☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt
De l'amour de la solitude et du silence
Réflexion de Lamennais
Que cherchez-vous dans le monde ? le bonheur ? Il n'y est pas. Ecoutez ce cri de détresse, cette plainte lamentable qui s'élève de tous les points de la terre, et se prolonge de siècle en siècle. C'est la voix du monde.
Qu'y cherchez-vous encore ? des lumières, des consolations, pour accomplir en paix votre pèlerinage ? Le monde est livré à l'esprit de ténèbres, à toutes les convoitises qu'il inspire, à tous les crimes et à tous les maux dont il est le principe, et c'est pourquoi le prophète s'écriait: Je me suis éloigné, j'ai fui, et j'ai demeuré dans la solitude. Là, dans le silence des créatures, Dieu parle au coeur, et sa parole est si merveilleuse, si douce et si ravissante, que l'âme ne veut plus entendre que lui, jusqu'au jour où, tous les voiles étant déchirés, elle le contemplera face à face.
Le christianisme a peuplé le désert de ces âmes choisies qui, se dérobant au monde, et foulant aux pieds ses plaisirs, ses honneurs, ses trésors, et la chair, et le sang, nous offrent dans la pureté de leur vie une image de la vie des Anges. Cependant, les Chrétiens ne sont pas tous appelés à ce sublime état de perfection. Mais au milieu du bruit et du tumulte de la société, tous doivent se créer au fond de leur coeur une solitude où ils puissent se retirer pour converser avec Jésus-Christ et se recueillir en sa présence.
C'est ainsi que, ramenés des pensées du temps à la pensée des choses éternelles, ils auront à dégoût celles qui passent, et seront dans le monde comme n'en étant pas: heureux état ou s'accomplit pour le fidèle ce que dit l'Apôtre: Notre vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu.
De l'amour de la solitude et du silence
- Spoiler:
Cherchez un temps propre à vous occuper de vous-même et pensez souvent aux bienfaits de Dieu.
Laissez là ce qui ne sert qu'à nourrir la curiosité. Lisez plutôt ce qui touche le coeur que ce qui amuse l'esprit.
Retranchez les discours superflus, les courses inutiles; fermez l'oreille aux vains bruits du monde, et vous trouverez assez de loisir pour les saintes méditations.
Les plus grands saints évitaient autant qu'il leur était possible le commerce des hommes et préféraient vivre en secret avec Dieu.
Un ancien a dit: Toutes les fois que j'ai été dans la compagnie des hommes, j'en suis revenu moins homme que je n'étais.
C'est ce que nous éprouvons souvent lorsque nous nous livrons à de longs entretiens.
Il est plus aisé de se taire que de ne point excéder dans ses paroles.
Il est plus aisé de se tenir chez soi que de se garder de soi-même suffisamment au-dehors.
Celui donc qui aspire à la vie intérieure et spirituelle doit de retirer de la foule avec Jésus.
Nul ne se montre sans péril s'il n'aime à demeurer caché.
Nul ne parle avec mesure s'il ne se tait volontiers.
Nul n'est en sûreté dans les premières places s'il n'aime les dernières.
Nul ne commande sans danger s'il n'a pas appris à bien obéir.
Nul ne se réjouit avec sécurité s'il ne possède en lui-même le témoignage d'une bonne conscience.
Cependant la confiance des saints a toujours été pleine de la crainte de Dieu: quel que fût l'éclat de leurs vertus, quelque abondantes que fussent leurs grâces, ils n'en étaient ni moins humbles ni moins vigilants.
L'assurance des méchants naît, au contraire, de l'orgueil et de la présomption, et finit par l'aveuglement.
Ne vous promettez point de sûreté en cette vie, quoique vous paraissiez être un saint religieux ou un pieux solitaire.
Souvent les meilleurs dans l'estime des hommes ont couru les plus grands dangers à cause de leur trop de confiance.
Il est donc utile à plusieurs de n'être pas entièrement délivré des tentations et de souffrir des attaques fréquentes, de peur que, tranquilles sur eux-mêmes, ils ne s'élèvent avec orgueil ou qu'ils ne se livrent trop aux consolations du dehors.
Oh ! si l'on ne recherchait jamais les joies qui passent, si jamais l'on ne s'occupait du monde, qu'on posséderait une conscience pure !
Oh ! qui retrancherait toute sollicitude vaine, ne pensant qu'au salut et à Dieu, et plaçant en lui toute son espérance, de quelle paix et de quel repos il jouirait !
Nul n'est digne des consolations célestes s'il ne s'est exercé longtemps dans la sainte componction.
Si vous désirez la vraie componction du coeur, entrez dans votre cellule et bannissez-en le bruit du monde; selon qu'il est écrit: Même sur votre couche, que votre coeur soit plein de componction.
Vous trouverez dans votre cellule ce que souvent vous perdrez au-dehors.
La cellule qu'on quitte peu devient douce; fréquemment délaissée, elle engendre l'ennui. Si dès le premier moment où vous sortez du siècle, vous êtes fidèle à la garder, elle vous deviendra comme une amie chère et sera votre consolation la plus douce.
Dans le silence et le repos, l'âme pieuse fait de grands progrès et pénètre ce qu'il y a de caché dans l'Ecriture.
Là elle trouve la source des larmes dont elle se lave et se purifie toutes les nuits, et elle s'unit d'autant plus familièrement à son Créateur qu'elle vit plus éloignée du tumulte du monde.
Celui donc qui se sépare de ses connaissances et de ses amis, Dieu s'approchera de lui avec les saints anges.
Il vaut mieux être caché et prendre soin de son âme, que de faire des miracles et de s'oublier soi-même
Il est louable dans un religieux de sortir rarement et de n'aimer ni à voir les hommes ni à être vu d'eux.
Pourquoi voulez-vous voir ce qui ne vous est point permis d'avoir ? Le monde passe, et sa concupiscence.
Les désirs des sens entraînent çà et là; mais l'heure passée, que rapportez-vous, qu'une conscience pesante et un coeur dissipé ?
Parce qu'on est sorti dans la joie, souvent on revient dans la tristesse; et la veille joyeuse du soir attriste le matin.
Ainsi toute joie des sens s'insinue avec douceur; mais à la fin elle blesse et tue.
Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? Voilà le ciel, la terre, les éléments; or c'est d'eux que tout est fait.
Où que vous alliez, que verrez-vous qui soit stable sous le soleil ?
Vous croyez peut-être vous rassasier; mais vous n'y parviendrez jamais.
Quand vous verriez toutes les choses à la fois, que serait-ce qu'une vision vaine ?
Levez les yeux en haut vers Dieu et priez pour vos péchés et vos négligences.
Laissez aux hommes vains les choses vaines; pour vous, ne vous occupez que de ce que Dieu vous commande.
Fermez sur vous votre porte et appelez à vous Jésus, votre bien-aimé.
Demeurez avec lui dans votre cellule: car vous ne trouverez nulle part autant de paix.
Si vous n'étiez pas sorti et que vous n'eussiez pas entendu quelque bruit du monde, vous seriez demeuré dans cette douce paix: mais parce que vous aimez à entendre des choses nouvelles, il vous faut supporter ensuite le trouble du coeur.
Réflexion de Lamennais
Que cherchez-vous dans le monde ? le bonheur ? Il n'y est pas. Ecoutez ce cri de détresse, cette plainte lamentable qui s'élève de tous les points de la terre, et se prolonge de siècle en siècle. C'est la voix du monde.
Qu'y cherchez-vous encore ? des lumières, des consolations, pour accomplir en paix votre pèlerinage ? Le monde est livré à l'esprit de ténèbres, à toutes les convoitises qu'il inspire, à tous les crimes et à tous les maux dont il est le principe, et c'est pourquoi le prophète s'écriait: Je me suis éloigné, j'ai fui, et j'ai demeuré dans la solitude. Là, dans le silence des créatures, Dieu parle au coeur, et sa parole est si merveilleuse, si douce et si ravissante, que l'âme ne veut plus entendre que lui, jusqu'au jour où, tous les voiles étant déchirés, elle le contemplera face à face.
Le christianisme a peuplé le désert de ces âmes choisies qui, se dérobant au monde, et foulant aux pieds ses plaisirs, ses honneurs, ses trésors, et la chair, et le sang, nous offrent dans la pureté de leur vie une image de la vie des Anges. Cependant, les Chrétiens ne sont pas tous appelés à ce sublime état de perfection. Mais au milieu du bruit et du tumulte de la société, tous doivent se créer au fond de leur coeur une solitude où ils puissent se retirer pour converser avec Jésus-Christ et se recueillir en sa présence.
C'est ainsi que, ramenés des pensées du temps à la pensée des choses éternelles, ils auront à dégoût celles qui passent, et seront dans le monde comme n'en étant pas: heureux état ou s'accomplit pour le fidèle ce que dit l'Apôtre: Notre vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt et Un
De la componction du coeur
Réflexion de Lamennais
La douleur est le fond de la vie humaine. Souffrances du corps, maladies de l'âme, inquiétudes, afflictions, péchés, tel est l'accablant fardeau qu'il nous faut porter depuis notre naissance jusqu'à la tombe. Et cependant, à force de travail, l'homme parvient à découvrir au milieu de ses misères je ne sais quelles joies insensées dont il s'enivre avidement.
Fuyons ces folles joies du monde. Arrêtons notre pensée sur le châtiment qui doit suivre, sur nos fautes si multipliées. Et demandons à Dieu, avec la componction du coeur, ce repentir plein d'amour, ces heureuses larmes que Jésus a bénies par ces consolantes paroles: Beaucoup de péchés vous seront remis, parce que vous avez beaucoup aimé.
De la componction du coeur
- Spoiler:
- Si vous voulez faire quelque progrès, conservez-vous dans la crainte de Dieu et ne soyez point trop libre; mais soumettez vos sens à une sévère discipline et ne vous livrez pas aux joies insensées.
Disposez votre coeur à la componction et vous trouverez la vraie piété.
La componction produit beaucoup de bien, qu'on perd bientôt en s'abandonnant aux vains mouvements de son coeur.
Chose étrange, qu'un homme en cette vie puisse se reposer pleinement dans la joie, lorsqu'il considère son exil, et à combien de périls est exposée son âme !
A cause de la légèreté de notre coeur et de l'oubli de nos défauts, nous ne sentons pas les maux de notre âme, et souvent nous rions vainement quand nous devrions bien plutôt pleurer.
Il n'y a de vraie liberté et de joie solide que dans la crainte de Dieu et la bonne conscience.
Heureux qui peut éloigner tout ce qui le distrait et l'arrête, pour se recueillir tout entier dans une sainte componction.
Heureux qui rejette tout ce qui peut souiller sa conscience ou l'appesantir.
Combattez généreusement: on triomphe d'une habitude par une autre habitude.
Si vous savez laisser là les hommes, ils vous laisseront bientôt faire ce que vous voudrez.
N'attirez pas à vous les affaires d'autrui et ne vous embarrassez point dans celles des grands.
Que votre oeil soit ouvert sur vous d'abord; et avant de reprendre vos amis, ayez soin de vous reprendre vous-même.
Si vous n'avez point la faveur des hommes, ne vous en attristez point; mais que votre peine soit de ne pas vivre aussi bien et avec autant de vigilance que le devrait un serviteur de Dieu et un bon religieux.
Il est plus souvent utile et plus sûr de n'avoir pas beaucoup de consolations dans cette vie, et surtout de consolations sensibles.
Cependant, si nous sommes privés de consolations divines, ou si nous ne les éprouvons que rarement, la faute en est à nous, parce que nous ne cherchons point la componction du coeur et que nous ne rejetons pas entièrement les vaines consolations du dehors.
Reconnaissez que vous êtes indignes des consolations célestes et que vous méritez plutôt de grandes tribulations.
Quand l'homme est pénétré d'une parfaite componction, le monde entier lui est alors amer et insupportable.
Le juste trouve toujours assez de sujets de s'affliger et de pleurer.
Car en considérant soit lui-même, soit les autres, il sait que nul ici-bas n'est sans tribulations; et plus il se regarde attentivement, plus profonde est sa douleur.
Le sujet d'une juste affliction et d'une grande tristesse intérieure, ce sont nos péchés et nos vices, dans lesquels nous sommes tellement ensevelis, que rarement pouvons-nous contempler les choses du ciel.
Si vous pensez plus souvent à votre mort qu'à la longueur de la vie, nul doute que vous n'auriez plus d'ardeur pour vous corriger.
Et si vous réfléchissiez sérieusement aux peines de l'enfer et au purgatoire, je crois que vous supporteriez volontiers le travail et la douleur, et que vous ne redouteriez aucune austérité.
Mais parce que ces vérités ne pénètrent point jusqu'au coeur, et que nous aimons encore ce qui nous flatte, nous demeurons froids et négligents.
Souvent c'est langueur de l'âme, et notre chair misérable se plaint si aisément.
Priez donc humblement le Seigneur qu'il vous donne l'esprit de componction, et dites avec le prophète: Nourrissez-moi, Seigneur, du pain des larmes; abreuvez-moi du calice des pleurs.
Réflexion de Lamennais
La douleur est le fond de la vie humaine. Souffrances du corps, maladies de l'âme, inquiétudes, afflictions, péchés, tel est l'accablant fardeau qu'il nous faut porter depuis notre naissance jusqu'à la tombe. Et cependant, à force de travail, l'homme parvient à découvrir au milieu de ses misères je ne sais quelles joies insensées dont il s'enivre avidement.
Fuyons ces folles joies du monde. Arrêtons notre pensée sur le châtiment qui doit suivre, sur nos fautes si multipliées. Et demandons à Dieu, avec la componction du coeur, ce repentir plein d'amour, ces heureuses larmes que Jésus a bénies par ces consolantes paroles: Beaucoup de péchés vous seront remis, parce que vous avez beaucoup aimé.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt - Deux
De la considération de la misère humaine
Réflexion de Lamennais
L'homme né de la femme, vit peu de jours, et il est rassasié d'angoisses. Voilà notre destinée telle que le péché l'a faite. Ecoutez les gémissements de l 'humanité entière, dont Job était la figure: "Périsse le jour où je suis né, et la nuit où il fut dit: Un homme a été conçu ! Pourquoi ne suis-je pas mort dans le sein de ma mère, ou n'ai-je pas péri en en sortant ? Pourquoi m'a-t-elle reçu sur ses genoux, et allaité de ses mamelles ? Maintenant je dormirais en silence, et je reposerais dans mon sommeil."
Mais déjà sur cette grande misère se levait l'aurore d'une grande espérance: "Je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je serai de nouveau revêtu de ma chair, et dans ma chair je verrai mon Dieu : je le verrai et mes yeux le contempleront." Dès lors, tout change : ces douleurs, auparavant sans consolation, unies à celles du Rédempteur, ne sont plus qu'une expiation nécessaire, une épreuve de justice et de miséricorde, une semence d'éternelles joies. Le Christ, en mourant, a ouvert le ciel à l'homme déchu, qui pour unique grâce demandait à la terre un tombeau.
Et nous nous plaindrions des souffrances auxquelles Dieu réserve un tel prix ! Et le murmure serait sur nos lèvres, lorsque, par les tribulations, Jésus-Christ daigne nous associer aux mérites de son sacrifice ! C'en est fait, Seigneur, je reconnais mon aveuglement, mon ingratitude, et je ne veux plus désirer ici-bas que d'avoir part à votre passion, afin de participer un jour à votre gloire.
De la considération de la misère humaine
- Spoiler:
- En quelque lieu que vous soyez, de quelque côté que vous vous tourniez, vous serez misérable si vous ne revenez vers Dieu.
Pourquoi vous troublez-vous de ce que rien n'arrive comme vous le désirez et comme vous le voulez ? A qui est-ce que tout succède selon sa volonté ? Ni à vous, ni à moi, ni à aucun homme sur la terre.
Nul en ce monde, fût-il roi ou pape, n'est exempt d'angoisses et de tribulations.
Qui donc a le meilleur sort ? Celui, certes, qui sait souffrir quelque chose pour Dieu.
Dans leur faiblesse et leur peu de lumière, plusieurs disent: Que cet homme a une heureuse vie ! qu'il est riche, grand, puissant, élevé !
Mais considérez les biens du ciel, et vous verrez que tous ces biens du temps ne sont rien; que toujours très incertains, ils sont plutôt un poids qui fatigue, parce qu'on ne les possède jamais sans défiance et sans crainte.
Avoir en abondance les biens du temps, ce n'est pas là le bonheur de l'homme: la médiocrité lui suffit.
C'est vraiment une grande misère de vivre sur la terre.
Plus un homme veut avancer dans les voies spirituelles, plus la vie présente lui devient amère, parce qu'il sent mieux et voit plus clairement l'infirmité de la nature humaine et sa corruption.
Manger, boire, veiller, dormir, se reposer, travailler, être assujetti à toutes les nécessités de la nature, c'est vraiment une grande misère et une grande affliction pour l'homme pieux qui voudrait être dégagé de ses liens terrestres, et délivré de tout péché.
Car l'homme intérieur est en ce monde étrangement appesanti par les nécessités du corps.
Et c'est pourquoi le prophète demandait avec d'ardentes prières d'en être affranchi, disant: Seigneur, délivrez-moi de mes nécessités.
Malheur donc à ceux qui ne connaissent point leur misère ! et malheur encore plus à ceux qui aiment cette misère et cette vie périssable !
Car il y en a qui l'embrassent si avidement, leur misère, qu'ayant à peine le nécessaire en travaillant ou en mendiant, ils n'éprouveraient aucun souci du royaume de Dieu s'ils pouvaient toujours vivre ici-bas.
O coeurs insensés et infidèles, si profondément enfoncés dans les choses de la terre qu'ils ne goûtent rien que ce qui est charnel !
Les malheureux ! ils sentiront douloureusement à la fin combien était vil, combien n'était rien ce qu'ils ont aimé.
Mais les saints de Dieu, tous les fidèles amis de Jésus-Christ ont méprisé ce qui flatte la chair et ce qui brille dans le temps; toute leur espérance, tous leurs désirs aspiraient aux biens éternels.
Tout leur coeur s'élevait vers les biens invisibles et impérissables, de peur que l'amour des choses visibles ne les abaissât vers la terre.
Ne perdez pas, mon frère, l'espérance d'avancer dans la vie spirituelle: vous en avez encore le temps, c'est l'heure.
Pourquoi remettez-vous toujours au lendemain l'accomplissement de vos résolutions ?
Levez-vous et commencez à l'instant, et dites: Voici le temps d'agir, voici le temps de combattre, voici le temps de me corriger.
Quand la vie vous est pesante et amère, c'est alors le temps de mériter.
Il faut passer par le feu et par l'eau, avant d'entrer dans le lieu de rafraîchissement.
vous ne vous faites violence, vous ne vaincrez pas le vice.
Tant que nous portons ce corps fragile, nous ne pouvons être sans péché, ni sans ennui et sans douleur.
Il nous serait doux de jouir d'un repos exempt de toute misère; mais en perdant l'innocence par le péché, nous avons aussi perdu la vraie félicité.
Il faut donc persévérer dans la patience, et attendre la miséricorde de Dieu jusqu'à ce que l'iniquité passe et que ce qui est mortel en vous soit absorbé par la vie.
Oh ! qu'elle est grande la fragilité qui toujours incline l'homme au mal.
Vous confessez aujourd'hui vos péchés et vous y retombez le lendemain.
Vous vous proposez d'être sur vos gardes et une heure après vous agissez comme si vous ne vous étiez rien proposé.
Nous avons donc grand sujet de nous humilier et de ne nous jamais élever en nous-mêmes, étant si fragiles et inconsistants.
Nous pouvons perdre en un moment par notre négligence ce qu'à peine avons-nous acquis par la grâce avec un long travail.
Que sera-ce de nous à la fin du jour si nous sommes si lâches dès le matin ?
Malheur à nous si nous voulons goûter le repos, comme si déjà nous étions en paix et en assurance, tandis qu'on ne découvre pas dans notre vie une seule trace de vraie sainteté !
Nous aurions bien besoin d'être instruits encore, et formés à de nouvelles moeurs comme des novices dociles, pour essayer du moins s'il y aurait en nous quelque espérance de changement et d'un plus grand progrès dans la vertu.
Réflexion de Lamennais
L'homme né de la femme, vit peu de jours, et il est rassasié d'angoisses. Voilà notre destinée telle que le péché l'a faite. Ecoutez les gémissements de l 'humanité entière, dont Job était la figure: "Périsse le jour où je suis né, et la nuit où il fut dit: Un homme a été conçu ! Pourquoi ne suis-je pas mort dans le sein de ma mère, ou n'ai-je pas péri en en sortant ? Pourquoi m'a-t-elle reçu sur ses genoux, et allaité de ses mamelles ? Maintenant je dormirais en silence, et je reposerais dans mon sommeil."
Mais déjà sur cette grande misère se levait l'aurore d'une grande espérance: "Je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je serai de nouveau revêtu de ma chair, et dans ma chair je verrai mon Dieu : je le verrai et mes yeux le contempleront." Dès lors, tout change : ces douleurs, auparavant sans consolation, unies à celles du Rédempteur, ne sont plus qu'une expiation nécessaire, une épreuve de justice et de miséricorde, une semence d'éternelles joies. Le Christ, en mourant, a ouvert le ciel à l'homme déchu, qui pour unique grâce demandait à la terre un tombeau.
Et nous nous plaindrions des souffrances auxquelles Dieu réserve un tel prix ! Et le murmure serait sur nos lèvres, lorsque, par les tribulations, Jésus-Christ daigne nous associer aux mérites de son sacrifice ! C'en est fait, Seigneur, je reconnais mon aveuglement, mon ingratitude, et je ne veux plus désirer ici-bas que d'avoir part à votre passion, afin de participer un jour à votre gloire.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt - Trois
De la méditation de la mort
Réflexion de Lamennais
Approchez-vous de cette fosse, regardez ces ossements blanchis et déjoints: voilà tout ce qui reste ici-bas d'un homme que vous avez connu peut-être et qui ne pensait pas plus à la mort, il y a peu d'années, que vous n'y pensez aujourd'hui.
Ne fallait-il pas, en effet, qu'il songeât d'abord à sa fortune, à celle des siens, à l'établissement de sa famille? Aussi s'en est-il occupé jusqu'au dernier moment. Eh bien! Maintenant allez, entrez dans sa maison. Des héritiers indifférents y jouissent des biens qu'il avait amassés, et travaillent eux-mêmes à en amasser de nouveaux. Du reste, nul souvenir du mort.
Quelque chose de lui subsiste cependant, et la tombe ne le renferme pas tout entier. Il avait une âme, une âme rachetée du sang de Jésus-Christ. Où est-elle? A l'instant où elle quitta le corps, sa demeure fut fixée, ou dans le ciel sans crainte désormais, ou dans l'enfer sans espérance. Terrible, terrible alternative! Et, à présent, plongez-vous dans les soins de la terre, différez votre conversion. Dites encore: il sera temps demain. Insensé ! Ce temps dont tu abuses, creuse ta fosse, et demain sera l'éternité.
De la méditation de la mort
- Spoiler:
- C'en sera fait de vous bien vite ici-bas: voyez donc en quel état vous êtes.
L'homme est aujourd'hui, et demain il a disparu, et quand il n'est plus sous les yeux, il passe bien vite de l'esprit.
O stupidité et dureté du coeur humain, qui ne pense qu'au présent et ne prévoit pas l'avenir !
Dans toutes vos actions, dans toutes vos pensées, vous devriez être tel que vous seriez s'il vous fallait mourir aujourd'hui.
Si vous aviez une bonne conscience, vous craindriez peu la mort.
Il vaudrait mieux éviter le péché que fuir la mort.
Si aujourd'hui vous n'êtes pas prêt, comment le serez-vous demain ?
Demain est un jour incertain: et que savez-vous si vous aurez un lendemain ?
Que sert de vivre longtemps puisque nous nous corrigeons si peu ?
Ah ! une longue vie ne corrige pas toujours; souvent plutôt elle augmente nos crimes.
Plût à Dieu que nous eussions bien vécu dans ce monde un seul jour !
Plusieurs comptent les années de leur conversion; mais souvent, qu'ils sont peu changés, et que ces années ont été stériles !
S'il est terrible de mourir, peut-être est-il plus dangereux de vivre si longtemps.
Heureux celui à qui l'heure de sa mort est toujours présente, et qui se prépare chaque jour à mourir !
Si vous avez vu jamais un homme mourir, songez que vous aussi vous passerez par cette voie.
Le matin, pensez que vous n'atteindrez pas le soir; le soir, n'osez pas vous promettre de voir le matin.
Soyez donc toujours prêt, et vivez de telle sorte que la mort ne vous surprenne jamais.
Plusieurs sont enlevés par une mort soudaine et imprévue: car le Fils de l'homme viendra à l'heure qu'on n'y pense pas.
Quand viendra cette dernière heure, vous commencerez à juger tout autrement de votre vie passée, et vous gémirez amèrement d'avoir été si négligent et si lâche.
Qu'heureux et sage est celui qui s'efforce d'être tel dans la vie qu'il souhaite d'être trouvé à la mort.
Car rien ne donnera une si grande confiance de mourir heureusement, que le parfait mépris du monde, le désir ardent d'avancer dans la vertu, l'amour de la régularité, le travail de la pénitence, l'abnégation de soi-même et la constance à souffrir toutes sortes d'adversités pour l'amour de Jésus-Christ.
Vous pourrez faire beaucoup de bien tandis que vous êtes en santé; mais, malade, je ne sais ce que vous pourrez.
Il en est peu que la maladie rend meilleurs, comme il en est peu qui se sanctifient par de fréquents pèlerinages.
Ne comptez point sur vos amis ni sur vos proches, et ne différez point votre salut dans l'avenir; car les hommes vous oublieront plus vite que vous ne pensez.
Il vaut mieux y pourvoir de bonne heure et envoyer devant soi un peu de bien, que d'espérer dans le secours des autres.
Si vous n'avez maintenant aucun souci de vous-même, qui s'inquiétera de vous dans l'avenir ?
Maintenant le temps est d'un grand prix. Voici maintenant le temps propice, voici le jour du salut.
Mais, ô douleur ! que vous fassiez un si vain usage de ce qui pourrait vous servir à mériter de vivre éternellement !
Viendra le temps où vous désirerez un seul jour, une seule heure, pour purifier votre âme, et je ne sais si vous l'obtiendrez.
Ah ! mon frère, de quel péril, de quelle crainte terrible vous pourriez vous délivrer si vous étiez à présent toujours en crainte de la mort !
Etudiez-vous maintenant à vivre de telle sorte qu'à l'heure de la mort vous ayez plus sujet de vous réjouir que de craindre.
Apprenez maintenant à mourir au monde afin de commencer alors à vivre avec Jésus-Christ.
Apprenez maintenant à tout mépriser, afin de pouvoir alors aller librement à Jésus-Christ.
Châtiez maintenant votre corps par la pénitence afin que vous puissiez alors avoir une solide confiance.
Insensés, sur quoi vous promettez-vous de vivre longtemps, lorsque vous n'avez pas un seul jour d'assuré ?
Combien ont été trompés et arrachés subitement de leur corps !
Combien de fois avez-vous ouï dire: Cet homme a été tué d'un coup d'épée; celui-ci s'est noyé, celui-là s'est brisé en tombant d'un lieu élevé; l'un a expiré en mangeant, l'autre en jouant; l'un a péri par le feu, un autre par le fer, un autre par la peste, un autre par la main des voleurs !
Et ainsi la fin de tous est la mort, et la vie des hommes passe comme l'ombre.
Qui se souviendra de vous après votre mort, et qui priera pour vous ?
Faites, faites maintenant, mon cher frère, tout ce que vous pouvez, car vous ne savez pas quand vous mourrez, ni ce qui suivra pour vous la mort.
Tandis que vous en avez le temps, amassez des richesses immortelles.
Ne pensez qu'à votre salut, ne vous occupez que des choses de Dieu.
Faites-vous maintenant des amis, en honorant les saints et en imitant leurs oeuvres, afin qu'arrivé au terme de cette vie, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.
Vivez sur la terre comme un voyageur et un étranger à qui les choses du monde ne sont rien.
Conservez votre coeur libre et toujours élevé vers Dieu, parce que vous n'avez point ici-bas de demeure permanente.
Que vos gémissements, vos larmes, vos prières, montent tous les jours vers le ciel afin que votre âme, après la mort, mérite de passer heureusement à Dieu.
Réflexion de Lamennais
Approchez-vous de cette fosse, regardez ces ossements blanchis et déjoints: voilà tout ce qui reste ici-bas d'un homme que vous avez connu peut-être et qui ne pensait pas plus à la mort, il y a peu d'années, que vous n'y pensez aujourd'hui.
Ne fallait-il pas, en effet, qu'il songeât d'abord à sa fortune, à celle des siens, à l'établissement de sa famille? Aussi s'en est-il occupé jusqu'au dernier moment. Eh bien! Maintenant allez, entrez dans sa maison. Des héritiers indifférents y jouissent des biens qu'il avait amassés, et travaillent eux-mêmes à en amasser de nouveaux. Du reste, nul souvenir du mort.
Quelque chose de lui subsiste cependant, et la tombe ne le renferme pas tout entier. Il avait une âme, une âme rachetée du sang de Jésus-Christ. Où est-elle? A l'instant où elle quitta le corps, sa demeure fut fixée, ou dans le ciel sans crainte désormais, ou dans l'enfer sans espérance. Terrible, terrible alternative! Et, à présent, plongez-vous dans les soins de la terre, différez votre conversion. Dites encore: il sera temps demain. Insensé ! Ce temps dont tu abuses, creuse ta fosse, et demain sera l'éternité.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt - Quatre
Du jugement et des peines des pécheurs
Réflexion de Lamennais
Dieu est patient, dit saint Augustin, parce qu'il est éternel. Mais, après les jours de patience, viendra le jour de la justice: jour d'effroi, jour inévitable, où toute chair comparaîtra devant le Roi de l'éternité, pour rendre compte de ses oeuvres et de ses pensées même.
Transportez-vous en esprit à ce moment formidable: voilà que la poussière des tombeaux s'émeut, et de toutes parts la foule des morts accourt aux pieds du souverain Juge. Là tous les secrets sont dévoilés, la conscience n'a plus de ténèbres, et chacun attend en silence le sort qui lui est destiné pour toujours. Les deux cités se séparent, la grande sentence est prononcée: elle ouvre le paradis aux justes et tombe sur les pécheurs avec tout le poids d'une éternelle réprobation.
Environné des Anges fidèles et de la troupe resplendissante des élus, Jésus-Christ remonte dans sa gloire. Satan saisit sa proie et l'entraîne dans l'abîme. Tout est consommé à jamais. Il ne reste plus que les joies du ciel et le désespoir de l'enfer. Pendant que vous êtes encore sur la terre, le choix entre ces demeures vous est laissé : choisissez donc. Mais n'oubliez pas qu'il n'y a point de repentir de l'autre côté de la tombe.
Du jugement et des peines des pécheurs
- Spoiler:
En toutes choses regardez la fin, et reportez-vous au jour où vous serez là, debout devant le Juge sévère à qui rien n'est caché, qu'on n'apaise point par des présents, qui ne reçoit point d'excuses, mais qui jugera selon la justice.
Pécheur misérable et insensé ! que répondrez-vous à Dieu, qui sait tous vos crimes, vous qui tremblez quelquefois à l'aspect d'un homme irrité ?
Par quel étrange oubli de vous-même vous en allez-vous, sans rien prévoir, vers ce jour où nul ne pourra être excusé ni défendu par un autre, mais où chacun sera pour soi un fardeau assez pesant ?
Maintenant votre travail produit son fruit: vos larmes sont agréées, vos gémissements écoutés, votre douleur satisfait à Dieu et purifie votre âme.
Il a ici-bas un grand et salutaire purgatoire, l'homme patient qui, en butte aux outrages, s'afflige plus de la malice d'autrui que de sa propre injure; qui prie
sincèrement pour ceux qui le contristent, et leur pardonne du fonds du coeur; qui, s'il a peiné les autres, est toujours prêt à demander pardon; qui incline à la compassion plus qu'à la colère; qui se fait violence à lui-même, et s'efforce d'assujettir entièrement la chair à l'esprit.
Il vaut mieux se purifier maintenant de ses péchés et retrancher ses vices, que d'attendre de les expier en l'autre vie.
Oh ! combien nous nous trompons nous-mêmes par l'amour désordonné que nous avons pour notre chair.
Que dévorera ce feu, sinon vos péchés ?
Plus vous vous épargnez vous-même à présent, et plus vous flattez votre chair, plus ensuite votre châtiment sera terrible et plus vous amassez pour le feu éternel.
L'homme sera puni plus rigoureusement dans les choses où il a le plus péché.
Là les paresseux seront percés par des aiguillons ardents, et les intempérants tourmentés par une faim et une soif extrêmes.
Là les voluptueux et les impudiques seront plongés dans une poix brûlante et dans un soufre fétide; comme des chiens furieux, les envieux hurleront dans leur douleur.
Chaque vice aura son tourment propre.
Là les superbes seront remplis de confusion, et les avares réduits à la plus misérable indigence.
Là une heure sera plus terrible dans le supplice, que cent années ici dans la plus dure pénitence.
Ici quelquefois le travail cesse, on se console avec ses amis: là nul repos, nulle consolation pour les damnés.
Soyez donc maintenant plein d'appréhension et de douleur pour vos péchés, afin de partager, au jour du jugement, la sécurité des bienheureux.
Car les justes alors s'élèveront avec une grande assurance contre ceux qui les auront opprimés et méprisés.
Alors se lèvera pour juger celui qui se soumet aujourd'hui humblement aux jugements des hommes.
Alors l'humble et le pauvre auront une grande confiance; et de tous côtés l'épouvante environnera le superbe.
Alors on verra qu'il fut sage en ce monde, celui qui apprit à être insensé et méprisable pour Jésus-Christ.
Alors on s'applaudira des tribulations souffertes avec patience, et toute iniquité sera muette.
Alors tous les justes seront transportés d'allégresse, et tous les impies consternés de douleur.
Alors la chair affligée se réjouira plus que si elle avait toujours été nourrie dans les délices.
Alors les vêtements pauvres resplendiront, et les habits somptueux perdront tout leur éclat.
Alors la plus pauvre petite demeure sera jugée au-dessus du palais tout brillant d'or.
Alors une patience constamment soutenue sera de plus de secours que toute la puissance du monde; et une obéissance simple, élevée plus haut que toute la prudence du siècle.
Alors on trouvera plus de joie dans la pureté d'une bonne conscience que dans une docte philosophie.
Alors le mépris des richesses aura plus de poids dans la balance que tous les trésors de la terre.
Alors le souvenir d'une pieuse prière vous sera de plus de consolation que celui d'un repas splendide.
Alors vous vous réjouirez plus du silence gardé que de longs entretiens.
Alors les oeuvres saintes l'emporteront sur les beaux discours.
Alors vous préférerez une vie de peine et de travail à tous les plaisirs de la terre.
Apprenez donc maintenant à supporter quelques légères souffrances afin d'être alors délivré de souffrances plus grandes.
Eprouvez ici d'abord ce que vous pourrez dans la suite.
Si vous ne pouvez maintenant souffrir ce peu de chose, comment supporterez-vous les tourments éternels ?
Si maintenant la moindre douleur vous cause tant d'impatience, que sera-ce donc alors des tortures de l'enfer ?
Il y a, n'en doutez point, deux joies qu'on ne peut réunir: vous ne pouvez goûter ici-bas les délices du monde, et régner ensuite avec Jésus-Christ.
Si vous aviez vécu jusqu'à ce jour dans les honneurs et les voluptés, de quoi cela vous servirait-il, s'il vous fallait mourir à l'instant ?
Donc tout est vanité, hors aimer Dieu et le servir lui seul.
Car celui qui aime Dieu de tout son coeur ne craint ni la mort, ni le supplice, ni le jugement, ni l'enfer, parce que l'amour parfait nous donne un sûr accès près de Dieu.
Mais celui qui aime encore le péché, il n'est pas surprenant qu'il redoute la mort et le jugement.
Cependant, si l'amour ne vous éloigne pas encore du mal, il est bon qu'au moins la crainte du feu vous retienne.
Celui qui est peu touché de la crainte de Dieu ne saurait longtemps persévérer dans le bien, mais il tombera bientôt dans les pièges du démon.
Réflexion de Lamennais
Dieu est patient, dit saint Augustin, parce qu'il est éternel. Mais, après les jours de patience, viendra le jour de la justice: jour d'effroi, jour inévitable, où toute chair comparaîtra devant le Roi de l'éternité, pour rendre compte de ses oeuvres et de ses pensées même.
Transportez-vous en esprit à ce moment formidable: voilà que la poussière des tombeaux s'émeut, et de toutes parts la foule des morts accourt aux pieds du souverain Juge. Là tous les secrets sont dévoilés, la conscience n'a plus de ténèbres, et chacun attend en silence le sort qui lui est destiné pour toujours. Les deux cités se séparent, la grande sentence est prononcée: elle ouvre le paradis aux justes et tombe sur les pécheurs avec tout le poids d'une éternelle réprobation.
Environné des Anges fidèles et de la troupe resplendissante des élus, Jésus-Christ remonte dans sa gloire. Satan saisit sa proie et l'entraîne dans l'abîme. Tout est consommé à jamais. Il ne reste plus que les joies du ciel et le désespoir de l'enfer. Pendant que vous êtes encore sur la terre, le choix entre ces demeures vous est laissé : choisissez donc. Mais n'oubliez pas qu'il n'y a point de repentir de l'autre côté de la tombe.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre premier - Avis utiles pour entrer dans la vie intérieure - Chapitre Vingt - Cinq
Qu'il faut travailler avec ferveur à l'amendement de sa vie
Réflexion de Lamennais
Etes-vous sincèrement résolu à vous sauver? En avez-vous la volonté ferme? Alors préparez-vous au travail, au combat, car le salut est à ce prix. La voie qui conduit à la perte est large, mais qu'étroite, dit l'Evangile, est celle qui conduit à la vie !
Sans doute l'onction de la grâce adoucit pour le fidèle ce travail, ce combat. Au milieu des fatigues et des souffrances, il jouit d'une paix céleste que le pécheur ne connaît point. Cependant il a besoin de continuels efforts pour triompher de lui-même, pour vaincre ses désirs, ses passions et le monde, et le prince de ce monde. Qui a fait les saints, sinon cette lutte courageuse et persévérante? Les uns ont été tourmentés, ne voulant pas racheter leur vie, afin d'en trouver une meilleure dans la résurrection. Les autres ont souffert les moqueries, les fouets, les chaînes et les prisons. Ils ont été lapidés, sciés, éprouvés en toute manière. Ils sont morts par le tranchant du glaive; vagabonds, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, oppressés par le besoin, l'affliction, l'angoisse, ils ont erré dans les déserts, et dans les montagnes, et dans les antres, et dans les cavernes de la terre, eux dont le monde n'était pas digne.
Enveloppés donc d'une si grande nuée de témoins, dégageons-nous de tout ce qui nous environne, et courons par la patience au combat qui nous est proposé. Les regards fixés sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était préparée, a souffert la croix, en méprisant l'ignominie. Et maintenant il est assis à la droite du trône de Dieu.
Qu'il faut travailler avec ferveur à l'amendement de sa vie
- Spoiler:
Soyez vigilant et fervent dans le service de Dieu et faites-vous souvent cette demande: Pourquoi es-tu venu ici, et pourquoi as-tu quitté le siècle ?
N'était-ce pas afin de vivre pour Dieu et devenir un homme spirituel ?
Embrasez-vous du désir d'avancer parce que vous recevrez bientôt la récompense de vos travaux, et qu'alors il n'y aura plus ni crainte ni douleur.
Maintenant un peu de travail, et puis un grand repos; que dis-je ? une joie éternelle !
Si vous agissez constamment avec ardeur et fidélité, Dieu aussi sera sans doute fidèle et magnifique dans ses récompenses.
Vous devez conserver une ferme espérance de parvenir à la gloire; mais il ne faut pas vous livrer à une sécurité trop profonde de peur de tomber dans le relâchement ou la présomption.
Un homme qui flottait souvent, plein d'anxiété, entre la crainte et l'espérance, étant un jour accablé de tristesse, entra dans une église; et, se prosternant devant un autel pour prier, il disait et redisait en lui-même: Oh ! si je savais que je dusse persévérer ! Aussitôt il entendit intérieurement cette divine réponse: Si vous le saviez, que voudriez-vous faire ? Faites maintenant ce que vous feriez alors, et vous jouirez de la paix.
Consolé à l'instant même et fortifié, il s'abandonna sans réserve à la volonté de Dieu et ses agitations cessèrent.
Il ne voulut point rechercher avec curiosité ce qui lui arriverait dans l'avenir; mais il s'appliqua uniquement à connaître la volonté de Dieu et ce qui lui plaît davantage, afin de commencer et d'achever tout ce qui est bien.
Espérez en Dieu, dit le Prophète, et faites le bien; habitez en paix la terre, et vous serez nourri de ses richesses. Une chose refroidit en quelques-uns l'ardeur d'avancer et de se corriger: la crainte des difficultés, et le travail du combat.
En effet, ceux-là devancent les autres dans la vertu, qui s'efforcent avec plus de courage de se vaincre eux-mêmes dans ce qui leur est le plus pénible et qui contrarie le plus leur penchant.
Car l'homme fait d'autant plus de progrès et mérite d'autant plus de grâce, qu'il se surmonte lui-même et se mortifie davantage.
Il est vrai que tous n'ont pas également à combattre pour se vaincre et mourir à eux-mêmes.
Cependant un homme animé d'un zèle ardent avancera bien plus, même avec de nombreuses passions, qu'un autre à cet égard mieux disposé, mais tiède pour la vertu.
Deux choses aident surtout à opérer un grand amendement: s'arracher avec violence à ce que la nature dégradée convoite, et travailler ardemment à acquérir la vertu dont on a le plus grand besoin.
Attachez-vous aussi particulièrement à éviter et à vaincre les défauts qui vous déplaisent le plus dans les autres.
Profitez de tout pour votre avancement. Si vous voyez de bons exemples ou si vous les entendez raconter, animez-vous à les imiter.
Que si vous apercevez quelque chose de répréhensible, prenez garde de commettre la même faute; ou, si vous l'avez quelquefois commise, tâchez de vous corriger promptement.
Comme votre oeil observe les autres, les autres vous observent aussi.
Qu'il est consolant et doux de voir des religieux zélés, pieux, fervents, fidèles observateurs de la règle !
Qu'il est triste, au contraire, et pénible d'en voir qui ne vivent pas dans l'ordre et qui ne remplissent pas les engagements auxquels ils ont été appelés !
Qu'on se nuit à soi-même en négligeant les devoirs de sa vocation, et en détournant son coeur à des choses dont on n'est point chargé !
Souvenez-vous de ce que vous avez promis, et que Jésus crucifié vous soit toujours présent.
Vous avez bien sujet de rougir, en considérant la vie de Jésus-Christ, d'avoir jusqu'ici fait si peu d'efforts pour y conformer la vôtre, quoique vous soyez depuis si longtemps entré dans la voie de Dieu.
Un religieux qui s'exerce à méditer sérieusement et avec piété la vie très sainte et la passion du Sauveur, y trouvera en abondance tout ce qui lui est utile et nécessaire, et il n'a pas besoin de chercher hors de Jésus quelque chose de meilleur.
Ah ! si Jésus crucifié entrait dans notre coeur, que nous serions bientôt suffisamment instruits !
Un religieux fervent reçoit bien ce qu'on lui commande et s'y soumet sans peine.
Un religieux tiède et relâché souffre tribulation sur tribulation et ne trouve de tous côtés que la gêne, parce qu'il est privé des consolations intérieures et qu'il lui est interdit d'en chercher au-dehors.
Un religieux qui s'affranchit de sa règle est exposé à des chutes terribles.
Celui qui cherche une vie moins contrainte et moins austère sera toujours dans l'angoisse; car toujours quelque chose lui déplaira.
Comment font tant d'autres religieux qui observent, dans les cloîtres, une si étroite discipline ?
Ils sortent rarement, ils vivent retirés, ils sont nourris très pauvrement et grossièrement vêtus.
Ils travaillent beaucoup, parlent peu, veillent longtemps, se lèvent matin, font de longues prières, de fréquentes lectures, et observent en tout une exacte discipline.
Considérez les chartreux, les religieux de Cîteaux, et les autres religieux et religieuses de différents ordres, qui se lèvent toutes les nuits pour chanter les louanges de Dieu.
Il serait donc bien honteux que la paresse vous tînt encore éloigné d'un si saint exercice lorsque déjà tant de religieux commencent à célébrer le Seigneur.
Oh ! si vous n'aviez autre chose à faire qu'à louer de coeur et de bouche, perpétuellement, le Seigneur notre Dieu ! Si jamais vous n'aviez besoin de manger, de boire, de dormir, et que vous puissiez ne pas interrompre un seul moment ces louanges ni les autres exercices spirituels ! Vous seriez alors beaucoup plus heureux qu'à présent, assujetti comme vous l'êtes au corps et à toutes ses nécessités.
Plût à Dieu que nous fussions affranchis de ces nécessités et que nous n'eussions à songer qu'à la nourriture de notre âme, que nous goûtons, hélas, si rarement !
Quand un homme en est venu à ne chercher sa consolation dans aucune créature, c'est alors qu'il commence à goûter Dieu parfaitement, et qu'il est, quoiqu'il arrive, toujours satisfait.
Alors il ne se réjouit d'aucune prospérité et aucun revers ne le contriste; mais il s'abandonne tout entier, avec une pleine confiance, à Dieu qui lui est tout en toutes choses, pour qui rien ne périt, rien ne meurt, pour qui au contraire tout vit, et à qui tout obéit sans délai.
Souvenez-vous toujours que votre fin approche et que le temps perdu ne revient point. Les vertus ne s'acquièrent qu'avec beaucoup de soins et des efforts constants.
Dès que vous commencerez à tomber dans la tiédeur, vous tomberez dans le trouble.
Mais si vous persévérez dans la ferveur, vous trouverez une grande paix et vous sentirez votre travail plus léger, à cause de la grâce de Dieu et de l'amour de la vertu.
L'homme fervent et zélé est prêt à tout.
Il est plus pénible de résister aux vices et aux passions que de supporter les fatigues du corps.
Celui qui n'évite pas les petites fautes tombe peu à peu dans les grandes.
Vous vous réjouirez toujours le soir, quand vous aurez employé le jour avec fruit.
Veillez sur vous, excitez-vous, avertissez-vous; et quoiqu'il en soit des autres, ne vous négligez pas vous-même.
Vous ne ferez de progrès qu'autant que vous vous ferez violence.
Réflexion de Lamennais
Etes-vous sincèrement résolu à vous sauver? En avez-vous la volonté ferme? Alors préparez-vous au travail, au combat, car le salut est à ce prix. La voie qui conduit à la perte est large, mais qu'étroite, dit l'Evangile, est celle qui conduit à la vie !
Sans doute l'onction de la grâce adoucit pour le fidèle ce travail, ce combat. Au milieu des fatigues et des souffrances, il jouit d'une paix céleste que le pécheur ne connaît point. Cependant il a besoin de continuels efforts pour triompher de lui-même, pour vaincre ses désirs, ses passions et le monde, et le prince de ce monde. Qui a fait les saints, sinon cette lutte courageuse et persévérante? Les uns ont été tourmentés, ne voulant pas racheter leur vie, afin d'en trouver une meilleure dans la résurrection. Les autres ont souffert les moqueries, les fouets, les chaînes et les prisons. Ils ont été lapidés, sciés, éprouvés en toute manière. Ils sont morts par le tranchant du glaive; vagabonds, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, oppressés par le besoin, l'affliction, l'angoisse, ils ont erré dans les déserts, et dans les montagnes, et dans les antres, et dans les cavernes de la terre, eux dont le monde n'était pas digne.
Enveloppés donc d'une si grande nuée de témoins, dégageons-nous de tout ce qui nous environne, et courons par la patience au combat qui nous est proposé. Les regards fixés sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était préparée, a souffert la croix, en méprisant l'ignominie. Et maintenant il est assis à la droite du trône de Dieu.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre premier
De la conversation intérieure
Réflexion de Lamennais
L'âme chrétienne, détachée du monde, n'a qu'un désir pour le temps comme pour l'éternité: d'être unie à Jésus de cette union ineffable dont la divine peinture nous ravit dans le cantique mystérieux de l'amour: Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui; il repose entre les lis, jusqu'à ce que l'aurore se lève et que les ombres déclinent.
Hélas! Que cherchez-vous au dehors? Rentrez, rentrez en vous-même, préparez au céleste époux une demeure digne de lui, et il viendra, et il s'y reposera, car ses délices sont d'habiter dans le coeur qui l'appelle. Alors, seul avec Jésus, loin des bruits de la terre, dans le silence des créatures, il vous parlera comme un ami parle à son ami, et, transporté de l'entendre, vous ne voudrez plus, à jamais, écouter que lui.
De la conversation intérieure
- Spoiler:
Le royaume de Dieu est au dedans de vous, dit le Seigneur.
Revenez à Dieu de tout votre coeur, laissez là ce misérable monde, et votre âme trouvera le repos.
Apprenez à mépriser les choses extérieures et à vous donner aux intérieures, et vous verrez le royaume de Dieu venir en vous.
Car le royaume de Dieu est paix et joie dans l'Esprit Saint, ce qui n'est pas donné aux impies.
Jésus-Christ viendra à vous et il vous remplira de ses consolations, si vous lui préparez au-dedans de vous une demeure digne de lui.
Toute sa gloire et toute sa beauté est intérieure; c'est dans le secret du coeur qu'il se plaît.
Il visite souvent l'homme intérieur et ses entretiens sont doux, ses consolations ravissantes; sa paix est inépuisable, et sa familiarité incompréhensible.
Ame fidèle, hâtez-vous donc de préparer votre coeur pour l'époux, afin qu'il daigne venir et habiter en vous.
Car il a dit: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Laissez donc entrer Jésus en vous, et n'y laissez entrer que lui.
Lorsque vous posséderez Jésus, vous serez riche et lui seul vous suffit. Il veillera sur vous, il prendra de vous un soin fidèle en toutes choses, de sorte que vous n'aurez plus besoin de rien attendre des hommes.
Car les hommes changent vite et vous manquent tout d'un coup; mais Jésus-Christ demeure éternellement: inébranlable dans sa constance, il est près de vous jusqu'à la fin.
On ne doit guère compter sur un homme fragile et mortel, encore bien qu'il vous soit utile et que vous soyez chers l'un à l'autre, et il n'y a pas lieu de s'attrister beaucoup si quelquefois il vous traverse et s'élève contre vous.
Ceux qui sont aujourd'hui pour vous pourront être demain contre vous et réciproquement: les hommes changent comme le vent.
Mettez en Dieu toute votre confiance: qu'il soit votre crainte et votre amour; il répondra pour vous et il fera ce qui est le meilleur.
Vous n'avez point ici de demeure stable; en quelque lieu que vous soyez vous êtes étranger et voyageur, et vous n'aurez jamais de repos que vous ne soyez uni intimement à Jésus-Christ.
Que cherchez-vous autour de vous ? Ce n'est pas ici le lieu de votre repos.
Votre demeure doit être dans le ciel et vous ne devez regarder toutes les choses de la terre que comme en passant.
Tout passe, et vous passez avec tout le reste.
Prenez garde de vous attacher à quoi que ce soit de peur d'en devenir l'esclave et de vous perdre.
Que sans cesse votre pensée monte vers le Très-Haut, et votre prière vers Jésus-Christ.
Si vous ne savez pas encore vous élever aux contemplations célestes, reposez-vous dans la passion du Sauveur, et aimez à demeurer dans ses plaies sacrées.
Car, si vous vous réfugiez avec amour dans ces plaies et ces précieux stigmates, vous sentirez une grande force au temps de la tribulation; vous vous inquiéterez peu du mépris des hommes et vous supporterez aisément les paroles médisantes.
Jésus-Christ aussi a été méprisé des hommes en ce monde, et dans les plus extrêmes angoisses, abandonné des siens, de ses amis, de ses proches, au milieu des opprobres.
Jésus-Christ a voulu souffrir et être méprisé; et vous osez vous plaindre de quelque chose !
Jésus-Christ a eu des ennemis et des détracteurs, et vous voudriez n'avoir que des amis et des bienfaiteurs !
Comment votre patience méritera-t'elle d'être couronnée s'il ne vous arrive rien de pénible ?
Si vous ne voulez rien souffrir, comment serez-vous ami de Jésus-Christ ?
Souffrez avec Jésus-Christ et pour Jésus-Christ, si vous voulez régner avec Jésus-Christ.
Si une seule fois vous étiez entré bien avant dans le coeur de Jésus, et que vous eussiez ressenti quelque mouvement de son amour, que vous auriez peu de souci de ce qui peut vous contrarier ou vous plaire ! Vous vous réjouiriez d'un outrage reçu parce que l'amour de Jésus apprend à l'homme à se mépriser lui-même.
Celui qui aime Jésus et la vérité, un homme vraiment intérieur et dégagé de toute affection déréglée, peut librement s'approcher de Dieu et, s'élevant en esprit au-dessus de soi-même, se reposer en lui par une jouissance anticipée.
Celui qui estime les choses suivant ce qu'elles sont et non d'après les discours et l'opinion des hommes, est vraiment sage; et c'est Dieu qui l'instruit plus que les hommes.
Celui qui vit au-dedans de lui-même et qui s'inquiète peu des choses du dehors, tous les lieux lui sont bons et tous les temps pour remplir ses pieux exercices.
Un homme intérieur se recueille bien vite parce qu'il ne se répand jamais tout entier au-dehors.
Les travaux extérieurs, les occupations nécessaires en certain temps, ne le troublent point; mais il se prête aux choses selon qu'elles arrivent.
Celui qui a établi l'ordre au-dedans de soi ne se tourmente guère de ce qu'il y a de bien ou de mal dans les autres.
L'on n'a de distractions et d'obstacles qu'autant que l'on s'en crée soi-même.
Si vous étiez ce que vous devez être, entièrement libre et détaché, tout contribuerait à votre bien et à votre progrès.
Mais beaucoup de choses vous déplaisent et souvent vous troublent, parce que vous n'êtes pas encore tout à fait mort à vous-même et séparé des choses de la terre.
Rien n'embarrasse et ne souille tant le coeur de l'homme que l'amour impur des créatures.
Si vous rejetez les consolations du dehors, vous pourrez contempler les choses du ciel et goûter souvent les joies intérieures.
Réflexion de Lamennais
L'âme chrétienne, détachée du monde, n'a qu'un désir pour le temps comme pour l'éternité: d'être unie à Jésus de cette union ineffable dont la divine peinture nous ravit dans le cantique mystérieux de l'amour: Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui; il repose entre les lis, jusqu'à ce que l'aurore se lève et que les ombres déclinent.
Hélas! Que cherchez-vous au dehors? Rentrez, rentrez en vous-même, préparez au céleste époux une demeure digne de lui, et il viendra, et il s'y reposera, car ses délices sont d'habiter dans le coeur qui l'appelle. Alors, seul avec Jésus, loin des bruits de la terre, dans le silence des créatures, il vous parlera comme un ami parle à son ami, et, transporté de l'entendre, vous ne voudrez plus, à jamais, écouter que lui.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Deuxième
Qu'il faut s'abandonner à Dieu en esprit d'humilité
Réflexion de Lamennais
Que vous importent les discours et les pensées des hommes! Ce ne seront point eux qui vous jugeront.
S'ils vous accusent à tort, Celui qui voit le fond des consciences vous a déjà justifié.
S'ils vous reprochent des fautes réelles, n'êtes-vous pas heureux d'être averti, heureux de souffrir une humiliation salutaire?
Ce qui vous trouble, c'est l'orgueil qui ne saurait supporter d'être repris.
L'humble ne s'irrite point, ne s'émeut point, lors même que la passion le condamne injustement. Plein du sentiment de sa misère, on ne saurait jamais tant l'abaisser, qu'il ne s'abaisse dans son coeur encore davantage.
Voulez-vous que rien n'altère le calme de votre âme, abandonnez-vous à Dieu en toutes choses. Et dans les peines, les contrariétés, les traverses, dites avec Jésus-Christ: Oui, mon Père, parce qu'il vous a plu ainsi !
Qu'il faut s'abandonner à Dieu en esprit d'humilité
- Spoiler:
- Inquiétez-vous peu qui est pour vous ou contre vous; mais prenez soin que Dieu soit avec vous en tout ce que vous faites.
Ayez la conscience pure et Dieu prendra votre défense.
Toute la malice des hommes ne saurait nuire à celui que Dieu veut protéger.
Si vous savez vous taire et souffrir, Dieu sans doute vous assistera.
Il sait le temps et la manière de vous délivrer: abandonnez-vous donc à lui.
C'est de Dieu que vient le secours, c'est lui qui délivre de la confusion.
Il est souvent très utile, pour nous retenir dans une plus grande humilité, que les autres soient instruits de nos défauts et qu'ils nous les reprochent.
Quand un homme s'humilie de ses défauts, il apaise aisément les autres et se concilie sans peine ceux qui sont irrités contre lui.
Dieu protège l'humble et le délivre, il aime l'humble et le console, il s'incline vers l'humble et lui prodigue ses grâces, et après l'abaissement, il l'élève dans la gloire.
Il révèle à l'humble ses secrets, il l'invite et l'attire doucement à lui.
Quelque affront qu'il reçoive, l'humble vit encore en paix, parce qu'il s'appuie sur Dieu et non sur le monde.
Ne pensez pas avoir fait de progrès si vous ne vous croyez au-dessous de tous les autres
Réflexion de Lamennais
Que vous importent les discours et les pensées des hommes! Ce ne seront point eux qui vous jugeront.
S'ils vous accusent à tort, Celui qui voit le fond des consciences vous a déjà justifié.
S'ils vous reprochent des fautes réelles, n'êtes-vous pas heureux d'être averti, heureux de souffrir une humiliation salutaire?
Ce qui vous trouble, c'est l'orgueil qui ne saurait supporter d'être repris.
L'humble ne s'irrite point, ne s'émeut point, lors même que la passion le condamne injustement. Plein du sentiment de sa misère, on ne saurait jamais tant l'abaisser, qu'il ne s'abaisse dans son coeur encore davantage.
Voulez-vous que rien n'altère le calme de votre âme, abandonnez-vous à Dieu en toutes choses. Et dans les peines, les contrariétés, les traverses, dites avec Jésus-Christ: Oui, mon Père, parce qu'il vous a plu ainsi !
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Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Troisième
De l'homme pacifique
Réflexion de Lamennais
Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés les enfants de Dieu.
Comprenez la grandeur de ce nom et l'instruction profonde qu'il renferme. La paix, c'est l'ordre parfait: et le trouble, les dissensions, les discordes, la guerre, ne sont entrés dans le monde que par la violation de l'ordre ou par le péché. Ainsi, point de paix où règne le péché; point de paix dans l'homme dont les pensées, les affections, les volontés ne sont pas en tout conformes à l'ordre ou à la vérité et à la volonté de Dieu: point de paix dans la société dont les doctrines et les lois s'écartent de la loi et des doctrines révélées de Dieu.
Et quiconque, homme ou peuple, méprise cette loi, nie ces doctrines, ne fût-ce qu'en un seul point, cet homme, ce peuple rebelle à Dieu, subit à l'instant le châtiment de son crime. Un malaise inconnu s'empare de lui: je ne sais quelle force désordonnée le pousse et le repousse en tous sens, et nulle part il ne trouve de repos. Comme Caïn, après son meurtre, il a peur.
Non, la paix n'est, en effet que pour les enfants de Dieu. Ils la goûtent en eux-mêmes, et la répandent sur les autres. Elle coule, pour ainsi dire de leur coeur, comme ces fleuves qui arrosaient l'heureux séjour de notre premier père, au temps de son innocence. Et quand viendra la dernière heure, ce sera encore la paix, car le royaume de Dieu est justice et paix. Enfants de Dieu, entrez dans le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde.
De l'homme pacifique
- Spoiler:
- Conservez-vous premièrement dans la paix: et alors vous pourrez la donner aux autres.
Le pacifique est plus utile que le savant.
Un homme passionné change le bien en mal, et croit le mal aisément. L'homme paisible et bon ramène tout au bien.
Celui qui est affermi dans la paix ne pense mal de personne; mais l'homme inquiet et mécontent est agité de divers soupçons: il n'a jamais de repos, et n'en laisse point aux autres.
Il dit souvent ce qu'il ne faudrait pas dire, et ne fait pas ce qu'il faudrait faire.
Attentif aux devoirs des autres, il néglige ses propres devoirs.
Ayez donc premièrement du zèle pour vous-même, et vous pourrez ensuite avec justice l'étendre sur le prochain.
Vous savez bien colorer et excuser vos fautes, et vous ne voulez pas recevoir les excuses des autres.
Il serait plus juste de vous accuser vous-même et d'excuser votre frère.
Si vous voulez qu'on vous supporte, supportez aussi les autres.
Voyez combien vous êtes loin encore de la vraie charité et de l'humilité, qui jamais ne s'irrite et ne s'indigne que contre elle-même.
Ce n'est pas une grande chose de bien vivre avec les hommes doux et bons, car cela plaît naturellement à tous; chacun aime son repos, et s'affectionne à ceux qui partagent ses sentiments.
Mais vivre en paix avec des hommes durs, pervers, sans règle, ou qui nous contrarient, c'est une grande grâce, une vertu courageuse digne d'être louée.
Il y en a qui sont en paix avec eux-mêmes et avec les autres.
Et il y en a qui n'ont point la paix, et qui troublent celle d'autrui: ils sont à charge aux autres, et plus à charge à eux-mêmes.
Il y en a, enfin, qui se maintiennent dans la paix et qui s'efforcent de la rendre aux autres.
Au reste toute notre paix dans cette misérable vie, consiste plus dans une souffrance humble que dans l'exemption de la souffrance.
Qui sait le mieux souffrir possédera la plus grande paix. Celui-là est vainqueur de soi et maître du monde, ami de Jésus-Christ et héritier du ciel.
Réflexion de Lamennais
Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés les enfants de Dieu.
Comprenez la grandeur de ce nom et l'instruction profonde qu'il renferme. La paix, c'est l'ordre parfait: et le trouble, les dissensions, les discordes, la guerre, ne sont entrés dans le monde que par la violation de l'ordre ou par le péché. Ainsi, point de paix où règne le péché; point de paix dans l'homme dont les pensées, les affections, les volontés ne sont pas en tout conformes à l'ordre ou à la vérité et à la volonté de Dieu: point de paix dans la société dont les doctrines et les lois s'écartent de la loi et des doctrines révélées de Dieu.
Et quiconque, homme ou peuple, méprise cette loi, nie ces doctrines, ne fût-ce qu'en un seul point, cet homme, ce peuple rebelle à Dieu, subit à l'instant le châtiment de son crime. Un malaise inconnu s'empare de lui: je ne sais quelle force désordonnée le pousse et le repousse en tous sens, et nulle part il ne trouve de repos. Comme Caïn, après son meurtre, il a peur.
Non, la paix n'est, en effet que pour les enfants de Dieu. Ils la goûtent en eux-mêmes, et la répandent sur les autres. Elle coule, pour ainsi dire de leur coeur, comme ces fleuves qui arrosaient l'heureux séjour de notre premier père, au temps de son innocence. Et quand viendra la dernière heure, ce sera encore la paix, car le royaume de Dieu est justice et paix. Enfants de Dieu, entrez dans le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Quatre
De la pureté d'esprit et de la droiture d'intention
Réflexion de Lamennais
Quand Jésus-Christ voulut proposer un modèle à ses disciples, le choisit-il parmi les hommes distingués par la science ou par la supériorité de leur esprit? Non; il appela un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit: En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
Or, que voyons nous dans l'enfance? La simplicité, la pureté. Elle croit, elle aime, elle agit, sans retour sur elle-même, par un premier mouvement du coeur; et voilà ce qui plaît à Dieu. Il ne demande ni de longues prières, ni d'éloquents discours, ni des méditations profondes, mais une volonté droite et un amour plein de candeur. N'avoir en tout de désirs que les siens, s'oublier entièrement soi-même, se soumettre aux volontés de l'adorable Providence, sans chercher à les scruter.
Quoi de plus pur que cet abandon, que cette simple obéissance? Aussi la récompense en sera-t-elle grande: Heureux, est-il dit, ceux qui ont le coeur pur parce qu'ils verront Dieu.
De la pureté d'esprit et de la droiture d'intention
- Spoiler:
- L'homme s'élève au-dessus de la terre sur deux ailes, la simplicité et la pureté.
La simplicité doit être dans l'intention, et la pureté dans l'affection.
La simplicité cherche Dieu, la pureté le trouve et le goûte.
Nulle bonne oeuvre ne vous sera difficile si vous êtes libre au-dedans de toute affection déréglée.
Si vous ne voulez que ce que Dieu veut et ce qui est utile au prochain, vous jouirez de la liberté intérieure.
Si votre coeur était droit, alors toute créature vous serait un miroir de vie et un livre rempli de saintes instructions.
Il n'est point de créature si petite et si vile qui ne présente quelque image de la bonté de Dieu.
Si vous aviez en vous assez d'innocence et de pureté, vous verriez tout sans obstacle. Un coeur pur pénètre le ciel et l'enfer.
Chacun juge des choses du dehors selon ce qu'il est au-dedans de lui-même.
S'il est quelque joie dans le monde, le coeur pur la possède.
Et s'il y a des angoisses et des tribulations, avant tout elles sont connues de la mauvaise conscience.
Comme le fer mis au feu perd sa rouille et devient tout étincelant, ainsi celui qui se donne sans réserve à Dieu se dépouille de sa langueur et se change en un homme nouveau.
Quand l'homme commence à tomber dans la tiédeur, alors il craint le moindre travail et reçoit avidement les consolations du dehors.
Mais quand il commence à se vaincre parfaitement et à marcher avec courage dans la voie de Dieu, alors il compte pour rien ce qui lui était le plus pénible.
Réflexion de Lamennais
Quand Jésus-Christ voulut proposer un modèle à ses disciples, le choisit-il parmi les hommes distingués par la science ou par la supériorité de leur esprit? Non; il appela un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit: En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
Or, que voyons nous dans l'enfance? La simplicité, la pureté. Elle croit, elle aime, elle agit, sans retour sur elle-même, par un premier mouvement du coeur; et voilà ce qui plaît à Dieu. Il ne demande ni de longues prières, ni d'éloquents discours, ni des méditations profondes, mais une volonté droite et un amour plein de candeur. N'avoir en tout de désirs que les siens, s'oublier entièrement soi-même, se soumettre aux volontés de l'adorable Providence, sans chercher à les scruter.
Quoi de plus pur que cet abandon, que cette simple obéissance? Aussi la récompense en sera-t-elle grande: Heureux, est-il dit, ceux qui ont le coeur pur parce qu'ils verront Dieu.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Cinq
De la considération de soi-même
Réflexion de Lamennais
Quand vous sauriez ce qu'il y a de bon et de mauvais dans chaque homme, sans en excepter un seul, à quoi cela vous servirait-il, si vous vous ignorez vous-même ? On ne vous interrogera point, au dernier jour, sur la conscience d'autrui. Laissez donc là une sollicitude dont presque toujours l'orgueil et la malignité sont le principe. Et occupez-vous d'un soin plus agréable à Dieu et plus utile pour vous.
La grande, la vraie science est de se connaître soi-même. Ce doit être notre étude de tous les instants. Alors on apprend à se mépriser, à gémir sur la plaie de son coeur, sur l'amour-propre effréné qui nous domine, sur les secrètes convoitises qui nous tourmentent, et l'on s'écrie comme l'Apôtre: Qui me délivrera de ce corps de mort ? Heureuse, heureuse délivrance !
Mais que trouverons-nous après, si nous avons été fidèles ? Dieu, uniquement Dieu, et en lui toutes choses, toute consolation, tout bien. O mon âme, puisqu'il en est ainsi, commence dès ce moment même à te dégager du poids qui t'affaisse, de la terre et des créatures, pour ne t'attacher qu'à Dieu seul.
De la considération de soi-même
- Spoiler:
- Nous ne devons pas trop compter sur nous-mêmes, parce que souvent la grâce et le jugement nous manquent.
Nous n'avons en nous que peu de lumière, et ce peu, il est aisé de le perdre par négligence.
Souvent nous ne nous apercevons pas combien nous sommes aveugles au-dedans de nous.
A de mauvaises actions souvent nous donnons de pires excuses.
Quelquefois nous sommes mus par la passion et nous croyons que c'est par le zèle.
Nous relevons de petites fautes dans les autres et nous nous en permettons de plus grandes.
Nous sentons bien vite et nous pesons ce que nous souffrons des autres; mais tout ce qu'ils ont à souffrir de nous, nous n'y songeons point.
Qui se jugerait équitablement soi-même, sentirait qu'il n'a droit de juger personne sévèrement.
L'homme intérieur préfère le soin de soi-même à tout autre soin: et lorsqu'on est attentif à soi, on se tait aisément sur les autres.
Vous ne serez jamais un homme intérieur et vraiment pieux, si vous ne gardez le silence sur ce qui vous est étranger, et si vous ne vous occupez principalement de vous-même.
Si vous n'avez que Dieu et vous-même en vue, vous serez peu touché de ce que vous apercevrez au-dehors.
Où êtes-vous quand vous n'êtes pas présent à vous-même ? Et que vous revient-il d'avoir tout parcouru, et de vous être oublié ?
Si vous voulez posséder la paix et être véritablement uni à Dieu, il faut laisser là tout le reste, et ne penser qu'à vous seul.
Vous ferez de grands progrès si vous vous dégagez de tous les soins du temps.
Vous serez, au contraire, fatigué bien vite, si vous comptez pour quelque chose ce qui n'est que de ce monde.
Qu'il n'y ait rien de grand à vos yeux, d'élevé, de doux, d'aimable, que Dieu seul, ou ce qui vient de Dieu.
Regardez comme une pure vanité toute consolation qui repose sur la créature.
L'âme qui aime Dieu méprise tout ce qui est au-dessous de Dieu.
Dieu seul, éternel, immense et remplissant tout, est la consolation de l'âme et la vraie joie du coeur.
Réflexion de Lamennais
Quand vous sauriez ce qu'il y a de bon et de mauvais dans chaque homme, sans en excepter un seul, à quoi cela vous servirait-il, si vous vous ignorez vous-même ? On ne vous interrogera point, au dernier jour, sur la conscience d'autrui. Laissez donc là une sollicitude dont presque toujours l'orgueil et la malignité sont le principe. Et occupez-vous d'un soin plus agréable à Dieu et plus utile pour vous.
La grande, la vraie science est de se connaître soi-même. Ce doit être notre étude de tous les instants. Alors on apprend à se mépriser, à gémir sur la plaie de son coeur, sur l'amour-propre effréné qui nous domine, sur les secrètes convoitises qui nous tourmentent, et l'on s'écrie comme l'Apôtre: Qui me délivrera de ce corps de mort ? Heureuse, heureuse délivrance !
Mais que trouverons-nous après, si nous avons été fidèles ? Dieu, uniquement Dieu, et en lui toutes choses, toute consolation, tout bien. O mon âme, puisqu'il en est ainsi, commence dès ce moment même à te dégager du poids qui t'affaisse, de la terre et des créatures, pour ne t'attacher qu'à Dieu seul.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Six
De la joie d'une bonne conscience
Réflexion de Lamennais
Nul repos pour celui qui ne le trouve pas en soi. Le coeur inquiet, qui cherche au dehors dans les créatures la paix dont il est privé intérieurement, se fait une grande illusion; elle n'est pas là.
Pourquoi vous tromper vous-même ? La mer soulevée par les tempêtes n'est pas plus agitée que le monde et vous lui dites: Apaise mon trouble ! Il n'y a de calme que dans le sein de Dieu. Il n'y a de joie que dans la conscience pure. Les plaisirs distraient, les passions enivrent un moment. Mais ce moment passé, que reste-t-il ? Et encore que d'ennui souvent et que d'amertume pendant sa durée !
Vous représentez-vous, au contraire, une félicité comparable à celle qui accompagne l'innocence, quelque chose qui, dès ici-bas, ressemble plus au ciel que l'état d'une âme détachée de la terre et tranquille sous la main de Dieu qu'elle possède déjà par l'espérance et l'amour ? Eh bien donc, que cet état devienne le vôtre: venez et goûtez combien le Seigneur est doux. Faites un effort, veuillez seulement. Celui qui donne le bon vouloir vous donnera aussi de l'accomplir.
De la joie d'une bonne conscience
- Spoiler:
- La gloire de l'homme de bien est le témoignage de sa conscience.
Ayez la conscience pure et vous posséderez toujours la joie.
La bonne conscience peut supporter beaucoup de choses et elle est pleine de joie dans les adversités.
La mauvaise conscience est toujours inquiète et troublée.
Vous jouirez d'un repos ravissant si votre coeur ne vous reproche rien.
Ne vous réjouissez que d'avoir fait le bien.
Les méchants n'ont jamais de véritable joie, ils ne possèdent point la paix intérieure, parce qu'il n'y a point de paix pour l'impie, dit le Seigneur.
Et s'ils disent: Nous sommes dans la paix, les maux ne viendront pas sur nous; et qui oserait nous nuire ? ne les croyez pas car la colère de Dieu se lèvera soudain, et leurs oeuvres seront réduites à rien, et leurs pensées périront.
Se faire un sujet de gloire de la tribulation n'est pas difficile à celui qui aime: car se glorifier ainsi, c'est se glorifier dans la croix de Jésus-Christ.
La gloire que les hommes donnent et reçoivent est courte.
La tristesse accompagne toujours la gloire du monde.
La gloire des bons est dans leur conscience et non dans la bouche des hommes.
L'allégresse des justes est de Dieu et en Dieu, et leur joie vient de la vérité.
Celui qui désire la gloire véritable et éternelle dédaigne la gloire du temps.
Et celui qui recherche la gloire du temps et ne la méprise pas de toute son âme montre qu'il aime peu la gloire éternelle.
Il jouit d'une grande tranquillité de coeur, celui que n'émeut ni la louange ni le blâme.
Il sera aisément en paix et content, celui dont la conscience est pure.
Vous n'êtes pas plus saint parce qu'on vous loue, ni plus imparfait parce qu'on vous blâme.
Vous êtes ce que vous êtes, et tout ce qu'on pourra dire ne vous fera pas plus grand que vous ne l'êtes aux yeux de Dieu.
Si vous considérez bien ce que vous êtes en vous-même, vous vous embarrasserez peu de ce que les hommes disent de vous.
L'homme voit le visage, mais Dieu voit le coeur. L'homme regarde les actions; mais Dieu pèse l'intention.
Faire toujours bien et s'estimer peu, c'est le signe d'une âme humble.
Ne vouloir de consolation d'aucune créature, c'est la marque d'une grande pureté et d'une grande confiance intérieure.
Quand on ne cherche au-dehors aucun témoignage en sa faveur, il est manifeste qu'on s'est entièrement remis à Dieu.
Car ce n'est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, dit Saint Paul, mais celui que Dieu recommande.
Avoir toujours Dieu présent au-dedans de soi et ne tenir à rien au-dehors, c'est l'état de l'homme intérieur
Réflexion de Lamennais
Nul repos pour celui qui ne le trouve pas en soi. Le coeur inquiet, qui cherche au dehors dans les créatures la paix dont il est privé intérieurement, se fait une grande illusion; elle n'est pas là.
Pourquoi vous tromper vous-même ? La mer soulevée par les tempêtes n'est pas plus agitée que le monde et vous lui dites: Apaise mon trouble ! Il n'y a de calme que dans le sein de Dieu. Il n'y a de joie que dans la conscience pure. Les plaisirs distraient, les passions enivrent un moment. Mais ce moment passé, que reste-t-il ? Et encore que d'ennui souvent et que d'amertume pendant sa durée !
Vous représentez-vous, au contraire, une félicité comparable à celle qui accompagne l'innocence, quelque chose qui, dès ici-bas, ressemble plus au ciel que l'état d'une âme détachée de la terre et tranquille sous la main de Dieu qu'elle possède déjà par l'espérance et l'amour ? Eh bien donc, que cet état devienne le vôtre: venez et goûtez combien le Seigneur est doux. Faites un effort, veuillez seulement. Celui qui donne le bon vouloir vous donnera aussi de l'accomplir.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Sept
Qu'il faut aimer Jésus-Christ par-dessus toutes choses
Réflexion de Lamennais
Entraînés par le charme de sentir, ainsi que parle Bossuet, nous cherchons notre bien dans les créatures, qui nous échappent et s'évanouissent comme des ombres. Nous voulons aimer et être aimés, et nous nous éloignons de la source du véritable amour, de l'amour infini.
Comprenons enfin combien il est insensé d'attacher notre coeur à ce qui passe, et combien sont vaines ces amitiés de la terre qui s'en vont avec les années et les intérêts. Aimons Jésus sans partage, aimons-le comme il nous aime et comme il veut être aimé. La mesure de notre amour pour lui, dit saint Bernard, est de l'aimer sans mesure. Malheur à qui lui préfère quelque chose ! Ses désirs sont sur la route du néant.
Qu'il faut aimer Jésus-Christ par-dessus toutes choses
- Spoiler:
- Heureux celui qui comprend ce que c'est que d'aimer Jésus, et de se mépriser soi-même à cause de Jésus.
Il faut que notre amour pour lui nous détache de tout autre amour, parce que Jésus veut être aimé seul par-dessus toutes choses.
L'amour de la créature est trompeur et passe bientôt; l'amour de Jésus est stable et fidèle.
Celui qui s'attache à la créature tombera avec elle; celui qui s'attache à Jésus sera pour jamais affermi.
Aimez et conservez pour ami Celui qui ne vous quittera point alors que tous vous abandonneront, et qui, quand viendra votre fin, ne vous laissera point périr.
Que vous le vouliez ou non, il vous faudra un jour être séparé de tout.
Vivant et mourant, tenez-vous donc près de Jésus et confiez-vous à la fidélité de celui qui seul peut vous secourir lorsque tout vous manquera.
Tel est votre bien-aimé, qu'il ne veut point de partage; il veut posséder seul votre coeur et y régner comme un roi sur le trône qui est à lui.
Si vous saviez bannir de votre âme toutes les créatures, Jésus se plairait à demeurer en vous.
Vous trouverez avoir perdu presque tout ce que vous aurez établi sur les hommes et non sur Jésus !
Ne vous appuyez point sur un roseau qu'agite le vent et n'y mettez pas votre confiance, car toute chair est comme l'herbe, et sa gloire passe comme la fleur des champs.
Vous serez trompé souvent si vous jugez des hommes d'après ce qui paraît au-dehors; au lieu des avantages et du soulagement que vous cherchez en eux, vous n'éprouverez presque toujours que du préjudice.
Cherchez Jésus en tout, et en tout vous trouverez Jésus. Si vous vous cherchez vous-même, vous vous trouverez aussi, mais pour votre perte.
Car l'homme qui ne cherche pas Jésus se nuit plus à lui-même que tous ses ennemis et que le monde entier
Réflexion de Lamennais
Entraînés par le charme de sentir, ainsi que parle Bossuet, nous cherchons notre bien dans les créatures, qui nous échappent et s'évanouissent comme des ombres. Nous voulons aimer et être aimés, et nous nous éloignons de la source du véritable amour, de l'amour infini.
Comprenons enfin combien il est insensé d'attacher notre coeur à ce qui passe, et combien sont vaines ces amitiés de la terre qui s'en vont avec les années et les intérêts. Aimons Jésus sans partage, aimons-le comme il nous aime et comme il veut être aimé. La mesure de notre amour pour lui, dit saint Bernard, est de l'aimer sans mesure. Malheur à qui lui préfère quelque chose ! Ses désirs sont sur la route du néant.
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Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Huit
De la familiarité que l'amour établit entre Jésus et l'âme fidèle
Réflexion de Lamennais
L'amour a fait descendre le Fils de Dieu sur la terre. L'amour nous élève jusqu'à lui. Alors s'établit entre notre âme et Jésus comme une union ravissante, alors s'accomplit cette promesse: Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous.
Venez donc, ô mon Jésus, venez briser les derniers liens qui m'attachent aux créatures et retardent l'heureux moment où je ne vivrai plus que pour vous. Faites que, m'oubliant moi-même, je ne voie, je ne désire que vous seul, et me repose sur votre sein comme le disciple bien-aimé, dans cette paix délicieuse que le monde ne donne pas, qu'il ne peut même comprendre, mais aussi que ses orages ne sauraient troubler.
De la familiarité que l'amour établit entre Jésus et l'âme fidèle
- Spoiler:
- Quand Jésus est présent, tout est doux et rien ne semble difficile; mais quand Jésus se retire, tout fatigue.
Quand Jésus ne parle pas au-dedans, nulle consolation n'a de prix; mais si Jésus dit une seule parole, on est merveilleusement consolé.
Marie-Madeleine ne se leva-t'elle pas aussitôt du lit où elle pleurait, lorsque Marthe lui dit: Le maître est là, et vous appelle ?
Heureux moment où Jésus appelle des larmes à la joie de l'esprit !
Combien, sans Jésus, n'êtes-vous pas aride et insensible !
Et quelle vanité, quelle folie, si vous désirez autre chose que Jésus-Christ ! Ne serait-ce pas une plus grande perte que si vous aviez perdu le monde entier ?
Que peut vous donner le monde sans Jésus ?
Etre sans Jésus, c'est un insupportable enfer; être avec Jésus, c'est un paradis de délices.
Si Jésus est avec vous, nul ennemi ne pourra vous nuire.
Qui trouve Jésus trouve un trésor immense, ou plutôt un bien au-dessus de tout bien.
Qui perd Jésus perd plus et beaucoup plus que s'il perdait le monde entier.
Vivre sans Jésus, c'est le comble de l'indigence; être uni à Jésus, c'est posséder des richesses infinies.
C'est un grand art que de savoir converser avec Jésus, et une grande prudence que de savoir le retenir près de soi.
Soyez humble et pacifique, et Jésus sera avec vous.
Que votre vie soit pieuse et calme, et Jésus demeurera près de vous.
Vous éloignerez bientôt Jésus et vous perdrez sa grâce, si vous voulez vous répandre au-dehors.
Et si vous l'éloignez et le perdez, qui sera votre refuge et quel autre ami chercherez-vous ?
Vous ne sauriez vivre heureux sans ami; et si Jésus n'est pas pour vous un ami au-dessus de tous les autres, n'attendez que tristesse et désolation.
Qu'insensé vous êtes, si vous mettez en quelque autre votre confiance ou votre joie !
Il vaudrait mieux avoir le monde entier contre vous, que d'être dans la disgrâce de Jésus.
Qu'il vous soit donc plus cher que tout ce qui vous est cher.
Aimez tous les autres pour Jésus, et Jésus pour lui-même.
Lui seul doit être aimé uniquement, parce qu'il est le seul ami bon, fidèle, entre tous les amis.
Aimez en lui et à cause de lui vos amis et vos ennemis, et priez-le pour tous afin que tous le connaissent et l'aiment.
Ne souhaitez jamais d'obtenir aucune préférence dans l'estime ou l'amour des hommes; car cela n'appartient qu'à Dieu, qui n'a point d'égal.
Ne désirez point que quelqu'un s'occupe de vous dans son coeur, et ne soyez vous-même préoccupé de l'amour de personne; mais que Jésus soit en vous et en tout homme de bien
Soyez pur et libre au-dedans, sans aucune attache à la créature.
Il vous faut être dépouillé de tout, et offrir à Dieu un coeur pur, si vous voulez être libre et goûter comme le Seigneur est doux.
Et certes, jamais vous n'y parviendrez si sa grâce ne vous prévient et ne vous attire: de sorte qu'ayant exclu et banni tout le reste, vous soyez seul uni à lui seul.
Car lorsque la grâce de Dieu visite l'homme, alors il peut tout; et quand elle se retire, alors il est pauvre et infirme, et ne semble réservé qu'aux châtiments.
En cet état même, il ne doit ni se laisser abattre ni désespérer, mais il doit se soumettre avec calme à la volonté de Dieu et souffrir pour l'amour de Jésus-Christ tout ce qui lui arrive: car l'été succède à l'hiver, après la nuit revient le jour, et après la tempête une grande sérénité.
Réflexion de Lamennais
L'amour a fait descendre le Fils de Dieu sur la terre. L'amour nous élève jusqu'à lui. Alors s'établit entre notre âme et Jésus comme une union ravissante, alors s'accomplit cette promesse: Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous.
Venez donc, ô mon Jésus, venez briser les derniers liens qui m'attachent aux créatures et retardent l'heureux moment où je ne vivrai plus que pour vous. Faites que, m'oubliant moi-même, je ne voie, je ne désire que vous seul, et me repose sur votre sein comme le disciple bien-aimé, dans cette paix délicieuse que le monde ne donne pas, qu'il ne peut même comprendre, mais aussi que ses orages ne sauraient troubler.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Neuf
De la privation de toute consolation
Réflexion de Lamennais
Bien que l'humanité sainte du Sauveur ne cessât de jouir, par son union intime avec le Verbe divin, d'une paix et d'une joie inaltérable, il ne laissait pas de ressentir souvent, dans la partie inférieure de l'âme, les afflictions et les douleurs devenues l'apanage de notre nature depuis le péché.
Qui n'a présentes à l'esprit ces grandes paroles: Mon âme est triste jusqu'à la mort.
Mon Père! Mon Père! Pourquoi m'avez-vous délaissé ? Ainsi l'âme chrétienne, sans perdre sa paix, est éprouvée aussi par la tristesse et les tribulations intérieures. Si elle goûtait toujours la consolation, il serait à craindre qu'elle ne tombât peu à peu dans le relâchement, et qu'aurait-elle d'ailleurs à offrir à son bien-aimé ? La vertu se perfectionne dans l'infirmité. C'est l'Apôtre qui nous l'apprend: et il ajoute aussitôt: Je me glorifierai donc dans mes infirmités, afin que la vertu de Jésus-Christ habite en moi.
Cette espèce d'abandon, cet exil du cour, nous rappelle vivement notre misère, que nous oublions trop facilement, exerce notre foi, notre amour, et nous maintient dans l'humilité.
Gardez-vous donc, en ces moments où Jésus paraît se retirer de vous, de fléchir sous le poids de l'épreuve, et de vous laisser aller au découragement. "Un des grands secours, dit un pieux auteur, pour bien porter sa Croix, est d'en ôter l'inquiétude et de rendre cette peine tranquille par une totale conformité à la divine volonté."
Au lieu de gémir et de vous troubler, réjouissez-vous plutôt, car il est écrit: Ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent dans l'allégresse. Ils allaient et pleuraient en répandant des semences. Ils reviendront pleins de joie, portant des gerbes dans leurs mains.
De la privation de toute consolation
- Spoiler:
- Il n'est pas difficile de mépriser les consolations humaines quand on jouit des consolations divines.
Mais il est grand et très grand de consentir à être privé tout à la fois des consolations des hommes et de celles de Dieu, de supporter volontairement pour sa gloire cet exil du coeur, de ne se rechercher en rien, et de ne faire aucun retour sur ses propres mérites.
Qu'y a-t'il d'étonnant si vous êtes rempli d'allégresse et de ferveur lorsque la grâce descend en vous ? C'est pour tous l'heure désirable.
Il avance aisément et avec joie, celui que la grâce soulève.
Comment sentirait-il son fardeau, quand il est porté par le Tout-Puissant et conduit par le guide suprême ?
Toujours nous cherchons quelque soulagement, et difficilement l'homme se dépouille de lui-même.
Fidèle à son évêque, le saint martyr Laurent vainquit le siècle parce qu'il méprisa tout ce que le monde offre de séduisant, et qu'il souffrit en paix, pour l'amour de Jésus-Christ, d'être séparé du souverain prêtre de Dieu, de Sixte, qu'il aimait avec une vive tendresse.
Pour l'amour du Créateur surmontant l'amour de l'homme, aux consolations humaines il préféra le bon plaisir divin.
Et vous aussi, apprenez donc à quitter, pour l'amour de Dieu, l'ami le plus cher et le plus intime.
Et ne murmurez point s'il arrive que votre ami vous abandonne, sachant qu'après tout il faudra bien un jour se séparer tous.
Ce n'est pas sans combattre beaucoup et longtemps en lui-même, que l'homme apprend à se vaincre pleinement et à reporter en Dieu toutes ses affections.
Lorsqu'il s'appuie sur lui-même, il se laisse aisément aller aux consolations humaines.
Mais celui qui a vraiment l'amour de Jésus-Christ et le zèle de la vertu ne cède point à l'attrait des consolations, et ne cherche point les douceurs sensibles; il désire plutôt de fortes épreuves, et de souffrir de durs travaux pour Jésus-Christ.
Quand donc Dieu vous accorde quelque consolation spirituelle, recevez-la avec actions de grâces; mais reconnaissez-y le don de Dieu et non votre propre mérite.
Ne vous en élevez pas, n'en ayez point trop de joie, n'en concevez pas une vaine présomption. Que cette grâce, au contraire, vous rende plus humble, plus vigilant, plus timide dans toutes vos actions; car ce moment passera et sera suivi de la tentation.
Quand la consolation vous est ôtée, ne vous découragez pas aussitôt; mais attendez avec humilité et avec patience que Dieu vous visite de nouveau: car il est tout-puissant pour vous consoler encore plus.
Cela n'est ni nouveau ni étrange pour ceux qui ont l'expérience des voies de Dieu: les grands saints et les anciens prophètes ont souvent éprouvé ces vicissitudes.
Un d'eux, sentant la présence de la grâce, s'écriait: J'ai dit dans mon abondance: Je ne serai jamais ébranlé ! Mais la grâce s'étant retirée, il ajoutait: Vous avez détourné de moi votre face, et j'ai été rempli de trouble.
Dans ce trouble cependant, il ne désespère point; mais il prie le Seigneur avec plus d'insistance, disant: Seigneur, je crierai vers vous, et j'implorerai mon Dieu.
Enfin il recueille le fruit de sa prière et il témoigne qu'il a été exaucé: Le Seigneur m'a écouté, il a eu pitié de moi, le Seigneur s'est fait mon appui.
Mais comment ? Vous avez, dit-il, changé mes gémissements en chants d'allégresse, et vous m'avez environné de joie.
Or, puisque Dieu en use ainsi avec les plus grands saints, nous ne devons pas perdre courage, pauvres infirmes que nous sommes, si quelquefois nous éprouvons de la ferveur et quelquefois du refroidissement: car l'esprit de Dieu vient et se retire comme il lui plaît. Ce qui faisait dire au bienheureux Job: Vous visitez l'homme dès le matin, et aussitôt vous l'éprouvez.
En quoi donc espérer, et en quoi mettre ma confiance, si ce n'est uniquement dans la grande miséricorde de mon Dieu et dans l'attente de la grâce céleste ?
Car, soit que j'aie près de moi des hommes vertueux, des religieux fervents, des amis fidèles; soit que je lise de saints livres et d'éloquents traités, soit que j'entende le doux chant des hymnes, tout cela aide peu et ne touche guère quand la grâce se retire, et que je suis délaissé dans ma propre indigence.
Alors il n'est point de meilleur remède qu'une humble patience et l'abandon de soi-même à la volonté de Dieu.
Je n'ai jamais rencontré d'homme si pieux et si parfait qui n'ait éprouvé quelquefois cette privation de la grâce et une diminution de ferveur.
Nul saint n'a été ravi si haut ni si rempli de lumière qu'il n'ait été tenté avant ou après.
Car il n'est pas digne d'être élevé jusqu'à la contemplation de Dieu, celui qui n'a pas souffert pour Dieu quelque tribulation.
La tentation annonce d'ordinaire la consolation qui doit suivre.
Car la consolation céleste est promise à ceux qu'a éprouvés la tentation. Celui qui vaincra, dit le Seigneur, je lui donnerai à manger du fruit de l'arbre de vie.
La consolation divine est donnée afin que l'homme ait plus de force pour soutenir l'adversité.
La tentation vient après, afin qu'il ne s'enorgueillisse pas du bien.
Car Satan ne dort point, et la chair n'est pas encore morte: c'est pourquoi ne cessez de vous préparer au combat, parce qu'à droite et à gauche sont des ennemis qui ne se reposent jamais.
Réflexion de Lamennais
Bien que l'humanité sainte du Sauveur ne cessât de jouir, par son union intime avec le Verbe divin, d'une paix et d'une joie inaltérable, il ne laissait pas de ressentir souvent, dans la partie inférieure de l'âme, les afflictions et les douleurs devenues l'apanage de notre nature depuis le péché.
Qui n'a présentes à l'esprit ces grandes paroles: Mon âme est triste jusqu'à la mort.
Mon Père! Mon Père! Pourquoi m'avez-vous délaissé ? Ainsi l'âme chrétienne, sans perdre sa paix, est éprouvée aussi par la tristesse et les tribulations intérieures. Si elle goûtait toujours la consolation, il serait à craindre qu'elle ne tombât peu à peu dans le relâchement, et qu'aurait-elle d'ailleurs à offrir à son bien-aimé ? La vertu se perfectionne dans l'infirmité. C'est l'Apôtre qui nous l'apprend: et il ajoute aussitôt: Je me glorifierai donc dans mes infirmités, afin que la vertu de Jésus-Christ habite en moi.
Cette espèce d'abandon, cet exil du cour, nous rappelle vivement notre misère, que nous oublions trop facilement, exerce notre foi, notre amour, et nous maintient dans l'humilité.
Gardez-vous donc, en ces moments où Jésus paraît se retirer de vous, de fléchir sous le poids de l'épreuve, et de vous laisser aller au découragement. "Un des grands secours, dit un pieux auteur, pour bien porter sa Croix, est d'en ôter l'inquiétude et de rendre cette peine tranquille par une totale conformité à la divine volonté."
Au lieu de gémir et de vous troubler, réjouissez-vous plutôt, car il est écrit: Ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent dans l'allégresse. Ils allaient et pleuraient en répandant des semences. Ils reviendront pleins de joie, portant des gerbes dans leurs mains.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Dix
De la reconnaissance pour la grâce de Dieu
Réflexion de Lamennais
L'homme est si pauvre, qu'il n'a pas même une bonne pensée, un bon désir qui ne lui vienne d'en haut. De lui-même il ne peut rien, pas même souhaiter d'être affranchi de sa misère, qu'il ne connaît que par une lumière surnaturelle.
Si la divine miséricorde ne le prévenait, il languirait dans une éternelle impuissance de tout bien. Plus la grâce donc lui est donnée avec abondance, plus il a raison de s'humilier, en voyant ce qu'il serait sans elle, ce qu'il est par son propre fonds. Créature insensée qui t'enorgueillis des dons de Dieu, qu'as-tu que tu n'aies reçu, et si tu l'as reçu pourquoi te glorifier, comme si tu ne l'avais pas reçu ?
Il faut que l'orgueil plie sous cette parole, et que l'homme tout entier s'anéantisse en présence de Celui qui seul le retire de l'abîme où le péché l'avait précipité. Il ne se relève qu'en s'abaissant: ce qui faisait dire à saint Paul: Quand je me sens faible, c'est alors que je suis fort. Je vous comprends, ô grand Apôtre ! Ce sentiment qui vous humilie, appelle la grâce promise aux humbles, et par elle, vous êtes revêtu de la force de Dieu même.
Que ne devons-nous point à ce Dieu de bonté, et que lui rendrons-nous pour tant de bienfaits ? Hélas ! Dans notre indigence, nous n'avons à lui offrir que notre coeur, et c'est aussi ce qu'il demande de sa pauvre créature. Que ce coeur au moins lui appartienne sans réserve, que rien ne le partage. Qu'il ne veuille, qu'il ne goûte que Dieu, ne vive que de son amour, et qu'ainsi commence sur la terre cette union ravissante qui sera plus tard notre éternelle félicité.
De la reconnaissance pour la grâce de Dieu
- Spoiler:
- Pourquoi cherchez-vous le repos lorsque vous êtes né pour le travail ?
Disposez-vous à la patience plutôt qu'aux consolations, et à porter la croix plutôt qu'à goûter la joie.
Quel est l'homme du siècle qui ne reçut volontiers les joies et les consolations spirituelles, s'il pouvait en jouir toujours ?
Car les consolations spirituelles surpassent toutes les délices du monde et toutes les voluptés de la chair.
Toutes les délices du monde sont ou honteuses ou vaines; les délices spirituelles sont seules douces et chastes, nées des vertus et répandues par Dieu dans les coeurs purs.
Mais nul ne peut jouir toujours à son gré des consolations divines, parce que la tentation ne cesse jamais longtemps.
Une fausse liberté d'esprit et une grande confiance en soi-même forment un grand obstacle aux visites d'en-haut.
Dieu accorde à l'homme un grand bien en lui donnant la grâce de la consolation; mais l'homme fait un grand mal quand il ne remercie pas Dieu de ce don et ne le lui rapporte pas tout entier.
Si la grâce ne coule point abondamment sur nous, c'est que nous sommes ingrats envers son auteur, et que nous ne remontons point à sa source première.
Car la grâce n'est jamais refusée à celui qui la reçoit avec gratitude, et Dieu ordinairement donne à l'humble ce qu'il ôte au superbe.
Je ne veux point de la consolation qui m'ôte la componction; je n'aspire point à la contemplation qui conduit à l'orgueil.
Car tout ce qui est élevé n'est pas saint; tout ce qui est doux n'est pas bon; tout désir n'est pas pur; tout ce qui est cher à l'homme n'est pas agréable à Dieu.
J'aime une grâce qui me rend plus humble, plus vigilant, plus prêt à me renoncer moi-même.
L'homme instruit par le don de la grâce et par sa privation n'osera s'attribuer aucun bien, mais plutôt il confessera son indigence et sa nudité.
Donnez à Dieu ce qui est à Dieu; et ce qui est de vous, ne l'imputez qu'à vous. Rendez gloire à Dieu de ses grâces; et reconnaissez que n'ayant rien à vous que le péché, rien ne vous est dû que la peine du péché.
Mettez-vous toujours à la dernière place et la première vous sera donnée; car ce qui est le plus élevé s'appuie sur ce qui est le plus bas.
Les plus grands saints aux yeux de Dieu sont les plus petits à leurs propres yeux; et plus leur vocation est sublime, plus ils sont humbles dans leur coeur.
Pleins de la vérité et de la gloire céleste, ils ne sont pas avides d'une gloire vaine.
Fondés et affermis en Dieu, ils ne sauraient s'élever en eux-mêmes.
Rapportant à Dieu tout ce qu'ils ont reçu de bien, ils ne recherchent point la gloire que donnent les hommes et ne veulent que celle qui vient de Dieu seul; leur unique but, leur unique désir, est qu'il soit glorifié en lui-même et dans tous les saints, par-dessus toutes choses.
Soyez donc reconnaissants des moindres grâces et vous mériterez d'en recevoir de plus grandes.
Que le plus léger don, la plus petite faveur aient pour vous autant de prix que le don le plus excellent et la faveur la plus singulière.
Si vous considérez la grandeur de celui qui donne, rien de ce qu'il donne ne vous paraîtra petit ni méprisable; car peut-il être quelque chose de tel dans ce qui vient d'un Dieu infini ?
Vous envoie-t'il des peines et des châtiments, recevez-les encore avec joie, car c'est toujours pour notre salut qu'il fait ou qu'il permet tout ce qui nous arrive.
Voulez-vous conserver la grâce de Dieu, soyez reconnaissant lorsqu'il vous la donne, patient lorsqu'il vous l'ôte. Priez pour qu'elle vous soit rendue, et soyez humble et vigilant pour ne pas la perdre
Réflexion de Lamennais
L'homme est si pauvre, qu'il n'a pas même une bonne pensée, un bon désir qui ne lui vienne d'en haut. De lui-même il ne peut rien, pas même souhaiter d'être affranchi de sa misère, qu'il ne connaît que par une lumière surnaturelle.
Si la divine miséricorde ne le prévenait, il languirait dans une éternelle impuissance de tout bien. Plus la grâce donc lui est donnée avec abondance, plus il a raison de s'humilier, en voyant ce qu'il serait sans elle, ce qu'il est par son propre fonds. Créature insensée qui t'enorgueillis des dons de Dieu, qu'as-tu que tu n'aies reçu, et si tu l'as reçu pourquoi te glorifier, comme si tu ne l'avais pas reçu ?
Il faut que l'orgueil plie sous cette parole, et que l'homme tout entier s'anéantisse en présence de Celui qui seul le retire de l'abîme où le péché l'avait précipité. Il ne se relève qu'en s'abaissant: ce qui faisait dire à saint Paul: Quand je me sens faible, c'est alors que je suis fort. Je vous comprends, ô grand Apôtre ! Ce sentiment qui vous humilie, appelle la grâce promise aux humbles, et par elle, vous êtes revêtu de la force de Dieu même.
Que ne devons-nous point à ce Dieu de bonté, et que lui rendrons-nous pour tant de bienfaits ? Hélas ! Dans notre indigence, nous n'avons à lui offrir que notre coeur, et c'est aussi ce qu'il demande de sa pauvre créature. Que ce coeur au moins lui appartienne sans réserve, que rien ne le partage. Qu'il ne veuille, qu'il ne goûte que Dieu, ne vive que de son amour, et qu'ainsi commence sur la terre cette union ravissante qui sera plus tard notre éternelle félicité.
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Onze
Du petit nombre de ceux qui aiment la Croix de Jésus-Christ
Réflexion de Lamennais
Il faut aimer Dieu pour Dieu même, et non pas à cause de la joie que l'on goûte à le servir. Car s'il nous retirait ses consolations, que deviendrait cet amour mercenaire ?
Celui qui se cherche encore en quelque chose ne sait point aimer.
Regardez votre modèle, contemplez Jésus: il ne s'est recherché en rien: Christus non sibi placuit. Il a tout sacrifié pour vous, son repos, sa vie, sa volonté même: Non pas ce que je veux, disait-il, mais ce que vous voulez. Il a tout souffert, jusqu'à la croix, jusqu'au délaissement de son Père: Mon Père! Pourquoi m'avez-vous abandonné ?
Entrons, à son exemple, dans cet esprit de sacrifice, et, détachés désormais de tout intérêt propre, acceptons avec une égale sérénité les biens et les maux, les peines et les joies, en sorte que, n'ayant de pensées, de désirs que ceux de Jésus, nous soyons consommés avec lui dans cette unité parfaite que, près de quitter ce monde, il demandait pour nous à son Père, comme le dernier et le plus grand de ses dons.
Du petit nombre de ceux qui aiment la Croix de Jésus-Christ
- Spoiler:
- Il y en a beaucoup qui désirent le céleste royaume de Jésus, mais peu consentent à porter sa Croix.
Beaucoup souhaitent ses consolations, mais peu aiment ses souffrances.
Il trouve beaucoup de compagnons de sa table, mais peu de son abstinence.
Tous veulent partager sa joie; mais peu veulent souffrir quelque chose pour lui.
Plusieurs suivent Jésus jusqu'à la fraction du pain, mais peu jusqu'à boire le calice de sa passion.
Plusieurs admirent ses miracles; mais peu goûtent l'ignominie de sa Croix.
Plusieurs aiment Jésus pendant qu'il ne leur arrive aucune adversité.
Plusieurs le louent et le bénissent, tandis qu'ils reçoivent ses consolations.
Mais si Jésus se cache et les délaisse un moment, ils tombent dans le murmure ou dans un excessif abattement.
Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus et non pour eux-mêmes, le bénissent dans toutes les tribulations et dans l'angoisse du coeur comme dans les consolations les plus douces.
Et quand il ne voudrait jamais les consoler, toujours cependant ils le loueraient, toujours ils lui rendraient grâces.
Oh ! que ne peut l'amour de Jésus, quand il est pur et sans mélange d'amour ni d'intérêt propre !
Ne sont-ce pas des mercenaires ceux qui cherchent toujours des consolations ?
Ne prouvent-ils pas qu'ils s'aiment eux-mêmes plus que Jésus-Christ, ceux qui pensent toujours à leurs gains et à leurs avantages ?
Où trouvera-t'on quelqu'un qui veuille servir Dieu pour Dieu seul ?
Rarement on rencontre un homme assez avancé dans les voies spirituelles pour être dépouillé de tout.
Car le véritable pauvre d'esprit, détaché de toute créature, qui le trouvera ? Il faut le chercher bien loin, et jusqu'aux extrémités de la terre.
Si l'homme donne tout ce qu'il possède, ce n'est encore rien.
S'il fait une grande pénitence, c'est peu encore.
Et s'il embrasse toutes les sciences, il est encore loin.
Et s'il a une grande vertu et une piété fervente, il lui manque encore beaucoup, il lui manque une chose souverainement nécessaire.
Qu'est-ce encore ? C'est qu'après avoir tout quitté, il se quitte aussi lui-même et se dépouille entièrement de l'amour de soi.
C'est enfin qu'après avoir fait tout ce qu'il sait devoir faire, il pense encore n'avoir rien fait.
Qu'il estime peu ce qu'on pourrait regarder comme quelque chose de grand, et qu'en toute sincérité il confesse qu'il est un serviteur inutile, selon la parole de la Vérité:
Quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles.
Alors il sera vraiment pauvre et séparé de tout en esprit, et il pourra dire avec le prophète: Oui, je suis pauvre et seul dans le monde.
Nul cependant n'est plus riche, plus puissant, plus libre, que celui qui sait quitter tout et soi-même, et se mettre au dernier rang.
Réflexion de Lamennais
Il faut aimer Dieu pour Dieu même, et non pas à cause de la joie que l'on goûte à le servir. Car s'il nous retirait ses consolations, que deviendrait cet amour mercenaire ?
Celui qui se cherche encore en quelque chose ne sait point aimer.
Regardez votre modèle, contemplez Jésus: il ne s'est recherché en rien: Christus non sibi placuit. Il a tout sacrifié pour vous, son repos, sa vie, sa volonté même: Non pas ce que je veux, disait-il, mais ce que vous voulez. Il a tout souffert, jusqu'à la croix, jusqu'au délaissement de son Père: Mon Père! Pourquoi m'avez-vous abandonné ?
Entrons, à son exemple, dans cet esprit de sacrifice, et, détachés désormais de tout intérêt propre, acceptons avec une égale sérénité les biens et les maux, les peines et les joies, en sorte que, n'ayant de pensées, de désirs que ceux de Jésus, nous soyons consommés avec lui dans cette unité parfaite que, près de quitter ce monde, il demandait pour nous à son Père, comme le dernier et le plus grand de ses dons.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre deuxième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Douze
De la sainte voie de la Croix
Réflexion de Lamennais
La doctrine de la Croix, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, est ce que les hommes comprennent le moins.
Qu'un Dieu soit mort pour les sauver, leur raison s'abaissera devant ce mystère: mais qu'ils doivent s'associer à cet étonnant sacrifice, en mourant à eux-mêmes, à leurs passions, à leurs volontés, à leurs désirs, voilà ce qui les révolte et leur fait dire comme les Capharnaïtes: Cette parole est dure; et qui peut l'entendre ?
Il faut bien pourtant que nous l'entendions; car notre salut dépend de là. Le Ciel était séparé de la terre. La Croix les a réunis. Et c'est du pied de la Croix que part tout ce qui va jusqu'au Ciel. Pressons-nous donc contre la Croix; qu'elle soit ici-bas notre consolation, comme elle est notre force. Lorsque, dans sa bonté, Dieu nous envoie quelque épreuve, disons avec saint André: O douce Croix ! Si longtemps désirée et préparée maintenant pour cette âme qui la souhaitait ardemment !
Tous les saints ont senti ce désir, tous ont tenu ce langage. Souffrir ou mourir, répétait souvent sainte Thérèse, et dans la souffrance, elle trouvait plus de paix et de bonheur que n'en goûteront jamais ceux que le monde appelle heureux. Une seule larme versée aux pieds de Jésus, est plus délicieuse mille fois que tous les plaisirs du siècle
De la sainte voie de la Croix
- Spoiler:
- 1. Cette parole semble dure à plusieurs: Renoncez à vous-mêmes, prenez votre Croix, et suivez Jésus.
Mais il sera bien plus dur, au dernier jour, d'entendre cette parole: Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel !
Ceux qui écoutent maintenant volontiers la parole qui commande de porter la Croix, et qui y obéissent, ne craindront point alors d'entendre l'arrêt d'une éternelle condamnation.
Ce signe de la Croix sera dans le Ciel lorsque le Seigneur viendra pour juger.
Alors tous les disciples de la Croix, qui auront imité pendant leur vie Jésus crucifié, s'approcheront avec une grande confiance de Jésus-Christ juge.
2.Pourquoi donc craignez-vous de porter la Croix, par laquelle on arrive au royaume du ciel ?
Dans la Croix est le salut, dans la Croix la vie, dans la Croix la protection contre nos ennemis.
C'est de la Croix que découlent les suavités célestes.
Dans la Croix est la force de l'âme; dans la Croix la joie de l'esprit, la consommation de la vertu, la perfection de la sainteté.
Il n'y a de salut pour l'âme et d'espérance de vie éternelle, que dans la Croix.
Prenez donc votre Croix et suivez Jésus, et vous parviendrez à l'éternelle félicité.
Il vous a précédé portant sa Croix et il est mort pour vous sur la Croix afin que vous aussi vous portiez votre Croix, et que vous aspiriez à mourir sur la Croix.
Car si vous mourez avec lui, vous vivrez aussi avec lui; et si vous partagez ses souffrances, vous partagerez sa gloire.
3.Ainsi tout est dans la Croix, et tout consiste à mourir. Il n'est point d'autre voie qui conduise à la vie et à la véritable paix du coeur que la voie de la Croix et d'une mortification continuelle.
Allez où vous voudrez, cherchez tout ce que vous voudrez, vous ne trouverez pas au-dessus une voie plus élevée, au-dessous une voie plus sûre que la voie de la sainte Croix.
Disposez de tout selon vos vues, réglez tout selon vos désirs, et toujours vous trouverez qu'il vous faut souffrir quelque chose, que vous le vouliez ou non; et ainsi vous trouverez toujours la Croix.
Car, ou vous sentirez de la douleur dans le corps, ou vous éprouverez de l'amertume dans l'âme.
4.Tantôt vous serez délaissé de Dieu, tantôt exercé par le prochain, et, ce qui est plus encore, vous serez souvent à charge à vous-même.
Vous ne trouverez à vos peines aucun remède, aucun soulagement; mais il vous faudra souffrir aussi longtemps que Dieu le voudra.
Car Dieu veut que vous appreniez à souffrir sans consolations et que vous vous soumettiez à lui sans réserve, et que vous deveniez plus humble par la tribulation.
Nul n'a si avant dans son coeur la passion de Jésus-Christ que celui qui a souffert quelque chose de semblable.
La Croix est donc toujours préparée; elle vous attend partout.
Vous ne pouvez la fuir, quelque part que vous alliez; puisque partout où vous irez, vous vous porterez et vous trouverez toujours vous-même.
Elevez-vous, abaissez-vous, sortez de vous-même, rentrez-y; toujours vous trouverez la Croix; et il faut que partout vous preniez patience, si vous voulez la paix intérieure et mériter la couronne immortelle.
5.Si vous portez de bon coeur la Croix, elle-même vous portera et vous conduira au terme désiré, où vous cesserez de souffrir; mais ce ne sera pas en ce monde.
Si vous la portez à regret, vous en augmentez le poids, vous rendez votre fardeau plus dur, et cependant il vous faut la porter.
Si vous rejetez une Croix, vous en trouverez certainement une autre, et peut-être plus pesante.
6.Croyez-vous échapper à ce que nul homme n'a pu éviter ? Quel saint a été dans ce monde sans croix et sans tribulation ?
Jésus-Christ lui-même, Notre-Seigneur, n'a pas été une seule heure dans toute sa vie sans éprouver quelque souffrance: Il fallait, dit-il, que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât d'entre les morts, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire.
Comment donc cherchez-vous une autre voie que la voie royale de la sainte Croix ?
7.Toute la vie de Jésus-Christ n'a été qu'une croix et un long martyre, et vous cherchez le repos et la joie !
Vous vous trompez, n'en doutez pas; vous vous trompez lamentablement si vous cherchez autre chose que les afflictions à souffrir; car toute cette vie mortelle est pleine de misères et environnée de croix.
Et plus un homme aura fait de progrès dans les voies spirituelles, plus ses croix souvent seront pesantes, parce que l'amour lui rend son exil plus douloureux.
8. Cependant celui que Dieu éprouve par tant de peines n'est pas sans consolations qui les adoucissent, parce qu'il sent s'accroître les fruits de sa patience à porter sa Croix.
Car, lorsqu'il s'incline volontairement sous elle, l'affliction qui l'accablait se change toute entière en une douce confiance qui le console.
Et plus la chair est affligée, brisée, plus l'esprit est fortifié intérieurement par la grâce.
Quelquefois même le désir de souffrir pour être conforme à Jésus crucifié lui inspire tant de force, qu'il ne voudrait pas être exempt de tribulations et de douleur, parce qu'il se croit d'autant plus agréable à Dieu, qu'il souffre pour lui davantage.
Ce n'est point là la vertu de l'homme, mais la grâce de Jésus-Christ, qui opère puissamment dans une chair infirme, que tout ce qu'elle abhorre et fuit naturellement, elle l'embrasse et l'aime par la ferveur de l'esprit.
9. Il n'est pas selon l'homme de porter la Croix, d'aimer la Croix, de châtier le corps, de le réduire en servitude, de fuir les honneurs, de souffrir volontiers les outrages, de se mépriser soi-même et de souhaiter d'être méprisé, de supporter les afflictions et les pertes, et de ne désirer aucune prospérité dans ce monde.
Si vous ne regardez que vous, vous ne pouvez rien de tout cela.
Mais si vous vous confiez dans le Seigneur, la force vous sera donnée d'en haut et vous aurez pouvoir sur la chair et le monde.
Vous ne craindrez pas même le démon, votre ennemi, si vous êtes armé de la foi et marqué de la Croix de Jésus-Christ.
10. Disposez-vous donc, comme un bon et fidèle serviteur de Jésus-Christ, à porter courageusement la Croix de votre Maître, crucifié par amour pour vous.
Préparez-vous à souffrir mille adversités, mille traverses dans cette misérable vie; car voilà partout ce qui vous attend, ce que vous trouverez partout, en quelque lieu que vous vous cachiez.
Il faut qu'il en soit ainsi, et à cette foule de maux et de douleurs il n'y a d'autre remède que de vous supporter vous-même.
Buvez avec joie le calice du Sauveur, si son amour vous est cher et si vous désirez avoir part à sa gloire.
Laissez Dieu disposer de ses consolations; qu'il les répande comme il lui plaira.
Pour vous, choisissez les souffrances et regardez-les comme des consolations d'un grand prix, car toutes les souffrances du temps n'ont aucune proportion avec la gloire future, et ne sauraient vous la mériter, quand seul vous les supporteriez toutes.
11. Lorsque vous en serez venu à trouver la souffrance douce et à l'aimer pour Jésus-Christ, alors estimez-vous heureux, parce que vous avez trouvé le paradis sur la terre.
Mais tandis que la souffrance vous sera amère et que vous la fuirez, vous vivrez dans le trouble, et la tribulation que vous fuirez vous suivra partout.
12 Si vous vous appliquez à être ce que vous devez être, à souffrir et à mourir, bientôt vos peines s'évanouiront et vous aurez la paix.
Quand vous auriez été ravi, avec Paul, jusqu'au troisième ciel, vous ne seriez pas pour cela assuré de ne rien souffrir. Je lui montrerai, dit Jésus, combien il faut qu'il souffre pour mon nom.
Il ne vous reste donc qu'à souffrir, si vous voulez aimer Jésus et le servir constamment.
13. Plût à Dieu que vous fussiez digne de souffrir quelque chose pour le nom de Jésus ! Quelle gloire vous serait réservée ! Quelle joie parmi tous les saints ! Quelle édification pour le prochain !
Car tous recommandent la patience, quoique peu cependant veuillent souffrir.
Avec quelle joie vous devriez souffrir quelque chose pour Jésus, lorsque tant d'autres souffrent beaucoup plus pour le monde !
14. Sachez et croyez fermement que votre vie doit être une mort continuelle, et que plus on meurt à soi-même, plus on commence à vivre pour Dieu.
Nul n'est propre à comprendre les choses du ciel, s'il ne se soumet à supporter les adversités pour Jésus-Christ.
Rien n'est plus agréable à Dieu, rien ne vous est plus salutaire en ce monde, que de souffrir avec joie pour Jésus-Christ; et si vous aviez à choisir, vous devriez plutôt souhaiter d'être affligé pour lui que d'être comblé de consolations, parce que vous seriez alors plus semblable à Jésus-Christ et plus conforme à tous les saints.
Car notre mérite et notre progrès dans la perfection ne consistent point dans la douceur et l'abondance des consolations, mais plutôt dans la force de supporter de grandes tribulations et de pesantes épreuves.
15. S'il y avait eu pour l'homme quelque chose de meilleur et de plus utile que de souffrir, Jésus-Christ nous l'aurait appris par ses paroles et par son exemple.
Or, manifestement, il exhorte à porter sa Croix, et les disciples qui le suivaient, et tous ceux qui voudraient le suivre, disant: Si quelqu'un veut marcher sur mes pas, qu'il renonce à soi-même, qu'il porte sa Croix, et qu'il me suive.
Après donc avoir tout lu, tout examiné, concluons enfin qu'il nous faut passer par beaucoup de tribulations pour entrer dans le royaume de Dieu
Réflexion de Lamennais
La doctrine de la Croix, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, est ce que les hommes comprennent le moins.
Qu'un Dieu soit mort pour les sauver, leur raison s'abaissera devant ce mystère: mais qu'ils doivent s'associer à cet étonnant sacrifice, en mourant à eux-mêmes, à leurs passions, à leurs volontés, à leurs désirs, voilà ce qui les révolte et leur fait dire comme les Capharnaïtes: Cette parole est dure; et qui peut l'entendre ?
Il faut bien pourtant que nous l'entendions; car notre salut dépend de là. Le Ciel était séparé de la terre. La Croix les a réunis. Et c'est du pied de la Croix que part tout ce qui va jusqu'au Ciel. Pressons-nous donc contre la Croix; qu'elle soit ici-bas notre consolation, comme elle est notre force. Lorsque, dans sa bonté, Dieu nous envoie quelque épreuve, disons avec saint André: O douce Croix ! Si longtemps désirée et préparée maintenant pour cette âme qui la souhaitait ardemment !
Tous les saints ont senti ce désir, tous ont tenu ce langage. Souffrir ou mourir, répétait souvent sainte Thérèse, et dans la souffrance, elle trouvait plus de paix et de bonheur que n'en goûteront jamais ceux que le monde appelle heureux. Une seule larme versée aux pieds de Jésus, est plus délicieuse mille fois que tous les plaisirs du siècle
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Un
Des entretiens intérieurs de Jésus-Christ avec l'âme fidèle
Réflexion de Lamennais
Ecoutons la sagesse incréée: Mes délices, dit-elle, sont d'être avec les enfants des hommes. Mais la plupart des hommes ne comprennent pas son langage, ou, craignant de l'entendre, s'éloignent d'elle pour s'entretenir avec les créatures.
Elle est venue dans le monde, et le monde ne l'a point connue. C'est pourquoi l'Apôtre nous défend d'aimer le monde, ni rien de ce qui est dans le monde, parce qu'il appartient tout entier à l'esprit de malice. Si donc nous voulons attirer en nous l'esprit de Dieu, cet Esprit dont l'onction enseigne toutes choses, séparons-nous du monde.
Renonçons à ses maximes, à ses plaisirs, à ses sociétés tumultueuses. Jésus ne se trouve qu'au désert, sa voix ne retentit pas dans les lieux publics, au milieu des assemblées du siècle: mais, lorsqu'il a résolu de répandre des faveurs sur l'âme fidèle, il la conduit dans la solitude, et là, il parle à son coeur.
Comment peindre les délices de ce céleste entretien ! Qui les a goûtées une fois ne peut plus supporter les entretiens des hommes. O Jésus ! Parlez à mon coeur ! Je veux désormais n'écouter que votre voix, dans le silence de toutes les créatures.
Des entretiens intérieurs de Jésus-Christ avec l'âme fidèle
- Spoiler:
- J'écouterai ce que le Seigneur Dieu dit en moi.
Heureuse l'âme qui entend le Seigneur lui parler intérieurement, et qui reçoit de sa bouche la parole de consolation !
Heureuses les oreilles toujours attentives à recueillir ce souffle divin, et sourdes au bruit du monde !
Heureuses, encore une fois, les oreilles qui écoutent non la voix qui retentit au-dehors, mais la vérité qui enseigne au-dedans !
Heureux les yeux qui, fermés aux choses extérieures, ne contemplent que les intérieures !
Heureux ceux qui pénètrent les mystères que le coeur recèle, et qui, par des exercices de chaque jour, tâchent de se préparer de plus en plus à comprendre les secrets du Ciel !
Heureux ceux dont la joie est de s'occuper de Dieu et qui se dégagent de tous les embarras du siècle !
Considère ces choses, ô mon âme, et ferme la porte de tes sens, afin que tu puisses entendre ce que le Seigneur ton Dieu dit en toi.
Voici ce que dit ton bien-aimé: Je suis votre salut, votre paix et votre vie.
Demeurez près de moi et vous trouverez la paix. Laissez là tout ce qui passe; ne cherchez que ce qui est éternel.
Que sont toutes les choses du temps, que des séductions vaines ? Et de quoi vous serviront toutes les créatures si vous êtes abandonné du Créateur ?
Renoncez donc à tout et occupez-vous de plaire à votre Créateur et de lui être fidèle, afin de parvenir à la vraie béatitude.
Réflexion de Lamennais
Ecoutons la sagesse incréée: Mes délices, dit-elle, sont d'être avec les enfants des hommes. Mais la plupart des hommes ne comprennent pas son langage, ou, craignant de l'entendre, s'éloignent d'elle pour s'entretenir avec les créatures.
Elle est venue dans le monde, et le monde ne l'a point connue. C'est pourquoi l'Apôtre nous défend d'aimer le monde, ni rien de ce qui est dans le monde, parce qu'il appartient tout entier à l'esprit de malice. Si donc nous voulons attirer en nous l'esprit de Dieu, cet Esprit dont l'onction enseigne toutes choses, séparons-nous du monde.
Renonçons à ses maximes, à ses plaisirs, à ses sociétés tumultueuses. Jésus ne se trouve qu'au désert, sa voix ne retentit pas dans les lieux publics, au milieu des assemblées du siècle: mais, lorsqu'il a résolu de répandre des faveurs sur l'âme fidèle, il la conduit dans la solitude, et là, il parle à son coeur.
Comment peindre les délices de ce céleste entretien ! Qui les a goûtées une fois ne peut plus supporter les entretiens des hommes. O Jésus ! Parlez à mon coeur ! Je veux désormais n'écouter que votre voix, dans le silence de toutes les créatures.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Deux
La vérité parle au dedans de nous sans aucun bruit de paroles
Réflexion de Lamennais
Il y a une voix qui nous parle intérieurement et comme dans le fond de l'âme, lorsque, fermant l'oreille au bruit des créatures, nous ne voulons plus écouter que Dieu seul, et que nous l'appelons en nous de toute l'ardeur de nos désirs.
C'est cette voix qui, loin des hommes, ravissait au désert les Paul, les Antoine, les Pacôme, et leur révélait sans obscurité les secrets de la science divine. C'est cette voix qui instruit les Saints, les enflamme, les console et les enivre, pour ainsi dire, de sa céleste douceur. Moïse et les prophètes étaient voilés pour les disciples d'Emmaüs:
Jésus vient, et, à sa voix, les ombres qui offusquaient leur intelligence, se dissipent.
Quelque chose d'inconnu se remue en eux, de sorte qu'ils se disaient l'un à l'autre:
Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait dans le chemin et nous ouvrait les Ecritures ?
Et nous, pauvres infortunés, que le tumulte du monde distrait encore, que ferons-nous ? Ne voulons-nous point aussi entendre Jésus ? Comme les deux disciples, nous sommes en voyage. Nous nous en allons vers l'éternité. Jésus, dans son amour, s'approche de nous; il se fait en quelque sorte le compagnon de notre route. Mais, nous trouvant si peu attentifs, il se retire et nous marchons seuls. Effrayante solitude ! Ah !
Prenons garde que la nuit ne nous surprenne près du terme ! Hâtons-nous de rappeler le divin guide, et disons-lui de toute notre âme: Seigneur, demeurez avec nous, car le soir se fait, et le jour baisse !
La vérité parle au dedans de nous sans aucun bruit de paroles
- Spoiler:
- Parlez Seigneur, parce que votre serviteur écoute.
Je suis votre serviteur: donnez-moi l'intelligence, afin que je sache vos témoignages.
Inclinez mon coeur aux paroles de votre bouche: qu'elles tombent sur moi comme une douce rosée.
Les enfants d'Israël disaient autrefois à Moïse:
Parlez-nous et nous vous écouterons; mais que le Seigneur ne nous parle point, de peur que nous ne mourions.
Ce n'est pas là, Seigneur, ce n'est pas là ma prière: mais au contraire, je vous implore comme le prophète Samuel, avec un humble désir, disant: Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur écoute.
Que Moïse ne me parle point, ni aucun des prophètes, mais vous plutôt, parlez,
Seigneur mon Dieu, vous la lumière de tous les prophètes et l'esprit qui les inspirait.
Sans eux, vous pouvez seul pénétrer toute mon âme de votre vérité; et sans vous ils ne pourraient rien.
Ils peuvent prononcer des paroles, mais non les rendre efficaces.
Leur langage est sublime; mais si vous vous taisez, il n'échauffe point le coeur.
Ils exposent la lettre, mais vous en découvrez le sens.
Ils proposent les mystères, mais vous rompez le sceau qui en dérobait l'intelligence.
Ils publient vos commandements, mais vous aidez à les accomplir.
Ils montrent la voie, mais vous donnez des forces pour marcher.
Ils n'agissent qu'au-dehors, mais vous éclairez et instruisez les coeurs.
Ils arrosent extérieurement, mais vous donnez la fécondité.
Leurs paroles frappent l'oreille, mais vous ouvrez l'intelligence.
Que Moïse donc ne me parle point; mais vous, Seigneur, mon Dieu, éternelle vérité ! parlez-moi, de peur que je ne meure, et que je n'écoute sans fruit, si, averti seulement au-dehors, je ne suis point intérieurement embrasé; de peur que je ne trouve ma condamnation dans votre parole, entendue sans être accomplie, connue sans être aimée, crue sans être observée.
Parlez-moi donc, Seigneur, parce que votre serviteur écoute, vous avez les paroles de la vie éternelle.
Parlez-moi pour consoler un peu mon âme, pour m'apprendre à réformer ma vie, parlez-moi pour la louange, la gloire, l'honneur éternel de votre nom.
Réflexion de Lamennais
Il y a une voix qui nous parle intérieurement et comme dans le fond de l'âme, lorsque, fermant l'oreille au bruit des créatures, nous ne voulons plus écouter que Dieu seul, et que nous l'appelons en nous de toute l'ardeur de nos désirs.
C'est cette voix qui, loin des hommes, ravissait au désert les Paul, les Antoine, les Pacôme, et leur révélait sans obscurité les secrets de la science divine. C'est cette voix qui instruit les Saints, les enflamme, les console et les enivre, pour ainsi dire, de sa céleste douceur. Moïse et les prophètes étaient voilés pour les disciples d'Emmaüs:
Jésus vient, et, à sa voix, les ombres qui offusquaient leur intelligence, se dissipent.
Quelque chose d'inconnu se remue en eux, de sorte qu'ils se disaient l'un à l'autre:
Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait dans le chemin et nous ouvrait les Ecritures ?
Et nous, pauvres infortunés, que le tumulte du monde distrait encore, que ferons-nous ? Ne voulons-nous point aussi entendre Jésus ? Comme les deux disciples, nous sommes en voyage. Nous nous en allons vers l'éternité. Jésus, dans son amour, s'approche de nous; il se fait en quelque sorte le compagnon de notre route. Mais, nous trouvant si peu attentifs, il se retire et nous marchons seuls. Effrayante solitude ! Ah !
Prenons garde que la nuit ne nous surprenne près du terme ! Hâtons-nous de rappeler le divin guide, et disons-lui de toute notre âme: Seigneur, demeurez avec nous, car le soir se fait, et le jour baisse !
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Trois
Qu'il faut écouter la parole de Dieu avec humilité, et que plusieurs ne la reçoivent pas comme ils le devraient
Réflexion de Lamennais
Rien de plus rare qu'un désir sincère de salut. Et c'est ce qui doit nous faire trembler, car notre sort à chacun sera ce que nous l'aurons fait: Dieu nous aide, il vient par sa grâce au secours du libre arbitre, mais il ne le contraint pas.
Or, que voyons-nous ? Quel spectacle nous offre le monde ? Nous ne parlons point ici de l'impie résolu à se perdre, et déjà marqué du sceau de la réprobation: nous parlons de ceux qui se disent, qui se croient les disciples de Jésus-Christ. Dans la spéculation, des chrétiens veulent se sauver. Mais ils veulent en même temps, ils veulent surtout posséder les biens et goûter les jouissances de la terre. Ils donneront à Dieu, en passant, quelques prières obligées, ils s'informeront de sa loi pour connaître ce qu'elle commande strictement, puis, tranquilles de ce côté, ils se jetteront à la poursuite des honneurs, qu'ils nommeront légitimes, ou ils s'endormiront dans une vie de mollesse, permise à leurs yeux, parce qu'elle ne viole en apparence aucun précepte formel.
Mais dans tout cela, où est la foi qui doit régler toutes nos actions sur la vue de l'éternité ? Où est l'amour perpétuellement occupé de son objet, l'amour avide de sacrifices ? Où est la pénitence ? Où est la croix ? O Dieu ! Et c'est là désirer le salut ! N'est-il pas écrit que celui qui cherche son âme la perdra ? Que chacun se juge sur cette parole avant le jour terrible où le Seigneur lui-même le jugera.
Qu'il faut écouter la parole de Dieu avec humilité, et que plusieurs ne la reçoivent pas comme ils le devraient
- Spoiler:
Jésus-Christ: Mon fils, écoutez mes paroles, paroles pleines de douceur, et qui surpassent toute la science des philosophes et des sages du monde.
Mes paroles sont esprit et vie, et l'on n'en doit pas juger par le sens humain.
Il ne faut pas en tirer une vaine complaisance, mais les écouter en silence et les recevoir avec une humilité profonde et un ardent amour.
Le fidèle: Et j'ai dit: Heureux celui que vous instruisez, Seigneur, et à qui vous enseignez votre loi, afin de lui adoucir les jours mauvais, et de ne pas le laisser sans consolation sur la terre.
Jésus-Christ: C'est moi qui ai, dès le commencement, instruit les prophètes, dit le Seigneur, et jusqu'à présent même je ne cesse point de parler à tous; mais plusieurs sont endurcis et sourds à ma voix.
Le plus grand nombre écoute le monde de préférence à Dieu; ils aiment mieux suivre les désirs de la chair que d'obéir à la volonté divine.
Le monde promet peu de chose et des choses qui passent, et on le sert avec une grande ardeur; je promets des biens immenses, éternels, et le coeur des hommes reste froid.
Qui me sert et m'obéit en toute chose, avec autant de soin qu'on sert le monde et les maîtres du monde ?
Rougis, Sidon, dit la mer, et si tu en demandes la cause, écoute, voici pourquoi:
Pour un petit avantage, on entreprend une longue route; et pour la vie éternelle, à peine en trouve-t'on qui veuillent faire un pas.
On recherche le plus vil gain: on plaide honteusement quelquefois pour une pièce de monnaie; sur une légère promesse et pour une chose de rien, on ne craint pas de se fatiguer le jour et la nuit.
Mais, ô honte ! pour un bien immuable, pour une récompense infinie, pour un bonheur suprême et une gloire sans fin, on ne saurait se résoudre à la moindre fatigue.
Serviteur paresseux et toujours murmurant, rougis donc de ce qu'il y ait des hommes plus ardents à leur perte que tu ne l'es à te sauver, et pour qui la vanité a plus d'attrait que n'en a pour toi la vérité.
Et cependant ils sont souvent abusés par leurs espérances; tandis que ma promesse ne trompe point, et que jamais je ne me refuse à celui qui se confie en moi.
Ce que j'ai promis, je le donnerai; ce que j'ai dit, je l'accomplirai, si toutefois l'on demeure avec fidélité dans mon amour jusqu'à la fin.
C'est moi qui récompense les bons, et qui éprouve fortement les justes.
Gravez mes paroles dans votre coeur et méditez-les profondément: car à l'heure de la tentation, elles vous seront très nécessaires.
Ce que vous n'entendez pas en le lisant, vous le comprendrez au jour de ma visite.
J'ai coutume de visiter mes élus de deux manières: par la tentation et la consolation.
Et tous les jours, je leur donne deux leçons: l'une en les reprenant de leurs défauts, l'autre en les exhortant à avancer dans la vertu.
Celui qui reçoit ma parole, et qui la méprise, sera jugé par elle au dernier jour.
Prière pour demander la grâce de la dévotion
Le fidèle: Seigneur mon Dieu, vous êtes tout mon bien: et que suis-je pour oser vous parler ?
Je suis le plus pauvre de vos serviteurs, et un abject ver de terre, beaucoup plus pauvre et plus méprisable que je ne sais et que je n'ose dire.
Souvenez-vous cependant, Seigneur, que je ne suis rien, que je n'ai rien, que je ne puis rien.
Vous êtes seul bon, juste et saint; vous pouvez tout, vous donnez tout, vous remplissez tout, hors le pécheur que vous laissez vide.
Souvenez-vous de vos miséricordes, et remplissez mon coeur de votre grâce, vous qui ne voulez point qu'aucun de vos ouvrages demeure vide.
Comment puis-je, en cette misérable vie, porter le poids de moi-même, si votre miséricorde et votre grâce ne me fortifient ?
Ne détournez pas de moi votre visage; ne différez pas à me visiter: ne me retirez point votre consolation, de peur que, privée de vous, mon âme ne devienne comme une terre sans eau.
Seigneur, apprenez-moi à faire votre volonté: apprenez-moi à vivre d'une vie humble et digne de vous.
Car vous êtes ma sagesse, vous me connaissez dans la vérité, et vous m'avez connu avant que je fusse au monde, et avant même que le monde fût.
Réflexion de Lamennais
Rien de plus rare qu'un désir sincère de salut. Et c'est ce qui doit nous faire trembler, car notre sort à chacun sera ce que nous l'aurons fait: Dieu nous aide, il vient par sa grâce au secours du libre arbitre, mais il ne le contraint pas.
Or, que voyons-nous ? Quel spectacle nous offre le monde ? Nous ne parlons point ici de l'impie résolu à se perdre, et déjà marqué du sceau de la réprobation: nous parlons de ceux qui se disent, qui se croient les disciples de Jésus-Christ. Dans la spéculation, des chrétiens veulent se sauver. Mais ils veulent en même temps, ils veulent surtout posséder les biens et goûter les jouissances de la terre. Ils donneront à Dieu, en passant, quelques prières obligées, ils s'informeront de sa loi pour connaître ce qu'elle commande strictement, puis, tranquilles de ce côté, ils se jetteront à la poursuite des honneurs, qu'ils nommeront légitimes, ou ils s'endormiront dans une vie de mollesse, permise à leurs yeux, parce qu'elle ne viole en apparence aucun précepte formel.
Mais dans tout cela, où est la foi qui doit régler toutes nos actions sur la vue de l'éternité ? Où est l'amour perpétuellement occupé de son objet, l'amour avide de sacrifices ? Où est la pénitence ? Où est la croix ? O Dieu ! Et c'est là désirer le salut ! N'est-il pas écrit que celui qui cherche son âme la perdra ? Que chacun se juge sur cette parole avant le jour terrible où le Seigneur lui-même le jugera.
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Quatre
Qu'il faut marcher en présence de Dieu dans la vérité et l'humilité
Réflexion de Lamennais
Je suis le Dieu tout-puissant: marchez en ma présence et soyez parfait. Ainsi parlait le Seigneur au père des croyants, et ce commandement s'adresse avec encore plus de force aux chrétiens qui ont contemplé dans le Fils de l'Homme le modèle de toute perfection.
Aussi leur est-il dit: Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. Etonnant précepte qui, relevant notre incompréhensible bassesse, nous apprend ce qu'est l'homme racheté, ce qu'est le chrétien aux yeux de Dieu. Mais comment, faibles créatures, courbées sous le poids de la chair, approcherons-nous de cette perfection souveraine, à laquelle il nous est ordonné de tendre sans cesse ? Ecoutez Jésus-Christ: Je suis la voie, la vérité et la vie. Il est la voie qui conduit à Dieu, la vérité qui est Dieu même. Il est la vie promise à ceux qui marchent dans la vérité, qui font la vérité, selon le mot profond de l'Apôtre.
Donc, tout en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Unies aux siennes, nos pensées, nos affections, nos oeuvres se divinisent; et comme la perfection du Fils est la perfection même du Père, par notre union avec le Fils, qui commence sur la terre et se consommera dans le ciel, nous devenons parfaits comme le Père est parfait. Ainsi s'accomplit la prière du Christ: Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'il soient un comme nous sommes un. Sanctifiez-les dans la vérité. Je me sanctifie pour eux moi-même, afin qu'ils soient sanctifiés dans la vérité.
Mais cette grande union qui nous élève jusqu'à participer aux mérites infinis du Rédempteur ne s'effectue, ne l'oublions pas, qu'en proportion du sacrifice que nous faisons de nous-mêmes. Notre humilité en est la mesure, elle est le fruit du renoncement propre, du détachement, de l'abaissement qui nous anéantit devant Dieu.
Là où l'amour corrompu de soi, là où la nature vit encore, l'union avec Jésus-Christ n'est pas complète. Il faut mourir à soi-même, à ses désirs, à ses goûts, à sa volonté, à sa raison aveugle, pour être un avec le Fils, comme il est un avec son Père, pour être sanctifié dans la vérité. Heureuse mort, qui nous met en possession de la véritable vie, de Dieu même et de sa sainteté, de la vérité éternelle !
Qu'il faut marcher en présence de Dieu dans la vérité et l'humilité
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, marchez devant moi dans la vérité, et cherchez-moi toujours dans la simplicité de votre coeur.
Celui qui marche devant moi dans la vérité ne craindra nulle attaque, la vérité le délivrera des calomnies et des séductions des méchants.
Si la vérité vous délivre, vous serez vraiment libre, et peu vous importeront les vains discours des hommes.
Le fidèle: Seigneur, il est vrai: qu'il me soit fait, de grâce, selon votre parole. Que votre vérité m'instruise, qu'elle me défende, qu'elle me conserve jusqu'à la fin dans la voie du salut.
Qu'elle me délivre de tout désir mauvais, de toute affection déréglée, et je marcherai devant vous dans une grande liberté de coeur.
Jésus-Christ: La vérité, c'est moi; je vous enseignerai ce qui est bon, ce qui m'est agréable.
Rappelez-vous vos péchés avec une grande douleur et un profond regret, et ne pensez jamais être quelque chose à cause du bien que vous faites.
Car, sans la vérité, vous n'êtes qu'un pécheur, sujet à beaucoup de passions et engagé dans leurs liens.
De vous-même vous tendez toujours au néant; un rien vous ébranle, un rien vous abat, un rien vous trouble et vous décourage.
Qu'avez-vous donc dont vous puissiez vous glorifier ? et que de motifs, au contraire, pour vous mépriser vous-même ! car vous êtes beaucoup plus infirme que vous ne sauriez le comprendre.
Que rien de ce que vous faites ne vous paraisse donc quelque chose de grand.
Mais plutôt qu'à vos yeux rien ne soit grand, précieux, admirable, élevé, digne d'être estimé, loué, recherché, que ce qui est éternel.
Aimez par-dessus toutes choses l'éternelle vérité, et n'ayez jamais que du mépris pour votre extrême bassesse.
N'appréhendez rien tant, ne blâmez et ne fuyez rien tant que vos péchés et vos vices. Ils doivent vous affliger plus que toutes les pertes du monde.
Il y en a qui ne marchent pas devant moi avec un coeur sincère; mais guidés par une certaine curiosité présomptueuse, ils veulent découvrir mes secrets et pénétrer les profondeurs de Dieu, tandis qu'ils négligent de s'occuper d'eux-mêmes et de leur salut.
Ceux-là tombent souvent, à cause de leur orgueil et de leur curiosité, en de grandes fautes, parce que je m'oppose à eux.
Craignez les jugements de Dieu: redoutez la colère du Tout-Puissant; ne scrutez point les oeuvres du Très-Haut; mais sondez vos iniquités, le mal que tant de fois vous avez commis, le bien que vous avez négligé.
Plusieurs mettent toute leur dévotion en des livres, d'autres en des images, d'autres en des signes et des marques extérieures.
Quelques-uns m'ont souvent dans la bouche, mais peu dans le coeur.
Il en est d'autres qui, éclairés et purifiés intérieurement, ne cessent d'aspirer aux biens éternels, ont à dégoût les entretiens de la terre, et ne s'assujettissent qu'à regret aux nécessités de la nature. Ceux-là entendent ce que l'esprit de vérité dit en eux.
Car il leur apprend à mépriser ce qui passe, à aimer ce qui dure éternellement, à oublier le monde, et à désirer le ciel, le jour et la nuit.
Réflexion de Lamennais
Je suis le Dieu tout-puissant: marchez en ma présence et soyez parfait. Ainsi parlait le Seigneur au père des croyants, et ce commandement s'adresse avec encore plus de force aux chrétiens qui ont contemplé dans le Fils de l'Homme le modèle de toute perfection.
Aussi leur est-il dit: Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. Etonnant précepte qui, relevant notre incompréhensible bassesse, nous apprend ce qu'est l'homme racheté, ce qu'est le chrétien aux yeux de Dieu. Mais comment, faibles créatures, courbées sous le poids de la chair, approcherons-nous de cette perfection souveraine, à laquelle il nous est ordonné de tendre sans cesse ? Ecoutez Jésus-Christ: Je suis la voie, la vérité et la vie. Il est la voie qui conduit à Dieu, la vérité qui est Dieu même. Il est la vie promise à ceux qui marchent dans la vérité, qui font la vérité, selon le mot profond de l'Apôtre.
Donc, tout en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Unies aux siennes, nos pensées, nos affections, nos oeuvres se divinisent; et comme la perfection du Fils est la perfection même du Père, par notre union avec le Fils, qui commence sur la terre et se consommera dans le ciel, nous devenons parfaits comme le Père est parfait. Ainsi s'accomplit la prière du Christ: Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'il soient un comme nous sommes un. Sanctifiez-les dans la vérité. Je me sanctifie pour eux moi-même, afin qu'ils soient sanctifiés dans la vérité.
Mais cette grande union qui nous élève jusqu'à participer aux mérites infinis du Rédempteur ne s'effectue, ne l'oublions pas, qu'en proportion du sacrifice que nous faisons de nous-mêmes. Notre humilité en est la mesure, elle est le fruit du renoncement propre, du détachement, de l'abaissement qui nous anéantit devant Dieu.
Là où l'amour corrompu de soi, là où la nature vit encore, l'union avec Jésus-Christ n'est pas complète. Il faut mourir à soi-même, à ses désirs, à ses goûts, à sa volonté, à sa raison aveugle, pour être un avec le Fils, comme il est un avec son Père, pour être sanctifié dans la vérité. Heureuse mort, qui nous met en possession de la véritable vie, de Dieu même et de sa sainteté, de la vérité éternelle !
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Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Cinq
Des merveilleux effets de l'amour divin
Réflexion de Lamennais
Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui. Mais l'amour a ses temps d'épreuve, comme ses temps de jouissance. Et cette vie toute entière ne doit être qu'un continuel exercice d'amour, ou la consommation d'un grand sacrifice, dont une vie éternelle ou un amour immuable sera le prix.
Tous les caractères de la charité, détaillés par saint Paul, nous rappellent l'idée de sacrifice, et l'amour infini lui-même n'a pu se manifester pleinement à nous que par un sacrifice infini. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique. Et notre amour pour Dieu ne peut non plus se manifester que par un sacrifice, non pas égal, il est impossible, mais semblable par le don de tout notre être ou une parfaite obéissance de notre esprit, de notre coeur et de nos sens à la volonté de Celui qui nous a tant aimés.
C'est alors que s'accomplit cette union ineffable que Jésus-Christ, à sa dernière heure, conjurait son Père d'opérer entre lui et la créature rachetée.
Pendant que la nature vit encore en nous, quelque chose nous sépare de Dieu et de Jésus. Et l'amour de Jésus nous presse d'achever le sacrifice et de prononcer cette parole dernière, que le monde ne comprend pas, mais qui réjouit le ciel: Tout est consommé.
Des merveilleux effets de l'amour divin
- Spoiler:
- Le fidèle: Je vous bénis, Père céleste, Père de Jésus-Christ, mon Seigneur, parce que vous avez daigné vous souvenir de moi, pauvre créature.
Ô Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, je vous rends grâce de ce que, tout indigne que j'en suis, vous voulez bien cependant quelquefois me consoler.
Je vous bénis à jamais, et je vous glorifie avec votre Fils unique et l'Esprit consolateur, dans les siècles des siècles.
Ô Seigneur mon Dieu, saint objet de mon amour ! quand vous descendrez dans mon coeur, toutes mes entrailles tressailliront de joie.
Vous êtes la gloire et la joie de mon coeur.
Vous êtes mon espérance et mon refuge au jour de la tribulation.
Mais parce que mon amour est encore faible, et ma vertu chancelante, j'ai besoin d'être fortifié et consolé par vous; visitez-moi donc souvent, et dirigez-moi par vos divines instructions.
Délivrez-moi des passions mauvaises, et retranchez de mon coeur toutes ces affections déréglées, afin que, guéri et purifié intérieurement, je devienne propre à vous aimer, fort pour souffrir, ferme pour persévérer.
C'est quelque chose de grand que l'amour et un bien au-dessus de tous les biens. Seul il rend léger ce qui est pesant et fait qu'on peut supporter avec une âme égale toutes les vicissitudes de la vie.
Il porte son fardeau sans en sentir le poids et rend doux ce qu'il y a de plus amer.
L'amour de Jésus-Christ est généreux; il fait entreprendre de grandes choses et il excite toujours à ce qu'il y a de plus parfait.
L'amour aspire à s'élever et ne se laisse arrêter par rien de terrestre.
L'amour veut être libre et dégagé de toute affection du monde, afin que ses regards pénètrent jusqu'à Dieu sans obstacle, afin qu'il ne soit ni retardé par les biens, ni abattu par les maux du temps.
Rien n'est plus doux que l'amour; rien n'est plus fort, plus élevé, plus étendu, plus délicieux; il n'est rien de plus parfait ni de meilleur au ciel et sur la terre, parce que l'amour est né de Dieu, au-dessus de toutes les créatures.
Celui qui aime, court, vole; il est dans la joie, il est libre, et rien ne l'arrête.
Il donne tout pour posséder tout, et il possède tout en toutes choses, parce qu'au-dessus de toutes choses il se repose dans le seul Être souverain, de qui tout bien procède et découle.
Il ne regarde pas aux dons, mais il s'élève au-dessus de tous les biens, jusqu'à Celui qui donne.
L'amour souvent ne connaît point de mesure, mais, comme l'eau qui bouillonne, il déborde de toutes parts.
Rien ne lui pèse, rien ne lui coûte, il tente plus qu'il ne peut, jamais il ne prétexte l'impossibilité, parce qu'il se croit tout possible et tout permis.
Et à cause de cela il peut tout, et il accomplit beaucoup de choses qui fatiguent et qui épuisent vainement celui qui n'aime point.
L'amour veille sans cesse; dans le sommeil même il ne dort point.
Aucune fatigue ne le lasse, aucuns liens ne l'appesantissent, aucunes frayeurs ne le troublent; mais tel qu'une flamme vive et pénétrante, il s'élance vers le ciel et s'ouvre un sûr passage à travers tous les obstacles.
Si quelqu'un aime, il entend ce que dit cette voix.
L'ardeur même d'une âme embrasée s'élève jusqu'à Dieu comme un grand cri: Mon Dieu ! mon amour ! vous êtes tout à moi, et je suis tout à vous.
Dilatez-moi dans l'amour afin que j'apprenne à goûter au fond de mon coeur combien il est doux d'aimer, et de se fondre et de se perdre dans l'amour.
Que l'amour me ravisse et m'élève au-dessus de moi-même, par la vivacité de ses transports.
Que je chante le cantique de l'amour, que je vous suive, ô mon bien-aimé, jusque dans les hauteurs de votre gloire, que toutes les forces de mon âme s'épuisent à vous louer, et qu'elle défaille de joie et d'amour.
Que je vous aime plus que moi, que je ne m'aime moi-même que pour vous, et que j'aime en vous tous ceux qui vous aiment véritablement, ainsi que l'ordonne la loi de l'amour, que nous découvrons dans votre lumière.
L'amour est prompt, sincère, pieux, doux, prudent, fort, patient, fidèle, constant, magnanime, et il ne se recherche jamais; car dès qu'on commence à se rechercher soi-même, à l'instant on cesse d'aimer.
L'amour est circonspect, humble et droit, sans mollesse, sans légèreté, il ne s'occupe point de choses vaines, il est sobre, chaste, ferme, tranquille, et toujours attentif à veiller sur les sens.
L'amour est obéissant et soumis aux supérieurs; il est vil et méprisable à ses yeux. Dévoué à Dieu sans réserve, et toujours plein de reconnaissance, il ne cesse point de se confier en lui, d'espérer en lui, lors même qu'il semble en être délaissé, parce qu'on ne vit point sans douleur dans l'amour.
Qui n'est pas prêt à tout souffrir et à s'abandonner entièrement à la volonté de son bien-aimé, ne sait pas ce que c'est que d'aimer.
Il faut que celui qui aime embrasse avec joie tout ce qu'il y a de plus dur et de plus amer, pour son bien-aimé, et qu'aucune traverse ne le détache de lui.
Réflexion de Lamennais
Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui. Mais l'amour a ses temps d'épreuve, comme ses temps de jouissance. Et cette vie toute entière ne doit être qu'un continuel exercice d'amour, ou la consommation d'un grand sacrifice, dont une vie éternelle ou un amour immuable sera le prix.
Tous les caractères de la charité, détaillés par saint Paul, nous rappellent l'idée de sacrifice, et l'amour infini lui-même n'a pu se manifester pleinement à nous que par un sacrifice infini. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique. Et notre amour pour Dieu ne peut non plus se manifester que par un sacrifice, non pas égal, il est impossible, mais semblable par le don de tout notre être ou une parfaite obéissance de notre esprit, de notre coeur et de nos sens à la volonté de Celui qui nous a tant aimés.
C'est alors que s'accomplit cette union ineffable que Jésus-Christ, à sa dernière heure, conjurait son Père d'opérer entre lui et la créature rachetée.
Pendant que la nature vit encore en nous, quelque chose nous sépare de Dieu et de Jésus. Et l'amour de Jésus nous presse d'achever le sacrifice et de prononcer cette parole dernière, que le monde ne comprend pas, mais qui réjouit le ciel: Tout est consommé.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Six
De l'épreuve du véritable amour
Réflexion de Lamennais
Tous ceux qui disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est au ciel, celui-là entrera dans le royaume des cieux. C'est par les oeuvres que se connaît le véritable amour. Toujours prompt à obéir, jamais il ne se relâche, il ne se décourage jamais.
Dans l'amertume et dans la joie, dans la consolation et dans la souffrance, il loue, il bénit également Celui qui frappe et qui guérit, selon ses divins conseils, impénétrables à la créature. La tentation vient-elle l'éprouver, il combat, il résiste avec paix, parce qu'il ne compte point sur ses propres forces, et n'attend la victoire que du secours d'en haut. S'il succombe quelquefois, il se relève aussitôt sans trouble, humilié mais non abattu. Son repentir, quoique profond, est calme, parce qu'il est exempt de l'irritation de l'orgueil. Ses fautes l'affligent et ne l'étonnent point. Il connaît sa fragilité, et il en gémit, plein de confiance en la grâce qui le soutiendra, s'il lui est fidèle. Détaché de la terre et de ses vanités qu'on appelle des biens, que veut-il ? Ce que Dieu veut: il n'a point d'autre volonté ni d'autre désir. Quand le bien-aimé se retire et se dérobe à ses transports, loin de murmurer et loin de se plaindre, il s'avoue indigne de le posséder, et la privation qui le purifie, enflamme encore son ardeur.
O Jésus, qu'elles sont merveilleuses les voies par où vous conduisez les âmes qui vous aiment, qui ont soif de vous ! Tantôt vous les inondez de votre joie, tantôt vous les délaissez dans les larmes: maintenant vous les prévenez, et puis elles semblent vous appeler en vain, comme l'épouse du divin Cantique. Epreuves de tendresse et de miséricorde ! Ainsi épurées, ces âmes élues peu à peu se dégagent de leurs liens, elles s'élancent vers vous, et un dernier effort d'amour les porte au pied du trône où vous vous montrez sans voile. Alors la jouissance, alors l'allégresse et l'éternel rassasiement:
Satiabor cum apparuerit !
De l'épreuve du véritable amour
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, votre amour n'est encore ni assez fort ni assez éclairé.
Le fidèle: Pourquoi, Seigneur ?
Jésus-Christ: Parce qu'à la moindre contrariété, vous laissez là l'oeuvre commencée, et que vous recherchez trop avidement les consolations.
Celui qui aime fortement demeure ferme dans la tentation, et ne cède point aux suggestions artificieuses de l'ennemi. Dans le mauvais comme dans le bon succès, son coeur est également à moi.
Celui dont l'amour est éclairé considère moins le don de celui qui aime que l'amour de celui qui donne.
L'affection le touche plus que le bienfait et il préfère son bien-aimé à tout ce qu'il reçoit de lui.
Celui qui m'aime d'un amour généreux ne se repose pas dans mes dons, mais en moi par-dessus tous mes dons.
Ne croyez pas tout perdu cependant s'il vous arrive de sentir pour moi ou pour mes saints moins d'amour que vous ne voudriez.
Cet amour tendre et doux que vous éprouvez quelquefois est l'effet de la présence de la grâce et une sorte d'avant-goût de la patrie céleste; il n'y faut pas chercher trop d'appui parce qu'il passe comme il est venu.
Mais combattre les mouvements déréglés de l'âme et mépriser les sollicitations du démon, c'est un grand sujet de mérite et la marque d'une solide vertu.
Ne vous troublez donc point des fantômes, quels qu'ils soient, qui obsèdent votre imagination.
Conservez une résolution ferme et une intention droite devant Dieu.
Ce n'est point une illusion si quelquefois vous êtes soudain ravi en extase et qu'aussitôt vous retombiez dans les pensées misérables qui occupent d'ordinaire votre coeur.
Car vous souffrez alors plus que vous n'agissez; et tant qu'elles vous déplaisent et que vous y résistez, c'est un mérite et non pas une chute.
Sachez que l'antique ennemi s'efforce d'étouffer vos bons désirs et de vous éloigner de tout pieux exercice, du culte des saints, de la méditation de mes douleurs et de ma mort, du souvenir si utile de vos péchés, de l'attention de veiller sur votre coeur, et du ferme propos d'avancer dans la vertu.
Il vous suggère mille pensées mauvaises pour vous causer du trouble et de l'ennui, pour vous détourner de la prière et des lectures saintes.
Une humble confession lui déplaît et, s'il pouvait, il vous éloignerait tout à fait de la communion.
Ne le craignez point et n'ayez de lui aucune appréhension, quoiqu'il vous tende souvent des pièges pour vous surprendre.
Rejetez sur lui seul les pensées criminelles et honteuses qu'il vous inspire. Dites-lui:
Va, esprit immonde; rougis, malheureux; il faut que tu sois étrangement pervers pour me tenir un pareil langage.
Retire-toi de moi, détestable séducteur, tu n'auras jamais en moi aucune part; mais Jésus sera près de moi comme un guerrier formidable, et tu demeureras confondu.
J'aime mieux mourir et souffrir tous les tourments, que de consentir à ce que tu me proposes.
Tais-toi donc, ne me parle plus; je ne t'écouterai pas davantage, quoi que tu fasses pour m'inquiéter. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, que craindrais-je ?
Quand une armée se rangerait en bataille contre moi, mon coeur ne craindrait pas. Le Seigneur est mon aide et mon Rédempteur.
Combattez comme un généreux soldat, et si quelquefois vous succombez par fragilité, reprenez un courage plus grand dans l'espérance d'être soutenu par une grâce plus forte; et gardez-vous surtout de la vaine complaisance et de l'orgueil.
C'est ainsi que plusieurs s'égarent et tombent dans un aveuglement presque incurable.
Que la chute de ces superbes qui présumaient follement d'eux-mêmes vous soit une leçon continuelle de vigilance et d'humilité.
Réflexion de Lamennais
Tous ceux qui disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est au ciel, celui-là entrera dans le royaume des cieux. C'est par les oeuvres que se connaît le véritable amour. Toujours prompt à obéir, jamais il ne se relâche, il ne se décourage jamais.
Dans l'amertume et dans la joie, dans la consolation et dans la souffrance, il loue, il bénit également Celui qui frappe et qui guérit, selon ses divins conseils, impénétrables à la créature. La tentation vient-elle l'éprouver, il combat, il résiste avec paix, parce qu'il ne compte point sur ses propres forces, et n'attend la victoire que du secours d'en haut. S'il succombe quelquefois, il se relève aussitôt sans trouble, humilié mais non abattu. Son repentir, quoique profond, est calme, parce qu'il est exempt de l'irritation de l'orgueil. Ses fautes l'affligent et ne l'étonnent point. Il connaît sa fragilité, et il en gémit, plein de confiance en la grâce qui le soutiendra, s'il lui est fidèle. Détaché de la terre et de ses vanités qu'on appelle des biens, que veut-il ? Ce que Dieu veut: il n'a point d'autre volonté ni d'autre désir. Quand le bien-aimé se retire et se dérobe à ses transports, loin de murmurer et loin de se plaindre, il s'avoue indigne de le posséder, et la privation qui le purifie, enflamme encore son ardeur.
O Jésus, qu'elles sont merveilleuses les voies par où vous conduisez les âmes qui vous aiment, qui ont soif de vous ! Tantôt vous les inondez de votre joie, tantôt vous les délaissez dans les larmes: maintenant vous les prévenez, et puis elles semblent vous appeler en vain, comme l'épouse du divin Cantique. Epreuves de tendresse et de miséricorde ! Ainsi épurées, ces âmes élues peu à peu se dégagent de leurs liens, elles s'élancent vers vous, et un dernier effort d'amour les porte au pied du trône où vous vous montrez sans voile. Alors la jouissance, alors l'allégresse et l'éternel rassasiement:
Satiabor cum apparuerit !
Dernière édition par Maud le Jeu 27 Nov 2014 - 14:46, édité 1 fois
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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que c'est beau
_______Maud a écrit:Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Six
De l'épreuve du véritable amour
- Spoiler:
Jésus-Christ: Mon fils, votre amour n'est encore ni assez fort ni assez éclairé.
Le fidèle: Pourquoi, Seigneur ?
Jésus-Christ: Parce qu'à la moindre contrariété, vous laissez là l'oeuvre commencée, et que vous recherchez trop avidement les consolations.
Celui qui aime fortement demeure ferme dans la tentation, et ne cède point aux suggestions artificieuses de l'ennemi. Dans le mauvais comme dans le bon succès, son coeur est également à moi.
Celui dont l'amour est éclairé considère moins le don de celui qui aime que l'amour de celui qui donne.
L'affection le touche plus que le bienfait et il préfère son bien-aimé à tout ce qu'il reçoit de lui.
Celui qui m'aime d'un amour généreux ne se repose pas dans mes dons, mais en moi par-dessus tous mes dons.
Ne croyez pas tout perdu cependant s'il vous arrive de sentir pour moi ou pour mes saints moins d'amour que vous ne voudriez.
Cet amour tendre et doux que vous éprouvez quelquefois est l'effet de la présence de la grâce et une sorte d'avant-goût de la patrie céleste; il n'y faut pas chercher trop d'appui parce qu'il passe comme il est venu.
Mais combattre les mouvements déréglés de l'âme et mépriser les sollicitations du démon, c'est un grand sujet de mérite et la marque d'une solide vertu.
Ne vous troublez donc point des fantômes, quels qu'ils soient, qui obsèdent votre imagination.
Conservez une résolution ferme et une intention droite devant Dieu.
Ce n'est point une illusion si quelquefois vous êtes soudain ravi en extase et qu'aussitôt vous retombiez dans les pensées misérables qui occupent d'ordinaire votre coeur.
Car vous souffrez alors plus que vous n'agissez; et tant qu'elles vous déplaisent et que vous y résistez, c'est un mérite et non pas une chute.
Sachez que l'antique ennemi s'efforce d'étouffer vos bons désirs et de vous éloigner de tout pieux exercice, du culte des saints, de la méditation de mes douleurs et de ma mort, du souvenir si utile de vos péchés, de l'attention de veiller sur votre coeur, et du ferme propos d'avancer dans la vertu.
Il vous suggère mille pensées mauvaises pour vous causer du trouble et de l'ennui, pour vous détourner de la prière et des lectures saintes.
Une humble confession lui déplaît et, s'il pouvait, il vous éloignerait tout à fait de la communion.
Ne le craignez point et n'ayez de lui aucune appréhension, quoiqu'il vous tende souvent des pièges pour vous surprendre.
Rejetez sur lui seul les pensées criminelles et honteuses qu'il vous inspire. Dites-lui:
Va, esprit immonde; rougis, malheureux; il faut que tu sois étrangement pervers pour me tenir un pareil langage.
Retire-toi de moi, détestable séducteur, tu n'auras jamais en moi aucune part; mais Jésus sera près de moi comme un guerrier formidable, et tu demeureras confondu.
J'aime mieux mourir et souffrir tous les tourments, que de consentir à ce que tu me proposes.
Tais-toi donc, ne me parle plus; je ne t'écouterai pas davantage, quoi que tu fasses pour m'inquiéter. Le Seigneur est ma lumière et mon salut, que craindrais-je ?
Quand une armée se rangerait en bataille contre moi, mon coeur ne craindrait pas. Le Seigneur est mon aide et mon Rédempteur.
Combattez comme un généreux soldat, et si quelquefois vous succombez par fragilité, reprenez un courage plus grand dans l'espérance d'être soutenu par une grâce plus forte; et gardez-vous surtout de la vaine complaisance et de l'orgueil.
C'est ainsi que plusieurs s'égarent et tombent dans un aveuglement presque incurable.
Que la chute de ces superbes qui présumaient follement d'eux-mêmes vous soit une leçon continuelle de vigilance et d'humilité.
Réflexion de Lamennais
Tous ceux qui disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est au ciel, celui-là entrera dans le royaume des cieux. C'est par les oeuvres que se connaît le véritable amour. Toujours prompt à obéir, jamais il ne se relâche, il ne se décourage jamais.
Dans l'amertume et dans la joie, dans la consolation et dans la souffrance, il loue, il bénit également Celui qui frappe et qui guérit, selon ses divins conseils, impénétrables à la créature. La tentation vient-elle l'éprouver, il combat, il résiste avec paix, parce qu'il ne compte point sur ses propres forces, et n'attend la victoire que du secours d'en haut. S'il succombe quelquefois, il se relève aussitôt sans trouble, humilié mais non abattu. Son repentir, quoique profond, est calme, parce qu'il est exempt de l'irritation de l'orgueil. Ses fautes l'affligent et ne l'étonnent point. Il connaît sa fragilité, et il en gémit, plein de confiance en la grâce qui le soutiendra, s'il lui est fidèle. Détaché de la terre et de ses vanités qu'on appelle des biens, que veut-il ? Ce que Dieu veut: il n'a point d'autre volonté ni d'autre désir. Quand le bien-aimé se retire et se dérobe à ses transports, loin de murmurer et loin de se plaindre, il s'avoue indigne de le posséder, et la privation qui le purifie, enflamme encore son ardeur.
O Jésus, qu'elles sont merveilleuses les voies par où vous conduisez les âmes qui vous aiment, qui ont soif de vous ! Tantôt vous les inondez de votre joie, tantôt vous les délaissez dans les larmes: maintenant vous les prévenez, et puis elles semblent vous appeler en vain, comme l'épouse du divin Cantique. Epreuves de tendresse et de miséricorde ! Ainsi épurées, ces âmes élues peu à peu se dégagent de leurs liens, elles s'élancent vers vous, et un dernier effort d'amour les porte au pied du trône où vous vous montrez sans voile. Alors la jouissance, alors l'allégresse et l'éternel rassasiement:
Satiabor cum apparuerit !
comme c'est beau Maud; ça me fait penser à la petite Thérèse et à sa petite voie: amour et confiance et tout abandonner à notre bon Jésus; c'est Betty qui me fait découvrir la petite Thérèse: il nous faut l'humilité et la confiance. NG (Nicolas)
NG- Contre la puce électronique
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Ce n'est pas pour rien que "petite" Thérèse ne quittait jamais son petit livre de "l'imitation de Jésus" Elle a pour beaucoup y trouver sa petite voie.
Elmalina- Aime le Rosaire
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Merci beaucoup Nicolas et Elmalina pour vos impressions qui me font plaisir , surtout ce gentil rappel de la " petite Thérèse " qui il est vrai ne quittait jamais son petit livre de " l' Imitation de Jésus Christ " qui est en lui -même un partage d' Amour entre Jésus et Son Fidèle
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Sept
Qu'il faut cacher humblement les grâces que Dieu nous fait
Réflexion de Lamennais
Reconnaître sa misère et ne la jamais perdre de vue; s'abandonner sans réserve entre les mains de Dieu, avec une foi vive et un obéissant amour: voilà toute la vie spirituelle, dont l'humilité est le premier fondement.
Celui qui se dit au fond de son âme: Je ne suis rien que la faiblesse et l'indigence même, ne cherche point d'appui en soi, et met en Jésus sa seule espérance. Il suit avec simplicité les mouvements de la grâce, ne s'élève point dans la ferveur, et ne s'abat point dans la sécheresse, toujours satisfait, pourvu que la volonté divine s'accomplisse en lui. L'orgueil, qui souvent se cache sous le voile de ce qu'il y a de plus saint, ne le séduit pas par le vain désir d'un état en apparence plus parfait, auquel il n'est point appelé. Fidèle et tranquille dans sa voie, il dit à Dieu: Donnez-moi la sagesse qui assiste près de votre trône, et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants; car je suis votre serviteur et le fils de votre servante, un homme infirme, de peu de durée, et qui n'a point l'intelligence de votre jugement et de vos lois.
Qu'il aille en paix, celui dont le coeur prie ainsi: Dieu le regarde avec complaisance, et sa bénédiction reposera sur lui.
Qu'il faut cacher humblement les grâces que Dieu nous fait
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, lorsque la grâce vous inspire des mouvements de piété, il est meilleur pour vous et plus sûr de tenir cette grâce cachée, de ne vous en point élever, d'en parler peu et de ne pas vous exagérer sa grandeur; mais plutôt de vous mépriser vous-même et de craindre une faveur dont vous êtes indigne.
Il ne faut pas s'attacher trop à un sentiment qui bientôt peut se changer en un sentiment contraire.
Quand la grâce vous est donnée, songez combien vous êtes pauvre et misérable sans la grâce.
Le progrès de la vie spirituelle ne consiste pas seulement à jouir des consolations de la grâce, mais à en supporter la privation avec humilité, avec abnégation, avec patience, de sorte qu'alors on ne se relâche point dans l'exercice de la prière, et qu'on n'abandonne aucune de ses pratiques accoutumées.
Faites, au contraire, tout ce qui est en vous le mieux que vous pourrez, selon vos lumières, et ne vous négligez pas entièrement vous-même à cause de la sécheresse et de l'angoisse que vous sentez en votre âme.
Car il y en a beaucoup qui, au temps de l'épreuve, tombent aussitôt dans l'impatience et le découragement.
Cependant la voie de l'homme n'est pas toujours en son pouvoir. C'est à Dieu de consoler et de donner quand il veut, autant qu'il veut, et à qui il veut, comme il lui plaît, et non davantage.
Des indiscrets se sont perdus par la grâce même de la dévotion, parce qu'ils ont voulu faire plus qu'ils ne pouvaient, ne mesurant point leur faiblesse, mais suivant plutôt l'impétuosité de leur coeur que le jugement de la raison.
Et parce qu'ils ont aspiré, dans leur présomption, à un état plus élevé que celui où Dieu les voulait, ils ont promptement perdu la grâce.
Ils avaient placé leur demeure dans le ciel, et tout à coup on les a vus pauvres et délaissés dans leur misère, afin que par l'humiliation et le dénuement ils apprissent à ne plus tenter de s'élever sur leurs propres ailes, mais à se réfugier sous les miennes.
Ceux qui sont encore nouveaux et sans expérience dans les voies de Dieu peuvent aisément s'égarer et se briser sur les écueils, s'ils ne se laissent conduire par des personnes prudentes.
Que s'ils veulent suivre leur sentiment plutôt que de croire à l'expérience des autres, le résultat leur en sera funeste, si toutefois ils s'obstinent dans leur propre sens.
Rarement ceux qui sont sages à leurs yeux se laissent humblement conduire par les autres.
Il vaut mieux être humble, avec un esprit et des lumières bornés, que de posséder des trésors de science et de se complaire en soi-même.
Il vaut mieux pour vous avoir peu, que beaucoup dont vous pourriez vous enorgueillir.
Celui-là manque de prudence qui se livre tout entier à la joie, oubliant son indigence passée, et cette chaste crainte du Seigneur qui appréhende de perdre la grâce reçue.
C'est aussi manquer de vertu que de se laisser aller à un découragement excessif au temps de l'adversité et de l'épreuve, et d'avoir des pensées et des sentiments indignes de la confiance qu'on me doit.
Celui qui, durant la paix, a trop de sécurité, se trouve souvent pendant la guerre le plus timide et le plus lâche.
Si ne présumant jamais de vous-même, vous saviez demeurer toujours humble, modérer et régler les mouvements de votre esprit, vous ne tomberiez pas si vite dans le péril et le péché.
C'est une pratique sage que de penser, durant la ferveur, à ce qu'on sera dans la privation de la lumière.
Et quand vous en êtes en effet privé, songez qu'elle peut revenir et que je ne vous l'ai retirée pour un temps qu'en vue de ma gloire et pour exciter votre vigilance.
Souvent une telle épreuve vous est plus utile que si tout vous succédait constamment selon vos désirs.
Car pour juger du mérite, on ne doit pas regarder si quelqu'un a beaucoup de visions ou de consolations, ou s'il est habile dans l'Ecriture sainte, ou s'il occupe un rang élevé, mais s'il est affermi dans la véritable humilité et rempli de la charité divine; s'il cherche en tout et toujours uniquement la gloire de Dieu; s'il est bien convaincu de son néant; s'il a pour lui-même un mépris sincère, et s'il se réjouit plus d'être méprisé des autres et humilié par eux, que d'en être honoré.
Réflexion de Lamennais
Reconnaître sa misère et ne la jamais perdre de vue; s'abandonner sans réserve entre les mains de Dieu, avec une foi vive et un obéissant amour: voilà toute la vie spirituelle, dont l'humilité est le premier fondement.
Celui qui se dit au fond de son âme: Je ne suis rien que la faiblesse et l'indigence même, ne cherche point d'appui en soi, et met en Jésus sa seule espérance. Il suit avec simplicité les mouvements de la grâce, ne s'élève point dans la ferveur, et ne s'abat point dans la sécheresse, toujours satisfait, pourvu que la volonté divine s'accomplisse en lui. L'orgueil, qui souvent se cache sous le voile de ce qu'il y a de plus saint, ne le séduit pas par le vain désir d'un état en apparence plus parfait, auquel il n'est point appelé. Fidèle et tranquille dans sa voie, il dit à Dieu: Donnez-moi la sagesse qui assiste près de votre trône, et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants; car je suis votre serviteur et le fils de votre servante, un homme infirme, de peu de durée, et qui n'a point l'intelligence de votre jugement et de vos lois.
Qu'il aille en paix, celui dont le coeur prie ainsi: Dieu le regarde avec complaisance, et sa bénédiction reposera sur lui.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Huit
Qu'il faut s'anéantir soi-même devant Dieu
Réflexion de Lamennais
Dieu se montre, dans l'Ecriture, plein d'une immense compassion pour les fautes, si on peut dire, purement humaines. Mais il est sans pitié pour l'orgueil, principe de tout mal, pour l'orgueil qui est le crime propre de l'Ange rebelle, et qui s'attaque directement au souverain Etre.
Il a dit: Je suis Jéhovah, c'est mon nom, je ne donnerai point ma gloire à un autre. Or tout orgueil tend, par essence, à s'égaler à Dieu, à se faire Dieu. Désordre tel, que non seulement on n'en conçoit pas de plus grand, mais qu'on hésiterait à le croire possible, s'il n'était sans cesse présent sous nos yeux, et si l'on n'en sentait pas le germe en soi-même. Ainsi voyez comme Dieu le foudroie: et d'abord cette ironie qui glace l'âme d'un effroi surnaturel: Voici qu'Adam est devenu comme l'un de nous; Adam, jeté nu, avec son péché, sur une terre maudite ! Adam qui venait d'entendre cette parole: Tu mourras de mort : Ses enfants imitent son crime, leur orgueil s'élève sans mesure.
Alors l'Esprit divin: Comment es-tu tombé, toi qui te levais comme l'astre du matin, qui disais en ton coeur: Je monterai dans les cieux, je poserai mon trône au dessus des étoiles, et je serai semblable au Très-Haut ? Voilà que tu seras traîné aux enfers, dans la profondeur du lac: on se baissera pour te voir. Lisez dans l'Evangile les effroyables malédictions prononcées contre les Pharisiens superbes, tandis que celui qui s'abaisse est à l'instant justifié. Une femme pleure aux pieds de Jésus, elle s'humilie de ses fautes, elle n'ose presque en solliciter le pardon, son silence seul supplie. Le Sauveur, ému, la console: Beaucoup de péchés lui seront remis, parce qu'elle a beaucoup aimé.
Mais l'orgueil n'aime point: c'est encore là un de ses caractères et comme le type infernal. Il est le père de la haine, de l'envie, de la violence, de la fausse sécurité et de l'endurcissement. Sorti de l'abîme, il s'y replonge: le reste est le mystère de l'éternelle justice.
O Dieu, ayez pitié de votre pauvre créature! Le front dans la poussière, je m'anéantis devant vous. Je sens, je confesse ma misère, ma corruption profonde, ma désolante impuissance et tout ce qui à jamais me séparerait de vous, si votre grande miséricorde ne venait à mon secours par le don gratuit de la grâce. Daignez, daignez la répandre en mon âme. Ne m'abandonnez pas, Seigneur: sauvez-moi, ou je vais périr. O Dieu, ayez pitié de votre pauvre créature.
Qu'il faut s'anéantir soi-même devant Dieu
- Spoiler:
- Le fidèle: Je parlerai au Seigneur mon Dieu, bien que je ne sois que cendre et poussière. Si je me crois quelque chose de plus, voilà que vous vous élevez contre moi, et mes iniquités rendent un témoignage vrai et que je ne puis contredire.
Mais si je m'abaisse, si je m'anéantis, et si je me dépouille de toute estime pour moi-même, et que je rentre dans la poussière dont j'ai été formé, votre grâce s'approchera de moi et votre lumière sera près de mon coeur; alors tout sentiment d'estime, même le plus léger, que je pourrais concevoir de moi disparaîtra pour jamais dans l'abîme de mon néant.
Là vous me montrez à moi-même, vous me faites voir ce que je suis, ce que j'ai été, jusqu'où je suis descendu: car je ne suis rien, et je ne le savais pas.
Si vous me laissez à moi-même, que suis-je ? Rien qu'infirmité; mais dès que vous jetez un regard sur moi, à l'instant je deviens fort et je suis rempli d'une joie nouvelle.
Et certes cela me confond d'étonnement que vous me releviez ainsi tout d'un coup et me preniez avec tant de bonté entre vos bras, moi toujours entraîné par mon propre poids vers la terre.
C'est votre amour qui opère cette merveille, qui me prévient gratuitement, qui ne se lasse point de me secourir dans les nécessités, qui me préserve des plus grands périls et, à vrai dire, me délivre de maux innombrables.
Car je me suis perdu en m'aimant d'un amour déréglé; mais en ne cherchant que vous, en n'aimant que vous, je vous ai trouvé et je me suis retrouvé moi-même, et l'amour m'a fait rentrer plus avant dans mon néant.
Ô Dieu plein de tendresse ! vous faites pour moi beaucoup plus que je ne mérite, ou plus que je n'oserais espérer ou demander.
Soyez béni, mon Dieu, de ce que tout indigne que je suis de recevoir de vous aucune grâce, cependant votre bonté généreuse et infinie ne cesse de faire du bien même aux ingrats et à ceux qui sont le plus éloignés de vous.
Ramenez-nous à vous, afin que nous soyons reconnaissants, humbles, fervents, parce que vous êtes notre salut, notre vertu et notre force.
Réflexion de Lamennais
Dieu se montre, dans l'Ecriture, plein d'une immense compassion pour les fautes, si on peut dire, purement humaines. Mais il est sans pitié pour l'orgueil, principe de tout mal, pour l'orgueil qui est le crime propre de l'Ange rebelle, et qui s'attaque directement au souverain Etre.
Il a dit: Je suis Jéhovah, c'est mon nom, je ne donnerai point ma gloire à un autre. Or tout orgueil tend, par essence, à s'égaler à Dieu, à se faire Dieu. Désordre tel, que non seulement on n'en conçoit pas de plus grand, mais qu'on hésiterait à le croire possible, s'il n'était sans cesse présent sous nos yeux, et si l'on n'en sentait pas le germe en soi-même. Ainsi voyez comme Dieu le foudroie: et d'abord cette ironie qui glace l'âme d'un effroi surnaturel: Voici qu'Adam est devenu comme l'un de nous; Adam, jeté nu, avec son péché, sur une terre maudite ! Adam qui venait d'entendre cette parole: Tu mourras de mort : Ses enfants imitent son crime, leur orgueil s'élève sans mesure.
Alors l'Esprit divin: Comment es-tu tombé, toi qui te levais comme l'astre du matin, qui disais en ton coeur: Je monterai dans les cieux, je poserai mon trône au dessus des étoiles, et je serai semblable au Très-Haut ? Voilà que tu seras traîné aux enfers, dans la profondeur du lac: on se baissera pour te voir. Lisez dans l'Evangile les effroyables malédictions prononcées contre les Pharisiens superbes, tandis que celui qui s'abaisse est à l'instant justifié. Une femme pleure aux pieds de Jésus, elle s'humilie de ses fautes, elle n'ose presque en solliciter le pardon, son silence seul supplie. Le Sauveur, ému, la console: Beaucoup de péchés lui seront remis, parce qu'elle a beaucoup aimé.
Mais l'orgueil n'aime point: c'est encore là un de ses caractères et comme le type infernal. Il est le père de la haine, de l'envie, de la violence, de la fausse sécurité et de l'endurcissement. Sorti de l'abîme, il s'y replonge: le reste est le mystère de l'éternelle justice.
O Dieu, ayez pitié de votre pauvre créature! Le front dans la poussière, je m'anéantis devant vous. Je sens, je confesse ma misère, ma corruption profonde, ma désolante impuissance et tout ce qui à jamais me séparerait de vous, si votre grande miséricorde ne venait à mon secours par le don gratuit de la grâce. Daignez, daignez la répandre en mon âme. Ne m'abandonnez pas, Seigneur: sauvez-moi, ou je vais périr. O Dieu, ayez pitié de votre pauvre créature.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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Re: ☼☼☼ L'Imitation de Jésus-Christ ☼☼☼
Livre Troisième - Instruction pour avancer dans la vie intérieure - Chapitre Neuf
Qu'il faut rapporter tout à Dieu comme à notre dernière fin
Réflexion de Lamennais
Tout bien découle de Dieu, qui est le bien suprême, et tout ce qu'il fait est bon, parce qu'il le tire de lui. Il n'y a pas dans le monde d'autre mal que le péché: car la peine du péché n'est pas un mal, puisque, supportée patiemment, elle l'expie, et que toujours elle rétablit l'ordre que le péché avait troublé.
Ainsi nous tenons de Dieu la vie, l'intelligence, l'amour, qui doit remonter perpétuellement vers sa source, et de nous-mêmes nous ne pouvons rien, pas même dire: Mon Père !
Car nous ne savons pas prier, et c'est l'Esprit qui demande en nous avec des gémissements ineffables. L'unique chose qui nous appartienne, c'est le péché, il est le fruit de notre volonté libre, et son salaire est la mort.
Elevons-nous tant que nous voudrons dans notre pensée; voilà ce que nous sommes. Nous n'avons rien de plus que ce que Dieu nous donne dans sa bonté et sa miséricorde toute gratuite. Donc, à nous le mépris, la confusion, la honte, en nous trouvant si misérables, et à Dieu la bénédiction, l'honneur, la gloire, la puissance, comme les saints le chantent dans le ciel, auprès du trône de l'Agneau.
Qu'il faut rapporter tout à Dieu comme à notre dernière fin
- Spoiler:
- Jésus-Christ: Mon fils, je dois être votre fin suprême et dernière, si véritablement vous désirez être heureux.
Cette vue purifiera vos affections, qui s'abaissent trop souvent jusqu'à vous et aux créatures.
Car si vous vous recherchez en quelque chose, aussitôt vous tombez dans la langueur et la sécheresse.
Rapportez donc principalement tout à moi, parce que c'est moi qui vous ai tout donné.
Considérez chaque bien comme découlant du souverain bien, et songez que dès lors ils doivent tous remonter à moi comme à leur origine.
En moi comme dans une source intarissable, le petit et le grand, le pauvre et le riche puisent l'eau vive, et ceux qui me servent volontairement et de coeur recevront grâce sur grâce.
Mais celui qui cherchera sa gloire hors de moi, ou sa jouissance dans un autre bien que moi, sa joie ne sera ni vraie ni solide, et son coeur, toujours à la gêne, toujours à l'étroit, ne trouvera que des angoisses.
Ne vous attribuez donc aucun bien, et n'attribuez à nul homme sa vertu; mais rendez tout à Dieu, sans qui l'homme n'a rien.
C'est moi qui vous ai tout donné et je veux que vous vous donniez à moi tout entier, j'exige avec une extrême rigueur les actions de grâce qui me sont dues.
Ceci est la vérité qui dissipe la vanité de la gloire.
Là où pénètrent la grâce céleste et la vraie charité, il n'y a plus de place pour l'amour-propre ni pour l'envie, qui torturent le coeur.
Car l'amour divin subjugue tout et agrandit toutes les forces de l'âme.
Si vous écoutez la sagesse, vous ne vous réjou
Réflexion de Lamennais
Tout bien découle de Dieu, qui est le bien suprême, et tout ce qu'il fait est bon, parce qu'il le tire de lui. Il n'y a pas dans le monde d'autre mal que le péché: car la peine du péché n'est pas un mal, puisque, supportée patiemment, elle l'expie, et que toujours elle rétablit l'ordre que le péché avait troublé.
Ainsi nous tenons de Dieu la vie, l'intelligence, l'amour, qui doit remonter perpétuellement vers sa source, et de nous-mêmes nous ne pouvons rien, pas même dire: Mon Père !
Car nous ne savons pas prier, et c'est l'Esprit qui demande en nous avec des gémissements ineffables. L'unique chose qui nous appartienne, c'est le péché, il est le fruit de notre volonté libre, et son salaire est la mort.
Elevons-nous tant que nous voudrons dans notre pensée; voilà ce que nous sommes. Nous n'avons rien de plus que ce que Dieu nous donne dans sa bonté et sa miséricorde toute gratuite. Donc, à nous le mépris, la confusion, la honte, en nous trouvant si misérables, et à Dieu la bénédiction, l'honneur, la gloire, la puissance, comme les saints le chantent dans le ciel, auprès du trône de l'Agneau.
Maud- Citoyen d'honneur vers la sainteté
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