait un geste de bénédiction.
La foule siffle de loin, et dès qu'elle voit que Manaën s'est retiré, elle se venge d'avoir été repoussée, par une grêle de pierres et d'immondices sur le Condamné.
Par l'avenue, qui monte et que le soleil a déjà attiédie, on se dirige vers la Tour Antonia dont la masse apparaît déjà au loin.
Un cri aigu de femme : « Oh ! mon Sauveur ! Ma vie pour la sienne, ô Eternel ! » fend l'air.
Jésus tourne la tête, et il voit en haut de la loge fleurie qui couronne une maison très belle, Jeanne de Chouza au milieu de ses servantes et serviteurs, avec les petits Maria et Mathias autour d'elle, qui lève les bras au ciel.
Mais le Ciel n'entend pas les prières, aujourd'hui ! Jésus lève ses mains et trace un geste de bénédiction et d'adieu.
« A mort ! A mort le blasphémateur et le corrupteur, le satan ! A mort ses amis ! » et coups, sifflets et pierres volent vers la haute terrasse. Je ne sais si quelqu'un est blessé. J'entends un cri très aigu et je vois le groupe se séparer et disparaître.
Et en avant, en avant, par la montée... Jérusalem montre ses maisons au soleil, vides, vidées par la haine qui pousse toute une ville avec ses habitants effectifs et ceux occasionnels venus pour la Pâque, contre Jésus désarmé.
Des soldats romains, tout un manipule, sort en courant de l'Antonia avec leurs lances dirigées contre la populace qui se disperse en criant. Restent au milieu du chemin Jésus avec les gardes et les chefs des prêtres, des scribes et des anciens du peuple.
« Cet homme ? Cette sédition ? Vous en répondrez à Rome » dit avec hauteur un centurion.
« Il est passible de mort selon notre loi. »
« Et depuis quand vous a-t-on rendu le jus gladii et sanguinis ? » demande toujours le plus ancien des centurions, un visage sévère, un vrai romain, qui a une joue creusée par une cicatrice profonde. Et il parle avec le mépris et le dégoût avec lequel il aurait parlé à des galériens pouilleux.
« Nous savons que nous n'avons pas ce droit. Nous sommes les fidèles sujets de Rome... »
« Ah ! Ah ! Ah ! Entends-les, Longin ! Fidèles ! Sujets ! Charognes ! Je vous donnerais pour vous récompenser les flèches de mes archers. »
« Trop noble une telle mort ! Pour les échines des mulets seulement le fouet... » répond Longin avec un flegme ironique.
Les chefs des prêtres, les scribes et les anciens, écument leur venin. Mais ils veulent arriver à leur but et se taisent, ils avalent l'offense sans montrer qu'ils la comprennent et, s'inclinant devant les deux chefs, ils demandent que Jésus soit conduit à Ponce Pilate pour qu'il « le juge et le condamne avec la justice bien connue et honnête de Rome. »
« Ah ! Ah ! Ah ! Tu les entends ? Nous sommes devenus plus sages que Minerve... Ici ! Donnez ! Et marchez en avant ! On ne sait jamais. Vous êtes des chacals et des immondes. Vous avoir par derrière est un danger. En avant ! »
« Nous ne pouvons pas. »
« Et pourquoi ? Quand quelqu'un accuse, il doit être devant le juge avec l'accusé. C'est le règlement de Rome. »
« La maison d'un païen est immonde à nos yeux, et nous nous sommes déjà purifiés pour la Pâque. »
« Oh ! les pauvres ! Ils se contaminent à entrer !... Et le meurtre de l'unique hébreu qui soit un homme et non un chacal, un reptile votre pareil, ne vous souille pas ? C'est bien. Restez où vous êtes, alors. Pas un pas en avant ou on vous enfilera sur les lances. Une décurie autour de l'Accusé. Les autres contre cette racaille qui sent du bec mal lavé. »
Jésus entre au Prétoire au milieu des dix lanciers qui forment un carré de hallebardes autour de sa personne. Les deux centurions vont en avant. Jésus s'arrête dans un large atrium, au-delà duquel se trouve une cour que l'on entrevoit derrière un rideau que le vent déplace ; eux disparaissent derrière une porte. Ils rentrent avec le Gouverneur vêtu d'une toge très blanche sur laquelle il y a pourtant un manteau écarlate. C'est peut-être ainsi qu'ils étaient quand ils représentaient officiellement Rome.
Il entre indolemment, avec un sourire sceptique sur son visage rasé, il frotte entre ses mains des feuilles de cédrat et les flaire avec volupté. Il va vers un cadran solaire et se retourne après l'avoir regardé. Il jette des grains d'encens dans un brasier placé aux pieds d'une divinité. Il se fait apporter de l'eau de cédrat et se gargarise. Il regarde sa coiffure toute bouclée dans un miroir de métal très propre. Il semble avoir oublié le condamné qui attend son approbation pour qu'on le tue. Il ferait venir la colère même à des pierres.
Comme l'atrium est complètement ouvert par devant et surélevé de trois hautes marches sur le niveau du vestibule, qui s'ouvre sur la rue déjà surélevé de trois autres marches par rapport à celle-ci, les hébreux voient tout parfaitement et frémissent, mais ils n'osent pas se rebeller par peur des lances et des javelots.
Finalement, après avoir marché en long et en large dans la vaste pièce, Pilate va directement en face de Jésus, le regarde et demande aux deux centurions : « Celui-ci ? »
« Celui-ci. »
« Que viennent ses accusateurs » et il va s'asseoir sur un siège placé sur une estrade. Sur sa tête les insignes de Rome s'entrecroisent avec leurs aigles dorées et leur sigle puissant.
« Ils ne peuvent pas venir. Ils se contaminent. »
« Heu ! ! ! Cela vaut mieux. Nous épargnerons des fleuves d'essences pour enlever l'odeur de bouc à l'endroit. Faites-les approcher au moins. Ici dessous, et faites attention qu'ils n'entrent pas puisqu'ils ne veulent pas le faire. Cet homme peut être un prétexte pour une sédition. »
Un soldat s'en va porter l'ordre du Procurateur romain. Les autres s'alignent sur le devant de l'atrium à des distances régulières, beaux comme neuf statues de héros.
S'avancent les princes des prêtres, les scribes et les anciens, saluant avec des courbettes serviles, et ils s'arrêtent sur la petite place qui est devant le Prétoire, au-delà des trois gradins du vestibule.
« Parlez et soyez brefs. Déjà vous êtes en faute pour avoir troublé la nuit et obtenu par la force l'ouverture des portes. Mais je contrôlerai. Et mandants et mandataires répondront de la désobéissance au décret. » Pilate est allé vers eux, tout en restant dans le vestibule.
« Nous venons soumettre à Rome, dont tu représentes le divin empereur, notre jugement sur celui-ci. »
« Quelle accusation portez-vous contre Lui ? Il me semble inoffensif... »
« Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas amené. » Et dans leur désir violent d'accuser, ils s'avancent.
« Repoussez cette plèbe ! Six pas au-delà des gradins de la place. Les deux centuries aux armes ! »
Les soldats obéissent rapidement en s'alignant cent sur le gradin extérieur le plus haut, avec le dos tourné au vestibule, et cent sur la petite place sur laquelle s'ouvre le portail d'entrée à la demeure de Pilate. J'ai dit portail d'entrée : je devrais dire andron ou arc de triomphe parce que c'est une très vaste ouverture bornée par une grille, maintenant grande ouverte, qui permet d'entrer dans l'atrium grâce au long couloir du vestibule large au moins de six mètres, de sorte que l'on voit bien ce qui arrive dans l'atrium surélevé. Au-delà du vaste vestibule on voit les figures bestiales des juifs qui regardent menaçantes et sataniques vers l'intérieur, qui regardent au-delà de la barrière armée qui, coude à coude, comme pour une parade, présente deux cents pointes de lances aux lâches assassins.
« Quelle accusation portez-vous contre Lui ? Je le répète. »
« Il a commis un crime contre la Loi des pères. »
« Et vous venez me déranger pour cela ? Prenez-le vous et jugez-le selon vos lois. »
« Nous ne pouvons pas mettre quelqu'un à mort. Nous ne sommes pas savants. Le Droit hébraïque n'est qu'un enfant déficient devant le Droit parfait de Rome. Comme ignorants et comme sujets de Rome, notre maîtresse, nous avons besoin... »

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Message par Grosjean Mer 25 Mar 2009 - 10:26

Mercredi 4ème semaine de Carême (25ème jour) (suite)
Jésus devant Pilate et Erode

« Depuis quand êtes vous tout sucre et tout miel comme ça?... Mais vous avez dit une vérité, ô maîtres du mensonge ! Vous avez besoin de Rome ! Oui. Pour vous débarrasser de Lui qui vous gêne. J'ai compris. » Et Pilate rit en regardant le ciel serein qui s'encadre comme un ruban rectangulaire de turquoise foncée entre les blancs murs de marbre de l'atrium.
« Dites : en quoi a-t-il commis un crime contre vos lois ? »
« Nous avons trouvé qu'il mettait le désordre dans notre nation et qu'il empêchait de payer le tribut à César, en se disant le Christ, roi des juifs. »
Pilate retourne près de Jésus, qui est au milieu de l'atrium, laissé là par les soldats lié mais sans escorte tant apparaît nettement sa douceur. Et il Lui demande : « Es-tu le roi des juifs ? »
« Le demandes-tu de toi-même ou parce que d'autres l'insinuent ? »
« Et que veux que m'importe ton royaume ? Suis-je juif, par hasard ? Ta nation et ses chefs t'ont livré pour que je juge. Qu'as-tu fait ? Je sais que tu es loyal. Parle. Est-ce vrai que tu aspires à régner ? »
« Mon Royaume n'est pas de ce monde. Si c'était un royaume du monde, mes ministres et mes soldats auraient combattu pour que les juifs ne s'emparent pas de Moi. Mais mon Royaume n'est pas de la Terre et tu sais que je n'aspire pas au pouvoir. »
« C'est vrai. Je le sais, on me l'a dit. Mais tu ne nies pas que tu es roi ? »
« Tu le dis. Je suis Roi. C'est pour cela que je suis venu au monde : pour rendre témoignage à la Vérité. Qui est ami de la vérité écoute ma voix. »
« Et qu'est-ce que c'est la vérité ? Tu es philosophe ? Cela ne sert pas devant de la mort. Socrate est mort quand même. »
« Mais cela lui a servi devant la vie, à bien vivre et aussi à bien mourir. Et à entrer dans la seconde vie sans avoir trahi les vertus civiques. »
« Par Jupiter ! » Pilate le regarde un moment avec admiration, puis il reprend son sarcasme sceptique. Il fait un geste d'ennui, Lui tourne le dos, et revient vers les juifs.
« Je ne trouve en Lui aucune faute. »
La foule se déchaîne, prise par la panique de perdre et sa proie et le spectacle du supplice. Elle crie : « C'est un rebelle ! », « Un blasphémateur ! », « Il encourage le libertinage ! », « Il pousse à la rébellion ! », « Il refuse le respect à César ! », « Il veut se faire passer pour prophète », « Il fait de la magie », « C'est un satan », « Il soulève le peuple avec ses doctrines en les enseignant dans toute le Judée, à laquelle il est venu de la Galilée en enseignant », « A mort ! », « A mort ! »
« Il est galiléen ? Tu es galiléen ? » Pilate revient vers Jésus : « Tu les entends comme ils t'accusent ? Disculpe-toi. »
Mais Jésus se tait. Pilate réfléchit... Et il décide. « Une centurie, et qu'on le conduise à Hérode. Qu'il le juge, c'est son sujet. Je reconnais le droit du Tétrarque et je souscris à l'avance à son verdict. Qu'on le lui dise. Allez. »
Jésus, encadré comme un gredin par cent soldats, traverse de nouveau la ville et rencontre de nouveau Judas Iscariote qu'il avait déjà rencontré une fois près d'un marché. J'avais oublié auparavant de le dire, écœurée par la bagarre de la populace. Même regard de pitié sur le traître...
Maintenant il est plus difficile de Lui donner des coups de pieds et de bâtons, mais les pierres et les immondices ne manquent pas et, si les pierres font seulement du bruit sur les casques et les cuirasses des romains, elles laissent des marques quand elles atteignent Jésus qui s'avance avec son seul vêtement, ayant laissé son manteau au Gethsémani.
En entrant dans le fastueux palais d'Hérode, il voit Chouza... qui ne peut le regarder et qui fuit pour ne pas le voir dans cet état en se couvrant la tête de son manteau.
Le voilà dans la salle, devant Hérode. Et derrière Lui voilà les scribes et les pharisiens, qui ici se sentent à leur aise, et entrent en qualité de faux accusateurs. Seul le centurion avec quatre soldats l'escortent devant le Tétrarque.
Celui-ci descend de son siège et tourne autour de Jésus en écoutant les accusations de ses ennemis. Il sourit et raille. Puis il feint une pitié et un respect qui ne troublent pas le Martyr, comme ne l'ont pas troublé les railleries.
« Tu es grand, je le sais. Et je me suis réjoui que Chouza soit ton ami et Manaën ton disciple. Moi... les soucis de l'Etat... Mais quel désir de te dire : grand... de te demander pardon... L'œil de Jean... sa voix m'accusent et sont toujours devant moi. Tu es le saint qui efface les péchés du monde. Absous-moi, ô Christ. »
Jésus se tait.
« J'ai entendu qu'ils t'accusent de t'être dressé contre Rome. Mais n'es-tu la verge promise pour frapper Assur ? »
Jésus se tait.
« On m'a dit que tu prophétises la fin du Temple et de Jérusalem. Mais le Temple n'est-il pas éternel comme esprit, puisqu'il est voulu par Dieu qui est éternel ? »
Jésus se tait.
« Tu es fou ? Tu as perdu ton pouvoir ? Satan te coupe la parole ? Il t'a abandonné ? »
Hérode rit maintenant, mais ensuite il donne un ordre. Et des serviteurs accourent amenant un lévrier dont la jambe est cassée et qui glapit lamentablement, et un palefrenier idiot dont la tête est pleine d'eau, qui bave, un avorton, jouet des serviteurs.
Les scribes et les prêtres fuient en criant au sacrilège en voyant le chien sur un brancard.
Hérode, faux et railleur, explique : « C'est le préféré d'Hérodiade. Un cadeau de Rome. Il s'est cassé une patte hier et elle pleure. Commande qu'il guérisse. Fais un miracle. »
Jésus le regarde avec sévérité et se tait.
« Je t'ai offensé ? Alors celui-ci. C'est un homme, bien qu'il soit de peu plus qu'une bête. Donne-lui l'intelligence, Toi, Intelligence du Père... N'est-ce pas ce que tu dis ? » Et il rit, offensant.
Un autre regard plus sévère de Jésus et silence.
« Cet homme est trop abstinent et maintenant il est abruti par les mépris. Du vin et des femmes ici, et qu'on le délie. »
On le délie. Et pendant que des serviteurs en grand nombre apportent des amphores et des coupes, des danseuses entrent... couvertes de rien. Une frange multicolore de lin ceint pour unique vêtement leur mince personne de la ceinture aux hanches. Rien d'autre. Bronzées parce qu’africaines, souples comme de jeunes gazelles, elles commencent une danse silencieuse et lascive.
Jésus repousse les coupes et il ferme les yeux sans parler. La cour d'Hérode rit devant son indignation.
« Prends celle que tu veux. Vis ! Apprends à vivre !... », insinue Hérode.
Jésus semble une statue. Les bras croisés, les yeux fermés, il ne bouge pas même quand les danseuses impudiques le frôlent de leurs corps nus.
« Suffit. Je t'ai traité en Dieu et tu n'as pas agi en Dieu. Je t'ai traité en homme et tu n'as pas agi en homme. Tu es fou. Un vêtement blanc. Revêtez-le de celui-ci pour que Ponce Pilate sache que le Tétrarque a jugé fou son sujet. Centurion, tu diras au Proconsul que Hérode lui présente humblement son respect et vénère Rome. Allez. »
Et Jésus, attaché de nouveau, sort avec une tunique de lin qui Lui arrive aux genoux par dessus son vêtement rouge de laine.
Et ils reviennent vers Pilate.
Maintenant la centurie fend non sans peine la foule qui ne s'est pas lassée d'attendre devant le palais proconsulaire. Il est étrange de voir une foule si nombreuse en ce lieu et dans le voisinage, alors que le reste de la ville paraît vide. Jésus voit les bergers en groupe et ils sont au complet : Isaac, Jonathas, Lévi, Joseph, Elie, Mathias, Jean, Siméon, Benjamin et Daniel, avec un petit groupe de galiléens où je reconnais Alphée et Joseph d'Alphée, avec deux autres que je ne connais pas, mais que je dirais juifs à cause de leur coiffure. Et plus loin, qui s'est glissé à l'intérieur du vestibule à demi caché derrière une colonne, avec un romain que je dirais un serviteur, il voit Jean. Il sourit à celui-ci et à ceux-là... Ses amis... Mais que sont ces amis si peu nombreux et Jeanne, et Manaën, et Chouza au milieu d'un océan de haine qui bout ?...
Le centurion salue Ponce Pilate et fait son rapport.
« Ici encore ? ! Ouf ! Maudite race ! Faites avancer la populace et amenez ici l'Accusé. Heu ! Quel ennui ! »
Il va vers la foule en s'arrêtant toujours au milieu du vestibule.
« Hébreux, écoutez. Vous m'avez amené cet homme comme fauteur de troubles. Devant vous je l'ai examiné, et je n'ai trouvé en Lui aucun des crimes dont vous l'accusez. Hérode pas plus que moi n'a rien trouvé. Et il nous l'a renvoyé. Il ne mérite pas la mort. Rome a parlé. Cependant, pour ne pas vous déplaire en vous enlevant votre amusement, je vais vous donner Barabbas. Et Lui, je le ferai frapper par quarante coups de fustigation. Cela suffit. »
« Non, non ! Pas Barabbas ! Pas Barabbas ! Pour Jésus la mort ! Une mort horrible ! Libère Barabbas et condamne le Nazaréen. »
« Ecoutez ! J'ai dit fustigation. Cela ne suffit pas ? Je vais le faire flageller alors ! C'est atroce, savez-vous ? On peut en mourir. Qu'a-t-il fait de mal ? Je ne trouve aucune faute en Lui et je le délivrerai. »
« Crucifie-le ! Crucifie-le ! A mort ! Tu protèges les criminels ! Païen ! Satan toi aussi ! »
La foule s'avance par dessous et le premier rang de soldats se déforme dans le heurt car ils ne peuvent se servir de leurs lances. Mais le second rang, descendant d'un gradin, fait tourner les lances et dégage ses compagnons.
« Qu'il soit flagellé » commande Pilate à un centurion.
« Combien de coups ? »
« Autant qu'il te semble... Le tout est d'en finir. Et je suis ennuyé. Va. »

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Message par Grosjean Jeu 26 Mar 2009 - 10:19

Jeudi 4ème semaine de Carême (26ème jour)
Le monde explose, de temps en temps, en manifestations de perversité toujours après une incubation d'idées perverses



Jésus est emmené par quatre soldats dans la cour au-delà de l'atrium. Dans cette cour, toute pavée de marbre de couleur, il y a au milieu une haute colonne semblable à celle du portique. A environ trois mètres du sol, elle a un bras de fer qui dépasse d'au moins d'un mètre et se termine en anneau. On y attache Jésus avec les mains jointes au-dessus de la tête, après l'avoir fait déshabiller. Il ne garde qu'un petit caleçon de lin et ses sandales. Les mains, attachées aux poignets, sont élevées jusqu'à l'anneau, de façon que Lui, malgré sa haute taille, n'appuie au sol que la pointe des pieds... Et cette position doit être aussi une torture.
J'ai lu, je ne sais où, que la colonne était basse et que Jésus se tenait courbé. Possible. Moi, je dis ce que je vois.
Derrière Lui se place un personnage à la figure de bourreau au net profil hébraïque, devant Lui un autre semblable. Ils sont armés d'un fouet fait de sept lanières de cuir, attachées à un manche et qui se terminent par un martelet de plomb. Rythmiquement, comme pour un exercice, ils se mettent à frapper. L'un devant, l'autre derrière, de manière que le tronc de Jésus se trouve pris dans un tourbillon de coups de fouets. Les quatre soldats auxquels il a été remis, indifférents, se sont mis à jouer aux dés avec trois autres soldats qui se sont joints à eux.
Et les voix des joueurs suivent la cadence des fouets qui sifflent comme des serpents et puis résonnent comme des pierres jetées sur la peau tendue d'un tambour. Ils frappent le pauvre corps si mince et d'un blanc de vieil ivoire et qui se zèbre d'abord d'un rose de plus en plus vif, puis violet, puis il se couvre de traces d'indigo gonflées de sang, qui se rompent en laissant couler du sang de tous côtés. Ils frappent en particulier le thorax et l'abdomen, mais il ne manque pas de coups donnés aux jambes et aux bras et même à la tête, pour qu'il n'y eût pas un lambeau de la peau qui ne souffrît pas.
Et pas une plainte... S'il n'était pas soutenu par les cordes, il tomberait. Mais il ne tombe pas et ne gémit pas. Seulement, après une grêle de coups qu'il a reçus, sa tête pend sur sa poitrine comme s'il s'évanouissait.
« Ohé ! Arrête-toi ! Il doit être tué vivant » crie et bougonne un soldat.
Les deux bourreaux s'arrêtent et essuient leur sueur.
« Nous sommes épuisés » disent-ils. « Donnez-nous la paie, pour que l'on puisse boire pour se désaltérer... »
« C'est la potence que je vous donnerais ! Mais prenez... ! » et le décurion jette une large pièce à chacun des deux bourreaux.
« Vous avez travaillé comme il faut. Il ressemble à une mosaïque. Tito, tu dis que c'était vraiment Lui l'amour d'Alexandre ? Alors nous le lui ferons savoir pour qu'il en fasse le deuil. Délions-le un peu. »
Ils le délient et Jésus s'abat sur le sol comme s'il était mort. Ils le laissent là, le heurtant de temps en temps de leurs pieds chaussés de caliges pour voir s'il gémit.
Mais Lui se tait.
« Qu'il soit mort ? C'est possible ? Il est jeune et c'est un artisan, m'a-t-on dit... et on dirait une dame délicate. »
« Maintenant je m'en occupe » dit un soldat. Et il l'assoit, le dos appuyé à la colonne. Où il était, il y a des caillots de sang... Puis il va à une fontaine qui coule sous le portique, remplit d'eau une cuvette et la renverse sur la tête et le corps de Jésus. « Voilà ! L'eau fait du bien aux fleurs. »
Jésus soupire profondément et il va se lever, mais il reste encore les yeux fermés.
« Oh ! bien ! Allons, mignon ! Ta dame t'attend !... »
Mais Jésus appuie inutilement les mains au sol pour tenter de se redresser.
« Allons ! Vite ! Tu es faible ? Voilà pour te redonner des forces » raille un autre soldat. Et avec le manche de sa hallebarde il Lui donne une volée de coups au visage et il atteint Jésus entre la pommette droite et le nez, qui se met à saigner.
Jésus ouvre les yeux, les tourne. Un regard voilé... Il fixe le soldat qui l'a frappé, s'essuie le sang avec la main, et ensuite se lève grâce à un grand effort.
« Habille-toi. Ce n'est pas décent de rester ainsi. Impudique ! » Et ils rient tous en cercle autour de Lui.
Il obéit sans parler. Il se penche, et Lui seul sait ce qu'il souffre en se penchant vers le sol, couvert de contusions comme il l'est et avec des plaies qui lorsque la peau se tend s'ouvrent plus encore et d'autres qui se forment à cause des cloques qui crèvent. Un soldat donne un coup de pied aux vêtements et les éparpille et chaque fois que Jésus les rejoint, allant en titubant où ils sont tombés, un soldat les repousse ou les jette dans une autre direction. Et Jésus, qui éprouve une souffrance aiguë, les suit sans dire un mot pendant que les soldats se moquent de Lui en tenant des propos obscènes.
Il peut finalement se revêtir. Il remet aussi le vêtement blanc resté propre dans un coin. Il semble qu'il veuille cacher son pauvre vêtement rouge, qui hier seulement était si beau et qui maintenant est sale et taché par le sang versé au Gethsémani. Et même, avant de mettre sa tunicelle sur la peau, il essuie avec elle son visage mouillé et le nettoie ainsi de la poussière et des crachats. Et lui, le pauvre, le saint visage, apparaît propre, marqué seulement de bleus et de petites blessures. Il redresse sa coiffure tombée en désordre, et sa barbe, par un besoin inné d'être ordonné dans sa personne.
Et puis il s'accroupit au soleil, car il tremble, mon Jésus... La fièvre commence à se glisser en Lui avec ses frissons, et aussi se fait sentir la faiblesse venant du sang perdu, du jeûne, du long chemin.
On Lui lie de nouveau les mains, et la corde revient scier là où il y a déjà un rouge bracelet de peau écorchée.
« Et maintenant ? Qu'en faisons-nous ? Moi, je m'ennuie ! »
« Attends. Les juifs veulent un roi, nous allons le leur donner. Celui-là... » dit un soldat.
Et il court dehors, certainement dans une cour qui se trouve derrière, d'où il revient avec un fagot de branches d'aubépine sauvage. Elles sont encore flexibles car le printemps garde les branches relativement souples, mais bien dures avec leurs épines longues et pointues. Avec leur dague ils enlèvent les feuilles et les fleurettes, ils plient les branches en forme de cercle et les enfoncent sur la pauvre tête. Mais la couronne barbare Lui retombe sur le cou.
« Elle ne tient pas. Plus étroite. Enlève-la. »
Ils l'enlèvent et griffent les joues en risquant de l'aveugler et arrachent ses cheveux en le faisant. Ils la resserrent. Maintenant elle est trop étroite et bien qu'ils l'enfoncent en faisant pénétrer les épines dans la tête, elle menace de tomber. Ils l'enlèvent de nouveau en Lui arrachant d'autres cheveux. Ils la modifient de nouveau. Maintenant, elle va bien. Par devant un triple cordon épineux. En arrière, là où les extrémités des branches se croisent, c'est un vrai nœud d'épines qui entrent dans la nuque.
« Vois-tu comme tu es bien ? Bronze naturel et vrais rubis. Regarde-toi, ô roi, dans ma cuirasse » bougonne celui qui a eu l'idée du supplice.
« La couronne ne suffit pas pour faire un roi. Il faut la pourpre et le sceptre. Dans l'écurie il y a un roseau et aux ordures une chlamyde rouge. Prends-les, Cornelius. »
Et quand ils les ont, ils mettent le sale chiffon rouge sur les épaules de Jésus. Avant de mettre dans ses mains le roseau, ils Lui en donnent des coups sur la tête en s'inclinant et en saluant : « Salut, roi des juifs » et ils se tordent de rire.
Jésus les laisse faire. Il se laisse asseoir sur le « trône », un bassin retourné, certainement employé pour abreuver les chevaux. Il se laisse frapper, railler, sans jamais parler. Il les regarde seulement... et c'est un regard d'une douceur et d'une souffrance si atroce que je ne puis le soutenir sans m'en sentir blessée au cœur.
Les soldats n'arrêtent leurs railleries qu'en entendant la voix âpre d'un supérieur qui demande que l'on traduise devant Pilate le coupable.
Coupable ! De quoi ?
Jésus est ramené dans l'atrium maintenant couvert d'un précieux vélarium à cause du soleil. Il a encore la couronne et le roseau et la chlamyde.
« Avance que je te montre au peuple. »
Jésus, bien que brisé, se redresse avec dignité. Oh ! comme il est vraiment roi !
« Ecoutez, hébreux. L'homme est ici, je l'ai puni. Mais maintenant laissez-le aller. »
« Non, non ! Nous voulons le voir ! Dehors ! Que l'on voie le blasphémateur. »
« Conduisez-le dehors et veillez à ce que l'on ne le prenne pas. »
Et pendant que Jésus sert dans le vestibule et se montre dans le carré des soldats, Ponce Pilate le montre de la main en disant : « Voilà l'homme. Votre roi. Cela ne suffit pas encore ? »
Le soleil d'une journée accablante, qui maintenant descend presque à pic car on est au milieu entre tierce et sexte, allume et met en relief les regards et les visages. Sont-ils des hommes ? Non, des hyènes enragées. Ils crient, montrent le poing, demandent la mort...
Jésus est debout. Et je vous assure que jamais il n'a eu la noblesse de maintenant. Pas même quand il faisait les miracles les plus puissants. Noblesse de la souffrance. Mais il est tellement divin qu'il suffirait à le marquer du nom de Dieu. Mais pour dire ce nom il faut être au moins des hommes. Et Jérusalem n'a pas d'hommes aujourd'hui. Elle n'a que des démons.
Jésus tourne son regard vers la foule, cherche, trouve dans la ruer des visages haineux, les visages amis. Combien ? Moins de vingt amis parmi les milliers d'ennemis... Et il incline la tête, frappé par cet abandon. Une larme tombe... une autre... une autre... la vue de ses pleurs ne suscite pas la pitié, mais une haine encore plus forte.
On le ramène dans l'atrium.
« Donc ? Laissez-le aller. C'est justice. »
« Non. A mort ! Crucifie-le. »
« Je vous donne Barabbas. »
« Non. Le Christ ! »
« Et alors chargez-vous-en. Prenez sur vous de le crucifier, car moi je ne trouve aucune faute en Lui, pour le faire. »
« Il s'est dit le Fils de Dieu. Notre loi prescrit la mort pour celui qui se rend coupable d'un tel blasphème. »
Pilate devient, pensif. Il rentre, il s'assoit sur son petit trône. Il met la main à son front, son coude sur son genoux, et il scrute Jésus.
« Approche-toi » dit-il.
Jésus va au pied de l'estrade.
« Est-ce vrai ? Réponds. »
Jésus se tait.
« D'où viens-tu ? Qu'est-ce que Dieu ? »
« C'est le Tout. »
« Et puis ? Que veut dire le Tout ? Qu'est le Tout pour celui qui meurt ? Tu es fou... Dieu n'existe pas. Moi, j'existe. »
Jésus se tait. Il a laissé tomber la grande parole et puis il recommence à s'envelopper de silence.

Grosjean
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Message par jld Jeu 26 Mar 2009 - 17:26

Question au Grand Panetier :

Est-il possible de connaître les références de la carte de palestine constituée à partir des écrits de Maria Valtorta?

J'aimerais aussi pouvoir me procurer la chronologie des années de la vie publique de Jésus toujours selon M. Valtorta.

Merci

jld
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