☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Dix
Qu'il est doux de servir Dieu et de mépriser le monde
Réflexion de Lamennais
Le monde est tellement fasciné par les passions, qu'il ne peut rien comprendre à la félicité des enfants de Dieu.
Quelquefois il les plaint, comme le monde sait plaindre, en jetant sur eux un regard de mépris; quelquefois il les contemple avec une sorte d'étonnement stupide. Il n'a nulle idée de ce qui se passe dans l'âme unie à son Créateur, nulle idée des consolations et du calme délicieux dont elle jouit. Saint Paul s'écriant: Je surabonde de joie au milieu de mes tribulations, lui est un mystère inexplicable; jamais il ne concevra cette joie pure, qui est justice et paix devant le Saint-Esprit. Quel est donc le partage du serviteur du monde ? Un immense ennui parsemé de quelques rares plaisirs, et, quand Dieu ne l'abandonne pas entièrement, le remords. Creusez dans son coeur, vous n'y trouverez que cela. Le remords est sa justice, et l'ennui sa paix.
Ames chrétiennes, âmes détachées, qui avez renoncé au monde et à tout ce qui est du monde, plaignez à votre tour les infortunés chargés encore de ses pesantes chaînes; mais plaignez-les en vous humiliant aux pieds de Celui qui vous a délivrées, et dont la grâce, qui ne vous était pas due, vous met en possession des seuls biens véritables. Gardez avec soin ce bon trésor que vous a confié le Père des lumières, de qui découle tout don parfait, et demandez-lui avec amour qu'après avoir commencé votre joie sur la terre, il la consomme un jour dans les cieux.
Qu'il est doux de servir Dieu et de mépriser le monde
- Spoiler:
- Le fidèle: Je vous parlerai encore, Seigneur, et je ne me tairai point. Je dirai à mon Dieu, mon Seigneur et mon Roi, assis dans les hauteurs des cieux:
Oh ! quelle abondance de douceur vous avez réservée pour ceux qui vous craignent. Et qu'est-ce donc pour ceux qui vous aiment, pour ceux qui vous servent de tout leur coeur ?
Elles sont vraiment ineffables, les délices dont vous inondez ceux qui vous aiment, quand leur âme vous contemple.
Vous m'avez montré principalement en ceci toute la tendresse de votre amour; je n'étais pas, et vous m'avez créé; j'errais loin de vous, vous m'avez ramené pour vous servir, et vous m'avez commandé de vous aimer.
Ô source d'amour éternel, que dirai-je de vous ?
Comment pourrai-je vous oublier, vous qui avez daigné vous souvenir de moi lorsque, déjà épuisé, consumé, je penchais vers la mort ?
Votre miséricorde envers votre serviteur a passé toute espérance, et vous avez répandu sur lui votre grâce et votre amour bien au-delà de tout ce qu'il pouvait mériter.
Que vous rendrai-je pour une telle faveur ? car il n'est pas donné à tous de tout quitter, de renoncer au siècle pour embrasser la vie religieuse.
Est-ce faire beaucoup que de vous servir, vous que doivent servir toutes les créatures ?
Cela doit me sembler peu de chose; mais ce qui me paraît grand et merveilleux, c'est que vous daigniez agréer le service d'une créature si pauvre et si misérable, et l'admettre parmi les serviteurs que vous aimez.
Tout ce que j'ai, tout ce que je puis consacrer à votre service est à vous.
Et néanmoins, prenant pour ainsi dire ma place, vous me servez plus que moi-même je ne vous sers.
Voilà que le ciel et la terre, que vous avez créés pour le service de l'homme, sont devant vous, et chaque jour ils exécutent tout ce que vous leur avez commandé.
C'est peu encore; vous avez préparé pour l'homme le ministère même des anges.
Mais ce qui surpasse tout, vous avez daigné le servir vous-même, et vous avez promis de vous donner à lui.
Que vous rendrai-je pour tant de biens ? Ah ! si je pouvais vous servir tous les jours de ma vie ! si je pouvais même un seul jour vous servir dignement !
Il est bien vrai que vous êtes digne d'être servi universellement, digne de tout honneur et d'une louange éternelle.
Vous êtes vraiment mon Seigneur et je suis votre pauvre serviteur, qui doit vous servir de toutes mes forces et ne me lasser jamais de vous louer. Je le veux ainsi, je le désire ainsi; daignez suppléer vous-même à tout ce qui me manque.
C'est un grand honneur, une grande gloire de vous servir, et de mépriser tout à cause de vous.
Car ils recevront des grâces abondantes, ceux qui se courbent sous votre joug très saint.
Ils seront abreuvés de la délectable consolation de l'Esprit-Saint, ceux qui pour votre amour auront rejeté tous les plaisirs des sens.
Ils jouiront d'une grande liberté d'esprit, ceux qui pour la gloire de votre nom seront entrés dans la voie étroite et auront renoncé à toutes les sollicitudes du monde.
Ô aimable et douce servitude de Dieu, dans laquelle l'homme retrouve la vraie liberté et la sainteté !
Ô saint assujettissement de la vie religieuse qui rend l'homme agréable à Dieu, égal aux anges, terrible aux démons, respectable à tous les fidèles !
Ô esclavage digne à jamais d'être désiré, embrassé, puisqu'il nous mérite le souverain bien et nous assure une joie éternelle.
Réflexion de Lamennais
Le monde est tellement fasciné par les passions, qu'il ne peut rien comprendre à la félicité des enfants de Dieu.
Quelquefois il les plaint, comme le monde sait plaindre, en jetant sur eux un regard de mépris; quelquefois il les contemple avec une sorte d'étonnement stupide. Il n'a nulle idée de ce qui se passe dans l'âme unie à son Créateur, nulle idée des consolations et du calme délicieux dont elle jouit. Saint Paul s'écriant: Je surabonde de joie au milieu de mes tribulations, lui est un mystère inexplicable; jamais il ne concevra cette joie pure, qui est justice et paix devant le Saint-Esprit. Quel est donc le partage du serviteur du monde ? Un immense ennui parsemé de quelques rares plaisirs, et, quand Dieu ne l'abandonne pas entièrement, le remords. Creusez dans son coeur, vous n'y trouverez que cela. Le remords est sa justice, et l'ennui sa paix.
Ames chrétiennes, âmes détachées, qui avez renoncé au monde et à tout ce qui est du monde, plaignez à votre tour les infortunés chargés encore de ses pesantes chaînes; mais plaignez-les en vous humiliant aux pieds de Celui qui vous a délivrées, et dont la grâce, qui ne vous était pas due, vous met en possession des seuls biens véritables. Gardez avec soin ce bon trésor que vous a confié le Père des lumières, de qui découle tout don parfait, et demandez-lui avec amour qu'après avoir commencé votre joie sur la terre, il la consomme un jour dans les cieux.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Onze
Qu'il faut examiner et modérer les désirs du coeur
Réflexion de Lamennais
Nous avons un grand combat à soutenir: Contre notre esprit, qui nous égare, séduit par de fausses lueurs et par une funeste curiosité. Contre nos désirs, qui nous troublent. Contre nos sens dont les convoitises souillent l'âme et la courbent vers la terre.
Lamentable condition de l'homme déchu ! Mais Dieu ne l'a point abandonné: il peut vaincre s'il veut. La foi réprime l'inquiétude maladive de l'esprit, et le fixe dans la vérité. Une entière soumission à la volonté divine produit la paix du coeur, en étouffant les vains désirs et ceux même qui trompent la piété par une apparence de bien. Enfin, nous triomphons des sens par la prière, l'humilité, la pénitence, en châtiant le corps rebelle, et le réduisant en servitude.
C'est dans cette guerre de chaque moment que le chrétien se perfectionne, et c'est, en combattant avec fidélité qu'on peut dire comme l'Apôtre: Je ne pense point être encore arrivé où j'aspire: mais oubliant ce qui est en arrière, et m'étendant à ce qui est devant, je cours au terme de la carrière pour saisir le prix que Dieu nous a destiné, la félicité céleste à laquelle il nous a appelés par Jésus-Christ
Qu'il faut examiner et modérer les désirs du coeur
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, il faut que vous appreniez beaucoup de choses que vous ne savez pas encore assez.
Le fidèle: Et quoi, Seigneur ?
Jésus-Christ: Vous devez soumettre entièrement vos désirs à ma volonté, ne point vous aimer vous-même, et ne rechercher en tout que ce qui me plaît.
Souvent vos désirs s'enflamment et vous emportent impétueusement, mais considérez si cette ardeur a ma gloire pour motif ou votre intérêt propre.
Si c'est moi que vous avez en vue, vous serez content, quoi que j'ordonne; mais si quelque secrète recherche de vous-même se cache au fond de votre coeur, voilà ce qui vous abat et vous trouble.
Prenez donc garde de vous trop attacher à des désirs sur lesquels vous ne m'avez point consulté, de peur qu'ensuite vous ne veniez à vous repentir, ou que vous n'éprouviez du dégoût pour ce qui vous avait plu d'abord, et que vous aviez cru le meilleur.
Car tout mouvement qui paraît bon ne doit pas être aussitôt suivi; de même qu'on ne doit pas non plus céder sur-le-champ à ses répugnances.
Quelquefois il est à propos de modérer le zèle le plus saint et les meilleurs désirs, de peur qu'ils ne préoccupent et ne distraient votre esprit, ou qu'en les suivant indiscrètement vous ne causiez du scandale aux autres; ou qu'enfin l'opposition que vous y trouverez ne vous jette vous-même dans le trouble et dans l'abattement.
Il faut aussi quelquefois user de violence et résister aux convoitises des sens avec une grande force, sans prendre garde à ce que veut la chair et à ce qu'elle ne veut pas; et travailler surtout à la soumettre à l'esprit malgré elle.
Il faut la châtier et l'asservir jusqu'à ce que, prête à tout, elle ait appris à se contenter de peu, à aimer les choses simples et à ne jamais se plaindre de rien.
Réflexion de Lamennais
Nous avons un grand combat à soutenir: Contre notre esprit, qui nous égare, séduit par de fausses lueurs et par une funeste curiosité. Contre nos désirs, qui nous troublent. Contre nos sens dont les convoitises souillent l'âme et la courbent vers la terre.
Lamentable condition de l'homme déchu ! Mais Dieu ne l'a point abandonné: il peut vaincre s'il veut. La foi réprime l'inquiétude maladive de l'esprit, et le fixe dans la vérité. Une entière soumission à la volonté divine produit la paix du coeur, en étouffant les vains désirs et ceux même qui trompent la piété par une apparence de bien. Enfin, nous triomphons des sens par la prière, l'humilité, la pénitence, en châtiant le corps rebelle, et le réduisant en servitude.
C'est dans cette guerre de chaque moment que le chrétien se perfectionne, et c'est, en combattant avec fidélité qu'on peut dire comme l'Apôtre: Je ne pense point être encore arrivé où j'aspire: mais oubliant ce qui est en arrière, et m'étendant à ce qui est devant, je cours au terme de la carrière pour saisir le prix que Dieu nous a destiné, la félicité céleste à laquelle il nous a appelés par Jésus-Christ
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Douze
Qu'il faut s'exercer à la patience, et lutter contre ses passions
Réflexion de Lamennais
Toute chair a péché. Toute chair doit souffrir. C'est la loi présente de l'humanité, loi de justice, car Dieu ne serait pas Dieu si le désordre restait impuni; loi d'amour, car la souffrance acceptée et unie aux souffrances du Sauveur guérit l'âme et la rétablit dans l'état primitif d'innocence.
De quoi donc vous plaignez-vous quand cette loi divine s'accomplit à votre égard ? Est-ce de ce que la miséricorde prend soin de vous régénérer ? Est-ce d'être semblable à Jésus-Christ, qui a voulu, qui a dû, selon les paroles de l'Evangéliste, souffrir pour vous racheter ? Et il commença à leur enseigner comment il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup de douleurs, qu'il fût réprouvé par les anciens, les souverains pontifes et les scribes, et mis à mort. Voilà la grande expiation; mais, pour qu'elle nous soit appliquée, il est nécessaire que nous nous la rendions propre en y joignant la nôtre. Le mystère du salut se consomme en chacun de nous sur la Croix. Et la Croix est l'unique félicité de la terre. Car il n'y en a point d'autre, que la parfaite soumission à l'ordre, d'où naissent le calme de la conscience et la paix du coeur.
Le monde vous éblouit par ses joies apparentes, mais pensez-vous donc que ses sectateurs, même les plus favorables, n'aient rien à souffrir ? Tourmentés par leurs convoitises, qui s'accroissent avec la jouissance, en vîtes-vous jamais un seul content ? De nouveaux désirs les dévorent sans cesse. Et n'ont-ils pas, d'ailleurs, autant que les autres, et plus que les autres, à supporter les maux de la vie, les soucis, les peines, les inquiétudes, et la foule innombrable des maladies, filles des vices et des troubles secrets de l'âme ? Après cela arrive la fin: la justice exige sa dette; ce riche de la terre est jeté nu dans la prison: En vérité, je vous le dis, il n'en sortira pas qu'il n'ait payé jusqu'à la dernière obole.
Réjouissez-vous donc, vous que le Seigneur purifie, délivre dès ici-bas: accomplissez avec amour le sacrifice de justice. Plusieurs disent: Qui nous montrera les biens ? Seigneur, la lumière de votre face a été marquée sur nous ? Vous avez donné la paix à mon coeur. C'est pourquoi je m'endormirai dans la paix, et je reposerai, parce que vous m'avez, ô mon Dieu, affermi dans l'espérance.
Qu'il faut s'exercer à la patience, et lutter contre ses passions
- Spoiler:
- Le fidèle: Seigneur mon Dieu, je vois combien la patience m'est nécessaire; car cette vie est pleine de contradictions.
Elle ne peut jamais être exempte de douleur et de guerre, quoi que je fasse pour avoir la paix.
Jésus-Christ: Oui, mon fils; mais je ne veux pas que vous cherchiez une paix telle que vous n'ayez ni tentations à vaincre, ni contrariétés à souffrir.
Croyez au contraire avoir trouvé la paix lorsque vous serez exercé par beaucoup de tribulations et éprouvé par beaucoup de traverses.
Si vous dites que vous ne pouvez supporter tant de souffrances, comment supporterez-vous le feu du purgatoire ?
De deux maux il faut choisir le moindre; afin donc d'éviter des supplices éternels, efforcez-vous d'endurer pour Dieu, avec patience, les maux présents.
Pensez-vous que les hommes du siècle n'aient rien ou que peu de choses à souffrir ?
C'est ce que vous ne trouverez pas, même en ceux qui semblent environnés de plus de délices.
Mais ils ont, dites-vous, des plaisirs en abondance; ils suivent toutes leurs volontés et ainsi ils sentent peu le poids de leurs maux.
Soit, je veux qu'ils aient tout ce qu'ils désirent; combien cela durera-t'il ?
Voilà que les riches du siècle s'évanouiront comme la fumée, et il ne restera pas même un souvenir de leurs joies passées.
Et durant leur vie même, ils ne s'y reposent pas sans amertume, sans ennui et sans crainte.
Car souvent, là même où ils se promettaient la joie, ils rencontrent le châtiment et la douleur, et avec justice, puisqu'il est juste que l'amertume et l'ignominie accompagnent les plaisirs qu'ils cherchent dans le désordre.
Oh ! que tous ces plaisirs sont courts, qu'ils sont faux, criminels, honteux !
Et cependant des malheureux, enivrés et aveuglés, ne le comprennent point; mais semblables à des animaux sans raison, ils exposent leur âme à la mort pour quelques jouissances misérables dans une vie qui va finir.
Pour vous, mon fils, ne suivez pas vos convoitises, et détachez-vous de votre volonté. Mettez vos délices dans le Seigneur, et il vous accordera ce que votre coeur demande.
Si vous voulez goûter une véritable joie et des consolations plus abondantes, méprisez toutes les choses du monde, repoussez toutes les joies terrestres; et je vous bénirai, je verserai sur vous mes inépuisables consolations.
Plus vous renoncerez à celles que donnent les créatures, plus les miennes seront douces et puissantes.
Mais vous ne les goûterez point sans avoir auparavant ressenti quelque tristesse, sans avoir travaillé, combattu.
Une mauvaise habitude vous arrêtera; mais vous la vaincrez par une meilleure.
La chair murmurera; mais elle sera contenue par la ferveur de l'esprit.
L'antique serpent vous sollicitera, vous exercera; mais vous le mettrez en fuite par la prière; et en vous occupant surtout d'un travail utile, vous lui fermerez l'entrée de votre âme.
Réflexion de Lamennais
Toute chair a péché. Toute chair doit souffrir. C'est la loi présente de l'humanité, loi de justice, car Dieu ne serait pas Dieu si le désordre restait impuni; loi d'amour, car la souffrance acceptée et unie aux souffrances du Sauveur guérit l'âme et la rétablit dans l'état primitif d'innocence.
De quoi donc vous plaignez-vous quand cette loi divine s'accomplit à votre égard ? Est-ce de ce que la miséricorde prend soin de vous régénérer ? Est-ce d'être semblable à Jésus-Christ, qui a voulu, qui a dû, selon les paroles de l'Evangéliste, souffrir pour vous racheter ? Et il commença à leur enseigner comment il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup de douleurs, qu'il fût réprouvé par les anciens, les souverains pontifes et les scribes, et mis à mort. Voilà la grande expiation; mais, pour qu'elle nous soit appliquée, il est nécessaire que nous nous la rendions propre en y joignant la nôtre. Le mystère du salut se consomme en chacun de nous sur la Croix. Et la Croix est l'unique félicité de la terre. Car il n'y en a point d'autre, que la parfaite soumission à l'ordre, d'où naissent le calme de la conscience et la paix du coeur.
Le monde vous éblouit par ses joies apparentes, mais pensez-vous donc que ses sectateurs, même les plus favorables, n'aient rien à souffrir ? Tourmentés par leurs convoitises, qui s'accroissent avec la jouissance, en vîtes-vous jamais un seul content ? De nouveaux désirs les dévorent sans cesse. Et n'ont-ils pas, d'ailleurs, autant que les autres, et plus que les autres, à supporter les maux de la vie, les soucis, les peines, les inquiétudes, et la foule innombrable des maladies, filles des vices et des troubles secrets de l'âme ? Après cela arrive la fin: la justice exige sa dette; ce riche de la terre est jeté nu dans la prison: En vérité, je vous le dis, il n'en sortira pas qu'il n'ait payé jusqu'à la dernière obole.
Réjouissez-vous donc, vous que le Seigneur purifie, délivre dès ici-bas: accomplissez avec amour le sacrifice de justice. Plusieurs disent: Qui nous montrera les biens ? Seigneur, la lumière de votre face a été marquée sur nous ? Vous avez donné la paix à mon coeur. C'est pourquoi je m'endormirai dans la paix, et je reposerai, parce que vous m'avez, ô mon Dieu, affermi dans l'espérance.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Treize
Qu'il faut obéir humblement, à l'exemple de Jésus-Christ
Réflexion de Lamennais
Il n'existe qu'une volonté qui ait le droit essentiel et absolu d'être obéie, la volonté de l'Etre éternel qui a tout créé et qui conserve tout; et de là l'admirable prière du prophète-roi: Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre volonté parce que vous êtes mon Dieu.
Cette volonté souveraine a des ministres pour rappeler ses ordonnances et en maintenir l'exécution dans la famille, dans l'Etat, dans l'Eglise; et l'obéissance leur est due, parce qu'ils représentent Dieu chacun dans son ordre, selon les degrés d'une sublime hiérarchie, qui remonte du père au roi, du roi au pontife, du pontife à Jésus-Christ, de Jésus-Christ à Celui qui l'a envoyé, et de qui toute paternité, du ciel et sur la terre, tire son nom, c'est à dire son autorité. Ainsi le devoir n'est autre chose que le commandement divin, et la vertu n'est que l'obéissance à ce commandement.
Tout péché, au contraire, n'est, comme le premier, qu'une désobéissance, une révolte. Et l'homme est conçu dans la révolte, puisqu' il est conçu dans le péché; d'où cette belle et profonde expression du Psalmiste: Le pécheur est rebelle dès le sein de sa mère, et livré au mal dans ses entrailles. Aussi le sacrifice qui a expié le péché et réparé la nature humaine consiste-t-il essentiellement, suivant la doctrine du grand Apôtre, dans une obéissance infinie.
Le Christ s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la Croix. Et nous, misérables créatures, rachetées par cette prodigieuse obéissance, nous refuserions d'obéir ! Nous opposerions notre volonté à la volonté du Tout-Puissant, par cet épouvantable orgueil qui a créé l'enfer, où, dans les ténèbres, dans le supplice, dans la rage et le désespoir, dans l'ignominie de l'esclavage le plus abject et le plus hideux, l'ange prévaricateur et ses complices répéteront éternellement: Je n'obéirai point ! Non serviam !
Ô Dieu ! Préservez-moi d'un orgueil aussi insensé, aussi criminel ! Que votre grâce m'apprenne à me soumettre à vous, et à tous ceux que vous avez préposés sur moi ! Je suis étranger sur la terre: ne me cachez point vos commandements. Mon âme, à toute heure, en rappelle le désir. Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu.
Qu'il faut obéir humblement, à l'exemple de Jésus-Christ
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, celui qui cherche à se soustraire à l'obéissance se soustrait à la grâce; et celui qui veut posséder seul quelque chose perd ce qui est à tous.
Quand on ne se soumet pas volontairement et de bon coeur à son supérieur, c'est une marque que la chair n'est pas encore pleinement assujettie, mais que souvent elle murmure et se révolte.
Apprenez donc à obéir avec promptitude à vos supérieurs si vous désirez dompter votre chair.
Car l'ennemi du dehors est bien plus vite vaincu quand l'homme n'a pas la guerre au-dedans de soi.
L'ennemi le plus terrible et le plus dangereux pour votre âme, c'est vous, lorsque vous êtes divisé en vous-même.
Il faut que vous appreniez à vous mépriser sincèrement si vous voulez triompher de la chair et du sang.
L'amour désordonné que vous avez encore pour vous-même, voilà ce qui vous fait craindre de vous abandonner sans réserve à la volonté des autres.
Est-ce donc cependant un si grand effort que toi, poussière et néant, tu te soumettes à cause de Dieu, lorsque moi le Tout-Puissant, moi le Très-Haut, qui ai tout fait de rien, je me suis soumis humblement à l'homme à cause de toi ?
Je me suis fait le plus humble et le dernier de tous afin que mon humilité t'apprît à vaincre ton orgueil.
Poussière, apprends à obéir, apprends à t'humilier, terre et limon, à t'abaisser sous les pieds de tout le monde.
Apprends à briser ta volonté et à ne refuser aucune dépendance.
Enflamme-toi de zèle contre toi-même et ne souffre pas que le moindre orgueil vive en toi; mais fais-toi si petit et mets-toi si bas que tout le monde puisse marcher sur toi et te fouler aux pieds comme la boue des places publiques.
Fils du néant, qu'as-tu à te plaindre ? Pécheur couvert d'ignominie, qu'as-tu à répondre, quelque reproche qu'on t'adresse, toi qui as tant de fois offensé Dieu, tant de fois mérité l'enfer ?
Mais ma bonté t'a épargné parce que ton âme a été précieuse devant moi; mais je ne t'ai point délaissé afin que tu connusses mon amour et que mes bienfaits ne cessassent jamais d'être présents à ton coeur, que tu fusses toujours prêt à te soumettre, à t'humilier et à souffrir les mépris et la patience.
Réflexion de Lamennais
Il n'existe qu'une volonté qui ait le droit essentiel et absolu d'être obéie, la volonté de l'Etre éternel qui a tout créé et qui conserve tout; et de là l'admirable prière du prophète-roi: Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre volonté parce que vous êtes mon Dieu.
Cette volonté souveraine a des ministres pour rappeler ses ordonnances et en maintenir l'exécution dans la famille, dans l'Etat, dans l'Eglise; et l'obéissance leur est due, parce qu'ils représentent Dieu chacun dans son ordre, selon les degrés d'une sublime hiérarchie, qui remonte du père au roi, du roi au pontife, du pontife à Jésus-Christ, de Jésus-Christ à Celui qui l'a envoyé, et de qui toute paternité, du ciel et sur la terre, tire son nom, c'est à dire son autorité. Ainsi le devoir n'est autre chose que le commandement divin, et la vertu n'est que l'obéissance à ce commandement.
Tout péché, au contraire, n'est, comme le premier, qu'une désobéissance, une révolte. Et l'homme est conçu dans la révolte, puisqu' il est conçu dans le péché; d'où cette belle et profonde expression du Psalmiste: Le pécheur est rebelle dès le sein de sa mère, et livré au mal dans ses entrailles. Aussi le sacrifice qui a expié le péché et réparé la nature humaine consiste-t-il essentiellement, suivant la doctrine du grand Apôtre, dans une obéissance infinie.
Le Christ s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la Croix. Et nous, misérables créatures, rachetées par cette prodigieuse obéissance, nous refuserions d'obéir ! Nous opposerions notre volonté à la volonté du Tout-Puissant, par cet épouvantable orgueil qui a créé l'enfer, où, dans les ténèbres, dans le supplice, dans la rage et le désespoir, dans l'ignominie de l'esclavage le plus abject et le plus hideux, l'ange prévaricateur et ses complices répéteront éternellement: Je n'obéirai point ! Non serviam !
Ô Dieu ! Préservez-moi d'un orgueil aussi insensé, aussi criminel ! Que votre grâce m'apprenne à me soumettre à vous, et à tous ceux que vous avez préposés sur moi ! Je suis étranger sur la terre: ne me cachez point vos commandements. Mon âme, à toute heure, en rappelle le désir. Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Quatorze
Qu'il faut considérer les secrets jugements de Dieu pour ne pas s'enorgueillir du bien qu'on fait
Réflexion de Lamennais
Une des plus dangereuses tentations et des plus déliées est celle de l'orgueil dans le bien. Pour peu qu'elle se relâche de sa vigilance, l'âme que la grâce avait élevée au-dessus de la nature et de sa corruption glisse imperceptiblement et retombe en elle-même.
On s'est garanti de certaines fautes, on a pratiqué certaines vertus; l'amour-propre s'arrête à cette pensée, et s'y repose avec complaisance. On se regarde, on est content de soi, on se préfère peut-être à tel ou tel autre; et l'on en vient jusqu'à s'attribuer secrètement les dons de Dieu, un des crimes qui offensent le plus ce Dieu jaloux et vengeur, qui ne donnera sa gloire à nul autre, et qui résiste aux superbes.
Que fait-il cependant ? Il se retire, il délaisse cet insensé qui comptait sur ses forces, il l'abandonne à son orgueil. Alors arrivent ces chutes terribles qui étonnent et consternent, ces chutes inattendues, effrayants exemples des jugements divins. Malheur à qui s'appuie sur sa propre justice ! La ruine l'attend.
Je ne sens, disait l'Apôtre, rien en moi qui m'accuse; mais je ne suis pas pour cela purifié, car celui qui me juge, c'est le Seigneur. Et le prophète-roi: Purifiez-moi de mes fautes cachées, oubliez celles que j'ignore, et pardonnez-moi celles d'autrui; prière admirable, qui rappelle à l'homme cette funeste communication du mal, en vertu de laquelle il est, hélas ! si peu de péchés purement personnels.
Donc nul refuge, nulle assurance que dans l'humilité, dans l'aveu sincère, dans la conviction et le sentiment toujours présents de notre profonde misère, joints à la confiance en Dieu seul. Prosternés à ses pieds, disons-lui avec le Psalmiste: Ma honte est sans cesse devant moi, et la confusion a couvert mon visage: Seigneur, vous ne méprisez point un coeur contrit et humilié !
Qu'il faut considérer les secrets jugements de Dieu pour ne pas s'enorgueillir du bien qu'on fait
- Spoiler:
- Le fidèle: Vous faites tomber sur moi vos jugements, Seigneur, et tous mes os ont tremblé d'épouvante, et mon âme est dans une profonde terreur.
Interdit, effrayé, je considère que les cieux ne sont pas purs à vos yeux.
Si vous avez trouvé le mal dans vos anges, et si vous ne les avez pas épargnés, que sera-ce de moi ?
Les étoiles sont tombées du ciel; moi, poussière, que dois-je attendre ?
Des hommes dont les oeuvres paraissent louables sont tombés aussi bas qu'on puisse tomber, et j'ai vu ceux qui se nourrissaient du pain des anges faire leurs délices de la pâture des pourceaux.
Il n'est donc point de sainteté, Seigneur, si vous retirez votre main.
Point de sagesse qui soit utile, si vous ne la dirigez plus
.
Point de force qui soit de secours, si vous cessez de la soutenir.
Point de chasteté assurée, si vous n'en prenez la défense.
Point de vigilance qui nous serve, si vous ne veillez vous-même pour nous.
Laissés à nous-mêmes, nous enfonçons dans les flots et nous périssons; venez-vous à nous, nous nous relevons et nous vivons.
Car nous sommes chancelants, mais vous nous affermissez; nous sommes tièdes, mais vous nous enflammez.
Oh ! que je dois avoir d'humbles et basses pensées de moi-même ! que je dois estimer peu ce qui paraît de bien en moi !
Oh ! que je dois m'abaisser profondément, Seigneur, devant vos jugements impénétrables où je me perds comme dans un abîme, et vois que je ne suis rien que néant et un pur néant !
Ô poids immense ! ô mer sans rivages, où je ne retrouve rien de moi, où je disparais comme le rien au milieu du tout !
Où donc l'orgueil se cachera-t'il ? où la confiance en sa propre vertu ?
Toute vanité s'éteint dans la profondeur de vos jugements sur moi.
Qu'est-ce que toute chair devant vous ? L'argile s'élèvera-t'elle contre celui qui l'a formée ?
Comment celui dont le coeur est vraiment soumis à Dieu pourrait-il s'enfler d'une louange vaine ?
Le monde entier ne saurait inspirer d'orgueil à celui que la vérité a soumis à son empire, et jamais il ne sera ému des applaudissements des hommes, celui dont toute l'espérance est affermie en Dieu.
Car ceux qui parlent ne sont rien; ils s'évanouiront avec le bruit de leurs paroles: mais la vérité du Seigneur demeure éternellement.
Réflexion de Lamennais
Une des plus dangereuses tentations et des plus déliées est celle de l'orgueil dans le bien. Pour peu qu'elle se relâche de sa vigilance, l'âme que la grâce avait élevée au-dessus de la nature et de sa corruption glisse imperceptiblement et retombe en elle-même.
On s'est garanti de certaines fautes, on a pratiqué certaines vertus; l'amour-propre s'arrête à cette pensée, et s'y repose avec complaisance. On se regarde, on est content de soi, on se préfère peut-être à tel ou tel autre; et l'on en vient jusqu'à s'attribuer secrètement les dons de Dieu, un des crimes qui offensent le plus ce Dieu jaloux et vengeur, qui ne donnera sa gloire à nul autre, et qui résiste aux superbes.
Que fait-il cependant ? Il se retire, il délaisse cet insensé qui comptait sur ses forces, il l'abandonne à son orgueil. Alors arrivent ces chutes terribles qui étonnent et consternent, ces chutes inattendues, effrayants exemples des jugements divins. Malheur à qui s'appuie sur sa propre justice ! La ruine l'attend.
Je ne sens, disait l'Apôtre, rien en moi qui m'accuse; mais je ne suis pas pour cela purifié, car celui qui me juge, c'est le Seigneur. Et le prophète-roi: Purifiez-moi de mes fautes cachées, oubliez celles que j'ignore, et pardonnez-moi celles d'autrui; prière admirable, qui rappelle à l'homme cette funeste communication du mal, en vertu de laquelle il est, hélas ! si peu de péchés purement personnels.
Donc nul refuge, nulle assurance que dans l'humilité, dans l'aveu sincère, dans la conviction et le sentiment toujours présents de notre profonde misère, joints à la confiance en Dieu seul. Prosternés à ses pieds, disons-lui avec le Psalmiste: Ma honte est sans cesse devant moi, et la confusion a couvert mon visage: Seigneur, vous ne méprisez point un coeur contrit et humilié !
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Quinze
De ce que nous devons être et faire quand il s'élève quelque désir en nous
Réflexion de Lamennais
Jamais satisfait pleinement de ce qu'il est, de ce qu'il possède, fatigué du vide de son coeur, toujours inquiet, toujours aspirant à je ne sais quel bien qui le fuit toujours, l'homme n'a pas un moment de vrai repos, et sa vie s'écoule dans les désirs. Ce n'est pas seulement une grande misère, mais encore un grand danger: car la racine de tous les maux est la convoitise, et plusieurs, en s'y livrant ont perdu la foi, et se sont engagés dans une multitude de douleurs.
L'imagination, qui, en cet état, se porte avec force vers tout ce qui l'attire, obscurcit la raison, ébranle et entraîne la volonté même. Et ainsi l'on doit s'attacher soigneusement à la réprimer, lors même que les objets qui l'occupent paraîtraient exempts de toute espèce de mal, et qu'on croirait ne chercher dans ses rêves qu'un soulagement permis et une distraction innocente. La piété elle-même s'égare aisément, si elle n'est en garde contre les désirs en apparence les plus saints. Nous ne savons ni ce qui nous est bon, ni ce qui nous est nuisible. Tantôt nous souhaiterons d'être délivrés d'une croix nécessaire peut-être à notre salut; tantôt, dans un mouvement indiscret de ferveur, nous en souhaiterons une autre sous laquelle nos forces succomberaient, si elle nous était imposée.
Que faire-donc ? Demander à Dieu que sa volonté se fasse en nous et hors de nous, y conformer la nôtre entièrement, et renfermer en elle tous nos désirs. Nous ne trouverons de paix et de sécurité que dans ce parfait abandon entre les mains de notre Père. Mon Père, non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez.
De ce que nous devons être et faire quand il s'élève quelque désir en nous
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, dites en toutes choses: Seigneur, qu'il soit ainsi, si c'est votre volonté; Seigneur, que cela se fasse en votre nom, si vous devez en être honoré.
Si vous voyez que cela me soit bon, si vous jugez que cela me soit utile, alors donnez-le-moi, afin que j'en use pour votre gloire.
Mais si vous savez que cela me nuira ou ne servira point au salut de mon âme, éloignez de moi ce désir.
Car tout désir n'est pas de l'Esprit-Saint, même lorsqu'il paraît bon et juste à l'homme.
Il est difficile de discerner avec certitude si c'est l'esprit bon ou mauvais qui vous porte à désirer ceci ou cela, ou même votre esprit propre.
Il s'est trouvé à la fin que plusieurs étaient dans l'illusion, qui semblaient d'abord être conduits par le bon esprit.
Ainsi, tout ce qui se présente de désirable à votre esprit, vous devez le désirer toujours et le demander avec une grande humilité de coeur, et surtout avec une pleine résignation, vous abandonnant à moi sans réserve et disant:
Seigneur, vous savez ce qui est le mieux; que ceci ou cela se fasse comme vous le voulez.
Donnez ce que vous voulez, autant que vous le voulez et quand vous le voulez.
Faites de moi ce qu'il vous plaira, selon ce que vous savez être bon, et pour votre plus grande gloire.
Placez-moi où vous voudrez et disposez absolument de moi en toutes choses.
Je suis dans votre main, tournez-moi et retournez-moi en tout sens à votre gré.
Voilà que je suis prêt à vous servir en tout. Car je ne désire point vivre pour moi, mais pour vous seul: heureux si je le pouvais dignement et parfaitement.
Prière pour demander à Dieu la grâce d'accomplir sa volonté
Le fidèle: Accordez-moi, ô bon Jésus ! votre grâce; qu'elle soit en moi, qu'elle agisse avec moi, et qu'elle demeure avec moi jusqu'à la fin.
Faites que je désire et veuille toujours ce qui vous est le plus agréable et ce que vous aimez le plus.
Que votre volonté soit la mienne; et que ma volonté suive toujours la vôtre et jamais ne s'en écarte en rien.
Qu'uni à vous, je ne veuille ni ne puisse vouloir que ce que vous voulez; et qu'il en soit ainsi de ce que vous ne voulez pas.
Donnez-moi de mourir à tout ce qui est du monde, et d'aimer être oublié et méprisé du siècle à cause de vous.
Faites que je me repose en vous par-dessus tout ce qu'on peut désirer, et que mon coeur ne recherche sa paix qu'en vous.
Vous êtes la véritable paix du coeur, son unique repos; hors de vous, tout pèse et inquiète. Dans cette paix, c'est-à-dire en vous seul, éternel et souverain bien, je dormirai et je me reposerai ! Ainsi soit-il.
Réflexion de Lamennais
Jamais satisfait pleinement de ce qu'il est, de ce qu'il possède, fatigué du vide de son coeur, toujours inquiet, toujours aspirant à je ne sais quel bien qui le fuit toujours, l'homme n'a pas un moment de vrai repos, et sa vie s'écoule dans les désirs. Ce n'est pas seulement une grande misère, mais encore un grand danger: car la racine de tous les maux est la convoitise, et plusieurs, en s'y livrant ont perdu la foi, et se sont engagés dans une multitude de douleurs.
L'imagination, qui, en cet état, se porte avec force vers tout ce qui l'attire, obscurcit la raison, ébranle et entraîne la volonté même. Et ainsi l'on doit s'attacher soigneusement à la réprimer, lors même que les objets qui l'occupent paraîtraient exempts de toute espèce de mal, et qu'on croirait ne chercher dans ses rêves qu'un soulagement permis et une distraction innocente. La piété elle-même s'égare aisément, si elle n'est en garde contre les désirs en apparence les plus saints. Nous ne savons ni ce qui nous est bon, ni ce qui nous est nuisible. Tantôt nous souhaiterons d'être délivrés d'une croix nécessaire peut-être à notre salut; tantôt, dans un mouvement indiscret de ferveur, nous en souhaiterons une autre sous laquelle nos forces succomberaient, si elle nous était imposée.
Que faire-donc ? Demander à Dieu que sa volonté se fasse en nous et hors de nous, y conformer la nôtre entièrement, et renfermer en elle tous nos désirs. Nous ne trouverons de paix et de sécurité que dans ce parfait abandon entre les mains de notre Père. Mon Père, non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Seize
Qu'on ne doit chercher qu'en Dieu la vraie consolation
Réflexion de Lamennais
Toute créature gémit, dit l'Apôtre; et, de siècle en siècle, le monde entier le redit après lui. Que cherchez-vous donc dans les créatures ? Que leur demandez-vous, et que peuvent-elles vous donner ? Toujours agitées, pleines de trouble, ainsi que vous, elles souhaitent le repos, et ne le trouvent point. Comment la paix vous viendrait-elle du sein même de l'angoisse et des orages perpétuellement soulevés par les passions ?
Cessez de vous abuser; cessez de dire aux tempêtes: Calmez-moi. Le calme est en Dieu, et n'est que là. En lui seul est le repos, la paix, la joie, la consolation. Tournez-vous donc vers le Seigneur votre Dieu, et renoncez à tout le reste: alors, seulement alors, vous commencerez à jouir de la vraie félicité.
"Rien, non, rien n'est comparable au bonheur de celui qui, méprisant les sens, détaché de la chair et du monde, ne tient plus aux choses humaines que par les seuls liens de la nécessité, converse uniquement avec Dieu et avec lui-même, et, s'élançant au-dessus des objets sensibles, ne vit que des divines clartés qu'il conserve en soi toujours pures, toujours brillantes, sans aucun mélange des ombres de la terre, et des vains fantômes errant ici-bas autour de nous; qui, réfléchissant comme un miroir céleste Dieu et ses éblouissantes perfections, sans cesse ajoute à la lumière une lumière plus vive, jusqu'au moment où, la vérité dissipant tous les nuages, il arrive à la source même de toute lumière, à l'éternelle fontaine de splendeur, fin bienheureuse de son être et de son immortel ravissement.
Qu'on ne doit chercher qu'en Dieu la vraie consolation
- Spoiler:
- Le fidèle: Tout ce que je puis désirer ou imaginer pour ma consolation, je ne l'attends point ici, mais dans l'avenir.
Quand je posséderais seul tous les biens du monde, quand je jouirais seul de tous ses délices, il est certain que tout cela ne durerait pas longtemps.
Ainsi, mon âme, tu ne peux trouver de soulagement véritable et de joie sans mélange qu'en Dieu, qui console les pauvres et relève les humbles.
Attends un peu, mon âme, attends sa divine promesse, et tu posséderas dans le ciel tous les biens en abondance.
Si tu recherches trop avidement les biens présents, tu perdras les biens éternels et célestes.
Use des uns et désire les autres.
Aucun bien temporel ne saurait te rassasier parce que tu n'as point été créée pour en jouir.
Quand tu posséderais tous les biens créés, ils ne pourraient te rendre heureuse ni contente; en Dieu, qui a tout créé, en lui seul est ta félicité et tout ton bonheur.
Bonheur non pas tel que se le figurent et que l'aiment les amis insensés du monde, mais tel que l'attendent les vrais serviteurs de Jésus-Christ, et tel que le goûtent quelquefois par avance les âmes pieuses et les coeurs purs, dont l'entretien est dans le ciel.
Toute consolation humaine est vide et dure peu.
La vraie, la douce consolation est celle que la vérité fait sentir intérieurement.
L'homme pieux porte avec lui partout Jésus, son consolateur, et lui dit: Seigneur, soyez près de moi en tout temps et en tout lieu.
Que ma consolation soit d'être volontiers privé de toute consolation humaine.
Et si la vôtre me manque aussi, que votre volonté et cette juste épreuve me soient une consolation au-dessus de toutes les autres.
Car vous ne serez pas toujours irrité, et vos menaces ne seront point éternelles.
Réflexion de Lamennais
Toute créature gémit, dit l'Apôtre; et, de siècle en siècle, le monde entier le redit après lui. Que cherchez-vous donc dans les créatures ? Que leur demandez-vous, et que peuvent-elles vous donner ? Toujours agitées, pleines de trouble, ainsi que vous, elles souhaitent le repos, et ne le trouvent point. Comment la paix vous viendrait-elle du sein même de l'angoisse et des orages perpétuellement soulevés par les passions ?
Cessez de vous abuser; cessez de dire aux tempêtes: Calmez-moi. Le calme est en Dieu, et n'est que là. En lui seul est le repos, la paix, la joie, la consolation. Tournez-vous donc vers le Seigneur votre Dieu, et renoncez à tout le reste: alors, seulement alors, vous commencerez à jouir de la vraie félicité.
"Rien, non, rien n'est comparable au bonheur de celui qui, méprisant les sens, détaché de la chair et du monde, ne tient plus aux choses humaines que par les seuls liens de la nécessité, converse uniquement avec Dieu et avec lui-même, et, s'élançant au-dessus des objets sensibles, ne vit que des divines clartés qu'il conserve en soi toujours pures, toujours brillantes, sans aucun mélange des ombres de la terre, et des vains fantômes errant ici-bas autour de nous; qui, réfléchissant comme un miroir céleste Dieu et ses éblouissantes perfections, sans cesse ajoute à la lumière une lumière plus vive, jusqu'au moment où, la vérité dissipant tous les nuages, il arrive à la source même de toute lumière, à l'éternelle fontaine de splendeur, fin bienheureuse de son être et de son immortel ravissement.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Dix Sept
Qu'il faut remettre à Dieu le soin de ce qui nous regarde
Réflexion de Lamennais
On ne saurait trop le répéter, la vie chrétienne consiste uniquement à vouloir ce que Dieu veut, et à ne vouloir que ce qu'il veut. Presque toujours nos désirs nous trompent, par une suite de notre ignorance et de notre corruption. Mais Dieu sait tout ce qui nous est caché: il connaît les secrètes dispositions de notre coeur, la mesure de notre faiblesse, les épreuves auxquelles il est bon que nous soyons soumis, les secours nécessaires pour les supporter; car il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces: sa sagesse est infinie, et il nous a aimés jusqu'à donner pour nous son Fils unique.
Quelle confiance, quelle paix ne devons-nous pas trouver dans cette pensée ! Quoi de plus doux que de s'abandonner sans réserve à Celui qui a tout fait pour sa pauvre créature, que de se perdre en lui par l'union intime de notre volonté à la sienne, ne nous réservant rien que l'action de grâce et l'amour, de sorte que notre âme, notre être entier s'exhale en quelque sorte dans cette parole qui comprend tout: Mon Seigneur et mon Dieu.
Qu'il faut remettre à Dieu le soin de ce qui nous regarde
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, laissez-moi agir avec vous comme il me plaît; car je sais ce qui vous est bon.
Vos pensées sont celles de l'homme et vos sentiments sont, en beaucoup de choses, conformes aux penchants de son coeur.
Le fidèle: Il est vrai, Seigneur; vous prenez de moi beaucoup plus de soin que je n'en puis prendre moi-même.
Il est menacé d'une prompte chute, celui qui ne s'appuie pas uniquement sur vous.
Pourvu, Seigneur, que ma volonté demeure droite et qu'elle soit affermie en vous, faites de moi tout ce qu'il vous plaira, car tout ce que vous ferez de moi ne peut être que bon.
Si vous voulez que je sois dans les ténèbres, soyez béni; et si vous voulez que je sois dans la lumière, soyez encore béni.
Si vous daignez me consoler, soyez béni; et si vous voulez que j'éprouve des tribulations, soyez également toujours béni.
Jésus-Christ: Mon fils, c'est ainsi que vous devez être, si vous ne voulez pas vous séparer de moi.
Il faut que vous soyez préparé à la souffrance autant qu'à la joie, au dénuement et à la pauvreté autant qu'aux richesses et à l'abondance.
Le fidèle: Seigneur, je souffrirai volontiers pour vous tout ce que vous voudrez qui vienne sur moi.
Je veux recevoir indifféremment de votre main, le bien et le mal, les douceurs et les amertumes, la joie et la tristesse, et vous rendre grâce de tout ce qui m'arrivera.
Préservez-moi à jamais de tout péché et je ne craindrai ni la mort, ni l'enfer.
Pourvu que vous ne me rejetiez pas, et que vous ne m'effaciez pas du livre de vie, aucune tribulation ne peut me nuire.
Réflexion de Lamennais
On ne saurait trop le répéter, la vie chrétienne consiste uniquement à vouloir ce que Dieu veut, et à ne vouloir que ce qu'il veut. Presque toujours nos désirs nous trompent, par une suite de notre ignorance et de notre corruption. Mais Dieu sait tout ce qui nous est caché: il connaît les secrètes dispositions de notre coeur, la mesure de notre faiblesse, les épreuves auxquelles il est bon que nous soyons soumis, les secours nécessaires pour les supporter; car il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces: sa sagesse est infinie, et il nous a aimés jusqu'à donner pour nous son Fils unique.
Quelle confiance, quelle paix ne devons-nous pas trouver dans cette pensée ! Quoi de plus doux que de s'abandonner sans réserve à Celui qui a tout fait pour sa pauvre créature, que de se perdre en lui par l'union intime de notre volonté à la sienne, ne nous réservant rien que l'action de grâce et l'amour, de sorte que notre âme, notre être entier s'exhale en quelque sorte dans cette parole qui comprend tout: Mon Seigneur et mon Dieu.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Dix Huit
Qu'il faut souffrir avec constance les misères de cette vie à l'exemple de Jésus-Christ
Réflexion de Lamennais
La vie de l'homme sur la terre est pleine de douleur, de misères, de souffrances: Qui ne le sait ? Nous sommes visiblement punis, et comme la justice qui nous châtie est toute-puissante, nul moyen d'échapper au châtiment. Or, en cet état, la sagesse humaine n'a vu que le choix entre deux partis, ou de se raidir contre la nature et dénier le supplice, ou d'y chercher une distraction dans la volupté. Elle a demandé le bonheur à l'orgueil et aux sens, et, trompée dans ses espérances, elle s'est voilée la tête en disant: Il n'y a point de remède.
Le monde en était là, quand tout à coup une voix s'élève: Heureux ceux qui pleurent ! Les peuples écoutent et s'étonnent: quelque chose de nouveau se remue en eux: ils comprennent, ils goûtent la joie des larmes, et du haut de la Croix où l'homme de douleurs est attaché, un fleuve inépuisable de consolations inconnues coule sur le genre humain. La vie a perdu sa tristesse, depuis que, baigné d'une sueur de sang, et dans les transes de l'agonie, Jésus s'est écrié: Mon âme est triste jusqu'à la mort.
Elle n'a plus assez de souffrances pour le repentir qui les cherche, pour l'amour qui les désire et qui s'y complaît. Qu'est-ce donc que cette merveille ? O Fils du Dieu vivant, c'est que votre lumière a éclairé le monde, et que votre grâce l'a touché: c'est que l'homme, sorti de sa voie, l'a retrouvée en vous, qui êtes la voie la vérité et la vie: c'est qu'il a conçu qu'après le péché, le seul bien qui reste est l'expiation, et il a dit en regardant la Croix: Ou souffrir ou mourir.
Victime sainte, Agneau de Dieu, qui ôtez le péché du monde, donnez-moi de souffrir avec vous et de mourir en unissant mes dernières souffrances à celles qui nous ont rouvert le ciel que le péché nous avait fermé !
Qu'il faut souffrir avec constance les misères de cette vie à l'exemple de Jésus-Christ
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, je suis descendu du ciel pour votre salut; je me suis chargé de vos misères, afin de vous former par mon exemple à la patience, et de vous apprendre à supporter les maux de cette vie sans murmurer.
Car depuis l'heure de ma naissance jusqu'à ma mort sur la croix, je n'ai jamais été sans douleur.
J'ai vécu dans une extrême indigence des choses de ce monde; j'ai entendu souvent bien des plaintes de moi; j'ai souffert avec douceur les affronts et les outrages; je n'ai recueilli sur la terre, pour mes bienfaits, que de l'ingratitude; pour mes miracles, que des blasphèmes; pour ma doctrine, que des censures.
Le fidèle: Puisque vous avez montré, Seigneur, tant de patience durant votre vie, accomplissant par là, d'une manière parfaite, ce que votre Père demandait de vous, il est bien juste que moi, pauvre pécheur, je souffre patiemment ma misère selon votre volonté, et que je porte pour mon salut, aussi longtemps que vous le voudrez, le poids de cette vie corruptible.
Car, bien que la vie présente soit pleine de douleurs, elle devient cependant, par votre grâce, une source abondante de mérites, et votre exemple suivi par vos saints la rend plus supportable et précieuse, même aux faibles.
Elle est aussi beaucoup plus remplie de consolations que dans l'ancienne loi, quand les portes du ciel étaient encore fermées, que la voie du ciel semblait plus obscure, et que si peu s'occupaient de chercher le royaume de Dieu.
Les justes mêmes, à qui le salut était réservé, ne pouvaient entrer dans le royaume céleste qu'après la consommation de vos souffrances et le tribut sacré de votre mort.
Oh ! quelles grâces ne dois-je pas vous rendre, de ce que vous avez daigné me montrer, et à tous les fidèles, la voie droite et sûre qui conduit à votre royaume éternel !
Car votre vie est notre voie et par une sainte patience, nous marchons vers vous, qui êtes notre couronne.
Si vous ne nous aviez précédés et instruits, qui songerait à vous suivre ?
Hélas ! combien resteraient en arrière, et bien loin, s'ils n'avaient sous les yeux vos exemples sacrés !
Après tant de miracles et d'instructions, nous sommes encore tièdes; que serait-ce si tant de lumières ne nous guidait sur vos traces !
Réflexion de Lamennais
La vie de l'homme sur la terre est pleine de douleur, de misères, de souffrances: Qui ne le sait ? Nous sommes visiblement punis, et comme la justice qui nous châtie est toute-puissante, nul moyen d'échapper au châtiment. Or, en cet état, la sagesse humaine n'a vu que le choix entre deux partis, ou de se raidir contre la nature et dénier le supplice, ou d'y chercher une distraction dans la volupté. Elle a demandé le bonheur à l'orgueil et aux sens, et, trompée dans ses espérances, elle s'est voilée la tête en disant: Il n'y a point de remède.
Le monde en était là, quand tout à coup une voix s'élève: Heureux ceux qui pleurent ! Les peuples écoutent et s'étonnent: quelque chose de nouveau se remue en eux: ils comprennent, ils goûtent la joie des larmes, et du haut de la Croix où l'homme de douleurs est attaché, un fleuve inépuisable de consolations inconnues coule sur le genre humain. La vie a perdu sa tristesse, depuis que, baigné d'une sueur de sang, et dans les transes de l'agonie, Jésus s'est écrié: Mon âme est triste jusqu'à la mort.
Elle n'a plus assez de souffrances pour le repentir qui les cherche, pour l'amour qui les désire et qui s'y complaît. Qu'est-ce donc que cette merveille ? O Fils du Dieu vivant, c'est que votre lumière a éclairé le monde, et que votre grâce l'a touché: c'est que l'homme, sorti de sa voie, l'a retrouvée en vous, qui êtes la voie la vérité et la vie: c'est qu'il a conçu qu'après le péché, le seul bien qui reste est l'expiation, et il a dit en regardant la Croix: Ou souffrir ou mourir.
Victime sainte, Agneau de Dieu, qui ôtez le péché du monde, donnez-moi de souffrir avec vous et de mourir en unissant mes dernières souffrances à celles qui nous ont rouvert le ciel que le péché nous avait fermé !
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Dix Neuf
De la souffrance des injures, et de la véritable patience
Réflexion de Lamennais
Si nous avons souvent à souffrir du prochain, il n'a pas moins à souffrir de nous, et c'est pourquoi l'Apôtre dit: Portez le fardeau les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi de Jésus-Christ.
Mais je vous entends: il y a des choses qu'il est dur, dites-vous, et difficile de supporter. Eh bien, votre mérite en sera plus grand. La grâce ne nous est donnée que pour cela, pour que vous fassiez avec elle ce qui serait impossible à la nature seule. D'ailleurs, que vous arrive-t-il que Dieu n'ait prévu, que Dieu n'ait voulu ? La patience n'est donc qu'une soumission douce et calme à ce qu'il ordonne, et sans elle nous vivons dans un trouble perpétuel; car qui a résisté à Dieu, et a eu la paix ? Et combien ne faut-il pas qu'il soit lui-même patient avec vous ! Descendez dans votre conscience, et répondez. N'a-t-il rien à supporter de vous, rien à vous pardonner ?
Oui, le Seigneur est patient et rempli de miséricorde. Soyons donc aussi patients envers tous. L'homme patient vaut mieux que l'homme fort: et celui qui domine son âme, mieux que celui qui réduit les villes. Je me suis tu, disait David en prophétisant les souffrances du Christ, je me suis tu, et je n'ai point ouvert la bouche; et un autre prophète: il s'est tu, comme l'agneau devant celui qui le tond.
Qui oserait après cela murmurer, s'irriter, rendre offense pour offense? O Jésus ! soyez notre modèle. Vous nous avez appris à dire à Dieu: Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent. Voilà ce que nous demandons chaque jour, ce que chaque jour nous promettons, et malheur à celui dont la prière sera trouvée menteuse !
De la souffrance des injures, et de la véritable patience
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Pourquoi ces paroles, mon fils ? Cessez de vous plaindre, en considérant mes souffrances et celles des saints.
Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang.
Ce que vous souffrez est peu en comparaison de ce qu'on souffert tant d'autres, qui ont été éprouvés et exercés par de si fortes tentations, par des tribulations si pesantes.
Rappelez donc à votre esprit les peines extrêmes des autres, afin d'en supporter paisiblement de plus légères.
Que si elles ne vous paraissent pas légères, prenez garde que cela ne vienne de votre impatience.
Cependant, grandes ou petites, efforcez-vous de les souffrir patiemment.
Plus vous vous disposez à souffrir, plus vous montrez de sagesse et acquérez de mérites. La ferme résolution et l'habitude de souffrir vous rendront même la souffrance moins dure.
Ne dites pas: Je ne puis supporter cela d'un tel homme; ce sont des offenses qu'on n'endure point. Il m'a fait un très grand tort, et il me reproche des choses auxquelles je n'ai jamais pensé; mais d'un autre je le souffrirais avec moins de peine, et comme je croirais devoir le souffrir.
Ce discours est insensé; car au lieu de considérer la vertu de patience et ce qui doit la couronner, c'est regarder seulement à l'injure et à la personne de qui on l'a reçue.
Celui-là n'a pas la vraie patience qui ne veut souffrir qu'autant qu'il lui plaît et de qui il lui plaît.
L'homme vraiment patient n'examine point qui l'éprouve, si c'est son supérieur, son égal ou son inférieur, un homme de bien ou un méchant.
Mais, indifférent sur les créatures, il reçoit de la main de Dieu, avec reconnaissance et aussi souvent qu'il le veut, tout ce qui lui arrive de contraire, et l'estime un grand gain.
Car Dieu ne laissera sans récompense aucune peine, même la plus légère, qu'on aura soufferte pour lui.
Soyez donc prêt au combat si vous voulez remporter la victoire.
On ne peut obtenir sans combat la couronne de la patience; et refuser de combattre, c'est refuser d'être couronné.
Si vous désirez la couronne, combattez courageusement, souffrez avec patience.
On ne parvient pas au repos sans travail, ni sans combat à la victoire.
Le fidèle: Seigneur, que ce qui paraît impossible à la nature me devienne possible par votre grâce.
J'ai, vous le savez, peu de force pour souffrir; la moindre adversité m'abat aussitôt.
Faites que j'aime, que je désire d'être exercé, affligé pour votre nom, car subir l'injure et souffrir pour vous est très salutaire à mon âme.
Réflexion de Lamennais
Si nous avons souvent à souffrir du prochain, il n'a pas moins à souffrir de nous, et c'est pourquoi l'Apôtre dit: Portez le fardeau les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi de Jésus-Christ.
Mais je vous entends: il y a des choses qu'il est dur, dites-vous, et difficile de supporter. Eh bien, votre mérite en sera plus grand. La grâce ne nous est donnée que pour cela, pour que vous fassiez avec elle ce qui serait impossible à la nature seule. D'ailleurs, que vous arrive-t-il que Dieu n'ait prévu, que Dieu n'ait voulu ? La patience n'est donc qu'une soumission douce et calme à ce qu'il ordonne, et sans elle nous vivons dans un trouble perpétuel; car qui a résisté à Dieu, et a eu la paix ? Et combien ne faut-il pas qu'il soit lui-même patient avec vous ! Descendez dans votre conscience, et répondez. N'a-t-il rien à supporter de vous, rien à vous pardonner ?
Oui, le Seigneur est patient et rempli de miséricorde. Soyons donc aussi patients envers tous. L'homme patient vaut mieux que l'homme fort: et celui qui domine son âme, mieux que celui qui réduit les villes. Je me suis tu, disait David en prophétisant les souffrances du Christ, je me suis tu, et je n'ai point ouvert la bouche; et un autre prophète: il s'est tu, comme l'agneau devant celui qui le tond.
Qui oserait après cela murmurer, s'irriter, rendre offense pour offense? O Jésus ! soyez notre modèle. Vous nous avez appris à dire à Dieu: Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent. Voilà ce que nous demandons chaque jour, ce que chaque jour nous promettons, et malheur à celui dont la prière sera trouvée menteuse !
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt
De l'aveu de son infirmité, et des misères de cette vie
Réflexion de Lamennais
Que sont les épreuves qui nous parviennent du dehors, comparées à celles que nous trouvons au dedans de nous-mêmes ? On résiste aux premières avec toutes ses forces: elles sont divisées dans les secondes, et les puissances de l'âme se combattent mutuellement; combat terrible, que saint Paul a peint en quelques traits: Je ne fais pas le bien que je veux, et le mal que je ne veux pas, je le fais.
Je me réjouis dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur, et je vois dans mes membres une autre loi, qui répugne à la loi de mon esprit et me captive sous la loi du péché, qui est dans mes membres.
Voilà ce qui désole les âmes fidèles, humiliées de cette guerre honteuse, et sans cesse tremblant de succomber; voilà ce qui faisait dire à l'Apôtre: Qui me délivrera de ce corps de mort ? Et aussitôt il ajoute: La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre Seigneur. Jetons-nous donc entre ses bras divins, qu'avec un amour inexprimable il étend pour nous recevoir. Approchons-nous de son Cour sacré, d'où émane perpétuellement une vertu redoutable aux puissances du mal; ne comptons que sur lui, n'espérons qu'en lui.
Ecrions-nous du fond de nos entrailles: Délivrez-moi, Seigneur: placez-moi près de vous, et qu'ensuite la main de qui que ce soit se lève contre moi. Le Seigneur est mon appui, mon refuge, mon libérateur: il est mon Dieu et mon aide, et j'espérerai en lui; il est mon protecteur, il est la force qui fait mon salut. Je l'invoquerai dans mes louanges, et je serai délivré de mes ennemis.
De l'aveu de son infirmité, et des misères de cette vie
- Spoiler:
- Le fidèle: Je confesserai contre moi mon injustice, je vous confesserai, Seigneur, mon infirmité.
Souvent un rien m'abat et me jette dans la tristesse.
Je me propose d'agir avec force; mais à la moindre tentation qui survient, je tombe dans une grande angoisse.
Souvent c'est la plus petite chose et la plus méprisable qui me cause une violente tentation.
Et quand je ne sens rien en moi-même et que je me crois un peu en sûreté, je me trouve quelquefois abattu par un léger souffle.
Voyez donc, Seigneur, mon impuissance et ma fragilité, que tout manifeste à vos yeux.
Ayez pitié de moi, et retirez-moi de la boue, de crainte que je n'y demeure à jamais enfoncé.
Ce qui souvent fait ma peine et ma confusion devant vous, c'est de tomber si aisément et d'être si faible contre mes passions.
Bien qu'elles ne parviennent pas à m'arracher un plein consentement, leurs sollicitations me fatiguent et me pèsent, et ce m'est un grand ennui de vivre toujours ainsi en guerre. Je connais surtout en ceci mon infirmité, que les plus horribles imaginations s'emparent de mon esprit bien plus facilement qu'elles n'en sortent.
Puissant Dieu d'Israël, défenseur des âmes fidèles, daignez jeter un regard sur votre serviteur affligé et dans le travail, et soyez près de lui pour l'aider en tout ce qu'il entreprendra.
Remplissez-moi d'une force toute céleste de peur que le vieil homme, cette chair de péché qui n'est pas encore entièrement soumise à l'esprit, ne prévale et ne domine, elle contre qui nous devons combattre jusqu'au dernier soupir, dans cette vie chargée de tant de misères.
Hélas ! qu'est-ce que cette vie, assiégée de toutes parts de tribulations et de peines, environnée de pièges et d'ennemis !
Est-on délivré d'une affliction ou d'une tentation, une autre lui succède; et l'on combat même encore la première, que d'autres surviennent inopinément.
Comment peut-on aimer une vie remplie de tant d'amertume, sujette à tant de maux et de calamités ?
Comment peut-on même appeler vie ce qui engendre tant de douleurs et tant de morts ?
Et cependant on l'aime, et plusieurs y cherchent leur félicité.
On reproche souvent au monde d'être trompeur et vain; et toutefois on le quitte difficilement parce qu'on est encore dominé par les convoitises de la chair.
Certaines choses nous inclinent à aimer le monde, d'autres à le mépriser.
Le désir de la chair, le désir des yeux et l'orgueil de la vie inspirent l'amour du monde; mais les peines et les misères qui les suivent justement produisent la haine et le dégoût du monde.
Mais hélas ! le plaisir mauvais triomphe de l'âme livrée au monde: elle se repose avec délices dans l'esclavage des sens parce qu'elle ne connaît pas et n'a point goûté les suavités célestes ni le charme intérieur de la vertu.
Mais ceux qui, méprisant le monde parfaitement, s'efforcent de vivre pour Dieu sous une sainte discipline, n'ignorent point les divines douceurs promises au vrai renoncement, et voient avec clarté combien le monde, abusé par des illusions diverses, s'égare dangereusement.
Réflexion de Lamennais
Que sont les épreuves qui nous parviennent du dehors, comparées à celles que nous trouvons au dedans de nous-mêmes ? On résiste aux premières avec toutes ses forces: elles sont divisées dans les secondes, et les puissances de l'âme se combattent mutuellement; combat terrible, que saint Paul a peint en quelques traits: Je ne fais pas le bien que je veux, et le mal que je ne veux pas, je le fais.
Je me réjouis dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur, et je vois dans mes membres une autre loi, qui répugne à la loi de mon esprit et me captive sous la loi du péché, qui est dans mes membres.
Voilà ce qui désole les âmes fidèles, humiliées de cette guerre honteuse, et sans cesse tremblant de succomber; voilà ce qui faisait dire à l'Apôtre: Qui me délivrera de ce corps de mort ? Et aussitôt il ajoute: La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre Seigneur. Jetons-nous donc entre ses bras divins, qu'avec un amour inexprimable il étend pour nous recevoir. Approchons-nous de son Cour sacré, d'où émane perpétuellement une vertu redoutable aux puissances du mal; ne comptons que sur lui, n'espérons qu'en lui.
Ecrions-nous du fond de nos entrailles: Délivrez-moi, Seigneur: placez-moi près de vous, et qu'ensuite la main de qui que ce soit se lève contre moi. Le Seigneur est mon appui, mon refuge, mon libérateur: il est mon Dieu et mon aide, et j'espérerai en lui; il est mon protecteur, il est la force qui fait mon salut. Je l'invoquerai dans mes louanges, et je serai délivré de mes ennemis.
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt et Un
Qu'il faut établir son repos en Dieu, plutôt que dans tous les autres biens
Réflexion de Lamennais
A mesure que l'âme fidèle se dégage de la terre et d'elle-même, toutes ses pensées, tous ses désirs s'élèvent et viennent se confondre en Celui qu'elle aime uniquement. Alors elle gémit des liens qui l'appesantissent et la retiennent encore ici-bas.
Pressée d'un amour qui croît sans cesse, elle voudrait briser son enveloppe mortelle, et s'élancer dans le sein de l'être infini auquel elle aspire, et s'y plonger, et s'y perdre éternellement. Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ? Nul repos, en effet, pour elle, jusqu'à ce qu'elle soit pleinement unie à l'objet de ses ardeurs, jusqu'à ce qu'elle puisse dire dans les transports, dans l'ivresse divine de sa joie, dans la jouissance, dans la possession à jamais immuable du céleste époux: Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui !
Oh ! Quand luira cet heureux jour, jour de la délivrance et de l'allégresse sans fin ? Quand cessera le temps de l'exil, le temps de l'espérance et des larmes ? Quand verrons-nous décliner les ombres qui dérobent à nos regards le bien-aimé ? Comme le cerf altéré désire l'eau des fontaines, ainsi mon âme vous désire, ô mon Dieu ! Mon âme a eu soif du Dieu fort, du Dieu vivant: Oh ! Quand viendrai-je en présence de mon Dieu ?
Qu'il faut établir son repos en Dieu, plutôt que dans tous les autres biens
- Spoiler:
- Le fidèle: En tout et par-dessus tout, repose-toi en Dieu, ô mon âme, parce qu'il est le repos éternel des saints.
Aimable et doux Jésus, donnez-moi de me reposer en vous plus qu'en toutes les créatures; plus que dans la santé, la beauté, les honneurs et la gloire; plus que dans toute puissance et dans toute dignité; plus que dans la science, l'esprit, les richesses, les arts; plus que dans les plaisirs et la joie, la renommée et la louange, les consolations et les douceurs, l'espérance et les promesses; plus qu'en tout mérite et en tout désir; plus même que dans vos dons et toutes les récompenses que vous pouvez nous prodiguer; plus que dans l'allégresse et dans les transports que l'âme peut concevoir et sentir; plus enfin que dans les anges et dans les archanges, et dans toute l'armée des cieux; plus qu'en toutes les choses visibles et invisibles, plus qu'en tout ce qui n'est pas vous, ô mon Dieu !
Car vous seul êtes infiniment bon, seul très haut, très puissant; vous suffisez seul, parce que seul vous possédez et vous donnez tout, vous seul nous consolez par vos douceurs inexprimables; seul vous êtes toute beauté, tout amour; votre gloire s'élève au-dessus de toute gloire, votre grandeur au-dessus de toute grandeur; la perfection de tous les biens ensemble est en vous, Seigneur mon Dieu, y a toujours été, y sera toujours.
Ainsi, tout ce que vous me donnez hors de vous, tout ce que vous me découvrez de vous-même, tout ce que vous m'en promettez est trop peu et ne me suffit pas, si je ne vous vois, si je ne vous possède pleinement.
Car mon coeur ne peut avoir de vrai repos ni être entièrement rassasié jusqu'à ce que, s'élevant au-dessus de tous vos dons et de toute créature, il se repose uniquement en vous.
Tendre époux de mon âme, pur objet de son amour, ô mon Jésus, Roi de toutes les créatures ! qui me délivrera de mes liens, qui me donnera des ailes pour voler vers vous et me reposer en vous ?
Oh ! quand serai-je assez dégagé de la terre pour voir, Seigneur mon Dieu, et pour goûter combien vous êtes doux ?
Quand serai-je tellement absorbé en vous, tellement pénétré de votre amour, que je ne me sente plus moi-même et que je ne vive plus que de vous, dans cette union ineffable et au-dessus des sens, que tous ne connaissent pas ?
Maintenant, je ne sais que gémir et je porte avec douleur ma misère.
Car en cette vallée de larmes, il se rencontre bien des maux, qui me troublent, m'affligent et couvrent mon âme comme d'un nuage. Souvent ils me fatiguent et me retardent; ils s'emparent de moi; ils m'arrêtent et, m'ôtant près de vous un libre accès, ils me privent de ces délicieux embrassements dont jouissent toujours et sans obstacle les célestes esprits.
Soyez touché de mes soupirs et de ma désolation sur la terre !
Ô Jésus, splendeur de l'éternelle gloire, consolateur de l'âme exilée ! ma bouche est muette devant vous et mon silence vous parle.
Jusqu'à quand mon Seigneur tardera-t'il de venir ?
Qu'il vienne à ce pauvre qui est à lui et qu'il lui rende la joie. Qu'il étende la main pour relever un malheureux plongé dans l'angoisse.
Venez, venez, car sans vous, tous les jours, toutes les heures s'écoulent dans la tristesse, parce que vous êtes seul ma joie, et que vous pouvez seul remplir le vide de mon coeur.
Je suis oppressé de misère, et comme un prisonnier chargé de fers, jusqu'à ce que, me ranimant par la lumière de votre présence, vous me rendiez la liberté et jetiez sur moi un regard d'amour.
Que d'autres cherchent, au lieu de vous, tout ce qu'ils voudront; pour moi, rien ne me plaît ni ne me plaira jamais que vous, ô mon Dieu ! mon espérance, mon salut éternel !
Je ne me tairai point, je ne cesserai point de prier jusqu'à ce que votre grâce revienne et que vous me parliez intérieurement.
Jésus-Christ: Me voici, je viens à vous parce que vous m'avez invoqué. Vos larmes et le désir de votre âme, le brisement de votre coeur humilié m'ont fléchi et ramené à vous.
Le fidèle: Et j'ai dit: Seigneur, je vous ai appelé et j'ai désiré jouir de vous, prêt à rejeter pour vous tout le reste.
Et c'est vous qui m'avez incité le premier à vous chercher.
Soyez donc béni, Seigneur, d'avoir usé de cette bonté envers votre serviteur selon votre infinie miséricorde.
Que peut-il vous dire encore et que lui reste- t 'il, qu'à s'humilier profondément en votre présence, plein du souvenir de son néant et de son iniquité ? Car il n'est rien de semblable à vous dans tout ce que le ciel et la terre renferment de plus merveilleux.
Vos oeuvres sont parfaites, vos jugements véritables, et l'univers est régi par votre providence.
Louange donc et gloire à vous, ô sagesse du Père ! Que mon âme, que ma bouche, que toutes les créatures ensemble vous louent et vous bénissent à jamais.
Réflexion de Lamennais
A mesure que l'âme fidèle se dégage de la terre et d'elle-même, toutes ses pensées, tous ses désirs s'élèvent et viennent se confondre en Celui qu'elle aime uniquement. Alors elle gémit des liens qui l'appesantissent et la retiennent encore ici-bas.
Pressée d'un amour qui croît sans cesse, elle voudrait briser son enveloppe mortelle, et s'élancer dans le sein de l'être infini auquel elle aspire, et s'y plonger, et s'y perdre éternellement. Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai ? Nul repos, en effet, pour elle, jusqu'à ce qu'elle soit pleinement unie à l'objet de ses ardeurs, jusqu'à ce qu'elle puisse dire dans les transports, dans l'ivresse divine de sa joie, dans la jouissance, dans la possession à jamais immuable du céleste époux: Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui !
Oh ! Quand luira cet heureux jour, jour de la délivrance et de l'allégresse sans fin ? Quand cessera le temps de l'exil, le temps de l'espérance et des larmes ? Quand verrons-nous décliner les ombres qui dérobent à nos regards le bien-aimé ? Comme le cerf altéré désire l'eau des fontaines, ainsi mon âme vous désire, ô mon Dieu ! Mon âme a eu soif du Dieu fort, du Dieu vivant: Oh ! Quand viendrai-je en présence de mon Dieu ?
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt Deux
Du souvenir des bienfaits de Dieu
Réflexion de Lamennais
Profitons de la grâce qui nous est donnée, sans rechercher si les autres en ont reçu une mesure plus grande. Dieu se communique comme il lui plaît, il est le maître de ses dons; et que sommes-nous pour lui en demander compte ? Bénissons-le de ceux qu'il nous accorde dans sa bonté toute gratuite, et bénissons-le encore de ceux qu'il nous refuse, nous reconnaissant indignes du moindre de ses bienfaits. Si vous êtes humble, vous n'aspirerez point à des faveurs extraordinaires, et si vous manquez d'humilité, ces faveurs loin de vous être utiles, ne serviraient peut-être qu'à vous perdre en nourrissant en vous la vaine complaisance et l'orgueil.
Une vive gratitude envers le Seigneur, une soumission parfaite à ses volontés, la fidélité dans la voie où il vous conduit, voilà ce que vous devez désirer. Avec cela vous reposerez en paix, parce que vous reposerez en Dieu, et qu'en lui vous trouverez le secours contre les tentations, la paix dans les souffrances, la consolation dans les misères et les peines de la vie, et enfin l'amour qui rend tout léger.
Oh ! Que nous penserions peu à souhaiter un état plus élevé ou plus doux, si nous aimions véritablement ! Mais nous ne savons point aimer. Gémissons au moins de notre tiédeur et supplions le divin Maître d'échauffer, d'embraser notre coeur languissant, afin que nous puissions dire avec l'Apôtre:
Qui me séparera de l'amour du Christ ? La tribulation ? L'angoisse ? La faim ? La nudité ? Le péril ? La persécution ? Le glaive ? Mais nous triomphons de toutes ces choses à cause de Celui qui nous a aimés. Car je suis certain que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les vertus, ni le présent, ni l'avenir, ni la force, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra me séparer de la charité de Dieu, laquelle est dans le Christ Jésus Notre Seigneur.
Du souvenir des bienfaits de Dieu
- Spoiler:
- Le fidèle: Seigneur ! ouvrez mon coeur à votre loi, et enseignez-moi à marcher dans la voie de vos commandements.
Faites que je connaisse votre volonté et que je rappelle dans mon souvenir, avec un grand respect et une sérieuse attention, tous vos bienfaits, afin de vous en rendre de dignes actions de grâces.
Je sais cependant et je confesse que je ne puis reconnaître dignement la moindre de vos faveurs.
Je suis au-dessous de tous les biens que vous m'avez accordés; et quand je considère votre élévation infinie, mon esprit s'abîme dans votre grandeur.
Tout ce que nous avons en nous, dans notre corps, dans notre âme, tout ce que nous possédons et au-dedans et au-dehors, dans l'ordre de la grâce ou de la nature, c'est vous qui nous l'avez donné; et vos bienfaits nous rappellent sans cesse votre bonté, votre tendresse, l'immense libéralité dont vous usez envers nous, vous de qui viennent tous les biens.
Car tout vient de vous, quoique l'un reçoive plus, l'autre moins; et sans vous nous serions à jamais privés de tout bien.
Celui qui a reçu davantage ne peut se glorifier de son mérite, ni s'élever au-dessus des autres, ni insulter celui qui a moins reçu; car celui-là est le meilleur et le plus grand, qui s'attribue le moins, et qui rend grâces avec plus de ferveur et d'humilité.
Et celui qui se croit le plus vil et le plus indigne de tous est le plus propre à recevoir de grands dons.
Celui qui a moins reçu ne doit ni s'affliger, ni se plaindre, ni concevoir de l'envie contre ceux qui ont reçu davantage, mais plutôt ne regarder que vous et louer de toute son âme votre bonté, toujours prête à répandre ses dons si abondamment, si gratuitement, sans acception de personnes.
Tout vient de vous et ainsi vous devez être loué de tout.
Vous savez ce qu'il convient de donner à chacun, pourquoi celui-ci reçoit plus, cet autre moins; ce n'est pas à nous qu'appartient ce discernement, mais à vous qui pesez tous les mérites.
C'est pourquoi, Seigneur mon Dieu, je regarde comme une grâce singulière que vous m'ayez accordé peu de ces dons qui paraissent au-dehors et qui attirent les louanges et l'admiration des hommes. Et certes, en considérant son indigence et son abjection, loin d'en être abattu, loin d'en concevoir aucune peine, aucune tristesse, on doit plutôt sentir une douce consolation, une grande joie; car vous avez choisi, mon Dieu, pour vos amis et vos serviteurs les pauvres, les humbles, ceux que le monde méprise.
Tels étaient vos apôtres mêmes, que vous avez établis princes sur toute la terre.
Ils ont passé dans ce monde sans se plaindre, purs de tout artifice et de la pensée même du mal, si simples et si humbles qu'ils se réjouissaient de souffrir les outrages pour votre nom, et qu'ils embrassaient avec amour tout ce que le monde abhorre.
Rien ne doit causer tant de joie à celui qui vous aime et qui connaît le prix de vos bienfaits, que l'accomplissement de votre volonté et de vos desseins éternels sur lui.
Il doit y trouver un contentement, une consolation telle, qu'il consente aussi volontiers à être le plus petit, que d'autres désirent avec ardeur d'être les plus grands; qu'il soit aussi tranquille, aussi satisfait dans la dernière place que dans la première; et que, toujours prêt à souffrir le mépris, les rebuts, il s'estime aussi heureux d'être sans nom, sans réputation, que les autres de jouir des honneurs et des grandeurs du monde.
Car votre volonté et le zèle de votre gloire doivent être pour lui au-dessus de tout, et lui plaire et le consoler plus que tous les dons que vous lui avez faits, et que vous pouvez lui faire encore.
Réflexion de Lamennais
Profitons de la grâce qui nous est donnée, sans rechercher si les autres en ont reçu une mesure plus grande. Dieu se communique comme il lui plaît, il est le maître de ses dons; et que sommes-nous pour lui en demander compte ? Bénissons-le de ceux qu'il nous accorde dans sa bonté toute gratuite, et bénissons-le encore de ceux qu'il nous refuse, nous reconnaissant indignes du moindre de ses bienfaits. Si vous êtes humble, vous n'aspirerez point à des faveurs extraordinaires, et si vous manquez d'humilité, ces faveurs loin de vous être utiles, ne serviraient peut-être qu'à vous perdre en nourrissant en vous la vaine complaisance et l'orgueil.
Une vive gratitude envers le Seigneur, une soumission parfaite à ses volontés, la fidélité dans la voie où il vous conduit, voilà ce que vous devez désirer. Avec cela vous reposerez en paix, parce que vous reposerez en Dieu, et qu'en lui vous trouverez le secours contre les tentations, la paix dans les souffrances, la consolation dans les misères et les peines de la vie, et enfin l'amour qui rend tout léger.
Oh ! Que nous penserions peu à souhaiter un état plus élevé ou plus doux, si nous aimions véritablement ! Mais nous ne savons point aimer. Gémissons au moins de notre tiédeur et supplions le divin Maître d'échauffer, d'embraser notre coeur languissant, afin que nous puissions dire avec l'Apôtre:
Qui me séparera de l'amour du Christ ? La tribulation ? L'angoisse ? La faim ? La nudité ? Le péril ? La persécution ? Le glaive ? Mais nous triomphons de toutes ces choses à cause de Celui qui nous a aimés. Car je suis certain que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les vertus, ni le présent, ni l'avenir, ni la force, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra me séparer de la charité de Dieu, laquelle est dans le Christ Jésus Notre Seigneur.
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt Trois
De quatre choses importantes pour conserver la paix
Réflexion de Lamennais
Des prophètes se sont levés en Israël, qui prophétisent à Jérusalem des visions de paix; et il n'y a point de paix, dit le Seigneur Dieu. Et le monde aussi prophétise des visions de paix à ses sectateurs; mais cette paix qu'il met dans les plaisirs, dans le contentement de l'orgueil et de toutes les passions, ne se montre de loin que pour tromper ceux qui la poursuivent, et quand ils se croient près de la saisir, tout à coup elle s'évanouit comme le songe d'un homme qui s'éveille.
La paix véritable n'est, au contraire, que le calme d'une conscience pure: elle consiste à retrancher les désirs, et non pas à les satisfaire. Est-il un lieu caché, un emploi obscur, une place, un rang méprisables aux yeux du monde, elle est là surtout. Plus le coeur s'humilie, plus elle est douce et profonde. Qu'est-ce, en effet, qui pourrait troubler celui qui ne souhaite rien et ne s'attribue rien ? Il n'a guère à craindre qu'on lui envie l'abaissement où il se complaît. Mais que de grandeur dans cet abaissement cherché, voulu de toute l'âme ! Les anges le contemplent avec respect, et Dieu le bénit du sein de sa gloire.
Seigneur, venez à mon aide; terrassez en moi l'orgueil, et j'aurai la paix; faites que, pénétré des sentiments qui animaient le roi-prophète, il me soit donné de dire comme lui: J'ai choisi d'être abject dans la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes des pécheurs: Elegi abjectus esse.
De quatre choses importantes pour conserver la paix
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, je vous enseignerai maintenant la voie de la paix et de la vraie liberté.
Le fidèle: Faites, Seigneur, ce que vous dites; car il m'est doux de vous entendre.
Jésus-Christ: Appliquez-vous, mon fils, à faire plutôt la volonté d'autrui que la vôtre.
Choisissez toujours d'avoir moins que plus.
Cherchez toujours la dernière place, et à être au-dessous de tous.
Désirez toujours et priez que la volonté de Dieu s'accomplisse parfaitement en vous.
Celui qui agit ainsi est dans la voie de la paix et du repos.
Le fidèle: Seigneur, ces courts préceptes renferment une grande perfection.
Ils contiennent peu de paroles; mais elles sont pleines de sens, et abondantes en fruits.
Si j'étais fidèle à les observer, je ne tomberais pas si aisément dans le trouble.
Car toutes les fois qu'il m'arrive de perdre le calme et la paix, je reconnais que je me suis écarté de ces maximes.
Mais vous qui pouvez tout, et qui désirez toujours le progrès des âmes, augmentez en moi votre grâce, afin qu'en obéissant à ce que vous commandez, je puisse accomplir mon salut.
Prière pour obtenir d'être délivré des mauvaises pensées.
Seigneur mon Dieu, ne vous éloignez pas de moi. Mon Dieu, hâtez-vous de me secourir, car une foule de pensées diverses m'ont assailli et de grandes terreurs agitent mon âme.
Comment traverserai-je tant d'ennemis sans recevoir de blessures ? Comment les renverserai-je ?
Je marcherai devant vous, dit le Seigneur, et j'abattrai les puissants de la terre. J'ouvrirai les portes de la prison, et je vous montrerai les issues les plus secrètes.
Faites, Seigneur, selon votre parole; et que toutes les pensées mauvaises fuient devant vous.
Mon unique espérance, ma seule consolation dans les maux qui me pressent est de me réfugier vers vous, de me confier en vous, de vous invoquer du fond de mon coeur et d'attendre avec patience votre secours.
Prière pour demander à Dieu la lumière.
Eclairez-moi intérieurement, ô bon Jésus ! Faites luire votre lumière dans mon coeur et dissipez toutes ses ténèbres.
Arrêtez mon esprit qui s'égare et brisez la violence des tentations qui me pressent.
Déployez pour moi votre bras et domptez ces bêtes furieuses, ces convoitises dévorantes, afin que je trouve la paix dans votre force et que sans cesse vos louanges retentissent dans votre sanctuaire, dans une conscience pure.
Commandez aux vents et aux tempêtes; dites à la mer: Apaise-toi; à l'aquilon: Ne souffle point, et il se fera un grand calme.
Envoyez votre lumière et votre vérité pour qu'elles luisent sur la terre; car je ne suis qu'une terre stérile et ténébreuse jusqu'à ce que vous m'éclairiez.
Répandez votre grâce d'en haut, versez sur mon coeur la rosée céleste, épanchez sur cette terre aride les eaux fécondes de la piété, afin qu'elle produise des fruits bons et salutaires.
Relevez mon âme abattue sous le poids de ses péchés, transportez tous mes désirs au ciel, afin qu'ayant trempé mes lèvres à la source des biens éternels, je ne puisse plus sans dégoût penser aux choses de la terre.
Enlevez-moi, détachez-moi de toutes les fugitives consolations des créatures, car nul objet créé ne peut satisfaire ni rassasier pleinement mon coeur.
Unissez-moi à vous par l'indissoluble lien de l'amour, car vous suffisez seul à celui qui vous aime, et tout le reste sans vous n'est rien.
Réflexion de Lamennais
Des prophètes se sont levés en Israël, qui prophétisent à Jérusalem des visions de paix; et il n'y a point de paix, dit le Seigneur Dieu. Et le monde aussi prophétise des visions de paix à ses sectateurs; mais cette paix qu'il met dans les plaisirs, dans le contentement de l'orgueil et de toutes les passions, ne se montre de loin que pour tromper ceux qui la poursuivent, et quand ils se croient près de la saisir, tout à coup elle s'évanouit comme le songe d'un homme qui s'éveille.
La paix véritable n'est, au contraire, que le calme d'une conscience pure: elle consiste à retrancher les désirs, et non pas à les satisfaire. Est-il un lieu caché, un emploi obscur, une place, un rang méprisables aux yeux du monde, elle est là surtout. Plus le coeur s'humilie, plus elle est douce et profonde. Qu'est-ce, en effet, qui pourrait troubler celui qui ne souhaite rien et ne s'attribue rien ? Il n'a guère à craindre qu'on lui envie l'abaissement où il se complaît. Mais que de grandeur dans cet abaissement cherché, voulu de toute l'âme ! Les anges le contemplent avec respect, et Dieu le bénit du sein de sa gloire.
Seigneur, venez à mon aide; terrassez en moi l'orgueil, et j'aurai la paix; faites que, pénétré des sentiments qui animaient le roi-prophète, il me soit donné de dire comme lui: J'ai choisi d'être abject dans la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter sous les tentes des pécheurs: Elegi abjectus esse.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt Quatre
Qu'il ne faut pas s'enquérir curieusement de la conduite des autres
Réflexion de Lamennais
Pourquoi ouvrez-vous un oeil envieux sur les actions de vos frères ? Qui vous a chargé de scruter leur conscience et leurs oeuvres ?
Laissez, laissez à Dieu un soin qu'il se réserve, et songez à répondre pour vous.
On se trompe presque toujours en jugeant les autres, et l'on se prépare à soi-même un jugement plus sévère, en usurpant un droit qu'on n'a pas, et en blessant par des soupçons malins et téméraires, l'amour dû au prochain.
La charité est indulgente, et ne pense point le mal. Présumez d'autrui tout ce qui est bon, pardonnez pour qu'on vous pardonne, et ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugé
Qu'il ne faut pas s'enquérir curieusement de la conduite des autres
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, réprimez en vous la curiosité et ne vous troublez point de vaines sollicitudes.
Que vous importe ceci ou cela ? Suivez-moi.
Que vous fait ce qu'est celui-ci, comment parle ou agit celui-là ?
Vous n'avez point à répondre des autres; mais vous répondrez pour vous-même; de quoi vous inquiétez-vous ?
Voilà que je connais tous les hommes: je vois tout ce qui se passe sous le soleil; je sais ce qu'il en est de chacun, ce qu'il pense, ce qu'il veut, et où tendent ses vues.
C'est donc à moi qu'on doit tout abandonner. Pour vous, demeurez en paix et laissez ceux qui s'agitent, s'agiter tant qu'ils voudront.
Tout ce qu'ils feront, tout ce qu'ils diront viendra sur eux, car ils ne peuvent me tromper.
Ne poursuivez pas cette ombre qu'on appelle un grand nom; ne désirez ni de nombreuses liaisons, ni l'amitié particulière d'aucun homme.
Car tout cela dissipe l'esprit et obscurcit étrangement le coeur.
Je me plairais à vous faire entendre ma parole et à vous révéler mes secrets si vous étiez, quand je viens à vous, toujours attentif et prêt à m'ouvrir la porte de votre coeur.
Songez à l'avenir, veillez, priez sans cesse, et humiliez-vous en toutes choses.
Réflexion de Lamennais
Pourquoi ouvrez-vous un oeil envieux sur les actions de vos frères ? Qui vous a chargé de scruter leur conscience et leurs oeuvres ?
Laissez, laissez à Dieu un soin qu'il se réserve, et songez à répondre pour vous.
On se trompe presque toujours en jugeant les autres, et l'on se prépare à soi-même un jugement plus sévère, en usurpant un droit qu'on n'a pas, et en blessant par des soupçons malins et téméraires, l'amour dû au prochain.
La charité est indulgente, et ne pense point le mal. Présumez d'autrui tout ce qui est bon, pardonnez pour qu'on vous pardonne, et ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugé
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt Cinq
En quoi consiste la vraie paix et le véritable progrès de l'âme
Réflexion de Lamennais
On ne saurait trop répéter à l'homme que sa grandeur, sa sécurité, sa paix consistent à se renoncer, à se mépriser lui-même, à s'anéantir devant Dieu, à ne vouloir en toutes choses et à ne désirer que l'accomplissement de sa volonté sainte, sans aucun retour d'intérêt propre, dans un abandon sans réserve à ce qu'il lui plaît d'ordonner de nous.
Il faut se détacher même de ses dons, pour s'unir à lui d'une manière plus intime et plus pure. La ferveur sensible, les consolations, les ravissantes douceurs de l'amour, nous sont données et nous sont retirées selon des desseins que nous ignorons. Elles passent et tout ce qui passe produit le trouble, si l'on s'y attache.
Dieu seul donc, n'aimons que Dieu seul. Ne souhaitons que Dieu seul, aimons-le pour lui-même, dans la tristesse comme dans la joie, dans l'amertume comme dans la jouissance.
Oui, je vous aimerai, Seigneur, je vous bénirai en tout temps: vous êtes vous-même notre paix, et dans cette paix, je dormirai et me reposerai.
En quoi consiste la vraie paix et le véritable progrès de l'âme
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, j'ai dit: Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, non comme le monde la donne.
Tous désirent la paix; mais tous ne cherchent pas ce qui procure une paix véritable.
Ma paix est avec ceux qui sont doux et humbles de coeur. Votre paix sera dans une grande patience.
Si vous m'écoutez et si vous obéissez à ma parole, vous jouirez d'une profonde paix.
Le fidèle: Seigneur, que ferai-je donc ?
Jésus-Christ: En toutes choses, veillez à ce que vous faites et à ce que vous dites. N'ayez d'autre intention que celle de plaire à moi seul. Ne désirez, ne recherchez rien hors de moi.
Ne jugez point témérairement des paroles ou des actions des autres; ne vous ingérez point dans ce qui n'est pas commis à votre charge; alors vous serez peu ou rarement troublé.
Mais ne sentir jamais aucun trouble, n'éprouver aucune peine de coeur, aucune souffrance du corps, cela n'est pas de la vie présente; c'est l'état de l'éternel repos.
Ne croyez donc pas avoir trouvé la véritable paix, lorsqu'il ne vous arrive aucune contrariété; ni que tout soit bien, quand vous n'essuyez d'opposition de personne; ni que votre bonheur soit parfait, lorsque tout réussit selon vos désirs.
Gardez-vous aussi de concevoir une haute idée de vous-même et d'imaginer que Dieu vous chérit particulièrement, si vous sentez votre coeur rempli d'une piété tendre et douce; car ce n'est pas en cela qu'on reconnaît celui qui aime vraiment la vertu, ni en cela que consiste le progrès de l'homme et sa perfection.
Le fidèle: En quoi donc, Seigneur ?
Jésus-Christ: A vous offrir de tout votre coeur à la volonté divine; à ne vous rechercher en aucune chose, ni petite, ni grande, ni dans le temps ni dans l'éternité; de sorte que, regardant du même oeil et pesant dans la même balance les biens et les maux, vous m'en rendiez également grâces.
Et ce n'est pas tout; il faut encore que vous soyez si ferme, si constant dans l'espérance, que, privé intérieurement de toute consolation, vous prépariez votre coeur à de plus dures épreuves, sans jamais vous justifier vous-même comme si vous ne méritiez pas de tant souffrir, mais reconnaissant au contraire ma justice et louant ma sainteté dans tout ce que j'ordonne.
Alors vous marcherez dans la voie droite, dans la véritable voie de la paix, et vous pourrez avec assurance espérer de revoir mon visage dans l'allégresse.
Que si vous parvenez à un parfait mépris de vous-même, je vous le dis, vous jouirez d'une paix aussi profonde qu'il est possible en cette vie d'exil.
Réflexion de Lamennais
On ne saurait trop répéter à l'homme que sa grandeur, sa sécurité, sa paix consistent à se renoncer, à se mépriser lui-même, à s'anéantir devant Dieu, à ne vouloir en toutes choses et à ne désirer que l'accomplissement de sa volonté sainte, sans aucun retour d'intérêt propre, dans un abandon sans réserve à ce qu'il lui plaît d'ordonner de nous.
Il faut se détacher même de ses dons, pour s'unir à lui d'une manière plus intime et plus pure. La ferveur sensible, les consolations, les ravissantes douceurs de l'amour, nous sont données et nous sont retirées selon des desseins que nous ignorons. Elles passent et tout ce qui passe produit le trouble, si l'on s'y attache.
Dieu seul donc, n'aimons que Dieu seul. Ne souhaitons que Dieu seul, aimons-le pour lui-même, dans la tristesse comme dans la joie, dans l'amertume comme dans la jouissance.
Oui, je vous aimerai, Seigneur, je vous bénirai en tout temps: vous êtes vous-même notre paix, et dans cette paix, je dormirai et me reposerai.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Chapitre 54
Des divers mouvements de la nature et de la grâce
Voix de Jésus-Christ:
1. Mon fils, observez avec soin les mouvements de la nature et de la grâce, car, quoique très opposés, la différence en est quelquefois si imperceptible, qu'à peine un homme éclairé dans la vie spirituelle en peut-il faire le discernement. Tous les hommes ont le désir du bien et tendent à quelque bien dans leurs paroles et dans leurs actions: c'est pourquoi plusieurs sont trompés dans cette apparence de bien.
2. La nature est pleine d'artifice; elle attire, elle surprend, elle séduit, et n'a jamais d'autre fin qu'elle-même. La grâce, au contraire, agit avec simplicité et fuit jusqu'à la moindre apparence du mal; elle ne tend point de pièges et fait tout pour Dieu seul, en qui elle se repose comme en sa fin.
3. La nature répugne à mourir; elle ne veut point être contrainte, ni vaincue, ni assujettie, ni se soumettre volontairement. Mais la grâce porte à se mortifier soi-même, résiste à la sensualité, recherche l'assujettissement, aspire à être vaincue et ne veut pas jouir de sa liberté; elle aime la dépendance, ne désire dominer personne, mais vivre, demeurer, être toujours sous la main de Dieu et, à cause de Dieu, elle est prête à s'abaisser humblement au-dessous de toute créature (I Pet. 2, 13).
4. La nature travaille pour son intérêt propre et calcule le bien qu'elle peut retirer des autres. La grâce ne considère point ce qui lui est avantageux, mais ce qui peut être utile à plusieurs. 5. La nature aime à recevoir les respects et les honneurs. La grâce renvoie fidèlement à Dieu tout honneur et toute gloire.
6. La nature craint la confusion et le mépris. La grâce se réjouit de souffrir des outrages pour le nom de Jésus (Act. 5, 41).
7. La nature aime l'oisiveté et le repos du corps. La grâce ne peut être oisive et se fait une joie du travail.
8. La nature recherche les choses curieuses et belles, et repousse avec horreur ce qui est vil et grossier. La grâce se complaît dans les choses simples et humbles; elle ne dédaigne point ce qu'il y a de plus rude et ne refuse point de se vêtir de haillons.
9. La nature convoite les biens du temps, elle se réjouit du gain terrestre, s'afflige d'une perte et s'irrite d'une légère injure. La grâce n'aspire qu'aux biens éternels et ne s'attache point à ceux du temps; elle ne se trouble d'aucune perte et ne s'offense point des paroles les plus dures, parce qu'elle a mis son trésor et sa joie dans le ciel, où rien ne périt.
10. La nature est avide et reçoit plus volontiers qu'elle ne donne; elle aime ce qui lui est propre et particulier. La grâce est généreuse et ne se réserve rien; elle évite la singularité, se contente de peu et croit qu'il est plus heureux de donner que de recevoir (Act. 20, 35).
11. La nature porte vers les créatures, la chair, les vanités, elle est bien aise de se produire. La grâce élève à Dieu, excite la vertu, renonce aux créatures, fuit le monde, hait les désirs de la chair, ne se répand point au-dehors, et rougit de paraître devant les hommes.
12. La nature se réjouit d'avoir quelque consolation extérieure qui flatte le penchant des sens. La grâce ne cherche de consolation qu'en Dieu seul et, s'élevant au-dessus des choses visibles, elle met tous ses délices dans le souverain bien.
13. La nature agit en tout pour le gain et pour son avantage propre; elle ne sait rien faire gratuitement mais, en obligeant, elle espère obtenir quelque chose d'égal ou de meilleur, des faveurs ou des louanges; et elle veut qu'on tienne pour beaucoup tout ce qu'elle fait et tout ce qu'elle donne. La grâce ne veut rien de temporel, elle ne demande d'autre récompense que Dieu seul et ne désire des choses du temps, même les plus nécessaires, que ce qui peut lui servir pour acquérir les biens éternels.
14. La nature se complaît dans le grand nombre des amis et des parents; elle se glorifie d'un rang élevé, d'une naissance illustre; elle sourit aux puissants, flatte les riches et applaudit à ceux qui lui ressemblent. La grâce aime ses ennemis mêmes, et ne s'enorgueillit point du nombre de ses amis; elle ne compte pour rien la noblesse et les ancêtres, à moins qu'ils ne se soient distingués par la vertu; elle favorise plutôt le pauvre que le riche, compatit plus à l'innocent qu'au puissant, recherche l'homme vrai, fuit le menteur, et ne cesse d'exhorter les bons à s'efforcer de devenir meilleurs (I Cor. 12, 31), afin de se rendre semblables au Fils de Dieu par leurs vertus.
15. La nature est prompte à se plaindre de ce qui lui manque et de ce qui la blesse. La grâce supporte avec constance la pauvreté.
16. La nature rapporte tout à elle-même, combat, discute pour ses intérêts. La grâce ramène tout à Dieu, de qui tout émane originairement; elle ne s'attribue aucun bien, ne présume point d'elle-même avec arrogance, ne conteste point, ne préfère point son opinion à celle des autres; mais elle soumet toutes ses pensées et tous ses sentiments à l'éternelle sagesse et au jugement de Dieu.
17. La nature est curieuse de secrets et de nouvelles; elle veut se montrer et voir, et examiner par elle-même; elle désire d'être connue et de s'attirer la louange et l'admiration. La grâce ne s'occupe point de nouvelles ni de ce qui nourrit la curiosité; car tout cela n'est que la renaissance d'une vieille corruption, puisqu'il n'y a rien de nouveau ni de stable sur la terre. Elle enseigne à réprimer les sens, à fuir la vaine complaisance et l'ostentation, à cacher humblement ce qui mérite l'éloge et l'estime, et à ne chercher en ce qu'on sait et en toute chose, que ce qui peut être utile, et l'honneur et la gloire de Dieu. Elle ne veut point qu'on loue ni elle ni ses oeuvres; mais elle désire que Dieu soit béni dans les dons qu'il répand par pur amour.
18. Cette grâce est une lumière surnaturelle, un don spécial de Dieu; c'est proprement le sceau des élus; c'est le gage du salut éternel. De la terre, où son coeur gisait, elle élève l'homme jusqu'à l'amour des biens célestes, et le rend spirituel, de charnel qu'il était. Plus donc la nature est affaiblie et vaincue, plus la grâce se répand avec abondance; et chaque jour, par de nouvelles effusions, elle rétablit au-dedans de l'homme l'image de Dieu.
Réflexion
Selon la doctrine du grand Apôtre, nous avons en nous deux lois opposées: la loi de la chair, qui nous asservit au péché, et la loi de l'esprit, qui nous retient dans l'ordre par le secours de la grâce que Jésus-Christ nous a méritée (Rom. 7, 23). Partagés entre ces deux lois, entre la chair et l'esprit qui se combattent sans cesse (Gal. 5, 17), nous sommes ici-bas comme flottant entre le bien et le mal, entre Dieu et le monde, poussés vers l'un par la nature, attirés vers l'autre par la grâce, qui n'abandonne jamais entièrement les plus grands pécheurs, de même que la concupiscence ne cesse jamais de solliciter les plus justes. Que deviendra notre pauvre âme, en proie à cette guerre terrible? Combien doit-elle trembler sur les suites d'un tel combat? Et c'est pourquoi, dit saint Paul, toute créature gémit, et est comme dans le travail de l'enfantement, et nous aussi qui avons reçu les prémices de l'Esprit, nous gémissons en nous-mêmes, attendant l'adoption des enfants de Dieu, et la délivrance de notre corps (Rom. 8, 22, 23). Heureux jour! Et quand viendra-t-il? Quand goûterons-nous la délicieuse paix d'un amour immuable? J'ai désiré la dissolution de ma chair, afin d'être avec Jésus-Christ (Phil. 1, 23). Mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de mon Dieu? (Ps. 41, 3)
Des divers mouvements de la nature et de la grâce
Voix de Jésus-Christ:
1. Mon fils, observez avec soin les mouvements de la nature et de la grâce, car, quoique très opposés, la différence en est quelquefois si imperceptible, qu'à peine un homme éclairé dans la vie spirituelle en peut-il faire le discernement. Tous les hommes ont le désir du bien et tendent à quelque bien dans leurs paroles et dans leurs actions: c'est pourquoi plusieurs sont trompés dans cette apparence de bien.
2. La nature est pleine d'artifice; elle attire, elle surprend, elle séduit, et n'a jamais d'autre fin qu'elle-même. La grâce, au contraire, agit avec simplicité et fuit jusqu'à la moindre apparence du mal; elle ne tend point de pièges et fait tout pour Dieu seul, en qui elle se repose comme en sa fin.
3. La nature répugne à mourir; elle ne veut point être contrainte, ni vaincue, ni assujettie, ni se soumettre volontairement. Mais la grâce porte à se mortifier soi-même, résiste à la sensualité, recherche l'assujettissement, aspire à être vaincue et ne veut pas jouir de sa liberté; elle aime la dépendance, ne désire dominer personne, mais vivre, demeurer, être toujours sous la main de Dieu et, à cause de Dieu, elle est prête à s'abaisser humblement au-dessous de toute créature (I Pet. 2, 13).
4. La nature travaille pour son intérêt propre et calcule le bien qu'elle peut retirer des autres. La grâce ne considère point ce qui lui est avantageux, mais ce qui peut être utile à plusieurs. 5. La nature aime à recevoir les respects et les honneurs. La grâce renvoie fidèlement à Dieu tout honneur et toute gloire.
6. La nature craint la confusion et le mépris. La grâce se réjouit de souffrir des outrages pour le nom de Jésus (Act. 5, 41).
7. La nature aime l'oisiveté et le repos du corps. La grâce ne peut être oisive et se fait une joie du travail.
8. La nature recherche les choses curieuses et belles, et repousse avec horreur ce qui est vil et grossier. La grâce se complaît dans les choses simples et humbles; elle ne dédaigne point ce qu'il y a de plus rude et ne refuse point de se vêtir de haillons.
9. La nature convoite les biens du temps, elle se réjouit du gain terrestre, s'afflige d'une perte et s'irrite d'une légère injure. La grâce n'aspire qu'aux biens éternels et ne s'attache point à ceux du temps; elle ne se trouble d'aucune perte et ne s'offense point des paroles les plus dures, parce qu'elle a mis son trésor et sa joie dans le ciel, où rien ne périt.
10. La nature est avide et reçoit plus volontiers qu'elle ne donne; elle aime ce qui lui est propre et particulier. La grâce est généreuse et ne se réserve rien; elle évite la singularité, se contente de peu et croit qu'il est plus heureux de donner que de recevoir (Act. 20, 35).
11. La nature porte vers les créatures, la chair, les vanités, elle est bien aise de se produire. La grâce élève à Dieu, excite la vertu, renonce aux créatures, fuit le monde, hait les désirs de la chair, ne se répand point au-dehors, et rougit de paraître devant les hommes.
12. La nature se réjouit d'avoir quelque consolation extérieure qui flatte le penchant des sens. La grâce ne cherche de consolation qu'en Dieu seul et, s'élevant au-dessus des choses visibles, elle met tous ses délices dans le souverain bien.
13. La nature agit en tout pour le gain et pour son avantage propre; elle ne sait rien faire gratuitement mais, en obligeant, elle espère obtenir quelque chose d'égal ou de meilleur, des faveurs ou des louanges; et elle veut qu'on tienne pour beaucoup tout ce qu'elle fait et tout ce qu'elle donne. La grâce ne veut rien de temporel, elle ne demande d'autre récompense que Dieu seul et ne désire des choses du temps, même les plus nécessaires, que ce qui peut lui servir pour acquérir les biens éternels.
14. La nature se complaît dans le grand nombre des amis et des parents; elle se glorifie d'un rang élevé, d'une naissance illustre; elle sourit aux puissants, flatte les riches et applaudit à ceux qui lui ressemblent. La grâce aime ses ennemis mêmes, et ne s'enorgueillit point du nombre de ses amis; elle ne compte pour rien la noblesse et les ancêtres, à moins qu'ils ne se soient distingués par la vertu; elle favorise plutôt le pauvre que le riche, compatit plus à l'innocent qu'au puissant, recherche l'homme vrai, fuit le menteur, et ne cesse d'exhorter les bons à s'efforcer de devenir meilleurs (I Cor. 12, 31), afin de se rendre semblables au Fils de Dieu par leurs vertus.
15. La nature est prompte à se plaindre de ce qui lui manque et de ce qui la blesse. La grâce supporte avec constance la pauvreté.
16. La nature rapporte tout à elle-même, combat, discute pour ses intérêts. La grâce ramène tout à Dieu, de qui tout émane originairement; elle ne s'attribue aucun bien, ne présume point d'elle-même avec arrogance, ne conteste point, ne préfère point son opinion à celle des autres; mais elle soumet toutes ses pensées et tous ses sentiments à l'éternelle sagesse et au jugement de Dieu.
17. La nature est curieuse de secrets et de nouvelles; elle veut se montrer et voir, et examiner par elle-même; elle désire d'être connue et de s'attirer la louange et l'admiration. La grâce ne s'occupe point de nouvelles ni de ce qui nourrit la curiosité; car tout cela n'est que la renaissance d'une vieille corruption, puisqu'il n'y a rien de nouveau ni de stable sur la terre. Elle enseigne à réprimer les sens, à fuir la vaine complaisance et l'ostentation, à cacher humblement ce qui mérite l'éloge et l'estime, et à ne chercher en ce qu'on sait et en toute chose, que ce qui peut être utile, et l'honneur et la gloire de Dieu. Elle ne veut point qu'on loue ni elle ni ses oeuvres; mais elle désire que Dieu soit béni dans les dons qu'il répand par pur amour.
18. Cette grâce est une lumière surnaturelle, un don spécial de Dieu; c'est proprement le sceau des élus; c'est le gage du salut éternel. De la terre, où son coeur gisait, elle élève l'homme jusqu'à l'amour des biens célestes, et le rend spirituel, de charnel qu'il était. Plus donc la nature est affaiblie et vaincue, plus la grâce se répand avec abondance; et chaque jour, par de nouvelles effusions, elle rétablit au-dedans de l'homme l'image de Dieu.
Réflexion
Selon la doctrine du grand Apôtre, nous avons en nous deux lois opposées: la loi de la chair, qui nous asservit au péché, et la loi de l'esprit, qui nous retient dans l'ordre par le secours de la grâce que Jésus-Christ nous a méritée (Rom. 7, 23). Partagés entre ces deux lois, entre la chair et l'esprit qui se combattent sans cesse (Gal. 5, 17), nous sommes ici-bas comme flottant entre le bien et le mal, entre Dieu et le monde, poussés vers l'un par la nature, attirés vers l'autre par la grâce, qui n'abandonne jamais entièrement les plus grands pécheurs, de même que la concupiscence ne cesse jamais de solliciter les plus justes. Que deviendra notre pauvre âme, en proie à cette guerre terrible? Combien doit-elle trembler sur les suites d'un tel combat? Et c'est pourquoi, dit saint Paul, toute créature gémit, et est comme dans le travail de l'enfantement, et nous aussi qui avons reçu les prémices de l'Esprit, nous gémissons en nous-mêmes, attendant l'adoption des enfants de Dieu, et la délivrance de notre corps (Rom. 8, 22, 23). Heureux jour! Et quand viendra-t-il? Quand goûterons-nous la délicieuse paix d'un amour immuable? J'ai désiré la dissolution de ma chair, afin d'être avec Jésus-Christ (Phil. 1, 23). Mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de mon Dieu? (Ps. 41, 3)
Invité- Invité
Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Merci Eucharistie
*
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt - Six
De la liberté du coeur, qui s'acquiert plutôt par la prière que par la lecture
Réflexion de Lamennais
En voyant combien les hommes sont enfoncés dans la vie présente, l'importance qu'ils attachent à tout ce qui s'y rapporte, le désir qui les consume d'amasser des biens et de s'en assurer la perpétuelle jouissance, croirait-on jamais qu'ils soient persuadés que cette vie doive finir, et finir sitôt ?
Dans leurs longues prévoyances, ils n'oublient rien que l'éternité: elle seule ne les touche en aucune manière, ou les touche si faiblement, qu'à peine y songent-ils de loin en loin et avec ennui, dans les intervalles des plaisirs ou des affaires. Profonde pitié, et que l'exemple qu'ils ont reçu du Sauveur est différent ! Il a passé sur la terre comme un homme errant, comme un voyageur qui se détourne pour se reposer un peu. Voilà notre modèle. L'homme qui se met en voyage n'emporte que ce qui lui est nécessaire pour la route: ainsi dans notre voyage vers le ciel, nous devons n'user des choses d'ici-bas que pour la simple nécessité, et ne voir dans ce qui est au-delà qu'un fardeau souvent dangereux, et au moins toujours inutile.
Que faut-il à celui qui passe ? Le voyageur altéré approche ses lèvres de la fontaine, et étanche sa soif de l'eau la plus proche; il s'assied contre le premier arbre qu'il rencontre sur le bord du chemin et puis, ayant repris ses forces, il recommence à marcher. Une seule pensée l'occupe, celle d'achever promptement sa cœur se. Ira-t-il attacher son âme aux objets divers qui frappent ses regards à mesure qu'il avance, et se tourmenter de mille soins pour se former un établissement stable dans le pays qu'il traverse et qu'il ne reverra jamais ? Or nous sommes tous ce voyageur.
Que m'importe la terre, ô mon Dieu ! Que m'importe ce lieu étranger d'où je sortirai dans un moment ! Je vais à la maison de mon Père; le reste ne m'est rien. Le travail, la fatigue qu'est-ce que cela, pourvu que j'arrive au terme où aspirent tous mes voux ! Mon âme a défailli de joie, mon coeur et ma chair ont tressailli de joie dans l'attente du Dieu vivant. Vos autels, Dieu des vertus, mon Roi et mon Dieu ! Vos autels !.heureux ceux qui habitent dans la maison du Seigneur !
*
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt - Six
De la liberté du coeur, qui s'acquiert plutôt par la prière que par la lecture
- Spoiler:
- Le fidèle: Seigneur, c'est une haute perfection de ne jamais détourner des choses du ciel les regards de son coeur, de passer au milieu des soins du monde sans se préoccuper d'aucun soin, non par indolence, mais par le privilège d'une âme libre, qu'aucune affection déréglée n'attache à la créature.
Je vous en conjure, ô Dieu de bonté ! délivrez-moi des soins de cette vie, de peur qu'ils ne retardent ma course; des nécessités du corps, de peur que la volupté ne me séduise; de tout ce qui arrête et trouble l'âme, de peur que l'affliction ne me brise et ne m'abatte.
Je ne parle point des choses que la vanité humaine recherche avec tant d'ardeur, mais de ces misères qui, par une suite de la malédiction commune à tous les enfants d'Adam, tourmentent et appesantissent l'âme de votre serviteur, et l'empêchent de jouir autant qu'il voudrait de la liberté de l'esprit.
Ô mon Dieu ! douceur ineffable, changez pour moi en amertume toute consolation de la chair, qui me détourne de l'amour des biens éternels, et m'attire et me fascine par le charme funeste du plaisir présent.
Que je ne sois pas, mon Dieu, vaincu par la chair et le sang, trompé par le monde et sa gloire qui passe; que je ne succombe point aux ruses du démon.
Donnez-moi la force pour résister, la patience pour souffrir, la constance pour persévérer.
Donnez-moi, au lieu de toutes les consolations du monde, la délicieuse onction de votre esprit, et au lieu de l'amour terrestre, pénétrez-moi de l'amour de votre nom.
Le boire, le manger, le vêtement et les autres choses nécessaires pour soutenir le corps, sont à charge à une âme fervente.
Faites que j'use de ces soulagements avec modération et que je ne les recherche point avec trop de désir.
Les rejeter tous, cela n'est pas permis, parce qu'il faut soutenir la nature; mais votre loi sainte défend de rechercher tout ce qui est au-delà du besoin et ne sert qu'à flatter les sens; autrement la chair se révolterait contre l'esprit.
Que votre main, Seigneur, me conduise entre ces deux extrêmes, afin qu'instruit par vous je me préserve de tout excès.
Réflexion de Lamennais
En voyant combien les hommes sont enfoncés dans la vie présente, l'importance qu'ils attachent à tout ce qui s'y rapporte, le désir qui les consume d'amasser des biens et de s'en assurer la perpétuelle jouissance, croirait-on jamais qu'ils soient persuadés que cette vie doive finir, et finir sitôt ?
Dans leurs longues prévoyances, ils n'oublient rien que l'éternité: elle seule ne les touche en aucune manière, ou les touche si faiblement, qu'à peine y songent-ils de loin en loin et avec ennui, dans les intervalles des plaisirs ou des affaires. Profonde pitié, et que l'exemple qu'ils ont reçu du Sauveur est différent ! Il a passé sur la terre comme un homme errant, comme un voyageur qui se détourne pour se reposer un peu. Voilà notre modèle. L'homme qui se met en voyage n'emporte que ce qui lui est nécessaire pour la route: ainsi dans notre voyage vers le ciel, nous devons n'user des choses d'ici-bas que pour la simple nécessité, et ne voir dans ce qui est au-delà qu'un fardeau souvent dangereux, et au moins toujours inutile.
Que faut-il à celui qui passe ? Le voyageur altéré approche ses lèvres de la fontaine, et étanche sa soif de l'eau la plus proche; il s'assied contre le premier arbre qu'il rencontre sur le bord du chemin et puis, ayant repris ses forces, il recommence à marcher. Une seule pensée l'occupe, celle d'achever promptement sa cœur se. Ira-t-il attacher son âme aux objets divers qui frappent ses regards à mesure qu'il avance, et se tourmenter de mille soins pour se former un établissement stable dans le pays qu'il traverse et qu'il ne reverra jamais ? Or nous sommes tous ce voyageur.
Que m'importe la terre, ô mon Dieu ! Que m'importe ce lieu étranger d'où je sortirai dans un moment ! Je vais à la maison de mon Père; le reste ne m'est rien. Le travail, la fatigue qu'est-ce que cela, pourvu que j'arrive au terme où aspirent tous mes voux ! Mon âme a défailli de joie, mon coeur et ma chair ont tressailli de joie dans l'attente du Dieu vivant. Vos autels, Dieu des vertus, mon Roi et mon Dieu ! Vos autels !.heureux ceux qui habitent dans la maison du Seigneur !
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Ce livre est une mane de trésors, je l'ai depuis plus d'un an et je lis souvent, en y apprenant toujours quelquechose
ça m'etonne pas que c'etait un livre que sainte Thèrèse de Lisieux avait constament dans sa poche
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Invité- Invité
Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Merci Eucharistie
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt- Sept
Que l'amour de soi est le plus grand obstacle qui empêche l'homme de parvenir au souverain bien
Réflexion de Lamennais
Si peu que l'homme se recherche lui-même, il s'éloigne de Dieu; mais à l'instant le trouble naît en lui; car, ou il n'atteint pas l'objet de ses désirs, ou il s'en dégoûte aussitôt, toujours tourmenté, soit par des convoitises soit par le remords et l'ennui.
Il a voulu être riche, puissant, posséder des titres, des honneurs, toutes choses qui ne s'obtiennent guère que par de durs travaux, et qui rarement se rencontrent avec une conscience pure: n'importe, le voilà élevé au faîte des prospérités humaines, rien ne lui manque de ce qu'il enviait; demandez-lui s'il est satisfait, il ne sortira que des plaintes, des cris d'angoisse et de douleur de la bouche de cet heureux du monde. Et maintenant, selon la forte expression de l'Apôtre, et maintenant, ô riches! pleurez et poussez des hurlements dans les misères qui fondront sur vous. Vous avez vécu sur la terre dans les délices et les voluptés, vous vous êtes engraissés pour le jour du sacrifice. Ainsi d'un côté, les biens d'ici-bas, ces biens convoités si ardemment, fatiguent l'âme sans la rassasier; et de l'autre, à moins d'une grâce peu commune, comme Jésus-Christ lui-même nous l'apprend, ils la précipitent dans la perte.
Au contraire, celui qui s'est renoncé complètement, celui pour qui Dieu seul est tout, jouit d'une paix inaltérable. La souffrance même lui est douce, parce qu'elle accroît son espérance, purifie son amour, et que l'affliction d'un moment enfantera une joie éternelle. Persévérez donc dans la patience jusqu'à l'avènement du Seigneur. Dans l'espoir de recueillir le fruit précieux de la terre, le laboureur attend patiemment les pluies de la première et de l'arrière saison. Et vous aussi soyez donc patients, car l'avènement du Seigneur approche.
*
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt- Sept
Que l'amour de soi est le plus grand obstacle qui empêche l'homme de parvenir au souverain bien
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Il faut, mon fils, que vous vous donniez tout entier pour posséder tout, et que rien en vous ne soit à vous-même.
Sachez que l'amour de vous-même vous nuit plus qu'aucune chose du monde.
On tient à chaque chose plus ou moins, selon la nature de l'affection, de l'amour qu'on a pour elle.
Si votre amour est pur, simple et bien réglé, vous ne serez esclave d'aucune chose.
Ne désirez point ce qu'il ne vous est pas permis d'avoir; renoncez à ce qui occupe trop votre âme et la prive de sa liberté.
Il est étrange que vous ne vous abandonniez pas à moi du fond du coeur, avec tout ce que vous pouvez désirer ou posséder.
Pourquoi vous consumer d'une vaine tristesse ? Pourquoi vous fatiguer de soins superflus ?
Demeurez soumis à ma volonté et rien ne pourra vous nuire.
Si vous cherchez ceci ou cela, si vous voulez être ici ou là, sans autre objet que de vous satisfaire ou de vivre plus selon votre gré, vous n'aurez jamais de repos et jamais vous ne serez libre d'inquiétude, parce qu'en tout vous trouverez quelque chose qui vous blesse, et partout quelqu'un qui vous contrarie.
A quoi sert donc de posséder et d'accumuler beaucoup de choses au-dehors ? Ce qui sert, c'est de les mépriser et de les déraciner de son coeur.
Et n'entendez pas ceci uniquement de l'argent et des richesses, mais encore de la poursuite des honneurs et du désir des vaines louanges, toutes choses qui passent avec le monde.
Nul lieu n'est un sûr refuge si l'on manque de l'esprit de ferveur; et cette paix qu'on cherche au-dehors ne durera guère si le coeur est privé de son véritable appui, c'est-à-dire si vous ne vous appuyez pas sur moi. Vous changerez, et ne serez pas mieux.
Car entraîné par l'occasion qui naîtra, vous trouverez ce que vous aurez fui, et pis encore.
Prière pour obtenir la pureté du coeur et la sagesse céleste.
Le fidèle: Soutenez-moi, Seigneur, par la grâce de l'Esprit-Saint.
Fortifiez-moi intérieurement de votre vertu, afin que je bannisse de mon coeur toutes les sollicitudes vaines qui le tourmentent, et que je ne sois emporté par le désir d'aucune chose ou précieuse ou méprisable, mais plutôt qu'appréciant toutes choses ce qu'elles sont, je voie qu'elles passent et que je passerai aussi avec elles: Car il n'y a rien de stable sous le soleil; et tout est vanité et affliction d'esprit. Oh ! qu'il est sage, celui qui juge ainsi !
Donnez-moi, Seigneur, la sagesse céleste, afin que j'apprenne à vous chercher et à vous trouver, à vous goûter et à vous aimer par-dessus tout, et à ne compter tout le reste que pour ce qu'il est, selon l'ordre de votre sagesse.
Donnez-moi la prudence pour m'éloigner de ceux qui me flattent, et la patience pour supporter ceux qui s'élèvent contre moi.
Car c'est une grande sagesse de ne se point laisser agiter à tout vent de paroles et de ne point prêter l'oreille aux perfides discours des flatteurs. C'est ainsi qu'on avance sûrement dans la voie où l'on est entré.
Réflexion de Lamennais
Si peu que l'homme se recherche lui-même, il s'éloigne de Dieu; mais à l'instant le trouble naît en lui; car, ou il n'atteint pas l'objet de ses désirs, ou il s'en dégoûte aussitôt, toujours tourmenté, soit par des convoitises soit par le remords et l'ennui.
Il a voulu être riche, puissant, posséder des titres, des honneurs, toutes choses qui ne s'obtiennent guère que par de durs travaux, et qui rarement se rencontrent avec une conscience pure: n'importe, le voilà élevé au faîte des prospérités humaines, rien ne lui manque de ce qu'il enviait; demandez-lui s'il est satisfait, il ne sortira que des plaintes, des cris d'angoisse et de douleur de la bouche de cet heureux du monde. Et maintenant, selon la forte expression de l'Apôtre, et maintenant, ô riches! pleurez et poussez des hurlements dans les misères qui fondront sur vous. Vous avez vécu sur la terre dans les délices et les voluptés, vous vous êtes engraissés pour le jour du sacrifice. Ainsi d'un côté, les biens d'ici-bas, ces biens convoités si ardemment, fatiguent l'âme sans la rassasier; et de l'autre, à moins d'une grâce peu commune, comme Jésus-Christ lui-même nous l'apprend, ils la précipitent dans la perte.
Au contraire, celui qui s'est renoncé complètement, celui pour qui Dieu seul est tout, jouit d'une paix inaltérable. La souffrance même lui est douce, parce qu'elle accroît son espérance, purifie son amour, et que l'affliction d'un moment enfantera une joie éternelle. Persévérez donc dans la patience jusqu'à l'avènement du Seigneur. Dans l'espoir de recueillir le fruit précieux de la terre, le laboureur attend patiemment les pluies de la première et de l'arrière saison. Et vous aussi soyez donc patients, car l'avènement du Seigneur approche.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt- Huit
Qu'il faut mépriser les jugements humains
Réflexion de Lamennais
Quelques-uns s'inquiètent plus des jugements des hommes que de celui de Dieu. Etrange folie ! Quand nous paraîtrons au tribunal suprême, que nous importera le blâme ou l'estime des créatures ? Nous ne serons ni condamnés ni absous sur leurs vaines pensées. C'est la Vérité qui nous jugera, et sa sentence sera éternelle.
Tel qui, pendant la vie, fut enivré de louanges, s'en ira expier ses crimes cachés, là où sont les pleurs et les grincements de dents, et le ver qui ne meurt point. Tel autre qui vécut accablé de mépris et d'outrages entendra cette parole: Venez, vous qui êtes le béni de mon Père: possédez le royaume qui vous est préparé dès le commencement du monde; car les jugements de Dieu ne sont point comme nos jugements, ni sa justice comme notre justice: Il sonde l'abîme et le coeur de l'homme. N'ayez donc que lui seul en vue, et soyez indifférent à tout le reste. A quoi sert ce que nous laissons à l'entrée du tombeau ? Les éloges recherchés souillent la conscience et tuent le mérite du bien qu'on a fait pour les obtenir.
Prenez garde à ne pas faire vos bonnes oeuvres devant les hommes, pour être vus d'eux: autrement vous n'aurez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc vous faites l'aumône, ne sonnez point de la trompette devant vous, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les carrefours, afin d'être honorés des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour vous, quand vous faites l'aumône, que votre main gauche ne sache pas ce que fait la droite, afin que votre aumône soit dans le secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous la rendra. Et quand vous priez, ne soyez point comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et dans les angles des places publiques, afin d'être vus des hommes; en vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour vous, lorsque vous prierez, entrez dans le lieu de la maison le plus reculé, et, après avoir fermé la porte, priez votre Père dans le secret; et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra
Qu'il faut mépriser les jugements humains
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, ne vous offensez point si quelques-uns pensent mal de vous et en disent des choses qu'il vous soit pénible d'entendre.
Vous devez penser encore plus de mal de vous-même et croire que personne n'est plus imparfait que vous.
Si vous êtes retiré en vous-même, que vous importeront les paroles qui se dissipent en l'air ?
Ce n'est pas une prudence médiocre que de savoir se taire au temps mauvais et de se tourner vers moi intérieurement, sans se troubler des jugements humains.
Que votre paix ne dépende point des discours des hommes; car, qu'ils jugent de vous bien ou mal, vous n'en demeurez pas moins ce que vous êtes. Où est la véritable paix et la gloire véritable ? n'est-ce pas en moi ?
Celui qui ne désire point de plaire aux hommes et qui ne craint point de leur déplaire, jouira d'une grande paix.
De l'amour déréglé et des vaines craintes naissent l'inquiétude du coeur et la dissipation des sens.
Réflexion de Lamennais
Quelques-uns s'inquiètent plus des jugements des hommes que de celui de Dieu. Etrange folie ! Quand nous paraîtrons au tribunal suprême, que nous importera le blâme ou l'estime des créatures ? Nous ne serons ni condamnés ni absous sur leurs vaines pensées. C'est la Vérité qui nous jugera, et sa sentence sera éternelle.
Tel qui, pendant la vie, fut enivré de louanges, s'en ira expier ses crimes cachés, là où sont les pleurs et les grincements de dents, et le ver qui ne meurt point. Tel autre qui vécut accablé de mépris et d'outrages entendra cette parole: Venez, vous qui êtes le béni de mon Père: possédez le royaume qui vous est préparé dès le commencement du monde; car les jugements de Dieu ne sont point comme nos jugements, ni sa justice comme notre justice: Il sonde l'abîme et le coeur de l'homme. N'ayez donc que lui seul en vue, et soyez indifférent à tout le reste. A quoi sert ce que nous laissons à l'entrée du tombeau ? Les éloges recherchés souillent la conscience et tuent le mérite du bien qu'on a fait pour les obtenir.
Prenez garde à ne pas faire vos bonnes oeuvres devant les hommes, pour être vus d'eux: autrement vous n'aurez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc vous faites l'aumône, ne sonnez point de la trompette devant vous, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les carrefours, afin d'être honorés des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour vous, quand vous faites l'aumône, que votre main gauche ne sache pas ce que fait la droite, afin que votre aumône soit dans le secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous la rendra. Et quand vous priez, ne soyez point comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et dans les angles des places publiques, afin d'être vus des hommes; en vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour vous, lorsque vous prierez, entrez dans le lieu de la maison le plus reculé, et, après avoir fermé la porte, priez votre Père dans le secret; et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt- Neuf
Comment il faut invoquer et bénir Dieu dans l'affliction
Réflexion de Lamennais
Le premier mouvement de l'âme éprouvée par la tentation doit être de s'humilier, de reconnaître son impuissance, et aussitôt de recourir avec une vive foi à celui qui est seul sa force: Seigneur, sauvez-moi, car je vais périr; et Dieu se hâtera de venir au secours de cette pauvre âme; il étendra pour la secourir sa main toute puissante; il commandera aux vents et à la mer, et il se fera un grand calme.
Ainsi encore, lorsque le coeur est brisé d'afflictions, oppressé d'angoisses, que fera-t-il ? il se jettera dans le sein de Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Père de miséricorde et Dieu de toute consolation, qui nous console dans nos épreuves: car, de même que les souffrances de Jésus-Christ abondent en nous, ainsi abonde par Jésus-Christ notre consolation.
Alors, si notre âme, comme celle de Jésus, est triste jusqu'à la mort, si nous disons comme lui: Mon Père, que ce calice s'éloigne de moi ! comme lui aussi nous ajouterons: Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez !
Comment il faut invoquer et bénir Dieu dans l'affliction
- Spoiler:
- Le fidèle: Que votre nom soit béni à jamais, Seigneur, qui avez voulu m'éprouver par cette peine et cette tentation.
Puisque je ne saurais l'éviter, qu'ai-je à faire que de me réfugier vers vous, pour que vous me secouriez, et qu'elle me devienne utile ?
Seigneur, voilà que je suis dans la tribulation; mon coeur malade est tourmenté par la passion qui le presse.
Et maintenant que dirai-je ? Ô Père plein de tendresse ! les angoisses m'ont environné. Délivrez-moi de cette heure.
Mais cette heure est venue pour que vous fassiez éclater votre gloire, en me délivrant après m'avoir humilié profondément.
Daignez, Seigneur, me secourir; car, pauvre créature que je suis, que puis-je faire et où irais-je sans vous ?
Seigneur, donnez-moi la patience encore cette fois. Soutenez-moi, mon Dieu, et je ne craindrai point, quelque pesante que soit cette épreuve.
Et maintenant que dirai-je encore ? Seigneur, que votre volonté se fasse. J'ai bien mérité de sentir le poids de la tribulation.
Il faut donc que je le supporte: faites, mon Dieu, que ce soit avec patience, jusqu'à ce que la tempête passe et que le calme revienne.
Votre main toute puissante peut éloigner de moi cette tentation et en modérer la violence, afin que je ne succombe pas entièrement, comme vous l'avez déjà tant de fois fait pour moi, ô mon Dieu, ma miséricorde !
Et autant ce changement m'est difficile, autant il vous l'est peu: c'est l'oeuvre de la droite du Très-Haut.
Réflexion de Lamennais
Le premier mouvement de l'âme éprouvée par la tentation doit être de s'humilier, de reconnaître son impuissance, et aussitôt de recourir avec une vive foi à celui qui est seul sa force: Seigneur, sauvez-moi, car je vais périr; et Dieu se hâtera de venir au secours de cette pauvre âme; il étendra pour la secourir sa main toute puissante; il commandera aux vents et à la mer, et il se fera un grand calme.
Ainsi encore, lorsque le coeur est brisé d'afflictions, oppressé d'angoisses, que fera-t-il ? il se jettera dans le sein de Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Père de miséricorde et Dieu de toute consolation, qui nous console dans nos épreuves: car, de même que les souffrances de Jésus-Christ abondent en nous, ainsi abonde par Jésus-Christ notre consolation.
Alors, si notre âme, comme celle de Jésus, est triste jusqu'à la mort, si nous disons comme lui: Mon Père, que ce calice s'éloigne de moi ! comme lui aussi nous ajouterons: Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez !
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente
Qu'il faut implorer le secours de Dieu, et attendre avec confiance le retour de sa grâce
Réflexion de Lamennais
Bien que les hommes sachent que la vie présente n'est qu'un état de passage, néanmoins il y a en eux un penchant extraordinaire à se concentrer dans cette vie si courte, et à ne juger des choses que par leur rapport avec elle. Ils veulent invinciblement être heureux; mais ils veulent l'être dès ici-bas; ils cherchent sur la terre un bonheur qui n'y est point, et qui n'y peut pas être, et en cela ils se trompent misérablement. Les uns le placent dans les plaisirs et les biens du monde, et après s'être fatigués à leur poursuite, ils voient que tout est vanité et affliction d'esprit, et que l'homme n'a rien de plus de tous les travaux dont il se consume sous le soleil. Les autres, convaincus du néant de ces biens, se tournent vers Dieu; mais ils veulent aussi que le désir de félicité qui les tourmente soit satisfait dès à présent, toujours prêts à s'inquiéter et à se plaindre quand Dieu leur retire les grâces sensibles, ou qu'il les éprouve par les souffrances et la tentation.
Ils ne comprennent pas que la nature humaine est malade, et incapable en cet état de tout bonheur réel; que les épreuves dont ils se plaignent sont les remèdes nécessaires que le céleste médecin des âmes emploie, dans sa bonté, pour les guérir, et que toute notre espérance sur la terre, toute notre paix consiste à nous abandonner entièrement à lui avec une confiance pleine d'amour. Et voilà pourquoi le roi-prophète revient si souvent à cette prière: Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis malade; guérissez-moi, car le mal a pénétré jusqu'à mes os: guérissez mon âme, vous qui guérissez toutes nos infirmités. Donc, pendant cette vie, la résignation, la patience, une tranquille soumission de la volonté, au milieu des ténèbres de l'esprit et de l'amertume du coeur; et après, et bientôt, dans la véritable vie, le repos imperturbable, la joie immortelle, et la félicité de Dieu même, qu'il vous sera donné de voir tel qu'il est face à face.
Qu'il faut implorer le secours de Dieu, et attendre avec confiance le retour de sa grâce
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, je suis le Seigneur, c'est moi qui fortifie au jour de la tribulation.
Venez à moi quand vous souffrirez.
Ce qui surtout éloigne de vous les consolations célestes, c'est que vous recourez trop tard à la prière.
Car avant de me prier avec instance, vous cherchez au-dehors du soulagement et une multitude de consolations.
Mais tout cela vous sert peu, et il vous faut enfin reconnaître que c'est moi seul qui délivre ceux qui espèrent en moi, et que hors de moi il n'est point de secours efficace, point de conseil utile, point de remède durable.
Mais à présent que vous commencez à respirer après la tempête, ranimez-vous à la lumière de mes miséricordes; car je suis près de vous, dit le Seigneur, pour vous rendre tout ce que vous avez perdu et beaucoup plus encore.
Y-a-t'il rien qui me soit difficile ? ou serais-je semblable à ceux qui disent et ne font pas ?
Où est votre foi ? Demeurez ferme et persévérez.
Ne vous lassez point, prenez courage; la consolation viendra en son temps.
Attendez-moi, attendez: Je viendrai, et je vous guérirai.
Ce qui vous agite est une tentation et ce qui vous effraie est une crainte vaine.
Que vous revient-il de ces soucis d'un avenir incertain, sinon tristesse sur tristesse ? A chaque jour suffit son mal.
Quoi de plus insensé, de plus vain, que de se réjouir ou de s'affliger de choses futures qui n'arriveront peut-être jamais !
C'est une suite de la misère humaine d'être le jouet de ces imaginations et la marque d'une âme encore faible, de céder si aisément aux suggestions de l'ennemi.
Car peu lui importe de nous séduire et de nous tromper par des objets réels ou par de fausses images, et de nous vaincre par l'amour des biens présents ou par la crainte des maux à venir.
Que votre coeur donc ne se trouble point, et ne craigne point.
Croyez en moi, et confiez-vous en ma miséricorde.
Quand vous croyez être loin de moi, souvent c'est alors que je suis le plus près de vous.
Lorsque vous croyez tout perdu, ce n'est souvent que l'occasion d'un plus grand mérite.
Tout n'est pas perdu, quand le succès ne répond pas à vos désirs.
Vous ne devez pas juger selon le sentiment présent ni vous abandonner à aucune affliction, quelle qu'en soit la cause, et vous y enfoncer comme s'il ne vous restait nulle espérance d'en sortir.
Ne pensez pas que je vous aie tout à fait délaissé lorsque je vous afflige pour un temps, ou que je vous retire mes consolations; car c'est ainsi qu'on parvient au royaume des cieux.
Et certes, il vaut mieux pour vous et pour tous mes serviteurs être exercés par des traverses, que de n'éprouver jamais aucune contrariété.
Je connais le secret de votre coeur et je sais qu'il est utile pour votre salut que vous soyez quelquefois dans la sécheresse, de crainte qu'une ferveur continue ne vous porte à la présomption et que par une vaine complaisance en vous-même, vous ne vous imaginiez être ce que vous n'êtes pas.
Ce que j'ai donné, je puis l'ôter et le rendre quand il me plaît.
Ce que je donne est toujours à moi; ce que je reprends n'est point à vous, car c'est de moi que découle tout bien et tout don parfait.
Si je vous envoie quelque peine et quelque contradiction, n'en murmurez pas, et que votre coeur ne se laisse point abattre; car je puis en un moment vous délivrer de ce fardeau et changer votre tristesse en joie.
Et lorsque j'en use ainsi avec vous, je suis juste et digne de toute louange.
Si vous jugez selon la sagesse et la vérité, vous ne devez jamais vous affliger avec tant d'excès dans l'adversité, mais plutôt vous en réjouir et m'en rendre grâces.
Et même ce doit être votre unique joie que je vous frappe sans vous épargner.
Comme mon Père m'a aimé, moi aussi je vous aime, ai-je dit à mes disciples en les envoyant, non pour goûter les joies du monde, mais pour soutenir de grands combats; non pour posséder les honneurs, mais pour souffrir les mépris; non pour vivre dans l'oisiveté, mais dans le travail; non pour se reposer, mais pour porter beaucoup de fruits par la patience. Souvenez-vous, mon fils, de ces paroles.
Réflexion de Lamennais
Bien que les hommes sachent que la vie présente n'est qu'un état de passage, néanmoins il y a en eux un penchant extraordinaire à se concentrer dans cette vie si courte, et à ne juger des choses que par leur rapport avec elle. Ils veulent invinciblement être heureux; mais ils veulent l'être dès ici-bas; ils cherchent sur la terre un bonheur qui n'y est point, et qui n'y peut pas être, et en cela ils se trompent misérablement. Les uns le placent dans les plaisirs et les biens du monde, et après s'être fatigués à leur poursuite, ils voient que tout est vanité et affliction d'esprit, et que l'homme n'a rien de plus de tous les travaux dont il se consume sous le soleil. Les autres, convaincus du néant de ces biens, se tournent vers Dieu; mais ils veulent aussi que le désir de félicité qui les tourmente soit satisfait dès à présent, toujours prêts à s'inquiéter et à se plaindre quand Dieu leur retire les grâces sensibles, ou qu'il les éprouve par les souffrances et la tentation.
Ils ne comprennent pas que la nature humaine est malade, et incapable en cet état de tout bonheur réel; que les épreuves dont ils se plaignent sont les remèdes nécessaires que le céleste médecin des âmes emploie, dans sa bonté, pour les guérir, et que toute notre espérance sur la terre, toute notre paix consiste à nous abandonner entièrement à lui avec une confiance pleine d'amour. Et voilà pourquoi le roi-prophète revient si souvent à cette prière: Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis malade; guérissez-moi, car le mal a pénétré jusqu'à mes os: guérissez mon âme, vous qui guérissez toutes nos infirmités. Donc, pendant cette vie, la résignation, la patience, une tranquille soumission de la volonté, au milieu des ténèbres de l'esprit et de l'amertume du coeur; et après, et bientôt, dans la véritable vie, le repos imperturbable, la joie immortelle, et la félicité de Dieu même, qu'il vous sera donné de voir tel qu'il est face à face.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente et Un
Qu'il faut oublier toutes les créatures pour trouver le Créateur
Réflexion de Lamennais
Jusqu'à ce que notre vie soit, comme parle l'Apôtre, cachée en Dieu avec Jésus-Christ, nous ne lui appartenons qu'imparfaitement, nous ne sommes pas un avec le Fils et avec le Père, nous ne sommes pas consommés dans l'unité; il y a quelque chose entre nous et Dieu: et c'est que nous tenons encore à nous-mêmes et aux créatures; notre amour est divisé; tantôt il s'élance vers le ciel, et tantôt il rampe sur la terre. Pour vivre de la vie cachée avec Jésus-Christ en Dieu, il faut rompre les derniers liens qui nous attachent au monde.
Alors, séparée de tout ce qui passe, enveloppée, pour ainsi dire, de l'être divin, plongée dans sa lumière, l'âme ne voit que lui, ne se sent qu'en lui, ne vit que de sa vérité et de son amour, qu'il lui communique par des voies inexplicables et merveilleuses. Unie intimement au Fils, et par le Fils au Père, Jésus-Christ, son modèle et son époux, la rend de plus en plus conforme à lui-même. Ce qu'il a éprouvé, il veut qu'elle l'éprouve aussi, qu'elle le reproduise en quelque sorte, dans ses divers états, avec le même esprit d'obéissance parfaite qui le dirigeait dans l'accomplissement de sa divine mission. Quelquefois il la conduit sur le Thabor, comme pour lui montrer les biens promis à sa fidélité: plus souvent il la guide au jardin des Oliviers, au prétoire, sur le Golgotha, où doit se consommer le sacrifice: et soit qu'il l'éclaire et la console, soit qu'il paraisse la délaisser, tout coopère à sa perfection, parce qu'elle aime, et que jamais elle ne se lasse d'aimer, dans l'amertume comme dans la joie, le Dieu qui l'appelle à la sainteté. Elle se repose, pleine de calme, dans la volonté de ce grand Dieu.
Mais l'âme qui ne s'est pas encore complètement dégagée des choses de la terre est toujours agitée, inquiète; elle marche dans l'obscurité, et mille soins la tourmentent. Hâtons-nous donc de briser nos chaînes, ne cherchons que Jésus, ne désirons que lui: à qui irions-nous ? Il a les paroles de la vie éternelle. Quittons tout pour le suivre, et laissons les morts ensevelir les morts.
Qu'il faut oublier toutes les créatures pour trouver le Créateur
- Spoiler:
- Le fidèle: Seigneur, j'ai besoin d'une grâce plus grande, s'il me faut parvenir à cet état où nulle créature ne sera un lien pour moi.
Car, tant que quelque chose m'arrête, je ne puis voler librement vers vous.
Il aspirait à cette liberté, celui qui disait: Qui me donnera des ailes comme à la colombe ? et je volerai et je me reposerai.
Quel repos plus profond que le repos de l'homme qui n'a que vous en vue ? et quoi de plus libre que celui qui ne désire rien sur la terre ?
Il faut donc s'élever au-dessus de toutes les créatures, se détacher parfaitement de soi-même, sortir de son esprit, monter plus haut, et là reconnaître que c'est vous qui avez tout fait, et que rien n'est semblable à vous.
Tandis qu'on tient encore à quelque créature, on ne saurait s'occuper librement des choses de Dieu.
Et c'est pourquoi l'on trouve peu de contemplatifs, parce que peu savent se séparer entièrement des créatures et des choses périssables.
Il faut pour cela une grâce puissante qui soulève l'âme et la ravisse au-dessus d'elle-même.
Et tant que l'homme n'est pas élevé ainsi en esprit, détaché de toute créature, et parfaitement uni à Dieu, tout ce qu'il sait et tout ce qu'il a est de bien peu de prix.
Il sera longtemps faible et incliné vers la terre, celui qui estime quelque chose hors de l'unique, de l'immense, de l'éternel bien.
Tout ce qui n'est pas Dieu n'est rien, et ne doit être compté pour rien.
Il y a une grande différence entre la sagesse d'un homme que la piété éclaire et la science qu'un docteur acquiert par l'étude.
La science qui vient d'en haut et que Dieu lui-même répand dans l'âme, est bien supérieure à celle où l'homme parvient laborieusement par les efforts de son esprit.
Plusieurs désirent s'élever à la contemplation; mais ce qu'il faut pour cela, ils ne le veulent point faire.
Le grand obstacle est qu'on s'arrête à ce qu'il y a d'extérieur et de sensible, et que l'on s'occupe peu de se mortifier véritablement.
Je ne sais ce que c'est, ni quel esprit nous conduit, ni ce que nous prétendons, nous qu'on regarde comme des hommes tout spirituels, de poursuivre avec tant de travail et de souci des choses viles et passagères, lorsque si rarement nous nous recueillons pour penser sans aucune distraction à notre état intérieur.
Hélas ! à peine sommes-nous rentrés en nous-mêmes que nous nous hâtons d'en sortir, sans jamais sérieusement examiner nos oeuvres.
Nous ne considérons point jusqu'où descendent nos affections et nous ne gémissons point de ce que tout en nous est impur.
Toute chair avait corrompu sa voie; et c'est pourquoi le déluge suivit.
Quand donc nos affections intérieures sont corrompues, elles corrompent nécessairement nos actions et dévoilent ainsi toute la faiblesse de notre âme.
Les fruits d'une bonne vie ne croissent que dans un coeur pur.
On demande d'un homme: Qu'a-t'il fait ? Mais s'il l'a fait par vertu, c'est à quoi l'on regarde bien moins.
On veut savoir s'il a du courage, des richesses, de la beauté, de la science, s'il écrit ou s'il chante bien, s'il est habile dans sa profession; mais on ne s'informe guère s'il est humble, doux, patient, pieux, intérieur.
La nature ne considère que le dehors de l'homme; la grâce pénètre au-dedans.
Celle-là se trompe souvent; celle-ci espère en Dieu pour n'être pas trompée.
Chapitre précédent Sommaire Chapitre suivant Réflexion contact 26-02-2010
Réflexion de Lamennais
Jusqu'à ce que notre vie soit, comme parle l'Apôtre, cachée en Dieu avec Jésus-Christ, nous ne lui appartenons qu'imparfaitement, nous ne sommes pas un avec le Fils et avec le Père, nous ne sommes pas consommés dans l'unité; il y a quelque chose entre nous et Dieu: et c'est que nous tenons encore à nous-mêmes et aux créatures; notre amour est divisé; tantôt il s'élance vers le ciel, et tantôt il rampe sur la terre. Pour vivre de la vie cachée avec Jésus-Christ en Dieu, il faut rompre les derniers liens qui nous attachent au monde.
Alors, séparée de tout ce qui passe, enveloppée, pour ainsi dire, de l'être divin, plongée dans sa lumière, l'âme ne voit que lui, ne se sent qu'en lui, ne vit que de sa vérité et de son amour, qu'il lui communique par des voies inexplicables et merveilleuses. Unie intimement au Fils, et par le Fils au Père, Jésus-Christ, son modèle et son époux, la rend de plus en plus conforme à lui-même. Ce qu'il a éprouvé, il veut qu'elle l'éprouve aussi, qu'elle le reproduise en quelque sorte, dans ses divers états, avec le même esprit d'obéissance parfaite qui le dirigeait dans l'accomplissement de sa divine mission. Quelquefois il la conduit sur le Thabor, comme pour lui montrer les biens promis à sa fidélité: plus souvent il la guide au jardin des Oliviers, au prétoire, sur le Golgotha, où doit se consommer le sacrifice: et soit qu'il l'éclaire et la console, soit qu'il paraisse la délaisser, tout coopère à sa perfection, parce qu'elle aime, et que jamais elle ne se lasse d'aimer, dans l'amertume comme dans la joie, le Dieu qui l'appelle à la sainteté. Elle se repose, pleine de calme, dans la volonté de ce grand Dieu.
Mais l'âme qui ne s'est pas encore complètement dégagée des choses de la terre est toujours agitée, inquiète; elle marche dans l'obscurité, et mille soins la tourmentent. Hâtons-nous donc de briser nos chaînes, ne cherchons que Jésus, ne désirons que lui: à qui irions-nous ? Il a les paroles de la vie éternelle. Quittons tout pour le suivre, et laissons les morts ensevelir les morts.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Je ne connais pas ce livre....à mettre dans ma liste de lectures !
Natacha65- Aime la Bible
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
@Natacha
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente Deux
De l'abnégation de soi-même
Réflexion de Lamennais
Qu'est-ce que l'homme livré à lui-même, à son esprit dépourvu de règle, à ses désirs, à ses penchants ? esclave des erreurs diverses qui le séduisent tour à tour, esclave de ses convoitises et des objets de ses convoitises, est-il une servitude plus profonde que la sienne ? Et voilà, ô mon Dieu ! l'état de toute créature qui refuse de se soumettre entièrement à vous.
Pour être libre, il faut obéir. La parfaite liberté n'est que l'accomplissement parfait des préceptes et des conseils évangéliques, et tous les préceptes et tous les conseils se réduisent au renoncement de soi-même: car, en renonçant à sa raison propre, on possède dans sa plénitude et sans aucun mélange la vérité de Dieu; en renonçant à l'amour de soi, corrompu en Adam, l'amour de Dieu et du prochain à cause de Dieu, lequel est le sommaire de la loi, demeure seul au fond du coeur; en renonçant à sa volonté, l'on n'agit plus que d'après la volonté de Dieu, qui est l'ordre par excellence.
Et l'homme alors est libre comme Dieu même, dont il devient la fidèle image; il est libre, car cette abnégation absolue de lui-même l'affranchit du double esclavage de l'erreur et des passions. Nous avons été dit saint Paul, délivrés par Jésus-Christ, et appelés par lui à la liberté, c'est-à-dire à la connaissance de la loi évangélique, loi parfaite de liberté, qui, après avoir délivré ceux qui s'y attachent fidèlement de la servitude de la corruption, les conduit enfin à la liberté de la gloire promise aux enfants de Dieu.
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente Deux
De l'abnégation de soi-même
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, vous ne pouvez jouir d'une liberté parfaite si vous ne vous renoncez entièrement.
Ils vivent en servitude tous ceux qui s'aiment et qui veulent être à eux-mêmes. On les voit avides, curieux, inquiets, cherchant toujours ce qui flatte leurs sens et non ce qui me plaît, se repaître d'illusions et former mille projets qui se dissipent.
Car tout ce qui ne vient pas de Dieu périra.
Retenez bien cette courte et profonde parole: Quittez tout, et vous trouverez tout. Renoncez à vos désirs, et vous goûterez le repos.
Méditez ce précepte, et quand vous l'aurez accompli, vous saurez tout.
Le fidèle: Seigneur, ce n'est pas l'oeuvre d'un jour, ni un jeu d'enfants; cette courte maxime renferme toute la perfection religieuse.
Jésus-Christ: Mon fils, vous ne devez point vous rebuter ni perdre courage lorsqu'on vous montre la voix des parfaits, mais plutôt vous efforcer de parvenir à cet état sublime, ou au moins y aspirer de tous vos désirs.
Ah ! s'il en était ainsi de vous ! si vous en étiez venu jusqu'à ne plus vous aimer vous-même, soumis à moi sans réserve, et au supérieur que je vous ai donné, alors j'arrêterais sur vous mes regards avec complaisance et tous vos jours passeraient dans la paix et dans la joie.
Il vous reste encore bien des choses à quitter, et à moins que vous n'y renonciez entièrement pour moi, vous n'obtiendrez point ce que vous demandez.
Ecoutez mes conseils et, pour acquérir de vraies richesses, achetez de moi l'or éprouvé par le feu, c'est-à-dire la sagesse céleste qui foule aux pieds toutes les choses d'ici-bas.
Qu'elle vous soit plus chère que la sagesse du siècle et que tout ce qui plaît aux hommes ou nous plaît en nous-mêmes.
Je vous le dis: échangez ce qu'il y a de grand et de précieux dans les choses humaines contre une chose vile.
Car on regarde comme petite et vile, et l'on oublie presque entièrement cette sagesse du ciel, la seule vraie, qui ne s'élève point en elle-même et qui ne cherche point à être admirée sur la terre. Plusieurs ont ses louanges à la bouche: mais ils s'éloignent d'elle par leur vie. C'est cependant cette perle précieuse qui est cachée au plus grand nombre.
Réflexion de Lamennais
Qu'est-ce que l'homme livré à lui-même, à son esprit dépourvu de règle, à ses désirs, à ses penchants ? esclave des erreurs diverses qui le séduisent tour à tour, esclave de ses convoitises et des objets de ses convoitises, est-il une servitude plus profonde que la sienne ? Et voilà, ô mon Dieu ! l'état de toute créature qui refuse de se soumettre entièrement à vous.
Pour être libre, il faut obéir. La parfaite liberté n'est que l'accomplissement parfait des préceptes et des conseils évangéliques, et tous les préceptes et tous les conseils se réduisent au renoncement de soi-même: car, en renonçant à sa raison propre, on possède dans sa plénitude et sans aucun mélange la vérité de Dieu; en renonçant à l'amour de soi, corrompu en Adam, l'amour de Dieu et du prochain à cause de Dieu, lequel est le sommaire de la loi, demeure seul au fond du coeur; en renonçant à sa volonté, l'on n'agit plus que d'après la volonté de Dieu, qui est l'ordre par excellence.
Et l'homme alors est libre comme Dieu même, dont il devient la fidèle image; il est libre, car cette abnégation absolue de lui-même l'affranchit du double esclavage de l'erreur et des passions. Nous avons été dit saint Paul, délivrés par Jésus-Christ, et appelés par lui à la liberté, c'est-à-dire à la connaissance de la loi évangélique, loi parfaite de liberté, qui, après avoir délivré ceux qui s'y attachent fidèlement de la servitude de la corruption, les conduit enfin à la liberté de la gloire promise aux enfants de Dieu.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente Trois
De l'inconstance du coeur, et que nous devons tout rapporter à Dieu comme à notre dernière fin
Réflexion de Lamennais
L'esprit de l'homme va et vient sans se reposer jamais, et le coeur est emporté par la même inconstance. Or ces changements qui surviennent en nous, quelquefois malgré nous, sont ou des tentations, que l'on doit combattre, ou des misères qu'il faut supporter, ou des épreuves auxquelles on doit se soumettre humblement. Et c'est pourquoi il est nécessaire de travailler sans relâche à purifier notre volonté, qui seule dépend de nous, autrement nous succomberons bien vite ou dans le péché, ou dans le trouble, ou dans les deux à la fois.
Celui qui veut sincèrement être à Dieu et n'être qu'à lui, ne craint pas les attaques de l'enfer, parce qu'il sait qu'il est invincible en Celui qui le fortifie. Il ne s'irrite point contre lui-même, il voit en paix ses infirmités, il s'en glorifie comme l'Apôtre, parce qu'elles perfectionnent la vertu, et ajoutent au prix de la victoire. Que si Dieu l'éprouve, il s'humilie, il se reconnaît indigne de ses consolations, et il embrasse avec amour la croix qui lui est présentée. Tranquille sur cette croix, dans la tristesse, dans la souffrance et l'abandonnement, il n'a que cette parole, et elle lui suffit: J'ai espéré en vous, Seigneur, et je ne serai point confondu éternellement.
De l'inconstance du coeur, et que nous devons tout rapporter à Dieu comme à notre dernière fin
- Spoiler:
- Mon fils, ne vous reposez point sur ce que vous sentez en vous; maintenant vous êtes affecté d'une certaine manière, vous le serez d'une autre le moment d'après.
Tant que vous vivrez, vous serez sujet au changement, même malgré vous; tour à tour triste et gai, tranquille et inquiet, fervent et tiède; tantôt actif, tantôt paresseux, tantôt grave, tantôt léger.
Mais l'homme sage et instruit dans les voies spirituelles s'élève au-dessus de ces vicissitudes. Il ne considère point ce qu'il éprouve en soi, ni de quel côté l'incline le vent de l'inconstance; mais il arrête toute son attention sur la fin bienheureuse à laquelle il doit tendre.
C'est ainsi qu'au milieu de tant de mouvements divers, fixant sur moi seul ses regards, il demeure inébranlable et toujours le même.
Plus l'oeil de l'âme est pur et son intention droite, moins on est agité par les tempêtes.
Mais cet oeil s'obscurcit en plusieurs, parce qu'il se tourne vers chaque objet agréable qui se présente.
Car il est rare de trouver quelqu'un tout à fait exempt de la honteuse recherche de soi-même.
Ainsi autrefois les Juifs vinrent à Béthanie chez Marthe et Marie, non pour Jésus seul, mais pour voir Lazare.
Il faut donc purifier l'intention afin que, simple et droite, elle se dirige constamment vers moi, sans s'arrêter jamais aux objets inférieurs.
Réflexion de Lamennais
L'esprit de l'homme va et vient sans se reposer jamais, et le coeur est emporté par la même inconstance. Or ces changements qui surviennent en nous, quelquefois malgré nous, sont ou des tentations, que l'on doit combattre, ou des misères qu'il faut supporter, ou des épreuves auxquelles on doit se soumettre humblement. Et c'est pourquoi il est nécessaire de travailler sans relâche à purifier notre volonté, qui seule dépend de nous, autrement nous succomberons bien vite ou dans le péché, ou dans le trouble, ou dans les deux à la fois.
Celui qui veut sincèrement être à Dieu et n'être qu'à lui, ne craint pas les attaques de l'enfer, parce qu'il sait qu'il est invincible en Celui qui le fortifie. Il ne s'irrite point contre lui-même, il voit en paix ses infirmités, il s'en glorifie comme l'Apôtre, parce qu'elles perfectionnent la vertu, et ajoutent au prix de la victoire. Que si Dieu l'éprouve, il s'humilie, il se reconnaît indigne de ses consolations, et il embrasse avec amour la croix qui lui est présentée. Tranquille sur cette croix, dans la tristesse, dans la souffrance et l'abandonnement, il n'a que cette parole, et elle lui suffit: J'ai espéré en vous, Seigneur, et je ne serai point confondu éternellement.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente Quatre
Qu'on ne saurait goûter que Dieu seul, et qu'on le goûte en toutes choses, quand on l'aime véritablement
Réflexion de Lamennais
Il est étrange que, connaissant Dieu, toute notre âme ne soit pas absorbée dans son amour; qu'elle s'arrête encore aux créatures, au lieu de se plonger et de se perdre dans la source de tout bien. Qu'est-ce que le bonheur, sinon l'amour ? et qu'est-ce que le bonheur infini, sinon un amour sans bornes ? il faut donc à notre coeur un objet infini, il faut Dieu. Rien de créé ne saurait le satisfaire jamais.
Que me veut le monde ? qu'ai-je besoin de lui ? que peut-il me donner ? mon coeur est plus grand que tous ses biens, et Dieu seul est plus grand que mon coeur. Dieu seul donc, Dieu seul maintenant et toujours, éternellement Dieu seul.
Qu'on ne saurait goûter que Dieu seul, et qu'on le goûte en toutes choses, quand on l'aime véritablement
- Spoiler:
- Le fidèle: Voilà mon Dieu et mon tout ! Que voudrai-je de plus ? et quelle plus grande félicité puis-je désirer ?
Ô ravissante parole ! mais pour celui qui aime Jésus, et non pas le monde, ni rien de ce qui est du monde.
Mon Dieu et mon tout, c'est assez dire à qui l'entend, et le redire sans cesse est doux à celui qui aime.
Vous présent, tout est délectable; en votre absence, tout devient amer.
Vous donnez au coeur le repos, et une profonde paix, et une joie inénarrable.
Vous faites que, content de tout, on vous bénit de tout. Au contraire, rien sans vous ne peut plaire longtemps, et rien n'a d'attrait ni de douceur sans l'impression de votre grâce et l'onction de votre sagesse.
Que ne goûtera point celui qui vous goûte, et que trouvera d'agréable celui qui ne vous goûte point ?
Les sages du monde, qui n'ont de goût que pour les voluptés de la chair, s'évanouissent dans leur sagesse, car on ne trouve là qu'un vide immense, que la mort.
Mais ceux qui, pour vous suivre, méprisent le monde et mortifient la chair, se montrent vraiment sages, car ils quittent le mensonge pour la vérité, et la chair pour l'esprit.
Ceux-là savent goûter Dieu; et tout ce qu'ils trouvent de bon dans les créatures, ils le rapportent à la louange du Créateur.
Rien pourtant ne se ressemble moins que le goût du Créateur et celui de la créature, du temps et de l'éternité, de la lumière incréée et de celle qui n'en est qu'un faible reflet.
Ô lumière éternelle ! infiniment élevée au-dessus de toute lumière créée, qu'un de vos rayons, tel que la foudre, parte d'en haut et pénètre jusqu'au fond le plus intime de mon coeur.
Purifiez, dilatez, éclairez, vivifiez mon âme et toutes ses puissances, pour qu'elle s'unisse à vous dans des transports de joie.
Oh ! quand viendra cette heure heureuse, cette heure désirable où vous me rassasierez de votre présence, où vous me serez tout en toutes choses ?
Jusque-là je n'aurai point de joie parfaite.
Hélas ! le vieil homme vit encore en moi: il n'est pas tout crucifié, il n'est pas mort entièrement.
Ses convoitises combattent encore fortement contre l'esprit; il excite en moi des guerres intestines et ne souffre point que l'âme règne en paix.
Mais vous qui commandez à la mer et qui calmez le mouvement des flots, levez-vous, secourez-moi.
Dissipez les nations qui veulent la guerre, et brisez-les dans votre puissance.
Faites, je vous en conjure, éclater vos merveilles, et signalez la force de votre bras, car je n'ai point d'autre espérance ni d'autre refuge que vous, ô mon Dieu !
Réflexion de Lamennais
Il est étrange que, connaissant Dieu, toute notre âme ne soit pas absorbée dans son amour; qu'elle s'arrête encore aux créatures, au lieu de se plonger et de se perdre dans la source de tout bien. Qu'est-ce que le bonheur, sinon l'amour ? et qu'est-ce que le bonheur infini, sinon un amour sans bornes ? il faut donc à notre coeur un objet infini, il faut Dieu. Rien de créé ne saurait le satisfaire jamais.
Que me veut le monde ? qu'ai-je besoin de lui ? que peut-il me donner ? mon coeur est plus grand que tous ses biens, et Dieu seul est plus grand que mon coeur. Dieu seul donc, Dieu seul maintenant et toujours, éternellement Dieu seul.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente Cinq
" Qu'on est toujours, durant cette vie, exposé à la tentation "
Réflexion de Lamennais
Gardez-vous d'attendre ici-bas un repos qui n'y est point; on ne peut gagner le ciel qu'avec beaucoup de travail, et pendant que vous serez sur la terre, vous aurez toujours à combattre. Ne vous lassez donc point; renouvelez en vous l'esprit intérieur; recourez à Dieu, qui seul vous soutient; humiliez-vous en sa présence; veillez et priez afin que vous n'entriez point en tentation; je vous le répète, veillez et priez continuellement; demeurez ferme dans la foi, agissez avec courage, et soyez forts.
Il y en a qui, après avoir lutté généreusement, fléchissent tout à coup, tombent dans l'abattement, et abandonnent lâchement la victoire: et c'est qu'ayant compté sur eux-mêmes, Dieu les délaisse en punition de leur orgueil. Il ne suffit pas de résister un jour, deux jours: il faut combattre sans relâche jusqu'au bout. Qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. Et ne dites point: Cette guerre est bien longue ! Rien n'est long de ce qui finit: vous touchez au terme; car le temps est court, et la figure de ce monde passe.
Encore un moment, dit le Sauveur, et le monde ne me verra plus; mais vous me verrez, parce que je vis, et que vous vivez en moi. Et l'esprit et l'époux disent: Venez. Et que celui qui entend, dise: Venez. Voilà que je viens. Ainsi soit-il. Venez, Seigneur Jésus.
" Qu'on est toujours, durant cette vie, exposé à la tentation "
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, vous n'aurez jamais de sécurité dans cette vie, mais tant que vous vivrez, les armes spirituelles vous seront toujours nécessaires.
Vous êtes environné d'ennemis: ils vous attaquent à droite et à gauche.
Si vous ne vous couvrez donc de tous côtés du bouclier de la patience, vous ne serez pas longtemps sans blessures.
Si de plus votre coeur ne se fixe pas irrévocablement en moi, avec la ferme volonté de tout souffrir pour mon amour, vous ne soutiendrez jamais la violence de ce combat, et vous n'obtiendrez point la palme des bienheureux.
Il faut donc passer à travers tous les obstacles et lever un bras tout-puissant contre tout ce qui s'oppose à vous.
Car la manne est donnée aux victorieux, et une grande misère est le partage du lâche.
Si vous cherchez le repos en cette vie, comment parviendrez-vous au repos éternel ?
Ne vous préparez pas à beaucoup de repos, mais à beaucoup de patience.
Cherchez la véritable paix, non sur la terre, mais dans le ciel; non dans les hommes ni dans aucune créature, mais en Dieu seul.
Vous devez supporter tout avec joie pour l'amour de Dieu: les travaux, les douleurs, les tentations, les persécutions, les angoisses, les besoins, les infirmités, les injures, les médisances, les reproches, les humiliations, les affronts, les corrections, le mépris.
C'est là ce qui exerce à la vertu, ce qui éprouve le nouveau soldat de Jésus-Christ, ce qui forme la couronne céleste.
Pour un court travail, je donnerai une récompense éternelle, et une gloire infinie pour une humiliation passagère.
Pensez-vous que vous aurez toujours, selon votre désir, les consolations spirituelles ?
Mes saints n'en ont pas joui constamment, mais ils ont eu beaucoup de peines, des tentations diverses, de grandes désolations.
Et se confiant plus en Dieu qu'en eux-mêmes, ils se sont soutenus par la patience au milieu de toutes ces épreuves, sachant que les souffrances du temps n'ont nulle proportion avec la gloire future qui doit en être le prix.
Voulez-vous avoir dès le premier moment ce que tant d'autres ont à peine obtenu après beaucoup de larmes et d'immenses travaux ?
Attendez le Seigneur, combattez avec courage, soyez ferme, ne craignez point, ne reculez point, mais exposez généreusement votre vie pour la gloire de Dieu.
Je vous récompenserai pleinement, et je serai avec vous dans toutes vos tribulations.
Réflexion de Lamennais
Gardez-vous d'attendre ici-bas un repos qui n'y est point; on ne peut gagner le ciel qu'avec beaucoup de travail, et pendant que vous serez sur la terre, vous aurez toujours à combattre. Ne vous lassez donc point; renouvelez en vous l'esprit intérieur; recourez à Dieu, qui seul vous soutient; humiliez-vous en sa présence; veillez et priez afin que vous n'entriez point en tentation; je vous le répète, veillez et priez continuellement; demeurez ferme dans la foi, agissez avec courage, et soyez forts.
Il y en a qui, après avoir lutté généreusement, fléchissent tout à coup, tombent dans l'abattement, et abandonnent lâchement la victoire: et c'est qu'ayant compté sur eux-mêmes, Dieu les délaisse en punition de leur orgueil. Il ne suffit pas de résister un jour, deux jours: il faut combattre sans relâche jusqu'au bout. Qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. Et ne dites point: Cette guerre est bien longue ! Rien n'est long de ce qui finit: vous touchez au terme; car le temps est court, et la figure de ce monde passe.
Encore un moment, dit le Sauveur, et le monde ne me verra plus; mais vous me verrez, parce que je vis, et que vous vivez en moi. Et l'esprit et l'époux disent: Venez. Et que celui qui entend, dise: Venez. Voilà que je viens. Ainsi soit-il. Venez, Seigneur Jésus.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trente Six
Contre les vains jugements des hommes
Réflexion de Lamennais
Pourquoi vous inquiéter des jugements des hommes, et que vous font leurs vaines pensées ? ils ne voient tout au plus que les dehors; leur oeil ne pénètre point au fond de l'âme, là où sont cachés le bien et le mal. Ne vous affligez donc point s'ils vous condamnent, et ne vous élevez point s'ils vous louent. Mais prosternez-vous devant Dieu, et dites-lui: Si vous scrutez, Seigneur, nos iniquités, qui soutiendra votre regard ?
Quelques-uns s'exagèrent l'importance de ce qu'ils appellent leur réputation, et dans l'excessive chaleur avec laquelle ils la défendent, il y a souvent plus d'amour-propre que de zèle véritable. Jésus-Christ, chargé d'outrages, nous a donné un autre exemple, il s'est tu et n'a point ouvert la bouche. Tous les saints ont été comme lui persécutés et calomniés. Quand on a fait ce qui dépendait de soi pour ne pas scandaliser ses frères, la conscience doit être tranquille: il ne reste plus qu'à demeurer en paix dans l'humiliation. Dieu sait tout, et cela suffit.
J'estime, écrivait saint Paul aux Corinthiens, j'estime que ce m'est peu de choses d'être jugé par vous, ou par aucun tribunal humain, je ne me juge pas moi-même: celui qui me juge, c'est le Seigneur. Ne jugez donc point avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne: il éclairera ce qui est caché dans les ténèbres, il manifestera les conseils des coeurs, et alors chacun recevra de Dieu la louange qu'il mérite.
Contre les vains jugements des hommes
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, ne cherchez qu'en Dieu le repos de votre coeur, et ne craignez point les jugements des hommes quand votre conscience vous rend témoignage de votre innocence et de votre piété.
Il est bon, il est heureux de souffrir ainsi; et ce ne sera point chose pénible pour le coeur humble qui se confie en Dieu plus qu'en lui-même.
On parle tant qu'on doit ajouter peu de foi à ce qui se dit.
Comment, d'ailleurs, contenter tout le monde ? cela ne se peut.
Bien que Paul s'efforçât de plaire à tous dans le Seigneur, et qu'il se fît tout à tous, il ne laissait pas d'être fort indifférent aux jugements des hommes.
Il a fait tout ce qui était en lui pour l'édification et le salut des autres; car il n'a pu empêcher qu'ils ne l'aient quelquefois condamné ou méprisé.
C'est pourquoi il a remis tout à Dieu, qui connaît tout, et il n'a opposé que l'humilité et la patience aux reproches injustes, aux faux soupçons et aux mensonges de ceux qui se livraient dans leurs discours à tout ce que leur suggérait la passion.
Il s'est cependant justifié quelquefois, de peur que son silence ne causât du scandale aux faibles.
Qu'avez-vous à craindre d'un homme mortel ? Il est aujourd'hui, et demain il aura disparu.
Craignez Dieu, et vous ne redouterez rien des hommes.
Que peut contre vous un homme par des paroles et des outrages ? Il se nuit plus qu'à vous et, quel qu'il soit, il n'évitera pas le jugement de Dieu.
Ayez Dieu toujours présent et laissez là les contestations et les plaintes.
Que si vous paraissez succomber maintenant et souffrir une confusion que vous ne méritez pas, n'en murmurez point et ne diminuez pas votre couronne par votre impatience.
Levez plutôt vos regards au ciel, vers moi qui suis assez puissant pour vous délivrer de l'opprobre et de l'injure, et pour rendre à chacun selon ses oeuvres
Réflexion de Lamennais
Pourquoi vous inquiéter des jugements des hommes, et que vous font leurs vaines pensées ? ils ne voient tout au plus que les dehors; leur oeil ne pénètre point au fond de l'âme, là où sont cachés le bien et le mal. Ne vous affligez donc point s'ils vous condamnent, et ne vous élevez point s'ils vous louent. Mais prosternez-vous devant Dieu, et dites-lui: Si vous scrutez, Seigneur, nos iniquités, qui soutiendra votre regard ?
Quelques-uns s'exagèrent l'importance de ce qu'ils appellent leur réputation, et dans l'excessive chaleur avec laquelle ils la défendent, il y a souvent plus d'amour-propre que de zèle véritable. Jésus-Christ, chargé d'outrages, nous a donné un autre exemple, il s'est tu et n'a point ouvert la bouche. Tous les saints ont été comme lui persécutés et calomniés. Quand on a fait ce qui dépendait de soi pour ne pas scandaliser ses frères, la conscience doit être tranquille: il ne reste plus qu'à demeurer en paix dans l'humiliation. Dieu sait tout, et cela suffit.
J'estime, écrivait saint Paul aux Corinthiens, j'estime que ce m'est peu de choses d'être jugé par vous, ou par aucun tribunal humain, je ne me juge pas moi-même: celui qui me juge, c'est le Seigneur. Ne jugez donc point avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne: il éclairera ce qui est caché dans les ténèbres, il manifestera les conseils des coeurs, et alors chacun recevra de Dieu la louange qu'il mérite.
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