"La spiritualité de Bernadette" - Père Jean-Claude Sagne
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"La spiritualité de Bernadette" - Père Jean-Claude Sagne
"La spiritualité de Bernadette" - Père Jean-Claude Sagne, éditions des Béatitudes
Introduction
Bernadette ou la simplicité de l’Évangile
Nous nous proposons de mettre en lumière la pédagogie spirituelle qui se dégage des actes et des paroles de sainte Bernadette. Bernadette a très peu écrit : des lettres ou quelques pages de notes de retraites. Elle n’a pas élaboré de doctrine spirituelle. Tout ce qu’elle a vécu est passé dans ses actes et ses paroles, ce qui est typique du charisme prophétique de la femme. Ce qu’une femme désire, c’est d’être en toute sa personne la demeure de la Parole de vie que Dieu lui adresse. Pour une femme, vivre la vocation de l’épouse en union à l’Eglise, c’est permettre au message de l’Évangile de prendre corps en elle. C’est prolonger l’accueil que la Vierge de l’Annonciation a réalisé par la foi en tout son être pour le Verbe de vie, prenant chair de notre chair.
Nous n’avons rien à imaginer de ce qui a été la vie profonde de Bernadette. Notre seule ressource est de lire et relire les témoignages de ses proches, et notamment des Sœurs de Nevers les dernières années de sa vie.
Nous ne pouvons envisager ici une étude technique et savante de la spiritualité de Bernadette mais plutôt essayer de recueillir et de mettre en perspective quelques traits majeurs de sa vie de prière.
Les notations que nous reprendrons sur la vie de Bernadette proviendront des travaux exhaustifs produits par les Sœurs de Nevers, par l’Abbé René Laurentin et le Père Ravier. Notre dette de reconnaissance envers eux s’exprimera par le développement de notre essai.
Nous nous livrerons à une lecture des faits et dires de Bernadette pour éclairer notre chemin dans la foi aujourd’hui. Nous nous centrerons délibérément sur les formes de prière les plus simples que Bernadette a connues et qu’elle nous laisse aujourd’hui comme chemins d’Évangile : ce sera surtout pour nous la méditation du Rosaire à partir de l’évènement-source de l’Annonciation.
Comme Bernadette a été d’une sobriété extrême pour nous livrer quelque peu les grandes orientations de sa vie intérieure, nous reprendrons, une à une, les composantes de sa prière et nous les développerons en laissant s’opérer une résonance en nous, dans le prolongement de ce que Bernadette a pu vivre sans le dire. Il ne s’agit donc pas d’une biographie de Bernadette, mais d’une présentation de sa pédagogie spirituelle en donnant des exemples et en marquant des repères selon les moments de sa vie. Puisque tout est contenu dans la vie de Bernadette, nous présenterons les composantes de sa vie spirituelle, au fur et à mesure du déroulement des grandes étapes de sa vie. Il semble légitime de distinguer ainsi l’enfance de Bernadette, la période des apparitions mariales, puis la vie cachée de Bernadette et enfin sa Passion.
Pour chacune des grandes périodes de la vie de Bernadette nous procèderons en trois temps :
1) le rappel du témoignage de Bernadette
2) des ouvertures pour expliciter ce que Bernadette a vécu, en le laissant résonner en nous
3) la méditation des mystères du Rosaire afin d’y ressaisir les applications du témoignage de Bernadette en notre vie.
Le fil directeur de notre travail de relecture sera la recherche de la pureté du cœur : le baptême est en nous la source vive qui nous conduit vers la pureté de la vie divine. : La première qualité de Bernadette est la pureté. Dès son enfance, elle a connu une pureté exceptionnelle. Les multiples épreuves de son enfance dans son milieu familial d’une extrême pauvreté ont déjà réalisé dans l’âme de Bernadette un travail extrêmement profond de purification. Cassien voyait dans la pureté du cœur le but de la vie monastique. La pureté du cœur résume la vie dans l’Esprit, disait Jean-Paul II quand il commentait les épîtres de saint Paul . La pureté de cœur est la simplicité du cœur qui accueille sans partage le don de Dieu. C’est la disponibilité entière à l’appel de Dieu un instant après l’autre, comme aussi la disponibilité entière dans le service des frères en ses diverses réalisations. Dans cette perspective de la quête de la pureté du cœur, qui est en vérité déjà la condition et le fond de la prière, nous essaierons d’éclairer la voie spirituelle de Bernadette par quelques éléments de la doctrine de saint Jean de la Croix ou de Thérèse de l’Enfant Jésus. Bernadette a été une enfant et elle est restée une enfant, avec une pureté exceptionnelle ; elle dira même à la fin de sa vie qu’elle n’a jamais commis de péché : elle n’a jamais voulu commettre de péché ; donc elle n’en a pas commis . Elle fait partie de ces quelques saints qui ont parcouru la voie de l’innocence, comme Claire d’Assise ou Thérèse de l’Enfant-Jésus, et d’autres encore, tandis que la voie habituelle de la sainteté est celle des pécheurs convertis et pardonnés.
S’il y a une qualité dont Bernadette ne pouvait parler c’est bien la pureté, parce que justement elle ne savait pas elle-même combien elle était pure. Bernadette a ignoré, pour la plus grande part, l’œuvre de Dieu en elle. En cela, elle a mené la véritable vie cachée, c’est-à-dire la vie cachée à l’intérieur. La vie cachée, c’est l’appel pour tout chrétien à rejoindre Jésus à l’école de Nazareth, dans l’ordinaire de la vie quotidienne, en consentant à se laisser attirer par ce qui est simple, humble (Rm 12, 16). Mais plus encore qu’un cadre de vie extérieur, il s’agit là d’un appel au détachement, au recueillement et à la désappropriation de tout bien, y compris de tout bien spirituel. C’est en cela que la vie cachée doit nous amener à consentir à vivre purement et simplement de foi, sans rien découvrir ni sentir de particulier dans la rencontre de Dieu. La vie cachée à l’intérieur, c’est la présence de Dieu au fond de notre être, qui ne peut se rejoindre que par la foi pure et le détachement de tout, donc ne pas saisir l’œuvre de Dieu en nous-mêmes. C’est ainsi que Bernadette n’a pas su, elle-même, ce que Dieu lui donnait de vivre. Très vite, et de plus en plus au long de sa vie, Bernadette a été conduite intérieurement sur le chemin de la foi pure et du pur amour. Elle a été attirée par la prière, surtout la prière silencieuse et l’oraison. Elle a connu une union à Dieu d’autant plus simple qu’elle était profonde. Elle n’a jamais reçu ni lumière particulière ni grâce mystique signalée. En tout et pour tout, elle a cherché à adhérer à la volonté de Dieu, pour aimer ce Dieu qui nous a aimés le premier (1 Jn 4, 10). Ce chemin de la prière dans la pure foi, c’est bien la marque de la pédagogie de la Vierge Marie. Le Concile a beaucoup insisté sur la fait que Marie nous précède toujours dans la foi . Comme Marie est avant tout la croyante, son premier souci est de nous conduire vers la foi pure, dans la simplicité de l’abandon à Dieu le Père. Et c’est pour nous attirer dans la foi que Marie veut nous donner une connaissance intime de Jésus enfant, sous le signe de la vie de Nazareth. La fréquentation de Jésus enfant est le chemin le plus sûr pour consentir au détachement de tout et à la foi pure, pour découvrir le mystère de la paternité de Dieu.
Il y a eu chez Bernadette une qualité exceptionnelle d’union à Dieu. Rien n’en a transparu sinon dans sa simplicité, son recueillement et son affection pour tous. Que ce trésor soit resté caché, c’est typiquement la marque de Marie : la beauté de la fille du Roi est à l’intérieur, lisait-on dans la version latine du psaume 44. Nous avons toutefois deux indices de la sainteté de Bernadette. Tous ceux qui l’ont approchée ont éprouvé une grande affection pour elle. Depuis un siècle et demi, des millions de fidèles sont venus prier à la grotte, refaisant les gestes de Bernadette, s’y retrouvant chez eux, hommes et femmes de toutes races, langues et cultures.
Extrait :
Synthèse spirituelle
Les mystères douloureux
L’Agonie de Jésus
Bernadette a souvent invoqué le Cœur agonisant de Jésus (L. 105). Elle recommandait aux jeunes sœurs de se rendre en esprit au jardin des Oliviers pour y prier avec Jésus : “ Il te parlera et tu l’écouteras. ” (L. 236). L’Agonie est, par excellence, le lieu de la prière de Jésus comme grand prêtre (He 5, 7). C’est le fond du mystère de l’Homme-Dieu. Le Fils de Dieu s’est fait fils de l’homme, issu de notre humanité, pour nous faire en lui enfants de Dieu. La crainte de l’homme-Dieu devant la mort est le Saint des Saints. Le fond de cette crainte est le drame de l’absolue contradiction entre le péché des hommes et la sainteté du Père. Au jardin de Gethsémani, Jésus a connu et porté sur lui chaque péché de chaque homme de tous les temps “ Il m’a aimé et il s’est livré pour moi ” (Ga 2, 20). Jésus rassemble en son âme l’histoire de tous les hommes avec son poids immense d’opposition à Dieu.
La principale séquelle du péché de l’origine est la crainte d’être séparé de Dieu définitivement : Jésus a, pour nous, voulu connaître cette angoisse, la pire de toutes, et c’est ainsi, en portant le poids de nos fautes, lui, l’Innocent, le Saint de Dieu, qu’il implore pour nous la miséricorde du Père, il est là par excellence le grand Priant.
Associée spirituellement à l’agonie de son Fils, Marie devient Mère de miséricorde, intercédant elle aussi pour les hommes pécheurs.
Bernadette n’a jamais mis en doute la promesse que lui avait faite Marie de la rendre heureuse non en ce monde mais dans l’autre. Elle n’a pas connu la désespérance, mais sa grande souffrance intérieure a été la crainte de n’avoir pas correspondu aux grâces de Dieu.
La flagellation
Bernadette avait souhaité à une jeune sœur “ le pur amour et la pure souffrance ”. Elle disait que l’amour sur cette terre ne va jamais sans la souffrance. Le supplice de la flagellation était si douloureux que certains condamnés mouraient en le subissant. Jésus a voulu subir la cruauté des hommes et aller à l’extrême de la solidarité et de la compassion envers notre humanité, en devenant l’homme des douleurs. Il réalisait la prophétie du Serviteur souffrant (Is 53, 3) “ homme des douleurs, familier de la souffrance ”. Le mystère de la flagellation est le mystère de la pure douleur, c’est-à-dire de la détresse de l’homme qui ne peut plus vivre sans le secours de Dieu.
Le couronnement d’épines
Bernadette disait que Dieu réserve la couronne d’épines à ses amis. (L. 528). Jésus couronné d’épines est le roi d’humilité. Comme un signe prophétique, la couronne d’épines révèle le mystère de Jésus de Nazareth et la véritable nature de sa royauté. C’est là qu’il rend le plus haut témoignage à la vérité qui est le Père. Il est doux et humble de cœur. “ Heureux les doux : ils recevront la terre en partage ! ” C’est de Jésus flagellé et couronné d’épines que Pilate déclare en prophétisant malgré lui : “ Voici l’homme ! ” Jésus, par sa souffrance, est accompli dans sa filiation (He 5, 7-9). Il est l’homme nouveau, l’homme selon Dieu. Dans la foule, une parmi d’autres, Marie a contemplé le visage de son Fils glorifiant le Père par son obéissance.
Le portement de la croix
Epuisé par son agonie et par la flagellation, Jésus doit porter un fardeau trop lourd pour lui : le bois de la croix. Sa seule force est de vouloir accomplir la volonté de son Père un instant après l’autre. Jésus va jusqu’à l’extrême dans la solidarité avec les hommes pécheurs. Il porte sur lui le poids de nos péchés. Il réalise ainsi la prophétie du Serviteur souffrant : “ Il a porté, lui, les fautes des foules ” (Is 53, 12). Pendant sa Passion, Jésus, qui ne peut plus agir librement ni enseigner, réalise la volonté du Père et accomplit l’Ecriture dans sa chair livrée pour nous.
Jésus meurt sur la croix
La mort de Jésus sur la Croix réalise pleinement notre salut et accomplit l’Écriture. Saint Augustin dit que le glaive qui ouvre le côté de Jésus ouvre le sens des Écritures . La Croix est le signe de la solidarité entière de Dieu avec son peuple, là même où le peuple veut le rejeter totalement. Dieu, dans sa sagesse mystérieuse, est libre de choisir les moyens du salut. La lumière que rayonne la Croix est l’infini de l’amour de Dieu. A la Croix, nous avons la preuve que Dieu nous a aimés d’un amour sans mesure, ce trop grand amour dont parle saint Paul (Ep 2, 4), amour excessif. Le don total de Jésus au Père pour nous est réalisé et signifié dans le don de son esprit : “ Il remit l’esprit ” (Jn 19, 30). En remettant au Père son esprit, Jésus se dessaisit de la source la plus profonde de sa vie personnelle, ce qui le rend capable de communion. . Il lui redonne tout ce qu’il a reçu de lui, et en cela il est accompli en sa filiation. Il rend au Père amour pour amour par l’Esprit qu’il lui redonne. Jésus associe son humanité à la production de l’Esprit en Dieu – c’est l’acte du salut accompli - et il y associe en Marie l’Eglise.
Au pied de la croix, tout animée par la puissance de l’Esprit, Marie contemple sur le visage de son Fils la gloire du Dieu qui, par amour pour nous, s’est fait Agneau pour notre rachat et notre délivrance. Du fond de sa douleur de mère, perdant son Fils unique, Marie contemple déjà la victoire de l’amour sur la mort et le péché. Elle porte et résume en elle la foi de l’Église. Unie dans la pureté entière de son amour au don plénier de son Fils remettant son Esprit au Père, ce qui accomplit notre salut, Marie est associée à ce don. Elle redonne au Père amour pour amour, lui redonnant son propre Esprit.
Ce livre est facile et rapide à lire.
Il est en format poche, il est donc très pratique notamment pour les sacs à main des dames.
Fraternellement
Véronique
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