On fête aujourd'hui Sainte Jeanne-Françoise de Chantal !
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On fête aujourd'hui Sainte Jeanne-Françoise de Chantal !
SAINTE JEANNE-FRANCOISE DE CHANTAL
Sainte JEANNE-FRANCOISE DE CHANTAL
véritable portrait dont l'original, peint en 1936,
se trouve à la Visitation de Turin.
Son enfance
Jeanne est née le 23 janvier 1572 à Dijon, quatre ans et demi après François de Sales. Elle est la fille de Marguerite, née Berbisey, et de Bénigne Frémyot, alors conseiller à la Chambre des Comptes. C'est pour ce dernier une déception, car il aurait préféré un garçon, qui ne tardera cependant pas à venir. En effet, Marguerite donne dix-huit mois après naissance à André, laissant la vie lors de cet accouchement.
C'est la sœur de Bénigne, Marguerite Frémyot, veuve elle aussi, qui remplacera la jeune mère, partie si précocement, auprès des enfants. Jeanne aura ainsi, malgré le manque maternel, une enfance heureuse. C'est une fille " rieuse, vive, intelligente et studieuse " note Mgr Trochu. La mère de Chaugy ajoute que " la petite orpheline ne laissa pas d'être élevée avec un très grand soin ".
Comme toutes les jeunes filles " de bonne famille ", Jeanne apprend à lire, écrire, danser ou broder… Elle apprend " avec une grande souplesse et vivacité d'esprit " mais ce n'est pas ce qui importe le plus pour son père, dont la droiture et la moralité sont admirées par tout le Parlement. Ainsi André Ravier écrit que " cependant, pour Bénigne Frémyot, l'essentiel de l'éducation de ses enfants se situait au-delà de toute instruction et de toute formation aux belles manières. Il les voulait fermes et fidèles catholiques. " Lui-même l'était avec ferveur, ce qui lui fit avouer un jour au roi Henri IV, qui avait abjuré le protestantisme en 1593 : " Sire, je vous confesse que si Votre Majesté n'eût crié de bon cœur : Vive l'Eglise Romaine, je n'aurais jamais crié : Vive le Roi Henri IV ". Jeanne est de la même trempe : elle a cinq ans à peine lorsqu'elle jette au feu les dragées données par un gentilhomme protestant, en s'écriant courageusement : " Voilà, monsieur, comment brûleront tous les hérétiques au feu d'enfer, parce qu'ils ne croient pas ce que Notre-Seigneur a dit " ; de même, à vingt ans, elle rejette résolument un prétendant huguenot… Et tout au long de sa vie, elle fera preuve comme son père d'un fervent attachement à la foi catholique.
En 1587, sa sœur aînée Marguerite, alors âgée de dix-sept ans, est mariée à Jean-Jacques de Neufchaize, originaire d'une famille de la vieille noblesse poitevine. Le jeune ménage, accompagné par Jeanne, part par conséquent s'installer dans le Poitou, où il mène grand train. Et force est de constater que Jeanne est loin d'être insensible à tout ce luxe, tout comme elle est loin d'être insensible aux avances qui lui sont faites. Car cette belle jeune fille attire de nombreux jeunes gens, mais elle sait repousser les charmeurs et arracher les masques des plus aventureux.
Son mariage
En 1592, M. Frémyot rappelle Jeanne à ses côtés. Ce n'est pas sans tristesse que cette dernière quitte sa sœur, d'avec laquelle elle n'a encore jamais été séparée. Mais Bénigne ne fait pas revenir sa fille sans de solides raisons : il nourrit en fait le projet de la marier avec Christophe de Rabutin, second baron de Chantal, alors âgé de vingt-sept ans. Le contrat de mariage est signé le 28 décembre suivant au château de Bourbilly, résidence du jeune baron, dont les terres jouxtent celles de Thôtes, propriété de Bénigne Frémyot.
Bourbilly : André Ravier en dit que c'est là que Jeanne de Chantal " atteignit sa pleine stature " humaine et spirituelle. Jeanne est une grande amoureuse, quoique le baron de Chantal ait été " fort galant " avant de se marier, d'après la mère de Chaugy, et soit encore un " fervent de la lame ". Elle est alors surnommée " la dame parfaite ", ce qui relève d'abord d'un sens très pratique car elle régit d'une main de fer un domaine truffé de dettes et le redresse avec succès. Cette qualité lui sera d'ailleurs très utile par la suite, lorsqu'elle aura à charge l'Ordre de la Visitation… Mais c'est aussi " la dame parfaite " spirituellement : " elle était parmi les dames de sa qualité, comme un brillante étoile ", écrit Charles-Auguste de Sales. En effet, Jeanne est toujours fervente catholique, et assiste notamment tous les matins à la Sainte Messe ; elle pratique de plus sans restriction l'exercice de la charité : " tous les jours, après son dîner, elle allait recevoir à l'entrée du château les pauvres qui venaient chercher nourriture ". Ainsi, pendant le rude hiver 1600-1601, durant lequel beaucoup moururent de faim après l'épuisement des réserves, Jeanne transforme plusieurs pièces du manoir en hôpital, avec le soutien de son époux, et fait " construire un four de quinze pieds de large pour le pain des pauvres. Et des témoins ont affirmé sous la foi du serment que deux fois au moins, par la multiplication mystérieuse du blé, puis de la farine, le miracle vint au secours de sa charité. " (Mgr Trochu)
C'est encore à Bourbilly que moins de dix ans après le mariage un banal accident de chasse ouvrira dans le cœur de Jeanne une douleur " qui ne pouvait se décrire " (Marcelle Georges-Thomas), mais qui pourtant portera à terme de nombreux fruits spirituels. Le baron meurt des suites d'un coup involontaire de Louis d'Anlezy, après neuf jours d'agonie. La future sainte aura du mal à pardonner au " meurtrier " de son époux, mais elle le fera cependant, et pas à moitié puisqu'elle acceptera de devenir la marraine de l'un des enfants de M. d'Anlezy.
Un veuvage difficile
De son mariage avec Christophe de Rabutin, Jeanne a eu six enfants, dont les deux premiers sont morts à la naissance : en 1596, c'est la naissance de Celse-Bénigne, puis en 1598 celle de Marie-Aimée, qui épousera Bernard de Sales. En 1599, Jeanne accouche de Françoise. Et enfin Charlotte arrive en 1601, quinze jours seulement avant l'accident de chasse du baron. Jeune veuve, Jeanne doit donc assumer seule ses quatre enfants. Son veuvage est d'autant plus difficile qu'elle doit rejoindre en décembre 1602 son beau-père, le vieux baron Guy de Chantal, à Monthelon, près d'Autun, où elle fera " un purgatoire de sept ans et demi ".
La vie est en effet rude à Monthelon, à cette époque simple gentilhommière mal entretenue ; une servante, avec laquelle le vieux baron a eu cinq enfants, dirige la maison ; et les rapports qu'entretient Jeanne tant avec la " servante maîtresse ", vulgaire et prétentieuse, qu'avec Guy de Chantal, vieux soldat souvent violent, ne sont pas des plus sereins. Mais elle porte sa croix avec patience, illustrant à sa manière la devise surmontant l'entrée de Monthelon : Virtus vulnere virescit, la vertu s'accroît par les plaies.
Sa croix est d'autant plus lourde que, dès le décès de son époux, Jeanne est bouleversée. Elle écrira bien plus tard : " il plut à Dieu que mon esprit fût agité de tant de diverses et violentes tentations que, si sa bonté n'eût eu pitié de moi, je fusse sans doute périe dans la fureur de cette tempête ". Elle dépérit peu à peu, se sent perdue, et a envie de fuir : " je crois que si le lien de mes quatre petits enfants ne m'eût retenue par obligation de conscience, je m'en fusse enfuie, inconnue, dans la Terre Sainte, pour y finir mes jours ".
Jeanne ne trouve de secours que dans le Seigneur, et plus que jamais elle a désir de s'abandonner pleinement à Lui. Seule devant lui, elle prie et pleure tout à la fois… Elle est en ces durs instants une grande âme qui se cherche…
La rencontre avec François de Sales
Un an après la mort du jeune baron de Chantal, le président Frémyot avait rappelé pendant quelques semaines sa fille et ses petits-enfants à ses côtés. Jeanne avait alors rencontré un religieux qui deviendrait son premier directeur de conscience. Ce dernier lui avait fait prêter quatre vœux : le premier, de lui obéir ; le deuxième, de ne pas changer de directeur de conscience ; le troisième, de garder secret ce qu'il lui dirait ; et le dernier, de ne confier qu'à lui les tourments de son âme… S'ajoutant aux misères de Monthelon, les exigences de ce sévère directeur spirituel ne sont pas pour réconforter Jeanne et apaiser ses tourments. Bien au contraire !
Mais fort heureusement Jeanne ne devait pas garder bien longtemps ce religieux comme guide. Le 5 mars 1604, elle arrive à Dijon, à la demande de son père, pour écouter le jeune évêque de Genève. Le jour-même, elle l'entend prêcher. C'est certes la première fois qu'elle rencontre physiquement le saint évêque, et elle connaît même à peine son nom, mais elle l'a néanmoins déjà vu : elle reconnaît " aussitôt celui que Dieu lui avait montré jadis dans une vision, pendant qu'elle se promenait à cheval dans les bois de Bourbilly. " (Marcelle Georges-Thomas). Et l'évêque lui-aussi reconnaît cette dame attentive, se souvenant d'une apparition qu'il a eue autrefois, au château de Sales, durant laquelle le visage de Jeanne ressortait au milieu d'un groupe de religieuses.
La relation entre les deux saints est dès lors établie, mais reste lente, parfois ralentie, notamment à cause du guide et confesseur de Madame de Chantal ou des quatre vœux qu'il lui a fait prêter, mais aussi des charges de Jeanne qui, rappelons-le, est mère de famille.
La rencontre de Saint-Claude, du 24 au 28 août de la même année, est décisive. François de Sales relève déjà Jeanne des quatre vœux la liant à son directeur spirituel. " Tous ces quatre vœux ne valent rien qu'à détruire la paix d'une conscience ", lui affirme-t-il bien justement ; et, après qu'elle se soit confiée à lui, il lui donne un billet sur lequel il a écrit : " J'accepte, au nom de Dieu, la charge de votre conduite spirituelle, pour m'y employer avec tout le soin et fidélité qui me sera possible ". Alors Jeanne fait " vœu à la Divine Majesté d'obéissance à Mgr l'évêque de Genève, sauf l'autorité de tous légitimes supérieurs " (mère de Chaugy).
Vers la Visitation
Le 21 mai 1605, Jeanne arrive au château de Sales, pour rencontrer une nouvelle fois l'évêque de Genève. Elle y demeure dix jours, durant lesquels François lui fait part à mots couverts de ses projets. Jeanne lui répond par cette question : " Ô mon Dieu, mon Père, hé, ne m'arracherez-vous point au monde et à moi-même ? ". L'idée d'entrer en religion se précise donc, et c'est avec une nouvelle ferveur spirituelle que Jeanne retourne à Monthelon. Ferveur spirituelle qui ne doit en rien faire oublier qu'elle est toujours torturée par ses tentations. " Tant que je pouvais, je me tenais serrée à l'arbre de la Croix, crainte que tant de voix charmeresses ne fissent endormir mon cœur en quelques complaisances mondaines ", écrit-elle. Dans l'élan, elle joint le geste à la parole, gravant avec un fer rougi au feu le saint nom de Jésus sur son cœur. Toute sa vie, la sainte gardera cette cicatrice !
Jeanne se donne plus encore aux pauvres, et, durant les vendanges de l'année 1606, elle est atteinte de dysenterie à force de secourir les malades lors de l'épidémie. Elle fait un vœu à la Sainte Vierge, et, la foi venant au secours de la maladie, se trouve le lendemain parfaitement guérie et prête à reprendre du service !
A la Pentecôte 1607, Jeanne retrouve François de Sales à Paris. A l'occasion de ce séjour, l'évêque lui dévoile ses projets, lui exposant le plan de la Visitation. Mais les difficultés sont nombreuses. Jeanne ne peut notamment pas se séparer si facilement de ses quatre jeunes enfants. Le mariage entre Bernard, baron de Thorens et frère de François de Sales, et Marie-Aimée, aînée des filles de Jeanne, facilitera les choses.
Aussi, le 29 mars 1610, Mme de Chantal fait à Dijon ses adieux à son père et à son fils aîné Celse-Bénigne, qui va jusqu'à se coucher sur le seuil de la porte en espérant la faire changer d'avis. Mais le dessein de Dieu est établi, et son père lui dit ces paroles en la bénissant : " Il ne m'appartient pas, ô mon Dieu, de trouver à redire à ce que votre Providence a conclu en son décret éternel ". Le même jour, Mme de Chantal quitte Dijon.
Elle arrive le 4 avril 1610, jour des Rameaux, à Annecy, où elle est accueillie par le saint évêque. Dès le surlendemain, elle passe un acte devant notaire, se dépouillant de tout ce qu'elle possédait en faveur de ses enfants.
Après avoir logé un premier temps chez le président Favre, dont la fille Jacqueline sera parmi les premières visitandines, Jeanne, qui dès le lendemain deviendra la mère de Chantal, inaugure le 6 juin la " maison de la Galerie ", qui pour l'instant ne dispose ni de mobilier ni de provisions… Elle y entre dans la soirée avec Marie-Jacqueline Favre et Jeanne-Charlotte de Bréchard, après que le saint évêque lui ait remis un abrégé des Constitutions, écrit de sa main. La Visitation est née. " Voici le lieu de nos délices et de notre repos ", dit Jeanne à ses premières filles.
La mère de Chantal
Les prétendantes arrivent nombreuses, et le 6 juin 1611, un an après la fondation, les trois premières mères font profession entre les mains de l'évêque de Genève.
Au mois d'août, la mère de Chantal apprend que son père vient de mourir. C'est pour elle une grande tristesse. " Dieu veut être votre unique père, car Il a retiré à lui celui qu'Il vous avait donné sur la terre ", l'enseigne François de Sales. Et il ajoute : " Dieu l'a voulu, c'est tout dire ".
Vers juin 1613, c'est au tour de son beau-père de rendre son âme à Dieu, " après avoir racheté par une fin chrétienne les désordres de sa vie " (Marcelle Georges-Thomas). C'est pour la mère de Chantal l'occasion de se réconcilier pleinement avec la servante maîtresse qui lui avait causé tant de misères à Monthelon.
Le 25 janvier 1615, la mère de Chantal part pour Lyon avec quelques unes de ses filles, à l'invitation de l'archevêque Denis de Marquemont. Un premier monastère est fondé en dehors du diocèse de Genève. Jeanne y reste jusqu'en octobre puis le laisse sous la direction de la mère Marie-Jacqueline Favre. La fondation de Lyon n'est que la première d'une longue série, inaugurant notamment celle de Moulins en 1616, où Jeanne, malade, délèguera Jeanne-Charlotte de Bréchard pour la fondation… Et à sa mort en 1641, c'est quatre-vingt sept monastères qu'elle aura vu naître !
L'année 1617 sera difficile. Le 23 mai, son gendre Bernard décède de la fièvre pestilentielle. C'est une rude épreuve pour Marie-Aimée, d'autant plus qu'elle est enceinte. Elle vient donc trouver réconfort auprès de sa mère à la Visitation d'Annecy, où elle accouchera d'un enfant qui mourra sitôt baptisé. Marie-Aimée meurt à son tour le 7 septembre, après avoir pris l'habit et prononcé ses vœux. La mère de Chantal, qui a elle-même fermé les yeux à sa fille, ne supporte pas tous ces décès, et tombe gravement malade, si bien que ses filles craignent pour sa vie. Mais en février de l'année suivante, la voyant à l'agonie, saint François de Sales lui porte les reliques de Charles Borromée ; Jeanne s'en trouve alors soudainement guérie.
Elle reprend alors une vie des plus actives, participant notamment à la fondation du premier monastère de Paris, le 1er mai 1619, monastère qui sera placé sous la direction spirituelle d'un jeune M. Vincent, futur saint Vincent de Paul. Durant le séjour qu'elle fait dans la capitale, la mère de Chantal se lie notamment avec Mère Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal. Angélique Arnauld ayant grand désir de devenir visitandine, la mère de Chantal insiste en ce sens auprès du saint évêque. Renvoyé à l'arbitrage du pape, l'avis fut néanmoins défavorable et Angélique Arnauld ne sera jamais visitandine. Durant ce même voyage, Mère de Chantal marie sa fille Françoise à M. de Toulongeon, le 12 juin 1620, tandis que Celse-Bénigne fait son entrée à la Cour non sans succès, mais aussi non sans inquiétude pour sa mère…
Cette dernière quitte Paris en février 1622 pour rejoindre Annecy. Elle passe notamment par le Carmel de Maubuisson durant son voyage, puis par la Visitation d'Orléans, celles de Bourges, Nevers, Moulins… Elle passe aussi par Dijon, avec une certaine émotion. A Lyon, elle rencontre François de Sales. La mère de Chantal désirant ardemment s'entretenir avec lui, le saint lui répond : " Eh quoi ! ma Mère, avez-vous encore des désirs empressés et du choix ? Je vous croyais toute angélique. " Cette prompte répartie ne les empêchent pas de s'entretenir pendant quatre heures, pour la dernière fois. A l'Epiphanie 1623, Mère de Chantal apprend que le saint est décédé le 28 décembre précédent.
Les dernières années
Mère de Chantal ne s'afflige point outre mesure, " adorant la divine Providence en embrassant au mieux […] la très sainte volonté de Dieu ", comme elle le racontera plus tard à la mère de Chaugy, et elle reprend le lourd héritage qui lui a été légué par le saint, notamment les treize Visitations déjà ouvertes.
Elle rentre à Annecy le 15 janvier, et s'attache dès lors à achever les travaux du saint évêque, notamment agencer tous ses écrits, afin d'affiner les règles de l'Ordre. Pour bien marquer son attachement à ces règles, et plus particulièrement l'élection d'une nouvelle supérieure tous les trois ans, Mère de Chantal se démet de cette charge le 27 mai 1623 devant toute la communauté, ce qui lui est refusé ! " J'accepterai la charge, non perpétuelle, mais selon la règle ", commente-t-elle.
Aux environs de la Pentecôte 1624, Mère de Chantal réunit une assemblée de toutes les Mères de l'Ordre. Assemblée importante, puisqu'elles y rédigent solennellement le Coutumier, avec un grand respect de la pensée de leur fondateur.
Durant ces mêmes années, elle s'attelle à une autre tâche de grande envergure : rassembler témoignages et documents en vue de la canonisation de François de Sales, ainsi que préparer les écrits et divers entretiens de l'évêque pour de futures éditions. Elle travaille si activement que le Saint-Siège accorde en 1627 qu'aux deux commissaires déjà présents pour préparer une possible canonisation, deux autres viennent les épauler.
Et l'élan fondateur se poursuit aussi : Mère de Chantal fonde par exemple elle-même la Visitation d'Evian-Thonon en août 1625. Les créations se poursuivent avec une vigueur qui jamais ne va se démentir jusqu'à la mort de la sainte.
Le 22 juillet 1627, elle doit faire face à un nouveau décès : on lui apprend que Celse-Bénigne est mort avec courage à la guerre, face aux troupes anglaises, transpercé par vingt-sept coups de pique. Voici les paroles de la sainte, rapportées par Mère de Chatel qui se trouvait auprès d'elle, à l'annonce de la nouvelle : " Mon Seigneur et mon Dieu, souffrez que je parle pour donner un peu d'essor à ma douleur, et que dirais-je, mon Dieu, sinon vous rendre grâce de l'honneur que vous avez fait de le prendre lorsqu'il combattait pour l'Eglise ? " André Ravier note dans sa biographie tout le chagrin et toute la fierté d'un cœur noble qui se mêlent à la fois dans cette réaction, " l'offrande résignée et amoureuse de la véritable chrétienne ".
Mère de Chantal n'est pas au bout de ses épreuves. Ainsi, la peste frappe Annecy à la fin des années 1620. Mais elle tient bon devant la difficulté, et tandis que nombreux sont ceux qui fuient, reste avec ses filles et obtient même que le premier syndic et quelques autres citoyens se dévouent au service des pestiférés. C'est une fidélité parfaite à son devoir, et une réponse non moins parfaite à ceux qui exhortaient les visitandines à sortir de leurs couvents : c'est la preuve que le respect de la clôture n'empêche pas l'action.
Dans le cadre du dossier de béatification de François de Sales, Mère de Chantal assiste à l'ouverture du tombeau du futur saint. Plusieurs attestent qu'alors, Mère de Chantal priant à genoux près du corps, l'évêque étendit doucement la main et la posa sur la tête de la mère…
Est-ce un encouragement ? Certainement, et mère de Chantal continue activement son action, se sentant parfois presque dépassée, comme elle le dit en 1633 : " Mon Dieu, voilà déjà cinquante-neuf monastères ! Que cette multitude de maisons qu'on n'a pas moyen de soutenir, tant au spirituel qu'au temporel, me fait grand peine ! ". Mais elle ne se découragera pas pour autant !
Ainsi en 1635, alors que l'Ordre compte soixante et onze monastères, elle part pour Paris et rappelle à cette occasion que la charité doit être le seul lien entre toutes les Visitations. Elle quitte la capitale au début de l'année 1636 et gagne Troyes, puis Dijon, Autun, Mâcon, Valence… Elle arrive le 23 juin à Pont-Saint-Esprit, puis va à Arles, Aix ou Marseille… En remontant, elle passe aussi par Montpellier ou Avignon. Et elle n'est de retour à Annecy qu'en octobre… La tournée des monastères a donc été longue et éprouvante, alors même que la santé de Mère de Chantal se dégrade.
A Annecy, la tentation réapparaît et Mère de Chantal doute. " Cela me fait désirer la mort, craignant que la longueur de ma peine ne me fasse trébucher ", écrit-elle. Mais comme toutes les épreuves passées, Mère de Chantal surmonte encore celle-ci.
Elle quitte de nouveau Annecy le 14 septembre 1638, pour aller fonder une maison à Turin, soixante dix-septième maison de l'Ordre, et elle n'est de retour à Annecy que fin mai 1639, après avoir échappé durant le voyage aux violences de la guerre.
L'année suivante est plus calme, et Mère de Chantal en profite pour se préparer à remettre son supériorat, ce qu'elle fait à l'Ascension 1641. Mère de Blonay est élue pour lui succéder.
Mais le répit est de courte durée, et à peine Mère de Blonay lui succède que Mère de Chantal est élue supérieure par les sœurs de Moulins. Elle refuse tout d'abord mais se ravise ensuite car une de ses amies intimes, Madame la duchesse de Montmorency, désire prendre le voile de ses mains, dans cette cité du Bourbonnais. Mère de Chantal arrive donc à Moulins le 9 août 1641. Elle n'y exercera toutefois jamais la charge de supérieure. Elle apprend alors que la reine Anne d'Autriche aimerait ardemment la rencontrer. Ce sera fait peu de temps après, à Paris, où Mère de Chantal profite notamment pour revoir M. Vincent ou Mère Angélique Arnauld. Elle rencontre aussi l'archevêque de Sens, à qui elle fait une revue de toute sa vie.
Elle quitte Paris le 11 novembre, faisant ce dernier adieu aux visitandines : " Adieu, mes filles, jusqu'à l'éternité. " Durant son voyage, elle passe par Melun, puis Montargis, où elle s'entretient à nouveau avec Monseigneur de Sens. Quoique souffrante, elle s'arrête aussi à Nevers. Et elle est de retour à Moulins début décembre 1641. Le 8 décembre, elle se lève parmi les premières mais la fièvre l'oblige à se recoucher sitôt la messe dite. Le saint Viatique lui est apporté le matin du 12, et elle trouve encore la force de s'écrier : " Je crois fermement que mon Seigneur Jésus-Christ est au très saint Sacrement de l'autel "… Dans l'après-midi, elle exhorte une dernière fois ses filles à avoir une grande fidélité aux observances de la règle.
Le lendemain, Mère de Chantal prend dans sa main droite le crucifix, dans sa main gauche un cierge béni, et, ainsi parée, elle rend l'âme dans la soirée, après avoir dit distinctement : " Je m'en vais. Jésus, Jésus, Jésus ! "
***
Sainte Jeanne-Françoise de Chantal est fêtée à Paray Le Monial, aujourd'hui.
En union de prières avec les Sanctuaires de Paray.
FrancoiseF- Avec Saint Joseph
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Re: On fête aujourd'hui Sainte Jeanne-Françoise de Chantal !
Fondatrice de la Visitation (✝ 1641)
Jeanne Françoise Frémyot était la fille du président du Parlement de Bourgogne. C'était un catholique intransigeant en cette époque des Guerres de Religion. A 20 ans, elle épousa le baron de Chantal qu'elle aima d'un grand amour. Épouse accomplie, pieuse à ses heures, elle était une mère parfaite, mais eut la douleur de perdre en bas âge deux de ses six enfants. A 28 ans, quand le baron est tué d'un accident de chasse, elle se révolte, déteste le malheureux meurtrier malgré lui et, au bord du désespoir, elle s'en remet à un confesseur rigoureux. Quatre ans plus tard, elle entend saint François de Sales prêcher un carême et reconnaît en lui le maître spirituel dont elle a besoin.L'évêque de Genève la libère de ses scrupules. De leur confiance réciproque va naître une grande aventure religieuse et spirituelle. Jeanne-Françoise prend le temps d'établir ses quatre enfants dans la vie et fonde l'Ordre de la Visitation-Sainte-Marie, congrégation destinée aux femmes de santé fragile. Après la mort de saint François de Sales, elle maintiendra intacte cette spiritualité salésienne, surtout la vie intérieure abandonnée à Dieu. Pendant 40 ans, elle souffrira de tentations contre la foi, mais l'amour de Dieu lui suffit, écrivit-elle.
Illustration: Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, véritable portrait dont l'original, peint en 1936, se trouve à la Visitation de Turin. (source: la Visitation à Moulins)
"Ah! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour!".
Voyageuse infatigable, elle parcourut tous les chemins de France pour veiller à l’édification des nombreux monastères de la Visitation. Elle participera activement à la diffusion des ouvrages de saint François de Sales et, par ses propres écrits, apportera sa contribution à la pensée salésienne. (saints du diocèse d'Annecy)
Au martyrologe romain, le 12 août, mémoire de sainte Jeanne-Françoise de Chantal, religieuse. Elle avait été mariée au baron de Chantal et lui donna six enfants qu’elle éleva avec sollicitude. Après la mort de son mari, sous la direction de saint François de Sales, elle entra avec bonheur dans la voie de la perfection et accomplit des œuvres de charité, pour les pauvres surtout et les malades. Elle fonda avec lui l’Ordre de la Visitation, qu’elle dirigea avec sagesse, et mourut à Moulins, le 13 décembre 1641.
Martyrologe romain
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/249/Sainte-Jeanne-Francoise-de-Chantal.html"Ne vous retournez jamais sur vous-même. Regardez seulement Dieu et le laissez faire, vous contentant d'être toute sienne en toutes vos actions."
changement de la date du 21 août au 12 décembre, puis, depuis 2003, est fêtée le 12 août.
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