Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
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Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
Synthèse de presse quotidienne du 09 janvier 2012
Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
Le 6 janvier 2012, le quotidien La Croix s'est interrogé de la façon suivante : "Comment accueillir les fruits de la créativité scientifique sans que l'homme finisse par se perdre?" Le journal explicite les dangers du courant de pensée transhumaniste.
L'idéologie transhumaniste, qui a émergé aux Etats-Unis dans les années 1980, souhaite "un nouvel homme devenu oeuvre de lui-même, l'outil et l'agent de sa propre transformation". Elle vise un dépassement de l'espèce humaine vers une "cyberhumanité", le but étant de vaincre à jamais la maladie, la vieillesse, voire la mort. En effet, niant les fondements du vivant, certains vont jusqu'à revendiquer, grâce aux sciences et techniques, la conquête de l'immortalité.
Représenté notamment par l'Association internationale de transhumanisme (World Transhumanist Association, WTA), présidée par le philosophe suédois Nick Böstrom de l'Université d'Oxford, ce courant de pensée est très à la mode chez les scientifiques, souvent membres d'organismes officiels aux USA, ou encore chez les philosophes, mathématiciens et informaticiens, de chez Google par exemple.
La volonté première des transhumanistes est d'améliorer radicalement la condition humaine grâce aux nouvelles technologies, ils prônent pour cela un remodelage complet du corps humain par des greffes et prothèses, des implants électroniques, etc. Cet homme "augmenté", hybride, aurait alors des capacités physiques, émotionnelles, sensorielles, cognitives très améliorées. Selon Tugdual Derville, de l'Alliance Vita, "ils entendent donc fabriquer un humanoïde incassable, éternel et omniscient. Terrible rupture ontologique, reléguant l'humain basique à l'animalité".
Compte-tenu des recherches en cours, cet objectif de l'homme-machine n'appartient plus complètement à la science-fiction. Certains soulignent l'impératif d'une prise de conscience que le "progrès n'est pas une fin en soi".
La Croix (Louise de Courcy - Jean-Didier Vincent - Thierry Hoquet - Jean-Guilhem Xerri - Tugdual Derville) 06/01/12
Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
Le 6 janvier 2012, le quotidien La Croix s'est interrogé de la façon suivante : "Comment accueillir les fruits de la créativité scientifique sans que l'homme finisse par se perdre?" Le journal explicite les dangers du courant de pensée transhumaniste.
L'idéologie transhumaniste, qui a émergé aux Etats-Unis dans les années 1980, souhaite "un nouvel homme devenu oeuvre de lui-même, l'outil et l'agent de sa propre transformation". Elle vise un dépassement de l'espèce humaine vers une "cyberhumanité", le but étant de vaincre à jamais la maladie, la vieillesse, voire la mort. En effet, niant les fondements du vivant, certains vont jusqu'à revendiquer, grâce aux sciences et techniques, la conquête de l'immortalité.
Représenté notamment par l'Association internationale de transhumanisme (World Transhumanist Association, WTA), présidée par le philosophe suédois Nick Böstrom de l'Université d'Oxford, ce courant de pensée est très à la mode chez les scientifiques, souvent membres d'organismes officiels aux USA, ou encore chez les philosophes, mathématiciens et informaticiens, de chez Google par exemple.
La volonté première des transhumanistes est d'améliorer radicalement la condition humaine grâce aux nouvelles technologies, ils prônent pour cela un remodelage complet du corps humain par des greffes et prothèses, des implants électroniques, etc. Cet homme "augmenté", hybride, aurait alors des capacités physiques, émotionnelles, sensorielles, cognitives très améliorées. Selon Tugdual Derville, de l'Alliance Vita, "ils entendent donc fabriquer un humanoïde incassable, éternel et omniscient. Terrible rupture ontologique, reléguant l'humain basique à l'animalité".
Compte-tenu des recherches en cours, cet objectif de l'homme-machine n'appartient plus complètement à la science-fiction. Certains soulignent l'impératif d'une prise de conscience que le "progrès n'est pas une fin en soi".
La Croix (Louise de Courcy - Jean-Didier Vincent - Thierry Hoquet - Jean-Guilhem Xerri - Tugdual Derville) 06/01/12
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Re: Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
De l’homme augmenté au transhumanisme
Photo ParisTech Review / Rédaction / January 7th, 2014
De nouvelles technologies visent à modifier la manière dont l’homme, son corps et son cerveau fonctionneront et interagiront avec leur environnement. Elles participent de ce qu’on appelle désormais l’ « augmentation de l’homme » par l’informatique et la techno-médecine. Par petites touches, elles modifient peu à peu des données essentielles de notre vie, comme le vieillissement, l'intelligence, la procréation. Des « technoprophètes », qui ne sont pas tous des illuminés, rêvent même l'avènement d’une nouvelle humanité. Grandes et petites questions éthiques se posent devant un phénomène qui ne relève plus seulement de la science-fiction.
Comment, parmi les technologies de rupture qui font parler d’elles aujourd’hui, identifier celles qui changeront vraiment le monde en profondeur ? Le cabinet de conseil en stratégie McKinsey s’est livré à l’exercice courant 2013 en privilégiant dans un rapport les technologies dont l’impact économique est le plus facilement mesurable. Les douze technologies retenues pourraient, si elles sont bien diffusées, créer chaque année, dès 2025, une valeur mondiale combinée de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars. Au sein de ce hit parade, trois retiennent plus particulièrement l’attention.
Les technologies de l’homme augmenté
En premier lieu, l’automation du travail intellectuel : des logiciels de plus en plus sophistiqués seront capables d’intégrer des capacités d’analyse étendues, des jugements subtils et des solutions innovantes pour répondre aux problèmes posés par les utilisateurs, ce qui fera de la machine « apprenante » un interlocuteur à haute valeur ajoutée, capable de répondre à des requêtes d’information effectuées en langage ordinaire (« non structuré »). Ultimement, cela devrait permettre à la fois une hausse de la productivité des travailleurs les plus qualifiés, une fiabilisation de la prise de décision et l’automation des emplois intellectuels de base.
Ensuite, les robots de nouvelle génération. Longtemps tenus à l’écart dans les usines à cause de leur dangerosité, ils seront de plus en plus mélangés aux hommes sur les chaînes de production. Équipés de capteurs, capables d’interagir entre eux et de s’auto-perfectionner, ils effectueront des tâches de plus en plus complexes et devraient même remplacer les salariés dans les emplois de production mais aussi de service. Dans les hôpitaux, les robots dotés d’une vision haute définition et d’un logiciel de reconnaissance d’image pourront positionner précisément les objets pour les opérations délicates. Les chirurgiens seront assistés par des systèmes miniatures de chirurgie robotique, réduisant à la fois la durée des procédures, leur caractère invasif et le temps de récupération du patient. Les personnes souffrant de paralysie après un traumatisme médullaire pourraient remarcher grâce à un exosquelette robotisé directement connecté au système nerveux.
Quant à la génomique avancée, elle combine les progrès dans la science du séquençage et la modification du matériel génétique avec les dernières avancées en matière d’analyse de données (« Big data »). En 2013, un génome humain peut être séquencé en quelques heures et pour quelques milliers d’euros, ce qui constitue l’aboutissement d’un projet (Human Genome Project) qui a duré 13 ans et coûté 2,7 milliards de dollars. Avec le séquençage rapide et les nouvelles puissances de calcul, les médecins pourront tester systématiquement l’impact des différences génétiques sur les maladies, y compris dans les diagnostics de routine, afin de concevoir des traitements sur mesure pour les patients.
genomeseq
Les données d’un séquençage ADN de nouvelle génération
La prochaine étape, c’est la biologie de synthèse, c’est-à-dire la possibilité de fabriquer des organismes en écrivant leur ADN. Ces avancées dans la puissance et la disponibilité de la génétique pourraient avoir un impact profond sur la médecine, l’agriculture et même la production de substances à haute valeur ajoutée tels que les biocarburants, et accélérer le processus de découverte de nouveaux médicaments.
Ces trois technologies appartiennent à une famille qui fait beaucoup parler d’elle. Son nom : NBIC, pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.
L’ingénierie de l’esprit
Pour ses promoteurs, c’est la convergence de ces quatre approches qui peut apporter des progrès scientifiques majeurs dans la connaissance de l’homme et de son organe majeur, le cerveau. Dès 2002, la National Science Foundation (NSF) de Washington et le département américain du Commerce publiaient conjointement un rapport retentissant sous le titre : « Technologies convergentes pour l’amélioration de la performance humaine ». Il contenait une profession de foi vigoureuse : « l’ingénierie de l’esprit est une entreprise qui se révélera au moins aussi techniquement difficile que les programmes Apollo ou Génome humain. Nous sommes convaincus que les avantages pour l’humanité seront équivalents, sinon supérieurs. La compréhension de la manière dont fonctionnent l’esprit et le cerveau apportera des avancées majeures en psychologie, en neurosciences et en sciences de l’éducation ».
La NSF, qui est la plus influente des agences scientifiques fédérales, ajoutait : « Une théorie computationnelle de l’esprit peut nous permettre de développer de nouveaux outils pour guérir ou maîtriser les effets des maladies mentales. Elle sera certainement à même de nous fournir une appréciation plus profonde de ce que nous sommes et sur la place que bous occupons dans l’univers. Comprendre l’esprit et le cerveau nous permettra de créer une nouvelle espèce de machines intelligentes, capable de produire une richesse économique sur une échelle jusqu’alors inimaginable. L’ingénierie de l’esprit est donc beaucoup plus que la poursuite d’une curiosité scientifique, beaucoup plus qu’un monumental défi technologique. C’est l’occasion d’éradiquer la pauvreté et d’ouvrir un âge d’or pour l’humanité tout entière ».
L’aspect quelque peu messianique de ce passage peut frapper, et il faut savoir que le concept même de NBIC a été critiqué. On lui reproche notamment d’être avant tout un concept marketing, forgé de toutes pièces par les promoteurs américains des nanotechnologies et des biotechs afin de décrocher des crédits publics, mais qui ne repose sur aucune réalité scientifique. Dans les faits, entre les nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives on peut certainement repérer des convergences deux à deux (par exemple entre les sciences de l’information et les nanotechnologies), mais rien qui soit à l’intersection des quatre domaines considérés. Au Japon, pays qui a énormément investi sur ces différentes technologies, le concept n’existe pas !
Améliorer l’espèce humaine ?
L’élan donné par la NSF est venu conforter le transhumanisme, un courant de pensée, pour l’instant très américain, où se croisent « technoprophètes », chercheurs ayant pignon sur rue et grands dirigeants d’entreprises dans les secteurs de haute technologie, à l’image de l’informaticien Ray Kurzweil, le directeur de l’ingénierie de Google. En 1999, la Déclaration de l’Association transhumaniste mondiale contenait deux articles très révélateurs :
1- Les transhumanistes prônent le droit moral, pour ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.
2- Nous prônons une large liberté de choix quant aux possibilités d’améliorations individuelles. Celles-ci comprennent les techniques afin d’améliorer la mémoire, la concentration et l’énergie mentale ; les thérapies permettant d’augmenter la durée de vie, ou d’influencer la reproduction ; la cryoconservation, et beaucoup d’autres techniques de modification et d’augmentation de l’espèce humaine.
Leur objectif de long terme : à l’aide des technologies, améliorer l’espèce humaine. D’abord réparer l’homme et le libérer de ses vulnérabilités biologiques, puis augmenter ses capacités, notamment cérébrales, pour en faire un homme beaucoup plus puissant ; enfin, enrayer le phénomène de vieillissement. N’est-ce pas l’ambition affichée de Calico, l’entreprise lancée à l’automne 2013 par Google ?
Dans son rapport de 2012, « Global Trends 2030 », le National Intelligence Council (NIC), un organisme qui coiffe les seize agences de renseignement américaines, insistait lui aussi sur ces technologies de la transformation transhumaniste. Il évoque les psychostimulants permettant aux militaires de rester efficaces plus longtemps au combat, les implants rétiniens permettant de voir la nuit et dans les spectres non visibles par les humains traditionnels, ainsi que les neuromédicaments décuplant l’attention, la vitesse de raisonnement et la mémoire.
Les transhumanistes attendent aussi beaucoup des grands projets actuels sur le cerveau. Reconstituer la complexité d’un cerveau humain et de ses quelque 100 milliards de cellules avec leurs connexions, c’est le but poursuivi à la fois par le projet Human Cognome aux États-Unis et par le projet Blue Brain en Suisse. En attendant un hypothétique « uploading », c’est-à-dire le transfert du contenu d’un cerveau humain sur un ordinateur, sa dématérialisation dans le « cloud » ou sa réimplantation sur un robot.
Google, l’un des acteurs les plus impliqués dans les projets d’humanité augmentée, est partie prenante d’un projet encore plus inquiétant : l’université de la singularité. La « singularité » est un concept selon lequel, à partir d’un certain moment de son évolution technologique, la civilisation humaine connaîtra une croissance technologique d’un ordre supérieur. L’ « Ecole de la Singularité » annonce même l’avènement vers 2060 d’une intelligence supérieure à l’intelligence humaine ! Larry Page, fondateur de Google, ainsi que différentes figures liées à la firme, ont même lancé une Université de la Singularité, destinée à dynamiser, faire converger et diffuser les différents travaux de recherche qui permettraient d’atteindre ce but.
Ces projets grandioses aux postulats scientifiques souvent discutables, mais exploités avec bonheur par les auteurs de science-fiction, posent des questions morales fondamentales. Avons-nous le droit de modifier l’espèce ? Que devient l’homme, l’idée même d’humanité, dans cette vision d’un futur habité de surhommes qui n’est pas sans évoquer les pires heures du XXe siècle, quand les totalitarismes se mirent en tête de créer « l’homme nouveau », et pour ce faire massacrèrent à tout va. Car dans ce monde de surhommes, que deviennent les hommes, ceux qui resteront en arrière ?
Vastes questions. Si vastes qu’elles semblent presque irréelles. Et elles auraient presque tendance à nous faire oublier que le transhumanisme est déjà une réalité, une construction dynamique par petites étapes, plus modestes mais bien réelles, dans l’« augmentation » de l’homme. Et que pour chacune de ces étapes, les mêmes questions se posent : comment l’éthique devra-t-elle et pourra-t-elle encadrer l’avancée ? Comment y adapter le système de santé pour respecter à la fois l’exigence de bio-équité et l’équilibre des finances publiques ?
Questions éthiques
Le diagnostic pré-implantatoire fournit un exemple édifiant. Il est possible, depuis décembre 2010 et les découvertes du Dr Dennis Lo de la Chinese University de Hong-Kong, de réaliser un diagnostic génomique complet d’un embryon de trois mois à partir de ce qu’on appelle les « cellules circulantes » de la mère, celles en provenance du fœtus et que l’on recueille sur la mère par simple prise de sang. Un algorithme, actionné par un ordinateur très puissant, permet ensuite de différencier les séquences du futur bébé de celles de sa mère. Des milliers de maladies génétiques pourront donc être dépistées sans faire courir aucun risque ni à la mère (plus d’amniocentèse) ni à l’enfant. L’étape suivante de cette « quête de l’enfant parfait », c’est l’implantation de gènes sur demande. Depuis 2009, on sait remplacer les mitochondries (micro-usines produisant les protéines de la cellule) d’une cellule souche de primates. Dès que la chose sera possible sur l’homme, une fécondation in vitro permettra d’optimiser, à la carte, le patrimoine génétique d’un embryon. Cette modification génétique sera transmissible aux générations successives. Tout cela pose évidemment de graves problèmes éthiques, et plusieurs interrogations surgissent spontanément qui concernent la définition même de notre espèce. Par exemple, si la fécondation in vitro offre ces options high tech, quel est l’avenir de la procréation naturelle ? Quelles conséquences l’élimination des imperfections aura-t-elle sur la biodiversité humaine ? Autrement dit, la standardisation génétique de l’humanité est-elle un risque systémique ?
En introduisant la génomique dans la culture collective, explique le chirurgien français Laurent Alexandre dans son livre La Mort de la mort, la révolution NBIC bouleverse le calendrier de l’identification des risques. La progression du diagnostic génétique va donc poser rapidement un épineux problème de politique publique. Chacun connaîtra ses risques et les usagers les moins menacés demanderont un allègement de leurs cotisations d’assurance maladie. Le principe de solidarité, qui fonde la sécurité sociale dans la plupart des pays, est en danger. Si on connaît d’avance, avec certitude, celui qui coûtera le plus cher à la société, c’est-à-dire si on libéralise l’accès de chacun à son ADN (pour quelques centaines d’euros), les porteurs de « mauvais gênes » pourront ils encore s’assurer, trouver des mutuelles ? Puisqu’il est impossible de bloquer l’accès à cette information, chaque pays va devoir réinventer sa politique de santé et les mécanismes d’assurance sur lesquelles celle-ci est adossée.
Autre impact économique de la génomique : à très long terme, avec l’élimination, par sélection génétique, de certaines maladies, il est possible d’espérer une baisse des dépenses de santé. Mais dans les premières décennies de sa diffusion, c’est le contraire qui peut se produire : les dépenses de géno-santé, poursuit Laurent Alexandre, vont augmenter pour les embryons, les enfants et les jeunes adultes, alors que traditionnellement, 70 % des coûts sont générés par 10 % de la population atteinte par les pathologies du vieillissement. Le système devra affronter pendant quelques générations le double poids des jeunes et de la fin de vie. L’équilibre budgétaire s’en trouvera gravement perturbé.
Ce n’est pas un hasard si certains adversaires du transhumanisme, dont le plus actif reste l’historien Francis Fukuyama, auteur de La Fin de l’homme, reprochent à ce mouvement de promouvoir une forme supérieure de l‘inégalité, celle qui règnerait entre hommes naturels et hommes augmentés. Pour Fukuyama, postuler la possibilité d’une transformation de la condition humaine par les technologies pousse à l’extrême l’utopisme technicien hérité de Francis Bacon.
Mais la société utopique qui serait issue de la révolution transhumaniste peut être critiquée de bien d’autres manières. Pour les universitaires français Alain Marciano et Bernard Tourrès, le transhumanisme ouvre sur un contractualisme généralisé où la société peut exister sans « bien commun », sans « vivre ensemble » autre que la juxtaposition des individus « libres », délivrés de tout devoir de solidarité. Cela touche à l’idée même de démocratie telle qu’elle s’est développée historiquement, mais aussi à un rapport à l’autre plus immédiat , celui qui s’exprime dans le couple, la famille, la sexualité. La question de la procréation, en particulier, est troublante, car elle engage avec elle celle de la différence des sexes, de la parentalité, et au-delà de l’identité de la personne humaine. L’utopie technicienne gomme en quelque sorte cette dimension. Le philosophe Jean-Claude Guillebaud repère ainsi dans le transhumanisme une forme d’immaturité militante, marquée par la haine du corps, de ses infirmités et de ses souffrances, de ses imperfections – une haine, en somme, de ce qui fait l’homme. Le transhumanisme – faut-il le dire ? – n’est pas un humanisme.
Photo ParisTech Review / Rédaction / January 7th, 2014
De nouvelles technologies visent à modifier la manière dont l’homme, son corps et son cerveau fonctionneront et interagiront avec leur environnement. Elles participent de ce qu’on appelle désormais l’ « augmentation de l’homme » par l’informatique et la techno-médecine. Par petites touches, elles modifient peu à peu des données essentielles de notre vie, comme le vieillissement, l'intelligence, la procréation. Des « technoprophètes », qui ne sont pas tous des illuminés, rêvent même l'avènement d’une nouvelle humanité. Grandes et petites questions éthiques se posent devant un phénomène qui ne relève plus seulement de la science-fiction.
Comment, parmi les technologies de rupture qui font parler d’elles aujourd’hui, identifier celles qui changeront vraiment le monde en profondeur ? Le cabinet de conseil en stratégie McKinsey s’est livré à l’exercice courant 2013 en privilégiant dans un rapport les technologies dont l’impact économique est le plus facilement mesurable. Les douze technologies retenues pourraient, si elles sont bien diffusées, créer chaque année, dès 2025, une valeur mondiale combinée de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars. Au sein de ce hit parade, trois retiennent plus particulièrement l’attention.
Les technologies de l’homme augmenté
En premier lieu, l’automation du travail intellectuel : des logiciels de plus en plus sophistiqués seront capables d’intégrer des capacités d’analyse étendues, des jugements subtils et des solutions innovantes pour répondre aux problèmes posés par les utilisateurs, ce qui fera de la machine « apprenante » un interlocuteur à haute valeur ajoutée, capable de répondre à des requêtes d’information effectuées en langage ordinaire (« non structuré »). Ultimement, cela devrait permettre à la fois une hausse de la productivité des travailleurs les plus qualifiés, une fiabilisation de la prise de décision et l’automation des emplois intellectuels de base.
Ensuite, les robots de nouvelle génération. Longtemps tenus à l’écart dans les usines à cause de leur dangerosité, ils seront de plus en plus mélangés aux hommes sur les chaînes de production. Équipés de capteurs, capables d’interagir entre eux et de s’auto-perfectionner, ils effectueront des tâches de plus en plus complexes et devraient même remplacer les salariés dans les emplois de production mais aussi de service. Dans les hôpitaux, les robots dotés d’une vision haute définition et d’un logiciel de reconnaissance d’image pourront positionner précisément les objets pour les opérations délicates. Les chirurgiens seront assistés par des systèmes miniatures de chirurgie robotique, réduisant à la fois la durée des procédures, leur caractère invasif et le temps de récupération du patient. Les personnes souffrant de paralysie après un traumatisme médullaire pourraient remarcher grâce à un exosquelette robotisé directement connecté au système nerveux.
Quant à la génomique avancée, elle combine les progrès dans la science du séquençage et la modification du matériel génétique avec les dernières avancées en matière d’analyse de données (« Big data »). En 2013, un génome humain peut être séquencé en quelques heures et pour quelques milliers d’euros, ce qui constitue l’aboutissement d’un projet (Human Genome Project) qui a duré 13 ans et coûté 2,7 milliards de dollars. Avec le séquençage rapide et les nouvelles puissances de calcul, les médecins pourront tester systématiquement l’impact des différences génétiques sur les maladies, y compris dans les diagnostics de routine, afin de concevoir des traitements sur mesure pour les patients.
genomeseq
Les données d’un séquençage ADN de nouvelle génération
La prochaine étape, c’est la biologie de synthèse, c’est-à-dire la possibilité de fabriquer des organismes en écrivant leur ADN. Ces avancées dans la puissance et la disponibilité de la génétique pourraient avoir un impact profond sur la médecine, l’agriculture et même la production de substances à haute valeur ajoutée tels que les biocarburants, et accélérer le processus de découverte de nouveaux médicaments.
Ces trois technologies appartiennent à une famille qui fait beaucoup parler d’elle. Son nom : NBIC, pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.
L’ingénierie de l’esprit
Pour ses promoteurs, c’est la convergence de ces quatre approches qui peut apporter des progrès scientifiques majeurs dans la connaissance de l’homme et de son organe majeur, le cerveau. Dès 2002, la National Science Foundation (NSF) de Washington et le département américain du Commerce publiaient conjointement un rapport retentissant sous le titre : « Technologies convergentes pour l’amélioration de la performance humaine ». Il contenait une profession de foi vigoureuse : « l’ingénierie de l’esprit est une entreprise qui se révélera au moins aussi techniquement difficile que les programmes Apollo ou Génome humain. Nous sommes convaincus que les avantages pour l’humanité seront équivalents, sinon supérieurs. La compréhension de la manière dont fonctionnent l’esprit et le cerveau apportera des avancées majeures en psychologie, en neurosciences et en sciences de l’éducation ».
La NSF, qui est la plus influente des agences scientifiques fédérales, ajoutait : « Une théorie computationnelle de l’esprit peut nous permettre de développer de nouveaux outils pour guérir ou maîtriser les effets des maladies mentales. Elle sera certainement à même de nous fournir une appréciation plus profonde de ce que nous sommes et sur la place que bous occupons dans l’univers. Comprendre l’esprit et le cerveau nous permettra de créer une nouvelle espèce de machines intelligentes, capable de produire une richesse économique sur une échelle jusqu’alors inimaginable. L’ingénierie de l’esprit est donc beaucoup plus que la poursuite d’une curiosité scientifique, beaucoup plus qu’un monumental défi technologique. C’est l’occasion d’éradiquer la pauvreté et d’ouvrir un âge d’or pour l’humanité tout entière ».
L’aspect quelque peu messianique de ce passage peut frapper, et il faut savoir que le concept même de NBIC a été critiqué. On lui reproche notamment d’être avant tout un concept marketing, forgé de toutes pièces par les promoteurs américains des nanotechnologies et des biotechs afin de décrocher des crédits publics, mais qui ne repose sur aucune réalité scientifique. Dans les faits, entre les nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives on peut certainement repérer des convergences deux à deux (par exemple entre les sciences de l’information et les nanotechnologies), mais rien qui soit à l’intersection des quatre domaines considérés. Au Japon, pays qui a énormément investi sur ces différentes technologies, le concept n’existe pas !
Améliorer l’espèce humaine ?
L’élan donné par la NSF est venu conforter le transhumanisme, un courant de pensée, pour l’instant très américain, où se croisent « technoprophètes », chercheurs ayant pignon sur rue et grands dirigeants d’entreprises dans les secteurs de haute technologie, à l’image de l’informaticien Ray Kurzweil, le directeur de l’ingénierie de Google. En 1999, la Déclaration de l’Association transhumaniste mondiale contenait deux articles très révélateurs :
1- Les transhumanistes prônent le droit moral, pour ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.
2- Nous prônons une large liberté de choix quant aux possibilités d’améliorations individuelles. Celles-ci comprennent les techniques afin d’améliorer la mémoire, la concentration et l’énergie mentale ; les thérapies permettant d’augmenter la durée de vie, ou d’influencer la reproduction ; la cryoconservation, et beaucoup d’autres techniques de modification et d’augmentation de l’espèce humaine.
Leur objectif de long terme : à l’aide des technologies, améliorer l’espèce humaine. D’abord réparer l’homme et le libérer de ses vulnérabilités biologiques, puis augmenter ses capacités, notamment cérébrales, pour en faire un homme beaucoup plus puissant ; enfin, enrayer le phénomène de vieillissement. N’est-ce pas l’ambition affichée de Calico, l’entreprise lancée à l’automne 2013 par Google ?
Dans son rapport de 2012, « Global Trends 2030 », le National Intelligence Council (NIC), un organisme qui coiffe les seize agences de renseignement américaines, insistait lui aussi sur ces technologies de la transformation transhumaniste. Il évoque les psychostimulants permettant aux militaires de rester efficaces plus longtemps au combat, les implants rétiniens permettant de voir la nuit et dans les spectres non visibles par les humains traditionnels, ainsi que les neuromédicaments décuplant l’attention, la vitesse de raisonnement et la mémoire.
Les transhumanistes attendent aussi beaucoup des grands projets actuels sur le cerveau. Reconstituer la complexité d’un cerveau humain et de ses quelque 100 milliards de cellules avec leurs connexions, c’est le but poursuivi à la fois par le projet Human Cognome aux États-Unis et par le projet Blue Brain en Suisse. En attendant un hypothétique « uploading », c’est-à-dire le transfert du contenu d’un cerveau humain sur un ordinateur, sa dématérialisation dans le « cloud » ou sa réimplantation sur un robot.
Google, l’un des acteurs les plus impliqués dans les projets d’humanité augmentée, est partie prenante d’un projet encore plus inquiétant : l’université de la singularité. La « singularité » est un concept selon lequel, à partir d’un certain moment de son évolution technologique, la civilisation humaine connaîtra une croissance technologique d’un ordre supérieur. L’ « Ecole de la Singularité » annonce même l’avènement vers 2060 d’une intelligence supérieure à l’intelligence humaine ! Larry Page, fondateur de Google, ainsi que différentes figures liées à la firme, ont même lancé une Université de la Singularité, destinée à dynamiser, faire converger et diffuser les différents travaux de recherche qui permettraient d’atteindre ce but.
Ces projets grandioses aux postulats scientifiques souvent discutables, mais exploités avec bonheur par les auteurs de science-fiction, posent des questions morales fondamentales. Avons-nous le droit de modifier l’espèce ? Que devient l’homme, l’idée même d’humanité, dans cette vision d’un futur habité de surhommes qui n’est pas sans évoquer les pires heures du XXe siècle, quand les totalitarismes se mirent en tête de créer « l’homme nouveau », et pour ce faire massacrèrent à tout va. Car dans ce monde de surhommes, que deviennent les hommes, ceux qui resteront en arrière ?
Vastes questions. Si vastes qu’elles semblent presque irréelles. Et elles auraient presque tendance à nous faire oublier que le transhumanisme est déjà une réalité, une construction dynamique par petites étapes, plus modestes mais bien réelles, dans l’« augmentation » de l’homme. Et que pour chacune de ces étapes, les mêmes questions se posent : comment l’éthique devra-t-elle et pourra-t-elle encadrer l’avancée ? Comment y adapter le système de santé pour respecter à la fois l’exigence de bio-équité et l’équilibre des finances publiques ?
Questions éthiques
Le diagnostic pré-implantatoire fournit un exemple édifiant. Il est possible, depuis décembre 2010 et les découvertes du Dr Dennis Lo de la Chinese University de Hong-Kong, de réaliser un diagnostic génomique complet d’un embryon de trois mois à partir de ce qu’on appelle les « cellules circulantes » de la mère, celles en provenance du fœtus et que l’on recueille sur la mère par simple prise de sang. Un algorithme, actionné par un ordinateur très puissant, permet ensuite de différencier les séquences du futur bébé de celles de sa mère. Des milliers de maladies génétiques pourront donc être dépistées sans faire courir aucun risque ni à la mère (plus d’amniocentèse) ni à l’enfant. L’étape suivante de cette « quête de l’enfant parfait », c’est l’implantation de gènes sur demande. Depuis 2009, on sait remplacer les mitochondries (micro-usines produisant les protéines de la cellule) d’une cellule souche de primates. Dès que la chose sera possible sur l’homme, une fécondation in vitro permettra d’optimiser, à la carte, le patrimoine génétique d’un embryon. Cette modification génétique sera transmissible aux générations successives. Tout cela pose évidemment de graves problèmes éthiques, et plusieurs interrogations surgissent spontanément qui concernent la définition même de notre espèce. Par exemple, si la fécondation in vitro offre ces options high tech, quel est l’avenir de la procréation naturelle ? Quelles conséquences l’élimination des imperfections aura-t-elle sur la biodiversité humaine ? Autrement dit, la standardisation génétique de l’humanité est-elle un risque systémique ?
En introduisant la génomique dans la culture collective, explique le chirurgien français Laurent Alexandre dans son livre La Mort de la mort, la révolution NBIC bouleverse le calendrier de l’identification des risques. La progression du diagnostic génétique va donc poser rapidement un épineux problème de politique publique. Chacun connaîtra ses risques et les usagers les moins menacés demanderont un allègement de leurs cotisations d’assurance maladie. Le principe de solidarité, qui fonde la sécurité sociale dans la plupart des pays, est en danger. Si on connaît d’avance, avec certitude, celui qui coûtera le plus cher à la société, c’est-à-dire si on libéralise l’accès de chacun à son ADN (pour quelques centaines d’euros), les porteurs de « mauvais gênes » pourront ils encore s’assurer, trouver des mutuelles ? Puisqu’il est impossible de bloquer l’accès à cette information, chaque pays va devoir réinventer sa politique de santé et les mécanismes d’assurance sur lesquelles celle-ci est adossée.
Autre impact économique de la génomique : à très long terme, avec l’élimination, par sélection génétique, de certaines maladies, il est possible d’espérer une baisse des dépenses de santé. Mais dans les premières décennies de sa diffusion, c’est le contraire qui peut se produire : les dépenses de géno-santé, poursuit Laurent Alexandre, vont augmenter pour les embryons, les enfants et les jeunes adultes, alors que traditionnellement, 70 % des coûts sont générés par 10 % de la population atteinte par les pathologies du vieillissement. Le système devra affronter pendant quelques générations le double poids des jeunes et de la fin de vie. L’équilibre budgétaire s’en trouvera gravement perturbé.
Ce n’est pas un hasard si certains adversaires du transhumanisme, dont le plus actif reste l’historien Francis Fukuyama, auteur de La Fin de l’homme, reprochent à ce mouvement de promouvoir une forme supérieure de l‘inégalité, celle qui règnerait entre hommes naturels et hommes augmentés. Pour Fukuyama, postuler la possibilité d’une transformation de la condition humaine par les technologies pousse à l’extrême l’utopisme technicien hérité de Francis Bacon.
Mais la société utopique qui serait issue de la révolution transhumaniste peut être critiquée de bien d’autres manières. Pour les universitaires français Alain Marciano et Bernard Tourrès, le transhumanisme ouvre sur un contractualisme généralisé où la société peut exister sans « bien commun », sans « vivre ensemble » autre que la juxtaposition des individus « libres », délivrés de tout devoir de solidarité. Cela touche à l’idée même de démocratie telle qu’elle s’est développée historiquement, mais aussi à un rapport à l’autre plus immédiat , celui qui s’exprime dans le couple, la famille, la sexualité. La question de la procréation, en particulier, est troublante, car elle engage avec elle celle de la différence des sexes, de la parentalité, et au-delà de l’identité de la personne humaine. L’utopie technicienne gomme en quelque sorte cette dimension. Le philosophe Jean-Claude Guillebaud repère ainsi dans le transhumanisme une forme d’immaturité militante, marquée par la haine du corps, de ses infirmités et de ses souffrances, de ses imperfections – une haine, en somme, de ce qui fait l’homme. Le transhumanisme – faut-il le dire ? – n’est pas un humanisme.
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Re: Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
http://www.paristechreview.com/2014/01/07/homme-augmente-transhumanisme/
« Qui est l’homme ? » – Cycle de formation bioéthique d’Alliance VITA, « L’Université de la Vie », pour la première fois dans 50 villes de France simultanément, par visioconférence
Les lundis 13, 20 et 27 janvier et 3 et 10 février 2014 à 20h30, Alliance VITA présente la 8e édition de son cycle de formation « L’Université de la Vie », 5 soirées sur les questions bioéthiques, du début à la fin de la vie, préparées à partir des services d’écoute et d’accompagnement d’Alliance VITA et de son analyse des textes législatifs, politiques, scientifiques, médiatiques sur ces sujets.
A l’origine de la vie humaine : anthropologie, procréation, maternité, paternité,
Homme ou femme : interchangeables ?
Fragilité, dépendance et interdépendance
Un temps pour vivre, un temps pour mourir
Le transhumanisme : vers une “intégration homme – machine” ?
Voici les thèmes que VITA estime crucial d’approfondir, afin d’apporter un début de réponse au thème 2014 « Qui est l’homme ? », alors que se profilent en France le projet de légaliser la PMA et la GPA pour des personnes de même sexe, le suicide assisté, mais aussi la banalisation de la théorie du genre ou encore l’avènement de « l’homme augmenté ».
Parmi les intervenants, le docteur Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA, Tugdual Derville, Délégué général, Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute de VITA, transmettent lors de ces soirées l’expérience d’années d’écoute, de rencontres, d’étude de la société.
L’Université de la Vie 2014 innove : retransmise en Visio conférence dans 48 villes de France, elle est proposée pour la première fois en région par des équipes VITA départementales, notamment : Nantes, Toulouse, Marseille, Lyon, Strasbourg, Rennes, mais aussi Chartres, Reims, etc. Chaque ville organise les 5 soirées en deux étapes : un temps en Visio avec Paris ; un temps local autour d’experts et de témoins de chaque département.
Pour Ségolène du Closel, coordinatrice de l’Université de la Vie, à l’origine de cette extension nationale : « C’est à la fois un défi et une chance d’organiser la première session en régions de l’Université de la Vie en Visio conférence dans près de 50 villes de France. Les Français que nous rencontrons nous disent à quel point ils ressentent le besoin d’une formation sur la bioéthique, un sujet de société qui nous concerne tous. Qui est l’homme ? Quelle société voulons-nous bâtir ? Les 5 soirées de formation VITA fourniront un fondement pour acquérir des points de repère, réfléchir personnellement sur ces sujets et se les approprier. »
Alliance VITA est une association engagée pour le respect de la dignité de la vie humaine. Elle anime des services d’écoute sur le début de vie : SOS bébé, ainsi qu’un service sur la fin de vie SOS fin de vie. Elle compte 37 000 soutiens en France, et 128 équipes départementales.
Pour la carte de France de l’Université de la Vie http://www.universitedelavie.fr/villes-participantes/
Pour le programme et l’inscription www.universitedelavie.fr
« Qui est l’homme ? » – Cycle de formation bioéthique d’Alliance VITA, « L’Université de la Vie », pour la première fois dans 50 villes de France simultanément, par visioconférence
Les lundis 13, 20 et 27 janvier et 3 et 10 février 2014 à 20h30, Alliance VITA présente la 8e édition de son cycle de formation « L’Université de la Vie », 5 soirées sur les questions bioéthiques, du début à la fin de la vie, préparées à partir des services d’écoute et d’accompagnement d’Alliance VITA et de son analyse des textes législatifs, politiques, scientifiques, médiatiques sur ces sujets.
A l’origine de la vie humaine : anthropologie, procréation, maternité, paternité,
Homme ou femme : interchangeables ?
Fragilité, dépendance et interdépendance
Un temps pour vivre, un temps pour mourir
Le transhumanisme : vers une “intégration homme – machine” ?
Voici les thèmes que VITA estime crucial d’approfondir, afin d’apporter un début de réponse au thème 2014 « Qui est l’homme ? », alors que se profilent en France le projet de légaliser la PMA et la GPA pour des personnes de même sexe, le suicide assisté, mais aussi la banalisation de la théorie du genre ou encore l’avènement de « l’homme augmenté ».
Parmi les intervenants, le docteur Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA, Tugdual Derville, Délégué général, Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute de VITA, transmettent lors de ces soirées l’expérience d’années d’écoute, de rencontres, d’étude de la société.
L’Université de la Vie 2014 innove : retransmise en Visio conférence dans 48 villes de France, elle est proposée pour la première fois en région par des équipes VITA départementales, notamment : Nantes, Toulouse, Marseille, Lyon, Strasbourg, Rennes, mais aussi Chartres, Reims, etc. Chaque ville organise les 5 soirées en deux étapes : un temps en Visio avec Paris ; un temps local autour d’experts et de témoins de chaque département.
Pour Ségolène du Closel, coordinatrice de l’Université de la Vie, à l’origine de cette extension nationale : « C’est à la fois un défi et une chance d’organiser la première session en régions de l’Université de la Vie en Visio conférence dans près de 50 villes de France. Les Français que nous rencontrons nous disent à quel point ils ressentent le besoin d’une formation sur la bioéthique, un sujet de société qui nous concerne tous. Qui est l’homme ? Quelle société voulons-nous bâtir ? Les 5 soirées de formation VITA fourniront un fondement pour acquérir des points de repère, réfléchir personnellement sur ces sujets et se les approprier. »
Alliance VITA est une association engagée pour le respect de la dignité de la vie humaine. Elle anime des services d’écoute sur le début de vie : SOS bébé, ainsi qu’un service sur la fin de vie SOS fin de vie. Elle compte 37 000 soutiens en France, et 128 équipes départementales.
Pour la carte de France de l’Université de la Vie http://www.universitedelavie.fr/villes-participantes/
Pour le programme et l’inscription www.universitedelavie.fr
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Re: Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
Transhumanisme : le meilleur des mondes est-il pour demain ?
Hier, on pouvait lire sur lalibre.be :
"En 2012, le géant californien Google a engagé comme ingénieur en chef Ray Kurzweil, cerveau en matière d’intelligence artificielle. Connu comme promoteur du transhumanisme, il est le pape de la "singularité". Sa thèse : "dès 2045 l’intelligence artificielle dépassera celle de l’humain". Son rêve : faire reculer la mort, et notamment, améliorer le cerveau humain grâce aux implants et aux ordinateurs, et même le rendre immortel en "versant" (uploader) l’intelligence humaine, le contenu d’un cerveau, dans un ordinateur."
Au même moment, sur "Paris Notre-Dame", sous le titre : "Transhumanisme : vers le meilleur des mondes ?" paraissait une interview de Jean-Guilhem Xerri, biologiste médical des hôpitaux, conférencier, blogueur et auteur d’articles et d’ouvrages dont "Le soin dans tous ses états" (Éd. DDB).
P. N.-D. – Le bulletin du Secrétariat général de la Conférence des évêques de France (CEF) de septembre dernier portait sur Le transhumanisme, ou quand la science–fiction devient réalité [1]. Vous en êtes l’auteur. Comment définissez-vous ce terme ?
Jean-Guilhem Xerri – Le transhumanisme est une philosophie qui vise à transformer la nature humaine en s’appuyant sur la technologie. Le début du mouvement transhumaniste remonte aux années 1980 et regroupe des philosophes, scientifiques, mathématiciens et informaticiens, représentés par l’Association internationale de transhumanisme (WTA). L’idée de départ, c’est le constat que la nature humaine est ratée puisque nous tombons malades, vieillissons et mourons. Qu’il faut donc transformer cette humanité. Cette philosophie s’appuie sur quatre techniques qui, après avoir explosé au vingtième siècle, sont devenues suffisamment matures pour converger et devenir très puissantes : les nanotechnologies, les biotechnologies, l’intelligence artificielle et les sciences cognitives. Le transhumanisme passe par trois étapes : l’« homme réparé » d’abord, qui bénéficie de greffes, prothèses ou exosquelettes [2], l’« homme augmenté » ensuite, dont les performances physiques et mentales sont décuplées, puis l’« homme transformé » : un homme-robot qui vivra plus longtemps, voire ne mourra pas, si l’on en croit les prophéties des transhumanistes.
P. N.-D. – Qu’est-ce que le transhumanisme reflète de notre société ?
J.-G. X. – C’est le symptôme d’un certain pessimisme, d’une désespérance actuelle sur le sens de la nature humaine. Si le progrès médical qui fait partie de cette philosophie est une bonne chose, le transhumanisme est une spiritualité matérialiste qui ne reconnaît pas l’existence de l’âme au sens chrétien du terme. Leurs penseurs ambitionnent de repousser nos limites biologiques. Ils parlent d’« immortalité numérique » : l’on pourrait transférer les données d’un cerveau dans une machine (on en sera bientôt capable) et pourquoi pas, les transférer à une autre personne. Certes, depuis la Genèse, l’humanité est appelée à une transformation : devenir à la ressemblance de Dieu. Mais cette transformation doit s’effectuer par la grâce, non par la technologie. En fait, le transhumanisme révèle une crise de l’intériorité. Tout cela nous incite à nous interroger sur notre identité profonde.
P. N.-D. - Que pouvons-nous faire face à ces dérives ?
J.-G. X. – Il faut que les intellectuels chrétiens s’emparent dès aujourd’hui du sujet, qu’ils se documentent, qu’ils discernent les enjeux éthiques qui s’y cachent, qu’ils découvrent ses acteurs. Il faut savoir que les transhumanistes font partie des personnes les plus influentes de la planète. Ils sont au cœur de la Silicon Valley, chez Google, Yahoo, à la Nasa, au Pentagone. Ils ont donc des moyens financiers, de l’influence et un pouvoir considérables. Les chrétiens arrivent parfois trop tard en ce qui concerne les questions de bioéthique. Il faut cette fois-ci prendre les devants. Nous avons vingt-cinq ans environ devant nous. • Propos recueillis par Agnès de Gélis
[1] Pour vous procurer ce livret, téléchargez le bon de commande à partir de www.eglise.catholique.fr. 5 €. Tél. : 01 72 36 68 52.
[2] Structure mécanique extérieure au corps qui améliore ses capacités physiques.
Cet article est extrait de Paris Notre-Dame du 30 janvier 2014.
Hier, on pouvait lire sur lalibre.be :
"En 2012, le géant californien Google a engagé comme ingénieur en chef Ray Kurzweil, cerveau en matière d’intelligence artificielle. Connu comme promoteur du transhumanisme, il est le pape de la "singularité". Sa thèse : "dès 2045 l’intelligence artificielle dépassera celle de l’humain". Son rêve : faire reculer la mort, et notamment, améliorer le cerveau humain grâce aux implants et aux ordinateurs, et même le rendre immortel en "versant" (uploader) l’intelligence humaine, le contenu d’un cerveau, dans un ordinateur."
Au même moment, sur "Paris Notre-Dame", sous le titre : "Transhumanisme : vers le meilleur des mondes ?" paraissait une interview de Jean-Guilhem Xerri, biologiste médical des hôpitaux, conférencier, blogueur et auteur d’articles et d’ouvrages dont "Le soin dans tous ses états" (Éd. DDB).
P. N.-D. – Le bulletin du Secrétariat général de la Conférence des évêques de France (CEF) de septembre dernier portait sur Le transhumanisme, ou quand la science–fiction devient réalité [1]. Vous en êtes l’auteur. Comment définissez-vous ce terme ?
Jean-Guilhem Xerri – Le transhumanisme est une philosophie qui vise à transformer la nature humaine en s’appuyant sur la technologie. Le début du mouvement transhumaniste remonte aux années 1980 et regroupe des philosophes, scientifiques, mathématiciens et informaticiens, représentés par l’Association internationale de transhumanisme (WTA). L’idée de départ, c’est le constat que la nature humaine est ratée puisque nous tombons malades, vieillissons et mourons. Qu’il faut donc transformer cette humanité. Cette philosophie s’appuie sur quatre techniques qui, après avoir explosé au vingtième siècle, sont devenues suffisamment matures pour converger et devenir très puissantes : les nanotechnologies, les biotechnologies, l’intelligence artificielle et les sciences cognitives. Le transhumanisme passe par trois étapes : l’« homme réparé » d’abord, qui bénéficie de greffes, prothèses ou exosquelettes [2], l’« homme augmenté » ensuite, dont les performances physiques et mentales sont décuplées, puis l’« homme transformé » : un homme-robot qui vivra plus longtemps, voire ne mourra pas, si l’on en croit les prophéties des transhumanistes.
P. N.-D. – Qu’est-ce que le transhumanisme reflète de notre société ?
J.-G. X. – C’est le symptôme d’un certain pessimisme, d’une désespérance actuelle sur le sens de la nature humaine. Si le progrès médical qui fait partie de cette philosophie est une bonne chose, le transhumanisme est une spiritualité matérialiste qui ne reconnaît pas l’existence de l’âme au sens chrétien du terme. Leurs penseurs ambitionnent de repousser nos limites biologiques. Ils parlent d’« immortalité numérique » : l’on pourrait transférer les données d’un cerveau dans une machine (on en sera bientôt capable) et pourquoi pas, les transférer à une autre personne. Certes, depuis la Genèse, l’humanité est appelée à une transformation : devenir à la ressemblance de Dieu. Mais cette transformation doit s’effectuer par la grâce, non par la technologie. En fait, le transhumanisme révèle une crise de l’intériorité. Tout cela nous incite à nous interroger sur notre identité profonde.
P. N.-D. - Que pouvons-nous faire face à ces dérives ?
J.-G. X. – Il faut que les intellectuels chrétiens s’emparent dès aujourd’hui du sujet, qu’ils se documentent, qu’ils discernent les enjeux éthiques qui s’y cachent, qu’ils découvrent ses acteurs. Il faut savoir que les transhumanistes font partie des personnes les plus influentes de la planète. Ils sont au cœur de la Silicon Valley, chez Google, Yahoo, à la Nasa, au Pentagone. Ils ont donc des moyens financiers, de l’influence et un pouvoir considérables. Les chrétiens arrivent parfois trop tard en ce qui concerne les questions de bioéthique. Il faut cette fois-ci prendre les devants. Nous avons vingt-cinq ans environ devant nous. • Propos recueillis par Agnès de Gélis
[1] Pour vous procurer ce livret, téléchargez le bon de commande à partir de www.eglise.catholique.fr. 5 €. Tél. : 01 72 36 68 52.
[2] Structure mécanique extérieure au corps qui améliore ses capacités physiques.
Cet article est extrait de Paris Notre-Dame du 30 janvier 2014.
P4572- Dans la prière
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Re: Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
Pour Philippe Guillemant, le transhumanisme est mort et enterré. Il appartient au foutur. Et ceci grâce à l'épisode dit covid.
Un physicien qui parle de la joie, c'est intéressant.
Un physicien qui parle de la joie, c'est intéressant.
Desiderius Ulixes- Enfant de Dieu
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Inscription : 04/04/2019
Marie mamùke aime ce message
Re: Transhumanisme : "Qu'allons-nous faire de nous ?"
à revoir cette émission, Attali vers la fin pose la question : "c'est quoi le sanctuaire de l'humain...où est le sanctuaire qu'il faut protéger ?"
( https://www.youtube.com/watch?v=PIWSkT7LNNU&ab_channel=LESGRANDESQUESTIONS 15:10 etc )
Saint Joseph, protecteur des travailleurs, protecteur de Jésus-Christ et de la Sainte Église, priez pour nous !
( https://www.youtube.com/watch?v=PIWSkT7LNNU&ab_channel=LESGRANDESQUESTIONS 15:10 etc )
Véronique Lévy a écrit:
Véronique Lévy
@VroniqueLvy2
(...) Le grand remplacement n'est pas racial, il est celui de l'espèce : l'humanité devenu obsolète. Chômage de masse, manipulation, dislocation sociale ... "Le meilleur des mondes" pour l'IA.
https://twitter.com/VroniqueLvy2/status/1641743735628128256
Saint Joseph, protecteur des travailleurs, protecteur de Jésus-Christ et de la Sainte Église, priez pour nous !
Isabelle-Marie- CONSEILLER DU PEUPLE DE LA PAIX
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